Eléonore
3 – Eléonore Ren
par Kebur
Chapitre troisième : Eléonore Ren}
Lieu : arrondissement de Passy – appartement d’Eléonore
Date & Heure: 9h20, vendredi 28 octobre 2016
Temps : nuageux, 6°C
Un beau week-end comme elle les aimait aller commencer. Un long week-end de trois jours pendant lequel il ne serait ni question de brevets, ni de réunions, ni de travail -tout court. Et de surcroît un week-end qui avait fantastiquement bien commencé. Cinq minutes à peine, et la salle de bains était déjà pleine de vapeur, une vapeur bienfaisante qui rappelait à elle la brume de son rêve. Ce rêve … la douche fut l’occasion pour la jeune femme d’essayer de s’en souvenir entièrement, d’essayer de dépasser ces sensations qui avaient persisté depuis le monde onirique jusque dans le monde réel quand elle s’était réveillée. Elle se rappelait assurément l’eau et ces bouteilles étranges qui ne se vidaient jamais sauf à disparaître, et aussi ce paysage monotone et beau qui faisait l’intégralité du monde fantasmagorique dans lequel elle avait passé les dernières heures de la nuit. De ce qui avait pu provoquer en elle un tel émoi, rien. Pourtant elle essayait, essayait de percer le voile d’ombre qui enfouissait ces souvenirs, mais rien.
L’eau de la douche s’arrêta, alors qu’un petit pipi échappait comme tous les matins à son contrôle, or liquide qui coulait, éperdu, vers la bonde. Les dernières gouttes ambrées tombées par un gracieux mouvement de hanche, la belle se saisit de son peignoir avant de s’emmitoufler soigneusement dans le vêtement de tissu éponge. Mécaniquement, elle se brossa les dents, sécha les cheveux et observa consciencieusement au miroir grossissant son visage à la recherche du moindre défaut à corriger. Il n’y en avait pas ; comme d’habitude. Puis, en jeune femme digne des canons de beauté, elle se dévêtit de son peignoir en le laissant glisser sensuellement le long de son corps avant de monter sur la balance. Le pèse-personne … un de ses plus fidèles serviteurs, sur lequel elle adorait voir s’afficher tous les matins inexorablement le même nombre, à peu près. Et ce n’est qu’en se baissant pour ramasser le peignoir qu’elle saisit son reflet dans le miroir de plain-pied qui faisait office de porte d’armoire. Pliée en deux, ses charmes semblaient outrageusement exposés, mais ce ne faisait que renforcer sa beauté. Debout, elle était ange doré. Ses yeux étaient deux lacs d’or liquide, pailletés de-ci de-là de pépites d’argent qui les rendaient si mystérieux et si attirants -les miracles de la génétique ! Son nez était fin, mutin et semblait tant à sa place là où il se trouvait, que nul n’aurait pu dire autre chose de lui qu’il était -comme le reste- splendide. Et sa bouche … une bouche peu étirée, d’une taille qui s’accordait à la perfection avec son visage. Les lèvres étaient charnues juste ce qu’il fallait pour rendre cette partie de son anatomie aussi attirante que le reste. Son visage incarnait l’ovale parfait. Sa chevelure cascadait jusqu’au bas de ses reins en un flot d’or couleur de miel, ornée par endroit de mèches plus sombres qui rendait cette chevelure un abîme superbe de contemplation. Ses épaules, ses bras finement tissés, son buste, ses hanches, ses jambes … tout son corps était parfait. D’une perfection d’orfèvre, elle était un être mystique irrésistible, un succube charnel, une fée mutine, une nymphe enjôleuse ; elle n’était autre que l’esprit d’Athéna dans un corps d’Aphrodite. Ainsi l’avait souhaité ses parents, et la génétique et les américains avaient fait le reste.
Eléonore Ren était à 23 ans l’incarnation de la beauté, l’allégorie même du Désir. Elle était magnifique, le savait, et jouait régulièrement dans la rue avec son corps pour se faire retourner le plus de mâles. Un jeu cabotin qui lui procurait des sensations exquises, des fourmillements d’envie dans le bas ventre et autour de sa douce vulve. Nue. Glabre. Cela aussi était le résultat du désir de ses parents : avoir une fille qui jamais ne serait ennuyée par la pilosité et ses effets disgracieux chez la plus belle de ces dames. Et elle rit. Elle rit parce qu’elle s’imaginait être un homme face à cette superbe femme, et était persuadée qu’elle ne pourrait résister plus de dix secondes à l’invitation qu’était cette nudité provocante.
