Rencontre littéraire
Première partie
par marie salama
Le mail est arrivé dans ma boite hier.
« Bonjour Marie,
J’ai acheté ton livre près de la gare Saint-Lazare, je ne l’ai pas encore lu. Je vais l’offrir à Marlène. Serais-tu disposée à venir nous en faire la lecture vendredi prochain à partir de 19 h ? Ce sera aussi l’occasion de faire quelques libations. Je suis sûr que Marlène appréciera autant que moi.
RSVP
Amitiés.
Jean»
Suivait l’adresse et un plan pour y aller. La rue est à cinq stations de métro de chez moi et je n’ai rien de prévu ce vendredi. Aucune raison de refuser, les admirateurs sont si rares. Seulement voilà, le livre est un peu particulier et mon histoire épistolaire avec Jean et Marlène ne l’est pas moins.
Cher lecteur, avant d’aller plus loin dans mon récit, je te dois quelques explications. Le livre en question appartient à la catégorie des ouvrages qui se mettent tout en haut des étagères des bibliothèques, loin de la convoitise des jeunes âmes innocentes, en quête d’information ciblée.
C’est morceau d’autobiographie qui se déroule pendant mon année de math-sup, occasion de multiples découvertes, tant scientifiques qu’humaines. En moins d’un an, je passai du stade d’inculte à celui d’amatrice éclairée. Je goûtai à tout, guidée par de bons maîtres et par ma coturne du foyer de jeunes filles. Bénédicte sut m’éveiller et me faire expérimenter toutes les voies, des plus étroites aux plus humides.
Je n’ai jamais rencontré Jean, ni Marlène. Nos contacts se sont faits exclusivement par mail, grâce à Vassilia, où Eddy a mis en ligne le début de mon histoire, que Jean a lue. Ils m’ont accompagnée pendant toute la gestation du bouquin. C’est Jean en particulier qui m’a dit le premier que j’avais du talent (j’en rougis encore) et qu’il fallait que je continue de me raconter sur papier. Il m’a aussi écrit sa belle histoire avec Marlène et leurs passions, en harmonie avec les miennes. A la relecture, les deux dernières phrases de son mail me laissent d’ailleurs un peu perplexe.
Les doigts sur mon clavier, je tente d’imaginer cette soirée improbable. Sûr qu’ils ont la classe : le style de leurs mails est impeccable, même quand ils choqueraient le plus aguerri des fans d’Eddy.
J’ai grande envie de mettre un visage sur ces deux-là. Lui je l’imagine un peu comme Jean Rochefort, avec son prénom et une éducation d’un autre millénaire. Elle, c’est plus dur. Je ne la vois vraiment pas en Marlène Dietrich. Voyons Marlène… c’est la contraction de Marie-Madeleine, non ? Alors, elle doit être une pécheresse repentie, avec une tête de Madone.
J’y vais ou j’y vais pas ?
Un léger embrasement au niveau du bassin et des joues ne laisse aucun doute sur ma décision finale, mais je me joue encore le suspense. Mon adolescence est revenue, j’ai le cœur battant. Je me vois sonner à la porte, anxieuse et curieuse de savoir ce qu’il y aura derrière. Et puis, comment la soirée va se passer ?
Bénédicte n’est plus là pour m’entraîner dans ses délires. Elle me dirait sûrement d’y aller : « Qu’est-ce que tu risques ? Rien, sinon d’être déçue. Ça t’arrive parfois au ciné et tu n’en fais pas un fromage. Alors ? ». Sourire et larmes me viennent simultanément à l’évocation de mon amie disparue trop tôt. Je retourne au clavier.
« Bonjour Jean,
Je serai chez toi à 19h, ce vendredi.
Amitiés.
Marie »
Les jours suivants, je continue à fantasmer et à me reposer mille fois les mêmes questions, à imaginer des dizaines de scénarios, une manière tout à fait agréable de surmonter les insomnies. La journée, ça permet aussi de survivre aux réunions rasoir que ma boite a le don d’organiser, mais c’est plus difficile d’aller jusqu’au bout de ma rêverie, heureusement les femmes prennent plus de pause-pipi que les messieurs.
J’ai le cœur qui bat à 180 quand je presse le bouton. A l’interphone, je n’ai droit qu’à « Bonjour, 3ème gauche ». Le matos est de tellement mauvaise qualité que je ne réussis même pas à savoir qui a répondu.
