Si la divine Estelle m’avait fait découvrir une partie soumise et cachée de ma personnalité, j’étais – moi Fiona, appétissante, encore 33 ans, l’âge et l’horizon pour des appétits d’ogre – en cette fin de matinée d’un chaud vendredi d’octobre à Paris, à cent lieues de satisfaire à ses troublantes obligations.
J’avais été convoqué la veille à un audit d’urgence au siège d’une compagnie d’ingénierie pétrolière majeure, dans l’une des tours du quartier de la Défense. 40 pages à gratter avant le week-end. On engagerait la partie dès 13 heures, mariant déjeuner, séances de travail voir dîner, dans le salon même des opérations… Jusqu’à ce que mort et champagne s’ensuivent… Mais il n’est que 8 heures…
Les troublantes voix de solistes de Sir John Eliot Gardiner propagent mon inamovible « Hail ! Bright Cécilia » de Purcell dans l’appartement d’un dernier étage que j’occupe face au port de l’Arsenal. Quart d’heure exquis avant l’inexorable lever. M’accordant de furtives et égoïstes caresses sous la soyeuse chaleur de ma couette, je me façonnais, pour la journée du moins, une allure sage : socquettes de soie bleu nuit à la cheville dépassant d’une paire de bottines en cuir lisse, pleine peau. Jupe de flanelle anthracite fermée derrière par une lignée de boutons. Chemise d’homme, blanche, col « mao » retourné, serti d’une cravate de soie bleu nuit. Un gilet enfin, mec encore, bleu nuit, égayé d’un curieux motif orange à répétition : une jeune violoncelliste mozartienne bataillant avec ses instruments. Un souvenir de mon ami Lionel, ingénieur dans cette même entreprise, dont l’efficace entremise m’autorisait aujourd’hui à leur vendre mes précieux conseils.
Après quelques heures passées à étoffer ma proposition, je rejoins, fin prête, par l’ascenseur, une petite salle feutrée, équipée pour attendre l’arrivée de ma petite « Lupio » alu et cuir : dû à l’étroitesse de l’immeuble, une curieuse machinerie fait automatiquement monter ou descendre à loisir votre voiture. Je glisse dans une fente ma carte magnétique. Je virevolte devant une glace en pied, mesurant mes effets, me lissant une fesse, tapotant mon chignon, accentuant une mèche au front, déjà rebelle… Une voix d’hôtesse diffuse alors un suave « Bonjour Fiona », me présente ses excuses, m’annonçant un incident momentané et regrettable du système… Je m’en prends à la porte de verre et lance un doigt prometteur en direction du haut-parleur. – Si je te retrouve, toi, avec ta voix de salope, je te… !
Je longe le quai, sac en bandoulière, levant régulièrement la main pour héler un taxi, mais l’heure n’est pas à ceux qui maraudent… La lumière d’octobre est exceptionnelle, je me sens bien, je me sens plutôt belle, je me sens très « garçon ».
La place de la Bastille n’est pas mieux lotie : pas d’autres alternatives que de m’enfoncer… Sous la terre…
Couloirs interminables, renvoyant en échos mon allure saccadée, qu’accentuent les fers de mes bottines. Des hommes me regardent, certains se retournent, un viking marque un sourire. J’aime, je l’aime déjà, mais je ne lui rends pas : le malheureux ignore que sa journée s’annonce sous d’exécrables auspices car la compagne nylon basket qu’il tient encore un moment par les épaules me fusille depuis longtemps du regard. Les femmes m’énervent ce matin ! Mais, passé l’achat d’un ticket et l’accès au quai, l’attente, même prolongée, dans cette station Bastille respire l’évasion : la seule, je crois, dans Paris, où derrière des vitres, dominant un lac d’huile, on peut rêver devant des dizaines de vedettes et petits yachts mouillés côte à côte, leurs amarres mollement frappées à de petits pontons. Échafauder aussi, mais le soir en frôlant leurs coupées, de libertins scénarios en cabine…
Des pneus crissent… Roland-Garros. Cent paires d’yeux tournés d’un seul homme vers l’entrée du tunnel opposé : la rame arrive, peinant dans la courbe.
Tiens, tiens ?… L’agent de conduite est sorti de sa cage, balançant sous un pantalon de service, vert olive, une longue jambe terminée d’une aventurière botte mexicaine. Il observe un à un ses futurs voyageurs… Un petit sourire pour chacun ! Je me suis postée tout à l’avant du quai pour être la première à descendre en bout de ligne… Je suis, des yeux rieurs, la lente arrivée de la rame : un « Sherman » cinq étoiles entrant victorieux dans Paris mais sans la liesse d’une folle journée d’armistice. Très résumé, l’homme est, en plus massif, un jumeau d’Antonio Banderas : queue-de-cheval, lunettes noires « fruit of the loom » blanc, lumineux, moulant, si moulant… Désarmant ! La rame s’arrête, les portes claquent, l’Antonio descend de « cheval ». Je lui souris. Il retire ses lunettes et m’en décroche, à moi, un large…
– Ah enfin, quel plaisir… Vous êtes bien la seule à vivre, vous n’avez pas peur de mourir ?
Je rougis, soutient son regard, susurre un merci, m’apprêtant à poser une autre question pour faire diversion. Mais tout à l’air si simple…
– Vous allez où comme ça ?
– La Défense, noble cavalier ! C’est encore loin ?
L’homme sourit, mais en professionnel, observe d’un regard aguerri l’entrée et la sortie de ses ouailles. Et moi j’attends, étonnée, admirative : de ses mains, ses bras, ses muscles vivants sous de longs poils noirs… Il se tourne, me détaille de pied en cap, entre profondément dans mes yeux.
– Chez nous, ça se compte en station, en feux, en distances entre rames… Pressée ?
– Quelques obligations, comme tout le monde. Vous ne voulez pas me répondre ?
Il fait mine de se découvrir d’un imaginaire « stetson », se courbe, parlant avec ses mains, comme un Italien…
– J’y viens, j’y viens, belle amazone : 16 stations, 68 feux, 7 convois devant, tenus en laisse par des hommes en noir actionnant des joysticks sur le pupitre hi-tech d’un Central aux allures de bunker, des tunnels sombres, sombres… Des formes furtives qui traversent les voies… Des rats… JE VOUS FAIS PEUR, j’espère ?
Je rigole. Je mime l’effroi.
– Oui, très peur… Mais encore ?
Il remonte sur son marchepied, observe-la grouille du quai.
– 30 minutes, si tout va bien, mais tout va toujours très bien avec moi… Alors ?
– Alors quoi, l’invincible ?
– Quelle question, mais on part…
Je bredouille, redeviens terrienne, m’agite. Il retient un instant mon allant…
– Déjà fait le voyage en cabine ?
– … Euh… Non jamais… Mais…
– Envie ? – … Euh… Oui… Envie…
– Vous serez sage ?
– Sûrement pas ! 7
– Alors montez…
Toute son attention est mobilisée sur la courbe du quai. Il m’oublie. Se tenant alors d’une main au montant de la cage, un seul pied sur « l’étrier », d’un mouvement tournant de danseuse espagnole, il me libère l’accès à sa cabine. Je monte… Plaquée dans le fond, dans la pénombre, un agent… Enfin, un petit bout de femme, blonde, cheveux mi-longs en bataille, en jupe et veste réglementaire, bras croisés, me fusillant du regard.
– Bonjour. Je ne vais pas vous déranger ?
– C’est lui l’chef !
– J’ai bien compris. Mais ma question s’adresse à vous.
– Moi et les bourges, ça fait deux !
– Ah !! Le room service n’est pas compris…
Souffle sonore, claquement des portes, latex des pneus qui crisse, perdure, un hululement étrange, on glisse sans forcer dans les entrailles du tunnel… L’Antonio est toujours penché à l’extérieur.
– Les deux courbes de Bastille, c’est jamais simple, faut du doigté… N’exagérons rien, juste un peu… Après, c’est Moooonnnn za…
Je me fige au centre, fascinée par le boyau qu’on aspire… René pénètre dans la cabine. Je respire. Il fait glisser la porte, observe son petit monde et s’installe calmement debout aux commandes. Sa main raconte.
