Vargala Station 8 – La presqu’île des exclus par Nicolas Solovionni

Résumé des chapitres précédents : Le récit a commencé avec l’attaque des tigranes contre la communauté Kom sur la planète Novassa. Keni et Malvina, deux rescapées ont pour le moment échoué dans leur tentative de vengeance. Mais nous les avons abandonnés pendant quelques pages pour nous intéresser à un autre personnage clé de cette histoire, Leiris Misdas, embarqué sur un vaisseau corsaire et qui avec la complicité du navigateur provoque une mutinerie. Celle-ci tourne mal et le capitaine du vaisseau le prévient que sa mort ainsi que celle de ses complices est programmé…

8 – La presqu’île des exclus



Petra et Jerko

Jerko fut assez surpris de la requête de Petra.

– Ce ne sont que des doux rêveurs, laisse leur une chance ! Avait-elle demandée.
– C’est quoi cette crise subite d’humanisme, lieutenant van Yaguen ?

Il la nommait par son grade signifiant par-là que les intimités qu’ils avaient pu partager ne comptaient plus en ce moment.

– Disons que c’est une faveur que je te demande.
– Et ben, c’est non !
– Fout leur la trouille, mais laisse les en vie…
– Tu m’emmerdes, Petra, je ne veux pas savoir pourquoi tu me demandes ça, mais il n’en est pas question !
– Tu ne veux pas me faire plaisir…
– Je suis le seul maître à bord, la discussion est close.
– Quelle tête de mule !
– Pardon ?
– Non rien !
– Et ne t’avises sur surtout pas de les aider, mes réactions risqueraient alors de devenir incontrôlables.

La subrécargue n’insista pas. Elle se demanda à ce moment-là si ses bons sentiments iraient jusqu’à se mettre elle-même en danger.

Murenko

Bien que rien ne l’obligeait, Murenko avait présenté sa démission à Jerko dès les formalités d’atterrissages effectuées, celui-ci l’avait accepté sans broncher et sans demander l’ombre d’une explication. A la main tendue que lui tendit alors le médecin du bord, le capitaine ne répondit que par un « allez au diable » et se désintéressa de son visiteur. « Quel con ! » Maugréât intérieurement le toubib, plus vexé que ce qu’il voulait bien admettre. La suite dirait s’il avait fait le bon choix. Il pensait malgré tout l’avoir joué « fine ». Dans le cas contraire, il ne perdait pas grand-chose, avec ses références, il pourrait retrouver facilement du travail. Mais si le coup était bon, alors là…

Mais d’abord tout mettre en place : Jerko semblait prendre son temps pour ordonner l’ouverture du sas. Sans doute utilisait-il ce délai pour organiser la chasse à l’homme dès le débarquement. Cela arrangeait notre homme qui avait lui aussi des dispositions à prendre :

– Allô Winah !
– Tiens, tiens, Yassaka Murenko est de retour, j’espère qu’on va pouvoir s’amuser !
– On aura pas mal de temps, je ne compte pas repartir de suite, mais j’ai deux services à te demander
– Explique, je te dirais si c’est dans mes possibilités
– D’abord il faut héberger quelques temps trois jeunes hommes et les planquer.
– Ça peut se faire, mais combien de temps ?
– Le temps que tu fasses liquider la personne qui les file.

Il expliqua l’affaire, à sa façon bien sûr.

– L’hébergement c’est d’accord, pour le reste, c’est trop dangereux, je ne fais pas ça, enfin disons qu’il faudra qu’on en reparle… Par contre je peux te proposer de casser la filature.
– Bon ça colle, je t’envoie les photos des trois types. Fais vite, le sas va ouvrir d’un moment à l’autre
– On démarre de suite. Bye !

Winah estimait bien Murenko, une complicité s’était établie entre eux au fil des escales, dépassant le simple cadre de leurs premiers ébats érotiques tarifés. Il faut savoir que Winah, une immense femme à la peau noire et au corps parfait gérait un tout petit établissement qui cumulait les fonctions de bistrot, de restaurant (si on ne se montrait pas trop exigeant) et de mini bordel. Ils n’étaient que trois à y travailler de façon permanente, il y avait donc en plus de la gérante, Poupette, une ravissante blondinette, et Schlumberg.

Schlumberg faisait office de cuisinier, de garde du corps et d’homme de main, mais il ne dédaignait pas se mêler aux jeux érotiques de ces dames quand leurs clients le souhaitaient. Il gagnait ainsi très correctement sa vie, ce qui lui permettait de nourrir ses deux frères cadets, ceux-là pas très malins ne trouvaient que des petits boulots occasionnels, il faut dire qu’ils ne savaient pas faire grand-chose, sauf taper… Et ils tapaient très fort.

Physiquement, ils se ressemblaient, quand on les voyait ensemble, les gens se moquaient, on les avait surnommé les « Curiaces ». Aussi Schlumberg leur avait appris à se déguiser. Ce jeu les amusait, c’est ce qui fallait faire avec les cadets des Curiaces, les amuser, et ça fonctionnait !

Winah expliqua brièvement à Schlumberg de quoi il retournait et lui ordonna donc de quitter ses fourneaux et de se diriger sans délai vers le cosmodrome.

– Attention, ce ne sera pas si simple que ça, Jerko a les moyens de se payer un vrai spécialiste, il ne faut absolument pas qu’il puisse savoir que les types vont venir ici, sinon c’est la catastrophe. Maintenant file, je contacte tes frères pour qu’ils te rejoignent.

Zacharie

Zacharie était joyeux, sans job d’envergure ces derniers temps, la mission que lui avait proposé le capitaine Jerko allait lui permettre de se refaire ! Et avec quelle facilité ! Suivre trois types puis les supprimer seraient un jeu d’enfant. Il aurait voulu faire du perfectionnisme, il aurait engagé deux comparses, un fileur pour chaque filé. Inutile pour l’homme de main qui pensait qu’une seule cible suffirait en la menant de façon inéluctable aux deux autres. Et puis la filature, il n’allait pas se la coltiner « à la main ». Il existait des moyens beaucoup plus sophistiqués et beaucoup plus efficaces.

Zacharie attendit patiemment à la sortie de l’astroport que l’équipage de Jerko veuille bien se décider à goûter l’air de la planète. Son œil exercé scruta les quelques individus qui comme lui, mais pour de multiples raisons étaient postés là, il tenta de les mémoriser, un par un, au cas où… Il n’était pas impossible qu’on cherche à le doubler, il faudrait qu’il soit vigilant et surtout qu’il agisse vite. Il repéra facilement les trois jeunes hommes et commença par opérer une filature « à l’ancienne », attendant le meilleur moment pour passer à la suite.

Il ne distingua pas les Curiaces, qui eux, étaient un peu plus loin.

