A quoi bon ?
par kl0d0
Cette histoire en est une d’été. La lecture en est donc recommandée par un temps humide et suave…
Par une chaude nuit d’été, ne trouvant pas le sommeil pas plus que ne le cherchant d’ailleurs, je sortis de mon humble demeure campagnarde pour une ballade aux étoiles. Le temps était doux, et une légère brise riveraine flottait dans les airs. Ayant planifié de passer quelque temps au petit parc situé derrière l’école du village, j’avais emporté avec moi une radio portative et quelques cassettes de jazz. Le jazz, c’est la musique de la nuit.
Après une solitaire promenade dans le village désert où nulle âme n’ose quitter son domicile après onze heures, par sottise autant que par manque d’habitants, j’arrivai enfin sous le chaud lampadaire de l’école. Cette école que je fréquentais déjà tout gosse que j’étais, à l’époque où aucune fille n’avait encore troublé mes pensées, je la revis sous un angle fort différent ce jour là. La lune était pleine et l’atmosphère était naturellement tamisée. Présage? Allez savoir, dans un bled où même une soucoupe volant n’attirerait pas la curiosité des badauds. Toujours est-il que je me suis assis sur un banc du parc, sous un arbre au feuillage détrempé par la seule humidité ambiante, et que j’ai laissé la trompette de Lester Young, el Présidento, se déchaîner et percer le silence nocturne. Savourant déjà les rythmes lascifs, quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir au loin une ombre qui dépassa tout juste le coin de l’école. À peine éclairée par la lumière du lampadaire dont la lumière clignotante vivait ses derniers jours, je cru discerner dans cette lointaine pénombre une fort gracieuse silhouette qui se dirigeait vers les balançoires situées à vingt mètres de moi.
La démarche de cette demoiselle était si envoûtante, si empreinte de mystère et de délices que je ne pu la quitter des yeux. Pour rien au monde je n’aurais voulu voir autre chose qu’elle, de toute façon. Rien n’aurait pu supplanter cette petite robe bleue fleurie et ces cheveux blonds un peu bouclés qui se soulevaient suivant la brise. On eut dit qu’elle flottait sur un nuage tant elle ne faisait pas de bruit sur ce sol pourtant rocailleux. Quand elle fut assez près pour que je puisse gaver mes yeux de plus amples détails, je pus apercevoir des lèvres veloutés, luisantes et adorables sous un petit nez coquin et des yeux moqueurs qui n’ignoraient pas que j’étais là, sous cet arbre, à les contempler. Elle portait une marguerite dans les cheveux et dégageait tel un arôme qu’on eût pu croire qu’elle avait visité les plus beaux jardins et s’était imprégnée des odeurs des fleurs les plus délicates.
Toujours avec cet air mi-moqueur, mi-amusé, elle vint s’asseoir sur la balançoire la plus près de moi, et sans mot dire, entreprit de se balancer comme si le monde lui avait toujours appartenu. Cette nuit, je ne souhaitais pas autre chose non plus que de lui appartenir, et qu’elle m’appartienne un peu. J’ai donc mis au rancart mes inhibitions, et je l’ai candidement salué. Elle me répondit sur un ton enjoué et avec une voix craquante. Je poursuivis en lui demandant d’où elle sortait à cette heure? Elle éclata de rire et me dit que ce n’est pas ça que je voulais savoir. Sur ce, elle se leva et vint s’asseoir à mes côtés sur le banc. Dès cet instant, je compris que les mots n’avaient pas leur place aux côtés de cette sublime créature. À quoi bon ouvrir la bouche pour autre chose que de la plaquer contre la sienne et entremêler frénétiquement nos langues, me dis-je, joignant l’acte à la pensée. Après ce baiser passionné qui me surpris de par la réaction qu’il avait provoqué chez moi, comme un immense frisson qui de l’échine au bassin qui fit grimper d’un cran le niveau de mes perceptions sensorielles, la fille me dit qu’elle s’appelait Jolie, et me prit par les mains pour danser.
À nouveau ce curieux frisson me fit trembler quand, en dansant, je frôlais le galbe de ses seins, et que je les sentais durcir à chaque passage. Nous dansâmes ainsi durant un instant tellement intemporel que je ne peux toujours pas me souvenir aujourd’hui depuis quand la musique avait cessé quand de nouveau Jolie m’offrit de goûter à ses lèvres. Pas plus je n,ai souvenir du dernier solo de trompette que je n’en ai de la façon dont soudainement je me suis vu sans ma chemise, avec les douces mains de Jolie qui cherchaient doucement, à tatillons, à m’ôter ma ceinture. Ne souhaitant pas être de reste, j’entrepris de lui enlever sa robe, mais elle résista d’un geste du bras, alors je me lassai guider au gré des ses doigts de fée. Peu de temps après, je me retrouvait nu et le membre fier, la tête bien haute. Ce n’est qu’alors qu’elle fit un pas en arrière, pour se mettre sous la lumière, et enleva sa robe qui tomba à ses pieds en moins de deux, glissant sur sa peau d’albâtre satinée. Elle portait des dessous de dentelle blanche qui me révélèrent bien ce que j’avais cru : cette fille n’en était pas une, c’était un ange.
Un ange aux seins parfaits, ni trop gros ni trop petits, de quoi en avoir la main juste bien pleine. Dans l’intimité de notre nudité, je vis à nouveau sur son visage cet air coquin qu’elle affichait à son arrivée, et je compris soudainement qu’elle n’avait pas eu à être clairvoyante pour savoir que je n’attendais que ça d’elle. Et le ça en question, elle me le fournit mieux que je n’aurais cru cela possible. D’abord par des petits baisers tout mouillées qui partirent du cou pour s’arrêter là où il faut, puis par les léchées intenables, de celles qu’on use lorsqu’on mange un cornet de crème glacée. Puis, voyant bien qu’elle aurait à besogner un peu plus pour avoir sa crème au bout du cornet, elle usa de toute la dextérité et de la sensualité dont elle pouvait faire usage pour l’y voir venir, goûtant goulûment à mon membre, et je puis voir sur son visage qu’elle y prenait un plaisir fou. Cependant, ne souhaitant perdre le plus précieux et nacré de mes fluides corporels si tôt, je la conjurai d’en rester là avant qu’il ne soit trop tard. Elle me fit donc face de nouveau, puis nous nous dirigeâmes naturellement vers ce talus herbeux qui semblait si moelleux et nous nous y couchâmes.
Sa peau était si soyeuse et rendue humide par l’excitation et la température rêvée que chacune de nos caresses semblaient venir du vent sur même, avec une application que jamais Dame Nature, si perverse soit-elle, ne pourrait cependant imaginer. J’embrassais tendrement ses seins et elle poussait de petits rires, de petits cris dans la nuit qui valaient mieux que toutes les musiques du monde. Nous fîmes l’amour sous les étoiles, nos corps l’un dans l’autre qui ne voulaient plus se quitter, qui à force de baisers s’étaient mutuellement apprivoisés et étaient devenus dépendants de ces gestes exquis que nous partagions, que notre orgasme fut le plus torride que la lune n’ait jamais entendu.
Parfois encore, lors de balades dans mon bled perdu, j’ai souvenir de cette nuit où les airs de trompettes ne jouaient que pour nous, pour battre la cadence. J’ai souvenir de cette chaude nuit d’été, des étoiles et de Jolie, cet ange qui est repartie comme elle était apparue. J’ai souvenir et alors je me rends au parc, et je me balance. Alors, j’ai un air moqueur sur la figure…
kl0d0
(réédition « à l’exacte » d’un texte paru chez SophieXXX en 1999)
postface du webmaster : Je n’ai pas critérisé cette histoire comme transsexuelle, car ce n’est que mon interprétation…
cela uarait mérité d’être plus explicite. On est dans le flou !