Un soir sur la plage par Claudine01

Toute la journée, le soleil avait brûlé les murs des maisons et le sol poussiéreux des ruelles. La ville grouillait encore de gens qui cherchaient désespérément un petit peu d’air. La nuit était tombée depuis longtemps, mais sous cette latitude il ne faisait jamais froid. Même la brise venant de la mer était chaude. Les corps étaient moites, et la moindre boisson, si elle apportait un peu de fraîcheur immédiate, perlait aussitôt sur les tempes et les lèvres supérieures, s’écoulait en gouttelettes entre les seins et dans le creux des reins.

On entendait au loin, aux portes du désert, les cris de bêtes sauvages. Plus près, des chiens aboyaient. Troublés dans leur sommeil, des coqs chantaient, croyant au lever de leur maître Soleil.

Depuis plusieurs heures, la centrale électrique s’était arrêtée, une fois de plus mise à mal par la demande sans cesse grandissante de la fée Lumière. Les quartiers étaient plongés dans une pénombre profonde. Seules quelques lampes à pétrole ou à gaz créaient de-ci de-là comme des feux follets perdus dans la nuit. Et sur la mer, l’écume des vagues semblait être une multitude de draps que la lune et quelque réaction chimique rendaient fluorescents.

Ils se promenaient en silence, se tenant par la main, leurs pieds marquant dans le sable noir des empreintes invisibles. Chaque grain de ce sable un peu gros, souvenir d’une lointaine éruption du volcan qu’ils savaient être là mais ne pouvaient pas voir, chaque grain de ce sable leur faisait une légère piqûre sur la plante des pieds, entre les orteils. Demain, les draps de leur lit seraient encore couverts de multiples petites paillettes noires et brillantes. Demain… Car aujourd’hui, comme tous les soirs, il ne leur serait pas possible de prendre une douche. Pas possible de profiter de la douceur de l’eau qui fouette le visage, s’écoule à flots sur les corps qui se tendent sous le jet trop froid et qu’on ne peut mitiger.

Ils se promenaient, comme chaque soir, leurs pas les menant lentement là où les bruits de la ville se faisaient plus discrets et où seul le souffle des vagues et du vent berçait leurs pensées.

Elle portait ce soir-là une robe assez longue, toute de voiles vaporeux qui se soulevaient et flottaient au vent, et parfois s’enroulaient sur ses fines jambes musclées. Ses longs cheveux qu’elle avait cessé d’essayer de retenir dans un noeud incapable de lutter contre le vent volaient en tous sens et venaient frapper le visage de son compagnon. Il aimait la sentir là, près de lui. Il l’imaginait, ne pouvant la voir, ses petits seins pointant sous le voile de sa robe. Il rêvait ses épaules larges, brunes et luisantes, le creux de ses reins menant à ces courbes charnues dont ses mains jamais ne se lassaient et qu’il palpait avec tant de plaisir. Elle l’imaginait, sa chemise négligemment boutonnée sur son torse musclé recouvert d’un duvet sur lequel elle aimait frotter ses joues avant d’aller plus avant vers son sexe fièrement dressé. Leurs esprits ainsi erraient, entraînés l’un et l’autre par des chemins différents vers un même moment : celui de l’étreinte suprême.

Cet instant était magique, agréable prolongement du repas si fin qu’ils avaient savouré quelques heures plus tôt : araignée de mer, légumes croquants aux saveurs et aux couleurs bien de là-bas, légèrement pimentées. Et ce vin … Né du raisin gonflé et mûri au coeur du volcan au repos, né du soleil généreux de ces contrées lointaines, né de la tradition de vignerons oeuvrant tout simplement par amour pour ce breuvage, sans souci du commerce, sans souci du profit. Un vin dont la recette devait provenir de quelque dieu sommelier…

D’une légère pression de ses doigts sur ceux de son compagnon, elle l’attira un peu plus près de lui, et lui glissa à l’oreille, luttant contre le vent qui emportait ses paroles :

« Je dois faire pipi.»

La plage, à cette heure, semblait vide. Le pâle halo de la lune ne permettait de toute façon pas de distinguer des silhouettes éventuelles. Elle se tourna le dos au vent du large, et relevant sa longue robe jusqu’à la taille, tenta de faire glisser le long de ses jambes sa petite culotte. Mais les assauts successifs du souffle de la mer rendaient les voiles de sa robe comme fous. Ils s’envolaient en tous sens.

« Viens, je vais t’aider, je vais tenir ta robe.»

Debout derrière elle, les mains posées sur les hanches de sa belle, il tenait soulevés les voiles turbulents. Ils s’accroupirent ensemble, elle tirant légèrement vers l’arrière sa petite culotte. Serrant maintenant les tissus d’une seule main, alors que dans un soupir elle libérait sa vessie, lui, de son autre main, caressait son ventre délicat, les rondeurs de ses fesses, cette croupe superbe contre laquelle il aimait à venir frapper le bas de son ventre, sexe tendu. Sa main libre glissa doucement. S’insinuant délicatement entre le ventre et la cuisse, suivant le pli qui le menait vers la toison si douce et maintenant tout humide, ses doigts, comme effleurant délicatement les touches d’un piano, avançaient l’un après l’autre sous la source chaude, caressant au passage le petit mont de l’amour, les lèvres épanouies et la vallée profonde qui mène à la grotte du plaisir extrême.