Ceux-ci eurent tôt fait de repérer le tueur à gages et le suivaient de loin avec une méthode bien particulière, se relayant dans la filature tout en restant en contact radio. La mission était facile, dès que les trois gars s’engageraient dans les rues peu fréquentées menant au bar de Winah, ils se contenteraient de neutraliser le tueur d’un bon coup sur la tête et l’affaire serait terminée. Mais ne dit-on pas que les choses ne se passent jamais comme on se les imagine ? C’est ainsi qu’ils virent les jeunes gens demander leur chemin, mais s’engager dans une toute autre direction que prévue…

Zacharie dut patienter un temps qui lui parut interminable au « bar des adieux » un tripot dans lequel le petit groupe s’en était allé boire un coup en jacassant comme de vraies pies. Il fut rassuré de constater qu’aucune des personnes présentes à la sortie de l’astroport ne l’avaient rejoint. La filature ne reprit que deux heures plus tard quand Leiris et ses deux camarades se décidèrent enfin à sortir et se digèrent vers un hôtel. Et voilà, c’était trop facile, leur nid était déjà repéré. Il faillit rentrer chez lui pour réfléchir à la suite du programme, mais se dit qu’il ne pouvait écarter l’hypothèse selon laquelle nos trois hommes n’auraient fait qu’une location de courte durée avant de s’installer ailleurs… Il décida donc de guetter leur éventuelle sortie et de respecter le plan initial. Il s’installa donc et patienta… Il détestait cela attendre, mais le prix en valait la peine…

En revanche, Schlumberg ne comprenait pas. Pourquoi aller à l’hôtel alors qu’ils avaient une adresse à rejoindre ? Peut-être s’étaient-ils aperçus de quelque chose ? Mais pour casser une filature, il faut bouger, pas se planquer ! Il ne comprenait pas non plus pourquoi Zacharie restait là. Il lui faudrait donc surveiller ce dernier. Mais en se relayant à trois les choses seraient moins monotones…

Tout ce petit monde n’eut pas à attendre bien longtemps, les trois jeunes gens sortirent de l’hôtel quelques trente minutes plus tard et se dirigèrent vers le drugstore de Matit. L’incroyable fouillis d’objets neufs ou d’occasion s’empilait partout où il avait de la place, laissant aux chalands que d’étroits couloirs de passage. Schlumberg se dit que c’était peut-être ici l’occasion de casser la filature. Si les trois jeunes gens avaient loué une chambre d’hôtel, cela voulait sans doute dire qu’ils n’avaient pas l’intention de se rendre de suite au bar de Winah, le plan initial pour neutraliser Zacharie devaient donc être revu.

Les Curiaces se concertent, l’endroit est propice, deux pour bloquer Zacharie, le troisième pour prévenir le trio de jeunes gens de quitter l’établissement au plus vite et de se rendre chez Winah. Mais ils se coordonnent mal. Zacharie contourne une allée afin de se retrouver en face des jeunes astronautes, il s’immobilise devant un rayon où s’empile des boites rectangulaires, puis en fait volontairement tomber une, des objets bizarres, sans doute des composants informatiques s’éparpillent sur le sol, l’individu se baisse alors pour les ramasser, bloquant le passage aux trois jeunes hommes. Il est à présent à quelques centimètres de leurs chaussures, une seule suffira, il déclenche un minuscule propulseur et un émetteur radio se niche alors dans la matière synthétique de la semelle de la chaussure d’Enzo.

Schlumberg comprit tout de suite la manœuvre. Pas ses deux idiots de frères dont l’un bloquait maintenant le passage à Zacharie, tandis que l’autre arrivant par l’arrière et après avoir croisé Enzo lui interdisait toute retraite.

– Je travaille ! Finit par lancer Zacharie au frère Curiace.

Mais celui-ci restant sourd à ses protestations, il résolut de prendre sa situation en patience, mais pas trop longtemps non plus.

« Les cons ! A quoi ça sert maintenant ?, se dit Schlumberg.

La situation devenait compliquée, désormais, il fallait d’urgence empêcher Enzo et ses camarades d’aller au rendez-vous chez Winah, ensuite se débrouiller pour que celui-ci comprenne qu’il lui fallait abandonner sa chaussure, puis après… non après ce serait facile, mais le premier point posait de gros problème. Pas question d’une intervention orale, sa voix serait enregistrée et pourrait donc être identifié. Lui faire lire un message ? Oui pourquoi pas, mais comment éviter que ces interlocuteurs pensent à un possible piège. Non, il fallait autre chose… Et puis soudain l’idée fut là, simple lumineuse, il fallait simuler une attaque contre les trois cosmonautes, les dépouiller sans les maltraiter, et évidement s’emparer des chaussures d’Enzo. Le bar de Winah était un peu excentré, et pour y aller, on devait passer par des endroits peu fréquentés, il faudrait néanmoins faire vite, mais les frères Curiaces savaient faire.

Zacharie ne comprenait pas pourquoi ces deux imbéciles le coinçaient, il ne comprit pas non plus pourquoi subitement ils finirent par céder le passage. Des gens qui cherchaient à protéger les poursuivis ? Mais dans ce cas ils s’y prenaient d’une façon absurde, non, on avait dû le prendre pour quelqu’un d’autre ! Cependant son professionnalisme lui soufflait que dans ce genre d’affaire tout détail en apparence insignifiant pouvait se révéler important, il décida de les suivre un moment.

Héka

Winah se jeta au cou de Murenko et le gratifia d’une véritable pelle, sous les yeux amusés d’Héka qui l’accompagnait.

– Quelle fougue ! Je te présente Héka. Il faudrait nous héberger.
– Enchanté, mademoiselle, une chambre pour deux.
– Non, deux chambres séparées répondit Héka.

Winah conduisit Murenko d’abord à sa chambre, puis Héka.

– Ah ! Zut la chambre n’est pas faite, et mon assistante est occupée, je vais faire le nécessaire.

Héka s’affala dans un fauteuil, tandis que la grande black mettait un peu d’ordre dans la chambre. Un moment elle ouvrit le tiroir du chevet.

– Le client a oublié un joujou ! Commenta-t-elle en exhibant un magnifique godemichet très réaliste.
– C’est rigolo, ça faite voir !
– Tenez ! Si vous le voulez, je vous l’offre ! Répondit Winah en plaisantant.
– Pourquoi pas, ça me fera de la compagnie !
– Hi ! Hi !
– C’est très bien les godes, ça ne tombe pas amoureux, ce n’est pas collant.
– Vous avez raison

En fait, Héka était tout émoustillée par la vue de ce sex-toy, elle avait hâte de l’essayer, mais il fallait attendre que Winah ait fini son ménage. Alors elle porta le gland factice à sa bouche et se mit à le léchouiller.

– Si vous continuez, vous allez m’exciter ! Lui dit Winah
– Il faut que j’arrête alors ?
– Je n’ai pas dit ça !

Alors puisque la blackette le prenait comme ça, Héka continua à jouer avec l’objet imitant cette fois une vraie fellation.

