Julie ou la rose
Ah faites-moi feuille de rose
Prenez pitié en mon aveu
C’est une langue que je veux
C’est mon cul que je vous propose
Mon cul s’éveille au souvenir
D’une inoubliable caresse
Que m’enseigna une négresse
Dans un hôtel rue d’Aboukir(1)
J’avais seize ans et des torsades
La noire me jugeant à point
Régala mon cul d’un shampoing
Plus savoureux qu’une enculade
Je porte aujourd’hui les cheveux
Roulés en chignon sur la nuque
Mais j’aime encore qu’on me trouduque
Car j’ai le sphincter très nerveux
Et j’ai gardé très peu de hanches
Afin de pouvoir exhiber
Le tralala le plus bombé
Des tralalas que l’on emmanche
Et mon anus est pour le doigt
Une merveilleuse alliance
Mais tu n’es pas bègue commence
Par le baiser que tu me dois
Je sens que ta langue pénètre
Et je décharge ô mon joli
Dufayel (2) paierait cher peut-être
Pour voir ce qu’on fait dans son lit.
Guillaume Apollinaire(1880-1918)
Ps: Julie ou la rose a été édité en 1927, soit 9 ans après la mort de Guillaume Apollinaire
(1) La rue d’Aboukir est située dans le quartier de la rue Saint-Denis qui fut le haut lieu de la prostitution de rue au XXème siècle.
(2) Georges Dufayel (1855-1916) était un homme d’affaires, qui ayant acquis le « Palais de la nouveauté » boulevard Barbès à Paris, il en fit le plus grand de tous les Grands Magasins de France, jusqu’à sa fermeture en 1930.
Sublime !!!
Un hommage au trou du cul par l’un des nos plus grands poètes
Joli classique à la gloire de la feuille de rose et du trou du cul ! Sacré Guillaume, voilà qui est bien torché !
J’adore !
Mais j’aime encore qu’on me trouduque
Car j’ai le sphincter très nerveux
Délicieusement torché (si j’ose dire !)