Chanette 22- Soirées Bunga-bunga – 4 – Monsieur et Madame Dumortier par Chanette

Chanette 22- Soirées Bunga-bunga – 4 – Monsieur et Madame Dumortier par Chanette


Dimanche 8 février

Max n’a pas peur de travailler le dimanche.

Depuis la veille, il a tenté plusieurs fois de joindre Alexis. Celui-ci ne répond jamais. Il a donc acquis la conviction qu’il s’agit d’un téléphone d’appoint qui refuse toute communication de correspondants inconnus.

A 13 heures il tambourine à la porte d’un dénommé Sékou à Aulnay sous-bois. On lui ouvre, il exhibe une fausse carte de flic.

– Police, j’ai quelques questions à vous poser.
– J’ai rien fait !
– Moi non plus, j’en ai pas pour longtemps… C’est à toi la 504 noire ?
– Oui !
– C’est toi qui a pris cette voiture pour te rendre rue des Saulniers le Jeudi 8 janvier.
– Le 8 janvier ? Oh, là là, j’ai dormi depuis.
– T’as pourtant intérêt à t’en rappeler, ce n’est quand même pas tous les jours que tu te trimbales avec une mallette de faux billets.
– Ouais, c’est un mec qui m’avait demandé de jouer un petit rôle, c’est pas méchant.
– C’est peut-être pas méchant mais ça peut te conduire en tôle ! Et tu as ses coordonnées à ce mec ?
– Non, je l’ai rencontré comme ça !
– Ben voyons ! Ecoute moi bien, le type en question est un proxénète, il recrute des filles pour son compte grace à une mise en scène. Or la mise en scène, c’est toi ! Donc de deux choses l’une où je t’embarque et on t’inculpe pour complicité de proxénétisme et recel de faux-billets, ou alors tu te mets à table et on te foutra la paix.
– J’ai juste son téléphone.
– Et bien tu vas l’appeler devant moi et mettre l’ampli.
– Et je lui dis quoi ?
– Que tu as un flic en face de toi qui sait beaucoup de choses et qu’il veut lui parler.

Le type hésite.

– Vous êtes en service ?
– Ce n’est pas à toi de poser des questions. Au fait ça c’est un flingue ! Répond Max en exhibant l’objet. Alors tu téléphones ou pas, je n’ai pas que ça à foutre !

« Pourvu qu’il réponde ! », se dit Max, parce que sinon, ça va être compliqué ! »

Il répond !

– Hein quoi ? Envoie le promener ! Dit la voix au téléphone.

Max se saisit de l’appareil.

– Ça ne vous intéresse pas de savoir comment j’ai retrouvé votre trace ?
– Vous êtes qui ?
– Inspecteur Martin !
– Enchanté, moi je suis le Père Noël !
– On peut peut-être se voir pour discuter entre gens intelligents ?
– Et si je ne veux pas ?
– On coffre votre complice et on remonte la filière !
– Chiche !

Il raccroche.

– On va attendre, il va rappeler ! Commente Max, très calme.

Alexis est perplexe. Il se demande qui est cette personne et surtout comment il a pu remonter jusqu’à Sékou ? L’inspection Générale des Polices ? Mais cette proposition de rendez-vous n’est pas dans leurs méthodes. Un réseau mafieux de maquereaux. Si c’est le cas, il se dit qu’ils sont drôlement forts… et potentiellement dangereux. Certes, les dangers, ça s’élimine, mais encore faut-il qu’il en sache davantage afin de pouvoir agir ! Il rappelle :

– On se verrait où ?
– A la sortie du métro Etienne Marcel, il y a un bistrot, le Howard café, installez-vous en terrasse à 9 h 30 demain matin et prenez une consommation.
– Et pour se reconnaître ?
– Vous lirez « Marie Claire ».
– Et vous ?
– Midi Olympique.

Une demi-heure plus tard Alexis essayait de rappeler Sékou.

– Allo Sékou !
– Ben non ce n’est pas Sékou, c’est l’inspecteur Martin, j’ai cru intéressant de conserver son téléphone, ça nous permettra de nous joindre en cas de problèmes. A demain, monsieur Alexis !

Perplexe, Alexis quitte précipitamment son bureau et se rend au domicile de Sékou.

– Ils étaient deux ?
– Non tout seul.
– Donc ce n’était pas un flic ! Il t’a expliqué comment il t’avait repéré ?
– Pas explicitement, mais il m’a parlé de la rue des Pommiers…
– Des Saulniers peut-être ?
– Oui !
– T’étais vraiment obligé de me téléphoner ?
– Il avait un flingue
– Bon, j’ai tout compris, tchao.

Pour Alexis le seul point positif – si l’on peut employer ce terme – de cette situation, c’est qu’il avait désormais la certitude que le mystérieux personnage qu’il devait rencontrer n’était pas un flic. L’évocation de la rue des Saulniers laissait deviner que Chanette ou du moins son mac était à l’origine de cette affaire, cela voulait dire sans doute que l’entrée de son immeuble était vidéo-surveillée. Mais quelque chose ne collait pas, Chanette n’avait apparemment plus aucune raison de s’acharner après lui. Alors ne pas aller à ce rendez-vous ? Il serait relancé, inutile de reculer pour mieux sauter… A moins que… Mais bien sûr !

Lundi 9 février

A 9 heures 10 très précisément, je suis attablée dans un bistrot de la porte de la Villette. Nous verrons pourquoi un peu plus loin. Max s’est grimé, grosses moustaches, lorgnons et chapeau melon. Lui il est au Howard café, près des Halles, il attend assis en terrasse. En cette saison l’accès à cette partie de l’établissement ne peut se faire que de l’intérieur.

Max est un professionnel et s’il ne parle à personne de son passé, il n’en a pas oublié les ficèles.

Max sait ce qu’il ferait s’il était à la place d’Alexis : payer de suite sa consommation afin de pouvoir quitter l’endroit rapidement en cas de problème. Ce point est important car il permettra à Max de savoir où il range son portefeuille. Alexis devrait également choisir une place qu’il pourra quitter le plus facilement possible si besoin est. Le plan est simple, une fois Alexis repéré, Max ne se dévoilera pas, mais se lèvera, feindra la maladresse quand il sera proche de sa cible, fera tomber quelque chose et en profitera pour subtiliser son portefeuille et sortir. Puis il enfourcherait sa mobylette, et disparaitrait dans la nature. La suite dépendrait des informations que contiendrait le portefeuille.

Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévues…

A 9 h 20 l’inspecteur de police Thomas Dumortier entre dans la terrasse protégée du Howard Café, il s’engouffre tout au fond, s’excusant de déranger quelques consommateurs qui sont obligés de se pousser pour lui céder le passage. Il commande, paie de suite et attend.

A 9 h 25, les inspecteurs Lipari et Braun s’attablent à une place proche de la sortie de la terrasse.

9 h 30 : Rien ne se passe, Max ne voit personne lisant Marie Claire, Dumortier ne voit personne lisant le Midi Olympique.

9 h 35 : Statut quo

9 h 40 : Dumontier sort son téléphone portable et téléphone discrètement à son chef :

– Rien !
– Il n’est pas là ?
– Je ne sais pas, il ne s’est pas dévoilé.
– O.K. alors dévoile toi, mais fais gaffe, ça sent le piège, n’improvise rien, respecte bien les consignes.

Alors Dumontier sort de sa sacoche le dernier numéro de « Marie-Claire » et fait semblant de le lire en tenant la couverture à bout de bras tandis que d’un œil il surveille la terrasse. Il n’a même pas besoin de se tourner, il n’a personne derrière lui, mais, il ne se passe rien.

Max a repéré le lecteur de « Marie-Claire ». Le plan s’écroule, il ne voit pas comment et sous quel prétexte il pourrait s’approcher de lui. De plus une telle attitude de la part de sa cible veut sans doute dire qu’il a des complices dans la salle, prêt à lui couper toute retraite. Il lui faudra improviser… il sort tranquillement de l’établissement mais reste à proximité.

Coup de fil de Max qui me demande d’envoyer le message n° 1

A l’aide du téléphone qu’il piqué à Sékou, j’envoie un message à Alexis.

« Bloqué sur le périph, rendez-vous reporté demain, même endroit, même heure. Merci de confirmer. »

Alexis reçoit le message, répond pour confirmer puis prévient Dumortier…

– L’opération est annulée, on la rejoue demain.

Dumortier se lève et fait signe à ces deux acolytes de sortir.

Sur le trottoir les trois hommes font un brin de causette, les deux « subalternes » ont chacun un casque de moto à la main. Max tente une première analyse de la situation.

« Pas mal joué, ils voulaient me piéger et me filer pour savoir qui j’étais… Je fais quoi maintenant ? »

Les trois hommes n’en finissent pas de papoter, Max fait semblant de téléphoner afin de se donner une contenance.

Enfin, ils se séparent, les deux sous-fifres se dirigent vers leur moto, le premier s’en va dans la direction opposée.

Max se débarrasse de ses fausses moustaches et de son chapeau, puis fonce dans sa direction, le tamponne, le déséquilibre.

– Mais… Faite attention…
– Vite, vite, il est parti par là… bredouille Max.
– Qui ?
– Je le vois plus ! C’est malin !
– Mais de quoi parlez-vous ?
– Oh, il a tourné là-bas…

Et Max se met à courir comme un dératé, l’autre ne le suit pas, il ne s’apercevra qu’un peu plus tard que son portefeuille a disparu de ses poches.

Serge Valmaison alias Alexis est furieux.

– Vous vous êtes fait avoir comme des bleus !
– Faut dire que le mec qui m’a piqué mes papiers était sacrement gonflé !
– Et tu es sûr qu’il n’était pas dans la salle ?
– Je ne l’ai pas vu !

Son téléphone de bureau sonne, il décroche, écoute, puis le pose, perplexe :

– J’ai fait géolocaliser l’appel pour le report du rendez-vous : ça vient de la porte de La Villette. Y’a un truc qu’est pas clair ! J’ignore si demain faudra y retourner. Bon, laissez-moi, j’ai besoin de réfléchir.

Il y avait 9 chances sur 10 que l’agression de Dumortier soit liée au rendez-vous. Dans ce cas l’inconnu chercherait à rencontrer le propriétaire du portefeuille.

« Il va te prendre pour un autre », lui avait dit Valmaison, « rentre dans son jeu, contente-toi de l’écouter et temporise, le but c’est qu’on le file et qu’on sache qui c’est ! »

Mais ça, c’était avant le vol du portefeuille. Maintenant la donne changeait, l’inconnu savait désormais qu’il avait affaire à un flic et ça risquait d’être compliqué et risqué à gérer. Dans ce cas-là, la solution était simple. Dumortier et l’inconnu ne devaient en aucun cas se rencontrer.

– Dumortier ! J’ai acquis la conviction que ce type est dangereux, il ne faut pas qu’il te trouve chez toi ce soir. Ne rentre pas, demande à ta famille de te rejoindre au restaurant d’assez bonne heure, pour 19 heures par exemple, c’est la Maison qui paye.
– Mais chef…
– Oui, je sais, mais il y a deux trois trucs que je ne peux pas te dire, c’est une affaire un peu compliquée…

Il se trouve que Madame Dumortier n’était pas du tout partante pour aller au restaurant avec les gosses, les deux dernières tentatives en ce sens s’étaient soldées par de véritables calvaires tellement les mômes avaient été insupportables.

Dumortier essaya d’argumenter en évoquant le danger potentiel dont avait parlé Valmaison.

– C’est quoi ces conneries ? S’il y a un tordu qui te veux du mal, ton chef n’a qu’à nous faire protéger ou organiser une souricière ! Nous envoyer au restaurant ? Non mais je rêve ?

Le policier ne sut que répondre à ces objections, mieux il concéda que son épouse avait probablement raison. Mais alors à quoi jouait Valmaison ?

Il courait des bruits sur Valmaison, il se chuchotait qu’il organisait des parties fines avec des personnalités. On disait aussi qu’il avait eu l’I.G.S. sur le dos, mais que ne dit-on pas sur les gens, n’est-ce pas ?

Max gare sa moto près de place de la Bastille et fait l’inventaire du portefeuille.

« Un flic ! Manquait plus que ça ! Faut que je prévienne le patron »

– Thomas Dumortier, tu dis, je vais essayer d’avoir des renseignements sur lui, en attendant essaie de constituer un dossier : photos, témoignages, tout ça… essaie de l’approcher et déstabilise-le, ça le poussera peut-être à l’erreur.

« Tu parles que je vais constituer un dossier ! Par contre le déstabiliser, ça c’est dans mes cordes ! »

Il a l’adresse, il va voir ! Si le parcours pour arriver au patelin où habitait Dumortier au fin fond de la Seine et Marne fut relativement facile, trouver son adresse dans le labyrinthe des lotissements pavillonnaires fut une autre paire de manches. La voie était en cul de sac, et il n’y avait nul endroit pour effectuer une planque quelque peu discrète.

« Bon, si j’y vais ce soir, il y aura la famille, et ça ne va pas le faire. On va attendre demain matin, je ferais ça à la fraiche ! »

Serge Valmaison enfourcha sa moto vers 18 heures. Son intention était de surprendre le « mystérieux inconnu », il avait en effet supposé qu’il ne perdrait pas de temps et qu’il viendrait ce soir avec l’intention de s’entretenir avec Dumortier. Trouvant porte close, il finirait par s’en aller et il pourrait ainsi le suivre.

Mais arrivé devant le pavillon, une double surprise l’attendait, non seulement la disposition de l’endroit ne se prêtait à aucune planque, mais il y avait pire que ça, le pavillon était éclairé, donc Dumortier n’avait pas suivi ses consignes.

Le pavillon est précédé d’une petite pelouse. Pas moyen donc de s’approcher des fenêtres d’autant qu’un chien peu amène garde les lieux. S’il avait eu des jumelles ! Mais il n’en a pas et se dit qu’il faut qu’il déguerpisse, Dumortier s’il est là, pouvant à tout moment sortir et reconnaitre sa moto. Il s’en va et juste quand il démarre, il aperçoit Madame Dumortier qui sort dans le jardinet à la rencontre du chien, sans doute pour lui porter à manger.

Mardi 10 février

Serge Valmaison a très mal dormi, il a eu beau tourner et retourner le problème dans tous les sens, les choses refusent de devenir claires. Et puis il angoisse : l’inconnu a-t-il contacté Dumortier soit en lui rendant visite, soit par téléphone, et dans ce cas : que ce sont-ils dit ?

« On verra bien ce qu’il va me raconter ? »

Très tôt le matin, Max s’est à nouveau rendu au lotissement de Dumortier, il a garé sa moto 300 mètres en arrière et est revenu à pied revêtu d’un bleu de chauffe et d’une chasuble jaune fluo, il tient à la main une petite bombe de peinture verte et un mètre d’arpenteur. Il prend des mesures imaginaires au sol et de temps à autre trace des lignes toutes vertes.

« Bon, ça va dire longtemps ce cirque ? Parce que ça me fout mal au dos, ces conneries ! »

Dumortier finit par ouvrir la grille afin de sortir sa voiture. Il avance son véhicule à l’extérieur, stoppe, puis redescend pour fermer le portail. Curieux de nature, il s’approche de Max :

– Bonjour, vous faites quoi exactement ?

Max jubile, il allait justement venir à sa rencontre.

– Ben, vous voyez, je travaille. Ah ! Je suis embêté, j’ai oublié mon portable, il faut que je joigne la marie, il y a un truc qui ne va pas…
– Si vous avez le numéro, je peux vous prêter mon portable.
– C’est gentil, mais ça risque de durer un moment. Vous n’allez pas vers la mairie, par hasard ?
– Euh, je peux vous rapprocher.

La voiture sort du lotissement.

– Tournez à gauche !
– La mairie c’est à droite !
– Je vous ai dit de tourner à gauche.

Dumortier aperçoit alors le revolver de Max braqué sur lui ! Son cerveau va très vite ! Passé la détestable impression de s’être fait posséder comme le dernier des bleus, il lui revient à l’esprit les mises en garde de Valmaison. Dumortier est un professionnel, il existe des méthodes pour venir à bout d’un type qui vous tient en joue, le problème c’est que son braqueur est plutôt impressionnant, baraqué et manifestement pas né de la dernière pluie.

– Tu vas t’arrêter là, sur le bas-côté, tu coupes le moteur, tu retires la clé et tu la laisses tomber à terre, ensuite tu poses tes mains sur le volant et tu ne les bouges plus. Rassure-toi, je ne vais pas te tuer, mais une balle dans la main, ce serait gênant.

Dumortier obtempéra, se demandant comment reprendre l’initiative.

– Bon maintenant, tu m’écoutes, je vais être bref. On connaît tous les détails de ton petit trafic…
– Quel trafic ?

Il se souvint alors des instructions de son chef : « il va te prendre pour quelqu’un d’autre, entre dans son jeu ».

– Ecoute pépère, on va gagner du temps, ton trafic était astucieux sauf qu’il y a des filles qu’il ne fallait pas toucher ! Surtout pas toucher. Là tu as fait une grave erreur !
– On peut s’arranger ! Improvisa Dumortier
– Tss, tss, tu n’es pas en état de négocier. Tu t’es fait du fric, plein de fric, tant mieux pour toi, mais maintenant c’est fini, c’est terminé ! Tu vas prévenir tous tes contacts que désormais tu ne t’occupes plus de ce genre de choses. C’est tout ce qu’on te demande. Evidemment, si on apprenait que tu passes outre cet avertissement, ça irait très très mal.
– Bon, ça va, j’ai compris !
– Je ne suis pas sûr, nous avons un dossier de cinquante pages avec des témoignages, des noms, des adresses, c’est assez accablant. Ce serait dommage que tout cela atterrisse à l’IGS ou entre les mains de ta famille, et puis finir sa vie en chaise roulante c’est pas trop sexy !
– Bon d’accord, je laisse tomber !

« Trop facile, beaucoup trop facile, qu’est-ce qu’il manigance ? » s’inquiéta Max.

– On fait quoi, maintenant ? Reprit Dumortier.
– Tu ne bouges pas tes mains, je vais dégrafer ta ceinture, mais avant on va faire quelque chose.

Max tâte la poche droite du policier, il n’y a qu’un porte-monnaie.

– O.K., la main droite dans la poche, maintenant ouvre la portière et sort !
– Vous aller piquer la bagnole.
– Non tu la retrouveras à l’entrée du lotissement.

« Reprendre l’initiative, gagner du temps ! » S’affole Dumortier. Soudain une idée.

– Ecoutez-moi, ce que vous faites ne servira à rien !
– Pff ! Descend !
– J’ai des complices, ils reprendront mon activité.
– Ecoute-moi bien ! Les complices ce n’est pas mon problème, c’est le tien. Si on apprend que pour la prochaine partouze, les filles ne sont pas payées, c’est toi qui trinque !
– Je vous en prie, on peut discuter…
– Descends ou je m’énerve.
– Vous allez vous énervez comment ? Tente le flic.
– Comme ça ! Répond Max en lui expédiant une énorme gifle. Et tu bouges pas sinon je te pète la main avec mon flingue.
– Salaud !
– Je sais !

« La dernière idée, la dernière chance »

– Je peux vous joindre comment ?
– Je suis injoignable ! Descend !
– Alors téléphonez-moi ce soir vers 20 heures, j’aurais peut-être des choses à vous dire.
– Pour la dernière fois : descend !

Il le fait.

– Eloigne-toi, non dans l’autre sens, je ne démarrerais que quand tu seras à 50 mètres.

Max avait fait arrêter la voiture à un kilomètre de l’entrée du lotissement. Il faudrait donc presque un quart d’heure pour que le policier s’y rende à pied.

Largement le temps pour Max de faire demi-tour, et d’échanger la voiture de Dumortier contre sa moto. Auparavant, muni d’une paire de gants, il retire de sa mallette, le portefeuille enfermé dans une enveloppe et vierge de toutes empreintes qu’il dépose sur le siège conducteur.

Malgré tout, Max ignorait si la partie était gagnée. Des complices certes, il en avait mais leurs rôles comme celui de Sékou étaient probablement subalternes. Le fait qu’il avait demandé qu’on le rappelle ce soir signifiait qu’il avait encore de la ressource.

Thomas Dumortier est sonné. Il retrouve son véhicule, récupère son portefeuille dans lequel apparemment rien ne manque, il sait aussi qu’on n’y trouvera pas d’empreintes.

Il a malgré tout quelques certitudes, la première c’est qu’il va se faire copieusement engueuler par son chef qui ne pourra que lui reprocher son imprudence. Mais est-il nécessaire de lui rendre compte des événements de ce matin. La seconde c’est qu’il ne se sent plus en sécurité, certes il ne craint pas les menaces d’une plainte à l’IGS, il ne pourrait qu’être disculpé, mais les menaces physiques l’inquiétaient bien davantage. Bref, il avait besoin de réfléchir. Saisi d’une impulsion, il téléphona à son chef.

– Chef, je serais un peu en retard.
– Des problèmes ?
– Non, fallait que je resserre un joint dans la salle de bains.
– Sinon rien à signaler ?
– Non rien !

Alors Valmaison ne put s’empêcher de lui lancer une pique.

– C’était sympa le restau hier soir ?
– Ouais, les gosses étaient un peu turbulents, mais ça a été !

Serge Valmaison est sidéré, il s’attendait à une explication confuse, pas à un mensonge.

– Sinon rien ?
– Rien ! Chef est-ce qu’on renouvelle l’opération au Howard Café, parce que dans ce cas, vu l’heure, il faudrait mieux que j’y aille directement.
– O.K. Vas-y, les collègues te rejoindront sur place.

Serge Valmaison était de plus en plus troublé. Thomas Dumortier lui mentait, mais pourquoi ? Et surtout avait-il rencontré l’inconnu et dans ce cas que s’étaient-ils dit ? Il considéra qu’il fallait d’abord éliminer l’hypothèse selon laquelle le vol du portefeuille résultait d’une simple coïncidence.

Thomas, lui savait que ce rendez-vous serait inutile, mais ce laps de temps gagné avant d’affronter son chef lui permettrait de réfléchir.

A 10 heures, il informe son chef de l’échec de l’opération. Ce dernier l’informe qu’il désire le voir dans son bureau dès son retour et toutes affaires cessantes. Thomas est maintenant prêt à tout raconter.

« Je vais prendre le savon de ma carrière ! Bof, je n’en mourrai pas ! Mais c’est ma sécurité qui est en jeu ! »

– Ferme la porte et assis toi ! Eructe Serge Valmaison.
– Chef, je…
– Tais-toi, Dumortier, non seulement tu joues les Gaston Lagaffe en te faisant piquer ton portefeuille en pleine mission…
– Mais…
– Ta gueule quand je parle ! Mais en plus t’es qu’un sale menteur !
– Attendez…
– Silence ! Hier soir tu n’es pas allé au restau, t’es resté chez toi avec bobonne et les mioches !

Serge marque un point. Dumortier reste sans voix.

« Comment peut-il savoir ça ? »

– Vrai ou faux ? Insiste Valmaison.

« Peut-être qu’il bluffe, mais pourquoi ? »

– Qu’est-ce qui vous fais dire ça ?
– On le sait, c’est tout, et si tu prétends le contraire, tu es un menteur.
– Je ne prétends pas le contraire.
– Ah, bon, c’est pas ce que tu me disais tout à l’heure au téléphone. Et pourquoi avoir outrepassé mes instructions ?
– Je ne pensais pas que c’était si important… et puis…
– Et puis ?
– Et puis je ne suis pas arrivé à convaincre ma femme, je ne pouvais tout de même pas l’emmener de force !
– Alors là, c’est la meilleure ! Tu t’es dégonflé à cause de Madame ! Seulement moi je n’accepte pas l’explication, si tu n’as pas réussi à la convaincre c’est que tu as manqué et d’arguments et surtout d’autorité. Mais bon ça ne m’étonne pas, chez toi c’est Madame qui porte la culotte, toi tu fais le toutou ! T’es qu’une lavette, t’as une mentalité d’esclave, de soumis. Je vais te dire un truc la soumission c’est rigolo et ça déstresse, j’en sais quelque chose et je t’ai même refilé une adresse un jour…

Il n’aurait sans doute pas dû évoquer ce détail, du coup l’image du visage de Chanette se forme dans l’esprit de Thomas et persistera pendant la suite de la discussion.

– …Seulement voilà, continue Serge Valmaison, la soumission c’est une parenthèse, juste une parenthèse, dans la vie on a pas le droit d’être soumis, surtout quand on est flic. En attendant avec tes conneries on a perdu la trace de ce type, et qui c’est qui va se faire engueuler, c’est ma pomme !

Thomas est livide, les propos de son chef l’ont réellement ébranlé. Eh non, une engueulade, ce n’est pas toujours qu’un mauvais moment à passer et là il encaisse mal.

– Comprend pas… Bredouille-t-il
– Hein ?
– Que je sois resté ou pas chez moi, qu’est-ce que ça change ?
– Beaucoup de choses !

Thomas fait une mimique signifiant que son chef n’a pas répondu mais celui-ci n’en a cure.

– Alors maintenant tu arrêtes de mentir, O.K. ? Donc je suppose que le joyeux inconnu est venu te rendre visite hier soir ?
– Mais non…
– Comment ça « mais non » ? C’est impossible, tu comprends ce mot-là : « impossible » ?
– Mais…
– Alors on va poser la question autrement : combien de fric t’as filé ce mec pour que tu marches avec lui ?
– Mais rien du tout ! Et vous n’avez pas le droit de faire de telles accusations ? Répond Thomas courroucé et de de plus en plus largué.
– Donc tu l’as vu !

Dumortier reste bouche bée, incapable de sortir une parole.

– Bon, alors on va employer les grands moyens : déjà l’échec du rendez-vous d’hier, le vol du portefeuille et le refus d’exécuter mes ordres pour le soir, ça mérite un blâme.
– Hier soir, je n’étais pas en service, vous m’aviez juste donné un conseil, je ne l’ai pas suivi et point barre.
– T’inquiètes pas, j’arrangerai ça à ma sauce, j’ajoute mensonge à un supérieur dans le cadre d’une mission. Ça c’est pour le blâme, mais le plus grave c’est l’argent que tu as accepté de ce mec : ça c’est conseil de discipline et demande de révocation.

Thomas est en pleine confusion mentale : trop de choses à la fois : déjà cette histoire de l’envoyer au restaurant n’est toujours pas claire, ensuite il y a cette attitude de corrupteur que Valmaison prête à l’inconnu alors que c’est dans un tout autre registre que ce dernier jouait ce matin. Et puis les paroles blessantes que son cerveau répète en boucle, et enfin, mais allez dons savoir pourquoi l’image de Chanette…

Contrairement à ses intentions, il décide alors de ne rien dire de sa rencontre matinale. Il se raccroche à l’hypothétique contact qu’il aura avec l’inconnu ce soir. Peut-être qu’il apprendra du nouveau, peut-être que cela lui permettra de se réconcilier avec son chef, peut-être, peut-être…

– Alors toujours muet ?
– Vous vous faites des idées, je n’ai tout simplement pas rencontré ce mec hier soir.
– Bon écoute moi bien, on est sur une affaire d’état, si je ne donne pas de détails, c’est que j’en pas beaucoup moi-même, mais ça mouille pas mal de beau monde. On est donc discret, parce qu’aujourd’hui un simple mot et ces cons de journalistes t’en font un roman. Alors si t’as déconné hier soir, tu me le dis, n’importe qui peut avoir ses moments de faiblesses. Alors tu me lâches le morceau et on s’arrangera.
– Vous vous faites des idées !
– Sort de mon bureau !
– Et je fais quoi ?
– Je m’en fous ! Dégage !

Serge Valmaison prend son blouson, récupère sa moto et prend la direction de Meaux.

« Qu’est-ce que je fous ? Je ne sais même pas si sa femme reste à la maison ? Tant pis, je suis parti, on verra bien ! »

Il est presque midi quand il sonne au portail des Dumortier. Une jolie blonde vient lui ouvrir.

« S’emmerde pas, Dumortier ! »

– Madame Dumortier ?
– Oui.
– Inspecteur principal Valmaison ! S’annonce-t-il en présentant sa carte.
– Oui ?
– Je suis le chef de votre mari…
– Oh ! Il lui est arrivé quelque chose ?
– Rassurez-vous, il est en pleine forme, je suis ici en mission officieuse, je peux entrer cinq minutes ?
– Venez !

« Ce cul, bon dieu, ce cul ! »

Isabelle Dumortier le fait entrer dans la salle de séjour, mais ne lui propose pas de s’asseoir. Isabelle est une jolie femme, fausse blonde assez grande, sportive, dynamique et décontractée.

– Je vous écoute !
– Je peux m’asseoir ?
– Je vous en prie.

« Putain je me la sauterai bien, cette nana ! »

– Votre mari a fait une grosse bêtise.
– Qu’est-ce qu’il a fait ?
– Oh, un petit truc, juste un petit truc, mais c’est passible de révocation.
– Mais de quoi, il s’agit ?
– C’est très grave !
– C’est un petit truc ou c’est très grave ?
– C’est un petit truc très grave ! Madame Dumortier, je vous ai dit que j’étais en mission non officielle, J’ai beaucoup d’estime pour votre mari et cela me désolerait de le voir tomber. Je suis là pour essayer d’arranger les choses, mais pour cela j’ai besoin de votre aide !

– Mon aide à moi ? Je ne comprends pas.

Et après avoir fait jouer la trouille, puis l’apaisement, Valmaison change une nouvelle fois de registre, et c’est d’une voix cassante qu’il demande :

– Madame Dumortier, que ce sont dit votre mari et la personne qui s’est présenté chez vous hier soir ?
– Pardon ?

Valmaison n’est pas fou, il sait très bien que si les deux hommes se sont parlés cela n’a pu se faire en présence de sa femme. Mais de ça il s’en fiche, il veut juste savoir si cet entretien a eu lieu. S’il en obtient la confirmation, il lui faudra trouver un moyen de faire parler Thomas Dumortier.

– Quelqu’un est bien venu chez vous hier soir ?
– Mais jamais de la vie !
– Votre mari aurait pu ouvrir à quelqu’un pendant que vous étiez occupé ?
– Ça ne tient pas debout ! Mon mari n’a vu personne hier soir, qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Madame Dumortier, faites bien attention à ce que vous me répondez, encore une fois je suis là pour essayer d’arranger les choses. Votre mari est dans de sales draps, il faut l’aider.
– Mais bon sang, je ‘n’y comprend rien dans votre histoire, puisque je vous dis que Thomas n’a vu personne hier soir…

Et la voilà qui éclate en sanglots.

Valmaison laisse passe l’orage, en principe il sait reconnaître les gens qui mentent, or Isabelle à l’air sincère. Alors quand aurait eu lieu le contact ?

– Calmez-vous, on va essayer d’y voir clair ! Quand votre mari est rentré hier soir, vous étiez là ?
– J’étais à la maison !
– Mais vous ne l’avez pas vu rentrer avec sa voiture ?
– Si parce que quand la voiture s’approche, le chien se met à aboyer.
– Donc si quelqu’un l’attendait devant la grille, vous l’auriez vu ?
– J’aurais été surpris qu’il s’attarde, j’aurais été voir !
– Votre mari a-t-il reçu un coup de fil personnel hier soir ?
– Il me semble, je ne suis pas sûre !
– Sur le fixe ?
– Non sur le portable.

« Donc aucun rapport car comment l’inconnu aurait-il pu avoir son numéro de portable ? » Se dit Valmaison.

La solution était peut-être toute simple, l’inconnu se rendant compte qu’il avait affaire à un vrai flic avait tout simplement laissé tomber ?

Et puis soudain le déclic ! Thomas avait dit qu’il arriverait en retard ce matin cause d’un problème de joint dans sa salle de bain.

– Et ce matin, Thomas, il est parti comme d’habitude ?
– Comment ça « comme d’habitude ? »
– A la même heure ?
– Ben oui !
– Vous êtes sûre, il n’y a rien qui l’aurait retardé.
– Je ne vois pas
– Un problème dans la salle de bain par exemple ?
– De quoi ?
– Donc rien ne l’a retardé.
– Mais non !
– Il m’a donc menti !

Valmaison jubile. La rencontre a donc bien eu lieu, et elle s’est déroulée ce matin. C’est tout ce qu’il voulait savoir. Il ne lui reste plus qu’à prendre congé, puis à rentrer « cuisiner » Thomas. Mais avant il mangerait bien un morceau.

Son regard se porte sur Isabelle, qui comprend que son mari a « déconné ».

– Vous pensez vraiment qu’un type aurait pu attendre Thomas ce matin, vous avez vu comment on est situé, bravo la discrétion.
– Il a pu l’attendre ici ou quelque part sur le chemin en ayant repéré la voiture la veille, tout est possible en fait. Mais ce n’est pas cela le plus important.
– Vous disiez que vous pourriez arranger les choses.

Des projets lubriques viennent à l’esprit de Valmaison. Encore faut-il qu’il fasse ça de façon intelligente.

– Est-ce que vous vous sentez assez forte pour faire comprendre à votre mari que la seule façon de s’en sortir c’est de dévoiler la teneur des propos qu’il a échangé avec ce mec.

Isabelle flaire le piège, elle croit comprendre que la seule façon de sauver son mari de ce guêpier est de persuader Valmaison que son mari n’a jamais rencontré ce mystérieux individu.

– Je vais vous dire quelque chose d’assez gênant, mais vu les circonstances…
– Ah, ah !
– Je sais pourquoi mon mari était en retard, ce n’est pas du tout ce que vous croyez.
– Ah !
– C’est terriblement gênant…
– Faites un effort.
– Il est allé au Bois René.
– C’est quoi ça ?
– C’est un bois où il y a des putes !

Valmaison hallucine. Qu’est-ce qu’Isabelle est-elle en train d’inventer ?

– Et qu’est-ce qui vous fait penser à une chose pareille.
– Ce matin, il est parti 10 minutes en avance, avant il a mis une plombe pour se choisir une cravate, alors que d’habitude il prend la première qui vient, il s’est aspergé d’eau de toilettes et il avait l’œil lubrique !

« Quelle imagination ! »

– Vous n’avez pas de preuve ?
– Si, ça fait plusieurs mois que ça dure, avant il partait carrément une demi-heure en avance soit disant pour éviter les embouteillages, comme si les embouteillages ce n’était qu’une fois par semaine. Et un jour une voisine l’a vu et a cru intelligent de venir me le répéter.
– Et vous avez fait quoi ?
– Rien, je ne voulais rien dire mais je n’ai pas pu m’empêcher de lui lancer une vanne en lui disant que le bois René, ce n’était pas terrible comme raccourci.
– Vous ne lui avez rien dit d’autre ?
– Non !
– Comprenez ma perplexité.
– Faut vous faire un dessin ?
– Je le crains.

Isabelle soupira un grand coup.

– La vie est courte, j’ai parfois eu des occasions que j’ai eu la faiblesse de ne pas refuser. Je serais donc assez mal placée pour reprocher à mon mari ses infidélités… Et vice versa… Ça va vous êtes content maintenant ? Vous devez me prendre pour la reine des salopes, pensez ce que vous voulez, j’en ai rien à foutre, mais au risque de vous étonner, j’aime mon mari, voyez-vous…

Et nouvelle crise de larmes.

– Allons, allons, cessez de vous déconsidérer, je ne vous juge pas mal, je pense même que votre façon de voir la vie est intelligente, mais je ne suis pas venu pour discuter de ça.

« Jusqu’où va-t-elle aller ? »

– Alors laissez-moi, je n’ai plus rien à vous dire.

« Hum, c’est mal parti, à moi de relancer le schmilblick »

– Je vous rappelle, Madame Dumortier, que j’étais venu essayer d’arranger les choses.
– Mais quelles choses, il n’y a rien à arranger, Thomas n’a vu personne.
– Bon, OK, je peux vous demander un verre d’eau ?
– Une bière ?
– Volontiers !

Une petite pause, Valmaison réfléchit, il ne croit pas un mot de ce que raconte Isabelle, elle semblait sincère quand elle affirmait que personne n’était venu hier soir, mais délirait sur ce qui s’était passé ce matin…

Que faire maintenant ? Il a tous les atouts en mains, il sait comment conclure cette visite, être odieux avec Isabelle en la traitant de menteuse, voire de complice, et partir en lui prédisant les pires ennuis pour son mari. Revenu à la P.J., il harcèlerait Thomas jusqu’à ce qu’il craque, et s’il ne craquait pas Monsieur et Madame se retrouveraient ce soir et finiraient par conclure qu’il faut mieux arrêter les conneries. Simple non ?

Seulement il y a une autre option, plus tordue : cette belle femme qui se dit libérée et qui semble être prête à tout pour sauver son mari… Osera-t-il ? Et s’il hésite c’est simplement parce qu’il se demande si ça peut changer la donne ou pas ?

– Si on allait manger ensemble ? Commence-t-il
– Merci, j’ai pas faim !
– On n’est pas obligé de se gaver…
– C’est ça, on va aller bouffer, et vous allez me faire la conversation comme si on était de vielles connaissances, le méchant flic fera place à l’homme bourru mais au grand cœur…
– Vous regardez trop de films…
– Et puis on aura bu un coup, on reviendra à la maison pour boire un café, vous vous ferez entreprenant et vous ferez en sorte que je tombe dans vos bras.
– N’en parlons plus, alors !
– Si on peut en parler, Monsieur Valmaison, si vous avez envie de me sauter, non seulement je ne m’y opposerais pas, mais je ferais tout pour que la chose soit la plus agréable possible, mais seulement il y a une condition.
– Attendez…
– La condition, c’est que vous laissiez mon mari tranquille.
– Je pourrais vous bluffer !
– Je prends le risque. Vous avez des capotes ?
– J’en ai toujours une sur moi.
– Vous êtes un homme prévoyant, la chambre c’est par là, veuillez me suivre.

– On se donne une demi-heure ? Ça vous convient ? Demande-t-elle.
– J’espère que vous ne me tiendrez pas rigueur si on dépasse de cinq minutes ?
– Je me déshabille ou vous voulez me le faire ?
– Allez-y je vous regarde !
– O.K. Foutez-vous en plein la vue.

Isabelle prend son temps. Elle réfléchit.

« Ça dure combien de temps une séance de sexe avec un type qu’on ne désire pas ? Cinq minutes pour se déshabiller, cinq minutes pour se rhabiller, il reste 20 minutes pour la pipe et la baise. On va gérer ! »

Elle commence par le haut. Quand elle dévoile ses seins, il fait des yeux tout ronds à la façon du loup de Tex Avery.

– Je peux toucher !

« J’aurais dû m’en douter ! Au moins a-t-il la délicatesse de demander la permission ! »

– Ben oui, mais doucement, ils sont fragiles !
– Et les bouts ?
– Vous pouvez tout faire, mais doucement, embrassez-les si vous le souhaitez.

« Plus il sera excité, plus ça ira vite ! »

Il se met à peloter les seins d’Isabelle d’abord de façon assez frénétique, puis il se reprend et caresse plus calmement.

– Vous pourriez soulever votre bras ?
– Mon bras ? Comme ça ?
– Non plus haut

Elle le fait s’interrogeant sur ses intentions. Alexis lui fourre alors carrément le nez sous l’aisselle.

– Vous faites quoi, là ?
– Je renifle, j’adore les odeurs féminines, je veux dire les odeurs naturelles, malheureusement ça ne sent pas grand-chose.
– Je mets du déodorant, c’est pas bien ?
– Pas bien grave, je peux voir le reste ?
– C’est prévu ! Répond-elle en faisant glisser le pantalon, puis la petite culotte.

Il se baisse pour mieux voir, puis lui demande de se retourner, il lui écarte les fesses et vient lui renifler l’anus.

– Vous aimez bien les odeurs, vous ?
– Oui, votre cul sens très bon !
– Si vous voulez que je m’occupe un peu de vous, il faudrait peut-être penser à vous mettre à l’aise.
– Z’avez raison.

Tout en se déshabillant, il lui regarde les pieds, il avait l’intention de s’en occuper dans la foulée, mais se réserve ce petit plaisir pour plus tard.

Isabelle découvre alors une bite fort bien bandée. Elle la prend en main, la décalotte, constate que l’endroit est propre et la met en bouche.

– Pas trop vite !

« C’est vrai, on avait dit une demi-heure, je n’ai pas noté à quelle heure on avait commencé, mais pour l’instant ça ne fait pas le compte. »

– On pourrait se mettre en soixante-neuf, mais allez-y doucement.

Monsieur et en dessous, Madame est au-dessus, mais la position devient rapidement inconfortable, il attrape mal à la nuque, malgré cela il tente de s’enivrer de ses odeurs intimes. Sa chatte ne mouille pas, mais sent légèrement l’urine. Il adore ça et lèche comme le ferait un chaton du lait de son écuelle. Mais sa résistance à des limites.

– J’ai des crampes. !

Ils se relèvent tous les deux.

– Oh ! Vos pieds sont magnifiques !
– Ce sont des pieds !
– Non, non, je vous assure, ils sont très beaux.
– Si vous le dites !
– Je peux sentir ?
– C’est une manie ! Mais je vous en prie, faites-donc…

Il se contente de renifler, il n’ose pas les lécher. Où va se nicher la timidité parfois !

– Bon si on baisait, parce qu’on avait dit une demi-heure…
– Oui !

« Pas trop enthousiaste, le bonhomme, j’ai du mal à suivre ! »

Isabelle lui demande quelle position lui ferait plaisir. Il opte pour la levrette. C’est ce qu’elle souhaitait secrètement.

« Comme ça je ne verrais pas sa tronche quand il va jouir ! »

Alexis se met à limer comme un forcené, mais il craint l’échec et en matière de sexe la crainte de l’échec est souvent le prélude à l’échec. Il a beau se démener comme un beau diable, ça ne vient pas. Il se retire.

– Je ne vais pas y arriver ! Se croit-il obliger de préciser au cas où Isabelle n’aurait pas compris.
– Ce n’est pas grave, ce sont des choses qui arrivent ! Répond-elle histoire de dire quelque chose car le fait qu’il n’ait pas pris son plaisir l’indiffère complétement.
– Ce sont les circonstances un peu particulières, comprenez-vous…
– Ça pour être particulières…
– Euh, il nous reste du temps ?
– On va dire qu’il reste 5 minutes ! Répond-elle au pif
.
– Vous sauriez me branler avec vos pieds ?
– Avec mes pieds, mais je n’ai jamais fait ça !
– Vous pourriez essayer…
– Bon d’accord, mais je ne vous promets rien !
– Je vais enlevez la capote, si vous aviez du papier essuie-tout pour ne pas faire de taches…

« C’est tout, il ne veut pas une salade de fruits pendant qu’il y est ? »

Isabelle essaie tant bien que mal de trouver ses marques, mais l’exercice n’est pas évident lorsqu’on ne l’a jamais pratiqué. Mais Alexis n’en a cure, tout est psychologique, ce qui l’excite en ce moment ce n’est pas l’aspect « mécanique » de la masturbation pédestre, mais uniquement le fait que ce soit des pieds, de très jolis pieds comme il les adore qui sont en train de lui manipuler la bite… Et du coup il jouit.

– Et ben voilà ! Vous avez assez de Sopalin ?
– Oui merci !

A suivre

 

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6 réponses à Chanette 22- Soirées Bunga-bunga – 4 – Monsieur et Madame Dumortier par Chanette

  1. Garnesson dit :

    Monsieur et Madame Dumortier sont dans une partouze…

  2. Arkansas dit :

    Le fétichisme du pied… c’est le pied !

  3. Maud Anne Amaro dit :

    Merci Chanette d’avoir inclus dans ce récit ce fantasme qui me tient tant à cœur ♥

  4. Rinoul dit :

    Pas mal , mais un peu classique par rapport à ce l’auteur nous propose d’habitude

  5. caribou dit :

    Le libertinage en couple, c’est sympa, non ?

  6. Muller dit :

    Tiens, tiens, Chanette semble intéressée par le fétichisme du pied, omniprésent dans ce chapitre, mais rassurez-vous ce n’est qu’une cerise sur le gâteau tout le reste est bien là, pour notre plus grand plaisir

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