Comment Yann est devenue femme
4 – La découverte
par betwo21
Contrairement à d’habitude, je rentrai seul au pays un jeudi en ayant pris au préalable un rendez-vous chez notre médecin de famille : j’étais à peu près sûr qu’il aurait à me parler de mes anomalies génitales et j’avais vraiment besoin de savoir aussi si la pratique régulière du coït anal pouvait avoir des conséquences sur ma santé physique – car pour le mental notre union avec Pat nous rendait parfaitement heureux et sereins.
Ma relation avec Pat et ma sérénité firent que je n’eus aucune difficulté pour aborder le sujet avec le toubib. Il s’assura par quelques questions que je n’affabulais pas et que ma relation avec Patrick était bien réelle et unique et que si j’éprouvais de la jouissance importante au moment du coït je n’avais pas d’éjaculation :
– « Non docteur, je connais trop bien ce que sont les éjaculations de mon partenaire et la consistance du sperme ; moi ce que j’évacue ce n’est que ce que lui laisse couler quand son désir commence et mon sexe ne grossit pas ni ne raidit ».
Il me proposa de m’ausculter avant de poursuivre la discussion, il souhaitait évidemment se rendre compte de mon état actuel – cela faisait plus de huit ans qu’il n’avait pas eu l’occasion de faire cet examen.
Cela ne dura pas plus de dix minutes : palpations, observations et questionnement en même temps pour connaître mes réactions aux différents touchers. La discussion put reprendre et mon bon toubib alla droit au but :
– « maintenant que tu es majeur et que tu poses la question de l’origine de l’apparence particulière de ton appareil génital et de la zone périnéale, mon devoir est de dire la vérité, d’autant que tu as l’air solide psychologiquement. Alors voilà : peu après ta naissance on s’est aperçu qu’il y avait une pathologie dont on ne savait pas si elle était importante ou pas et il a fallu attendre plusieurs mois avant de faire un diagnostic à peu près clair : tu étais, semblait-il un cas d’hermaphrodisme vrai ou pseudo. Des examens plus poussés ont montré que tu possédais plutôt un développement extérieur masculin mais avec des anomalies. Il y avait un petit pénis qui contenait l’urètre, mais un scrotum qu’on appelle bifide : il était séparé par un repli interne qui ressemblait à une petite vulve, cependant il était fermé, mais il ne contenait pas les testicules ; on les trouva un peu haut et par massages, c’est ainsi qu’on procédait à l’époque, on réussit à la faire descendre en quelques mois : ils étaient tout petits, bien inférieurs à la taille normale. Il y avait autre chose qui a laissé des traces sur ton périnée : ton pénis démarrait effectivement plus en avant que d’habitude et l’on avait observé un orifice au milieu du périnée ; quand on put réaliser une exploration, on s’aperçut qu’il s’agissait d’un pseudo vagin : une cavité qui remontait assez loin entre ta vessie et ton rectum, mais fermée en haut : il n’y avait donc semblait-il pas d’autre organe féminin. Ce sont toutes ces constatations qui nous ont fait prendre la décision avec tes parents de choisir ton orientation sexuelle masculine. Il nous semblait que même avec un faible développement du pénis et des testicules c’était plutôt le choix de « la nature » et il serait temps plus tard d’agir en cas de problème, d’autant que tu possédais une petite prostate, autant que l’on pouvait en juger. Voilà pourquoi nous avons procédé à la fermeture de ton pseudo vagin et c’est ce que tu ressens en touchant ton périnée parce que la cicatrisation n’a pas été évidente ».
Moi je l’écoutais religieusement avec malgré tout une certaine angoisse.
– « Je suppose que tu veux tout savoir, alors voilà : on a vite constaté que ni ton pénis ni tes testicules ne se développaient normalement et qu’ils resteraient nains, mais tant pis il faudrait juste que tu sois pris en charge psychologiquement quand cela te poserait problème : tu n’as jamais manifesté d’inquiétude et c’est pourquoi tout est resté ainsi jusqu’à ce que tu viennes me voir. Nous savions que tu ne serais pas fertile car mes collègues et moi avions constaté que tes testicules n’étaient pas reliés par un canal séminal à la région prostatique mais à cela on ne pouvait rien. Les palpations que je viens de faire confirme en tous points ce que je t’ai dit : tu as une prostate et c’est ce qui explique tes sécrétions quasi limpide mais il n’y a pas de canal déférent qui parte de tes testicules, donc la fonction de production des spermatozoïdes n’a pas dû se développer, ni sans doute non plus celle d’hormones mâles, ou très peu, mais cela on va le vérifier. Je n’ai rien trouvé d’autre qui entraînerait des problèmes et c’est pourquoi, finalement, tu es en bonne santé. Simplement, c’est vrai, tes mensurations ne sont pas celles d’un garçon de ton âge : tu es à mi-chemin entre homme et femme, tant pour le bassin, la taille, le torse, les épaules et ton apparence générale confine à l’androgynie, y compris ta quasi absence de pomme d’Adam et le grain de ta peau glabre. Maintenant il nous resterait à vérifier deux choses : quid de ton pseudo vagin ? Je pense qu’il a dû s’atrophier et quid de ton équilibre hormonal ? Si tu le veux on va engager un processus d’examens approfondis et un soutien psychologique ».
Après cet exposé tranquillement effectué, mes sentiments étaient partagés : un certain mécontentement de n’apprendre tout cela que maintenant et de comprendre les vraies raisons qui m’avaient écarté à partir de la sixième des pratiques sportives – on ne souhaitait pas que mes camarades me vissent nus mais qu’en aurait-il été si cela s’était produit malgré tout ? – et une certaine quiétude parce que je comprenais que mon physique et ma psychologie « féminine » qui m’avaient fait la compagne de Pat avaient quelque chose comme une origine objective. Après un petit temps mort, je répondis :
– « Merci doc de m’avoir si bien tout dit… et oui pour des examens sérieux mais il faudra que ce soit pendant les vacances ! Par ailleurs, puisque je vous ai dit qu’elle est ma situation avec Pat, est-ce envisageable que je me transforme réellement en femme, je veux dire biologiquement et en identité ? »
– « Cela, Yann, je ne peux te le dire aujourd’hui. Ce que je sais c’est qu’un changement d’identité sexuelle ne peut se faire qu’après une chirurgie ad hoc, mais que le processus est un parcours long et peut-être difficile pour toi et ton ami. Même si on n’est plus en 1950 et que depuis le milieu des années 70 il y a des protocoles pour ce que l’on appelle une réassignation sexuelle et qu’il y a de plus en plus de cas de « transsexuelles » qui vivent réellement comme des femmes avec des identités officiellement féminines. Mais je crois que c’est encore trop tôt pour en parler en ce qui te concerne. Commençons par le début : je m’occupe des contacts et des prescriptions pour obtenir les examens dont je t’ai parlé, d’accord ? »
– « Oui, doc et merci pour votre franchise. Je suppose que je peux revenir vous voir si j’en ai besoin. Vous êtes seulement la troisième personne à connaître notre relation amoureuse avec Pat, nous vous faisons pleinement confiance».
– « Attends, Yann, avant que tu partes il faut aussi que je te dise deux ou trois choses concernant vos rapports sexuels et ta santé. Tout à l’heure j’ai constaté que ton anus ne présentait pas tout à fait la résistance qu’il aurait dû à l’introduction de mon doigt ; je ne sais combien de fois par semaine vous pratiquez le coït anal et c’est vos affaires, mais j’attire ton attention : il faudrait que tu pratiques une sorte de gymnastique de tes sphincters pour éviter un relâchement qui serait gênant à la longue. Tu vois par exemple, en cas de besoin pressant d’aller à la selle tu aurais de plus en plus de mal à te retenir et dans certaines circonstances cela peut être fâcheux, oui ? J’ajoute que je suppose que la plupart du temps tu dois effectuer un lavement avant vos rapports (j’opinais), là je te conseille de le faire en douceur et si tu utilises l’eau courante (j’opinais) alors il faut une canule souple de faible diamètre et ne pas expulser en même temps que l’arrivée d’eau ; d’ailleurs il en faut très peu, sinon tu détruirais au-delà du rectum trop souvent la flore intestinale. Et quand le coït est terminé, il vaut mieux ne pas répéter un lavement mais simplement aller à la selle quand tu en éprouves le besoin. Voilà, mon petit ami. Je te souhaite d’être heureux et tu reprends contact dès que tu te sens prêt ».
A suivre