Le chemisier à rayures par Nicolas

C’était un matin. J’avançais ma carcasse à pas lents sur ce boulevard dont
les arbres me rendaient l’âme mélancolique, non par la faute des premières
feuilles automnales venant perturber la verdure de leur feuillage, mais à
cause de leurs écorces pelées. Ces grands troènes censés oxygéner la ville
étaient en train de périr de mort lente, victime de la chimie citadine.

Sans que je comprenne quel rapport ceci avait avec cela, je décidais alors
que je devais avoir une petite faim…

Il est rare que je prenne mon petit déjeuner au bistrot, il l’est encore
plus que je le consomme en terrasse. Faut-il aussi parler de la rareté du
spectacle qui s’offrait à ma droite ? Bien sûr puisque c’est le sujet de
cette nouvelle !

Grande, brune, les cheveux courts sur un visage doux, régulier et souriant,
cette inconnue portait un chemisier à bandes mauves et grises dont les
premiers boutons n’étaient pas attachés. Jusque là rien de bien original
sauf qu’il m’apparaissait que le degré de déboutonnage allait juste un peu
plus loin que ce qui est communément admis comme étant décent. C’est
pratiquement par réflexe que j’analysais la situation sur l’air de  » en
verrais-je davantage ?  » Car il faut bien dire que pour l’instant ce bouton
non attaché se contentait de jouer le rôle de la porte qui ne serait plus
fermée mais qui resterait poussée. Illusion / Désillusion…

Je ne décèle aucune présence de soutien gorge, mais les seins sont petits.
Ce n’est pas vraiment mon genre, moi qui adore les pulpeuses mammaires aux
longs cheveux blonds. A la plage, les seins nus, je l’aurais sans doute peu
regardé, mais là, je scotche. Je suis persuadé que si elle bouge d’une
certaine façon, je vais apercevoir son téton droit.

Alors j’attends, m’interrogeant sur la raison de cet intrigant déboutonnage.
Simple inadvertance ? On ne peut en écarter l’hypothèse ! Désir d’allumer ?
Elle n’en donne pas vraiment l’impression ! Volonté d’envoyer un signe fort
à une personne avec qui elle aurait rendez-vous ? Bizarrement cette
hypothèse me contrarie et j’essaie de trouver le petit truc qui me
confirmerait que ce n’est pas ça. Et puis je trouve, bien sûr que ce n’est
pas ça, elle ne regarde jamais sa montre, donc elle n’attend personne !
Simpliste, primaire et peut-être même complètement faux, mais tellement
rassurant !

Sa tasse de café est consommée depuis longtemps, et elle occupée à
gribouiller je ne sais quoi sur un cahier d’écolier.

Comment est-ce que je peux perdre mon temps à ce point ? Question de glandes
qui mettent en action cette curieuse alchimie masculine ! Mais qu’importe,
il y a longtemps que j’ai abandonné honte et culpabilité aux moralistes de
tous poils, je me classe parmi les obsédés heureux. J’essaie de me
raisonner, non pas sur mon état mental mais sur la possibilité que j’aurais
de finir par apercevoir l’objet de ma convoitise. Le principal obstacle est
le temps. Elle peut se reboutonner, partir, rencontrer quelqu’un (mais non,
j’avais écarté cette dernière hypothèse) ou tout simplement ne jamais rien
montrer.

Je n’avais pas trop compté le temps, mais cela faisait bien une dizaine de
minutes que je l’observais en train de remplir des lignes d’une écriture
nerveuse, entrecoupée d’instants où son visage se redressait, les yeux dans
le lointain, les lèvres entrouvertes, comme si elle cherchait l’inspiration
de ses mots.

Abandonnant l’espoir de pouvoir observer ce qu’avait semblé me promettre
l’ouverture de son chemisier, je commençais à réunir ma monnaie afin de
régler ma consommation.

C’est à ce moment là qu’elle eu ce geste, bref, anodin mais si troublant
consistant à se passer l’index et le majeur réunis, par dessus le chemisier
à l’endroit où devait être son téton. Bien que le geste fût très bref, la
façon dont elle opéra me convainquit qu’il s’agissait de tout autre chose
que d’un simple grattage. Du coup je retardai mon départ, les yeux rivés sur
cette femme au comportement étrange.