– Vous vous rendez compte ! Ça y est je suis toute excitée maintenant ! Reprit Winah en portant sa main sur sa chatte. Je ne comprends pas, pourtant j’en ai vu et j’en ai fait des trucs, mais là, ce doit être l’insolite de la situation… et en plus vous êtes très belle.
– Vous n’êtes pas mal non plus !
– Bof, j’ai été mieux.
– Je suis sûr qu’à poil vous devez être magnifique ?
– Vous voudriez voir ?
– Bien sûr que je voudrais voir !

Winah se déshabilla en vitesse, son excitation était bien réelle elle mouillait.

– Quel beau cul ! S’enthousiasma Héka, en y portant la main pour le caresser.

Rapidement les mains s’approchèrent du sillon pour écarter les globes, un doigt s’approcha de l’anus et le pénétra.

– Continue, c’est bon !
– T’aimes ça qu’on te doigte ton gros cul, hein salope ?
– Oui, mais toi, ça ne te gêne pas de rester habillée ?

A son tour, Héka se déshabilla, s’exhiba crânement devant Winah puis lui tendit le gode.

– Tu me le mets ?

Winah s’approcha et Héka l’enlaça afin de lui lécher ses gros tétons, les deux femmes se caressaient et se pelotaient mutuellement à qui mieux-mieux. L’une et l’autre finirent par promener la main dans la chatte humide de l’autre. Puis comme demandé, la blackette introduisit le gode dans le vagin trempé d’Héka et le fit aller et venir en d’énergiques va-et-vient

– Tu continues un peu comme ça et après tu me le fous dans le cul !

C’est donc à l’anus d’Héka d’être pilonné à son tour. Alors pendant que le gode la sodomise, elle s’astique le clitoris et finit par jouir bruyamment.

– Et maintenant tu t’occupes de moi ?
– Bien sûr, tu veux le gode ?
– Je préférerais ta langue !
– Ce n’est pas un souci.

Héka écarta les nymphes de la sculpturale blackette et se régala de ses sucs avant de prendre entre ses lèvres le gros clitoris érigé et de le balayer de la langue jusqu’à ce qu’elle jouisse. Les deux femmes s’embrassèrent ensuite très tendrement.

– T’es portée sur les femmes ? Demanda Winah !
– Non, je suis plutôt porté sur les hommes, mais je ne déteste pas le changement.

Une demi-heure plus tard, alors qu’elle était seule dans sa chambre, on frappa à sa porte, elle ouvrit à un type qu’elle n’avait jamais vu.

– J’étais l’occupant de cette chambre, je me suis rendu compte que j’ai oublié quelque chose ? J’ai demandé à la réception, mais on ne leur a rien signalé.
– Ah, oui, et c’est quoi ?
– Euh, quelque chose de très intime…
– Très intime ? Ben non je suis désolé.
– On me l’a volé, les gens deviennent de plus en plus malhonnêtes !
– Ah, ça je ne vous le fais pas dire ! Au revoir Monsieur.

Schlumberg

Schlumberg demanda à ses deux frères de filer les trois jeunes gens pendant que lui s’occuperait de Zacharie, il voulait savoir où cet individu avait ses quartiers s’il était ensuite nécessaire de le retrouver, il eut donc la surprise de constater que Zacharie reprenait sa filature, l’idée qu’il suivait en fait ses propres frères ne l’effleura pas. Cela n’avait aucun sens ! Pourquoi continuer une filature classique alors qu’ils se baladaient avec un émetteur sur eux ? A moins que sa tentative au drugstore ait échoué ? Cela commençait par faire trop de questions pour une affaire aussi simple. Schlumberg prit alors contact avec Winah :

– Pas d’intervention physique sur les trois gars tant que le tueur est en action. Essayez de le mettre H.S. pour une heure ou deux, profitez-en pour récupérer son émetteur, puis continuez le plan ! Répondit l’immense gérante noire, on essaiera de comprendre après !

Un ordre par radio aux deux Curiaces. Ça ne traîne pas. A la première rue à droite, ils se postent en embuscade, tombent à bras raccourcis par derrière sur Zacharie qui perd quelques instants à moitié connaissance. Le second Curiace se carapate tandis que le troisième dépouille sa victime en quelques secondes avant de disparaître à son tour. C’est donc Schlumberg qui changeant de cible et tout en restant en liaison radio avec ses frères reprend alors la filature du groupe des trois.

Un petit attroupement se forme, deux ou trois personnes réconfortent Zacharie qui se demande ce qui lui est arrivé. Ce genre d’agression est rare, ici, du moins sous cette forme… Est-ce que quelqu’un les a reconnus ? Non personne ne semble les connaître ! Il constate qu’on lui a fait les poches, qu’importe, il n’y avait rien de très important, le récepteur lui permettant de rester en contact avec sa cible étant resté chez lui. Il est persuadé désormais que les deux incidents sont liés et qu’ils sont en rapport avec la traque, dans ce cas ces individus se figurent donc avoir cassé la filature, et c’est très bien ainsi. Il s’éloigne du lieu, sa tête lui fait mal, horriblement mal…

Schlumberg voit entrer les astronautes au bar du destin. Il ne comprend toujours pas leur attitude, mais d’un autre côté, tant qu’ils ne s’approchent pas du bar de Winah avec leur émetteur il n’y a aucun péril. Il fait alors l’erreur de se poster au bar d’en face plutôt que de pénétrer dans l’établissement reportant son intervention pour plus tard. Il prend contact avec ses frères, ceux-ci l’informent qu’ils n’ont trouvé en dépouillant Zacharie ni le récepteur, ni quoi que ce soit permettant de localiser l’endroit où il habitait. Ils demandent à ses frères de continuer à le suivre. Deux heures plus tard, Leiris, Enzo et Morgan n’étaient toujours pas sortis. Schlumberg décida alors de se livrer à une petite visite au bar « par sécurité ». Horrifié, il constata alors que les oiseaux s’étaient envolés ! Impossible pourtant ! S’abritant derrière le frêle espoir qu’ils soient partis aux toilettes ensemble (quelle idée ?), il s’assit, attendit… En vain bien sûr. Donc deux solutions : ou bien ils connaissaient le patron qui les cachait, ne serait-ce que provisoirement ou alors ils avaient réussi à sortir sous un déguisement. Sa mission était donc un échec l’émetteur n’était pas récupéré, et la filature n’était pas coupée. Il appela Winah qui lui passa un savon.

Le bar du destin

Leiris et ses compagnons eurent quelques craintes pendant le débarquement, mais il ne se passa rien.

En d’autres circonstances, il aurait sans doute tiré un profond plaisir de fouler le sol d’une planète située si loin de la Terre, mais pour l’instant c’est l’angoisse qui dominait. Les formalités de débarquement effectuées, ils se retrouvèrent vite en ville. La ville des plaisirs semblait faire honneur à sa réputation du moins dans son apparence extérieure. Immenses panneaux vidéos ventant de façon suggestive les mérites des établissements locaux, délires lumineux en tout genre, bordels, restaurants, bistrots, salles de jeu et de spectacle divers, clubs en tous genres, entrepôts où on trouve de tout, déluge de couleur, dans l’enchevêtrement de rues construites par une association d’architectes fous…

Ils se rendirent assez vite compte qu’ils étaient suivis, cela voulait dire que le tueur était déjà sur leur piste. Voilà qui faisait froid dans le dos. Mais conformément aux instructions de Palinsky, ils ne tentèrent rien pour le semer. Ils se rendirent donc au « bar du destin », puisqu’il s’appelait comme cela et qu’une tradition bien ancrée voulait que l’on y boive le premier verre de la terre ferme après le débarquement du vaisseau. L’établissement était enfumé et mal éclairé, Leiris fit ce que lui avait conseillé Palinsky, un séjour très décontracté vers les toilettes afin de récupérer les billes, puis passer par les appartements privés afin de repérer les lieux et de tester la porte, si quelqu’un s’étonnait de sa présence, il lui fallait dire qu’il connaissait Vardel, le tenancier.

Le bar du destin n’était pas précisément un bordel mais il embauchait quelques gagneuses. Elles se contentaient de faire un strip-tease qui n’allait d’ailleurs pas jusqu’au bout, puis se branchaient un client, le cas échéant l’affaire se terminait dans l’arrière salle. Voilà qui faisait du spectacle pour nos trois paumés. Une jolie blonde était en train de virevolter au son d’une musique peu discrète. Elle eut tôt fait de se retrouver la poitrine à l’air exhibant des seins de dimensions moyennes mais dotés de tétons bien dessinés. Après quelques mouvements lascifs, elle tenta sa chance auprès d’un homme qui l’envoya bouler de façon fort peu aimable. L’un des gorilles de l’établissement s’avança alors vers le râleur qui se confondit en excuses, il n’y eut pas d’incident. La belle blonde cherchant alors un autre client potentiel ne trouva rien de mieux que de venir à la table de nos trois « héros ».

– Alors les gars, on vient d’atterrir ?
– Ben oui !
– Ça fait du bien d’être sur la terre ferme, hein, ça doit vous manquer le sexe là-haut ?

Leiris ne répondit que d’un sourire. Que répondre sinon ? La fille s’assit carrément sur ses genoux.

– Hum tu m’as l’air fatigué, je peux te proposer quelque chose de très relaxant tu sais ! D’accord ?
– Merci !
– Je fais un prix pour les trois si vous voulez, allez venez, on va bien s’amuser !

Devant l’absence de réponse, la fille se redressa de façon à approcher son téton de quelques centimètres de la bouche du jeune homme.

– Tu peux l’embrasser, je me laisse faire !

Leiris esquissa un timide baiser sur le téton ainsi offert.

– Ouvre la bouche !

La danseuse lui mettait maintenant carrément son téton dans la bouche.

– Lèche ! Hum, oui comme ça c’est bon !

Elle se releva.

– Bon, tu viens c’est juste derrière !
– J’ai pas d’argent !
– Déconne pas, tu viens d’arriver, tu viens de toucher ta solde.

Si la fille devenait collante, cela pouvait poser des problèmes, pourtant la réalité était bien là, les quelques crédits que leur avait laissés Palinsky s’étaient envolés dans l’achat des godasses, la location des chambres. Il restait bien de quoi boire quelques verres, mais pas de quoi faire l’amour avec une professionnelle.

– Ecoutez, je ne vais pas vous raconter ma vie, mais je vous assure qu’on n’a pas d’argent.
– Vous allez faire comment pour vivre pendant l’escale alors ?
– On sait pas, on va voir !
– Vous ne savez pas mentir, regarde c’est tout dur tout ça ! Ajouta-t-elle en portant sa main sur la braguette gonflée d’excitation du jeune homme. Allez, je vous laisse, mais je reviendrais tout à l’heure, je suis sûr que vous aurez changé d’avis !

Ouf ! Et la voilà parti, nous sans avoir fait un petit bisou sur le coin des lèvres de Leiris. Elle jeta un regard circulaire sur les consommateurs. Non loin de là un type l’appela, il avait sorti son sexe et se masturbait. Mutine, elle remit son soutien-gorge, s’approcha de l’homme, empocha l’argent qu’on lui tendait, puis s’accroupit en face de lui pour lui coincer sa verge quelques instants entre ses seins, avant de lui passer un petit coup de langue sur le gland. Un autre type se pointa derrière et commença par lui peloter les fesses, elle se laissa faire, mais que quelques instants avant de l’envoyer promener. Puis elle entraîna son client hilare en lui tenant le sexe de sa main jusqu’à l’arrière salle…

– Bon on va se rafraîchir ! Proposa Morgan se levant pour quitter l’établissement.

Ils se rendirent ensuite dans un hôtel afin d’y louer des chambres, cela simplement afin de brouiller les pistes, le suiveur croirait ainsi avoir leur adresse et devrait (peut-être) par conséquent lâcher la filature…

Pourtant en sortant, on les filait encore, voilà qui ne présageait rien de bon pour la suite. Le plan de Palinsky était-il si bon que ça ? Quant à celui de Murenko ils n’y pensaient même pas. Ils achetèrent comme prévu des chaussures de marches au drugstore. Ils ne firent pas le rapprochement entre la petite bousculade entre les rayons et le tueur… mais toujours est-il qu’en sortant, celui-ci ne les suivait plus ! Incompréhensible ! Par précaution, ils décidèrent malgré tout de faire des tas de détours.

Ils n’avaient rien d’autre à faire avant l’heure de cette fameuse marée basse… Revenant au bar, ils acquirent la quasi-confirmation que le tueur à gages ne les avait plus suivis, mais ils restèrent sur leurs gardes, meublant la conversation des pires banalités afin de se garder de renseigner quelqu’un qui enregistrerait à distance leur propos.

Le moment venu, Leiris se dirigea vers les toilettes, changea ses chaussures et ne sachant que faire des anciennes s’en débarrassa en les balançant par une petite lucarne, puis il traversa un couloir, abaissa le levier d’ouverture de cette porte qui ne pouvait s’ouvrir que dans ce sens et se retrouva dehors… Ses deux compagnons le rejoignent l’un après l’autre dans les minutes qui suivirent après avoir procédé de la même façon.

Le chemin de l’exil

La marée basse provoquée le petit satellite de la planète avait devant eux avait dégagé une étroite bande de terre menant à l’île des exclus. Ils s’y engagèrent le cœur battant redoutant qu’on leur tire dessus d’une des lucarnes donnant de ce côté… Ils furent rassurés en atteignant l’île, la suite était simple, il fallait se diriger vers les pentes de la forêt et monter, ils montèrent donc. La tombée de la nuit les surpris rapidement. Ils décidèrent donc de se reposer auprès du tronc d’un arbre gigantesque. Palinsky leur avait dit qu’ils n’avaient rien à craindre de la faune locale, hormis des espèces de lézards insolents qui s’amusaient à vous sucer le sang, mais qui détalaient à toute vitesse à la moindre réaction. Malgré tout, ils instituèrent des tours de gardes, et c’est très mal reposés, et le ventre creux que le lendemain matin, ils reprirent leur exode.

Auparavant Leiris s’isola, mit en contact l’une après l’autres les trois billes magnétiques que lui avait confié le navigateur du vaisseau avec le mini lecteur et en pris connaissance : la première donnait quelques sommaires indications sur la façon dont il faudrait qu’ils progressent dans cette improbable forêt. La deuxième était partiellement codée, elle était destinée à la personne qui devait les accueillir, quant à la troisième elle contenait notamment une adresse sur Vargala, où on était censé lui délivrer un certain nombre d’objets et de documents ayant appartenus à Palinsky contre un code. Il était précisé qu’il ne faudrait s’y rendre que lorsque tout danger serait écarté. Leiris se posa des questions en ce qui concerne cette troisième bille, car enfin, Palinsky n’était ni mort ni en danger de l’être. Malgré tout il en apprit seul par cœur le contenu avant de la briser entre deux cailloux, tout en se disant que ce n’était jamais que la seconde adresse qu’on lui demandait de mémoriser. Fouillant dans sa poche, il ressortit alors le papier que lui avait confié Murenko, sans en regarder le contenu, il en fit une boulette et l’abandonna, n’ayant pas suffisamment confiance en ce dernier.

Zacharie (2)

Zacharie est sonné, il a terriblement mal à sa tête, aussi la première chose qu’il fit fut de s’enquérir d’un médicament. Une fois la chose faite, il lui fallait faire le point. Il était donc clair que les trois zigotos étaient protégés et qu’on avait essayé de casser la filature. Il ricana en repensant à ses poches vides, ce qu’on lui avait volé n’avait strictement aucune importante. Son peigne ! On lui avait même piqué son peigne ! N’importe quoi ! Des amateurs ! Des amateurs qui pensaient avoir réussi leur mission mais qui allaient vite déchanter… il décida néanmoins par précaution d’effectuer un immense détour avant de rentrer chez lui. Demain il prendrait contact avec l’émetteur, toutes les conversations du groupe seraient enregistrées, et s’ils changeaient d’hôtel, il le saurait aussi. Quand il en aurait appris assez sur eux, il les piégerait, les entraîneraient à l’extérieur de la ville (puisque à l’intérieur le droit de vie ou de mort n’appartenait qu’à la mafia locale), puis là, il terminerait le travail. Il n’entendait pas suivre vraiment à la lettre les instructions de Jerko qui souhaitait pour les victimes une longue et angoissante traque, non, il se débarrasserait de la « corvée » dès son commanditaire reparti dans les espaces intersidéraux.

Le lendemain en fin de matinée, Zacharie brancha l’émetteur, il localisa facilement son emplacement, le « bar du destin ». Il augmenta le volume sonore, mais n’obtint qu’un curieux bruit de fond, comme une sorte de ventilation mécanique. Bizarre ! Il fit un retour arrière, il n’y avait aucune parole d’enregistrée, et la localisation était toujours la même. Voilà qui était intrigant, ils étaient donc restés toute la nuit dans ce troquet, celui-ci ne possédait pas de chambre d’hôtel, il fallait donc supposer qu’ils étaient ronds comme des queues de pelles et qu’ils n’avaient pas fini de cuver. Il ne refit une tentative qu’en début de soirée, la localisation n’avait pas changée et restait toujours aussi silencieuse. Voilà qui commençait à être troublant. Qui étaient donc ces types ? Il envisageait toutes sortes d’hypothèses, un contrat parallèle exécuté par la mafia à moins qu’ils soient simplement des amis de Vardel, le gérant de ce bar. Il se rendit donc sur les lieux. Un rapide regard circulaire dans la salle ne lui apprit rien, il se renseigna pour savoir si des événements bizarres avaient eu lieu la veille, et devant la réponse négative entreprit de s’enfermer dans les toilettes pour actionner l’émetteur. Ils se cachaient donc ici, mais cela n’expliquait pas leur silence. Dans la cabine, l’appareil repéra sa cible à moins de deux mètres. Moins de deux mètres ? Ils étaient donc dans un local mitoyen… Mais dans quel état ? Fort ennuyé, agacé même, sa curiosité fut attirée par une petite fenêtre assez haute perchée et très légèrement entrouverte. Se hissant sur la cuvette, il se pencha vers l’extérieur… Et y découvrit alors complètement stupéfait, trois paires de chaussures gisant par-dessus un tas d’objets hétéroclites. Zacharie se perdait en conjectures, changer de chaussures ne présentait aucun inconvénient pour son plan, à condition toutefois que son propriétaire ne les abandonne pas ! Que fallait-il en déduire ? Qu’ils l’avaient repéré quand il avait planté l’émetteur ? Impossible, sauf à avoir affaire à des individus d’une intelligence supérieure ! Oh, ça devenait compliqué cette affaire-là, mais la situation n’avait rien d’irréparable, certes, il y avait du monde sur Vargala, mais il était toujours possible d’y retrouver quelqu’un ! Zacharie fit un nouveau retour arrière sur l’appareil dans l’espoir que les conversations enregistrées lui apprendraient quelque chose…

Au drugstore, ils avaient acheté des chaussures ainsi que d’autres objets, cela levait donc l’hypothèse d’un incident quelconque, mais pourquoi cet achat ? Les trois jeunes gens avaient cherché leur chemin pour se rendre au bar des adieux, ils avaient donc rendez-vous avec quelqu’un ! Mais l’enregistreur n’en avait aucune trace ! Le rendez-vous avait donc eu lieu après qu’ils aient abandonné leurs chaussures ! C’était quoi cette histoire ?

– Alors mon grand, tu m’as l’air d’avoir de soucis ! Dit la belle blonde en s’approchant !
– Oui je recherche trois copains qui viennent de débarquer et je n’arrive pas à les retrouver !
– Ah ! C’est embattant ça ! Mais tu vas finir par les retrouver, il n’y a pas de raison, tu ne veux pas que je te fasse un petit truc en attendant ?
– T’aurais pas vu trois mecs… attend je vais te montrer les photos….
– Mais mon chéri, je ne vois jamais personne, et je n’ai aucune mémoire !
– Et si je te donne un peu d’argent !
– Si tu me donne de l’argent je te suce, tu me baises, mais je ne bave pas…
– Et si je te donne beaucoup d’argent ?
– Plus c’est cher plus c’est dangereux… et puis ça ne sert à rien je n’ai pas de mémoire…

Et elle tourna les talons.

Il maudit la fille, elle aurait pu lui permettre par ses renseignements d’écarter certaines hypothèses… mais il n’insista pas ! Il réfléchît encore : soit il y avait une autre sortie, soit ils étaient sortis déguisés, soit ils étaient cachés chez Vardel le propriétaire. La dernière hypothèse était ennuyeuse, d’autant que Vardel semblait lié à la mafia locale. Il pouvait y avoir ici des caves, ou autres pièces bien camouflées. Il ne voyait pour le moment aucun plan pour exploiter cette piste. Quant aux autres… Il ne lui restait plus qu’à se mettre en chasse, à effectuer une enquête, classique et fastidieuse, lui qui pensait être peinard ! De plus il lui faudrait attendre le départ de Jerko, il ne tenait pas à ce que celui-ci apprenne que son gibier l’avait semé.

Le camps des exclus

Arrivé en haut de la colline, il fallait en repérer une autre beaucoup plus grande, « la colline grise » et se diriger dans sa direction, c’est ce qu’ils firent, le chemin qu’ils avaient pris était tout sauf un raccourci. Ils passaient leur temps à monter et à descendre des reliefs, remplis de végétations touffues et ils arrivèrent au soir de la seconde journée sans avoir atteint leur but, mais les vêtements déchirés par les ronces, la peau attaquée par des plantes mettant à mal leur épiderme non habitué. C’est après une deuxième mauvaise nuit dans cette forêt qu’ils se dirent que quelque part la chance ne les avaient peut-être pas tout à fait abandonné, il se mit à pleuvoir des torrents d’eau à leur réveil, ils s’abritèrent auprès d’un tronc d’arbre, retrouvant les gestes ancestraux quand les éclairs se faisant menaçants, en se couchant par terre, dans la boue dégoulinante, mais ils purent enfin boire. Ce déchaînement climatique dura plus de neuf heures, sans manger, et les nerfs à vifs.

– Dans quelle merde tu nous as foutu ! Finis par lancer Morgan à l’adresse de Leiris.
– Et alors, t’étais d’accord, non ?

Leiris, mais aussi Enzo, aussi su à ce moment-là que très vite Morgan se détacherait du groupe que formaient les trois hommes… La pluie cessa enfin, laissant le sol de la forêt boueux et dangereux, sans doute à certains endroits, cette boue devait être mouvante et engloutir les malheureux qui s’y aventuraient sans précautions.

Bizarrement, la chaleur devint vite torride, des volutes de fumée se créaient au sol de la forêt, pour partir en tornade blanchâtre dans l’atmosphère de la planète. Faute d’expérience, ils ne trouvèrent rien à manger, et leur soif ne fut apaisée qu’en léchant les feuilles gorgées d’eau. La pénible progression vers la colline grise reprit quand soudain venue de nulle part une voix aboya :

– Vous tentez de pénétrer en zone interdite : éloignez-vous immédiatement de ce lieu sauf si vous souhaitez que l’on vienne vous chercher, auquel cas, débrouillez-vous pour actionner une nouvelle fois le système de sécurité.

C’est ce qu’ils firent provoquant un nouveau message :

– Attention si vous réactivez une nouvelle fois le système de sécurité, il pourrait devenir extrêmement dangereux pour vous, ne touchez donc à rien, et attendez notre venue, cela pourra prendre plusieurs heures suivant l’endroit où vous vous trouvez !

Ils attendirent donc et ce n’est qu’à la tombée de la nuit, que trois hommes armés de matériel lourd firent leur apparition.

– Vous êtes combien ? D’habitude on a affaire à des mecs seuls !
– Trois.

Le type dirigeant le commando eut l’air ennuyé.

– Et pourquoi cette soudaine envie de venir chez vous ?
– On a une recommandation ! Répondit Leiris en tendant la bille magnétique. S’il vous plait, vous n’auriez pas un truc à manger ?

Le responsable du commando cessa de discuter et actionnant ses appareils, les fit d’abord passer en zone interdite, puis consentit à leur donner quelques insuffisantes tablettes nutritives.

Deux heures de marches plus tard, ils arrivèrent en haut d’une colline clairsemée. En guise d’habitation on trouvait des blocs en plastiques cylindriques renversées sur leurs champs, ceux-ci avaient longtemps servi à des transporteurs à véhiculer de la viande congelée ; depuis peu ces contenants avaient été abandonnés et remplacés par des matériaux autodégradables.

Ils furent présentés à Doria le chef de la communauté. Celui-ci devait peser ses 150 kilos de graisse, son visage déformé par l’obésité se caractérisait par une calvitie bien astiquée.

– Alors qu’est-ce que vous avez fait comme connerie ?
– Mutinerie !
– Rien que ça ! Et vous en êtes sortis ? C’était qui votre capitaine ?
– Jerko
– Hein ! Et puis d’abord j’ai un copain à son bord, Hermann Palinsky ! J’espère que vous ne l’avez pas touché ?
– Non, au contraire, c’est notre ami et justement je vous apporte de ses nouvelles ! Répondit Leiris lui tendant alors la bille magnétique.

A ces mots Doria introduisit la bille au-dessus d’un lecteur approprié.

– Attention fichier protégé, veuillez-vous isoler et répondre à la question d’identification…

Doria marmonna quelque chose fit un effort pour se lever de son siège et disparu dans un local voisin, pour réapparaître 5 minutes plus tard.

– Ainsi Palinsky se prétend mon ami, c’est un scoop ! Il faut pas exagérer, un copain certes, mais pas un ami, je ne lui dois rien !

Leiris sentit sa gorge s’assécher, que cherchait ce type ?

– Enfin quelque fois on a des « amis surprises » ! Continua le gros homme.
– Pourtant il vous estime beaucoup, bluffa Leiris !
– Ne mentez donc pas, il n’a pas pu vous parler de moi, on se connaît à peine, il m’a un jour rendu un petit service, et je lui ai rendu la pareille, nous sommes quittes, je vous ai dit, je ne lui dois rien !
– Mais alors…
– Alors, je peux avoir pitié de vous, après tout, affronter Jerko n’est pas à la portée du premier venu, vous avez fait quelque chose d’étonnant. Aussi je veux bien vous protéger, mais il faut payer le droit d’entrée.
– On n’a rien !
– Si vous avez quelque chose, votre sexe, jeunesse et le fait que vous soyez nouveau ici.

Leiris et ses compagnons commençaient à sentir le roussi de la situation.

– Enfin, d’abord on est complètement crevé et on a plus envie de dormir qu’autre chose, ensuite un type vous demande de nous protéger au nom d’une amitié ancienne, vous n’en avez rien à foutre et vous aller nous imposer quoi au juste…

Le visage de Doria devint l’espace d’un instant blanc comme de la craie, ses narines se rapprochèrent de l’arête du nez, et Leiris cru bien avoir dit la connerie à ne pas dire.

– Hé, mec, si t’es pas content, je te fais reconduire, toi et tes lascars, à la sortie de MON territoire, non seulement on va t’escorter à notre façon, mais après je ne vous donne pas trois jours avant de tomber dans les pattes des tueurs de Jerko, C’est comme vous voulez ! Alors on accepte mes conditions, oui ou non ?

Leiris vaincu ne releva pas mais ne répondit pas non plus…

– OK je vois que ces messieurs sont récalcitrants, on va vous faire un brin de reconduite…
– Non arrêtez, je vous en supplie…
– Ça veut dire que vous êtes d’accord, je suppose ?

Leiris se tourna rapidement vers ses compagnons d’infortune. Enzo fit une sorte de geste exprimant par là qu’ils ne pourraient pas faire autrement tandis que Morgan restait sans voix.

– D’accord on accepte, on est bien obligé !
– Vous êtes trois, deux d’entre vous vont me donner un petit spectacle spécial, je vous laisse improviser, mais ce sera du sexe bien sûr… et le troisième viendra à côté de moi pour me câliner un peu.

Blêmissement général des trois hommes.

– Je vous laisse vous concerter trois minutes !

Doria disparu pour la deuxième fois derrière une teinture qui ne devait rien dissimuler de leurs propos, ils en furent donc réduits à chuchoter.

– Marre de leurs conneries, je me tire ! S’exclama Morgan au bord de la crise de nerf.
– Et tu vas aller où ?
– Je m’en fous j’en ai marre de tous ces pédés…
– Mais tu n’iras nulle part !
– J’m’en fous.

C’est Enzo qui essaya de calmer le jeu

– Ecoute Morgan ! Tu fais ce que tu veux de ta vie, mais tu ne mets pas la nôtre en danger d’accord !
– Je ne veux pas jouer les pédés, j’en ai marre.
– On ne va pas te tuer à ce que je sache, fait comme si c’était un bizutage… Tu considères que c’est un mauvais moment à passer et tu fais avec…
– Je ne veux pas…
– Au bout il y a notre vie et notre tranquillité, alors arrête de sublimer ton trou du cul, de toute façon cela m’étonnerait qu’on y touche.
– Non !
– Alors dis-le ! Assume-le fait que dans quelques heures on va nous foutre dehors et que l’on en aura plus pour longtemps
– Je n’ai pas dit ça !
– Mais merde, on n’a pas le choix !
– Bon, mais je veux qu’après on n’y fasse jamais aucune allusion, jurez le tous les deux et je veux de l’alcool ça m’aidera !
– Bon d’accord on jure !

Doria revint, rigolard

– En principe la consommation d’alcool est contingentée, mais bon ! Buvez cela !

Seul Morgan accepta le breuvage et s’en enfila une longue rasade.

– Bon, je suis impatient de m’amuser, vous avez une demi-heure pour vous préparer, allez prendre une douche, vous puez la charogne…

Doria demanda ensuite à l’un de ses acolytes d’assister les trois jeunes gens dans cette tâche. Leiris faillit dire qu’ils étaient assez grands pour savoir prendre une douche tout seul, mais se ravisa.

On leur demanda de se raser, non seulement le visage mais aussi tout le reste, une crème dépilatoire ultra rapide eu raison en quelques minutes de leur pilosité. Ensuite après la douche, on leur mit une perruque sur la tête, on les maquilla sommairement avec du rouge à lèvres couleur « cerise », du fard à joue, du bleu à paupière… Enzo et Leiris se laissaient faire, peu rassuré sur la suite mais surtout inquiet des éventuelles réactions de Morgan qui pouvait péter les plombs d’un moment à l’autre. Puis pour finir on les parfuma et on les habilla de petite jupettes d’un blanc diaphane, censées probablement donner un cachet « grec antique »…

C’est dans cet accoutrement qu’on les reconduisit auprès de Doria. Leiris se rendit compte à ce moment-là qu’ils n’avaient pas eu le temps de se répartir les rôles. C‘est donc à toute vitesse qu’il se précipita auprès du gros lard, s’évitant ainsi un contact qu’il appréhendait avec Enzo.

– Pas de bol, je récolte le moins mignon !

Leiris négligea la vanne, et pour preuve de bonne volonté plaça d’emblée sa main à l’endroit où devait se trouver le sexe du gros porc.

– Ben voilà ! Ne te presse pas, on a tout notre temps ! Bon alors tous les deux vous démarrez où il faut que j’appelle du monde pour vous aider ?

Enzo s’acharnait à essayer de dégager les mains de Morgan qu’il avait placées en coquille devant son sexe.

– Calme-toi ! Bon sang ! Ou alors je t’assomme et je te viole ! Menaça Enzo. Tu étais d’accord, tu ne vas pas revenir en arrière ! Allez hop enlève-moi ces mains !

Morgan finit tout de même par se retrouver la quéquette à l’air, se demandant ce qu’il fabriquait ici. Enzo se mit donc à le masturber, mais à moitié assommée par un trop forte rasade d’alcool comme il l’était, il ne produisait aucune réaction. Comme Doria commençait à grogner, le jeune homme changea de tactique, retirant sa jupette, il entreprit de se masturber lui-même en entamant une sorte de danse lascive où il exhibait ses fesses et son anus de façon obscène. A ce point que Leiris en était gêné. Par contre ce dernier sentait le sexe de Doria grossir de façon significative sous ses doigts tant et si bien qu’il décida de lui faire prendre l’air de façon à le masturber de façon plus naturelle. Enzo craint un moment qu’on puisse faire payer à Morgan sa mauvaise prestation, aussi il revint vers lui, le fit se coucher sur le sol, et devant l’échec de sa nouvelle tentative de masturbation, il approcha sa bouche et se mit à le sucer. L’autre grogna.

– Ta gueule ! Je suis en train de te rendre service, connard, alors tu fermes les yeux tu t’imagines que c’est une femme qui te suces, tu ne la ramènes pas, et tu essaies de bander, d’accord ?

Pendant ce temps, Leiris continuait de branler le gros Doria, son sexe avait maintenant une belle apparence. Quand il sentit qu’on poussait sa tête vers le gland offert, il ne résista pas, le prit dans sa bouche, et commença à le lécher…

A force de savoir-faire, la bite de Morgan avait, elle aussi, finit par bander. Pressé d’en finir, Enzo pompait tant qu’il pouvait. Le spectacle de cette jolie fellation ajouté à celle que Leiris lui prodiguait finit par faire jouir Doria qui lâcha quelques gouttes de sperme dans la bouche du jeune homme. Du coup Enzo arrêta la sienne, puis saisit d’un mouvement d’humeur il reprît la bite de son compagnon dans la main et la masturba jusqu’à ce qu’elle crache à son tour.

Doria affichait une mine satisfaite, il se dit qu’il était vraiment le roi des salopards. Il savait Palinsky, homme de parole, et la récompense que lui promettait ce dernier pour s’occuper de ses petits protégés était loin d’être négligeable, encore fallait-il respecter le contrat. A aucun moment il n’avait donc envisagé sérieusement de reconduire les jeunes gens, s’ils s’étaient obstinés dans leur refus de se plier à ses fantaisies, il s’en serait sorti par une pirouette du genre « allez, je suis bon prince, je vous fais une fleur, c’est mon jour de bonté, on va vous garder quand même. »

Héka au club des trois cercles

Héka n’aimait pas cette planète, le port de Vargala Station avait été conçu par des hommes et pour des hommes. Certes il y avait désormais des endroits pour les femmes, mais ça n’allait pas bien loin, piscines, clubs mais aussi quelques boites très spéciales. Elle aurait pu partager la chambre de Murenko, mais ce n’était pas son genre, trop indépendante pour supporter un homme à longueur de journée même si celui-ci lui avait formellement promis d’en faire la seconde de son vaisseau…. Mais il lui manquait la compagnie des hommes. Elle aimait se sentir désirable, aimait qu’on bande pour elle, qu’on la sollicite, qu’on devienne fou de son corps. C’était son truc et elle pouvait difficilement s’en passer…

Au bout de quatre jours dans la ville, elle n’y tenait plus ! Elle revêtit une combinaison vert fluo extrêmement moulante, se drapa dans une cape afin de ne pas provoquer une émeute dans la rue puis se dirigea vers le club des trois Cercles.

La conception de cet établissement lui convenait très bien. Il s’agissait d’une immense salle dans laquelle trônait en son milieu un bar circulaire où l’on distribuait des boissons. Un second cercle délimité au sol par un revêtement bleu était une zone de danse et de drague, quant au troisième cercle, le plus excentrique, des matelas y étaient disposés pour conclure les rencontres qu’on y faisait.

Héka déposa sa cape au vestiaire, puis elle ouvrit la fermeture de sa combinaison jusqu’au nombril afin que l’on puisse bien voir ses seins. Elle se dirigea vers le bar, et commanda un mélange épicé qu’elle commença à siroter en attendant la suite. Ça ne tarda pas, un premier bellâtre au visage de jeune premier avec une musculature d’enfer vint lui faire un sourire qui se voulait d’invitation.

– Dégage !

Le mec disparut après avoir haussé les épaules. Un second tenta à son tour sa chance, elle l’éconduit de la même façon, le jeu commençait à lui plaire, Elle détestait les « hommes objets ». La seule chose qui l’intéressait c’était leur bite, et pour cela elle n’avait nul besoin qu’on lui exhibe des biceps, des pectoraux et autres tablettes de chocolats, elle n’avait nul besoin de regard ténébreux ou de sourires aux dents trop blanches…. Elle s‘amusa à humilier ainsi une bonne douzaine de mecs qui se prenaient pour des dieux du stade. La faune finit par se calmer, elle pouvait maintenant passer à la seconde phase de l’opération.

Elle parcourut le cercle bleu s’amusant à dévisager les mâles qu’elle croisait, elle en cherchait des quelconques, des ordinaires, car c’est cela qu’il lui fallait, des mecs qui n’en pouvaient plus, qui se demanderaient quelle chance ils avaient aujourd’hui de tomber sur une telle femme et qui pour elle, étaient prêt à faire (ou du moins à essayer) n’importe quoi !

Elle en trouva un premier, lui adressa un sourire, le type lui rendit un peu surpris, Héka lui mit alors la main sur la braguette !

– Tu me plais bien, toi !
– Moi ?
– Ben oui, toi ! Suis moi à distance, je recherche encore quelques mecs, mais toi tu vas pouvoir me baiser

Elle continua son petit tour, se ramassa ainsi six paumés qui étaient entrés ici surtout pour regarder et en payant assez cher…. Un petit malin tenta sa chance :

– Je peux venir aussi ?
– Non, c’est moi qui choisis, tu aurais fermé ta bouche tu aurais eu ta chance, tant pis pour toi !

Sur le passage du groupe ainsi formé quelques chippendales se désolaient qu’une aussi belle femme puisse préférer la compagnie d’hommes ordinaires à la leur….

« Allez un septième, c’est mon chiffre porte-bonheur ! », se dit-elle !

Quand elle l’eut trouvé, ils allèrent tous dans la zone matelassée. Là, elle fit aligner les sept hommes en cercle autour d’elle, et leur ordonna de se dégager le sexe. Elle commença à sucer le premier avec application, elle n’était pas pressée, mais il ne fallait pas non plus qu’ils jouissent, il était encore trop tôt pour ça ! Puis au bout de cinq minutes elle passa au deuxième, et ainsi de suite… elle s’amusait à chercher leurs points sensibles, leurs zones érogènes, et exploraient leurs corps, tantôt pinçant un téton, tantôt pressant les testicules, tantôt introduisant un doigt dans un anus. Puis elle choisit la plus grosses des sept bites, demanda à son propriétaire de se coucher sur le dos et s’empala sur lui, elle fit signe à un autre de lui pénétrer en même temps l’anus ! Elle assura quelques instants la double pénétration et demanda aux cinq autres de se placer en arc de cercle devant elle. Et tandis qu’elle s’activait et qu’on la sodomisait, de ses deux mains elle parvenait à masturber les deux types placés aux extrémités de l’arc tandis que les trois du milieu de faisaient sucer alternativement. Le jeu dura un bon moment, puis, elle se dégagea, se coucha sur le dos demanda à l’un des hommes de la sodomiser mais par devant et sans lui recouvrir le corps. Et tandis qu’elle se faisait ainsi défoncer, elle donna ordre au reste du groupe de se masturber et d’arroser son corps de leur sperme, puis de leur pisse… Elle finit pas jouir dans un impossible vacarme… complètement exténuée. Certains des sept hommes la remercièrent alors pour la prestation, elle leur adressa alors le plus beau des sourires. Elle leur avait fabriqué un souvenir inoubliable, elle n’eut par contre aucun un mot pour ceux qui n’en eurent pas. Elle partit se doucher, récupéra sa cape et regagna le bar de Winah, elle passerait une bonne nuit !

à suivre

nikosolo@hotmail.com

Première publication Décembre 2004. Revu et corrigé en septembre 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Vargala Station 8 – La presqu’île des exclus par Nicolas Solovionni

  1. TransMonique dit :

    Il s’agit donc d’une confirmation ! Il y a bien des transsexuelles sur les exoplanètes. J’envoi tout de suite un e-mail à la NASA 😉 😉 ♥ ♥

  2. Forestier dit :

    Je continue ma lecture de cette passionnante saga. Ce chapitre 8 est chaud comme la braise et ne m’a pas laisser de marbre. L’introduction plutôt inattendue du fantasme transsexuel dans ce récit m’a particulièrement ravi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *