L’Odyssée de Zarouny (Vargala 3) – 2 – Intrigues sur Vargala par Nicolas Solovionni

L’Odyssée de Zarouny (Vargala 3) –
2 -Intrigues sur Vargala par Nicolas Solovionni

2 -Intrigues sur Vargala

Vargala-station, 3 semaines plus tard

Le vaisseau de la police fédérale commandé par le lieutenant Bruce Blaise se posa sur le cosmodrome de Vargala-Station par un beau matin clair. Un message lui parvint immédiatement.

« Le lieutenant Bruce Blaise est prié de se présenter dans les plus brefs délais à la capitainerie de l’astroport. »

Il s’y rendit donc et eut la surprise de se retrouver en face de son supérieur hiérarchique, le colonel Darius Polmer.

– Bonjour Blaise ! Vous semblez surpris de me voir ?
– Comment saviez-vous…
– Toutes vos pistes aboutissaient ici. Connaissant votre caractère impétueux, il ne nous était pas trop difficile de deviner que vous viendriez vous poser ici sans attendre le retour de vos messages.
– Blâmez-vous mon initiative ?
– La question n’est pas là, votre mission est terminée. Vous allez pouvoir repartir vers la Terre dès aujourd’hui.

Blaise regarda son supérieur avec de grands yeux incompréhensifs :

– Puis-je savoir en quoi j’ai failli ?
– Vous n’avez pas failli du tout, même s’il me coûte de couvrir vos méthodes, il se trouve tout simplement que j’ai pris la décision de fermer ce dossier.
– Pardon ?
– Vous avez parfaitement entendu, l’affaire est classée.
– Mais…
– Mais quoi ? Je vous dois des explications ? Je devrais justifier ma décision devant vous ?
– Non mon colonel ! Répondit Blaise devenu blême.
– Alors rompez !
– A vos ordres, mon colonel.

Ce dernier laissa Blaise se diriger vers la porte avant de le rappeler.

– Blaise !
– Mon colonel ?
– Revenez donc vous asseoir, je vous ai dit ce que j’avais à vous dire en tant que supérieur hiérarchique. Mais il ne me déplairait pas que nous parlions d’homme à homme, comme cela, sans protocole, je commence à m’ennuyer ici et une petite sortie au restaurant me ferait un bien énorme. Vous êtes mon invité bien sûr. D’accord ?
– Comme vous vous voulez, mon colonel.
– J’ai dit sans protocole. Je vous attends à midi, j’ai découvert un restaurant où l’on mange très bien. Euh, venez en civil !
– Bien, mon… Bien monsieur ! Mais je n’ai pas d’habit civil.
– Ça s’achète, mon vieux… ça s’achète. Je vous conseille de consigner vos hommes à bord, ce n’est pas un endroit pour eux, si vous les lâchez, vous aller en perdre la moitié !

« Le Papillon Gris » faisait restaurant et cabaret, fréquenté par les capitaines, les malfrats et autres trafiquants parmi les plus fortunés. Il proposait les mets les plus réputés, les vins les plus recherchés, les spectacles prétendument les plus osés. Les serveuses étaient à moitié nues et avaient instruction de ne pas se montrer farouches. Quant aux prix, ils étaient évidemment exorbitants.

– Drôle d’endroit ! Ne put s’empêcher de ronchonner Blaise.
– Pourquoi, c’est sympa, non ?
– Je ne sais pas… Toutes ces filles à poil…
– Ah ! Vous n’appréciez pas les femmes, j’ignorais….
– Si, mais vous m’aviez parlé d’un restaurant…
– C’en est un !
– Un claque, plutôt.
– Ecoutez, mon vieux, si les femmes vous dégoûtent…
– Je n’ai pas dit ça !
– Alors arrêtez de jouer les hypocrites, vous n’êtes pas en service, lâchez-vous que diable !
– Vous n’allez pas me dire que vous cautionnez ce genre d’établissements ? Osa répliquer Blaise.
– Je préfère cautionnez ce genre d’établissements que de cautionner les conneries auxquelles vous vous êtes livrées sur Mabilla.
– Restons-en là, je vais me retirer.
– Sûrement pas ! Restez assis, c’est un ordre ! Puisqu’il s’avère qu’une conversation d’homme à homme est impossible avec vous, nous allons donc reprendre la discussion dans le cadre de nos rapports hiérarchiques.
– Ici, mon colonel ?
– Oui, ici ! Vous n’avez quand même pas la prétention de m’interdire de bouffer où j’ai envie, non ?
– Euh…
– Alors commençons : Vous ne m’auriez pas trouvé sur Vargala, qu’auriez-vous fait ?

La conversation fut interrompue par une jeune femme venant prendre les commandes. Blaise suait à grosse gouttes en ne parvenant pas à détacher son regard de sa lourde poitrine qui se balançait à quelques centimètres de son nez.

– C’est quoi au juste votre problème avec les femmes ? Se moqua le colonel, une fois que la serveuse se fut éloignée en tortillant du cul.
– Je n’ai aucun problème avec les femmes, je suis parfaitement normal et hétérosexuel ! Répondit Blaise assez sèchement. Mais pour répondre à l’autre question, je me proposais d’attendre l’un des trois vaisseaux suspects…
– Il n’y en a pas trois ! Il n’y en a qu’un, celui de Jerko, celui-là, vous pouvez toujours l’attendre, quand il a voulu atterrir ici, on a dû le prévenir qu’il était sous surveillance, du coup il a voulu aller se poser dans la jungle et il s’est scratché !
– Scratché ?
– Oui ! On a même localisé l’épave, il est impossible qu’il y ait eu des survivants. On a aussi retrouvé le mouchard, inexploitable, sans doute piraté. Vous voyez, vous pouvez rentrer à la maison.

Le colonel Polmer se garda bien de dire tout ce qu’il savait au sujet de ce fameux crash, trop providentiel pour être vrai. Rendu sur place, une équipe de spécialistes eut tôt fait de constater qu’on ne retrouvait aucun débris de barge. De là à conclure que Jerko et sa bande avait tout simplement pris le maquis en sabordant le vaisseau, le pas fut vite franchi. Retrouver les transactions impliquant des vaisseaux et effectuées à cette époque ne fut pas bien compliqué, s’apercevoir que l’une d’entre-elles concernait une parfaite inconnue encore moins. De là on remonta jusqu’à la banque. Du coup on crut comprendre ce qui s’était passé, Jerko avait fait ouvrir un gros compte par l’une de ses adjointes avec de faux documents et avait pris la poudre d’escampette sur un vaisseau d’occasion.

La seule chose que Polmer ne pouvait savoir c’est que Jerko était bel bien mort, mais pour lui cela ne changeait rien au problème, il n’allait pas perdre son temps à lui courir après. Il usa simplement de son pouvoir discrétionnaire pour faire fermer le compte ainsi que tous ceux des membres du dernier équipage du Fly28. Le temps que l’information se propage, la bande à Jerko ne pourra faire aucune autre transaction que celles basé sur le troc y compris pour payer la solde des équipages. De quoi rendre impossible l’existence de n’importe quel pirate.

– Mais les deux autres vaisseaux ? Insista le lieutenant Blaise
– On s’en fout, on sait qui est cette passagère mystérieusement débarqué sur Mabilla et repartie sur Simac3, une aventurière qui s’est récemment acoquinée avec une secte de cinglés…
– Repartie sur Simac3 ?
– Comme je vous le dit !
– Quand même, pourquoi quitter un vaisseau qui allait sur Simac3 pour repartir sur un autre vaisseau pour la même direction ?
– Peut-être que quelqu’un l’a prévenu qu’il y allait avoir un problème sur le Siegfried. Alors il faudrait déjà que cette hypothèse soit bonne, qu’on retrouve cette fille, qu’elle consente à nous dire qui l’a informé, et qu’on retrouve ce mystérieux informateur. On ne va pas perdre notre temps avec ça ! Ah ! Voici les entrées, goûtez-moi ce crabe, il est délicieux !
– Qui va goûter le vin ? Intervint une serveuse aux seins piriformes et arrogants.
– Moi ! Répondit le colonel.

La fille remplit alors le verre de l’homme, puis s’en renversa quelques gouttes sur l’aréole de telle façon que le téton soit imbibé. Elle se pencha ensuite pour l’offrir au colonel qui se mit à le téter avec avidité.