Jean ouvre. Presque gagné, il a bien un look 20ème siècle, un chouia suranné mais de très bon aloi. Une minuscule hésitation, il me tend la main et me dit avec un sourire éclatant : « Bienvenue chez moi, je suis très heureux que tu sois venue ». Après une poignée de main énergique, il m’invite d’un geste à entrer dans son salon. Marlène se lève pour venir à ma rencontre. Elle me mange des yeux, je dois faire exactement la même chose. Grande, mince, élancée, des yeux de braise presque noirs. Je fonds déjà. Elle m’embrasse sur les deux joues.
– Quelle joie de te voir enfin, j’utilise ce mot car nous te connaissons déjà bien par tes écrits su Vassilia.
Une voix grave, sublime qui retourne les tripes. Je remarque une bouteille d’Evian presque vide sur la table basse, avec un seul verre à côté. Marlène qui m’observait me lance un sourire que je qualifierais de complice.
– Il fait si chaud chez Jean, j’ai toujours très soif. Tu en veux ?
Je veux y voir une invitation à un embarquement pour Cythère et acquiesce. Sa démarche est d’une élégance folle, pourtant elle ne fait que quelques pas pour aller chercher un second verre. Marlène le remplit et me le tend. Je m’attendais un peu à ce qu’elle m’effleure les doigts ou quelque chose dans le genre, mais rien.
En buvant mon verre, largement rempli – encore un signe ?- je jette un regard circulaire à la pièce. Un salon de rêve pour ceux qui aiment les vielles choses. Jean, qui suivait nos regards et nos gestes, propose de s’assoir. Eux sur le canapé et moi sur un fauteuil club au cuir vieilli par les nombreuses fesses qui ont dû s’y poser. Le canapé me semble peu assorti avec le reste du mobilier ; il est recouvert d’une espèce de grosse couverture qui détonne avec le goût qui prévaut dans ce salon. Etrange, à moins que… Un éclair de chaleur me transperce le ventre à l’évocation de leur perversité supposée. Dans ses mails, Jean m’avait confié sa passion pour les sécrétions de Marlène qu’elle lui dispensait avec générosité. Le coup fourré semble se confirmer. Reste à savoir s’il est prémédité par Jean seul ou à deux.
Le classique et succulent apéro dinatoire qui suit ressemble à un round d’observation. La conversation est animée, mais reste sur des terrains généraux, aucune question intime. Ma situation, face à eux, me permet de les observer. RAS sur Jean : son costume ample en velours ne permet aucune découverte particulière, si ce n’est qu’il semble dépourvu de la bedaine qui affecte la grande majorité de la gente masculine. Marlène est vêtue d’une jupe noire assez courte, mais cependant pas assez pour voir ce qu’il y a dessous. Impossible de savoir si elle porte des bas ou des collants. Pareil pour le chemisier, blanc mais pas translucide et boutonné avec la bienséance qui convient.
Une fois la table débarrassée, je sors de mon sac un exemplaire de mon bouquin dédicacé à leurs deux prénoms. Après les exclamations et les remerciements de convenance, Jean m’invite à le lire.
– Du début ?
– Oui, s’il te plait, nous connaissons bien les premiers chapitres, mais dits par toi, nous y découvrirons sûrement de nouvelles pépites.
Je commence donc au chapitre 1 : « Mon éveil s’est produit très tard, à dix-huit ans pile. A cette époque, j’étais particulièrement cruche … ». Jean et Marlène sont sagement assis sur leur canapé, main dans la main. Très attentifs.
Comme l’histoire se précise assez vite, je n’ai pas longtemps à attendre pour constater un effet. La première à réagir est Marlène, une rougeur assez prononcée sur les joues. Quelques phrases plus loin, je vois Jean qui presse sa main un peu plus bas que sa ceinture. Je les ménage un peu, jusqu’à la fin du premier chapitre : « J’ôtai ma culotte, un rond jaune résumait assez bien cette journée. Je la sentis, ce qui fit revenir cette chaleur qui me faisait du bien et souffrir à la fois… ». Marlène est devenue complètement rouge et sa respiration s’accélère. Je marque une pause à la fin du chapitre, très satisfaite de l’état de mon lectorat.
Mon récit lui fait incontestablement de l’effet, plus qu’à Jean me semble-t-il. Je commence à entrevoir un début d’explication à tout ça. Jean aurait-il compris que Marlène avait des envies rentrées et m’utiliserait-il comme un test, voire un révélateur ? Hypothèse intéressante : il suffit de faire murir le fruit pour éprouver sa validité.
Chapitre 2, puis 3. J’essaye de prendre une voix motivée, ce qui n’est pas difficile, tant je revis ces instants en les racontant. Jean commence à chauffer sérieusement et Marlène est à point : le teint rouge brique et la jupe qui remonte, sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle a des bas sans porte-jarretelles.
Chapitre 4. Elle va craquer. J’en suis sûre parce que Jean m’avait écrit que ce chapitre les avait particulièrement inspirés et que Marlène lui avait demandé de la raser, comme dans le bouquin. Sa jupe a encore remonté et je suis un peu déçue de voir un petit triangle blanc. Jean est congestionné, il doit avoir une érection de compétition mais garde sa retenue.
Et puis soudain, le dénouement. Marlène interrompt ma lecture :
– Je n’en peux plus. Jean…
Elle se tourne vers moi, l’air complètement perdue, un peu comme si elle sortait d’un cachot sans lumière.
– Marie, j’ai très envie que Jean me fasse du bien, devant toi. Est-ce que tu nous y autorises ?
Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour une telle question ne me soit posée. Impossible de refuser et puis c’est un peu ce que je voulais, non ?
– J’en serais très heureuse.
Jean, qui n’attendait que ce signal, ôte sa veste et se met à genoux devant elle, mais suffisamment loin par égard pour moi. Marlène écarte les jambes en grand ce qui fait remonter sa jupe au plus haut, je vois à présent sa culotte. Très simple, classique, blanche et presque opaque. Je distingue un sillon médian, mais pas de zones sombres de part et d’autre. Elle a surement dû éradiquer sa toison avant de venir. J’ai hésité à le faire : visuellement c’est plus excitant, mais les poils gardent tout leur charme si l’on sait pousser sa partenaire au bout de l’excitation. A vrai dire, le spectacle ne devrait pas être plus érotique qu’une pub de sous-vêtements, mais il me ravit, peut-être est-ce de voir Marlène s’offrir sans retenue à nos regards.
Jean reste aussi quelques instants en admiration, attendant je ne sais quoi. Soudain, le bas de la culotte blanche devient transparent. Du grand art, rien d’autre ne transparait. J’ai le ventre en feu, poignardée par ce mélange de candeur et de perversité, car je suis sûre qu’elle l’a fait pour moi. Jean dépose un chaste baiser à l’endroit précis, écarte le tissu et recommence. Comme je ne vois plus rien, j’en profite pour regarder Marlène. Maintenant elle tient plus de la rescapée d’un naufrage, les yeux presque révulsés, magnifique. Son regard s’accroche au mien, j’y décèle une excitation paroxysmique mêlée d’une joie intense d’avoir sauté le pas et puis… mais oui, quelque chose comme un appel. Je me lève et m’approche. Elle tend une main vers moi, alors que Jean lui mange littéralement le sexe, me cachant toujours la vue.
Je me penche.
Marlène plaque ses deux mains sur mes oreilles et tire vers elle. Ses lèvres se collent aux miennes et sa langue jaillit. Ce baiser, furieux qui dure au moins trente secondes, s’arrête aussi brutalement qu’il a commencé. Essoufflée Marlène me déclare :
– C’est la première fois…
Jean qui est réellement un parfait gentleman me laisse la place. Ce garçon comprend très vite. Il a dû préméditer son coup très sérieusement et connait bien son amante. Nos regards se croisent, tout le bas de son visage est aussi brillant que ses yeux. La culotte de Marlène, très en désordre, est à présent complètement transparente. Je me plais à penser qu’elle a dû s’oublier pendant notre baiser, j’en perds mes esprits.
Marlène se cambre pendant que je m’agenouille, ce qui la fait un peu glisser sur l‘avant du canapé. D’un geste rapide, elle ôte sa culotte et reste dans la même position qui met en valeur son mont de Vénus, glabre et légèrement bombé dans une courbe exquise. A la redescente, loge un joyau : presque pas de grandes lèvres mais des petites, fermées, toutes roses, toutes fines, d’une taille incroyable, les ailes d’un grand papillon au repos. Les voir donne instantanément et irrésistiblement envie de les gober toutes entières.