De la salle-de-bains où le peignoir avait retrouvé sa patère, Eléonore passa par la chambre, le sourire toujours aux lèvres, fit le lit avant de mettre ses vêtements dans le panier. Nue. Elle appuya sur le bouton pour que les stores laissent entrer la lumière du jour, ouvrit les rideaux et laissa les voiles de satin couleur de perle retrouver leur place par devant les fenêtres. Nue. En passant par l’entrée, elle se saisit du téléphone pour appeler et se faire porter pâle et fatiguée, tout en se dirigeant avec la grâce d’une chatte vers la cuisine. Nue. Le carrelage froid de celle-ci eu l’effet d’une bombe sur la peau de l’ondine qui frémit de chair de poule, et frémit aussi sa douce vulve sous l’électrochoc, le transformant sans tarder en un frisson tout autre. Nue. Nue elle mit la bouilloire en route pour la théière et prépara le sachet de thé. Nue elle se fit griller quelques morceaux de pain et commença à dresser un semblant de table en face de la chaise surélevée qui servait de chaise au bar. Nue elle sortit du réfrigérateur le jus d’orange et le beurre, dont la fraîcheur eut tôt fait de rappeler à la belle d’or celle des carreaux de carrelage. Nue, nue, nue, nue … De n’être qu’elle même, elle frissonnait d’un léger et doux plaisir. D’être nue et de se balader dans son appartement lui procurait déjà une jouissance agréable, un petit effet en arrière-plan plein de charmes. Et tandis que ses pensées étaient toutes tournées vers les prévisions de jouissance de ce week-end prolongé -seule, en boîte, au lit … -, elles dérivèrent immanquablement vers la veille et son aventure sur le périphérique. Nue. Elle grignotait son pain, et buvait son thé d’un air absent tandis qu’elle essayait de comprendre par quel mécanisme physiologique le niveau de remplissage de la vessie intervenait dans le plaisir. Et cette formule qui tournoyait « Vessie pleine = 17ème ciel », et qui à force de tournoyer devenait de plus en plus absurde ; sous cette forme du moins. En pratique, c’était tout sauf absurde ! En rigoureuse physicienne, elle tâchait de mettre en forme le problème, physiquement d’abord, puis tenta -fou!- de le modéliser mathématiquement. Nue. Le pain terminé, elle ne cessa pourtant pas de boire son thé, et la théière d’un litre cinquante pleine y passa. Si la question ne pouvait pas être résolue théoriquement, alors elle le serait empiriquement, qu’à cela ne tienne!, c’était si bon …
Dans la voiture, il s’était passé plus de six heures sans toilette, avec deux pauses thé -à savoir deux tasses de 20 cl environ-, et les dernières urines fabriquées par les reins à cause du déjeuner. Dans la cuisine où elle se tenait à réfléchir à ce problème qui tenait plus de la luxure que de la physique, elle avait environ un litre et demi de thé brûlant, et rien d’autre. Elle avait le temps. Alors toujours nue, elle remplit le lave-vaisselle avant de passer directement dans son bureau. Sur celui-ci trônait un chronomètre qu’elle avait fauché un jour au labo de chimie, qu’elle déclencha, tout en allumant l’ordinateur, qui s’éveilla avec une profonde voix masculine.
– Bonjour. Qui est-ce ?
– Eléonore Ren. Mot de passe : Ty78re.
– Merci. Bonjour Eléonore, comment allez-vous ce matin ?
– Plutôt bien je te remercie.
Réponse de pure forme : la voix n’avait pas été programmée pour poursuivre la conversation après ce point. A l’écran furent invoqués les derniers documents consultés avant la fermeture : des tableaux de données, des pages de calculs en LaTeX, des rapports … toute une paperasse qu’elle ferma d’un ordre sec pour l’ordinateur. Non, Eléonore souhaitait plutôt se connecter sur l’Urnet (Successeur d’Internet, l’Urnet fut créé en 2015 par un ingénieur du nom de Maxwell Andrew. Comparé à son prédécesseur, ce réseau mondial est bien plus efficace en termes de recherche par mot-clé, et possède une capacité mémoire très supérieure à son prédécesseur grâce à des procédés de compression des données extrêmement performant. L’interruption totale d’Internet au profit de l’Urnet est prévue pour le 13 août 2017, date anniversaire du lancement de l’Urnet en 2015) pour une recherche bien précise.
