Lilly Firefly par Léna Van Eyck – 18 – Les aventuriers de l’Ouest

Lilly Firefly par Léna Van Eyck – 18 – Les aventuriers de l’Ouest

Le lendemain matin, Angela prit sa cariole et se rendit au drugstore de Colsontown afin d’acheter du tissu. Du moins était-ce le prétexte de son déplacement ! Et puis on a toujours besoin de tissu !

– Ah Madame Angela comment ça va ? Cela fait une éternité…
– Ben oui, je ne suis bien que chez moi, mais de temps en temps faut bien faire des courses.
– Vous avez appris la nouvelle ?
– La nouvelle ? Quelle nouvelle ?
– Tout le monde en parle… Howard Buchanan s’est fait attaquer.
– Pas des Indiens ?
– Non, un bandit ! On va l’enterrer cet après-midi !
– Le bandit ?
– Non Buchanan !
– Ce n’était pas mon copain, mais paix à son âme !

Angela revint annoncer la nouvelle à Davy qui poussa un long soupir de soulagement.

– Maintenant, tu as deux solutions, ou bien tu t’en vas quelque part en étant tranquille, puisque le vieux Buchanan ne risque plus de te rechercher. Ou alors tu retournes au Pretty Saloon.
– Pourquoi faire ? Dorothy a dû me faire remplacer !
– Tu verras bien, mais rends toi compte que tu vas vivre toute ta vie avec ce sentiment de culpabilité, tu as failli être le complice et même davantage d’un crime sur une innocente.
– Et je fais comment ?
– Tu vas voir la fille en question et tu lui expliques que tu as fait une grosse connerie.
– Et tu crois que c’est facile ?
– Non, c’est même très difficile, mais si elle accepte de t’entendre tu ne feras plus de cauchemars.
– Je vais réfléchir…
– Si tu choisis cette solution, attends huit jours avant de retourner en ville, sinon tous les soupçons vont te tomber dessus.

Si la disparition de Howard Buchanan a laissé la population dans l’indifférence, chez les notables ça s’agite pas mal. Le maire et le shérif qui ne devaient leur poste qu’en raison de leur allégeance au vieux patriarche s’empressent d’organiser une assemblée pour tenter de conserver leurs postes. Le verdict fut sans appel, la ville se choisit un nouveau maire et un nouveau shérif.

Restait à régler le problème de la succession. On alla chercher le notaire qui ne put faire autrement que de constater qu’en l’absence de testament, le seul héritier était son neveu, William Buchanan.

Toute cette agitation n’a entraîné aucune conséquence majeure sur la vie du Pretty Saloon. La place de régisseur est vacante depuis le départ de Stanley. C’est Molly, ma mère qui occupe provisoirement une partie de ses fonctions.

Comme je le pressentais, Davenport est revenu au saloon et m’a sollicité pour une nouvelle passe. Une solution aurait été de l’envoyer bouler. Je peux toujours refuser un client même si je n’ai jamais abusé de ce droit. Seuls quelques poivrots potentiellement agressifs et autres hyper crasseux ont essuyé mes refus.

Alors je l’ai monté.

– Ah Lilly si vous saviez le plaisir que j’ai de partager un moment avec vous !
– C’est gentil ! Me contentais-je de répondre tout en me déshabillant.

On a fait notre petite affaire, une passe sans originalité. Souvent je fais semblant de jouir, en principe ça satisfait l’égo de ces messieurs et ça alimente les conversations post coïtale

« La Lilly c’est une sacré chaudasse, je l’ai fait jouir, et ce n’était pas du cinéma, elle mouillait comme une soupe… »

Pauvre ignares qui ne savent pas faire la différence entre la mouille et l’huile d’olives !

Et en se rhabillant avec une lenteur bien calculée, il commence son petit baratin.

– Lilly, il faudrait que nous parlions !
– Oui je sais ! Mais ça ne te dérange pas de jouer un rôle ?
– Pardon ?
– On s’est connu à Norton City, je t’ai monté plusieurs fois, tu étais un client comme plein d’autres et…
– Mais…
– Laisse-moi finir ! Certains mecs s’emmourachent plus ou moins de moi, ça fait partie du jeu, je le vois dans leurs yeux à la façon qu’ils ont de me regarder. La plupart ne l’avoue pas car ils craignent de se prendre un râteau, d’autres essaient de flirter et comme ça ne marche pas, ils laissent tomber. Très rares sont ceux qui insistent lourdement. Je n’ai jamais senti que tu faisais partie de cette catégorie. Tu aimais bien monter avec moi, tu aimais bien monter avec d’autres aussi, je n’étais qu’une pute parmi d’autres.
– Non Lilly, tu te trompes !
– Je ne crois pas ! Et je vais même t’expliquer ce que tu fabriques ! Cet abruti de Stanley a répandu le bruit selon lequel je serais au courant de quelque chose au sujet du magot de McGregor, alors tu t’es dit…
– Mais c’est un malentendu !
– C’est ça oui ! J’ignore ce que tu allais me proposer et je ne veux pas le savoir. Si je savais quelque chose au sujet de ce magot je l’aurais raconté à Taylor, ne serait-ce que pour me protéger, parce qu’actuellement ils doivent être cinq ou six à me harceler à ce sujet et même que ça commence à bien faire.

Là j’exagère, ils ne sont que trois, (Stanley, Bob et lui) mais ma phrase fait son petit effet et du coup il tente de se justifier mais se plante lamentablement :

– Mais justement, je me proposais de vous offrir mon aide pour vous débarrasser de tous ces enquiquineurs.
– Ah oui et pourquoi donc ? Tu serais devenu mon ange gardien ? Et en quel honneur ? Et t’espérait quoi en échange ?
– Euh, écoutez, ce n’est pas facile à dire !

Il cherche ses mots, je suppose qu’il a compris que s’il répond trop vite, il va encore sortir une connerie.

– Bon, on en reste là !
– Je me disais, reprend-il que si vous me laissiez enquêter, je trouverais peut-être quelque chose, à ce moment-là, avant de rendre le fric à McGregor on pourrait en prélever un peu et se le partager.
– Non, pour la dernière fois, je ne sais rien, et maintenant tu es prié de me foutre la paix, je me réserve le droit de demander à Taylor ce que tu viens foutre ici pendant tes heures de travail.
– Oh, non, je vous en prie ne faits pas cela !
– Alors je ne veux plus entendre parler de ces conneries, si tu reviens pour baiser, tu seras toujours le bienvenu, si tu reviens avec des arrière-pensées, ce n’est même pas la peine de te déplacer.
– Bon sans rancune ! On s’embrasse ?

Si ça lui fait plaisir.

Je ne suis toutefois pas complètement rassurée, ce mec-là est pugnace, et puis l’appât du fric ne disparaît pas comme par enchantement, d’un autre coté je ne lui ai pas laissé beaucoup de marge de manœuvre…

En fait j’aimerais quand même me sentir débarrassée de cette glue, et puis autre chose me tracasse, c’est Stanley, qui est un bonhomme autrement plus dangereux que Davenport.

Je décide d’aller rendre visite à Taylor le lendemain avant ma journée de travail pour essayer d’y voir un peu plus clair.

Je déboule donc dans le bureau du shérif Taylor. Coup de bol, Davenport n’est pas présent, j’avais préparé une petite mise en scène pour me retrouver seul avec Taylor, ce ne sera donc pas la peine.

– Lilly, qu’est ce qui t’amènes, ma grande ?
– Je voulais te faire un petit bisou !
– T’es sûre que c’est pour ça, à mon avis tu viens pour autre chose !
– Oui, mais l’un n’empêche pas l’autre.
– Davenport n’est pas là ?
– Non, pourquoi tu me parles de Davenport ?
– Comme ça !
– Il se repose, il sera là cet après-midi
– Et hier, il était où ?
– Mais enfin pourquoi cette question ?
– Tu vas voir ! Réponds-moi donc, mon biquet.
– Il essaie de savoir ce que fabrique Stanley, mais pour l’instant le Stanley il joue les pères tranquilles.
– Il te ment ! Hier il était au Pretty Saloon, si tu me crois pas tu n’auras qu’à demander à Dorothy. Il est monté avec moi et il m’a fait un petit numéro, assez désastreux d’ailleurs car il est persuadé que j’ai quelque chose à voir avec le magot de McGregor.
– Oh, le salaud, je vais le révoquer !
– Non ne fais pas ça, je lui ai promis que je t’en parlerais pas, mais je voulais que tu le saches.
– O.K., je vais prendre des dispositions, mais il faut que je te dise une chose !

Il reprend sa respiration ! Je n’aime pas trop, à tous les coups il va m’annoncer une catastrophe.

– Je vais te dire le fond ma pensée, je t’aime bien et je ne ferais rien contre toi mais je suis intiment persuadée que tu caches un lourd secret.
– Mais non…
– Si ! Tu sais quelque chose que tu ne peux pas dire, encore une fois je ne cherche pas à savoir et je ne te demande rien.

Je reste comme une conne sans savoir quoi rétorquer.

– Tu ne dis rien ! Reprend-il.
– Qu’est-ce que tu veux que je te dise.
– Alors écoute-moi, je vais faire une chose, je vais clôturer pas plus tard que cet après midi l’affaire Stanley. Et comme ça je fais d’une pierre deux coups, Stanley neutralisé et Davenport n’aura plus de prétexte pour aller te pourrir la vie.
– T’es un amour !
– Je ne te demande rien en échange, mais si tu veux être gentille avec moi…
– Mais bien sûr que je vais être gentille avec toi, mon gros biquet ! On fait ça où ? Tu veux qu’on se retrouve au Pretty-Saloon et qu’on fasse comme l’autre fois ?
– Non on va faire ça derrière, à cette heure je ne pense pas qu’on nous dérangera.

Ah bon ? J’avoue ne pas comprendre ! Un type qui a un tel fantasme secret (rappelons aux étourdis qu’il s’est fait sodomiser dans ma chambre par le cuisinier du saloon) va donc le temps d’une baise prendre dans le chemin de la « normalité » !

Et je n’ai même pas de solution de substitution, ne me baladant pas avec un godemichet sur moi ! Restera juste le doigt dans le cul ! Ça tombe bien, j’ai plein de doigts.

On passe dans l’arrière-salle de son bureau, une pièce avec simplement une table et une chaise, et dans le fond un enfoncement barreaudé là où on enferme les ivrognes et les hors la loi. J’ai connu plus convivial comme chambrette d’amour !

– On se déshabille ? Demandais-je.
– Oui, c’est mieux !
– Et si quelqu’un vient ?
– J’ai fermé à clé ! On se rhabillera en vitesse.

Nous voilà donc à poil. Il kiffe sur mes seins, et se met à me les caresser. Sans me demander la permission. Mais c’est vrai que la dernière fois il me l’avait demandé. Il a dû croire que je lui donnais une permission perpétuelle. Il pelote, il pelote, il n’arrête pas !

Je tente une diversion, et lui caresse la bite. Il bande correctement mis il bandait mieux la dernière fois. Bizarre !

Mes mains passent derrière et lui pelote les fesses, il se laisse faire, mais quand je vais pour les écarter afin d’avoir accès à son petit trou, le voilà qui proteste :

– Non, non !
– T’aimes plus ça ?
– J’ai envie d’un truc… j’ai fait une fantaisie avec Molly l’autre jour… comment elle appelle ça déjà ? Une branlette mexicaine, je crois ?

C’est quoi ce truc ? Il m’explique. Ça ne me pose pas de problèmes particuliers, je lui coince sa bite entre mes deux nénés et je bouge. Ça lui fait de l’effet, il bande mieux !