Une seconde fois elle refit le même geste, il m’apparaissait probable que
ces mouvements de doigts avaient un rapport avec ce qui se trouvait sur son
cahier, ou sur ce qui allait s’y trouver… Mais que pouvait-elle bien
écrire ?

Déjà je cherchais un plan, afin de m’approcher d’elle et peut-être d’en
savoir davantage. Il sera forcément primaire. J’attends quelques instants,
mais voici qu’elle pose son stylo, soupire, jette autour d’elle un regard
semi circulaire (je dis bien semi circulaire car je ne fus pas inclus dans
ce panoramique inachevé) puis la voilà qui plonge sa main à l’intérieur du
chemisier par l’échancrure ouverte… Je vois les doigts s’agiter l’espace
de quelques courts instants. Je n’ai plus aucun doute, ce n’est pas une
impertinente bestiole qui lui a piqué le bout du sein, non elle se le serre
de plaisir, ses yeux se ferment, et sa bouche s’ouvre. C’est très bref, mais
très fort, très érotique. Et cette scène a sur moi l’effet d’un puissant
stimulant, ma braguette est soudain pleine de mon sexe.

Cette fois, je ne tiens plus en place, je me lève, et passe derrière elle
comme si je cherchais quelqu’un. Pauvre stratagème puisqu’elle ne fait
aucunement attention à moi, je pourrais être transparent que cela
reviendrait au même.

J’essaie de fixer mon attention sur le cahier, pas facile, elle écrit comme
un cochon, mais j’ai le temps de déchiffrer plusieurs fois le mot sexe :  »
son sexe, mon sexe, leurs sexes « . Ne pouvant m’attarder dans cette partie
de la terrasse sans éviter l’attention, je repars dans l’autre sens et fait
semblant de chercher les toilettes, avant de m’y rendre réellement.

Rendu dans la cabine appropriée, j’envisageais deux solutions, l’une d’elle
consistait à me masturber afin de conclure toutes ces émotions, puis une
fois calmé de me rendre à mon travail. L’autre était de tenter une approche
de la dame, au risque de me voir prendre un râteau. Mais après tout
qu’importe, la vie de dragueur n’est pas sans risque, mais on s’y
retrouve…

Sortant mon sexe raidi, je le contemplais et hésitais sur la conduite à
tenir, malgré tout, l’excitation était telle que je ne me dispensais pas de
quelques mouvements masturbatoires… c’est à ce moment là que mon téléphone
portable sonna. Pourquoi ne l’avais-je pas coupé celui-ci ? Mais comme
toujours dans ces moments là, on se dit que ça peut être important… Je
prends l’appel, un emmerdeur professionnel au sens propre du terme.
Quelqu’un à qui j’avais promis quelque chose et que j’ai complètement
oublié, je suis trop gentil, je fais des tas de promesses à un tas de
gens… Le type n’est pas trop aimable, il faut que je le calme, je m’assois
sur la cuvette, le type me cause, me débite un flot de paroles, soudain j’en
ai marre, je ne l’écoute plus. La réalité me revient à la gueule, ce boulot
qui ne marche plus, les réclamations qui me tombent toutes sur la gueule,
mon ménage qui va à l’eau, ma santé qui sans être alarmante m’oblige à me
surveiller… Un moment j’avais oublié tout cela avec cette fille sur la
terrasse… Quelle idée j’ai eu de descendre ? Je fous le téléphone dans ma
poche, la tête me tourne, ça ne va pas fort, je ne me sens pas bien…

J’ai du rester comme ça quelques minutes à moitié dans les vapes, une sorte
de malaise. Je refais surface, j’ai l’air fin avec mon sexe qui pendouille à
ma braguette, j’ai l’impression d’avoir rêvé de cette fille, c’est flou,
mais ça me redonne confiance… Si elle est encore là, je l’aborde, qu’est
ce que je risque ? Je sors de la cabine, je me mets un peu d’eau sur le
visage, je me repeigne, et hop je remonte…

Elle est toujours là, elle griffonne encore, je rejoins ma place mais sans
m’y asseoir, j’attends le moment où elle va rechercher son inspiration.