Je sens le regard brûlant de Marlène sur moi pendant que je ramasse sa culotte et la porte à mon visage, lui donnant ainsi la réponse à la question que ses yeux posaient. Aussitôt, quelques gouttes se forment à la commissure de ses lèvres, ce que j’attendais pour la dévorer. Je me contrains pourtant à procéder avec lenteur, d’abord humer ce mélange d’odeurs presque animales au pouvoir détonnant, cueillir avec la pointe de ma langue ces quelques perles de pluie, puis aspirer doucement ses lèvres magiques. Elles me remplissent, je les sens sûrement plus qu’elles ne sont en réalité, mais c’est une sensation merveilleuse, tant elles sont douces et diaphanes. Ma langue cherche l’ouverture et libère un flot de saveurs quand elle la trouve, subtil assemblage d’une liqueur fluide, acide au goût métallique et d’une autre melliflue, presque aussi abondante.
Marlène ne dit rien, mais l’ondulation de ses hanches et son halètement sont encore plus éloquents. Je suis aussi excitée qu’elle ; je ne peux pas voir Jean, mais je suis sûre qu’il doit se masturber en nous regardant. Ma langue continue son avancée vers la cible, son méat, avec comme objectif de la faire jouir avec ma spécialité, très appréciée des femmes réceptives. La pointe de ma langue se pose enfin sur ce minuscule orifice. Nous tressaillons en semble, comme si j’avais établi une connexion électrique. Ce contact me fait toujours le même effet, depuis que j’ai prodigué cette caresse un peu par hasard à Bénédicte, la première fois où nous nous sommes retrouvées dans le même lit. J’amorce une lente rotation qui fait gémir Marlène. Je sais à présent qu’elle va jouir ainsi. Quelques secondes après, un coup de reins qui me déséquilibre et un cri bref viennent le confirmer. J’abandonne à regret ce sexe si merveilleux, mais que je peux à nouveau admirer. Marlène rentre dans la phase de relaxation qui concerne également ses sphincters : un mince filet coule à travers ses lèvres refermées… Elle n’a pas dû oser avant, dommage…
Jean s’approche, nu et au garde-à-vous.
– Vas-y, prends-là, dis-je en m’écartant. Et sois énergique.
Pendant qu’il la besogne, je me lève, ramasse mon sac et m’éclipse le plus discrètement possible. Le voyage de retour dans le métro est un enfer, tant je suis excitée, sans pouvoir me soulager. Je sens ma culotte trempée à chaque mouvement et l’odeur du sexe de Marlène à chaque respiration. Heureusement qu’il n’y a pas grand monde, je suis prête à sauter sur n’importe qui, homme ou femme et en plus ma vessie va bientôt lâcher.
Arrivée chez moi, j’arrache presque mon pantalon et mon slip sur le chemin des toilettes, manquant de tomber. Assise sur la cuvette, je profite de cet instant rare où les tous sens sont exacerbés jusqu’à la limite. Presque inconsciemment, index et majeur accolés rentrent en moi, jusqu’à la garde. Incapable de penser, je passe en mode réflexe. Un jet puissant jaillit, m’inonde et éclabousse partout. Mes doigts vivent à présent indépendamment de moi, ils vont et viennent avec force, alors que je n’en finis plus de me vider. Mon cerveau ne perçoit qu’un bruit mouillé, comme un clapotis. Soudain, la mémoire revient, la pointe de ma langue semble à nouveau en contact avec son méat. L’orgasme est d’une telle puissance qu’il me tétanise pendant quelques secondes et qu’un voile noir m’obscurcit la vue.
A suivre…
N’hésitez pas à me faire part de vos réactions à la lecture de ce récit, cela me permet de m’améliorer, je vous répondrai : marie.salama@free.fr. Le livre, au centre du récit s’appelle « Jeux de filles », titre qui ne me ravit pas, j’avais proposé à l’éditeur « Mémoires d’une jeune fille pas très rangée », mais il n’en a pas voulu, trop long. Il est publié aux éditions « La Musardine ».
Marie Salima a une bonne plume et son écriture très fluide va directement au lecteur. Elle sait aussi faire monter progressivement la tension érotique. Le point faible semble être du côté de l’argument qui est plutôt faible (je reçois un mail, j’y vais) mais, j’ai bien aimé quand même !