– Ah j’oubliais, elle c’est Thérèse, moi c’est René. Vous ?
– Enchanté ! Moi c’est Fiona.
– … Sexe à donf…
– Pardon ?
Tête haute, Thérèse me darde des yeux de braise, verts, rouges, jaunes qui s’allument et s’éteignent au gré des petits plots lumineux du tableau de bord. Surpris, René tourne la tête de l’une à l’autre.
– Ben en argot ou autre, Fiona c’est direct le Fion… Le trou duque, quoi…
René éclate de rire.
– Du Thérèse pur jus…
– Oui ben basta sur vos explications, je domine… Dommage que je n’aie rien en catalogue sur Thérèse et René
Bras croisés, je me rive sur les images qui défilent. Sourire furtif collé aux lèvres, René fouille le tunnel, tournant régulièrement la tête pour attirer mon regard.
– Vexée totale ?
Je le regarde. Il tourne la tête, soutenant mon regard.
– Du tout. Je n’avais jamais fait le subtil rapprochement, voilà… Deuxio l’agent Thérèse n’appréciant pas les bourges comme elle dit, alors je crois que…
– Qu’est-ce que t’as contre les bourges, agent Thérèse ?
Amusé, il fixe à nouveau le tunnel. Thérèse me toise.
– Ça transpire que d’la fraîche, ça t’éclabousse, ça s’la joue Rambo, ça t’prend tout, ça donne que dalle et en plus, question parfum, ça s’en mouille plein le slibard. J’ai tout dit !
– Bon… Du Molière, calibre 155… La guerre quoi. Tiens, Thérèse, prends les commandes, ça va t’occuper les sens…
Thérèse passe devant moi, s’assied devant le pupitre. René s’approche de moi, au milieu de la cabine. Une main de boa s’enroule autour de ma nuque. Il penche la tête, me regarde.
– Amusant d’en savoir plus sur soi non ? Toujours en… Vie ?
Le train glisse, avalant les lumières. Je le regarde. Il a le sourire fermé, les yeux en chasse… Décision, vite : je m’écarte ou je laisse faire encore un peu… Je me dénoue, pose deux doigts sur son bras, lisse les poils, glisse sur sa main, lui agace les jointures.
– Envie, pleine de vie. Ça vous va ?
La cabine s’éclaire, Saint-Paul vient à nous, entre à pleine vitesse ! Thérèse freine, René me retient, je le lâche, cherche une prise, campe sur mes jambes. Triomphante, Thérèse se lève, me toise, s’encadre à la porte de la cabine, observe le quai, les vidéos. René lui jette un regard, me revient, me frôle. Il me promène deux doigts sur la joue, mimant un pas de cheval. Il murmure, proche de l’oreille.
– Fion… Na… Amazone ou… Tigresse ?
Il insinue un doigt timide entre mes lèvres. D’un coup, je le fais rentrer en bouche, le suce, le salive, le mordille, le renvoie. Je le fixe dans les yeux.
– En chaleur !
René rentre son doigt en bouche, le suce, le sort, m’en menace.
– Tout doux, tout doux, bas les dents l’animal!
René virevolte, se colle à Thérèse, observant le quai par-dessus sa tête.
– Alors Thérèse, du popu, t’en trouve ?
D’un coup de croupe, Thérèse le repousse, actionne la fermeture des portes, jette un œil aux écrans. La rame bouge, glisse, la pénombre revient. Thérèse se retourne.
– T’es qu’un clebs René, comme les autres, queue à l’air, pif scotché à tous les culs qui s’trémoussent ! Clair…
René la prend par les hanches et la fait asseoir au tabouret.
– Hey ! On se calme. T’es jalouse ou quoi ? On s’assied, on reprend les manettes.
Je m’approche de Thérèse, me courbe, me campe sur mes jambes et pose mes mains sur le bord du pupitre. … On avale un feu rouge, une trompe sonore, la nôtre qui lui répond, une rame en face, lumineuse, nous croise en pleine vitesse. Je cherche ses yeux.
– Tu m’appelles Fiona, Fion, bourge, comme tu le sens… Moi je reste sur Thérèse. Ça roule pour toi ?
Thérèse me regarde, je la regarde. Elle fixe à nouveau le tunnel.
– Du fric, Thérèse, j’en prends, mais je travaille, dur, comme toi. Sans filet, pas comme toi. Deuxio, je n’éclabousse pas, pas mon genre. Je dépense, je partage, j’offre. Aux copines, chez moi, ailleurs. T’es déjà la bienvenue.
Entre elle et moi, René. Sa main s’est posée sur mon dos. Doigts en râteau, elle glisse, lentement : bas des reins, hauts des fesses, il creuse, il appuie…
– Tertio, quand je prends, je donne, par tous les pores, et mieux que ça. À donf, comme tu dis, quand tu veux, où tu veux Thérèse…
Feu rouge avalé, ralenti à la courbe. Sa main descend sur mes fesses, les presse, soupèse, prend connaissance des boutons. Je me cambre, ondule, un peu, invite… Je tourne la tête vers Thérèse, me jette un regard, revient.
– Quatro, rayon parfumerie, dans ma culotte, j’ignore. Pour moi, c’est haute trahison, taule à perpette. Culotte ? Toutes en soie, je dis oui, jamais non, j’échange même… Avec toi… Si tu veux.
La rame fonce, pleine droite. Au bout, la lumière. Thérèse, surprise, me jette un œil. Un sourire, timide. Un doigt se faufile entre deux boutons. Sous la soie, naissance de ma raie, s’insinue, frotte, descend, se bloque. J’écarte mes jambes, tend ma croupe, mes seins gonflent, les pointes se dressent…
– Parce que tu sais Thérèse, je suis comme toi. Peut-être, j’espère. On aime qu’on nous broute, qu’on nous mange. Mais toute cru, saignante, avec nos odeurs, sans crème autour…
Thérèse me fixe, surprise, bouche bée, grand sourire. Mes yeux sont rivés au tunnel. René m’ouvre… Un, deux, trois boutons. Sa main s’engouffre, ses doigts s’accrochent aux filets de soie finement ouvragés de ma culotte, les poussent dans le sillon, frottent, lissent, s’attardent à l’anneau, descendent, me branlent. Je me dilate, me referme, me dilate, ondule, affamée… Hôtel de Ville arrive… Je mouille.
– Et puis dis donc, toi, question cul qui se trémousse, t’aime bien agiter le tien aussi, quand tu en veux. Comme les copines. Qu’on te le renifle, qu’on te le lèche, qu’on te l’agace. Après, je ne vais pas plus loin. Chacun son cul…
La main passe sous l’élastique, serpente sur ma toison. Je frisonne. D’une main ferme, je la bloque, la retire, me relève. La rame pénètre à pleine vitesse en station. René me fait face, porte ses doigts à son nez, hume. Je jette un coup d’œil à Thérèse, rivée au tunnel, revient, pose ma main sur le ventre de René, descend, palpe, caresse, apprécie. Belle hampe dressée, dure, chaude, prisonnière. La rame freine, s’arrête. Thérèse se lève, nous regarde, me regarde, étonnée, large sourire ouvert.
– Ben toi alors, t’es gonflée !
Thérèse s’encadre à la porte et s’installe en vigie. René me relève, veut ma bouche, je lui donne, sa langue me fouille, je m’enfonce, rapide. Sa main, fébrile, se frotte à ma jupe, palpe mon ventre. Je m’écarte, lui fais signe, le calme… À Thérèse. Je m’avance, l’observe. Sa croupe se tortille, son doigt cherche l’élastique de sa culotte, le tire, la replace. Je la frôle, elle me jette un coup d’œil, revient sur le quai, les écrans… Je lui murmure à l’oreille.
– J’aime ta haine Thérèse… Je te propose un deal : le René, je t’aide à le serrer. On se le prend. À deux. Bien à fond. Là… Maintenant
Je glisse ma main sous sa veste, descend, lui caresse les fesses à travers sa jupe.
– Et moi, en prime, si t’es coquine… Si tu aimes les filles bien sûr.
Thérèse recule un peu, se presse contre ma main, s’y frotte… Elle jette un dernier coup d’œil au quai, aux écrans, me repousse d’un coup de croupe, se retourne, agit sur les commandes. Je me recule. Les portes, les sons, le départ, la rame glisse. Thérèse ferme la porte, plein sourire, se tourne vers René et s’assied.
– Châtelet à Tuileries, ça fait court. Après ça, c’est plus cool.
Mains sur les hanches, suspicieux, René est campé au milieu de la cabine.
– Qu’est-ce que vous avez en tête toutes les deux ?
Debout, je me cale entre le tabouret de Thérèse et la porte.
– Viens, je t’explique !
René s’approche. Je l’attrape par la ceinture, l’attire. Thérèse, étonnée, amusée, me regarde, le regarde, revient au tunnel.
– Ce n’est pas dans la tête qu’on en a, René, c’est là… Hum mm. Sous no ceintures, comme toi…
Je frotte sa braguette, descend, passe dans l’entrejambe, soupèse, remonte. J’insinue deux doigts entre deux boutons, les détache, un à un, tous… Ma main entre, entière, enserre sa queue dressée, bombant son slip. Je brûle d’envie. De l’autre, j’agace son torse, ses pointes… Il susurre.
– Fiona… Non… Pas là… Y a Thérèse
– Eh bien quoi, Thérèse ?
– On est collègues…
Je l’attire, me plaque à la paroi, écarte un peu mes jambes. Je le branle à deux mains, plus marquées, à travers le slip. Je tremble, je trempe. Je darde ma langue, le lèche. Bouche bée, Thérèse est rivée aux fesses de René, surveillant quand même le tunnel.
– La belle affaire. C’est nous deux ou tu jeûne, mon René. Tu as vu sa bouche, son petit nez, ses yeux de perles, en amande ? Allez… Regarde-la !
Je ressors mes mains, l’empoigne aux hanches, le retourne vers Thérèse. Par derrière, je défais sa ceinture, baisse son pantalon, glisse, cuisses pleines, velues. Je me colle à ses fesses, frotte mon ventre. Mes deux mains, face à Thérèse, empoignent sa queue, la branle, encore sur le slip, noir, serré, kangourou pour cinq doigts.
– Thérèse, vas-y, rends-le bien dur…
Devant nous, le rideau s’ouvre : Châtelet, figurants sur le quai, qui défilent, dans l’attente. Une main sur les manettes, les yeux sur les rails, Thérèse opère, d’autres doigts griffant le slip, emprisonnant la queue, gonflée. René, yeux fermés, souffle court. Ma langue s’enfonce dans son oreille. Je murmure, voix de basse…
– J’ai caressé ses fesses… Rondes, dures, pleines… Paul Prédeau grand millésime… Elle en veut, laisse-toi faire, je te veux… Ta belle queue… Fais-nous jouir, salaud…
La rame s’arrête. Thérèse, fiévreuse, abandonne sa main, se lève, ouvre la porte, s’y encadre, jette un œil aux écrans. René se tend sous mes caresses. Ma gauche l’abandonne, cherche la porte, griffe la croupe de Thérèse. Elle se tend, me répond. René baisse la garde, se rebelle.
– Hey, les filles, déconnez pas, faut faire bouger la rame…
Thérèse rentre, s’impose entre nous, me regarde, carnassière, rejoins ma main sur le slip, vigoureusement le branle, se glisse dans la poche kangourou…
– T’inquiète, toi, bande ! Je la gère ta rame.
… De l’autre, nerveuse, remonte sous ma jupe, griffe mes cuisses, m’empoigne à pleine main culotte et sexe, malaxe, force deux doigts entre mes lèvres… Je l’aide, m’écarte, rejoins ses mains, les presses.
– J’te veux aussi toi, tu m’excites !
Je la saisis brusquement par le cou, l’attire, enfonce ma langue, on est à pleines bouches…
– Prends-moi tout, ma coquine !
Thérèse repart à la porte, contrôle le quai, revient s’asseoir, démarre la rame. René se débat, cherche une autre position. Derrière, toujours, je l’en empêche, l’offre à Thérèse. La rame glisse, s’enfonce sous le tunnel, absorbe un feu rouge.
Mes mains se glissent sous l’élastique, accaparent ses fesses, pleines, tendues. Tranchante maintenant, forçant sa raie. Thérèse, d’un coup, descend le slip, aux genoux, aux chevilles. René, queue dressée, fesses ouvertes, grogne. Je m’accroupie, m’écarte, glisse sous l’entrejambe, m’empare des bourses, soupèse, agace des ongles. De l’autre, je tâtonne : Thérèse, deux doigts enserrant la base de la hampe, crache, lèche, rencontre mes doigts, les salives. Une main véloce, mouillée, glisse sur mes cuisses, tire ma culotte. Je m’enquiers… Thérèse encore… Me claque… Je m’ouvre, trempée, élastique à mi-cuisses… Ses ongles ratissent ma toison, pincent mes lèvres, les ouvrent, s’enfoncent, me fouillent, me branlent, je gémis… Qu’est-ce qu’elle en veut bon dieu ! Merde, la rame… A ce train-là, c’est Défense direct…
Je me lève, libère ma culotte, rejoins Thérèse, me l’arrache d’une main, Je lui abandonne… Mais non, tout va bien. La rame file. Tout est droit. Elle freine, se lève, renifle ma culotte.
– Confisquée, c’est à moi, tu l’as dit !
Fanfares, Palais Royal, c’est royal… La rame s’arrête. Thérèse m’empoigne les seins, les malaxe, me les tord. Sa bouche cherche la mienne, je lui donne… Sort à la porte.
– Suce-le, prépare-le !
Je m’accroupis, m’écarte. J’enfourne la queue de René à pleine bouche. Il geint… Chaude, dure, je salive, je le pompe, que c’est bon ! Nerveuse, personne, pas une main entre mes cuisses. Offertes, à qui ? À mes doigts alors. Ils rejoignent ma béance, l’ouvrent, frottent, s’emplissent du miel, branlent, me pénètrent… Je vais jouir…. Rien vu, rien entendu, le train repart, frôlements de Thérèse qui se rassied, manettes en main, rejoins ma bouche, ma langue au bord de la queue dressée…
Le diable en personne, cette blonde : yeux grands ouverts, cou déhanché, alternatif, saccadé, du pare-brise à la queue. Secoue son scalpe, refuse la main de René. Langues affamées, on lèche, elle crache, fait durer. Sa main lisse, enduit, prépare… Je glisse ma main sur sa cuisse… La petite possédée de Friedkin, l’exorciste : d’un coup sec, le tabouret se tourne, ses cuisses s’écartent, sa main empoigne mes cheveux, ma crinière ruisselle, sa bouche entière, goulue, pompe la queue luisante… Se débouche, tire ma main, l’enfourne entre ses cuisses…
– Branle-moi !
Une trompe résonne, Thérèse y répond, la cabine tremble, s’éclaire, un train nous croise. Ma main fouille sous sa jupe, doigte un string, passe sous l’élastique. Peau douce, imberbe, lisse, perlée, trempée. Elle me presse, me guide… Gémis… Se lève comme un ressort. Mes doigts s’accrochent au string, roule à mi-cuisses, aux chevilles. La rame freine, ses pieds s’empêtrent, je l’aide, la libère, froisse le string, le renifle. Hum mm ! Thérèse est à la porte : Tuileries… Fesses sur les talons, en aveugle, je pompe toujours, goulue insatiable. Je le sens venir. Je tempère. Je veux son jus, avec Thérèse. J’abandonne ma chatte, pouce huilé, je me glisse sous René, force sa raie, cherche l’anneau, pénètre son cul, d’un coup. Il tremble… Thérèse revient à la barre, la rame repart. Embouchée, bien profond, lèvres à la garde, je lève les yeux. Thérèse, debout, ma culotte à la main, la hume, la frotte sous le nez de René.
– Elle te pompe bien la Fiona ! Hein mon salaud ! Allez renifle, lèche sa mouille !
Ses mots crus m’excitent. J’abandonne le cul et la queue de René. Mes mains retroussent sa jupe, s’accrochent à ses fesses. Elle lève sa jambe, pose son pied sur le tabouret, s’offre, s’écarte. Je me colle à son ventre, lèche, c’est lisse… Non… Une barbiche de poils soyeux et humides au fronton de ses lèvres. Coquine ! Je lève un œil : elle s’est courbée en arrière, les mains sur le pupitre, lascive. René s’active, déboutonne, dégrafe, palpe ses seins. Elle me force par les cheveux, me presse contre sa chatte, corolles grandes ouvertes. Ma langue darde, l’excite, deux doigt s’enfoncent, se tournent, l’enconnent, la branlent… Trois doigts, à donf… Elle se tend, gémis, à coups de reins répétés… Elle jouit, elle mouille, fort, fort, je lèche, plein les babines… La rame freine, La cabine s’éclaire, René aux commandes. Je me relève, j’ai envie d’elle, livrée. Je veux ses seins : lourds, les malaxe, presse ses pointes, les tire… La rame s’arrête : Concorde ! René part à la porte, retenant à sa hanche, slip et pantalon, sort la tête, juste la tête, par la vitre. Thérèse vient à moi, m’entoure, me lèche, m’embouche… Nos mains se frottent à nos chattes.
– Tu m’as fait jouir ma Fiona… J’veux qu’y t’baise, devant moi ! Tourne-toi !
Face au pare-brise, sous ma crinière, vue panoramique, mains à plat sur le pupitre, je me courbe, me laisse faire, croupe relevée, so, so, so, excited.
– Et toi ma coquine, t’en veut plus ?
Mains de singe avides actives, ma jupe retroussée, sur le dos, soutif dégrafé, seins libérés, lourds, pointes dressées, louve en chaleur…
– T’en as de bonnes toi ! Et la rame, qui assure ? J’me l’prendrais en bout d’ligne… Hum mmm, quel fion t’as, ma salope !
Signal sonore, glissement des portes… Elle est derrière, me pince, me claque, je m’ouvre… À donf ! Hululement, pénombre. La rame s’ébroue, glisse. Elle m’écarte, plonge dans mes antres, lèche, suce, mord. Je gémis, je grogne… J’en veux encore, mais Thérèse m’abandonne. Je baisse la tête, images inversées : queue fière, René à la parade, Thérèse, chef de bande, le prépare… Coups de langue humide, à deux mains présente la cible, René s’y plante, Thérèse experte lisse le mandrin jusqu’à la garde, se relève… Satisfaite !
– Et voilà ! Capuchon sur les mirettes, te voilà comme un aigle le René ! Allez, va chasser, l’aveugle !!
– Défonce-là René, elle aime ça !
Si elle savait comme j’aime, aux seins, à ma chatte… Somewhere else, please… Les coups de boutoir s’accélèrent. Vitesse plaisir à un rythme croisière. La rame file, feu rouge, feu vert, un à un s’avale… Clemenceau arrive comme l’éclair. Mes seins ballottent. Elle m’empoigne les cheveux, force ma bouche, je l’ouvre, ses doigts…
– T’aime ça hein ma salope ?
– Hum mm !… J’aime… Sa queue… Tu l’aura… Thérèse…
Elle me lâche, la rame freine, s’arrête. Une claque sur mes fesses. René grogne, m’invective, mots crus encore. Sort de moi, prends sa queue à pleines mains, rentre en moi, elle tourne, elle presse contre mes parois… Reprise, profond. Je donne de la croupe, mes mains s’accrochent à toutes forces au pupitre, je halète… Déjà la rame est repartie, glissant droit, accord parfait, métro, tunnel et moi. Mes yeux clignent, Wong Khar Waï cinéma. La revoilà : d’un coup, troussée jusqu’aux épaules, seins claqués, malaxés… Prise à une pointe, étirée, ongles en râteau labourant mon dos, reins… Raie ! Hum mm ! Elle agace, chatouille, crache, ouuuiii, allez…
– Fais dire oui à ton fion ou t’as que dalle !
Quoi ?.. La garce ! Je le contracte, le détends, je le plisse… Ouuuuuf ! Ça lui parle. D’un coup, jusqu’à la garde, pénétrée par son pouce, remonte, redescends, remonte. Enculée, enchattée, visionnée… René redouble et déjà un monde fou sur les quais de Franklin, combien devinent, regardent, tordent le cou ? Je les veux tous, les veux toutes, mais c’est le bout, c’est l’arrêt… Le pouce débouche d’un coup sec puis… Béance, René sort, emporté
– Dégage René, j’veux ton foutre !
… Elle est déjà à la porte. Je tressaille, secouée de plaisirs, innervée d’encore et encore. Relevée de l’ailleurs, par René, affolé, queue dressée, capuchonnée, veut ma bouche, mes seins, mes fesses. Je donne à fond, serre sa queue, jauge ses bourses, m’accroupie, assoiffée, doigts frottant ma chatte, tant pis, déculotte, ouvre la bouche… La rame démarre, sec… Cul par terre, éclat de rires… Ahurie.
– T’allais te l’goinfrer toute seule, hors syndic, hein ma bourge ?
Thérèse est aux commandes, esclaffée, queue en main, René le dos collé au pupitre. Je rigole, me relève, fesses aux talons. Mes copines, elle va en secouer plus d’une.
– À deux qu’t’avais dit, j’oublie pas !
Je m’approche, en canard, yeux rivés sur la queue, glisse ma main sous sa jupe, cuisses brûlantes, elle s’écarte, lèvres trempées, mes deux doigts… René, aux abois.
– J’t’oublie pas Thérèse mais j’en veux…
Elle se libère, j’attends, côté droit, impatiente, en canard…
– Reprends les rênes René, je fatigue ! – Hey les filles, vous me laissez pas comme ça, merde ! – Allez, aux manettes !
Thérèse le tire du pupitre, le replace à sa place, s’accroupie, côté gauche. Aspirantes, nos lèvres se rejoignent, s’embouchent… Craches à deux, huiles de mélange, nos mains remontent, branlent, caressent, nos langues s’en mêlent, s’emmêlent… René grogne, geint, mélodie en sous-sol qui enfle, enfle. Tour à tour, gland en bouche, dans l’attente… Libérées, mains en chatte… Chœur en chaleur…
– Viens René, viens !
– Je viens… C’est bon… Je viens… C’est bon… Ouuuiii !!
La rame file… Explosion. Nos mains lâchent nos chattes, s’agrippent à la hampe, grattent les couilles, pistonnent… La giclée est puissante, langues dardées, la lance dégorge en saccade, de bouche en bouche, de lèvres en lèvres… Soubresauts, une nouvelle, une encore, aspergées, on se frotte, on se foutre, on se lèche, une dernière, pour nos langues, on avale… René flanche, Thérèse grimpe, prend les commandes, je le suce, je l’aspire, goulue, comme à la der des der… La cabine s’éclaire, Vive le Roi, Georges V !!
La rame freine, Thérèse chante, suis à terre, chatte en feu, oh merde, que c’est bon ! Thérèse tend sa main, je la prends, je remonte. Je la suis à la vitre, je me colle à sa jupe, on rigole, jeux de mains dessous dessus…. Départ à nouveau, les portes, les sons, la glisse, on se retourne : en fond de cabine, pantelant, slip aux chevilles, René se branle, queue affalée. On l’entoure, on l’embrasse, on le pelote, on le redresse… Grésillements, le micro… Thérèse nous lâche… – Alors la 12, ici Central, vous êtes bien sage. On philosophe ?
Thérèse prend le micro, face à nous.
– Allo Central, ici la 12, l’agent René fait merveille, j’avale tout, tout roule. Un souci ?
– Négatif agent Thérèse, fier de vous. Vous chargez Gérard et une stagiaire à Etoile. Terminé.
– On s’en charge. Terminééééééééé….
© FIONA Première publication sur Vassilia, le 30/12/2001
Original et très bien écrit
Un grand moment de lecture érotique