Hop, ça y est !

– Bonjour, mademoiselle, je suis représentant en chapeau de paille.

Un regard de tueuse ! (De beaux yeux bleus, pourtant) Elle me menace
d’appeler le patron du café  » qu’elle connaît fort bien  » si je ne disparaît
pas immédiatement… Pas aimable !

– Et si je vous disais que moi aussi j’écris des nouvelles érotiques ? Lui
lançai-je alors en abordant mon plus joli sourire.
– Je vous ai dis… Hein quoi ? Qu’est ce que vous racontez ? On se connaît
? On s’est déjà rencontré ? En tous les cas je ne me souviens pas de vous !
Je vous ai peut-être marqué, mais ce n’est pas réciproque !

Je vous dis, elle est charmante !

Et n’espérant plus grand-chose, je décide d’opter pour le délire complet !

– On ne s’est jamais rencontré, du moins dans la vie réelle !
– OK, alors foutez-moi la paix !
– En fait c’est vous qui m’avez créée !
– Euh, pour la dernière fois, vous me laissez, où j’ameute le quartier !
– Mais bien sûr, c’est vous qui décidez, je suis l’un de vos personnages,
mais si vous décidez que je dois disparaître, ce n’était pas la peine de me
créer !

Elle me regarde, dubitative, m’ausculte de la tête au pied.

– Comment savez-vous ce que j’écris ? Comment savez vous qui je suis ?
– Je vous dis, j’écris moi-même, je vous ai observé, parce que j’ai trouvé
votre visage intéressant, et puis je me suis dis, elle doit écrire quelque
chose de passionnant, et quand je vous ai vu vous porter la main sur votre
sein, je me suis dit que ce que vous écriviez devait être très coquin. Euh,
je peux m’asseoir ?

Et joignant le geste à la parole, je vais pour m’installer en face d’elle !

– Non pas là, venez près de moi !

Je n’y crois pas !

– Ne vous méprenez pas, c’est pour mieux vous gifler si vous dépassez
certaines bornes !

Je me disais aussi…

– Rassurez-vous je souhaite juste parler de l’écriture érotique, c’est un
sujet qui me passionne ! Déclarais-je.
– Tu parles ! Vous voulez que je vous dise pourquoi je ne vous envoie plus
promener ?
– Ça m’intéresserait en effet !
– Parce qu’il y a des hasards qui m’interpellent. Il n’y pas longtemps, j’ai
écris un truc où je me décris à la terrasse d’un café et un mec s’aperçoit
de ce que j’écris et il vient m’aborder…. J’ai l’impression de vivre ma
propre nouvelle, c’est dingue non ?
– Dingue, en effet, et ça continuait comment ?
– Justement je n’ai pas su la continuer, mais vous avez peut-être une idée,
vous ?

J’espère que je ne me goure pas ! Elle s’est rebellée quand elle s’est
sentie draguée, et puis c’est l’aspect jeu qui l’a calmé, et qui finalement
l’a presque accroché ! Pourvu que ça tienne !

– Il était comment votre inconnu ! Macho ? Poète ? Direct ? Compliqué…
– Je ne sais pas ce qu’il était, je sais ce qu’il n’était pas !
– Il n’était pas quoi ?
– Classique ! Je n’aime pas les rapports ordinaires, les faire passe encore,
mais les décrire, une pénétration c’est nulle, une fellation c’est toujours
pareil, une sodo également. Si vous arrivez à me surprendre, je vous laisse
votre chance…

Et, voici que je suis tombé sur une compliquée de chez compliqué !

– Vous savez ce qui m’a attiré chez vous ? Tentais-je en guise de digression
temporaire.
– Mes jambes !
– Pas du tout, d’ailleurs je ne les ai même pas regardé !
– Vous n’aimez pas les belles jambes ?
– Si mais ce n’est pas ça que j’ai regardé, c’est votre chemisier ouvert,
ouvert plus que ce qu’on voit d’habitude et je me disais que peut-être je
pourrais voir votre téton !

