Une sortie en mer
6 Le Restaurant
par Lovelace
Le Restaurant
Il est 21 heures, et la nuit approche à grand pas. Je fais un tour d’horizon en m’emplissant les poumons de l’air marin et là un sentiment d’épouvante m’envahi. A quelques encablures de nous, un autre voilier à jeté l’ancre. Je ne l’ai pas entendu arriver, pris par l’action et je ne sais pas depuis combien de temps il est là. Je ne vois personne sur le pont, mais peut être nous regardent t’ils avec des jumelles depuis l’intérieur. J’en fait part à mes amis et nous décidons de nous replier à l’intérieur du bateau.
Les filles gloussent à l’idée qu’un mec est peut-être en train de se palucher en se repassant le film de la scène SM ou il tronche maman comme jamais !
– Arrêtez les filles, imaginez que l’équipage soit choqué et appelle les flics, on aurait l’air de quoi ?
– De gens qui savent prendre leur pied, répond Lucie
– Et si on se retrouve en tôle pour attentat à la pudeur, tu y as pensé ?
– Arrête de voir tout en noir, chéri, me dit Alice, si tu vois ce qu’ils ont peut-être vu, tu t’éclate, mais t’appelle pas la police.
– Elle a raison, me dit Pierre ; dans la plaisance, y a pas vraiment de culs serrés.
– Sauf si ils ont des gosses avec eux, reprend Yann pour que je me sente moins seul face aux trois fous lubriques.
– Bon on verra bien, de toutes façons il est trop tard, c’est fait. Voulez-vous qu’on dîne à bord ou on va au resto ?
– Tiens, oui, si on allait au resto, s’exclame Yann, c’est nous qui vous invitons !
– Ha non ! On partage. C’est normal, d’ailleurs on partage tout depuis qu’on se connaît ! réplique Alice.
Nous décidons donc de se partager le repas à terre et chacun de se remettre quelque chose sur le dos. Un problème persiste, tout de même, c’est que nos invités de la plage n’ont rien d’autre que leur maillot de bain et un tee-shirt. Alice emmène Lucie dans notre cabine pour lui faire choisir un vêtement, quand à Yann qui a à peu près ma stature, je lui prête un pantalon de toile et une chemise.
Les filles se sont maquillées, elles nous reviennent toutes pimpantes, toutes belles. Nous embarquons dans l’annexe et filons vers le village, non sans avoir au préalable allumé les feux de mouillage, de façon à repérer le bateau au retour, quand il fera nuit.
Arrivés à terre, nous sélectionnons un petit resto qui a l’air sympa et qui doit être bon si on se réfère au nombre de tables occupées.
Nous entrons, un serveur vient à nous, nous pose la traditionnelle question : « c’est pour dîner » et l’inévitable « combien de personnes ? » – il nous dirige vers une table quasiment au centre de la salle. Nous nous installons et sentons les regards curieux des clients attablés se poser sur nous. Le garçon revient avec les cartes et prend la commande de l’apéritif. Nous nous amusons à inventer les dialogues des tables avoisinantes, en fonction de l’âge et du nombre de personnes installées. Pierre remarque à une table sur notre gauche, trois hommes qui regardent furtivement de notre côté. On se pose immédiatement la question de savoir si ce ne serait pas l’équipage du fameux voilier qui m’a fait peur tout à l’heure. Les filles, ont une idée, pour vérifier s’ils s’intéressent à nous réellement. Alice se lève, (elle est de leur côté) en tournant sur sa chaise, ce qui a pour effet d’offrir son entrejambe aux regards de deux des trois gars et se dirige vers les toilettes sans se presser. Ils la suivent du regard avec pour l’un d’eux un sourire en coin. Ce dernier chuchote quelque chose à ses potes et on se dit que c’est peut-être bien eux.
– Tu vois me dit Pierre, pas d’affolement ; S’il s’agit bien d’eux, tu n’auras pas les flics au cul !
– Tu as raison, je me suis inquiété pour rien.
Alice revient et, pour s’asseoir refait le mène manège, dans l’autre sens. Re les regards ! Il faut dire qu’ils ne sont pas très loin et qu’elle est nue sous sa mini robe. Provocatrice jusqu’au bout, elle regarde celui qui est le plus près, droit dans les yeux au moment où elle finit de se tourner.
– Bravo ! Lui lance Lucie, avec ton manège on pourrait se faire violer à la sortie si on était seules !
Et elles éclatent de rire.
La conversation s’anime, passe du cinéma à la musique en passant, pour ces dames, sur la mode et les derniers potins entendus chez leur coiffeur respectif. Le temps passe vite et nous arrivons au dessert sans nous en être rendu compte. Nos trois voyeurs sont toujours là, sirotant leur café accompagné d’un alcool qu’on suppose être un cognac. Les trois quart du restaurant sont vides maintenant, il ne reste que quatre tables occupées et encore, l’avant dernière, un groupe de huit, se lève à l’unisson ce qui fait pas mal de bruit, et disparaissent dans la nuit tombée.
Nous commandons des cafés et l’addition, tout à coup pressés de retourner à bord.
– Il nous reste le lupanar à essayer », dit Lucie.
Alice nous explique que c’est ainsi qu’elle a présenté la cabine propriétaire en raison de ses larges dimensions.
– Si vous passiez récupérer vos affaires à l’hôtel et que vous vous installiez à bord, on pourrait finir le week-end ensemble, qu’en dites-vous ? Demandais-je
– Ma foi, pourquoi pas ! Après tout qu’on passe nos vacances ici ou ailleurs, peu importe, par contre avec vous c’est vachement sympa ! s’écrie Lucie.
Nous avons parlé suffisamment fort pour que les gars de la table d’à côté l’entende. L’un d’eux se lève et s’approche :
– Vous êtes venus en bateau ? demande t’il, c’est à vous le ketch qui est ancré dans l’anse ?
– Affirmatif, lui réponds-je
– Nous aussi, c’est le cotre pas loin du votre. Vous avez un très beau bateau, vous devez bien marcher.
– Ça peut aller, il est rapide, et tient bien la mer, je l’ai acheté pour tenter de faire le tour du monde, un de ces jours. Et vous, vous êtes arrivés vers quelle heure ? – je pose cette question de toute évidence pour savoir ce qu’ils ont éventuellement vu.
– Vers vingt heures trente, avec la marée.
Et là, un froid intense me parcours le corps, je sais maintenant, qu’ils ont assisté à la quasi-totalité de la partie SM.
– Et vous pensez quoi du panorama qu’on a en arrivant ? demande Lucie qui a compris aussi
– C’est chaque fois différent, mais aujourd’hui il était particulièrement enivrant, répond t’il avec un petit pincement de lèvre en coin.
Il est intelligent et a saisi tout de suite la même tournure de conversation que la notre.
– Voulez-vous prendre un dernier verre à bord avec nous ? Invite Alice
– Nous pourrons discuter plus tranquillement. En plus, j’ai l’impression que le patron aimerait bien fermer son établissement.
– Ok on se retrouve à votre bord, à tout à l’heure.
– Pourquoi les as-tu invités, demandé-je à Alice après son départ
– J’ai senti que Lucie prenait plaisir à s’exhiber et qu’elle avait envie de leur en montrer plus et je la rejoins, çà peut être marrant.
– Plus on est de fous… intervient Yann
– Ok, mais on les connaît pas eux.
– Et on se connaissait, cet après midi quand on est venus à vous ?
– Certes, mais…
– Mais tu n’as pas envie de partager, égoïste, me coupe Alice, au point où on en est, ce n’est pas trois de plus qui vont changer les choses. J’ai dit tout à l’heure, c’est un week-end découverte, alors découvrons !
Nous nous levons de table, rejoignons l’annexe et retournons à bord pour nous préparer à accueillir nos nouveaux invités.
Ami lecteur, ne jugez pas cette série sur cet épisode de pure transition, le reste est très chaud et très bon