On a fait ça quelques minutes, puis il a voulu me baiser. Un peu dur à la détente, il lime, il lime, il s’essouffle, mais ça ne vient pas.

Une bonne solution en pareilles circonstances, c’est le doigt dans le cul, mais puisqu’aujourd’hui il est réticent…

– Si tu veux m’enculer, tu peux ! Lui proposais-je.

Ill ne répond pas, reprend son souffle et redémarre, c’est reparti pour de longues minutes, il ne va jamais y arriver, mais qu’importe je sais les mots qu’il faut dire quand j’ai un partenaire en panne.

Je lui fais un grand sourire et m’apprête à lui débiter le petit refrain de circonstances, mais le voilà qu’il accélère comme un dingue, le sang afflue sur son visage… Un cri de bête fauve. Il jouit, son visage s’éclaire et il me gratifie d’un baiser surprise.

Ce Taylor d’aujourd’hui n’avait donc rien à voir avec le Taylor de l’autre jour. Et je crois comprendre. Dans son esprit il ne souhaitait pas me laisser avec l’image d’un type qui suce des bites et qui se fait enculer. Il agissait comme si ces actes n’étaient que le produit d’un coup de folie sans lendemain. Mais pourquoi ? Pourquoi ?

Je lui dis ou je ne lui dis pas ?

– Tu sais, je vais te dire une chose, il ne faut pas avoir peur de ses fantasmes, l’essentiel c’est que tu ne fasses de mal à personne. Dis-toi bien que tout le monde à ses fantasmes, les refouler est la pire des choses, moi aussi j’ai les miens, et je ne le crie pas sur les toits !
– Mais…
– Chut ! Fais-moi un bisou !

Et l’après-midi, après avoir consulté brièvement le maire de la ville, Taylor fit part à son adjoint Davenport de sa volonté d’en finir avec Stanley.

– On va y aller tous les deux ! En route !

Mais à Havelock Valley, une mauvaise surprise les attendait.

– Stanley ? Connait pas ! Leur répondit le tenancier du saloon local.
– Un joueur de cartes compulsif avec une petite moustache
– Ah oui, mais il ne s’appelle pas Stanley.
– Avec une cariole bâchée et cheval pie ?
– Oui, c’est bien lui, il a quitté la ville il a trois jours après avoir plumé un type qui s’est fait bien pigeonner.
– Comment ça, il y a trois jours, donc hier il n’était plus là !
– Ben non !

La tronche que tire Davenport !

– Evidemment on a aucune idée de l’endroit où il a pu aller
– Il n’allait pas nous le dire ! Par contre je peux vous dire où il n’est pas, le gars qui s’est fait pigeonner s’est baladé avec deux cowboys dans tous patelins proches… et ils ne l’ont pas trouvé.

En sortant du tripot, Taylor laisse exploser sa colère envers Davenport !

– Mais enfin qu’est-ce que tu as foutu ?
– Ben, j’ai cru qu’il était resté dans sa chambre, j’ai attendu au saloon et comme je ne l’ai pas vu redescendre, je suis reparti.
-Tu ne m’as pas dit ça hier, tu m’as juste dit qu’il n’y avait rien de neuf !
– Ben non, je ne pouvais pas soupçonner qu’il était parti.
– T’as même pas pensé à demander ?
– Non ! J’ai peut-être fait une connerie !
– On dirait bien, pauvre connard ! Tu ne vas pas rester longtemps mon adjoint ! Viens, on retourne au saloon, je vais leur demander si tu étais présent hier ?
– Non !
– Comment ça non !
– Je ne suis pas resté très longtemps…
– Et t’a foutu quoi ? Insiste Taylor qui connait évidemment la réponse.

Pendant qu’ils s’engueulent trois cavaliers s’arrêtent devant le saloon, descendent de cheval et pénètrent dans l’établissement.

On entend du saloon des vociférations bruyantes !

– Qu’est-ce qui se passe là-dedans ? Allez suis moi, crétin !

– Ah, vous tombez bien, vous ! Tiens Harry, c’est le shérif de Norton City il recherche le gars qui t’a plumé !
– On revient de Sylvester City, on a retrouvé le type.
– Il est toujours là-bas !
– Oui mais le shérif local l’a mis en tôle, il a voulu arnaquer un mec, ça s’est terminé en bagarre…
– Bon, j’y vais ! Venez me voir dans quelques jours à Norton City, on verra ce qu’on peut faire pour votre arnaque !

Taylor et Davenport chevauchèrent à bride abattue jusqu’à Sylvester City.

Une fois sur place ils contactent le shérif local.

– Nous avons un mandat d’amener contre le dénommé Stanley Hutchinson… Il est accusé de vol, les faits ont été reconnu, nous l’avions arrêté mais il a réussi à s’enfuir…
– Mais attendez, je n’ai personne sous ce nom-là, j’ai bien un prisonnier mais rien ne permet de vérifier son identité.
– Un jouer de cartes compulsif avec une petite moustache
– C’est sans doute ça ! Venez voir… Si c’est bien votre homme embarquez le, ça me débarrassera !

Stanley accueille les nouveaux arrivants avec mépris.

– Tiens, le shérif de Norton City ! Vous venez me libérer, je suppose ?
– Pas exactement ! Elle est où ta cariole ?
– Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?
– Elle est restée devant le saloon ! Précise le shérif du lieu.
– Il devait avoir une sacoche avec du fric, il a escroqué un type à Havelock Valley.
– Ah, oui bien sûr ! Je vais vous la chercher !

C’est qu’il l’aurait bien gardé pour lui la sacoche !

Ils installèrent le prisonnier dans la cariole après l’avoir menotté, Taylor se chargeant de conduire, tandis que Davenport sur son cheval tenait la monture de son chef en laisse.

Parvenu dans un endroit dégagé, le trio s’arrêta.

– Bon, Stanley tu descends !
– Vous allez m’abattre ! Quel courage !
– Pas forcément ! Si tu nous dis ce que tu sais au sujet du magot de McGregor, on pourra s’arranger !
– C’est Lilly, la pute du Pretty Saloon qui est au courant.
– Au courant de quoi ?
– Je n’en sais rien, vous n’avez qu’à lui demander ! Je ne suis pas shérif !
– Si c’est tout ce que tu sais, ça va mal finir, parce que je te signale que Lilly n’a rien à voir dans cette affaire !
– C’est vous qui le dites !
– Alors ? T’as autre chose à nous dire ?
– Oui, je peux vous dire que vous allez commettre un assassinat. J’ai droit à un jugement régulier.
– Au terme duquel tu seras pendu !
– Pas forcément !
– Casse-toi !
– Donnez-moi une chance ! Implore-t-il.
– Cours !
– Non !
– Pas grave on va faire autrement…

Taylor fait démarrer la cariole, avance d’une cinquantaine de mètres, stoppe, sort son révolver et tire. Stanley s’écroule.

Ils chargent le cadavre dans la cariole et reprenne la route de Norton City.

Les deux hommes restent un long moment s’en s’échanger une seule parole.

– Quand même c’est expéditif ! Finit par dire Davenport.
– Oui et alors ?
– Alors on aurait pu faire autrement, lui laisser une chance, là vous l’avez tué de sang-froid !
– Tu ne vas tout de même pas me faire la morale après la connerie que tu as faite hier ?
– Ça n’a rien à voir !
– Tu ferais mieux de la fermer ! S’énerve Taylor
– Dans sa sacoche il y a de l’argent.
– Oui et alors ?
– On aurait pu en prélever un peu !
– N’y pense même pas !

N’allez surtout pas croire que Taylor soit incorruptible, mais il redoute qu’un tel geste puisse se retourner contre lui… Ah si seulement il avait été seul…

Arrivés à Norton City, ils s’arrêtèrent devant le domicile du maire.

– Nous avons récupéré Stanley à Silvester City, Nous avons fait une halte pour pisser, là le prisonnier a tenté de s’enfuir, nous avons procédé aux sommations d’usages auxquelles il n’a pas donné suite, j’ai donc été obligé de me servir de mon arme.
– Heu ! Ce n’est pas tout à fait exact ! Intervient Davenport, en fait…
– Taisez-vous Davenport ! La version du shérif Taylor me convient parfaitement !

Davenport ne peut faire autre chose que de se taire.

Taylor avait initialement projeté de profiter de cet entretien pour demander la révocation de Davenport, mais il y renonça, un ennemi est toujours plus facile à surveiller à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Taylor eut la grande bonté de me faire parvenir un message dans lequel il m’annonçait sans me fournir de détails que Stanley n’était désormais plus dangereux.

C’est quelques jours plus tard qu’une surprise de taille m’attendait. Mon client du moment avait quitté ma chambre et je m’apprêtais à redescendre en salle quand Dorothy entra suivi de… Davy Donaldson.

Instant d’incompréhension et de panique.

Davy sort un révolver de sa poche…

(Je vais me trouver mal !)

… et il le jette sur le lit !

– Tu peux le prendre et me tuer si tu veux, Dorothy sera témoin et invoquera la légitime défense.
– Bon c’est quoi ce cirque ? Je ne vais pas te tuer, ta mort serait trop douce.
– Alors laisse-moi t’expliquer, je ne te demande rien d’autre que de m’écouter.
– Pfff !
– Ecoute-le quand même ! Me conseille Dorothy.
– Howard Buchanan voulait liquider son neveu sans que l’on puisse le soupçonner…
– Qu’est-ce que tu essaies de me raconter ? Je suis au courant de tous les détails de la machination.
– Mais comment…
– Peu importe !
– Je me suis retrouvé coincé, soit je faisais ce que me demandait le vieux Buchanan, soit c’est moi qui y passais. Ses sbires auraient provoqué une bagarre dans le saloon et je recevais un coup mortel.
– Et alors ?
– Rien ne s’est passé comme prévu, tu devais monter avec William Buchanan. Je devais le tuer et t’accuser. Mais en fait il est monté avec Kate. Je l’aimais bien Kate, je ne voulais pas qu’elle ait des ennuis, donc le plan a échoué. Après je me suis fait casser la gueule et sommé de refaire une tentative. Alors je me suis sauvé.
– C’est avant qu’il fallait te sauver !
– On ne prend pas toujours les bonnes décisions ! Je ne te demande pas de me pardonner, tu ne feras jamais, mais de me comprendre, j’ai été salaud, je ne voulais pas être salaud, mais j’étais coincé.

Il a les larmes aux yeux, ce con !

– Tu veux quoi ? Que je te passe un mouchoir ?
– Je vais reprendre ma place de régisseur, il va falloir que tu me supportes !
– Eh bien je vais réfléchir et voir si la situation est supportable ! C’est tout ? Je peux redescendre maintenant ?

Effectivement, la bonne question est : est-ce que je vais supporter de croiser ce connard en permanence ? C’est un pauvre type, un connard et je n’aime pas les connards. J’avais la haine, mais j’ai continué à bosser en évitant de croiser son regard et lorsque je suis allée me coucher j’ai eu du mal à trouver le sommeil.

Et puis au bout de quelques jours, ma haine s’est dissipée, je n’ai pas pardonné, j’ai encore moins oublié mais je fais avec, lui de son côté limite ses contacts avec moi au strict nécessaire. Il doit être mal dans sa peau, ce mec ! Tant mieux.

A suivre

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Une réponse à Lilly Firefly par Léna Van Eyck – 18 – Les aventuriers de l’Ouest

  1. Forestier dit :

    Si l’érotisme est un peu léger dans cet épisode, l’histoire reste passionnante, Lilly on t’aime ♥

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