La tronche de la fille !

– Ça alors !
– Vous n’aviez pas pensé que quelqu’un pourrait le voir !
– Non, je ne me déboutonne qu’ici et… mais… dites-moi vous l’avez vu ?
– Hélas non !
– Je crois que vous allez m’aider à trouver des idées pour la suite de mon
histoire. Dit-elle en tout en jetant un coup d’œil dans notre environnement
immédiat !

Et alors, sans que je m’y attende, elle écarte le bord du tissu et me laisse
enfin voir l’objet de ma convoitise. Un téton, c’est un téton et celui-ci
n’a rien de vraiment particulier, il est un peu sombre, assez gros et
surplombe un sein que j’aurais préféré plus ambitieux, mais que voulez-vous
c’est le téton que je rêvais de voir depuis tout à l’heure et il est là
devant moi comme une offrande. Mes réactions sont purement physiques, me
revoilà en train de bander comme un sapeur.

– Si vous saviez dans quel état ça me met ?
– Mais je ne demande qu’à vérifier ! Répond-elle du tac au tac en me mettant
la main sur ma braguette qui du coup n’en peut mais…

Elle est folle si quelqu’un nous voit… Mais elle retire rapidement sa main
!

– J’aimerais mettre un prénom sur votre visage ! Repris-je
– Inventez en un puisque vous êtes écrivain !
– Pourquoi pas Nadège ?
– Pourquoi pas, en effet ! Je serais votre Nadège et vous vous serez mon
Roméo !

Roméo et Nadège ! N’importe quoi !

– Mon vrai prénom c’est… Commençais-je !
– Chut, ne me le dites pas, qu’est-ce que ça peut faire, nous ne sommes que
des personnages d’histoires érotiques… Au fait, Roméo…

J’ai un peu de mal à m’habituer à ce nouveau prénom, je dois bien le dire

– Oui, Nadège !
– Savez-vous pourquoi je me mets toujours un chemisier quand j’ai décidé
d’écrire, et pourquoi ce chemisier je l’entrouvre plus que nécessaire ?
– Pour pouvoir vous caresser les seins plus facilement.
– Gagné ! J’adore me serrer les pointes des seins, j’adore aussi qu’on me le
fasse.

Si ce n’est pas un appel du pied, c’est quoi ? Alors j’y vais, je plonge ma
main, lui caresse le sein, assez vite puisque ce n’est pas précisément cela
qu’elle souhaite et puis j’agace le téton, il est curieux au toucher, une
texture un peu velouté, je serre, je tourne, je serre en tournant. Nadège
soupire ! Cette affaire tournera-t-elle en rut bestial ou en nœud de boudin
?

– J’ai envie de vous ! Finis-je par avouer.
– Ça j’avais compris, mais tu peux me tutoyer !
– Je vous… pardon, je t’emmène à l’hôtel !
– Tu ne m’emmènes nulle part, on y va ensemble, mais pour l’instant on se
contentera des toilettes.
– Alors d’accord !

Mais mademoiselle reste assise ! Lentement elle range son cahier dans son
sac, puis me dit :

– Rappelle-toi, il me faut des souvenirs pour mon récit, je veux de
l’imprévu, de l’étonnant, n’essaie pas de faire des performances, ce n’est
pas ça qui m’intéresse…

Un peu embêté, quand même, mais je me disais que ma faculté d’adaptation
pourra sûrement m’aider…

Nous descendons, un type est en train de s’essuyer les mains, il ne peut pas
ne pas nous voir entrer ensemble dans la cabine, et il est d’ailleurs
possible qu’il s’en foute complètement. Mais puisque madame veut de la
folie, je déverrouille la porte juste après l’avoir verrouillé. On verra
bien !

Nadège se retourne. Nous sommes face à face. J’ai une envie folle de
l’embrasser, mais je me demande si ce n’est pas trop classique pour elle.
Par quoi commencer ? Elle ne me laisse pas le temps de réfléchir et
déboutonne intégralement son chemisier.

J’ai déjà mentionné que ses seins étaient petits, mais l’ensemble est
plaisant, ces gros tétons arrogants m’invitent trop à les sucer. Je m’y
précipite. Elle à l’air d’apprécier. Pendant ce temps, je baisse mon
pantalon et mon slip, libérant ma verge tendue, je ne sais pas trop à quoi
elle va servir, mais au moins elle sera prête !

– Attends !

Nadège se dégage, elle baisse alors sa culotte (un minuscule string noir, en
fait) puis, s’assoit sur le bord de la cuvette, et finit de l’enlever !

– Tiens, c’est un cadeau ! Ça se fait beaucoup dans les récits érotiques
d’offrir son string à n’importe qui ! Me dit-elle avec un sourire malicieux
!
– Merci, mais je ne suis pas n’importe qui, je suis un de tes personnages !
– Drôle de personnage ! Ça te fait plaisir au moins parce que si c’est pour
la jeter tout à l’heure, autant que je la garde !

Je vous dis, parfois elle est charmante !

Je renifle l’objet ! Ça pour sentir la culotte, ça sent la culotte, je
n’irais pas jusqu’à dire qu’elle est trempée, mais elle bien mouillée. Pour
lui montrer que j’apprécie le cadeau, je le lèche un peu, puis finis par le
glisser dans ma poche.

Toutes ces odeurs me sont montées au cerveau. Nadège se tripote le sexe,
contrairement à ce que j’aurais cru il n’est pas glabre, les poils ont juste
été semble-t-il légèrement désépaissis. Je me baisse afin d’approcher ma
bouche de cet endroit.

– Attends !
– Tu n’aimes pas !
– Si, mais j’ai envie de pisser !
– Et alors ? Tu écriras dans ta nouvelle que Roméo à décidé de te lécher le
sexe, malgré que tu lui ais fait part de ton envie d’uriner.
– Et que c’est à ses risques et périls !
– Absolument.

En fait, je ne pense pas qu’elle ait envie, je suppose qu’elle l’aurait fait
en préalable. Elle me teste, cherche mes limites. Si c’est ça, c’est mon
jour de chance, car des limites je n’en ai pas beaucoup.

J’adore pratiquer le cunnilingus, j’y vais à grands coups de langue,
commençant par le bas puis remontant, je néglige pour l’instant le clitoris
que je me réserve pour la fin, pour la faire jouir, si toutefois ça marche.
Je jette un coup d’œil sur ce qu’elle fait, elle se triture ses bouts de
seins, c’est une véritable manie. Je continue de lécher. Mais soudain, la
porte grince.

– Tu as mal fermé !
– La serrure doit être cassée, ne t’inquiètes pas.

Il y a en effet neuf chances sur dix que la personne qui découvre ce genre
de spectacle laisse faire et reparte, mais c’est surtout au type qui
s’essuyait les mains que je pense. Quelqu’un de non averti aurait ouvert la
porte en grand, là il l’a juste entrebâillée. Je lui fais signe de venir
nous rejoindre !

– Tu es fou ! Me dit Nadège !
– Il va juste nous regarder !
– Ça me gène un peu !
– Tu voulais du surprenant, en voici !
– Alors d’accord !

Pas de réaction, j’observe à nouveau, ce voyeur invisible m’emmerde parce
que ça m’oblige à interrompre ce que je faisais.

– Tu rentres ou tu te casses !

Bruits de pas… Il va partir, non il revient, il entre, il n’y plus
beaucoup de place !

– Tu regardes et c’est tout ! Tu peux te branler, mais tu n’en fous pas
partout.

Il ne répond pas, sort sa queue et commence à la manipuler. Je reprends mon
ouvrage.

– Attend !

Attend quoi ?

– Colle bien ta bouche, sur mon sexe, et ne bouge plus, je vais essayer de
faire un peu.

Dingue, elle est dingue, elle va me pisser dans la bouche dans une toilette
de bistrot devant un inconnu qui est en train de se branler ! Et moi je suis
d’accord ! Comment a-t-elle deviné que j’adorais ça ? Sans doute le vieux
principe suivant lequel plus on s’intéresse au sexe, plus on est sensible à
l’ensemble de ses pratiques, allez savoir ?

N’empêche que j’obéis, j’immobilise ma langue quelques instants avant de
recueillir le petit jet de son pipi qu’accompagne une très légère fragrance.
J’adore ça ! Plus rien ne vient ! J’attends une éventuelle seconde salve !
Manifestement elle essaie, quelques nouvelles gouttes viennent alors
compléter mon bonheur de l’instant.

– C’était bon ? S’enquière t-elle.
– Délicieux !
– On inverse ?
– Je bande de trop !
– Tu vas bien y arriver ! Réplique-t-elle.

Elle enlève complètement son chemisier, ça m’a toujours ému de voir une
femme avec le haut dénudé et le reste juste débraillé (ou même non retiré,
d’ailleurs). J’aime bien la voir comme ça, je lui tripote les épaules,
(j’aime bien les épaules), le haut des bras.

– Ne me caresse plus, sinon, ça ne va jamais marcher…

Elle a raison, je bande de trop pour même juste tenter d’uriner.

– C’est de ta faute, tu m’excites de trop ! Tentais-je de m’excuser !
– Tu fermes les yeux, et tu penses à ta dernière engueulade, ça va aller
mieux !

N’importe quoi ? Voilà qui me rebranche sur mon boulot. Effectivement comme
remède à la bandaison c’est radical, je chasse ces pensées trop intruses et
vise mon inconnue. Elle m’attend, la bouche ouverte ! Une sacrée coquine.
Elle reçoit mon jet, en engloutit une partie, en bave une autre, ça lui
coule sur sa poitrine, elle a alors le réflexe de projeter son torse en
avant afin de ne pas risquer de mouiller sa jupe, remontée sur sa taille.
J’entends derrière moi un marmonnement qui n’a rien d’érotique, c’est notre
voyeur dérouté par la tournure des événements qui quitte les lieux.

– Attends ! Me dit Nadège

Décidément c’est son mot en ce moment, elle dit toujours  » attends  » Elle
veut que j’attende quoi, je m’arrête de pisser. Et la voilà qui se retourne,
elle se place à quatre pattes sur la cuvette, le cul à l’air ! Putain que
c’est beau !

Je me dépêche de lui arroser tout cela avant que je ne rebande
(que je ne rebandasse ?) J’ai fini, elle ne bouge pas. J’approche mes
lèvres, un bisou sur une fesse, c’est tout humide, mais ça ne me dérange
pas, un bisou sur l’autre fesse ! Mais ce trou du cul offert qui s’ouvre
devant moi est trop tentant, je m’en approche langue tendue, je goûte à son
œillet, ça sent bon la femme, ça sent bon la chair, ça sent bon tout court.
Je m’en enivre, je me mouille un doigt, l’approche, guette ses réactions.
Va-t-elle me dire encore  » Attends  » ?

– Vas-y !

J’avance mon doigt en le tourbillonnant légèrement !

– Doucement !

Je fais tout doucement ! J’en enfonce la phalange, la phalangine et la
phalangette.

– C’est bon, un peu plus vite, maintenant !

J’obtempère !

– Attends !

Ça recommence !

– Retire-le et remet de la salive !

Si je n’avais pas été excité comme je l’étais je n’aurais jamais fais une
chose pareille, mais je n’hésitais pas, je ressortais mon doigt, évitais de
le regarder, le portais à ma bouche, l’humectais aussi vite que possible et
recommençais mon geste…

– T’es pressé ?

La phrase que j’attendais depuis le début, je suppose qu’en répondant oui,
nous irons conclure ailleurs nos ébats, lui donnant ainsi de quoi alimenter
la fin de sa nouvelle

– Je peux m’arranger !

Du coup elle s’essuie les endroits de son corps qui sont restés mouillés
avec du papier toilette, je l’aide un peu. On se refroque, on s’apprête à
sortir et c’est à ce moment là que mon téléphone portable sonne.

– Je te laisse répondre, tu me rejoins là haut !

Pourquoi ne l’avais-je pas coupé ce con de téléphone ? Mais comme toujours
dans ces moments là, on se dit que ça peut être important… Je prends
l’appel, un emmerdeur professionnel au sens propre du terme. Quelqu’un à qui
j’avais promis quelque chose et que j’ai complètement oublié, je suis trop
gentil, je fais des tas de promesses à un tas de gens… Le type n’est pas
trop aimable, il faut que je le calme, je m’assois sur la cuvette, le type
me cause, me débite un flot de paroles, soudain j’en ai marre, je ne
l’écoute plus. La réalité me revient à la gueule, ce boulot qui ne marche
plus, les réclamations qui me tombent toutes sur la gueule, mon ménage qui
va à l’eau, ma santé qui sans être alarmante m’oblige à me surveiller… Un
moment j’avais oublié tout cela avec Nadège… Quelle idée j’ai eu de
décrocher ? Je fous le téléphone dans ma poche, la tête me tourne, ça ne va
pas fort, je ne me sens pas bien…

J’ai du rester comme ça quelques minutes à moitié dans les vapes, une sorte
de malaise. Je refais surface, j’ai mal au sexe, j’ai l’impression d’avoir
rêvé de cette fille, c’est flou, mais ça me redonne confiance… Si elle est
encore là, je l’aborde, qu’est ce que je risque ? Je sors de la cabine, je
me mets un peu d’eau sur le visage, je me repeigne, et hop je remonte…

Elle est encore là ! Elle ne griffonne plus ! Elle me regarde bizarrement !
Je m’assois à ma place ! Je ne sais comment l’aborder ! Putain je fais des
rêves en plein jour ! Son visage exprime l’incompréhension, je dois lui
faire peur ou quoi ? Je vais mal finir… L’asile psychiatrique, les
calmants, les piqûres, les électrochocs, les infirmiers sadiques, les autres
fous. Me calmer… Le docteur m’avait filé un médicament à prendre en cas de
crise, c’est le moment, il est dans une petite boite métallique, toujours
prêt au fond de ma poche, c’est pour me calmer le cœur si tout s’emballe. Je
mets la main dans mes fouilles, il y a quelque chose d’humide, un tissu…
C »est quoi ce truc ? Et voilà que je déballe en pleine lumière un petit
string noir de rien du tout !

Tilt !

Je m’assois. La tête me tourne, je me la tiens entre mes mains !

– Ça ne va pas ? Qu’est ce qui t’arrive ? C’est le téléphone ? Tu as appris
une mauvaise nouvelle ?

Elle me saoule !

– Nadège, je ne t’ai pas rêvé ? On a fait tout ça en vrai ?
– Bien sûr ! Bouge pas je vais te demander un verre d’eau !

Elle revient vite, elle est devant moi, elle est belle désirable ! Je me
bois mon verre de flotte !

– Ça va mieux ?
– Oui, merci !
– On fait quoi ? Demande-t-elle.
– On va faire des choses coquines !
– Tu ne vas pas me tomber dans les pommes ?
– Mais non ! Maintenant que tu m’as crée je crois que je vais prendre goût à
la vie !

Elle me dévisage, peu rassurée ! Je me lève, lui prend le bras et l’entraîne
hors du bar.

Je suis condamné à la satisfaire, je ne suis qu’un de ces personnages, si
elle me raye d’un coup de plume, je n’existerais plus. Tiens bon Roméo !

Septembre 2003
© Nicolas Solovionni

nikosolo@hotmail.com

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à Le chemisier à rayures par Nicolas

  1. Voisin dit :

    J’ai adoré ! ça change des récits préformatés comme il y en trop, je trouve

  2. Saprisit dit :

    Un vrai régal que cette lecture !

  3. Darrigade dit :

    C’est tout tendre, c’est original, c’est bien écrit, c’est bandant, tout ça, tout ça !

  4. Robinet dit :

    Délicieuse histoire qui nous change des récits préformatés qui racontent tous la même chose

  5. Forestier dit :

    je sors de cette lecture sur le cul ! Quel talent ! Quel écriture ! Quelle imagination ! Et je ne vous parle ps de l’état de ma bite ! Bravo Nicolas

Répondre à Voisin Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *