Les feux de l’enfer par Isabelle Lorédan

 

Les feux de l’enfer
par Isabelle Lorédan

Tu es là devant moi, droite et sage dans tes vêtements austères. Je t’ai voulue à cette image, portant longue jupe plissée et chemisier blanc fermé. J’aime le contraste troublant entre cette vision que j’ai construite, et les projets pervers qui me trottent dans la tête.

Je te scrute, te déshabille du regard, te palpe à mon envie. Je sens ta respiration s’accélérer, tes battements cardiaques s’affoler. Tes cils sombres donnent à ton regard baissé un air mystérieux et ingénu que j’adore.

D’un ton sec, je t’ordonne de t’appuyer à la chaise devant toi, jambes droites et croupe tendue. Doucement, je relève cette jupe, dévoilant un cul mis en valeur par une culotte de voile blanc, translucide. Les chairs sont visibles, tout en étant dissimulées… J’aime.

« Alors petite salope, c’est cela que tu appelles une tenue décente ? » Dis-je d’une voix sévère, tout en passant ma main sur les courbes généreuses offertes à moi.

Aucune réponse, juste une respiration saccadée. Ma main s’abat d’un coup sec sur une fesse, puis sur l’autre, par-dessus le tissu fragile du vêtement. J’entame une fessée régulière, qui ne te laisse pas de marbre. Les chairs rougissent doucement, sous le voile blanc, tandis que tes gémissements accompagnent mes gestes.
Je suspends la fessée, me donnant le temps de contempler mon oeuvre… Ce cul insolemment offert me fascine. Je n’ai qu’une envie, arracher ce vêtement ridicule qui ne sert à rien, si ce n’est à enchâsser de ses dentelles, l’objet de mes désirs. J’admire tes jambes gainées d’un voile satiné assorti à tes dessous. Aucune faute, tout est conforme à mes désirs, jusqu’aux chaussures, aux talons effilés sans être trop hauts.

Je me mets devant toi, t’ordonnant de me regarder dans les yeux. Je veux voir de mes yeux, l’effet que chacun de mes mots aura sur toi… M’en délecter avec perversité !

« Alors, décris-moi donc cette fessée, raconte-moi comment tu l’as ressentie »

Je m’amuse de ta gêne. Tes joues rougissent et d’une voix mal assurée, tu me dis à quel point cette punition t’a troublée, mais en jouant d’allusions vagues. Exactement ce que je voulais…
« Arrête donc de tourner autour du pot petite chienne… Dis clairement que tu mouilles, ça sera plus franc ! D’ailleurs, je vais vérifier… »

Joignant le geste à la parole, ma main inquisitrice se glisse entre tes cuisses, par-dessus le fin tissu. Aucun doute n’est permis, tu es trempée.

« J’avais raison… Ma chienne mouille ! Tu n’as pas honte hein ! »
Fermement, j’empoigne à pleine main ton sexe, le malaxe, le maltraite, tout en te fixant d’un regard impitoyable. Toujours par dessus le tissu, j’enfonce un doigt dont ton intimité brûlante, ce qui t’arrache un soupir de plaisir non dissimulé. Mais ne rêve pas, j’ai d’autres projets pour toi, tu ne t’en tireras pas à si bon compte.
Je t’aide à te redresser, et d’un geste sec, arrache le voile virginal de ton chemisier. Un jour, tu m’avais confié ton désir de violence maîtrisée, te voilà servie. Ta poitrine s’offre à ma vue, dans un soutien-gorge ouvert, qui laisse voir tes tétons sombres et bien érigés. Je m’empresse de les prendre, de les tirer, de les tordre.
D’une main assurée, je pose à ton cou le collier de cuir que je serre, puis des bracelets à tes poignets, que je t’attache dans le dos pour plus de commodité. Tu es là devant moi, offerte, ton chemisier déchiré est toujours là, ne dissimulant plus rien de ta poitrine arrogante. La jupe me gêne, aussi je te la retire sans plus de formalité. La culotte la rejoint bientôt.

Que tu es belle ainsi, jambes écartées, affichant un désir que rien ne dissimule. Je retourne martyriser tes seins, je sais que tu aimes cela au moins autant que moi. Lorsque je les juge suffisamment prêts, j’y fixe des pinces métalliques, dont je sers la mollette jusqu’à ce que je te voie grimacer de douleur. La lourde chaîne qui les réuni me permet de tester de l’efficacité du serrage, en tirant dessus. Hum ! Quel spectacle…

Je saisis la cravache, mais ne vais pas l’utiliser de suite. Tu vas me la tenir, entre tes dents, que je l’aie sous la main tandis que je te fouetterai. Méthodiquement, avec la rythmique d’un métronome, les lanières de cuir du martinet s’abattent sur tes fesses, sur tes cuisses, sur ton dos. Aucune parcelle n’est épargnée, je te veux en feu pour la suite. Des stries rouges marquent ton cul et tes cuisses, le dos étant relativement protégé par le fin vêtement. Tes halètements sont de plus en plus éloquents, la cravache t’empêchant de crier. Tu sais que tu ne dois pas la lâcher, à aucun prix. Je m’attaque désormais au côté pile… Doucement d’abord, je fouette tes seins enchaînés. J’aime la lueur qui s’allume alors dans tes yeux, qui me dit que tout va bien. J’accélère le rythme, alternant les seins et le devant des cuisses, qui prennent rapidement de jolies couleurs pourpres. Ton corps est tendu comme un arc, ton sexe est gonflé, gorgé d’un miel qui s’écoule doucement, comme le jus s’écoule d’un fruit trop mûr.
Te voilà bien échauffée, c’est désormais à la cravache que je vais continuer… Je te regarde, scrute chaque parcelle de ton corps, à la recherche de l’endroit idéal. Même si je sais déjà celui qui aura ma faveur, je ne veux pas te le faire voir. Du bout de mon stick, je soulève la chaîne qui relie tes seins, la tire au maximum, avant de la relâcher d’un geste sec, qui t’arrache aussitôt une plainte. Je fais courir la claquette de cuir sur tes seins, sur ta gorge. Elle parcourt la peau satinée de ton ventre, et soudain, alors que tu es toute à la volupté de ce que tu ressens, c’est un coup sec qui s’abat sur ton clitoris. Un coup sec pour marquer le début d’un nouveau jeu, pas moins pervers que les précédents. J’ai décidé de m’amuser avec ce bouton de chair, et avec de petits mouvements rapides de poignet, je le claque rapidement mais sûrement. Je veux pousser le vice au maximum, je veux t’entendre me supplier, te pousser à bout de forces… Tu résistes bien ma petite salope, mais je sais être patiente… Et d’un coup, je vois les larmes sourdre de tes jolis yeux. Dans un sanglot, tu me supplies de faire cesser ton attente… De mettre fin à ce feu qui te dévore les entrailles. Tu veux jouir… Peut être vais-je t’y autoriser… Peut être…

Passant derrière toi, je me colle à ton dos, empaumant tes seins, tirant les pinces… D’une main, je descends sur tes fesses encore striées de rouge, et vais chercher au creux de la vallée, l’entrée secrète de tes délices. Il est accueilli sans effort aucun. J’assouplis doucement l’anneau avant de rajouter un deuxième doigt. Ma bouche contre ton oreille te murmure de douces obscénités.

« Hummm regarde comme tu es excitée, petite salope… Ca rentre tout seul. Tu as envie que je t’encule hein ? Trois doigts… Gourmande ! Tu crois que quatre entreraient ? J’en suis sûre… »

Je quitte ton cul pour rejoindre ta chatte détrempée. C’est trois doigts d’un coup qui viennent te fouiller au plus profond, tandis que mon pouce branle ton clitoris martyrisé. Je te mène aux portes du plaisir, sans pour autant te les ouvrir. Ca n’est pas encore le moment, j’en ai décidé ainsi. Un râle de frustration s’échappe de tes lèvres, tandis que tes yeux se mouillent à nouveau. Tu pleures de dépit, les larmes roulent sur tes joues. Je t’embrasse doucement, puis plus fougueusement. Ma bouche vient récupérer tes larmes salées, embrasse tes yeux mouillés.

Je prends alors un double dong. Je sais que tu aimes, gourmande que tu es, être prise de partout en même temps… Dans l’état d’excitation qui est le tien, nul besoin de lubrifiant, ça entre tout seul. Je le place bien au fond de tes orifices, puis te demande de te contracter, afin de ne pas le perdre. D’un geste sûr, je démarre un bondage de corde serré, formant un string. Voilà, le jouet ne peut plus s’échapper, il est bloqué au fond de ton intimité. Sans me presser, et te regardant dans les yeux, je défais la première pince, ce qui te tire un hurlement de douleur. Ma bouche chaude vient aussitôt calmer les douleurs insupportables de cette libération. Je retire la deuxième, provoquant les mêmes effets… Tes larmes ne sont plus de frustration, mais bel et bien de douleur. Là encore, je réactive la circulation de mille caresses.

Il me reste à porter la touche finale… Je te jette un regard pervers, tout en quittant la pièce, à la recherche de ce qui me permettra de t’envoyer au septième ciel. Tu ne verras rien, car je n’ai rien ramené, hormis mon doigt enduit de baume…

Doucement, je le passe sous la corde, à la recherche de ton clitoris. Et là, je le caresse, l’enduisant lui aussi, de ce précieux baume… Je vois ton corps se tendre, je décide de t’allonger, pour plus de confort. Tu t’arc-boutes, ta bouche s’ouvre sur un cri muet, tes yeux se voilent tandis que mon doigt continue sa danse perverse. Un feu terrible s’empare de toi, te consumant, t’embrasant d’un plaisir implacable. Tu spasmes, tu hurles, tu jouis sans fin, tandis que ma bouche dévore tes lèvres et ta gorge tendue, dont les saveurs miellées me rendent folle.

Ton corps retombe alangui entre mes bras, j’essuie la sueur et les larmes qui barbouillent ton visage, et dépose sur tes lèvres salées, un baiser tendre.

« Calme-toi, c’est fini… Là… Tout va bien. »

Doucement, nous sombrons dans une douce torpeur, seins contre seins, ventre contre ventre, tendrement enlacées, ton souffle doux dans mon cou. Je respire ton odeur. Non pas un parfum coûteux, mais les fragrances qui te sont propres, dans lesquelles je ressens toute ton animalité. Je me noie dans l’eau de tes yeux, brillants du plaisir qui tantôt te troubla, mais aussi du désir qui t’anime à l’instant.

Tes doigts partent à la découverte de ma vallée des merveilles, glissant le long des lèvres lisses. Mon désir trop longtemps contenu laisse place à un torrent de lave en fusion au creux de mon ventre, brûlant comme une braise. Lentement, tu me branles d’un doigt, observant le tendre bourgeon, instrument de mon plaisir. Ta bouche l’aspire, l’étire, mordille les lèvres tendres, m’arrachant des cris désormais ininterrompus. Le flot de mon plaisir t’enivre tandis que tout mon corps est secoué de longs spasmes, avant de se détendre. Tu m’observes, abandonnée dans la torpeur de l’après, les yeux encore recouverts de ce voile que la sensualité extrême provoque, épuisée de trop de plaisir… Délicieuse petite garce, tu m’as fait lâcher prise, pour notre plaisir commun. Tes lèvres déposent sur mon sein frémissant un furtif baiser, qu’accompagnent quelques mots murmurés « Madame, je vous aime ! »

Déjà tu te rhabilles. J’aime tes gestes amples et posés, qui revêtent d’un voile austère ton corps rassasié de plaisirs pervers. Derrière ta pseudo respectabilité, qui imaginerait que tout l’après-midi, tu as été ma salope, ma délicieuse catin… Ma soumise et mon amante. Toujours se méfier de l’O qui dort, dit le dicton… Non ?

paru dans « Folies de femmes » aux Editions Blanches en 2010

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Une réponse à Les feux de l’enfer par Isabelle Lorédan

  1. muller dit :

    Quelle style rébarbatif !

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