La salle d’archive, mirlitonnnerie en vers libres par Jean-Sébastien Tiroir

La salle d’archive
Mirlitonerie en vers libres par Jean-Sébastien Tiroir

Je suis la salle d’archives au deuxième sous-sol
L’immeuble est vendu, finies les caramboles
Et pourtant j’en ai vu, pendant des années
Des gourgandines, des vits, des gros nénés
Il y avait René, le petit archiviste
Le gros Gilbert et ses journaux syndicalistes
J’y ai vu la Ginette se faire sauter sur la table
Et croyez moi c’était un spectacle adorable
Les jambes tout en haut relevées,
Son partenaire obligé de l’empêcher de crier
René de sa cachette regardait
De sa main droite, dare-dare, il se branlait
Isabelle qui collectionnait les amants
Et leurs faisait des pipes, de sa bouche, goulûment
René de sa cachette se régalait
Le gros Gilbert, invité, rigolait
Et puis il y avait la grande Madame Popescu
Qui par son directeur se faisait ramoner le cul
René de sa cachette regardait et se branlait
Gilbert qui lui avait des lettres se masturbait
La main de René un moment fatigue
Gilbert lui prêta la sienne, prodigue
Me prêteras-tu ton cul ? lui demanda ce dernier
Mais cher collègue, ce sera volontiers
Alors Gilbert de son gros vit l’encula
Mais ils ne furent point discrets et leur étagère s’écroula
René et Gilbert furent renvoyés sur l’heure
Il paraît que Madame Boudu se fait enculer ailleurs
Je ne vois plus rien de croustillant
A me mettre désormais sous les dents
Mais tant pis c’est maintenant la rénovation
Aux locaux archives succéderont
Un large sous-sol de de restauration
Avec des casseroles et des mitrons
Il parait que les cuisiniers sont de chauds lapins
Et les cuisinières accortes ! Vivement demain.

Jean-Sébastien Tiroir, mars 2015