Dans le creux de son cou, près du lobe de son oreille, visage perdu dans ses cheveux, il lui murmurait des mots tendres, des mots d’amour, qu’elle était belle et douce et chaude. Des mots qu’elle connaissait, mais que le vent emportait. Des mots qu’elle sentait sous la caresse de ces doigts qui doucement la pénétraient. Entre leurs pieds, le sable faisait des boulettes, comme si chaque grain voulait profiter de la source dorée et chaude. Il lui demanda de se retenir, d’arrêter de laisser s’écouler le précieux liquide.

Dans un léger gémissement, un frisson parcourant son dos, son ventre se tendant sous l’envie pressante, elle sentit sous ses fesses à l’intérieur de ses cuisses le frottement des cheveux coupés en brosse dans lesquels souvent elle passait les doigts. Des mains pétrissaient délicatement son entre jambe, ses rondeurs charnues. Un nez passait et repassait sur son clitoris, le faisant gonfler peu à peu… L’envie d’uriner était toujours présente… Une langue coquine et précise écartait les lèvres cachant l’entrée de la grotte d’amour… Son ventre lui semblait près d’éclater sous l’envie de se libérer… Des dents délicates, des lèvres fermes mordillaient ça et là, le bouton, les grandes lèvres… Il fallait qu’elle puisse continuer, elle avait trop besoin. N’y tenant plus, cherchant à repousser son compagnon, elle laissa – non, elle ne pouvait pas… oh si… elle n’en pouvait plus – s’échapper, enfin, cette urine qu’elle ne pouvait plus retenir. Fermement il maintint de ses mains ses fesses contre le haut de son torse velu, tandis que le chaud liquide s’écoulait sur son visage, dans sa bouche, dans ses cheveux. Enivré de plaisir, alors que sans conviction elle cherchait à s’échapper, il la buvait, la goûtait, la savourait. Vaincue – mais avait-elle vraiment lutté ? – elle sentait monter en elle l’envie de plonger vers sa verge qu’elle imaginait tendue et serrée dans son pantalon. Alors, d’un petit coup de reins, sur les genoux elle se laissa tomber. Et telle la chatte qui rampe vers sa proie, son ventre frôlant le corps de celui qu’elle désirait si ardemment, elle glissa doucement. Son visage au croisement des cuisses entrouvertes de l’homme, ses mains rapides et sûres avaient libéré l’objet de ses désirs les plus fous. Et déjà avec fermeté ses lèvres passaient et repassaient sur le gland lisse et tendu, insistant sur le frein. Sa langue descendait tout le long de la tige, s’enroulant, remontant, se tordant parfois pour mieux appuyer, pour mieux goûter à chaque repli. Et encore stimuler le canal qu’elle sent se gonfler. Deviner le souffle qui s’amplifie. Sentir les reins sous elle qui se cambrent. Percevoir peu à peu comme un râle profond, alors que sous ses doigts le canal se gonfle de plus en plus.

Puis comme une explosion. Comme un jaillissement. Comme un geyser sorti des entrailles de la terre. Elle sent dans sa bouche, sur son palais, sur sa langue, le liquide convoité, la gelée épicée.

Entre ses jambes, sur son mont du plaisir, la langue a repris son travail, sa fouille curieuse et précise. L’esprit serein, heureuse du bonheur qu’elle vient de donner, dans un cri qu’elle ne cherche pas à retenir, venant du fond de sa gorge, du fond de son ventre, même, elle se laisse aller au plaisir qui l’envahit…

Alors que le soleil rosit l’horizon, le vieux pêcheur s’arrête. Il pose son filet dans sa barque, et relève sa casquette. Il ajuste son regard, se frotte le menton.

Deux corps couverts de grains de sable noirs et brillants sont étendus l’un près de l’autre. Une petite culotte de dentelle blanche s’est envolée à quelques mètres de là. La longue robe de la femme, relevée jusqu’à sa taille, dévoile aux regards de belles jambes fines légèrement écartées. Ses pieds sont nus. Sans doute la mer lui a-t-elle volé ses chaussures. En haut de ses jambes, une toison claire, courte et frisée laisse entrevoir deux lèvres rosées maintenant refermées sur la grotte d’amour. Quelques poils agglomérés en touffes collées ne laissent planer aucun doute sur les heures passées.
Le bras de l’homme allongé à ses côtés est posé sur son épaule, couvrant une poitrine qu’on devine ferme et pointue sous le tissu.

Perdu dans ses pensées, le vieux pêcheur soupire, rajuste sa casquette, et d’un geste las plonge la main dans sa barque. Encore ce fichu filet à réparer, sinon le poisson ne se laissera pas prendre…

Claudine
Juin 2006

Ce récit à eu l’honneur d’être nommé Prix spécial uro
pour 2006

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

6 réponses à Un soir sur la plage par Claudine01

  1. Irma dit :

    De l’uro que l’uro, mais qu’est-ce que c’est beau !

  2. Mathilda Stenberg dit :

    Bravo, Claudine !

  3. Claire dit :

    Effectivement ce texte caché dans les oubliettes du site mérité d’être redécouvert, le fantasme uro étant remarquablement écrit et décrit

  4. Jennifer dit :

    Superbe texte et superbe écriture au service d’un fantasme que j’adore

  5. Hardy dit :

    De l’uro bien écrite et très efficace

  6. piseman dit :

    Un bon petit uro qui m’a beaucoup plu

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *