Furet
Il est presque midi lorsque la police tambourine chez Furet. On l’embarque menottes aux poignets devant son épouse horrifiée qui venait juste, une heure auparavant, de réintégrer le domicile conjugal.
Au poste, Furet est immédiatement interrogé par l’inspecteur Jovin de façon surréaliste :
– Bon, on va essayer d’aller vite, tu vas nous dire où est Grondin ?
– Grondin ?
– Oui Grondin, l’enquête est très avancée, inutile de nous raconter des salades. Alors tu te mets à table !
– Mais c’est un malentendu ! Si vous commenciez par me dire ce qui se passe ! Et d’abord j’ai droit à un avocat.
– Non il s’agit d’une action en rapport avec une entreprise terroriste, Donc pour l’avocat tu vas devoir attendre.
– Dites-moi au moins ce qui se passe ! Répète Furet
– Comme si tu ne le savais pas, connard !
Et en disant cela la courageuse auxiliaire de l’inspecteur Jovin envoie un coup de bottin téléphonique dans le ventre de ce pauvre Furet qui se casse en deux de douleur. Cette pratique est absolument interdite, mais, il faut croire que certains aiment à perpétuer le folklore !
– Alors t’accouches ? Vocifère Jovin, on n’a pas que ça à foutre !
– Ecoutez, répond Furet en reprenant douloureusement sa respiration, je vous propose un deal : je vous raconte tout ce que je sais, mais dites-moi de quoi on m’accuse !
– Mais c’est qu’il se fout de notre gueule ?
L’auxiliaire « peau de vache » s’apprête à frapper de nouveau, mais Jovin stoppe son geste.
– T’es accusé de complicité dans la disparition de Jean-Michel Grondin. On veut savoir ce qu’il est devenu, s’il est mort ou vivant, où t’as caché le corps ? On t’écoute !
– Grondin a disparu ?
– C’est ça, continue à faire l’andouille ! Bon on n’a pas de temps à perdre, on sait que tu as eu Grondin au téléphone jeudi et vendredi et on peut même te dire à quelle heure !
– Mais enfin, c’est n’importe quoi ! Je sais encore à qui je téléphone et … Oh putain, j’ai compris !
– T’as compris quoi ?
– On m’a piqué mon téléphone !
– Ben voyons…
Puis Jovin se tourne vers son adjointe :
– Il est où ce téléphone ?
– Il ne l’a pas sur lui, chef…
– On le trouvera quand on pourra faire la perq’.
– Mais je vous dis qu’on me l’a volé !
– Mais oui, c’est ça !
Furet soupira, une bouffée de haine envers ces deux flics l’envahit.
– J’ai un témoin !
– Qui ?
– Ma femme !
– Si tu nous mènes en bateau, ça va chier. Enfermez-le et allez chercher madame, moi je vais bouffer un casse-croute.
« Pourvu qu’elle ne raconte pas de conneries » se dit Furet.
Et puis soudain, il se rend compte qu’il vient de faire une bêtise. Certes il lui semble bien qu’il a indiqué à Pauline que Cordoba lui avait embarqué son téléphone portable professionnel, mais cela s’était passé à l’extérieur, elle n’en n’avait pas été témoin.
« Je ne suis pas sorti de l’auberge ! »
Pauline Furet, proteste, hurle et gesticule et c’est menottée et en larmes qu’on la conduit dans les locaux de la police jusqu’au bureau de Jovin.
– Madame nous n’avons pour le moment aucune charge contre vous mais votre témoignage nous est indispensable.
– Quel témoignage ?
– Votre mari possède un téléphone professionnel…
– On lui a piqué !
Jovin ne s’attendait pas vraiment à cette réponse.
– C’est lui qui vous l’a dit ?
– Attendez, j’étais là, je ne suis pas prête d’oublier cette soirée.
– Oui bien sûr, répondit Jovin qui ne comprenait pas à quoi Pauline faisait allusion mais qui se mit à bluffer.
Il adorait ça !
– Une sacrée soirée comme vous dites ! Improvisa-t-il.
– Oui, on sait qui c’est ?
« Qu’est-ce qu’elle raconte, la pin-up ? »
– Pas pour le moment, mais faites-nous confiance l
– Quand même, c’est des sauvages, on vous a dit qu’ils m’ont fait mettre à poil, j’ai bien cru qu’ils allaient me violer.
– Des sauvages, c’est le mot ! Se contenta de répondre Jovin, de plus en plus largué.
– C’est vraiment les méthodes de la gestapo… Ecraser le doigt de mon mari avec un casse-noisette et ces ordures sont en liberté, ça me fait gerber.
– Ecoutez Madame Furet, je vous propose, de me raconter par le détail tout de qui s’est passé ce soir-là.
– Mais enfin, vous le savez déjà !
– Oui, mais chaque personne témoigne différemment, même en ayant vécu les mêmes évènements, c’est en écoutant le maximum de personnes qu’on arrive parfois à repérer un petit indice qui nous permet d’avancer.
– Le maximum de personnes, vous en avez de bonnes, il n’y a que moi et mon mari….
– Et les agresseurs…
– Oui, mais eux ils sont dans la nature.
– Je sais bien, je vous en prie, racontez !
Et Pauline raconta, laissant Jovin et son adjointe complétement ébahis.
– Je suppose que vous avez porté plainte.
– Non !
– Parce que ?
– Mon mari n’était pas pour, j’ai respecté sa décision, mais moi j’ai été me planquer à la campagne.
– Et pourquoi Monsieur Furet n’était-il pas pour ?
– Vous lui demanderez !
– Est-il indiscret de vous demander si votre couple « va bien », comme on dit ?
– Faut pas se plaindre. Nous ne sommes pas en instance de divorce et n’envisageons pas de séparation.
– Je suppose qu’après l’agression, vous avez parlé tous les deux ?
– Forcement.
– Votre mari connaissait les agresseurs ?
– Je vous ai dit…
– C’est vrai, mais il avait peut-être une idée ?
– Faut lui demander !
– Bien sûr, mais j’aimerais vous entendre.
– On évite de parler boulot à la maison….
« Ah, enfin, l’agression a un rapport avec le boulot, et le boulot c’est la banque de l’Atlantique sud, et la banque c’est Grondin, ça devient intéressant. »
– Je veux dire, on fait comme tout le monde, il me parle de ses collèges, de sa hiérarchie, mais jamais de ses dossiers, d’ailleurs, il est lié par le secret professionnel.
– O.K. Mais pourquoi être partie à la campagne ?
– Parce que les deux zigotos, ils ont menacé de revenir.
– Mais vous êtes revenue ?
– Oui, quand mon mari m’a dit qu’il n’y avait plus de danger !
– Bon, je vous remercie, je vais vous faire attendre dans le couloir, j’aurais peut-être encore besoin de vous.
– Ce sera long ?
– Non ! Il vous faudra aussi signer votre déposition, j’espère que vous ne m’avez pas raconté de conneries parce que sinon imaginez un peu…
– Imaginez quoi ?
– Faux témoignage et complicité d’enlèvement de personne, c’est la prison ferme !
– Non, mais attendez, vous insinuez quoi ? Si mon mari a fait une connerie j’aimerais au moins être au courant.
– Il y a un temps pour chaque chose, en attendant patientez sur la banquette.
Pauline s’assoit au bord de la crise nerveuse et la tête pleine de pensées confuses.
– Ne la lassez surtout pas sortir, elle est peut-être complice de je ne sais pas trop quoi, pour l’instant, je suis en plein dans le brouillard.
Furet est de nouveau devant l’inspecteur, il n’en mène pas large.
– On vient de causer avec madame ! Commence Jovin. Dis-moi, elle est vachement bien gaulée ta nana. Je parie que tu dois être cocu comme un chef de gare !
La vanne n’est pas gratuite, mais destiné à déstabiliser Furet.
– Comme tout le monde ! Répond ce dernier sans se démonter.
– Comment ça « comme tout le monde » ? Et en plus t’en as rien à foutre ?
– On ne serait pas un peu hors sujet, là ?
– Ta gueule ! Elle nous a raconté plein de choses. Tu ne nous avais pas parlé de cette soirée de mardi ?
– Vous ne m’en avez pas laissé l’occasion.
– Alors, raconte, je veux ta version.
Furet raconte l’agression, donne des détails mais omet volontairement l’épisode à l’extérieur au cours duquel on lui a confisqué son téléphone. Il espère ses grands dieux que Jovin ne va pas le coincer là-dessus.
– Tu les connaissais ces types ?
– Pas du tout !
– Même pas une idée ?
– Si, mais ça a un rapport avec le boulot et je suis astreint au secret professionnel !
– Ici, il n’y a pas de secret professionnel !
– Nous travaillons avec des clients d’Amérique Latine, certains états deviennent instables politiquement, mais aussi financièrement. Des dossiers sensibles passent entre nos mains.
– Et alors ?
– Il y a eu un coup d’état au Nueva Costa. Les anciens dirigeants ont tenté de mettre leur fric à l’ombre. J’ai été approché par un type de la nouvelle équipe…
– Son nom ? Le coupe brutalement Jovin.
– Pff, il se fait appeler Jimenez, mais ce doit être un pseudo.
– Et alors ?
– Ben, il semblait savoir que le fric de l’ancien dictateur avait atterri dans notre banque, et en voulait la preuve. Or je ne suis pas en charge de ces dossiers…
– Vous lui avez dit ?
– Bien sûr et je croyais que l’affaire en resterait là. Mais les mecs qui sont venus faire du grabuge chez moi semblaient persuadés que j’avais fourni des documents à Jimenez et voulaient savoir comment les récupérer.
– Mwais ! Faites voir votre main !
– C’est un plâtre !
– Merci, j’avais vu, mais les faux plâtres ça existe aussi ! Vous êtes allé à l’hôpital ?
– Oui, j’ai les papiers à la maison, la radio, tout !
– On ira voir, messieurs, remettez-le en cellule, les choses se compliquent.
– Pfff !
– Je ne vous le fait pas dire !
Il est contrarié Jovin, et pour deux raisons, la première c’est qu’il pensait tenir un suspect de premier ordre et qu’il se retrouve au mieux avec un vague complice, au pire avec un innocent manipulé. La seconde est que si cette histoire implique des personnages sud-américains importants, l’affaire va lui échapper.
« Quel dommage, une si belle affaire ! »
Muller
L’autre piste fournie par le relevé du téléphone de Grondin c’est Muller, le patron de Sécurimax. Jovin y a envoyé Klein, l’un de ses collaborateurs.
Muller dubitatif fait assoir le policier sans trop chercher à comprendre.
– Vous avez eu un entretien téléphonique vendredi avec Monsieur Grondin…
– Le directeur de la Banque de l’Atlantique Sud ?
– Oui ! Vous avez parlé de quoi ?
Muller n’est peut-être pas un sommet d’intelligence, mais il comprend néanmoins que la mission foireuse de vendredi a dû avoir des suites « compliquées » et qu’il vaut mieux se montrer évasif.
– Parce que ?
– Parce que, je vous le dirais après !
– Et si je refusais !
– Vous en avez le droit, mais à ce moment-là, nous vous considérions comme témoin assisté dans une affaire pas trop nette avec tous les désagréments liés à cette situation, alors que là nous sommes entre quatre yeux…
– Vous savez, nous sommes chargés de la sécurité de la B.A.S. Nous nous téléphonons souvent.
– Souvent ! Ne me racontez pas d’histoires ! Je suppose que Jovin délègue d’ordinaire ce genre de choses, mais vendredi il vous a appelé d’un téléphone dont il ne se sert pratiquement jamais. Alors racontez moi autre chose, voulez-vous ?
Muller comprend qu’à ce petit jeu, il joue contre plus fort que lui, il change donc de tactique.
– O.K. Je crois comprendre ! Lâche-t-il.
– Vous comprenez quoi ?
– Ben comme on a refusé, il s’est adressé ailleurs.
– Vous ne pourriez pas être plus clair ?
– J’ai refusé de faire ce qu’il me demandait !
– Et il vous a demandé quoi ?
– Un échange de valises entre Grondin en personne et je ne sais pas qui…
– Argent contre quelque chose ?
– Je n’en sais rien !
– Et il attendait quoi de vous !
– Que l’on récupère sa valise après l’échange et qu’on neutralise la partie adverse.
Il est sur le cul, l’inspecteur Klein et pense déjà aux félicitations que lui adressera son supérieur hiérarchique.
– Rien que ça ? Et vous avez répondu quoi ?
– Je vais être très franc, j’étais emmerdé, il m’offrait une belle prime, et puis je n’avais pas envie de me brouiller avec lui, avec la situation économique vous comprenez ?
– Humm
– Je lui ai dit que pour la récupération, on pourrait voir, mais que pour le reste j’étais pas chaud, mais que j’allais réfléchir.
– Et ensuite ?
– Ben j’ai réfléchi ! L’affaire me paraissait trop hasardeuse pour faire prendre des risques à mon personnel, à ma société et à moi-même, on s’est rappelé, je lui ai dit : « d’accord pour la récup mais uniquement la récup »
– Et alors !
– Il m’a répondu, « Tant pis n’en parlons plus ».
– Ce fut bref ?
Muller vient de comprendre que Klein connait la durée de l’entretien téléphonique.
– Pas si bref que ça, il a essayé de m’amadouer, vous savez Monsieur l’inspecteur, tout le monde est corruptible, enfin je veux dire… enfin bref, je ne crache pas sur l’argent mais quand on me demande une chose impossible, ben je ne peux pas.
– C’était vraiment impossible ?
– Non ! Mais mon personnel, ce sont des agents de sécurité pas des cow-boys, je ne peux pas les lâcher contre des gens qui n’hésiteraient pas à tirer.
– C’est tout à votre honneur, cependant vous auriez accepté la récup comme vous dites.
– En fait c’était du poker, j’étais sûr de sa réponse !
– Et s’il avait accepté ce demi marché !
– Je ne me suis pas posé la question.
– Eh bien, je vous remercie Monsieur Muller, grâce à vous l’enquête va avancer à grand pas !
– Vous ne m’avez toujours pas dit sur quoi vous enquêtiez ?
– Sur la disparition de Grondin, personne n’a de nouvelles de lui depuis qu’il a quitté la banque vendredi, Il n’y a eu aucune revendication ni demande de rançon, donc concluez vous-même…
– Je vois…
Muller raccompagne l’inspecteur Klein jusqu’à la sortie. Il l’observe reprendre le volant de son véhicule et disparaître. Il se précipite aux toilettes, se passe de l’eau sur le visage, se regarde dans la glace, il est tout pâle.
– Quel con cet inspecteur ! Soupire-t-il.
Non il n’est pas con, l’inspecteur Klein, mais le fait d’apprendre que Grondin partait de la banque pour un échange de valises avec des gens probablement dangereux est pour lui une révélation si importante qu’il en a négligé de poursuivre son enquête sur place.
Pourtant en interrogeant les employés de la société il aurait fini par apprendre que l’opération « Grondin » avait eu lieu, du coup on serait remonté jusqu’à l’hôtel où il avait été enfermé et les caméras de surveillance aurait détecté l’étrange manège de Muller. On aurait immanquablement conclu que celui-ci cherchait à doubler son client. Certes il aurait facilement été innocenté, mais les fuites dans la presse auraient eu des conséquences néfastes pour l’entreprise. Pensez donc, une mission qui échoue lamentablement et un patron ripoux !
Il appelle Maxence, son homme de confiance :
– Finalement l’opération de vendredi a été un échec, on n’a pas été à la hauteur, je ne reproche rien à personne, on n’aurait pas dû accepter cette mission, ce n’est pas dans nos capacités. Le souci c’est que le commendataire a disparu de la circulation. La police pense qu’il a été liquidé. Ils sont venus me poser quelques questions, j’ai minimisé notre rôle, mais il ne faudrait pas qu’ils reviennent fouiner. On a rien à se reprocher, pénalement parlant, mais commercialement c’est un échec, il faut mieux que ça ne se sache pas. Pour ceux qui ont participé à l’opération, c’est secret professionnel absolu, insistez auprès d’eux sur la pérennité de l’entreprise, si je coule, ils se retrouvent au chômage.
– O.K. Peut-être qu’une petite prime…
– Pas trop grosse, alors ! Quant à ceux qui n’ont pas participé, faites courir le bruit que l’opération a été annulé au dernier moment.
Jovin
– Bravo, Klein c’est du bon travail ! Mais on a perdu notre temps, la DSGE reprend le dossier.
– Pas de bol !
– Rédige un rapport quand même,
C’est en le rédigeant qu’il se rend compte qu’il a peut-être été un peu léger sur ce coup-là.
« Bof, la DSGE se démerdera ! »
Jovin tape son code secret afin d’avoir accès au fichier des personnes étrangères recherchées ou surveillées. Il y a plusieurs Jimenez, mais un seul lié au Nueva-Costa.
Javier Jimenez : voir Adolfo Garcia.
Adolfo Garcia : né en 1975, membre du groupe paramilitaire » halcón guerrero « . Coupable d’homicide sur le territoire français sur la personne de…. Décédé dans le métro parisien (station Liège) le 16 janvier. (chute sur la voie) … Enquête en cours, contacter DSGE.
Branle-bas de combat ! Jovin informe sa hiérarchie, laquelle contacte la DSGE. Les gens qui s’occupent de l’Amérique centrale contactent leur homologue au quai d’Orsay.
– Le patron de la Banque pour l’Atlantique sud a disparu. Hum, nous avons eu vent de transferts de fonds illicites. On a laissé courir, mais si ça tourne au règlement de compte, on va être obligé de se bouger. Assurez-vous qu’il s’agit bien de ça. Et si c’est le cas, ne faites pas dans la dentelle, reconstituez le scénario, faites arrêter les coupables et leurs complices, fuitez l’information pour que la presse en cause. Vous avez pleins pouvoirs, et si la banque coule, tant pis pour elle.
Le lieutenant Eric Roland est chargé de l’affaire. En fin d’après-midi il rejoint Jovin au commissariat du 15ème. Ce dernier lui fait le point détaillé de l’enquête. Quand il cite le nom de Jimenez, le cerveau de Roland fait tilt.
– OK, je vois, je veux tout le monde dans une salle de réunion demain à 10 heures, les suspects, les témoins. Pour Furet et sa femme ce sera garde à vue toute la nuit. Mourillon aussi, il ne me parait pas clair celui-ci.
– Entendu
– D’autre part, vous allez me récupérer demain matin à la première heure un dénommé Pradier, ce n’est pas un suspect du moins pour l’instant mais un éventuel témoin que je tiens à avoir tout de suite sous la main. Je vais vous donner l’adresse, vous me l’isoleriez dans un coin avec interdiction de communiquer avec qui que ce soit.
Mardi 19 janvier
Tôt le matin deux poulets invitent Pradier à les suivre. Il ne comprend pas et on ne lui explique rien. Il se retrouve dans une petite pièce meublée uniquement d’une table et deux chaises avec pour toute distraction la lecture de quelques revues insipides. Les fonctionnaires de polices ont fait du zèle et lui on fait retirer le contenu de ses poches, ses lacets et sa ceinture.
– Si je suis en garde à vue, je veux un avocat.
– Vous n’êtes pas en garde à vue !
– Alors c’est quoi ce cirque ?
– Moi, je ne peux rien vous dire
10 heures
En voyant Blondberger et Mourillon dans la salle de réunion, ce dernier pas rasé et des valises sous les yeux, Furet se dit qu’il va lui falloir jouer serré.
– Bonjour m’sieurs dames, commence Roland, la disparition de Grondin, n’est plus une affaire judiciaire mais une affaire de sécurité du territoire. J’ai les pleins pouvoirs pour la résoudre et quand je dis pleins pouvoirs, ça veut dire que je peux faire ce que je veux avec vous, donc pas d’avocat et pas de garde à vue réglementée et j’insiste sur ce point, pas de droit au silence.
En rigueur de termes ce qu’il annonce est illégal, mais l’assistance qui n’est pas obligé de le savoir frissonne.
– Je sais que vous n’avez pas que ça à faire. Je souhaite aller vite, alors les petites cachoteries, les demi-vérités je n’en veux pas, ça nous fera gagner du temps, si quelqu’un veut me parler sans que ses petits copains entendent, ça pourra se faire. Bon on ne perd pas de temps, c’est qui Furet ?
– C’est moi ! Soupire l’intéressé.
– Allez tu me suis, on va commencer par un petit entretien privé. On peut faire ça où Jovin ?
Jovin conduit Furet et Roland dans une petite pièce. Le lieutenant de la DGSE retire sa veste et retrousse ses manches. Ça impressionne toujours !
– Laissez-nous seuls ! Dit-il à Jovin, ce ne sera pas long.
Furet angoisse.
– Bon, première question : les documents auxquels tu as fait allusion, c’est quoi ?
– L’ordre de transfert des fonds propres du général Diaz.
Furet au cours de sa longue nuit d’insomnie en garde à vue a eu le temps de peaufiner sa défense, il avait décidé de ne rien dire avant de se concerter avec un avocat. Oui mais la donne a changé, alors il décide de faire comme tout le monde. La vérité, il va l’arranger.
Et il raconte la version qu’il a livré à Mourillon, mais en la rendant plus plausible.
– Quand on m’a offert de l’argent, je me suis dit que pour un truc aussi facile, je serais con de refuser. J’ai donc accepté, mais après j’ai eu un remord : le jour où on s’apercevrait que les originaux avaient disparus, on saurait que c’était moi. Je me suis donné un temps de réflexion et j’ai été remiser les documents à la campagne.
– Et on vous a cambriolé et piqué ces documents, c’est ça ?
– C’est ça !
– Un cambriolage qui arrangeait tout le monde !
– Croyez ce que vous voulez, je ne me suis quand même pas cassé un doigt et mis ma femme en état de choc rien que pour me façonner un alibi.
– On en a vu d’autres ! La version que vous me donnez c’est celle que vous avez livré à la banque ?
– Non, j’ai dit à la banque que j’étudiais le dossier à la campagne en prévision d’une juteuse opération commerciale.
– Ils ont gobés ?
– Allez savoir ?
– Autrement dit t’es un menteur, et ce que tu me racontes c’est peut-être aussi un mensonge.
– Croyez ce que vous voulez, mais je suis fatigué, voyez-vous !
– Bon on retourne dans la salle.
Jovin a interdit aux participants de se parler et joue au pion en attendant que Roland revienne, ce qu’il ne tarde pas à faire.
– J’ai quelque chose d’important à dire ! S’exclame Blondberger.
– Ça m’étonnerait ! Persifle Mourillon.
– Allez-y mais soyez bref ! Consent Roland.
– Il manque quelqu’un d’important autour de cette table. J’ai interrogé l’autre jour la secrétaire de…
– Stop ! Dites-nous pourquoi c’est important et son nom, nous verrons ensuite.
– Daisy Rollin, c’est la secrétaire de Furet, C’est aussi sa complice j’en ai acquis la conviction quand…
– Oui, on verra ça plus tard. Vous êtes au courant, Jovin ?
– Pas du tout, voyez avec Monsieur Mourillon.
– Vous nous avez demandé de dresser la liste des gens qui ont été en contact avec le président Grondin avant sa disparition, elle n’a pas été en contact avec lui et d’ailleurs je crois bien qu’elle est en arrêt maladie.
– Bon on passe aux choses sérieuses.
– Permettez, proteste Blondberger.
– Fermez-la ou je vais être obligé d’employer des moyens particuliers. S’énerve Roland.
Roland sort de sa sacoche une carte de Paris, une autre de la région parisienne. Ont été tracés sur ces cartes grâce à la géolocalisation de son téléphone, les étranges pérégrinations de Jacques Pradier.
– Messieurs dames on va faire un tour de table, je veux que vous m’indiquiez l’adresse de votre travail et celle de l’endroit où vous habitez… ou vous habitez pour de vrai, c’est-à-dire là ou vous passez habituellement la nuit. On y va.
– Chauvière, affecté au siège de la B.A.S à Beaugrenelle, j’habite à Massy Palaiseau.
Roland exulte ! Beaugrenelle fait partie de l’un des circuits de Pradier.
Tout le monde travaille à Beaugrenelle. Les adresses personnelles ne fournissent aucun élément. Il ne reste que Furet et son épouse.
– J’habite à Vélizy…
Bingo ! Le lien entre Furet et Pradier vient d’être établi.
On va chercher Pradier !
– Placez-vous là près du tableau. Est-ce que quelqu’un connait ce monsieur ?
Personne ne répond !
« Furet ne semble pas le connaître, à moins qu’il soit un excellent comédien, dans ce cas, les deux hommes ne sont pas en rapport direct, Pradier surveillerait Furet ? On va voir ! »
– Maintenant, à vous Monsieur Pradier, dans cette assistance reconnaissez-vous quelqu’un ?
– Je suis un peu surpris, je ne comprends rien ce qui se passe…
– Aucune importance, répondez !
– Je connais madame, crâne-t-il en désignant Mademoiselle Vorimore.
Stupeur de l’intéressée.
– Et à quel titre ! Demande Roland.
– Elle a été ma maitresse, il y a quatre ou cinq ans…
– Mais, ça ne va pas, non ? Rouspète la donzelle.
– Je n’ai d’ailleurs toujours pas digéré la façon avec laquelle tu m’as largué !
– Mais enfin, je ne connais pas ce monsieur !
– Les femmes oublient vite !
– Cet homme est fou, ou alors il confond !
– Et quatre ou cinq ans après vous manifestez le désir de la revoir en vous rendant devant le siège de la banque.
– Ah, la nostalgie, vous savez…
– On y reviendra, mais il reste à expliquer votre présence à Vélizy.
Cette fois Pradier comprend qu’il lui faut arrêter de plaisanter.
– Je surveillais les agissements de Monsieur Furet.
– Les agissements, je ne fais pas d’agissements… Intervient ce dernier.
– Silence ! Et à quel titre ?
– Je suis détective privé amateur, je n’ai pas de licence.
– Vous agissez pour le compte de quelqu’un ?
– Evidement !
– Et c’est qui !
– Je ne connais pas son vrai nom, mais je peux vous fournir ses coordonnées.
– J’espère bien et vous cherchiez quoi ?
– Madame Irma est cartomancienne, mais elle fait aussi des massages tantriques…
– Au fait !
– J’y viens ! L’autre jour un de ses clients y a oublié une mallette, une personne se réclamant de ce client est venu la réclamer, elle lui a donné. Grosse erreur, c’était un usurpateur.
– Une mallette de quoi ?
– Je ne sais pas ! Toujours est-il qu’une autre équipe se réclamant elle aussi du propriétaire de la mallette est venue chez elle. La mallette n’y était plus, insultes coups, menaces, j’étais moi dans le salon de massage, j’ai réconforté la dame et je lui ai proposé mon aide.
A ce moment-là Roland s’apprête à frapper du poing sur la table et à demander à Pradier de devenir sérieux, mais il aperçoit le visage de Furet, blanc comme un linge.
– Monsieur Furet, vous n’êtes pas bien ?
– Si, si merci, je pète la forme, vous pensez une nuit en garde à vue ça requinque !
– Si vous soulagiez votre conscience ? J’ai bien vu qu’il y a quelque chose qui vous a gêné dans ce que vient de dire monsieur Pradier, j’aimerais bien savoir ce que ça peut être !
– Bon, j’en ai marre, je veux bien me mettre à table mais pas devant mes collègues, il y a des choses qui ne les regardent pas.
Furet a pris sa décision dans la précipitation, il sait désormais que son avenir à la B.A.S est plié, alors à quoi bon aller s’isoler ?
– Bon alors vous venez ? S’impatiente Roland.
– Finalement, je vais rester là !
– C’est comme vous voulez, mais ne perdons pas de temps, est-ce que ce que vous allez nous raconter à un rapport avec la disparition du président Grondin ?
– J’en sais rien.
– Alors à quoi bon ?
– J’ai fait une connerie qui m’a entrainé trop loin, maintenant on me soupçonne de choses avec lesquelles je n’ai rien à voir, je veux m’expliquer, c’est tout.
– Dois-je comprendre que votre déposition de tout à l’heure était mensongère.
– Elle n’était pas mensongère elle était incomplète et arrangée.
– On vous écoute !
Furet réalise alors qu’il lui faudra parler de Chanette et de Daisy devant son épouse. Horreur !
– Non en privé !
– Vous commencez à m’énervez, commencez ici, et réservez les passages que vous ne voulez pas dévoiler devant ces messieurs-dames. Je demanderais aux gens qui sont autour de cette table de n’intervenir que si quelque chose vous semble faux et uniquement dans ce cas-là ! Allons-y !
– Je devais livrer les documents à Jimenez en les déposant chez la cartomancienne. Je l’ai fait …
– Attendez, elle était au courant la cartomancienne ?
– Pas du tout !
– Pradier, vous confirmez ? Demande Roland.
– Elle aurait été au courant, elle n’aurait pas rendu la mallette aux mauvaises personnes. Précise l’ancien flic.
– Continuez, Furet :
– Ensuite comme je l’ai raconté à l’inspecteur Jovin, deux conards sont venus nous terroriser et m’ont piqué mon téléphone professionnel.
– Oui, admettons, mais dites-moi : le cambriolage de votre maison de campagne ?
– C’est après !
– On vous a vraiment cambriolé ?
– Je vais y venir ! Après l’agression j’ai envoyé ma femme et mes gosses à la campagne. Jiménez m’attendait devant chez moi alors que j’étais sorti, il m’a demandé ce qui s’était passé, il a été menaçant mais m’a dit que faute des originaux il se contenterait des photocopies.
– Et alors ?
– Je lui ai fourni les photocopies, mais il s’est aperçu qu’elles étaient antidatées.
– Antidatées ? Et qui les auraient antidatées ?
– Les gens qui ont négocié avec le général Diaz ! C’te bonne blague !
– C’est à dire ?
– J’en sais rien !
A ce moment Mourillon demande la parole.
– Ces négociations ont eu lieu au niveau le plus élevé, entre le président Grondin et le général Diaz.
– Insinueriez-vous que le président Grondin ait antidaté le document ?
– Je n’insinue rien du tout. Je vous donne une information.
Roland demande une pause et consulte son ordinateur portable. Vu l’historique des évènements il apparait logique que Grondin ait antidaté l’ordre de transfert afin de détourner la recommandation du quai d’Orsay.
– Continuez, Furet !
– Jiménez a alors exigé les originaux…
– Mais pourquoi ?
– Au départ Jimenez était mandaté par son gouvernement pour apporter la preuve que Diaz avait planqué les caisses de l’état en France. Avec des originaux normalement datés c’était évident, avec une photocopie « normale », ça pouvait passer, mais avec une photocopie antidatée, ça ne valait plus un clou, avec l’original antidaté, il suffisait d’apporter la preuve de l’antidatage.
– Admettons ! Continuez.
– Jimenez n’avait qu’une solution pour retrouver les originaux, retrouver la piste de la deuxième équipe. J’ai été obligé de lui fournir cette piste pour qu’il me foute la paix.
– Je suppose que vous m’en direz davantage en privé ?
– Tout à fait !
Blondberger se retient d’intervenir, il attend le moment propice.
– Donc je lui ai indiqué où logeait le type qui m’avait cassé le doigt. Je croyais en avoir terminé, mas ils ont carrément kidnappé le bonhomme, l’on mit dans la voiture et m’ont obligé à les accompagner jusqu’à Versailles.
– Parce que ?
– Ils voulaient être sûrs de leur prise.
– Et après ?
– Après je suis rentré chez moi. Je pensais que le cauchemar était fini.
– Le problème voyez-vous, c’est que si votre téléphone portable confirme bien votre parcours, l’autre téléphone nous chante une autre chanson.
– Puisque je vois dis qu’on me l’a piqué !
Alors Pradier intervient, précise qu’il a bien vu Furet débarquer d’une voiture à l’entrée de Versailles…
– Ils se sont arrêtés dans une grande surface, ils ont acheté des tas de trucs dissimulés dans des paquets, mais j’ai clairement vu une pelle de jardinier ! Ils sont entrés dans le bois des Gonards, il faisait nuit, ils avaient des torches et des casques de spéléo, et ils semblaient savoir où ils allaient, je pouvais difficilement les suivre, alors j’ai attendu qu’ils sortent, vingt minutes plus tard, ils sont revenus mais ils n’étaient plus que deux.
– Le troisième aurait été liquidé ?
– Je n’en sais rien, il a pu tout aussi bien leur fausser compagnie. Je voulais m’en assurer avant de prévenir la police, mais le lendemain, je me suis aperçu que retrouver un corps là-dedans… Enfin bref il faudrait faire une battue avec des chiens.
– On la fera cet après-midi, vous viendrez avec nous.
– Pas de problème.
– Ce n’était pas une question !
– J’avais compris, vous voulez la suite ?
– En gros vous avez pris Jimenez en filature et au métro Anvers, il est un peu tombé, c’est ça ?
– On va dire que c’est un raccourci saisissant :
– Bon on commence à y voir clair. On vous libère tous, mais vous restez à la disposition de la police. Monsieur Pradier, je vous invite au restaurant.
– Désolé, je n’ai pas faim, je dois vous retrouver à quelle heure ?
– J’avais quelque chose à dire ! Intervient Blondberger, rouge comme une tomate.
– L’instruction n’est pas terminée, vous aurez l’occasion de vous exprimer.
Tout ce petit monde sort dans le désordre. Les époux Furet et Mourillon en dernier, ayant leurs effets personnels à récupérer.
Personne ne se parle, mais quand Pradier se retrouve dehors, une voix l’interpelle :
– Monsieur !
– Oui ? Répond-il en découvrant Gabrielle Vorimore.
– Tout à l’heure, c’était une boutade ou avez confondu ?
– Un peu des deux !
– Je ne comprends pas ?
– Il va être midi, je vous paie le restau et je vous expliquerais !
– Pourquoi pas ?
Pradier n’avait nullement l’intention de draguer Gabrielle Vorimore. En fait il ne comprenait rien à la tournure que prenait cette affaire et il voulait savoir.
Une fois installés à la table d’une brasserie du quartier, Gabrielle revient à l’attaque :
– Vous ne m’avez pas répondu !
– Je vais le faire ! Mais avant je voudrais vous poser une question, c’est quoi votre rôle dans cette affaire, je n’ai pas tout compris.
– Je suis là parce que je suis la secrétaire du président Grondin !
– Ah ! Les PDG ont décidément tous des jolies secrétaires.
– Un peu sur le retour, la secrétaire.
– Tss, tss, je vous trouve très attirante.
– Vous n’allez pas me draguer quand même !
– J’aurais vingt ans de moins… Mais maintenant je ne suis qu’un vieux crouton !
– Mais non !
– Ne me démentez pas sinon, je vais vraiment vous draguer.
– Mais vous ne le ferez pas, vous êtes un gentleman.
– Bien joué !
– Et si vous me répondiez ?
– En fait vous m’avez tout de suite rappelé quelqu’un, mais je savais qu’il ne s’agissait que d’une ressemblance, ça m’a amusé d’en jouer. Répond Pradier
– J’aime mieux ça !
– Parce que ?
– Parce que vous aussi vous me rappelez vaguement quelqu’un, c’était-il y a une quinzaine d’années au Cap d’Agde, vous connaissez ?
– La zone naturiste ?
– Eh oui !
– J’y vais tous les étés depuis vingt ans.
– Alors on s’y est sans doute rencontré, en fait j’en suis presque sûre. Vous n’avez pas tellement changé. Mais il serait inconvenant d’évoquer les circonstances de cette rencontre.
– Certes, mais vous me pardonnerez de ne pas me souvenir de vous…
– Normal, il y avait beaucoup de monde.
– J’espère simplement ne pas vous avoir laissé un mauvais souvenir.
– Rassurez-vous.
Un ange passe et Pradier ne peut faire autrement que d’évoquer, mentalement les quelques soirées à connotation sado-maso auxquelles il avait participé. Participer était d’ailleurs un bien grand mot, il n’était que spectateur voyeur. Une fois, il avait été sollicité par un type qui lui avait tendu un martinet et lui avait demandé de fouetter sa femme. Il s’était acquitté de cette tâche avec une certaine maladresse ayant peur de lui faire du mal.
Certaines femmes se déchainaient, fouettant des esclaves des deux sexes, les sodomisant à coup de gode-ceintures, leur pissant dessus, « obligeant » les soumis à avoir des rapports homosexuels. Le tout au milieu d’un musique disco assourdissante. Gabrielle faisait partie de ces reines de la nuit.
Et petit à petit la mémoire lui revenait, le souvenir devenait plus clair, plus explicite.
Réminiscence
– Toi, là ! Qu’est ce que tu as à me regarder comme ça ! Tu espères quoi ? Me baiser ? Tu te prends pour un playboy ?
– Je ne me prends pour rien du tout, je vous trouve simplement très belle.
– Non, mais écoutez moi ça, ce vermisseau qui se permet de me trouver belle ! Et tu comptes faire quoi ? Te branler en t’imaginant que tu me baises ?
– Pourquoi pas ?
Un petit attroupement se forme autour des deux acteurs de cette scène insolite, il y a parmi eux un homme qui bande comme un sapeur. Jacques louche vers cette bite, c’est obsessionnel. Au lycée il avait sucé l’un de ses camarades de classes dans les chiottes pendant la récréation. Des cons avaient soudainement ouvert la porte, le rendant honteux. Il s’était alors juré qu’il ne recommencerait jamais pareille chose, mais la tentation avait fini par revenir, il se refusait malgré tout à passer à l’acte.
– Qu’est que t’es en train de regarder ? La bite à Jean-Michel ! Tu serais pas un peu pédé sur les bords, toi ?
– Non, non !
– Ben c’est dommage, j’aime bien la compagnie des hommes bisexuels, tu vois, on est pas fait pour s’entendre. Ou alors tu te lances, Jean-Michel tu veux bien qu’il te suce la bite ?
– Pourquoi pas ! Répond l’intéressé.
Mais Jacques, lui, n’ose pas !
– Dégonflé ! C’est pourtant pas compliqué, tiens toi Robert, vas-y suce lui la queue.
Et voilà que le dénommé Robert se met à sucer la jolie bite de Jean-Michel. Le sexe de jacques est bandé au maximum, il est à deux doigts de rejoindre les deux hommes, mais quelque part, quelque chose le retient.
– Hum, ils m’excitent de trop, ces deux pédés ! Dit la femme, maintenant je veux que vous enculiez devant moi.
Pas un instant d’hésitation : Robert se tourne se casse en deux et s’écarte les globes fessiers, Jean-Michel lui crache sur l’anus en guise de lubrifiant, s’enfile une capote et sodomise son complice du moment en cadence.
– Ne jouis pas, lui dit la belle femme ! Tu feras ça dans mon cul à moi !
Jacques regarde, si le spectacle est loin de lui déplaire, il ne fantasme pas (du moins pas encore) sur la sodomie, il comprend alors que cette femme qu’il trouve magnifique lui sera à jamais inaccessible.
Et pendant que ces messieurs s’enculent, la femme se fait peloter par une joli blackette au corps parfait et doté d’une paire de fesses à damner un saint. Les deux femmes s’embrassent, s’enlacent, se lèchent les seins, puis elles roulent au sol s’emmêlant dans un black and white ahurissant de sensualité, chacune besognant de la langue et des lèvres la chatte de l’autre, jusqu’à ce que leurs cris de jouissance emplissent la salle.
La femme reprend ses esprits, elle aperçoit les deux sodomites qui ont interrompus leurs ébats. Elle fait signe à Robert de s’allonger sur le dos et s’empale dessus, puis se penche de façon à permettre à Jean-Michel de l’enculer. Juste quelques instants de flottement afin de permettre au trio de de synchroniser parfaitement et c’est parti pour une double pénétration diabolique, dont les trois protagonistes ressortiront fourbus et en nage.
– T’es encore là toi ? Demande la femme.
– Je regardais, c’était beau ! Répond Jacques.
– Humm, après tout ça j’ai envie de pisser, ça te dirait de boire ma pisse ?
Jacques n’a jamais fait ça, mais n’est pas contre le fait d’essayer !
– Pourquoi pas ?
– Manque de bol ce n’est pas pour toi ! Viens Chantal, viens boire mon bon pipi.
La blackette se précipite et se positionne sous la chatte de sa complice et vient la boire, évidemment elle ne peut tout avaler et ça dégouline sur son corps, le liquide lui modelant divinement sa superbe poitrine chocolatée.
Et c’est quand Jacques crut la chose terminée que la surprise intervint.
– Je t’en ai gardé une goutte ! Tu la veux ?
Bien sûr qu’il la veut, il n’en revient pas de cette chance inouïe, il se positionne comme l’a fait la blackette l’instant d’avant, il ne reste plus grand-chose, mais il est heureux, c’est son premier pipi, il ne trouve pas ça désagréable, ça ne vaut pas un bon rosé bien frais, mais c’est tellement pervers…
– Tiens, je te propose un deal lui dit-elle : Je t’échange 30 coups de martinets contre un bisou sur mon trou du cul.
On aurait offert à Jacques une Ferrari qu’il n’aurait pas été davantage content, il offrit alors ses fesses aux coups de la jolie femme, elle frappait fort, mais il s’en foutait. Il eu ensuite sa récompense, il trouva que le trou du cul qu’elle lui présentait avait un goût un peu âcre mais c’était tellement divin.
Cette belle femme, était-ce Gabrielle ?
A suivre
Fabuleux comme toujours chez Chnaette
Ça m’a rappelé quelques bons souvenirs, il y a effectivement au Cap une boite naturiste où il se passe des choses pas triste
Cette rencontre de fin de chapitre est complétement inattendue, un vrai coup de théâtre comme on dit … au théâtre, mais qu’importe puisque cela permet à Chanette de nous offrir de croustillantes descriptions qui vont bien