Professeur Martinov 13 – Professeur Martinov et le gaz de soumission 7 – Linda la gouvernante par Maud-Anne Amaro

7 – Linda la gouvernante

Résumé des chapitres précédents : Après la mort de Jean Laurillac, ses anciens amis se déchirent pour tenter d’obtenir ses cahiers sur lesquels il notait l’avancée de la fabrication d’un gaz de soumission. Geneviève Baur qui est en possession des dernières feuilles des cahiers tente l’expérience. C’est une catastrophe et Linda en tire les conséquences.

Lundi 7 novembre

– Béatrice, c’est Linda, je t’avais promis de te rappeler quand toute cette affaire serait terminée, alors je tiens parole. Peux-tu passer à la maison demain soir ?… et amène donc ce Monsieur Martinov, j’ai hâte de faire sa connaissance.
– Attends !

Béatrice camoufle le micro et chuchote à Martinov :

– C’est Linda Gobert, on est invités demain soir, on va enfin savoir le fin mot de cette histoire !
– C’est qui, Linda Gobert ?

Béa lui rafraîchit la mémoire.

– Bof, ça ne m’intéresse plus, vas-y seule ! Répondit le professeur.
– Tu sais qu’elle est super canon, la Linda !
– Tu m’as déjà fait ce coup-là, l’autre fois !
– Sauf que cette fois, c’est vrai !
– Dans ce cas, on va faire un effort ! Mais ça m’embête un peu ensuite pour rentrer à cette heure-là !
– Tu coucheras chez moi !

Mardi 8 novembre

Béatrice et Martinov furent accueillis par Linda, très en beauté avec un haut bien décolleté qui ne laissa pas (vous pensez bien) le professeur indifférent, et une petite jupe noire. Ils furent néanmoins surpris de constater qu’ils n’étaient pas les seuls invités.

– Je ne vous présente pas Annette Grandbillard, vous la connaissez, je crois. Voilà Christian Roisson, mon parrain, et Jérémie Quélange, artiste peintre !

Roisson devait avoir la soixantaine, très élégant dans son costume gris clair, chemise parme, sans cravate. Il serra la main du professeur et se crut obligé d’embrasser Béatrice. Quant au dénommé Jérémie, il était plutôt bel homme dans le genre biquet, mais son visage semblait maquillé. Son physique ambigu provoqua un certain trouble chez Martinov, qui voyait ressurgir de vieux et troubles démons (qu’il ne cherchait d’ailleurs pas à combattre).

– Allez asseyez-vous, on va vous raconter tout ça ! Mais avant on va boire un petit verre… Champagne ?

C’est Christian Roisson qui fit le service, sans que beaucoup de mots fussent échangés, puis Linda prit la parole.

– A notre rencontre !
– Tchin !
– C’est donc une histoire un peu longue, et je vais essayer de vous raconter tout ça de façon chronologique.
– Oui, continua Roisson, je ne vous connais pas. Linda connaît un peu mademoiselle, un tout petit peu, mais maintenant qu’elle est terminée, nous ne pouvons garder cette histoire pour nous, il faut que nous la partagions. Un peu comme dans ces films où l’on voit des types raconter leur vie au premier inconnu dans un coin de bistrot, sauf que vous n’êtes pas tout à fait des inconnus et que nous ne sommes pas dans un bistrot !
– Je n’ai jamais connu mon père, et ma mère est décédée alors que j’avais 19 ans, reprit Linda. C’est en fouillant dans ses papiers que j’ai découvert qu’on m’avait baptisée et que j’avais donc un parrain et une marraine. Je ne connaissais pas ces gens, ils ne s’étaient jamais occupés de moi et comme je n’avais aucune famille, je me suis mise à les rechercher. La marraine je ne l’ai pas retrouvée, mais j’ai retrouvé le parrain. Ça tombait bien, il était à Paris, je l’ai donc invité au restaurant.
– J’avais complètement oublié que j’avais une filleule ! Continua Christian, la mère de Linda n’était pas croyante et a simplement fait baptiser sa fille pour faire plaisir à sa propre mère. Je n’étais que son voisin de palier, et j’ai déménagé quelques mois plus tard. Ce baptême n’était qu’une formalité et ne m’engageait d’aucune façon. J’ai donc accepté l’invitation de Linda uniquement par politesse. Nous n’avions rien à nous dire !
– Mais justement le courant est passé entre-nous !
– Eh oui ! Nous nous sommes découverts mutuellement, à ce point que pour la première fois de ma vie, j’ai osé raconter ce qui m’était arrivé il y a 45 ans…

« J’étais inscrit à l’école de chimie, j’étais envahi d’acné et j’étais la risée des filles, j’en avais plus ou moins pris mon parti, quand un jour une fille m’a fait des avances ! Elle était aussi moche que moi, mais je me suis dit que vu la tronche que je me payais, seule une fille comme ça pouvait s’intéresser à moi. Et puis je me suis fait mon cinéma : Le physique, ça peut toujours s’arranger, et peut-être qu’à poil, elle n’est pas si moche que ça. La mentalité : elle traînait autour d’une bande de petits fachos et en répétait les idées et les slogans à qui voulait l’écouter. Elle était aux antipodes de mes propres convictions, mais je me disais que tout le monde peut se tromper, que tout le monde peut changer d’avis, et que ce serait à moi de lui démontrer ses erreurs. Bref, je me suis fait embobiner, d’autant qu’elle avait une technique de drague assez rapprochée qui me mettait dans un état où je ne réfléchissais plus beaucoup. Elle m’a chauffé, puis m’a proposé de conclure chez elle. J’y suis allé. C’était un piège, on m’a immobilisé. Il y avait là Laurillac et sa bande d’abrutis au grand complet. La dernière chose dont je me souviens c’est le visage haineux de cette femme me disant « On t’a bien eu connard ! ». Cette femme c’était Geneviève Baur.
J’ignore ce qu’on m’a fait, mais je me suis réveillé dans une voiture de police, revêtu d’une simple couverture. Je me suis fait insulter et humilier par les flics. Il parait que quand ils m’ont arrêté, je leur aurais dit que je cherchais un concombre ! Je n’ai balancé personne, j’avais trop la trouille. Mais je me suis juré de me venger un jour. »

Christian Roisson avala un peu de whisky avant de reprendre :

– Je n’ai jamais remis les pieds à l’école de chimie. J’ai compris rapidement que Geneviève Baur avait détruit ma vie sexuelle, j’ai eu beau faire soigner mon acné, j’étais impuissant avec les femmes. J’ai connu un premier échec, puis un second, je n’osais plus draguer par peur du fiasco au lit, alors j’ai essayé les hommes, mais ça me laissait comme un goût amer. J’ai pris des cours de dessin et je me suis mis à peindre. Puis j’ai rencontré un homme adorable, il s’est amouraché de moi et s’est occupé de la promotion de mes tableaux. On a vécu 20 ans ensemble et un jour il est mort subitement.

Il s’interrompit, essuyant une larme.

– J’ai très mal vécu cette période, mes angoisses sont réapparues, mon désir de vengeance aussi. J’ai pu retrouver les coordonnées de mes tortionnaires. Ça n’a pas été très compliqué : l’école de chimie tient un fichier des anciens élèves à peu près à jour. Puis les années ont passé, je me suis trouvé un nouveau compagnon, et tous les ans, en janvier, je vérifiais si les adresses de Geneviève Baur et de sa bande était toujours valides… Sans savoir quoi en faire… Quand j’ai reçu un courrier de Linda, j’ai accepté son invitation…

Flash-back : février de la même année.

Les clients du restaurant quittent l’établissement les uns après les autres. Linda et Christian Roisson ont terminé leur repas, bu leur café et réglé l’addition mais sont toujours attablés et n’ont pas vu la soirée passer.

– Vous êtes une sorcière, Linda !
– Une sorcière, moi ? Une gentille sorcière, alors ? Mais pourquoi serais-je donc une sorcière ?
– Parce que mon histoire, vous êtes la seule à qui j’ai osé la raconter en entier, répondit Christian Roisson, même mes compagnons n’en ont jamais rien su !
– J’ai peut-être le don de mettre les gens en confiance, à moins que ce soit l’ambiance de ce restaurant… ce n’est pas le vin en tout cas, vous n’en avez presque pas bu, c’est dommage d’ailleurs, il est excellent, je vous ressers ?
– Volontiers !
– Et après toutes ces confidences, on pourrait peut-être se tutoyer, non ?
– D’accord !
– Et cette vengeance ? Si je t’aidais à trouver ?
– Tu as une idée ?
– Pas du tout, mais admettons que je trouve le moyen d’entrer dans la vie de ces gens, on trouvera quelque chose j’en suis sûre.
– Ça me parait utopique !
– Non, je m’en crois capable ! Tu veux parier ?
– Et pourquoi ferais-tu ça ?
– Par jeu, par empathie, par sympathie… Un peu de tout ça mélangé !
– Tu es une drôle de fille l
– On me le dit souvent !
– Et si tu me parlais de toi ?

Elle le fit, mais si elle aussi avait ses petits secrets, elle n’en avait aucun à partager. Elle évoqua sa jeunesse à Montpellier, ses études à Toulouse, son master en histoire de l’art, son grand amour qui s’était transformé en une profonde déception, puis son refus de toute liaison durable avec les mecs, son penchant pour les filles. Sa montée à Paris, les contrats à durée déterminés, les petits boulots, le chômage… Elle n’évoqua cependant pas son expérience de strip-teaseuse et les relations clients qui vont avec !

– Il faudra que je voie tes tableaux !
– Ils sont à la maison, mais il y a mon compagnon.

Elle avait lancé l’idée par simple politesse, elle s’en foutait de ses tableaux, mais c’était une façon de prolonger ce contact qui allait bientôt prendre fin.

– On va peut-être s’en aller, il est minuit passé, c’est dommage, j’ai passé une excellente soirée et nos échanges ont été passionnants. Mais bon, tout à une fin !
– Tu ne veux pas qu’on se revoit ?
– Si, mais ce ne sera pas pareil !
– Qu’est-ce que tu en sais ?
– Il n’y aura plus le charme de la découverte !

Ils quittèrent l’établissement.

– Je t’offre un dernier café ? Proposa Roisson.
– C’est moi qui paye, tu as déjà payé le restau alors que c’est moi qui t’invitais. On va là… Ah, on dirait qu’ils ferment… Remarque : tu peux venir le prendre chez moi, c’est à 10 minutes de métro.

Elle avait lancé ça également par politesse, persuadée qu’il refuserait, et d’ailleurs elle se sentait un peu fatiguée.

– Juste cinq minutes alors !

Une fois dans les lieux, Roisson s’intéressa assez peu à l’appartement. Linda lui proposa un whisky qu’il ne trouva pas bon, mais il n’en fit rien paraitre.

– Tu sais que t’es trop belle, toi, tu ne serais pas ma filleule, je te draguerais !
– Filleule, parrain, tout ça ce sont des liens artificiels ! Répondit Linda.
– Il faut que je me calme, je ne sais pas ce qui m’arrive, c’est la première fois de ma vie depuis 40 ans que j’ai envie de coucher avec une fille. Je crois qu’il vaut mieux que je m’en aille.

Il se leva, s’approcha de Linda pour lui dire au-revoir.

La main de Linda s’égara sur la braguette de Christian.

– Laisse-toi faire ! Si tu ne le fais pas, tu regretteras de ne pas avoir tenté ta chance.
– Non, Linda, ce jeu est dangereux !
– Dangereux pourquoi ? Ça n’aura aucune conséquence, on a chacun notre vie, ce ne sera qu’une parenthèse, et si ça ne marche pas ça restera juste entre nous.
– Mais pourquoi cette envie, tout d’un coup ?
– Parce que je viens de comprendre que c’est toi qui a envie, mais que tu ne feras jamais le premier pas, tu as trop peur de l’échec. Alors j’ai envie de faire une bonne action. Laisse-toi faire, je m’occupe de tout !

Roisson est au pied du mur ! Il peut encore partir.

– Linda, on a trente ans d’écart !
– Et alors, on ne va pas se marier, on va juste tirer un coup, et puis on s’en fout de la différence d’âge, t’es sympa et t’as une bonne bouille. Déshabille-toi, Christian !
– Peut-être que ce serait mieux si… non rien.
– Se serait mieux si quoi ?
– Si tu te déshabillais d’abord, toi !
– Non ! Tant que tu resteras habillé, tu pourras trouver un prétexte pour te dégonfler et partir. Je suis en train de te donner une chance, je ne veux pas que tu la rates !
– Mais !
– Silence, on ne discute plus !

Le ton de Linda a changé ! Roisson la regarde bêtement.

– A poil ! Christian !

Encore, un regard, encore une hésitation.

– A poil j’ai dit !

Alors enfin, il se déshabille, enfin pas complètement, il garde son slip et ses chaussettes.

– Le slip aussi !
– Tu te rends compte que…
– Christian, s’il te plaît, en ce moment j’essaie de t’aider, alors mets-y du tiens !

Alors il le fait, et le voilà la bite à l’air.

– A moi de me déshabiller ! Regarde bien, il parait que c’est pas trop mal.

Linda a mis aujourd’hui un ensemble string et soutien-gorge noir en dentelle, et c’est revêtue de ces seuls atours qu’elle s’amuse à virevolter devant son parrain.

– Alors, ça te plaît ?
– Tu es très belle !
– Tu veux m’enlever tout ça ?
– Je… Ah, oui !

Alors évidemment comme tous les hommes, c’est par le soutien-gorge qu’il commence et bien évidemment il s’emberlificote dans les agrafes, ce doit être la première fois de sa vie qu’il fait ça. Linda n’est pas sotte et ne souhaite pas le mettre dans l’embarras.

– Attends, c’est vrai que celui-ci n’est pas facile à dégrafer, je vais le faire et après tu me l’enlèveras !

Christian est subjugué par la beauté des seins de sa filleule.

– Tu peux les toucher, les embrasser, tout ce que tu veux, je te les prête !

C’est qu’il ne se le fait pas dire deux fois le Christian : il caresse, il bécote, il lèche, il ose gober les jolis tétons bruns… et il bande.

– Eh bien, je te fais de l’effet, on dirait !
– Linda, il faut que je te dise, mon problème, ce n’est pas l’érection, c’est… c’est…
– L’éjaculation, j’ai compris ! Enlève-moi ma culotte.

Il le fait, il lui embrasse les fesses, mais s’abstient de tripoter sa chatte, se rendant compte que son manque d’expérience est abyssal.

Linda s’assoit et demande à Christian de s’approcher. Elle le branle un peu, son érection est désormais très dure. La bite est jolie, bien droite, bien nervurée, une jolie peau et surtout un joli gland.

Puis d’un coup d’un seul, elle embouche tout ça, elle joue la partition de fellation allegro, jouant des lèvres et la langue dans toutes les combinaisons possibles, s’attardant sur le méat, ce qui provoque des râles satisfaits de l’heureux homme.

– Viens, mon gâté !

Elle l’entraîne dans la chambre.

– Couche-toi sur le lit, sur le dos, j’arrive !

Un petit tour dans le tiroir pour prendre une capote. Celle-ci est posée avec art et manière sur la bite du Monsieur afin qu’il ne débandât point.

Et hop ! Linda s’empale sur la queue du parrain et commence une série de va-et-vient verticaux. Elle aurait bien voulu le regarder dans les yeux pendant l’effort, mais Christian a choisi de fermer les paupières, il est parti dans ses fantasmes, on ne saura jamais lesquels.

Linda sent comme un raidissement chez l’homme, le sang afflue sur les épaules, sur la poitrine, sur le visage aussi.

– Laisse-toi aller Christian
– Ça vient… ça vient !
– Oui, laisse toi aller !
– Humpf !
– Et bien voilà !

Crise de larmes ! Il sanglote comme un robinet, le Christian. C’est l’émotion ! Ah, ces hommes !

Linda veut éviter que maintenant, on tombe dans une phase trop intime, aussi, après avoir fait un chaste bisou à son parrain, (sur le bord des lèvres quand même), se lève-t-elle et enfile-t-elle une robe de chambre.

– Merci, merci ! Annone-il ! Quel cadeau tu m’as fait !
– Ça m’a fait plaisir ! Je te laisse te rhabiller, on va se resservir un verre, tu me rejoins ?

Linda, elle, n’avait pas joui, mais ce n’était pas « le but de l’opération ».

– Tu es où en ce moment ? Lui demanda Linda.
– Je réfléchis !

Effectivement, il semblait parti fort loin et n’avait pas touché à son verre.

– Je ne mesure pas encore les conséquences de ce qui vient d’arriver, reprit-il. Je suis d’abord devenu homosexuel par défaut, et puis j’ai eu la chance de trouver deux compagnons qui m’ont aidé à aimer les hommes. Je ne l’ai pas regretté et je crois que si j’ai réussi à jouir ce soir, c’est justement parce que je suis bien dans ma peau. En fait je me définissais comme bisexuel dans ma tête à défaut de l’être dans la pratique. Depuis tout à l’heure je suis un vrai bisexuel ! On trinque !
– Tchin ! Tu sais, ce que je t’ai proposé hier, pour te venger, j’ai super envie de le faire.
– Pourquoi pas ? Admettons que je te montre où habite Geneviève Baur, on l’identifie, et après tu fais quoi ?
– Non, ce ne sera pas cette Geneviève ! Cibler un homme, ce sera bien plus facile. Il y en a qui sont célibataires dans cette bande ?
– Attends ! Grandbillard est marié, Enguebert je ne sais pas, reste Tilleul qui est curé et Laurillac.
– On va laisser le curé de côté. Alors ce sera Laurillac. Comment es-tu sûr qu’il est célibataire ?
– Sa boite aux lettres : c’est juste indiqué « Jean Laurillac ».
– Admettons !

Deux jours plus tard :

Depuis 8 heures, Linda et Roisson, installés dans la voiture de ce dernier guettaient les allées et venues devant l’immeuble de Jean Laurillac, rue de Babylone. A 10 heures un sexagénaire bien habillé et chapeauté sortit dans la rue :

– Non, c’est pas lui ! Quoi que… Attends un peu, mais si c’est lui ! Putain, qu’est-ce qu’il a changé ! Mais pas de doute, c’est bien lui.
– Bon, je me lance, je te tiens au courant.

Linda sortit de la voiture, et suivit l’homme. Celui-ci entra faire quelques courses chez un crémier, puis acheta un journal avant de se diriger en direction du square Boucicaut. Linda se demande bien comment l’aborder de façon intelligente, mais l’idée ne vient pas.

Laurillac pénètre dans le square et s’installe à l’extrémité d’un banc public. Linda s’assoit sur le même banc, à l’autre bout, bien entendu !

Coup d’œil peu discret de Laurillac en direction de la belle. L’aventure peut démarrer.

Laurillac feuillette « le Figaro » assez rapidement, puis sort de sa poche un sachet d’où il extrait des graines qu’il éparpille devant lui. Moineaux et pigeons ne tardent pas à venir en nombre picorer cette manne !

« Complément surréaliste ! » se dit Linda « le vieux facho qui apporte à manger aux petits oiseaux ! Mais il est vrai qu’on dit aussi que personne n’est jamais tout blanc ni tout noir. »

L’un des moineaux semblait plus malin que les autres, et tandis que ses congénères se disputaient les mêmes graines, celui-ci suivait le mouvement d’un pigeon en lui subtilisant systématiquement les graines qu’il convoitait. Linda se mit à rire, se forçant un petit peu quand même :

– Il est malin celui-ci ! S’écria-t-elle.
– C’est un vrai spectacle, ils n’en finissent plus de m’étonner ! Répondit Laurillac.

Et voilà, la glace est déjà rompue.

– Je ne vous ai jamais vu dans ce square !
– Je ne suis pas du quartier, je sors d’un entretien d’embauche ! Ça n’a pas marché !
– Vous êtes dans quelle branche ?
– Histoire de l’art.
– Ah, oui ? J’ai écrit un petit opuscule il y a fort longtemps sur les vitraux de la cathédrale de Chartres.

Voilà qui tombait à pic : Linda l’avait justement visitée quelques semaines auparavant. Elle put donc lui en mettre plein la vue avec ses connaissances.

– Jusqu’en 2006, je faisais le pèlerinage tous les ans, précisa Laurillac, maintenant je ne peux plus, je suis trop vieux, trop fatigué. La vieillesse est un naufrage, savez-vous ?
– Oui, c’est De Gaulle qui disait ça !
– Ce con !

« Incapable de cacher ses opinions politiques, ce type ! »

– Un jour je n’aurai plus la force de me faire à manger, mais je n’irai pas en maison de retraite, je me laisserai mourir.
– Vous vivez seul ?
– Ça fait 15 ans que ma femme est partie… Avec le facteur ! Un antillais en plus !

« Ça nourrit les petits oiseaux, mais c’est raciste ! »

– J’ai essayé de me remettre avec quelqu’un, mais ça n’a pas marché, on ne refait pas sa vie à 50 ans, je dois être trop difficile à vivre !
– Il vous faudrait une sorte de gouvernante.
– J’y ai bien pensé, mais on ne me propose que des arabes ou des noires ! Merci !

« Et remets-nous en encore une couche, pépère ! »

– Je connais peut-être quelqu’un qui serait intéressé.
– Française ?
– Oui, moi !
– Vous ?
– Faut bien que je vive, mon diplôme ne m’ouvre aucune porte et ce serait moins monotone que d’être caissière à Carrefour !

Laurillac la dévisagea d’une étrange façon.

– Vous avez des références ?
– Oui mais pas sur moi !
– Vous aviez un entretien d’embauche et vous n’avez pas pris vos références ?

« Oups ! Vite, rattraper la gaffe ! »

– Ben, oui, c’est bien pour ça que ça n’a duré que 30 secondes.
– Il vous faut combien de temps pour aller les chercher ?
– On va dire une heure !
– Et bien, allez-y, je ne bouge pas, je vous attends jusqu’à midi. S’il pleut, je serai au café là-bas !

Bref, l’affaire se fit.

– Pour la tenue, je n’aurais qu’une seule exigence : que vous soyez en jupe… j’ai horreur des femmes en pantalon…

Le salaire proposé à Linda était correct, mais sans plus. Et comme Laurillac avait décidé qu’hormis les petites courses qu’il effectuait quotidiennement entre 10 heures et midi, il n’en flanquerait plus une ramée, Linda se farcissait la cuisine, la vaisselle, le ménage, le linge… Tout quoi !

Leurs rapports restèrent strictement professionnels pendant les huit jours d’essai, puis…

8 jours plus tard

Ce jour-là à midi trente, Linda servit le cabillaud de Laurillac accompagné d’une purée.

– Merci Linda ! Vous avez mangé ?
– Oui monsieur !
– Asseyez-vous Linda, là devant moi, c’est bien. Linda, votre période d’essai prend fin.
– Oui, monsieur, j’allais vous en parler.
– Je n’ai que des compliments à vous faire, donc je vous garde. Nous avons juste deux ou trois choses à redéfinir… Au fait, verriez-vous un inconvénient à prendre désormais vos repas en ma compagnie ?
– Mais pas du tout, monsieur, ce sera un plaisir.

« Tu parles d’un plaisir ! Mais ça signifie qu’il a envie de parler, et ça, ça m’intéresse ! »

Linda travaillait 5 jours par semaine, pas toujours les mêmes, en principe de 9 h 30 à 14 heures puis de 17 heures à 20 h 30.

Laurillac était un phraseur et comme Linda l’avait pressenti, les repas pris en duo lui permettaient de se livrer à de longs soliloques. Ce n’était pas toujours intéressant et Linda devait parfois prendre sur elle pour supporter de longues diatribes politiques, n’ayant rien de commun avec ses propres opinions. Malgré tout, petit à petit le bonhomme se dévoilait :

– En fait, j’ai raté ma vie. Ma femme a été incapable de me faire des gosses, puis elle m’a quitté. J’avais deux passions : la politique et la chimie. Faire de la politique, c’est pénétrer dans un panier à crabes, il faut arriver au bon moment et être le plus fort. Il faut croire que je ne me suis pas lancé au bon moment. La chimie ? Je me voyais déjà un théoricien ou un inventeur génial : le prix Nobel, l’académie des sciences, les bouquins, les plateaux télé, la gloire, la renommée. Pfff, j’ai seulement fini cadre supérieur dans une boite sans aucune originalité. Et je n’ai rien inventé ! J’aurais pu pourtant ! Savez-vous qu’un jour quand j’étais jeune, j’ai trouvé un bouquin qui décrivait une méthode pour priver les gens de volonté ? Un gaz de soumission…

« Tiens, tiens ! »

– Avec des camarades de classe on s’est amusés à le tester !
– Oh, mais c’est passionnant ça, racontez-moi !
– Ça a failli tourner mal, on a pris un cobaye. Je ne me rappelle plus pourquoi on l’a fait se déshabiller, puis on lui a donné un ordre qu’il a mal interprété, il s’est retrouvé tout nu dans la rue et s’est fait embarquer par la police.

« Nous y voilà ! »

– On n’a repris nos expérimentations que bien plus tard. Ça marchait, mais c’était difficilement maniable, et surtout, l’effet restait limité dans le temps. Alors on s’est tous juré solennellement que ce produit resterait un secret entre nous. Je leur ai dit que le jour où on arriverait à améliorer la formule, nous pourrions devenir les maîtres du monde ! Sans aller jusque-là, ça nous permettait de rêver. On se prenait pour des dieux prêts à régner sur une populace de zombies. Puis la vie nous a séparés, jusqu’au jour où nous nous sommes retrouvés. Depuis que nous sommes tous en retraite, on se voit toutes les semaines. Ces cornichons croient toujours que je vais trouver la bonne formule. Moi ça m’amuse, je continue à faire des expériences, mais je n’y crois plus vraiment…

Ces fameux amis de Laurillac, Linda eut l’occasion de les rencontrer. Depuis qu’il avait une excellente cuisinière sous la main, Laurillac s’amusait (car c’est bien le mot qu’il faut employer) à les inviter. Il ne se gênait aucunement après leur départ pour les critiquer vertement : « Tilleul, ce pédé hypocrite, qui se figure avoir raison contre tout le monde », y compris contre le Pape, Enguebert, ce « monument de niaiserie », mais c’est surtout envers Geneviève Baur qu’il laissait aller sa hargne : « Cinglée méchante et cruelle, elle aurait pu faire carrière dans la Gestapo ». Etonnante réflexion tout de même de la part de ce vieux facho !

Il n’y avait qu’avec Grandbillard que les relations étaient à peu près « saines », mais avant de les aborder car elles auront leur importance, il faut auparavant évoquer un autre stade des relations entre Jean Laurillac et Linda Gobert.

Un mois avait passé, Linda en avait appris beaucoup mais quand elle rapporta tout ça à Christian Roisson, ni l’un ni l’autre n’y virent de quoi fomenter une quelconque vengeance.

– Que faire ?
– On va attendre, répondit Linda, il se produira bien un déclic, et puis en attendant, ça me fait des sous !

Ce midi-là, Jean Laurillac semblait bizarre, préoccupé, le repas se déroula beaucoup plus rapidement qu’à l’ordinaire et – fait rarissime – peu de mots furent échangés. C’est au moment du café que le sexagénaire prit une profonde inspiration avant de commencer.

– Linda, j’aimerais vous parler d’un sujet un peu délicat !

« Parle pépère, parle ! »

– Oui ?
– En fait c’est une proposition, mais je vais faire un préalable : il est possible que ce que je vais vous dire vous choque. Si c’est le cas, soyez assurée que, d’une part je ne vous en tiendrai pas rigueur, et que d’autre part, je vous fais promesse de ne plus jamais évoquer cette proposition. D’accord ?

« Pourvu qu’il ne me demande pas de jouer les cobayes pour son gaz à la con ! »

– OK !
– Avec tous les médicaments que je prends, je ne peux plus avoir une sexualité normale, vous comprenez ?
– Continuez, je vous en prie !
– En revanche, ma libido est toujours présente ! Aussi je me débrouille tout seul, alors qu’une assistance féminine me ferait un bien énorme.
– Allez droit au but, Monsieur Laurillac !
– Consentiriez-vous à devenir mon assistante sexuelle ? Que je me fasse bien comprendre : je ne peux plus faire l’amour, je souhaite juste quelques caresses mutuelles qui n’excéderaient pas un quart d’heure. Bien évidemment, cette fonction sera considérée comme un extra par rapport à votre emploi actuel et vous serez rémunérée en conséquence.

« Quand même gonflé, ce mec ! »

– Je peux réfléchir 24 heures ? Vous aurez une réponse demain midi.

Linda était bien embêtée. Elle n’avait aucun blocage envers les métiers du sexe puisqu’elle avait été un moment strip-teaseuse et qu’elle avait accepté d’aller « plus loin » avec les clients qui le souhaitaient. Mais une fois l’affaire terminée, le client s’en allait continuer à vivre sa vie. Ici ce serait différent, bien sûr. Si elle acceptait, le degré d’intimité avec Laurillac s’élèverait considérablement (comme il baisserait sans doute en cas de refus) mais la vengeance de ce parrain, qu’après tout elle ne connaissait qu’à peine, valait-elle ce prix ? Une envie de laisser tomber tout ça l’envahit soudain.

Le lendemain

– Je vous devais une réponse, Monsieur Laurillac.
– Je vous écoute, Linda, et je respecterai votre décision.
– C’est oui !
– Non ?
– Si !

Laurillac en avait presque les larmes aux yeux.

– Il vous reste à me dire quels seront mes émoluments ?
– Est-ce que 100 euros par séance vous conviendraient ?
– Ce sera parfait !

La nuit avait portée conseil. Linda ne s’était encombrée d’aucune considération pseudo morale et avait décidé qu’elle serait bien bête de passer à côté d’argent aussi facile. Après tout elle ne faisait aucun mal à personne !

– Et de façon concrète, vous désirez quoi ?
– Que vous me stimuliez !
– Certes, j’entends bien, mais de quelle façon ?
– Eh bien, il y en a plusieurs… déjà il me serait agréable de vous caresser, ensuite peut-être pourriez-vous m’aider à me masturber ?
– Et vous voulez faire ça quand ?
– Pourquoi pas maintenant ?
– Je suis à votre disposition, monsieur

Ils se rendirent dans le salon et Laurillac s’installa dans son fauteuil préféré.

– Un petit strip-tease, ça vous dirait ? Proposa Linda.
– C’est une bonne idée, sauf que je présume que vous portez un collant. Avec des bas c’eut été mieux, je pense !
– Qu’à ne cela tienne, je vais descendre en acheter une paire ! Vous préférez quelle couleur ?
– Noir !
– J’y vais.
– Parfait, vous me rejoindrez dans le salon.

Voilà une prestation qui ne posait aucun problème à Linda. N’avait-elle pas exercé quelque temps le métier d’effeuilleuse ?

– Ah ! Il faudrait de la musique ! Demanda la soubrette à son retour, vous avez quelque chose ?
– Le Boléro de Ravel, peut-être ?
– Bonne idée.

Linda esquissa quelques pas de danse afin de « rentrer dans le rythme », puis se débarrassa assez rapidement de son haut et de sa jupe. C’est donc en sous-vêtements et ses jolies jambes gainées de bas qu’elle se mit à tournoyer en aguichant Laurillac. Elle s’approchait de lui, puis s’éloignait pour se rapprocher de nouveau, tantôt se penchant pour lui fourrer sa poitrine contre le nez, tantôt se retournant pour lui faire admirer ses fesses dont l’arrière du string ne dissimulait rien.

Après quelques minutes de ce manège, elle fit signe à son unique spectateur de rapprocher ses cuisses afin qu’elle puisse s’assoir dessus. Ainsi assise sur lui et devant lui, elle continuait de se trémousser au rythme de Boléro de l’éternel Maurice. Laurillac en profitait pour la peloter frénétiquement. Linda décida que le moment était venu de vérifier si tout ce manège faisait de l’effet à l’homme. Le toucher de braguette fut à cet effet concluant : le bonhomme bandait plutôt bien ! Du coup elle en dézippa la fermeture éclair avant de se relever.

Encore quelques mesures de danse et Linda exécuta l’ultra-classique cérémonial de retrait du soutien-gorge : dos tourné pour le lent dégrafage, puis retournement avec les mains sur les seins qu’elle finit par enlever. Elle se rapproche alors de Laurillac, lui colle ses seins contre son visage, s’arrange pour que son téton soit juste devant sa bouche qu’il ouvre afin d’honorer l’offrande.

De nouveau, elle recule, danse un petit peu, puis envoie valser son string en direction de Laurillac qui l’intercepte et le hume avec insistance.

Linda se met à quatre pattes, cambre son cul et ouvre sa chatte qu’elle se met à tripoter frénétiquement. En se retournant, elle constate que Laurillac s’est débraguetté et masturbe son sexe érigé. Elle vient vers lui et approche sa main de la bite, lui faisant lâcher la sienne. Elle le branle maintenant, une main recouvrant et découvrant le gland pendant que l’autre serre la base de la verge.

– Ça vient, ça vient ! A la grande bonté de prévenir l’homme !

Linda n’interrompt pas le mouvement de sa main droite, mais pose la gauche en corolle au-dessus du gland. Il ne tarda pas à éjaculer dans sa main en émettant un râle de plaisir.

– C’était très bien Linda ! Merci beaucoup ! Vous avez été parfaite. J’ai un petit coup de pompe, je crois que je vais m’assoupir, réveillez-moi dans vingt minutes.

Mais Laurillac n’avait pas ce jour-là avoué tous ses secrets et c’est ainsi que le lendemain, il précisa :

– Linda, j’aimerais que vous portiez des bas en permanence, ça vous pose un problème ?
– Non, pas trop !
– Et puis j’aimerais que ce soit des bas un peu chics !
– A la vitesse où je les file, ça va me couter une fortune !
– Ne vous inquiétez pas pour ça, c’est moi qui paye.
– Dans ce cas…

Une semaine plus tard

C’est après le repas de midi, au moment du café que Jean Laurillac manifesta son désir de « faire comme la semaine dernière ».

– Exactement pareil ?

– Nous apporterons quelques variantes, surtout pour la conclusion, sinon oui, commençons de la même façon ! Attendez-moi dans le salon, je vais me mettre à l’aise.

Cinq minutes plus tard, Laurillac revint en robe de chambre, mit de la musique et Linda opéra donc de la même façon que la fois précédente jusqu’à ce que… alors qu’elle n’avait plus sur elle que ses bas et sa culotte…

– Vos bas… Linda ! Vos bas !
– Oui ! Et que souhaitez-vous que je fasse avec mes bas ? Minauda-t-elle.
– Retirez-les et passez-les-moi !

Elle le fit sans se presser, d’abord la jambe droite. Elle fit une boule avec le bas et le lança vers Laurillac qui l’attrapa et se mit à le humer avec frénésie. En même temps, il dénoua sa robe de chambre, dégageant sa queue qui cherchait à indiquer midi !

Après s’être enivré du parfum du second bas et que son sexe fut cette fois convenablement bandé, il exhiba une trousse que Linda n’avait pas encore remarquée.

– Tenez, ouvrez-la !

La trousse contenait un godemichet très réaliste et un tube de gel intime.

– Vous voulez que je me serve de ça ?
– Oui, s’il vous plait !
– Euh, il me faudrait un préservatif… C’est pour l’hygiène…
– Peu importe, il n’y a que moi qui m’en sers !
– ???
– Linda, ce que je voudrais, c’est que vous me l’introduisiez dans mon… Dans mon…
– Dans votre anus, peut-être ?
– Vous voulez bien ?
– Je n’ai rien contre !
– Alors on va faire comme ça : vous allez me l’introduire et pendant ce temps, je veux que vous me traitiez de tous les noms, que vous soyez la plus vulgaire possible. Mais uniquement pendant l’introduction, ce sera comme un jeu de rôle, après chacun reprendra sa vraie place.
– D’accord !

Linda n’avait rien contre les jeux de godes, mais n’avait jamais eu l’occasion d’en pratiquer avec un homme. Il y a un début à tout ! Cela dit ce n’était pas le grand enthousiasme mais bon, « business is business. »

Laurillac se mit en position, le cul relevé, les mains écartant les fesses. Linda lui tartina l’orifice anal avec une noisette de gel, puis commença à introduire l’olisbos, lequel entra plutôt facilement. Elle imprima à l’objet des mouvements de va-et-vient !

– T’aime ça qu’on t’encule ? Hein ma salope ! Commentait Linda comme l’avait souhaité son partenaire.
– Oui ! Oui !
– Je te le défonce bien, ton cul de vieille pédale, là ?
– Oui ! Oui !
– Je suis sûr que si je t’amenais une vraie bite, tu te la serais foutue dans le cul ! Hein, enculé ?
– Oui, Oui !
– Et tu l’aurais bien sucée avant !
– Oui ! Oui !
– Tu aimes ça, sucer des bites ?
– Oui ! Oui ! Répétait Laurillac qui semblait décidemment en panne de vocabulaire.
– Tu en as déjà sucé des bites ?
– Non, hélas ! Oh, c’est bon ! Continuez, mais masturbez-moi avec votre autre main !

Linda obtempéra. Laurillac finit par jouir cinq minutes plus tard, sans le spasme, mais il se retourna apparemment satisfait avant de disparaître faire sa petite toilette intime dans la salle de bains.

De façon tout à fait inattendue, Linda était désormais excitée. Elle ne souhaita pas que Laurillac s’en aperçoive et partit se soulager en s’enfermant dans les toilettes.

L’appartement de Jean Laurillac était ancien et comprenait une particularité : une trappe à mi-hauteur, destinée à passer les plats avait été aménagée entre la cuisine et la salle à manger. Elle ne servait plus et n’avait été condamnée que d’un simple rideau. Résultat : de la cuisine on entendait tout ce qui se disait à côté. Et justement, Linda en entendait de toutes les couleurs !

– Tu vas me trouver parano, commença l’abbé Tilleul, mais j’ai en tête de nombreux cas où des personnes se sont fait gruger par leur personnel de maison. Mais, bon, je suppose que cette Linda possède des références sérieuses.
– Oui, pourquoi ? Et puis que veux-tu qu’elle me vole, il n’y a rien à voler !
– Tes cahiers, Jean ! Tes cahiers où tu consignes les progrès de tes recherches sur le gaz de soumission.
– Laurillac éclata de rire.
– Tu lis trop de romans d’espionnage, l’abbé !
– Et puis ne crois-tu pas qu’une créature aussi… Aussi… Comment dire ?
– Sexy ?
– Je cherchais un autre mot, mais allons-y pour sexy, ne te provoque pas des tentations…
– Et bien si je succombe à la tentation, j’irai me confesser, la religion catholique est sur ce point fort pratique.
– Ce n’est pas comme ça qu’il faut raisonner…
– Je raisonne comme je veux, Tilleul !
– Perdrais-tu la foi ?
– La foi en Dieu est une chose, la foi en l’église en est une autre.
– T’éloignerais-tu de nos idées ?
– La question n’est pas là ! S’il suffisait simplement de mélanger la religion à la politique pour avoir raison, ça se saurait. Et puis, nous avons déjà eu ce genre de discussions, ce n’est pas l’abbé que je reçois chez moi, c’est l’ami. L’abbé, je n’en aurai besoin qu’une seule fois : pour m’administrer les derniers sacrements. On ne sait jamais, ça peut toujours servir.

Avec Geneviève Baur, ce fut pire et plus expéditif.

– Cette fille, je ne la sens pas, elle produit des ondes négatives ! Déclara-t-elle. Tu devrais te méfier !
– Sa cuisine n’est pas bonne peut-être ?
– Si, c’est excellent, mais tu sais que je sens ces choses-là, cette fille émet des ondes de stupre.
– Et bien si ces prétendues ondes te gênent à ce point, rien ne t’oblige à rester… C’est dommage, il va rester à manger, mais je peux dire à Linda de te préparer un Tupperware. Linda !
– Non ! Jean, je suis désolée, je te présente mes excuses !
– Monsieur désire ? Demande Linda innocemment.
– Je voulais juste vous féliciter pour ce canard à l’orange, nous nous régalons.
– Merci, monsieur.

Mario Grandbillard était venu dîner avec son épouse, Annette, une très jolie femme, mature mais fort bien conservée. Le genre à dépenser une fortune entre soins esthétiques et club de remise en forme. C’est après le repas qu’il se passa quelque chose d’imprévu. Linda avait servi le café dans le salon-bibliothèque, elle terminait la vaisselle et partirait ensuite. Annette la rejoignit alors dans la cuisine :

– Jean Laurillac a bien de chance de s’être déniché un aussi ravissant cordon bleu ! Dit-elle.
– Merci !
– On vous a peut-être dit que j’étais artiste photographe à mes heures ?
– Euh, non !
– Vous avez déjà posé pour des photographes ?
– Oui, une fois, il y a bien longtemps !
– Vous accepteriez de poser pour moi ?
– Je sais pas… Vous faites quel genre de photos ?
– Des nus, des nus romantiques, vous serez rétribuée fort correctement, rassurez-vous !

Bref l’affaire se fit. Linda trouvait là, à la fois l’occasion de se faire des sous et d’infiltrer un peu plus la « bande » de Laurillac.

Les séances avaient lieu dans le studio d’un ami photographe d’Annette. Elle lui présenta le propriétaire des lieux.

– Voici Pierre, c’est un vieux cochon. S’il te fait des avances, envoie le promener ! Plaisanta-t-elle.
– Je ne suis pas un vieux cochon, j’aime les bonnes choses de la vie, c’est tout, rassurez-vous, je suis très discret, je vous laisse entre filles, je vais aller faire un tour…
– C’est ça et n’oublie pas ton parapluie, il pleut comme vache qui pisse ! Bon, Linda je vais vous demander de vous déshabiller tout de suite, c’est à cause des marques de sous-vêtements, il faut plusieurs minutes avant qu’elles ne s’estompent.

Linda se débarrassa de ses vêtements sans aucun problème, après tout, elle était là pour ça !

– Humm ! Pas mal, vraiment pas mal ! Estima Annette. Tourne-toi un peu, oui, oui vraiment pas mal ! Il n’y a rien à jeter ! Ah, il faudrait que je teste la texture de peau, je peux toucher ?

Linda ne comprenait pas bien pourquoi quelqu’un qui prend des photos aurait besoin de toucher, mais n’alla pas jusqu’à lui refuser cette autorisation. D’autant qu’elle se limita à une vague caresse sur l’avant-bras.

– Humm, tu as la peau douce ! C’est doux comme ça partout ?

« Oh, les gros sabots ! » Se dit Linda qui venait de comprendre que les intentions d’Annette n’étaient pas exclusivement photographiques. Elle entra néanmoins dans son jeu.

– Je crois que c’est doux comme ça partout, mais si vous voulez constater par vous-même, ça ne me dérange pas plus que ça !

Annette cependant n’avait pas compris que Linda avait saisi ses intentions, aussi balada-t-elle ses mains sur les épaules, sur la nuque et sur les cuisses, mais aussi sur les pieds où elle s’attarda longuement.

– Ils sont vraiment mignons tes petits pieds !

« Si elle me tutoie, ben moi aussi ! »

– Tu trouves ?
– Tu te mets tout le temps du vernis ?
– Non, mais je me suis dit que pour la séance de photo, ce serait plus classe.
– T’as bien fait.

Elle reprit ses caresses.

– Effectivement, c’est doux partout !
– Tu ne m’as pas caressée partout ! Fais-le donc, tu en meurs d’envie ! Lui Lança Linda avec un regard de défi.
– Lirais-tu dans mes pensées ?
– Dans tes pensées non, mais dans tes yeux, oui !
– Que veux-tu, je suis très nature et j’ai du mal à cacher mes…

La phrase reste en suspens.

– Tes quoi ?
– Je n’trouve pas le mot !
– Tes pulsions peut-être ?
– Disons ça comme ça ! Répondit Annette en osant caresser le sein droit de Linda.
– Humm tu as les mains douces ! Commenta-t-elle.

Linda entrait dans son jeu mais sans bluffer car effectivement Annette avait les mains bien douces !

– Quels beaux nénés tu te payes, Linda, je les embrasserais bien si je ne me retenais pas !
– Ne te retiens pas !

Annette se mit alors à gober les jolis tétons bruns qui du coup, se mirent à pointer fièrement.

– Et ça te ne dérange pas de me peloter en restant habillée ?
– Hum, d’habitude c’est le modèle qui se déshabille, pas le photographe. Fit-elle semblant de temporiser.
– C’est comme tu veux, c’est toi la cliente, le client est roi.
– Tu ne penses pas que la différence d’âge…
– Ecoute, Annette, répondit Linda, agacée, on va peut-être arrêter de tourner autour du pot. T’as envie de coucher avec moi, c’est gros comme une maison, il se trouve que ça ne me dérange pas, dans le genre mature tu serais plutôt sexy.
– Dans ce cas, je crois que je n’ai plus qu’à me déshabiller, j’espère que tu ne seras pas déçue !

Elle retira donc ses vêtements, assez rapidement.

– Alors ? Demanda-t-elle.
– Alors j’espère que je serai aussi bien à ton âge !
– Assieds-toi sur le machin là-bas, j’arrive.

Annette la rejoignit et se baissa. Linda écarta les jambes, pensant que sa partenaire allait s’attaquer de suite à son minou. Aussi fut-elle surprise quand au lieu de ça, elle se saisit délicatement de son pied et se mit d’abord à l’embrasser, puis à le lécher.

– T’es pas chatouilleuse au moins ?
– Si un peu ! Evite de les tripoter en-dessous.

Annette léchait à présent les orteils, avec une nette préférence pour le gros orteil qu’elle engloutit dans sa bouche et se mit à le suçailler comme s’il s’agissait d’une courte bite.

Linda se surprit à s’exciter de cette pratique peu courante.

Avec un petit coup d’œil complice, Annette rapprocha son visage de celui de Linda. Cette dernière accepta le contact et les deux femmes ne tardèrent pas à se déchaîner dans un déluge de baisers et de caresses de plus en plus osées. Néanmoins c’était Annette la plus entreprenante, ses mains allaient partout, ses doigts entraient partout, et Linda doigtée dans la chatte et dans l’anus se laissait faire avec ravissement.

Bientôt les deux amantes se retrouvèrent en position de soixante-neuf, Linda avait du mal à se concentrer tant l’autre semblait experte à lui donner du plaisir. Il vint plutôt rapidement et Linda eut un orgasme intense qu’elle manifesta bruyamment, sa bouche remplie des sucs de sa partenaire. Il lui fallut après quelques instants de récupération rendre la politesse.

– Doigte-moi le cul en même temps ! Lui suggéra la belle mature dont le sexe dégoulinait.

Linda entreprit de lécher ce jus de chatte au goût si particulier, tandis que son doigt allait et venait dans son petit trou.

– Vas-y, le clito, maintenant, le clito !

Message bien reçu : clitoris activé ! Et quelques secondes plus tard Annette montait à son tour au septième ciel.

Les deux femmes étaient dans un drôle d’état : en sueur, le maquillage destroyé mais satisfaites. On le serait à moins !

– Pour les photos, on pourrait revoir ça dans huit jours si tu es d’accord ? Parce que là, je suis un peu H.S., tu vois ?
– Je vois !
– Mais je te paye quand même !
– Je ne te l’aurais pas demandé ! Rétorque Linda très hypocritement.
– Tu sais, tu t’es trompé tout à l’heure !
– Je me suis trompée de quoi ?
– Je n’avais jamais eu l’intention d’aller si loin, je voulais te juste te caresser et m’occuper de tes pieds… mais comme tu semblais prête à en accepter plus, je suis entrée dans ton jeu !

La pluie n’avait pas cessé et tombait dru sur les vasistas du studio de photo. On frappa à la porte.

– C’est Pierre ! Je peux entrer ?
– Une seconde !

Les deux femmes remirent leurs sous-vêtements avant d’indiquer au casse-pied qu’il pouvait entrer. Et le voilà qui arrive, qui revient de son petit tour sous la pluie.

– C’était bien ta petite balade ? lui demande Annette.
– Bof, la pluie n’arrête pas, j’ai été boire un café au bistrot d’en face.
– Le bistrot d’en face il est quand même à 200 mètres, et tu n’es même pas mouillé.
– J’ai un bon parapluie !
– Même tes chaussures ne sont pas mouillées ! Tu es trop fort toi ? En fait tu n’es pas sorti ! Je me demande si tu n’étais pas en train de nous mater ? Déjà la dernière fois, je me demandais… Voyons voir, si ça se trouve il y a un truc pour mater, un système de glace sans tain ?

Et Annette s’en va décrocher l’un des deux miroirs accrochés au mur sans rien déceler de suspect. En revanche en retirant le second, elle tombe sur un joli trou donnant dans une sorte de cagibi !

– Et bien bravo, Pierre ! Belle mentalité ! Je comprends pourquoi tu me louais le studio gratuitement, gros dégueulasse.
– Je ne fais rien de mal…
– On ne mate pas les gens sans leur accord ! C’est une question de principe ! Et maintenant je peux savoir ce que tu voulais nous dire en faisant semblant de revenir de ta balade ?
– Je pensais qu’une prestation avec vous deux… je vous aurais payées, bien sûr !

Les deux femmes éclatèrent de rire. Pierre vexé se retira en rouspétant.

– Bon alors, on se dit « dans huit jours ». Indiqua Annette. Quoiqu’on fasse, on commencera cette fois par les photos. Je préfère faire plusieurs séances espacées assez courtes plutôt qu’une seule, longue. C’est meilleur pour l’inspiration. Alors d’accord ma biche ?

La biche était d’accord !

Puis vint le moment des confidences :

– J’ai la chance d’avoir un mari qui n’est pas jaloux, du moins, c’est ce qu’il se plaît à me dire ! J’aime faire l’amour aussi bien avec les femmes qu’avec les hommes. Je ne lui ai jamais dit, mais je sais qu’il le sait. En fait, il s’agit d’un gentleman agreement, il en profite pour me tromper à tour de bras. Je serais donc bien mal placée pour lui reprocher quoi que ce soit et vice versa ! Nous ne sommes pas un couple libertin, mais un couple de cocus consentants. Cela ne m’empêche pas d’aimer mon mari, je ne le quitterais pour rien au monde, d’autant qu’il me permet de vivre confortablement.

Et après les confidences, cette étrange proposition :

– Tu dois te demander pourquoi je te raconte tout ça ? Eh bien, j’aimerais que tu me rendes un service, oh, ce n’est pas bien compliqué et je te rétribuerais aussi pour ça, voilà : Mon mari s’est embrigadé dans une sorte de cercle d’hurluberlus dont Laurillac est le leader, et tu sais ce qu’ils recherchent, ces andouilles, je te le donne en mille ?
– Non, pas du tout !
– Un gaz magique qui leur permettrait de devenir maîtres du monde ! C’est te dire qu’ils sont complètement timbrés !
– Un jeu, non ?
– Justement, je ne suis pas sûre qu’il ne s’agisse que d’un jeu ! Ce truc me parait dangereux, doublement dangereux. D’abord parce que ça manipule des produits chimiques et qu’ensuite si par malheur ils arrivaient à un résultat, je n’ose en envisager les conséquences.
– Et tu voudrais que je fasse quoi ?
– Que tu fouines un peu. Mon mari m’a raconté que Laurillac notait tout ça sur des cahiers, une espèce de journal. Mon mari me raconte beaucoup de choses, mais j’ai comme l’impression que Laurillac manipule tout le monde, je ne sais pas tout. Si tu pouvais les consulter régulièrement ces cahiers, et me dire.
– C’est tout ?
– C’est tout !

Linda se mit donc à feuilleter régulièrement les derniers cahiers de Jean Laurillac. Elle faisait ça en fin de matinée, pendant que son patron effectuait sa promenade journalière.

Sur ces cahiers, Laurillac ne se contentait pas de relater les résultats de ses expériences, il commentait l’actualité d’un ton désabusé, résumait les réunions avec les membres de son cercle, assortis parfois de notes acides sur ses participants. Il parlait même de Linda en notes sibyllines mais élogieuses : « une fille intelligente, efficace, pas compliquée ». Quant aux expériences, c’était assez compliqué à suivre, Linda n’ayant jamais fait d’études de chimie, mais on pouvait comprendre que Laurillac cherchait à augmenter la période de stabilité de son mélange. Des notes récentes précisaient qu’il avait réussi à doubler ce temps. « C’est encourageant, mais ce n’est pas encore assez » avait-t-il mentionné ».

Et puis cette note surprenante : « J’ai essayé d’arrêter les médicaments, la douleur est pire qu’avant ». Plus loin « J’ai été voir ce fameux spécialiste, c’est un con, je sais très bien que je vais crever ».

Linda fit part à Annette de sa difficulté de contextualiser les notes de Laurillac. Aussi cette dernière lui apprenait de son côté tout ce qu’elle savait, c’est-à-dire tout ce que son mari lui confiait.

– Oui, mon mari doit être le seul à le savoir : Laurillac est atteint d’une maladie orpheline qu’on ne sait pas soigner. Les toubibs se contentent de lui filer des anti-inflammatoires.

Mercredi 28 septembre

Linda a pris ses deux jours de repos hebdomadaire la veille et l’avant-veille. Dimanche soir Jean Laurillac était en petite forme, mais ça lui arrive souvent, de plus en plus souvent même. Linda ouvre avec ses clés. Elle cherche son patron, le découvre dans le lit

– Vous n’êtes pas bien, monsieur ?
– Non, pas bien du tout !
– Voulez-vous que j’appelle un médecin ?
– Ça ne servira à rien, c’est la fin !

Il lui raconta alors ce qu’elle savait déjà sur son état de santé. Et lui fit un certain nombre de recommandations au cas où… Il demanda qu’on lui serve son repas au lit mais y toucha à peine. Il se leva un peu l’après-midi mais ce fut pour s’affaler dans le fauteuil avant de retourner se coucher.

(à suivre)

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à Professeur Martinov 13 – Professeur Martinov et le gaz de soumission 7 – Linda la gouvernante par Maud-Anne Amaro

  1. chandernagor dit :

    Linda est une couine et moi j’aime bien les coquines

  2. Muller dit :

    Encore une fois Maud-Anne nous ravit 😉

  3. Bussieres dit :

    Moi je fantasme sur les soubrettes coquines

  4. krouchev dit :

    Très passionnante et excitante aventure de nos deux gentils hurluberlus, la jolie Béatrice et son cochon de vieil associé. Bien écrit et pas mal d’humour

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *