Une nouvelle vie
3 – Première nuit
par Betwo21
Quand j’eus fini ma toilette il était déjà dans la chambre, attentif à me recevoir, amant cher dont j’allais une nouvelle fois goûter la force de la passion. Nos corps se reconnurent rapidement, nos bouches avides nous parcouraient du front au sexe, il me mordilla sans abus les bouts de seins avant de présenter sa verge à l’entrée de mon anus. De nouveau la transformation s’effectua, mon pénis se ramollit qui était bandé après la toilette intime et je me sentis amante : sans doute ma féminité était-elle très forte et mon envie d’être à lui tout autant et mon moi se mettait à réagir en femelle.
Une nouvelle pénétration me procura immédiatement des sensations inouïes, différentes encore parce que j’étais en attente de retrouver ces orgasmes d’un genre inconnu deux semaines plus tôt. Pascal comprit sans doute sans que je le lui dise, d’ailleurs nos bouches entièrement soudées l’une à l’autre m’empêchaient de parler et seuls des gémissements m’emplissaient la gorge, car il modifia sa façon de me pénétrer et ses va-et-vient suivirent des rythmes multiples, comme si mon gémir l’ordonnait.
La présence de son sexe dans mon rectum me procura des sensations diverses : orgasme lié à l’excitation de la prostate et mouille immédiate lente au bout de ma verge flaccide, ondes rapides tout le long de mon conduit comme si c’était un vagin (cela ressemblait aux sensations que me décrivait ma compagne quand nos coïts étaient fructueux) et cela se répercutait dans mes reins, mon ventre et m’éclatait dans le cerveau aussi bien qu’une béatitude devant une excitante exhibition de beautés éphémères dans un lap dance.
Décidément je n’avais pas fini d’explorer les facettes de cette nouvelle situation sexuelle : outre la plénitude du sentiment à l’égard de mon amant, mes réactions physiques ne cessaient de m’interpeller sur mon genre sexuel. Inévitablement vint le moment de son orgasme à lui, une nouvelle fois surprenant par son déroulement – sa verge qui d’un coup se raidissait davantage et semblait grossir encore et ses spasmes qui me secouaient tout le bas ventre avant que je ne sente l’éjaculation. De plaisir je lui mordis les lèvres et l’enserrai une nouvelle fois entre mes jambes pour qu’il continue son coït s’il en avait envie et la force ; après avoir protesté de ma morsure puis aussitôt m’avoir dit un beau mot d’amour, il reprit lentement ses mouvements de copulation, m’envahit de nouveau de plaisirs intenses et en quelques minutes (sans doute moins) eut un nouvel orgasme qui nous laissa pantelants sur le lit. Pascal ne tarda pas à se coucher sur mon côté en me disant son plaisir :
– « Aliocha tu es un merveilleux amant, je n’ai que trop tardé à te trouver, je t’aime, chéri ».
Je ne sus si le dernier adjectif était au féminin, mais je le pris ainsi tellement je me sentais sa chose, quoique également procureuse de jouissance, en tous les cas pas un homme subissant la domination d’un autre.
Pendant son bref sommeil qui suivit cette empoignade amoureuse je me mis de nouveau à penser à ce qu’il me faudrait faire pour être moins travesti, moins corps d’homme aux sensations féminines, pour acquérir une sorte de statut androgyne. Qui pourrait m’aider qui fasse que je ne me trompe pas dans mes démarches ? Sa façon de jouer avec mes tétons ne pouvait que signifier une féminisation nécessaire de cette partie de mon corps, au moins une épilation et quel complément ? Et si je généralisais cette épilation à l’ensemble du corps (hormis le pubis car il m’arriverait encore de paraître nu en présence d’autres hommes) ? Et si… ? Vraiment je devais trouver un conseil éclairé.
Une idée me traversa rapidement l’esprit comme dans la chanson des bouts de ficelles : dans mes relations proches j’avais une personne très sympathique dont j’avais occulté le statut générique tant il était devenu banal pour son entourage : un vieil ami médecin qui, vingt ans au moins avant ce jour, avait opéré la transformation radicale de genre. Ne supportant plus son corps, son sexe d’homme dans son univers mental de femme, il, elle avait accompli en trois ans le passage d’un genre à l’autre et cela dans la plus parfaite maîtrise des contraintes sociales et affectives ; elle était devenue LA docteure Françoise en lieu et place du médecin François X. ; certes ce n’était pas mon généraliste attitré mais nos relations étaient d’amitié, même si nous ne nous voyions pas très souvent, et je fus immédiatement sûr qu’elle accepterait de m’entendre et de me conseiller. Ouf ! J’avais trouvé semble-t-il une réponse à mes interrogations sur quelles solutions pour assumer mon double genre. Pascal sortit de son petit somme et me proposa qu’avant d’engager la nuit de sommeil réparateur l’on descende se rafraîchir.
– « D’accord, amour, on va en profiter pour discuter de deux ou trois choses ? »
Il n’était pas contre une discussion autour d’une bouteille de champagne bien frais.
Nos coupes s’entrechoquèrent avant de commencer à nous désaltérer et parler. Je lui fis part alors des réflexions qui m’étaient venues pendant son petit sommeil. Sa première réaction fut de me serrer de nouveau dans une étreinte voluptueuse, signe évident d’acquiescement à ce que je me proposais de réaliser.
– « Mais, tu sais, reprit-il, je ne souhaite pas que tu deviennes une femme comme ta copine docteure et je n’ai pas envie que tu t’engages dans un processus lourd de transformation ; je t’aime comme tu es et je comprends bien que tu te sentes d’un genre ambigu aussi vas-tu lui demander des conseils à Françoise, mais dis-lui bien que ce n’est pas pour te féminiser à tout crin. Ta peau est douce à mes caresses, si elle l’est davantage cela sera encore plus jouissif et tes seins sont déjà une marque de féminité tant tes tétons réagissent… ».
– « Bien, repris-je, nous sommes d’accord et je suis sûr que mon amie nous sera utile ; je suis persuadé qu’elle connaît tous les trucs qui font que le corps soit plus en harmonie avec ce que l’on souhaite dans les rapports avec un homme, avec toi, mon jeune homme… ».
De nouveau une étreinte qui nous mit au bord d’une nouvelle embardée sexuelle mais qui s’arrêta parce que nous voulions encore fêter au champagne notre relation.
J’avais de nouveau revêtu le peignoir de soie et ses caresses pendant cette petite causerie, coupe de champagne en main, m’électrisaient. De cela aussi je lui parlais en remarquant que ce vêtement féminin et au tissu si doux me plaisait beaucoup : à lui aussi. Nous convînmes alors qu’il n’y avait pas de raison de s’en priver mais que peut-être ce peignoir que je portais était trop fortement marqué de mes précédentes amours et que je pourrais en acquérir un autre ; qui plus est davantage à ma taille. Pascal me dit qu’il se chargeait de l’achat, que ce serait comme un premier don de reconnaissance amoureuse. Nous regardâmes alors un catalogue de vente par correspondance – très chic comme tout ce qu’il portait – et avec amusement la décision fut prise et de la taille et de l’allure de ce qui serait mon peignoir pour lui à moins que cela ne fût quelque chose du genre robe d’hôtesse.
A une heure déjà avancée nous allâmes nous coucher : première nuit entre amants neufs, quel déroulement ? Régler le côté du lit pour chacun, décider de l’heure du réveil, c’est dans la joie voire l’euphorie – le champagne n’y était pas pour rien – que nous nous embrassions pour nous souhaiter un heureux sommeil.
Heureux, oui ! Et même un peu plus, puisque, au beau milieu de la nuit, je sentis mon amant me caresser et approcher son bassin près de mon fessier. Je le laissai faire, attendant de connaître son souhait avant de manifester mon éveil. Ses caresses se firent plus pressantes et je compris qu’il avait envie de me prendre mais sans chercher à me placer sous lui aussi je décidai de lui faciliter l’entreprise en arquant mes reins pour que son pénis puisse facilement venir chercher dans cette position mon anus. Pascal avait compris à la fois que j’étais réveillé et que je consentais à cette position et ses baisers sur mon épaule me firent frémir de tout le corps, ses mains me caressèrent longuement et particulièrement les seins avant que je lève suffisamment la jambe gauche pour qu’il puisse me pénétrer et ainsi commença un nouveau coït, lent et harmonieux d’où nous sortîmes tous les deux sans un mot après une jouissance pleine et encore nouvelle. Alors seulement, je me retournai pour prendre ses lèvres et terminer par un baiser long et profond. Nous ne nous sentîmes pas nous endormir et le réveil nous surprit dans un emmêlement non calculé.
Notre première nuit d’amants avait dépassé nos attentes : tranquille et amoureuse à la fois.
Un nouveau jour commençait, une nouvelle vie aussi pour nous deux. Le temps fut très court de la matinée avant qu’il ne parte comme prévu. A peine avions-nous pu nous dire tout notre amour et limiter nos étreintes pour pouvoir parler encore des lendemains : notre au-revoir fut aussi langoureux que la semaine précédente, il devait m’appeler dès son arrivée à Paris pour me communiquer son emploi du temps et que l’on puisse s’organiser au long des jours qui suivraient.
A suivre