Mesna, scribe egyptien
Mesna, scribe royal et le pendu
par Claude Lefer
Moi, Mesna, scribe royal, je suis envoyé en mission, éclaircir une sombre histoire d’un pendu, suicide, ou meurtre?
Cela fait un petit temps que je suis dans le village, cherchant à faire la lumière sur cette étrange affaire dont on a cru bon de m’en allouer la suite à donner.
Heureusement que je suis logé chez une accorte habitante, épouse d’un officier ayant une bonne propriété, sa condition étant meilleure que la majorité des villageois.
Ils ne mouraient pas de faim, non, la grandeur de Pharaon prévoyait le blé en quantité suffisante, béni soit-il dans sa clairvoyance des crûes de Itérou, notre cher fleuve bien aimé.
Très vite, cette douce femme se sentant délaissée par son officier de mari, tout aussi brutal que grossier, avait réchauffé ma couche.
Comment cela aurait-il pu se passer autrement ?
Et je passe mes journées en fouille, j’interroge, essaie de tirer la vérité en dehors de cet embrouillamini.
Et mes conclusions de me conduire doucement vers le temple. Un haut dignitaire serait mêlé à cette affaire, le grand Prêtre. Enfin, du moins ce qui en ressortait d’une conversation avec la boulangère.
Cette histoire me semblait qu’un point de détail dont je ne voulais accorder plus d’importance en mon esprit.
J’ai été convoqué par le grand Prêtre, il avait à me reprocher mon attitude auprès de mon hôtesse.
Le Prêtre me fait asseoir, je choisis une natte sur le sol, me mettre dans la position du scribe que je suis.
Et lui, de me demander confirmation des ragots.
Je reste accroupi, l’ostrakon dans la main, la calame de l’autre. Je me tais, il doit bien se douter que j’ai enquêté sur lui. Il serait pratique qu’il puisse m’écarter.
– Ah ! Mesna, tu me rappelles toute la fougue de ma jeunesse passée, le temps où Pharaon s’est manifesté et s’est défini, lors de son couronnement. Quelle vitalité emplissait les veines du jeune corps que j’avais, mais prends garde, jeune écervelé, souviens-toi du roi Hââibrê.
– Hââibrê ? Le pharaon Apriès ? Je demande.
– Oui, Apriès, « Le coeur de Rè est joyeux », il était tellement joyeux, et fantasque que ses généraux l’ont déposé. La balance de Maât peut prendre une tournure qu’on ne peut prévoir, jeune Mesna, prends donc garde, jeune fou, de ton impétuosité, et de ta frivolité.
– Je ne suis ici que pour l’enquête, et maintenant, grand Prêtre, gardien d’Horus, sache que la morale ne réprouve pas mon attitude, n’ayant jamais forcé l’une ou l’autre de mes partenaires, laissant justement, comme Isis le demande, le soin à elles de me choisir.
– Certes, je me doute de tout cela, mais il est des notables qui ne voient pas d’un bon œil que tu fricotes de trop avec la plèbe. Quoiqu’il en soit concernant l’égalité prônée par Maât, ils n’apprécient guère.
– N’en suis-je pas issu? N’oublie pas que j’ai été enlevé pour l’adoration de Thot, mon vénérable patron.
– Justement, tu es scribe, et scribe tu es, n’oublie pas l’enseignement de la Maison de Vie.
– Je suis scribe, et je me souviens des dires d’Ani, lorsque je décide de consoler une dame: « Ne sois pas brutal, tu obtiendras bien plus d’elle par les égards que par la violence. Si tu la repousses, ton ménage va à vau-l’eau. » Et je ne m’occupe quasi que des femmes dont le ménage va à vau l’eau.
– Jeune fou! Regarde les messagers grecs, leur civilisation met les femmes à l’écart de la vie publique.
– Justement, la Terre de Maât est de loin supérieure à ces fous de grecs, en qui nous ne pouvons pas avoir foi! Tu citais Apriès justement, mal lui en prit.
– Je pense que c’est le témoignage de la boulangère qui vous dérange, grand Prêtre, mais la balance de Maât prévaut sur toute caste qui pourrait gêner mon enquête.
Je me lève pour demander mon congé, quelle tension que je ressens, il me faut quitter cet endroit au plus vite.
Ré est au zénith. Cherchant la paix, je vais vers les berges, il doit y avoir une voie tracée par les hippopotames à travers les papyrus. J’ai le désir d’être à l’écart, et de me protéger du soleil si fort en ce moment.
Je m’enfonce dans les fourrés, allant vers les berges. J’aperçois vite une trouée, véritable chemin à travers la verdure envahissante.
Une fraîcheur me saisit aussitôt. Protégé contre les ardeurs de Ré, marcher à travers ces fourrés est un plaisir. J’aperçois une première clairière, mais découvrant un autre chemin caché, je continue, pour découvrir presque aussitôt une seconde masquée par cette luxuriante végétation.
Je ne peux m’empêcher de remercier Thoueris pour ce lieu de quiétude. Néanmoins, le soleil brouille un peu la vue et emplit toute vie d’une langueur, du moins tel est mon état, moi, Mesna. Je m’accroupis à même le sol, prostré par la chaleur, malgré la hauteur des cyperus. Iterou se fait entendre pas loin, par des clapotis sur le rivage. La lumière tamisée perle à mon regard. Je suis pris dans une torpeur. Les sauterelles chantent.
Je récite une prière de remerciement en l’honneur de Ouadjet, la déesse cobra, grâce à qui le renouveau et le foisonnement de ce bout de paradis a pu avoir lieu. L’atmosphère s’y prête, je finis par m’allonger dans ce trou de verdure, profitant de la fraîcheur des plantes qui accrochent les flèches d’argent de Ré.
Soudain, j’entends un bruit de pas qui prend le chemin. Je ne bouge plus, ne voulant pas discuter avec mes semblables. Le bruit des pas s’arrête, on entend plus qu’un bruit de froissement de coton. Et là, je me rends compte que je peux voir à travers la végétation des jambes, des jambes de femme.
Le fait de ne voir que le bas du corps rend la situation un peu impersonnelle.
J’entre aperçois le corps s’abaisser, s’accroupir, les jambes écartés, le sexe nu, car, ma mystérieuse visiteuse a relevé sa tunique jusqu’aux épaules.
D’une main, elle écarte les lèvres de son sexe, et là, magie de l’instant, je vois de l’urine sortir. Elle y trempe un doigt, pour le porter à sa bouche, elle recommence quelque fois. Elle a fini, et sa main passe le long de son sexe, elle relèche aussitôt. Langoureusement, elle se met à caresser son bouton. Le temps est comme suspendu. Seul un gémissement sort de sa bouche. Le sang frappe à mes tempes, mon cœur semble vouloir exploser. Ignorant le reste du monde, elle se laisse tomber dans l’ivresse du plaisir.
Cette inconnue est somptueuse, une véritable néférout. Les cuisses nues, largement offertes, les bras écartés, elle se donne aux rayons du soleil. Indécente, sa poitrine soyeuse s’exhibe à mon regard concupiscent, la tunique relevée ne servant que d’écrin complice. Une main sur la poitrine avenante et l’autre pataugeant dans sa petite moule qui malaxe, tripote, caresse, pénètre, donnant une air de bestialité en retrait du monde.
Soudain, l’inconnue se contracte violemment, en resserrant fortement ses cuisses sur sa main inquisitrice et s’arc-boute, le souffle rauque accompagné d’un gémissement expiatoire, les lèvres sont mordues de plaisir, laissant exploser sa jouissance. La douce inconnue, les yeux rêveurs, dans le vague, plane. La tranquillité de son visage tranche avec la tempête qui vient de la saisir auparavant.
Une quiétude de ravissement lui donne un visage immatériel à mes yeux.
Elle semble toute alanguie, elle se redresse, et laisse tomber la tunique sur son corps. C’est fini, je le sens, et en effet, elle repart.
C’est une paysanne, et elle n’a pas trop le luxe du temps qui passe j’imagine.
Moi, perdu dans cette langueur, je commence à m’endormir, devinant les rêves les plus polissons qui vont envahir mon esprit embrumé. C’est mon hôtesse qui sera contente ce soir.
Il est des aspects bien agréables, quand, Scribe, vous êtes chargé d’une mission d’enquête.
Heureusement qu’il y a un peu d’uro parce que question décontraction c’est pas vraiment ça !
Uro et branlette au temps des pharaons, pourquoi pas même si le début est un peu lourd faisant finalement apparaître le passage érotique comme un cheveu sur la soupe, cela dit c’est bien écrit, c’est toujours agréable de lire un texte qui n’est pas bâclé