Mamie déprime – 5- par mlle_heleneD
Valérie se laissa tomber dans le canapé. Elle avait réintégré la dimension locale et se rejouait mentalement le fil des événements.
– Qu’est-ce qu’il t’a pris de me mêler à votre partie de jambes en l’air ? Ce n’est pas ce qui avait été prévu. C’est ton fantasme de me voir faire l’amour avec une femme, et ma mère en particulier ? demanda Valérie avec une colère contenue.
– Pas du tout. Même si c’est vrai que c’est un de mes fantasmes. Comme pour beaucoup d’hommes d’ailleurs. C’est juste que tu avais une façon de nous regarder qui disait clairement que tu voulais participer. Alors j’ai tenté le coup.
– Je n’étais plus moi-même.
– J’avais remarqué en effet.
– Et tu en as profité.
– J’avoue, oui.
La colère de Valérie retomba. Si elle en voulait à Eric, elle devait se blâmer elle aussi, ayant sa part de responsabilité.
– Tu veux en parler ? demanda Eric
– Non, pas maintenant.
– D’accord. Bon, ta mère est partie heureuse. C’est déjà ça.
– Oui. On va voir combien de temps ça tiendra. Tu as pris ton pied toi aussi.
– Je ne vais pas dire le contraire.
– Parfait alors.
Le malaise et le mal-être envahirent de nouveau Valérie. L’impression que l’idée n’était pas si bonne que ça refit surface. Quoi qu’il se passe dans les jours futurs, plus rien ne serait comme avant.
Thomas rentra de sa sortie avec ses copains. Il remarqua l’ambiance étrange, presque tendue, mais ne posa pas de question.
Valérie resta mutique sur les événements du dimanche pendant la moitié de la semaine. Eric ne chercha pas à entamer la conversation. Cela serait contre-productif.
– Je ne sais pas quoi penser de ce qu’on a fait dimanche. De ce que j’ai fait dimanche, commença Valérie, en insistant sur le « je ».
Eric attendit la suite.
– Je me sens honteuse d’avoir eu un rapport avec ma mère. Mais d’un autre côté, je crois que j’ai aimé ça.
Eric ne répondit pas, laissant sa femme trouver elle-même les réponses. Valérie regarda le plafond.
– Je suis allé voir maman tout à l’heure. Elle pète la forme et elle a retrouvé le sourire.
– Cool !
– A un moment, elle a eu le réflexe de tendre ses bas. J’ai eu une envie folle de l’embrasser. Mais c’est ma mère.
– Cette envie était dictée par quoi ? Parce que c’est ta mère ? Ou parce que c’est une femme ?
Valérie se releva, prit appui sur le coude et regarda son mari. Cette vision du problème lui avait complètement échappé.
– Les deux, je crois, dit-elle enfin, en se rallongeant sur le dos. Tu te rends compte ? Je fantasme sur ma mère. C’est du délire ! Et pourquoi pas sur Thomas tant qu’on y est ?
– J’avoue que c’est borderline. Cela dit, j’ai quand même couché avec ma belle-mère.
– Ce n’est pas tout à fait pareil. C’est un membre de la famille indirect.
– Oui, on peut voir ça comme ça. Et donc, qu’est-ce que tu comptes faire ?
– Je ne sais pas. Et c’est bien ça qui m’embête. J’ai envie tout en me disant qu’il ne faut pas. Et toi, tu aimerais recommencer avec Maman ?
– Tu m’en voudras si je te dis oui ?
– Je ne sais pas. Non mais seulement si maman est juste un coup de temps en temps. Juste pour lui faire plaisir pour qu’elle aille mieux. Je t’en voudrais si ça devenait sérieux.
– Elle a quand même vingt de plus que moi. Comment ça pourrait être sérieux.
– Tu ne connais pas ma mère. Et moi non plus, d’ailleurs.
– Si je recouche avec elle, tu pourras satisfaire tes envies.
– C’est ce que je me dis. Mais ça n’empêche qu’il ne faut pas.
– Je vais peut-être dire quelque chose qui ne vas pas te plaire. Si finalement, il ne s’agissait simplement que de prendre du plaisir entre adultes consentants, où est le problème, que ce soit ta mère ou pas ?
– Oui, certes, répondit Valérie après un instant de réflexion. Dans ce cas, ce serait aussi valable pour Thomas.
– On n’est pas obligé d’aller jusque-là. Mais sinon, oui, dans l’absolu cette règle pourrait s’appliquer à notre fils.
– Je ne me vois pas coucher avec lui.
– Mais peut-être que lui, oui. Œdipe est puissant à cet âge.
– Tu as eu envie de coucher avec ta mère ?
– Oui. Mais tu imagines bien que je ne suis pas passé à l’acte.
– Tu m’étonnes !
La conversation en resta là et le couple s’endormit, enlacé.
– Bonjour Maman, comment tu vas ?
– Bonjour ma fille. Je vais bien. Ton mari m’a bien réconcilié avec la vie.
– J’en suis ravie.
Elles discutèrent de tout et de rien.
– Maman, pourquoi Papa tenait absolument à ce qu’on mette des bas, des talons hauts ? Qui fait ça aujourd’hui ? C’est même sexiste.
– C’est vrai que les mentalités ont changé. Et pas toujours en bien, je le déplore. Il faut savoir que jusqu’au milieu des années soixante, les collants n’existaient pas. Quand ils sont apparus, ton père m’a fait une scène comme quoi il ne voulait pas voir cette saloperie dans la maison. Cela dit, il n’a pas eu à beaucoup me forcer car je n’ai pas aimé du tout. Le MLF, dans les années soixante-dix, l’a énervé encore plus. S’il était d’accord pour que la libération des femmes, il ne voulait pas que ça devienne une revendication extrémiste. Pas question que je brule mes soutiens-gorges. De toute façon je ne pouvais pas avec ma poitrine. Et puis mon métier de secrétaire de direction m’imposait d’avoir une tenue élégante tous les jours. Dans les années soixante-dix, quatre-vingt, les patrons n’avaient aucun scrupule pour imposer un dress code. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et c’est tant mieux. Quoique parfois, on frise le n’importe quoi. Mais rien ne t’oblige à suivre mon exemple.
– Je sais. Mais je m’y suis habitué. Et puis Eric aime bien.
– J’ai remarqué aussi. Tu mets des bas tous les jours ?
– Chaque fois que je ne suis pas en pantalon.
– Talons hauts aussi ?
– Oui. Mais ça, c’est parce que j’adore. Pas besoin de me forcer.
Elles continuèrent de discuter.
– Bon, ce n’est pas tout, il faut que j’y aille.
– Très bien. Et si vous veniez déjeuner dimanche ?
– D’accord. On n’a rien de prévu.
Valérie prit son manteau et son sac à main. Michelle lui fit la bise. Valérie sentit une boule nouer son estomac et grossir à une vitesse fulgurante. Soudain, elle prit le visage de sa mère et l’embrassa à pleine bouche. Le moment de stupeur passé, Michelle répondit à son baiser.
– Qu’est-ce qui te prend ? demanda-t-elle sans animosité, lorsque Valérie relâcha la pression
– Je n’arrête pas de penser à ce qu’on a fait quand tu as couché avec Eric. T’embrasser, te faire … l’amour m’a troublé au point de ne penser qu’à ça.
– Et tu voudrais recommencer ? Avec moi.
Valérie hocha la tête
– Je n’ai pas souvent couché avec des femmes, mais à chaque fois, j’ai pris mon pied. C’est différent d’avec un homme mais tout aussi jouissif, expliqua Michelle.
– C’est ce que j’ai ressenti.
– Tu veux qu’on fasse l’amour maintenant ?
– Non, je dois y aller, répondit Valérie en regardant sa montre.
– Dimanche alors.
– Il y aura Thomas.
– On trouveras une solution
Elles s’embrassèrent à nouveau, tout en se pelotant les fesses, barrées par des jarretelles.
A suivre