– Délicieux ! Conclut-il.
– Monsieur veut goûter également ?
– Non, merci ! Répondit Blaise avec un geste de recul.
– On ne vous a jamais dit qu’en terre étrangère, il fallait savoir se plier aux coutumes locales. Ironisa le colonel
– C’est pas une coutume, c’est un truc de putes.
– Et alors ?
– Je ne mange pas de ce pain-là !
– Vous mangez quelle sorte de pain, dites-moi ?
– Je suis un honnête homme !
– Vos exactions sur Mabilla en sont une curieuse démonstration.
– Je n’ai fait que mon devoir. Et il n’y a pas eu d’exaction. Si vous préférez la version colportée par quelques excités à ma parole d’officier, cela me navre.
– Les paroles des excités, comme vous dites, ont été confirmé par le gouverneur.
– Un renégat !
– Parlez-moi donc du troisième vaisseau, le Vienna, et dites-moi où vous y auriez vu un rapport avec l’affaire qui nous intéresse ?
– Deux individus en sont sortis en réacteurs dorsaux, j’ai envoyé l’un de mes hommes sur leur piste, il a été assassiné.
– C’est effectivement navrant et condamnable, mais je vous repose la question : « dites-moi où vous y auriez vu un rapport avec l’affaire qui nous intéresse ? »
– Ces gens-là n’avaient pas la conscience tranquille.
– Ce n’est pas la réponse que j’attendais.
– Disons que c’est une intuition. En principe, mes intuitions ont rarement été démenties par les faits.
– Admettons ! Il se trouve que ce vaisseau est actuellement sur le tarmac. Admettons que je vous donne carte blanche, quel serait votre plan ?
– Procéder à quelques interrogatoires…
– Selon vos méthodes ?
– Nous supposions que j’avais carte blanche.
– Vous vous êtes renseigné sur la façon dont fonctionnait cette planète ? Non bien sûr ! Vous êtes le genre à tirer dans le tas et à réfléchir après. Si vous employez vos méthodes ici, nous seulement vous allez vous faire massacrer, mais la confusion que la situation pourrait engendrer risquerait de réveiller une guerre des gangs. Et ça il n’en est pas question.

Blaise affichait un regard d’incompréhension involontairement comique.

– Je vais vous expliquer, il y a ici des capitaines, des tas de capitaines qui font un boulot de prospection, un boulot difficile avec ses aléas. Cela nous évite tout simplement de le faire, quand ils trouvent des choses intéressantes, on finit toujours par en profiter et l’investissement que cela nous a coûté est nul. Une guerre des gangs taillerait dans les effectifs de ces capitaines. Il n’en est absolument pas question.

Blaise ne sut quoi répondre et garda le silence en dévorant sa chair de crabe. Quand il en eut terminé il prit énormément sur lui pour demander.

– Mon colonel, est-ce que je peux me permettre de vous demander ce que dira le rapport final ?
– Que l’enquête a pu établir que le vaisseau de croisière Siegfried7 a été pris en chasse par un vaisseau pirate après son décollage de Mabilla. Qu’à partir de ce moment toute trace a été perdue. Que l’absence de demande de rançon privilégie deux thèses : soit l’accident, soit un trafic d’êtres humains. Et que le crash du vaisseau pirate sur Vargala a conduit l’enquête dans une impasse.
– Hum…
– Quoi hum ! Vois m’avez posé une question, je vous ai répondu, estimez-vous heureux, je n’y étais pas obligé.

Deux serveuses firent alors leur apparition, l’une pour débarrasser, l’autre pour apporter les steaks de fijouque.

– Avec le fijouque nous vous proposons soit une sauce au poivre de Barzachel soit une sauce au fromage de Soilou-Mena. Je vous les fais goûter sur mes seins ou sur mes fesses ?
– Sur vos seins ! Répondit le colonel sans hésiter une seconde.

Par pure provocation le colonel Polmer fit alors durer le plaisir, allant d’un téton à l’autre en faisant semblant de ne pas se décider à choisir. Le visage de Blaise en devint cramoisi.

– Alors ? Demanda la fille qui n’avait pas que cela à faire.
– La poivrée !
– Bien, monsieur désire choisir aussi ?
– Pour moi, ce sera sans sauce ! Répondit sèchement Blaise.
– Vous avez grand tort !
– Foutez-moi la paix !
– Bouh ! Grimaça-t-elle en guise de réponse.
– Il n’y a rien qui vous excite décidément, sauf peut-être les situations sadiques ?

Mouché, Blaise ne répondit pas.

Le colonel Polmer n’avait cependant pas tout dit à son subordonné. L’invitation faite à Blaise n’avait rien de fortuite, il entendait bien le manipuler. Si le dernier rapport en sa possession confirmait qu’il y avait eu des survivants au crash du Fly28, le vaisseau de Jerko, ceux-ci avaient maintenant très probablement quitté la planète pour une destination inconnue sous une fausse identité et ne reviendrait pas de sitôt. Enquêter plus avant équivalait à rechercher une aiguille dans une botte de foin et aurait demandé des moyens considérables que la Terre n’était pas disposée à mettre en œuvre.

Cependant, il existait un bémol, les compagnies d’assurances ou une association des familles des victimes pouvait très bien se payer le luxe d’avoir recours aux services d’un privé, un « fin renard » qui enquêterait de son côté. Il ne trouverait probablement rien du tout, mais si par le plus grand des hasards, il découvrait quelque chose, les autorités gouvernementales seraient alors accusées de négligence.

Dans ce contexte, les « intuitions » du lieutenant Blaise valaient peut-être la peine de ne pas être complétement écartées.

« Alors autant le laisser s’en occuper… Et s’il se ramasse, et bien tant mieux ! » Se dit Polmer.

– Je vais essayer un truc, je vous expliquerais après ! Annonça le colonel.

Celui-ci lança un appel général (discret bien entendu) en direction de l’ensemble des mouchards de la ville :

– S’il y a parmi vous un navigateur de bon niveau, qu’il se manifeste immédiatement.

Une minute plus tard, il recevait un appel d’un type en vidéo, accompagné de sa photo en 3D.

– Abel Sorenian, navigateur breveté…
– Dans combien de temps pouvez-vous me rejoindre au « Papillon Gris » ?
– 20 minutes !
– Alors venez !
– Euh pour vous reconnaître…
– Ne vous inquiétez pas !

Il appela une serveuse.

– Vous désirez quelque chose de particulier ?
– Ce mec-là va arriver d’ici vingt minutes, vous le conduirez directement à notre table ! Lui dit-il en lui montrant la photo capturée par son portable et en lui tendant un petit billet.
– Merci mon prince ! Dois-je ajouter un couvert ?
– On verra !

Blaise avait du mal à suivre, mais le colonel se garda de toute explication et se mit à rapatrier quelques fichiers stockés sur les ordinateurs de l’astroport

. Mangez donc votre fijouque ! Il va être froid !
– Humm !
– C’est pas bon ?
– Si, si !
– Avec la sauce c’est encore meilleur !
– Je vous en prie.

Et vingt minutes plus tard Sorenian arriva, escorté par la serveuse.

– Asseyez-vous ! Je vais être direct ! Pourriez-vous vous débrouillez pour remplacer au pied levé un navigateur sur un vaisseau en partance ?
– En combien de temps ?
– 4 jours ! J’ai à votre disposition un petit produit qui rend les gens un peu maboules pendant quelques temps, ce sera pour l’actuel navigateur. Le produit sera dans le coffre de mon hôtel, quand vous serez prêt, vous m’appellerez, je vous donnerai le numéro et le code. Alors ?
– Je veux bien essayer…
– Ce sera grassement payé ! Je vous transfère toutes les coordonnées du vaisseau en question.
– Et ensuite ?
– Il faudra détourner le vaisseau de sa destination et le faire atterrir sur une planète dont les coordonnées vous seront précisées en temps utile.
– Humm
– Une fois atterri, le vaisseau sera arraisonné par cet officier ici présent qui vous fera rapatrier. Vous vous sentez capable d’accomplir tout ça ?
– Je vais essayer… ça me paraît dans mes cordes.
– Vous avez peut-être faim ?
– Ma foi…
– Alors installez-vous là-bas ! Commandez ce que vous voulez, vous mangerez à mes frais, mais ne buvez pas trop, vous n’avez que quatre jours… Et si vous voulez vous amusez avec une fille, ce sera aussi sur mon compte.

Le colonel regarda ensuite Blaise avec un étrange sourire.

– Je suppose que vous avez compris mon plan ?
– Dans ses grandes lignes.
– Vous pourriez faire ça sur quelle planète ?
– Mabilla ?
– Mabilla ! Vous n’avez pas fait assez de conneries sur Mabilla ?
– J’y ai laissé trois hommes pour qu’ils essayent de recueillir des renseignements, j’en profiterai pour les récupérer.
– En pièces détachés ?
– Ce sont des professionnels, mon colonel !
– Bon voici mes instructions : Dès que Sorenian m’aura confirmé qu’il peut réussir sa mission, vous filez sur Mabilla, vous attendez le Vienna, vous l’arraisonnez et vous enquêtez. Il a deux restrictions : je vous donne 30 jours, pas un de plus. Passé ce délai, vous regagnerez la Terre.
– Bien Mon Colonel…
– Ensuite votre mission doit se limiter à l’équipage du Vienna. Il vous est interdit formellement d’agir en dehors de l’astrodrome. Je vous confierais un message à l’intention du gouverneur qui encadrera votre mission. Inutile de vous préciser que toute désobéissance à ces ordres entraînerait des sanctions disciplinaires. Mais je sais que vous ne désobéirez pas. Des questions ?
– Admettons que l’interrogatoire des gens du Vienna me conduise à une piste locale…
– Mes instructions ne souffrent d’aucune dérogation. Si le cas que vous évoquez se présente vous devrez vous limiter à l’indiquer sur votre rapport.
– Compris ! Répondit Blaise qui se demandait déjà comment il pourrait contourner cette interdiction. Et l’individu infiltré sur le Vienna, j’en fais quoi ?
– Vous verrez avec lui, s’il désire être rapatrié, faites-le, mais sa récupération ne constitue en aucun cas une priorité.
– Je pars quand ?
– Dès que je vous aurais confirmé que l’opération est possible, ça ne devrait pas être long.
– Et s’il y a un contre temps ?
– On gèrera !
– L’entretien est terminé ?
– Oui, mais vous avez le droit de prendre un dessert.
– Non merci, je vais me retirer.
– Et bien retirez-vous, je vais prendre mon dessert tout seul.

Voilà qui arrangeait bien Polmer qui du coup allait pouvoir s’offrir un dessert spécial sans provoquer des cris d’orfraie de la part du lieutenant Blaise. Son choix était à peu près fait mais par jeu il laissa la serveuse le chauffer.

– Un petit dessert, monsieur ?
– Avec plaisir !
– Du spécial peut-être ?
– Qu’entendez-vous par là ?
– Un bon dessert agrémenté d’un peu de sexe, voulez-vous voir la carte ?
– Bien sûr !
– Permettez que je m’assoie à vos côtés, nous allons la lire ensemble.

Sitôt assise, la jeune femme mis sa main sur la braguette du colonel qui se laissa faire.

– Voyons voir : Chatte au coulis de framboise, trou du cul à la crème de marron… hum ça doit être délicieux.
– C’est très spécial ! Ça vous tente ?
– Expliquez-moi mieux !
– D’accord mais je vais d’abord sortir votre bite de votre braguette, ce sera mieux pour les explications ! Vous permettez !
– Faites donc !

La serveuse masturbait maintenant délicatement la queue bien dressée du colonel Polmer.

– Nos marrons sont exquis, ils viennent de Baroula et la crème est parfumée à la vanille de Gorchik, donc la fille de votre choix s’introduit une portion de ce délicieux dessert dans le trou du cul puis va chier tout ça devant vous. Vous pouvez déguster soit dans l’assiette soit directement à la source. Alors ça te branche, mon biquet ?
– Et la bite au chocolat ?
– C’est fait avec les meilleurs chocolats. Il y en a deux sortes, la chimérique et la frétillante !
– Ah ?
– La chimérique, je me mets un gode ceinture, je le trempe dans la mousse au chocolat et je te fais sucer. La frétillante, c’est la même chose mais avec une vraie bite, nous avons ici quelques transsexuelles très jolies et qui se feront un plaisir de t’aider à déguster ce dessert.
– Hum !
– Tu veux que j’en appelle une pour te faire une idée ?
– Non, ce n’est pas mon truc !
– Tu ne peux pas savoir avant de voir ?

Elle appuie sur son petit appareil et voilà que se présente une magnifique métisse aux cheveux bouclés et au sourire enjôleur.

– Bonjour, moi c’est Claudia, dit-elle en écartant les pans de son haut, dévoilant une magnifique poitrine terminée par des tétons turgescents.

Polmer reste sans voix fasciné par l’étrange beauté de cette créature ambiguë. La serveuse lui trifouille un peu la bite afin d’elle bandât comme il convient, puis l’exhibe devant le colonel.

– Une femme à bite ! L’essayer c’est l’adopter !
– D’accord, j’accord ! Je prends ce dessert. Balbutie Polmer au bord de l’apoplexie.

La mousse au chocolat arrive, Claudia y trempe sa bite et la tend vers la bouche du colonel. La langue lèche le chocolat, bientôt il n’en reste plus. Qu’à cela ne tienne, la trans replonge son organe dans le bol de mousse, et c’est parti pour une deuxième partie de dégustation qui sera suivi d’une troisième. Il ne reste cette fois plus de chocolat, on lui propose d’en reprendre, il refuse mais continue à se régaler de ce bel organe dont il explore les moindres recoins jusqu’à ce qu’il sente un soubresaut dans sa bouche qui se remplit de sperme.

– Tu n’as pas joui ! Je te suce ? Je te branle ? Propose la serveuse.
– Oui, suce !

Polmer jouit rapidement.

– Ben voilà ! Tu as bien aimé sa bite, n’est-ce pas ?
– J’avoue !
– La prochaine fois tu lui demandera qu’il t’encule, tu verras c’est bon !
– Pourquoi pas, mais je n’ai pas encore essayé toute la carte des desserts.

Abel Sorenian

Abel avait accepté cette mission, un peu « au flan ». Il n’avait aucun plan précis, si ça ne marchait pas, ce serait sans conséquences. Mais si ça pouvait marcher, il serait tranquille un moment.

Il consulta la liste des équipages engagés sur le Vienna La cible était Enzo Antonelli, l’actuel navigateur. Atteindre ce type ne lui posait pas trop de problèmes, mais comment prendre sa place ensuite ? Une connexion avec l’astroport ne le rassura pas, une quinzaine de navigateurs sollicitaient un emploi, et des plus qualifiés que lui !

Mais la liste des officiers recelait une autre possibilité. Elle se nommait Héka Lipanska (voir les épisodes précédents). Abel était beau garçon et ses talents de séducteur fonctionnaient plutôt bien. Pourquoi ne pas essayer ? Et si ça ne marchait pas il savait où se procurer une substance présentée sous forme de spray qui rendait amoureux tous ceux qui s’approchaient de celui qui s’était ainsi vaporisé.

Localiser Héka fut grâce à ses réseaux, un jeu d’enfant. Il loua une chambre dans l’hôtel où elle était descendue, puis soudoya le barman lui demandant de le prévenir dès qu’elle s’approcherait du comptoir.

Héka s’amusait de l’attitude des hommes à son égard. Sa beauté particulière de rousse foncée au teint mat et son regard de braise avait de quoi faire tourner les têtes, mais elle en jouait peu, elle se disait incapable de tomber amoureuse, et se contentait de consommer du sexe, et parfois avec pas mal d’avidité quand cela la tenaillait. Evidemment, les propositions en tout genre ne manquaient pas, ainsi la veille un capitaine lui avait proposé de la prendre à son bord, elle avait refusé malgré la perspective d’une solde fort alléchante. Il lui fallait pour l’instant rester à bord du Vienna et se débrouiller pour accéder aux logiciels secrets que cachait son capitaine. Quand elle aurait mis la main dessus, un avenir mirifique s’ouvrirait à elle.

C’est ainsi qu’en fin d’après-midi, Abel se livra à une séance de sourires niais en direction d’Héka.

« Qu’est-ce qu’il cherche ce con ? Il n’est pas trop mal, dommage qu’il ait l’air abruti ! »

Elle détourna son regard, au grand dam d’Abel qui adopta la tactique numéro 2.

– Bonjour Mademoiselle, je serais très honoré de vous offrir un verre !
– On se connaît ?
– Pas du tout, mais je serais ravi de faire votre connaissance !
– Calamity Jane ! Mais je suis ici incognito.
– Abel Sorenian, navigateur au chômage.
– Ah ! Oui ! Et pourquoi êtes-vous au chômage ? Vous vous êtes fait virer d’un vaisseau ?
– Pas du tout, mais je suis feignant, je dépense mon fric, je m’amuse, et quand je serais à sec je me ferais réembaucher.

Le déclic.

L’ambition d’Héka (voir les épisodes précédents) était avant nous dit, de s’emparer des logiciels de navigation qui avaient été légué à Leiris Misdas, l’actuel capitaine du Vienna. Remplacer Enzo Antonelli par un homme à sa solde faciliterait ses plans. Restait à embobiner ce type et élaborer un plan avec lui, et comme ce bellâtre avait une envie évidente de coucher avec lui…

– Et vous faites quoi en ce moment ? Vous cherchez une femme pour passer un moment ?
– Vous vous méprenez ! Je n’oserais jamais être si direct !
– Pfff ! Baratin, tout ça ! Vous avez une belle allure, j’espère seulement que vous êtes un bon coup.

Il est embêté, Sorenian, pris à son propre jeu, il souhaitait la séduire, elle ne cherche qu’à coucher….

– Voir une femme prendre du plaisir est mon plus grand plaisir.
– Vous en avez beaucoup des phrases toutes faites comme ça ?
– Euh…
– Euh quoi ? Vous avez envie de coucher avec moi, il se trouve que je ne suis pas contre, alors allons-y !
– Vous ne préférez pas qu’on fasse un peu connaissance avant…
– Non !
– Permettez-moi de vous inviter à dîner…
– Ce n’est pas mon heure ! Bon on y va ou on n’y va pas ?

Héka se dirigea vers l’escalier, Abel lui emboita le pas.

– Bon, on se déshabille, tu peux poser tes affaires là ! Lui dit-elle alors qu’ils venaient juste d’entrer dans sa chambre d’hôtel.

Héka s’était déshabillée à l’arrache, elle aurait pu faire durer le plaisir en lui prodiguant un petit strip-tease, mais la chose ne lui sembla pas indispensable.

Abel dévorait des yeux cette jolie rousse plutôt atypique avec sa peau mate.

– Ça va, ça te plait ? C’est bien ? Il n’y a rien à jeter ?
– Ah, c’est, c’est…
– C’est pas mal, hein ? Les seins, ça va ? Tu veux voir mes fesses ?
– Vous êtes très belle !
– Merci ! dit-elle en se retournant.
– Vous avez des jolis pieds !

Tout cela n’est question que de point de vue, mais il faut bien reconnaître qu’Héka avait comme on dit le pied « élégant ». Les ongles des orteils étaient manucurés d’un carmin brillant du plus bel effet.

– Parce que c’est ton truc, les pieds ?
– J’aime bien, oui !
– Et bien vas-y je te les offre, embrasse-les, lèche-les, mais attention je suis chatouilleuse !

Abel est dans l’embarras, il aurait aimé profiter un petit peu des seins de sa partenaire en les caressant, en les embrassant et en en suçant le joli téton, puis c’est une fois repu de ce plaisir qu’il aurait sollicité la permission d’honorer ses pieds. Mais Héka par sa proposition bousculait la procédure.

Se disant qu’on saurait refuser une telle offre, il se décida donc à commencer par là où on lui disait.

Se saisissant du pied droit de la belle, il commença par prodiguer de chaleureux baisers sur le dos du pied avant de s’aventurer vers les gros orteils. Immédiatement il jeta son dévolu sur le pouce et l’engloutit complétement dans sa bouche en se mettant à le sucer comme s’il s’agissait d’une petite bite. Après s’en être repu, il fit ce que font tous les amateurs de ce genre de pratiques, il changea de pied. (Dés fois que l’impression y soit différente ?)

Bien évidemment sa queue réagissait, raide comme un pieu et le gland déjà humecté par de légères coulées de pré-jouissance.

– Attend on va faire quelque chose ! Proposa Héka en se dégageant.

Elle s’assit sur le bord du lit et demanda à Abel de s’assoir également mais sur le sol et face à elle. Quand il fut installé, la jeune femme lança ses deux pieds en avant de façon à lui coincer délicatement la bite, puis elle commença à bouger, effectuant ainsi une masturbation pédestre. (ou un foot-job, comme disent les anglais qui eux, au moins ont un mot pour désigner la chose)
– Je continue ?
– Oui c’est trop bon, répondit-il dans un souffle.

La pratique n’est pas si facile et devient vite assez fatigante, mais heureusement pour Héka, l’état d’excitation de l’homme était tel qu’il ne résista pas longtemps. Bientôt quelques longues giclées de sperme jaillirent en geyser de sa bite, il en reçut l’essentiel sur son ventre.

Abel après quelques instants d’immense bonheur revint à la réalité. Héka n’avait pas pris son plaisir, elle s’était contenté d’en donner, il lui fallait donc, alors qu’il était en ce moment sexuellement démotivé, la satisfaire d’une façon ou d’une autre.

Il se trouve que l’état d’esprit de la jeune femme rejoignait les préoccupations d’Abel. On ne joue pas les amoureuses sur le seul souvenir d’un foot-job.

Alors sans changer de place, elle porta la main à sa chatte et commença à se masturber.

– Tu me prêtes ta langue ?

L’homme ravi de l’aubaine, vint entre ses cuisses en espérant que la chose ne durerait pas une éternité.

Abel n’était pas un spécialiste du broute-minou et Héka avait beau se laisser aller, elle comprit assez vite qu’il ne parviendrait pas à la faire jouir, un coup d’œil sur sa bite lui montre, que de plus, il ne bandait plus du tout.

Alors elle décida de simuler.

« Il m’a tellement bavé dans la chatte qui ne se rendra même pas compte que je n’ai pas mouillé ! »

Pour Abel, il fallait maintenant à tout prix prolonger cette relation. Il fallait pour que son plan fonctionne qu’Héka s’amourache sérieusement de lui, ce qui n’était pas gagné d’avance. Héka ayant bien davantage le profil d’une nymphomane que celui d’une amoureuse romantique. Aussi comptait-il profiter d’un « arrêt-pipi » en salle de bains pour s’asperger de spray aphrodisiaque.

Ce ne fut pas nécessaire.

– Tu sais que tu me plais toi, mon biquet ! Lui susurra-t-elle en lui caressant le torse.
– ??
– C’est tout l’effet que ça te fait !
– Toi aussi tu me plais !
– Ça je l’avais compris ! Maintenant on a deux solutions : ou on se quitte maintenant ou alors on reste ensemble quelques heures, quelques jours… Ça te dit ?
– Bien sûr que ça me dit…
– J’ai faim, tu m’emmène bouffer !
– Mais avec grand plaisir, princesse !

Au restaurant, Héka monopolisa la conversation. Elle sonda son interlocuteur par d’habiles questions. Il ne mentait pas en affirmant qu’il était navigateur, mais sa présence depuis trop longtemps sur Vargala cachait des revenus occultes. Mais Héka n’en avait cure, ici tout le monde trafiquait plus ou moins quelque chose ! Elle en savait maintenant suffisamment pour tenter la seconde partie de son plan, une hasardeuse opération charme dont les chances de réussite étaient fort aléatoires. Mais se disait-elle « qui ne tente rien, n’a rien ! »

De son côté, Abel se décida à lancer un premier ballon d’essai lui permettant d’avancer dans la réussite de sa mission.

– Tu pars quand ?
– Dans quatre jours !
– Il faut qu’on en profite, alors…
– Je crains que ce ne soit pas possible ! Répondit Héka, jalonnant ainsi son propre plan.
– Parce que ?
– J’ai des trucs à faire !
– Quoi donc ?
– Mais mon biquet, on se connaît à peine, je ne vais pas te raconter ma vie…
– Mais…
– Remarque, quand j’y pense, c’est un peu dommage, je vais m’emmerder avec un navigateur à la con, alors que je pourrais en avoir un super sympa à la place !

Abel se demanda s’il n’était pas en train de rêver ! Son plan était en train de se réaliser avec une vitesse étonnante et une facilité déconcertante et c’est sur le ton de la plaisanterie feinte qu’il lança :

– On l’empêche de partir et je prends sa place !
– T’as vraiment envie de repartir dans l’espace ?
– Il faudra bien que je reparte un jour.
– Et sérieusement, si la place était libre, ça te tenterait ?
– Oui, tu pourrais me pistonner ?
– Sans problème ! Mais bon la place n’est pas libre.
– Si tu veux vraiment que je vienne avec toi, je peux toujours m’arranger pour neutraliser ton navigateur.
– Ça va pas, non ?
– Y’a un produit qui circule ici depuis quelques temps, un truc de l’armée, quelques gouttes dans un verre et le type qui prend ça perd ses capacités mentales, c’est prétendument indécelable et il faut un mois pour que le gars redevienne normal.
– C’est exactement ce qu’il nous faut ! Tu peux me trouver ça pour quand ?

à suivre

 

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6 réponses à L’Odyssée de Zarouny (Vargala 3) – 2 – Intrigues sur Vargala par Nicolas Solovionni

  1. Maud Anne Amaro dit :

    Où l’on apprend qu’Heka a de jolis pieds et justement moi j’aime bien les jolis pieds

  2. TransMonique dit :

    Il y a même des trans… je ne pouvais donc qu’apprécier

  3. Messidor dit :

    On s’éclate bien sûr Vargala ! Vivement le voyage interstellaire que j’aille y faire un tour

  4. boldof dit :

    J’irais bien faire un tour sur Vargala, on ne doit pas s’y ennuyer 😉

  5. Kalyn dit :

    Je trouve excellente l’idée de se servir d’un cadre de science fiction pour écrire des textes érotiques, ça a des tas d’avantages notamment de se passer des contraintes sanitaires ou « légales ». Et puis ça ajoute du rêve au rêve ! En plus Solovionni est un excellent conteur et ses fantasmes sont intéressants.

  6. Forestier dit :

    Inventif, passionnant et excitant, bref on n’est pas déçu et on se régale !

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