Paroles de prostituées – 1
J’avais des dettes par Nat
Il est rare qu’on choisissent la prostitution comme métier, par contre on peut la choisir comme alternative. En ce qui me concerne, j’ai connu une période galère où tout m’est tombé sur le dos à la fois. Il m’a fallu quatre samedis de prostitution pour rembourser mes dettes. J’aurais pu m’arrêter, mais l’argent facile m’a grisé, pourquoi ne pas me payer des belles vacances, un beau blouson… j’ai donc continué un petit peu, les samedi sont devenus des semaines entières et deux ans après j’y étais toujours. Je pourrais d’ailleurs y être encore si un de mes clients ne m’avait pas proposé un job (je passe).
J’ai dû restreindre mon train de vie, parfois j’ai la tentation de reprendre, sous une autre forme (escort solo)
De ces mois de prostitution, j’en tire quoi ? D’abord aucune honte ! Ensuite le fait d’avoir rencontré des gens intéressants.
Alors les inconvénients :
Les « moches » : on fait avec, au début ça gène, après ça ne gène plus du tout, mais alors plus du tout. Dans les cas limites on refuse de monter le bonhomme, mais je ne suis pas une mauvaise fille
Les « sales : on est quand même capable de voir avant de le monter si le client est clean. Il m’est arriver une fois de virer un mec, il était propre dans ses habits, mais en dessous… Je lui est rendu son fric, on m’a expliqué que ça ne se faisait pas…qu’il fallait garder l’argent…pas grave
Les « méprisants »: Il n’y en a pas tant que ça ! On s’arrange pour limiter les croisements de regards et la pénétration se fait en levrette. Le service est minimum de façon à ce qu’il ne revienne pas. C’est typiquement le genre de mecs qui culpabilisent et qui racontent ensuite que les putes ne sont pas gentilles.
Les « violents »: Je n’en ai jamais rencontré, d’autres ont eu moins de chance que moi, mais l’immeuble avait un videur.
Le seul véritable inconvénient c’est les boules de croiser le regard de quelqu’un de mes anciennes connaissances. J’avais beau dire que je m’en foutais, je redoutais cet instant (qui n’est jamais arrivé) . Ça n’a rien à voir avec la honte, non, c’est irrationnel !
Je ne suis pas à plaindre. La prostitution est une proposition d’échange entre le sexe et l’argent, c’est tout. Elle a ses avantages, elle a ses inconvénients Et je ne parle que de mon cas personnel.
Enfin un mot à ceux qui ne mettent leur dignité que dans leur sexe ! Je ne pense pas un seul moment avoir jamais manqué de dignité, je fais ce que je veux de mon corps et que celui qui se permet de me juger se demande déjà s’il est parfait !
Le fantôme par Sylvia
Un jour je monte un client ! il m’explique qu’il a un fantasme, je dois faire semblant de dormir dans le lit, et lui c’est un fantôme qui arrive dans la chambre caché sous un drap, il me fait peur et il me prend ! Pourquoi pas ? Mais il a fallu que je lui explique qu’en chambre on ne défaisait jamais les lits, l’amour c’est sur le lit, pas dans le lit, et d’ailleurs il n’y a pas de drap. Le mec est dépité ! Je lui propose de revenir avec un drap !
Une semaine après il se repointe, il avait acheté deux draps, il les déballe, l’un pour me recouvrir mon corps allongé sur le lit, l’autre pour faire le fantôme !
Il commence à peine son cinéma en faisant des grands « bouuh », et voilà qu’il trébuche, il se cogne la tête contre l’évier, tombe par terre sans connaissance, le visage en sang !
Affolée, j’appelle les filles qui sont à côté, on fait venir le Samu, ils s’occupent du mec, l’embarquent à poil aux urgences, je me suis occupé moi-même de ses effets personnels que j’ai dû placer dans un sac poubelles…5 minutes après c’était les flics qui radinaient (mort de rire les flics) et puis plus de nouvelles, je ne savais pas son nom !
Il est revenu une quinzaine plus tard, avec un bouquet de fleurs gigantesque ! Il m’a dit « je voulais te remercier, on m’a dit que tu t’étais bien occupé de moi ! » J’en avais les larmes aux yeux, surtout que je n’avais rien fait de particulier… On a fait l’amour sans mise en scène, (juste une pipe d’ailleurs) et puis je ne l’ai plus revu
La rue ou l’escorting par Galoupiotte
1) Il y a des avantages dans la rue, on a tendance à l’oublier : on est pas seules, je ne sais pas si tout le monde se rend compte à quel point ça peut être important d’être soutenue quand ça ne va pas bien, à tous les points de vue d’ailleurs. Et puis, il y a ‘échange d’informations, de tuyaux, des ficelles du métier. Pas de gestion des correspondants (sauf les habituées) mais une fois finie la journée on est libre comme l’air, si on veut ne pas venir une journée ou arrive en retard no problèmes.
2) c’est une idée fausse de croire que les escorts (je ne parle pas des escorts haut de gamme) gagnent énormément plus que les filles de rues des secteurs traditionnelles. On ne travaille pas de la même façon, c’est tout !
3) Bien que d’une façon générale la prostitution soit un métier à risques, celui-ci est moindre dans la rue !
4) Le fric n’est pas forcément une fin en soi, j’ai toujours posé des limites, celui qui paie trop considère que ces limites n’ont plus cours ! Je refuse ce genre de raisonnent. Celui qui claque trop d’argent au point de le mépriser, méprise aussi celles qui l’acceptent.
5) L’escorting traditionnel comporte des contraintes qui ne m’intéressent pas, autant aller au restau avec un habitué me distrayait, autant y aller avec un mec qui m’a payé pour ça et que je vais être obligé de supporter en tête à tête pendant deux heures m’insupporte !
6) Et puis en ce qui me concerne j’ai pas trop réfléchi, j’avais besoin de fric, je savais qu’une copine connaissait quelqu’un …. et voilà…
Je ne dis pas que l’escorting n’a pas d’avantages mais chacune voit midi à la porte de sa petite chambre d’amour, n’est-ce pas ? ::
J’ai commencé à me prostituer, il y aura bientôt 30 ans (avec quelques interruptions). Je suis maintenant passée à autre chose mais je garde le souvenir de certains bons clients avec lesquels j’ai tissé des liens assez forts de complicité. Certains me sortaient au ciné, au théâtre, au restaurant. Il ne faut pas gommer le côté sombre de l’activité, mais les côtés sombres il y en a dans toutes professions. Moi, comme disait Edith Piaf, « Non rien de rien, non je ne regrette rien !
J’avais un collègue un peu lourd qui voulait absolument coucher avec moi, j’ai cru le dégouter en lui disant, qu’il pouvait me baiser contre un petit billet. Je ne m’attendais pas à ce qu’il accepte. Du coup je l’ai laissé faire, et tous les quinze jours il me sautait, ça me faisait de l’argent de poche. Puis il a fallu que ce con se mette à causer, j’ai accepté de baiser avec un autre collègue, puis un troisième. Puis convocation chez le dirlo qui m’a dit carrément qu’il fermerait les yeux si je baisais avec lui gratuitement. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je lui ai dit que je ne faisais rien de gratuit. Alors il m’a baisé contre un très joli billet. J’ai fait ça pendant deux ans avant qu’on change de dirlo. Du coup j’ai demandé ma mutation à Orléans. J’ai trouvé le moyen de me prostituer là-bas en dehors de mes heures de travail, mais chut…
Deux points de vues très intéressants sur cette activité et un peu d’humour en prime ♥
L’histoire du client fantôme est à tomber !
De très beaux témoignages qui tordent le coup au politiquement correct que certaines féministes voudraient nous faire avaler ! Solidarité et respect, mesdames !