– Recherche par mot-clé s’il te plaît.
– Allez-y Eléonore.
– Vessie. Pleine avec `e`. Plaisir … non ! Orgasme.
– Bien. Le Réseau me renvoie 18600 résultats en un temps de 62 centisecondes. Souhaitez-vous affiner la recherche ?
– Non. Classement par pertinence. Affiche le premier résultat.
– Bien.
Il s’agissait d’un forum, un forum de vulgarisation de médecine comme il en existait beaucoup. La question posée par la première interlocutrice était exactement celle que se posait Eléonore – et cette se demandait même comment cela était physiologiquement possible ! Les réponses par contre n’étaient pas merveilleuses. Beaucoup disaient être dans son cas, à savoir atteindre de meilleurs orgasmes quand l’envie d’uriner les pressait. « … la vessie étant pleine, elle appuyait plus sur le vagin qui ainsi ressentait plus les frottements du pénis. » Après tout cette phrase n’était pas idiote, mais elle ne représentait pas le cas de la jeune femme qui n’avait pas eu besoin d’un sexe mâle pour vivre le plus bel orgasme de sa vie – en réalité, et même en rêve !
– Va pour le deuxième résultat.
Encore un forum, un forum de femmes au vu des couleurs et de l’intitulé. Nue, elle était nue sur sa chaise de bureau, devant l’ordinateur à faire des recherches sur l’orgasme féminin, alors que sa vulve parfaite semblait vouloir littéralement absorber le cuir sous elle. Sa position était d’une insouciance et d’une provocation infinie ! Là encore il n’y avait rien de bien probant, encore de jeunes femmes qui témoignaient elles aussi avoir plus de plaisir avec une vessie pleine, que ce soit un orgasme clitoridien que vaginal.
– Suivant s’il te plaît.
– Bien. Le support change. Il s’agit d’un papier psychologique sur le propos recherché.
– Merci.
Un papier psychologique …. après tout, ce ne pouvait être que plus sérieux que tous les témoignages qu’elle avait lus jusqu’à lors. L’auteur avait écrit un bouquin aux alentours de 2007 sur L’orgasme féminin, et paraissait avoir creusé le sujet à fond – 856 pages ! Ah ! La page urnet était en fait le résumé d’un débat réalisé par audioconférence entre l’auteur Mike Louguis et certaines lectrices, avides de questions. » Une plus grande facilité d’orgasme quand vous avez la vessie pleine tient au fait que le volume de cette vessie appuie sur les tissus érectiles de la prostate féminine. » Cette phrase était très claire, seulement Eléonore était persuadée que la prostate féminine n’existait pas, ou du moins si peu développée qu’elle était inutile au corps féminin. Seulement, en parcourant plus bas l’article, cette question là aussi était posée à M. Louguis. La réponse était là encore précise et concise -digne d’un scientifique- : » les cellules qui doivent donner la prostate se développent très fort chez l’homme et très peu chez la femme, mais assez pour dire qu’il existe un tissu prostatique chez la femme qui constitue le point G. »
– Merci. Tu peux fermer Urnet. Passe une musique douce sur les haut-parleurs.
– D’accord.
Ces deux réponses lui avaient fourni exactement ce qu’elle souhaitait savoir. Par pression interne sur la petite prostate féminine qui ne se faisait remarquer que sous forme d’un tissu rugueux sur la paroi vaginale interne, à environ deux phalanges de l’entrée, une vessie pleine favorisait ainsi grandement la perception de la femme au plaisir et à l’excitation. Le chronomètre affichait 00.20′.35 ». Rien que de penser au plaisir qu’elle allait avoir, le simple fait d’être nue sur ce fauteuil de bureau, de ressentir sur tous les centimètres carrés de sa peau le souffle d’air tiède qui provenait du chauffage la faisait frissonner de plaisir. Elle se sentait déjà humide mais ne voulait rien précipiter. Ne rien précipiter non, mais en profiter le plus possible le moment venu …
Avec un léger rire mutin, la belle d’or se leva de son siège et alla de son pas félin jusqu’à la cuisine où elle mit de nouveau la bouilloire en route. Le thé était diurétique, c’était bien connu ; l’association de boissons glacées et d’autres brûlantes était quant à elle à effets immédiats. Elle ne se tenait plus, ses pensées, ses appréhensions la faisaient pleurer et sa liqueur sucrée coulait doucement, très doucement le long de l’intérieur de sa cuisse droite – divin. Son visage était radieux, ses yeux brillaient de mille étoiles qui étaient autant d’idées coquines qui se bousculaient dans son esprit. Bientôt l’eau fut chaude et Eléonore ne perdit pas de temps à la verser dans une théière sur un sachet de son thé le plus noir ; elle le laisserait infuser longtemps, que l’amertume et la théine soient concentrées. Et quand le salon vit revenir la chatte d’or, elle avait en main, et une théière d’un thé noir brûlant, et une bouteille de thé glacé qui sortait du réfrigérateur. Deux verres furent attrapés dans le meuble bar et posés à côté des ingrédients de son forfait. Le temps que le thé infuse, la belle retourna chercher le chronomètre et l’écran WIFI de l’ordinateur pour s’occuper l’esprit et éviter de dégouliner à n’en plus pouvoir sur le daim clair du fauteuil.
– Arrête la musique. Trouve le bruit d’un filet d’eau qui coule et passe-le.
– Bien. J’ai trouvé 3456123 choix de filets d’eau en 18 centisecondes. Souhaitez-vous affiner la recherche ?
– Non. Classement par pertinence. Sous-classement par durée. Sous-classement par qualité de son. Envoie le premier.
Le salon fut bientôt empli du son d’une fontaine dont les jets peu puissants s’élevaient sans doute gracieusement en parabole avant de retomber dans le réservoir, quelques mètres plus bas. Le son était bon, sans rien d’autre autour : seul le bruit des éclaboussures et du mince filet d’eau subsistait. C’était parfait.
– Bien. Laisse celui-ci. En boucle jusqu’à commande arrêt.
– D’accord.
Le thé était aussi sombre que du café quand Eléonore retira enfin le sachet. L’amertume qu’il dégageait alla même jusqu’à lui piquer les yeux quand les volutes de vapeurs s’élevèrent au dessus du récipient. Un verre de brûlant ; un verre de glacé. Et elle se mit à boire, en alternance, des deux nectars. Quand le thé glacé parvenait à ses lèvres immédiatement à la suite de son confrère brûlant, elle avait la chair de poule : elle frissonnait de froid tant le choc était rude, mais sans aucun doute son corps exprimait-il toujours sa joie et son impatience que les perspectives que la nymphe envisageaient sans cesse dans son esprit ne se réalisent. Si des hommes avaient du apparaître devant elle, elle les aurait sans nul doute croqué un par un ; elle se trouvait dans cet état d’esprit où la logique et la raison ont été complètement dépassés par l’instinct, la gourmandise, l’envie, le stupre et la luxure. Ces mots seuls résonnaient alors dans la tête de la jeune femme, pleine d’émoi à la simple idée de sentir sa vessie se gonfler sous le choc thermique, et de voir sa vulve bien dessinée pleurer de joie à grosses larmes. Le daim n’y résisterait sans doute pas ; tant pis, elle rachèterait un autre fauteuil. Peu lui importait le monde extérieur. Elle était toute à son bruit de source et à ses thés, toute tournée vers l’intérieur, les sensations de fourmillement et l’excitation mal contenue que pulsait son sexe. Le chronomètre affichait 01.48′.12 ». La bouteille était vide, à l’instar de la théière, et déjà elle sentait l’aiguille familière qui jouait son grand jeu. Eléonore se leva et se dirigea, chronomètre en main, vers le tapis roulant d’exercice qui se trouvait à défaut d’autre part dans la chambre d’amis. Les rideaux furent tirés, la lumière amplifiée dans la pièce, et faute de haut-parleur dans la pièce, l’ordinateur se vit contraint de monter le son de cette source qui coulait, fatidique et sans cesse, produisant un son parfait de ruissellement, d’éclaboussures, et d’eau, le son parfait d’eaux longuement contenues qui se dévidaient dans l’eau des toilettes. Debout, il était évident que la partie inférieure de l’abdomen de la douce était gonflé, et au bruit de ballon de baudruche qui en provenait quand Eléonore courait sur le tapis, le doute quant à l’origine de la colline qui naissait dans le sexe d’Eléonore pour se perdre peu avant le diaphragme n’était plus permit. L’elfe sentait son envie d’uriner croître, croître toujours plus tandis qu’elle enfilait les kilomètres en pente douce ; et elle pleurait de l’intérieur à n’en plus pouvoir, les yeux brillants comme jamais d’une excitation palpable dans l’atmosphère. Ses sensations dans la Mini, nul doute qu’elle les retrouverait sous peu.
Cinquante-cinq kilomètres au compteur d’un côté, 02.30′.37 » de l’autre, Eléonore rutilait de perles de transpirations réparties comme artistiquement sur la totalité de son corps. Ses yeux brillaient, ses lèvres rosies d’effort, et sa vulve luisait elle aussi –oh ! Suprême vision- sous l’action combinée de ses sucs de plaisirs et du sel de la sueur. Mais le plus beau était son bas-ventre. Un inconnu l’eut cru enceinte tant la colline avait enflé jusqu’à paraître un parfait simulacre de grossesse – 1 peut-être 2 bons mois -, mais aussi un parfait producteur de plaisir. Chaque pas qu’elle faisait vers la salle de bains produisait au plus profond de sa féminité des myriades de papillons électriques qui la parcouraient, fous, en tout sens. Elle était aux anges, et il était hors de question de revenir avant d’avoir correctement profité de leur hospitalité. 4,5 litres. 02.36′.10 ». Nue. Dégoulinante. Les lèvres chargées de sang. Sa fine fleur ouverte d’elle même en un appel désespéré à la compagnie. Son clitoris tendu tel la corde d’un arc amplifiait les vibrations de ses pas.
Revenue au salon, assise sur le fauteuil en daim protégé par deux grosses serviettes éponges, le chrono vécut un beau vol plané jusqu’au canapé de l’autre côté de la pièce tandis que la belle se saisit de l’écran d’ordinateur. Sa voix était transfigurée par les vagues de plaisir qui déjà affluaient en elle pour mieux refluer. Afflux, reflux. Afflux, reflux. Avec un ton méconnaissable, l’ondine aux prises avec ses eaux annonça :
– Recherche par mot-clé. Vidéo. Masturbation. Féminine.
– Bien. J’ai trouvé 315000 résultats en 21 centisecondes. Souh…
– Classement par pertinence. Coupe la première bande-son. Sous-classement par durée – ordre décroissant. Ferme les volets et lance la vidéo avec le son en surround.
La joie de l’informatique reliée à tous les systèmes de la maison… Une fois les volets abaissés, une magnifique brune sculpturale apparue à l’écran, en train de produire un strip-tease des plus sensuels devant une caméra immobile. Comme négligemment, ses mains virevoltaient et frôlaient les zones de son corps les plus érogènes tout en défaisant consciencieusement ses vêtements légers. Dès qu’elle fut en sous-vêtements, une chanson s’éleva et la brune commença à danser, aussi sensuelle que peut l’être une femme. Elle aurait fait bander la terre entière. Mais Eléonore, elle, n’en était plus à ce stade : sa féminité débordait d’une cyprine qui se faisait de plus en plus abondante et de plus en plus liquide. A l’instar de la brune dans l’écran, ses mains étreignaient ses seins aux dimensions parfaites, les massaient, les faisaient s’ériger aussi hauts que possible. Et bientôt elle y fut. Elle n’était plus dans son salon mais de nouveau dans son rêve, allongée à même le sol, l’abdomen magnifiquement et délicieusement gonflé par les liquides ingurgités. De la vidéo et de la brune elle ne percevait plus l’image, juste les gémissements de l’actrice qui avait débuté sa masturbation. Mais Eléonore aussi. Une main restant sur ses globes dorés, l’autre était partie virevolter dans des parties plus basses de son anatomie, procurant à l’ondine d’ambre des sensations extraordinaires à chaque fois qu’elle appuyait doucement sur sa vessie gonflée, et faisant apparaître maints arcs-en-ciel électriques devant ses yeux et foule d’éclairs à même sa chair dès qu’elle s’attardait sur son clitoris. A ce moment là, elle aurait pu aisément faire croire qu’elle perdait déjà le contrôle de sa vessie, tant sa féminité et les serviettes étaient trempées ; peu s’en fallait par contre. Le massage incessant de sa vulve, de ses seins, les gémissements de l’actrice brune eurent vite pour effet combiné d’accentuer de manière exponentielle l’envie d’uriner d’Eléonore. Et elle le fit. Ce ne furent d’abord que quelques jets brûlants qui sortirent en trombe de l’urètre d’Eléonore pour buter contre sa main et produire sur elle un effet des plus divins. Chaque jet lui procurait un orgasme pour lequel elle se cabrait dans le fauteuil, fermait les yeux et poussait un cri déformé par la jouissance.
Doucement elle s’élevait, perdait conscience du monde sauf de son petit monde à elle, pour atteindre des cieux inexplorés de plaisir. Et c’est alors qu’elle le vit, le bel escalier de marbre opalescent, qui semblait se perdre dans des cieux plus exquis encore. Vue du salon, elle semblait en transe, perdant le contenu de sa vessie à grands jets brûlants, tremblant et se cabrant des orgasmes à répétition qu’elle vivait. Tout au long de l’escalier se trouvaient des femmes d’une beauté démoniaque, comme statufiées, qui fixaient pourtant étrangement Eléonore durant son ascension. Toutes ces succubes étaient d’un fin voile de soie vêtues, et dans leur yeux brillaient une boule d’or en fusion. Le palier n’était pas loin, et il ne fallut guère de temps à la nymphe terrestre pour y poser le pied. Ce fut un flash. Un flash inouï d’une lumière dorée et blanche sans défaut, la lumière la plus pure que les yeux d’Eléonore n’avaient jamais eu l’occasion de voir. Tout son corps en tremblait, se répercutaient dans toutes les cellules de sa chair les rayons de la lumière qui la transperçait sans même la voir. Là haut, elle était un ange de lumière, perdu dans la contemplation du plus magnifique phénomène de lumière qu’il lui eut été offert de voir. Dans le salon, elle était une boule de muscle contractée, lévitant presque au dessus de son fauteuil, une main crispée sur le sein des amazones, l’autre sur sa féminité qui ne cessait pas de se vider de ses eaux dorées à grands jets puissants. Son corps n’était plus rien sinon un orgasme pur. Elle était l’orgasme, l’allégorie du Plaisir. Là haut elle planait sur les vagues de cette lumière ambrée qui ne cessait de révéler ses douceurs, olfactives, sensitives. En bas, toujours était-elle bloquée dans cette position transcendant toute logique qui lui permettait de profiter, de sentir, de vivre, d’être ses orgasmes ! Elle était silencieuse, la bouche crispée dans un sourire mutin. Puis les vagues de lumières la laissèrent sur une plage de sable doré, liquide entre ses fins orteils, sur laquelle il n’y avait rien sinon cette boule sombre et inquiétante qui grossissait, grossissait et s’apprêtait à l’engloutir. Elle se fit grosse, enflée à la manière d’une étoile morte qui s’enflait dans un dernier espoir de survivre pour ne faire que mieux s’effondrer sur elle-même et exploser dans un millions de milliard de gaz, particules et autres phénomènes électromagnétiques.
Puis Eléonore, elfe doré, reine des nymphes par la beauté, fut engloutie par cette sphère d’une noirceur sans égale, qui fit ce qu’on attendait d’elle. En un « big crunch » réalisé à la vitesse de la lumière, elle s’effondra sur elle même pour exploser de nouveau en cette lumière dorée et blanche qui aveugla la douce d’or par son intensité. Et dans son salon elle rouvrit subitement les yeux et poussa le plus magnifique cri de plaisir qui fut poussé sur Terre de tout temps, expulsant dans un jet d’une puissance inouïe ce qui restait de son lac intérieur. Un cri symphonique, plein de couleurs, de plaisirs et de douceurs, entrelacé de brins melliflues et autres artefacts sonores ; un cri qui était elle toute entière, échevelée, trempée d’un mélange terriblement attirant de ses liquides, sueur, urine et cyprine, trônant pantelante sur ce fauteuil en peau de daim recouvert de deux serviettes éponges littéralement à tordre, au milieu de ce salon dont le calme presque religieux détonait fortement avec les flaques dorées répandues partout autour de l’ondine angélique … 02.47′.23 » …