Professeur Martinov 20 – La vieille horloge – 10 – Double vie par Maud-Anne Amaro

Professeur Martinov 20 – La vieille horloge – 10 – Double vie par Maud-Anne Amaro

Il nous faut maintenant parler de Duffy, un habitué des lieux, causeur invétéré, grand brun au regard fuyant et au visage en pain de sucre. Il est souvent vêtu d’un pantalon jaune citron ultra moulant sous lequel la forme de son sexe n’a rien d’un secret, et d’un tee-shirt en résille. Il énerve souvent son monde, mais la grosseur de son membre lui assure quelques contacts réguliers.

Et ce jour-là, allez savoir pourquoi, il s’assoit d’autorité à côté des filles :

– Bonjour les poulettes, je peux m’asseoir ?
– C’est déjà fait.
– Je vous paie un verre ? Je m’appelle Duffy.
– Non merci ! Et on voudrait être tranquilles !
– Ah, oui, vous voulez profitez du spectacle, vous savez qui c’est, le travelo là-bas dans le fond ?
– Non, mais on s’en fout !

Le travelo en question est le même que tout à l’heure et en ce moment il est en train de sucer la grosse bite d’une drag-queen. Une magnifique bite noire que la salive dont elle est imbibée, rend encore plus spectaculaire. Il pompe, il pompe tandis que l’autre, perdu dans ses rêves a fermé les yeux évoquant sans doute on ne sait quels fantasmes.

Et puis soudain, ça s’arrête, les deux coquins se séparent, le « schtroumpf » a la bouche pleine et ne recrache rien.

Il s’approche alors d’un intriguant trio opérant dans l’alcôve voisine, rideaux ouverts.

Là, une grande transsexuelle rousse chaussée de lunettes se fait sucer la queue de conserve par un homme et par une splendide créature brune dont on ne peut dire à ce moment s’il s’agit d’une femme ou d’une trans. Ils se passent la bite à tour de rôle et ont l’air d’y prendre un plaisir intense.

Le « schtroumpf » s’est assis devant eux et pour l’instant se contente de regarder la scène.

La trans s’est dégagé la poitrine, du coup la brune vient lui sucer les tétons pendant que l’homme continue sa fellation, puis elle quémande un baiser, que notre trans à lunettes ne refuse pas, s’en suit un roulage de pelle en règle.

Petit changement de tableau, le « schtroumpf » s’est approché et a sorti sa queue, quémandant une pipe que la trans lui accorde, mais en alternance avec l’autre homme. La brune, elle, a repris son suçage de bite, quand on aime, on n’arrête pas !

Ça suce, ça suce, ça n’arrête pas de sucer, jusqu’à ce que la brune se mette sur le dos, c’était donc une vraie femme ! Elle demande à la trans de venir l’enculer, ce que fait cette dernière avec beaucoup d’énergie.

L’homme s’est placé au niveau du visage de la femme, celle-ci en profite pour lui gober les couilles. Quant au « schtroumpf », il attend qu’on s’occupe de lui en s’astiquant la tige.

De nouveau, on change de position, cette fois notre transsexuelle se fait enculer par l’homme en position couchée, et suce le « schtroumpf ». La femme vient sucer la bonne bite bien bandée de la trans.

Au bout d’un moment l’homme décule, le « schtroumpf » prend sa place dans le cul de la trans qui s’est mise en levrette, L’homme a trouvé le moyen de se placer en dessous du couple ce qui lui permet de lécher les couilles de la trans. Du coup celle-ci peut lui sucer la bite en la partageant avec la femme. De temps en temps,, la jolie bruine vient embrasser profondément sa camarade de jeu..

La trans se déchaine et décide de contrôler elle-même sa pénétration anale. Elle exécute des mouvements de bas en haut tellement spectaculaires que l’on voit sa bite sauter en tous les sens. La femme à ses côtés alterne les bisous sur la bouche et sur les tétons, quant à notre « schtroumpf », il se branle frénétiquement.

Mais les changements de rôles n’étaient pas terminés, la trans se met à enculer l’homme lequel a relevé ses jambes, il en profite pour lécher la chatte de la femme qui est venue lui offrir. « Schtroumpf » se met derrière la trans en cognant sa bite contre ses fesses. Sympa, l’enculeuse lui prête sa main.

Quelques minutes plus tard, tout le monde se désemboitait, mais c’était pour le final, l’homme enculait de nouveau la transsexuelle qui en même temps se branlait frénétiquement. Elle éjacule et répand son sperme sur ses seins. La femme vient lui nettoyer tout ça.

Les deux bonhommes se branlent maintenant, l’un à gauche, l’autre à droite de la belle trans à lunettes, ils lui jutent presque en même temps sur la poitrine et le visage. La trans leur nettoie la bite avec sa langue, puis la femme vient l’embrasser alors que sa bouche est encore plein de sperme.

L’homme et le « schtroumpf » s’en vont chacun de leur côté, la femme et la trans restent ensemble enlacées, elles ferment le rideau de leur alcôve.

– Vous ne voulez toujours pas que je vous dise qui c’est le « schtroumpf » ?
– Bon tu te casses, où c’est nous qui allons être obligées de changer de place
– Bon, je vais vous le dire quand même ! C’est le directeur d’une école catholique, et attention pas n’importe quelle école catholique, le genre intégriste et balai dans le cul…
– On s’en fout, on t’a dit !
– L’autre fois il est passé à la télé pour dire des saloperies à propos de la gay-Pride, comme hypocrite il y a pas mieux, si ses petits copains savaient ce qu’il fabrique ici, je ne vous dis pas…
– Et comment tu l’as su, il t’a fait des confidences.
– Ben oui ! Quand, il est bourré, faut qu’il cause.
– Et pourquoi tu viens nous raconter ça !
– Pour faire la conversation !
– Bon, et bien ta conversation tu vas aller la faire ailleurs, et maintenant tu dégages !

Et comme il n’en fit rien les deux filles se lèvent pour aller se trémousser sur la piste de danse laissant planté-là, l’importun.

Fin du flashback

– Hum ! On peut essayer ! Dit Stéphanie
– On y va demain ? Propose Agnès

Mardi 30 avril

Mais ce jour-là, le travesti « schtroumpf » n’était pas là, en revanche Duffy, lui, y était :

– Un gros billet pour un petit renseignement ça te dirait ?
– Faut voir ?
– Ce mec qui se travestit et qui travaille dans un institut catholique…
– Ah ! Marguerite ? On ne le voit plus trop ces temps-ci !
– On peut le trouver comment ?
– Allongez la monnaie et je vous le dis !

Elles allongent.

– Y’a pas assez !
– On a pas plus !
– Pas de rallonge, pas de renseignement !
– Ecoute, on n’est pas folles, si tu nous as raconté des trucs l’autre jour sur ce mec, c’est que tu souhaites que ça se sache. Et pourquoi tu veux que ça se sache, c’est parce que ce mec t’a fait une vacherie… on a bon ?
– Humm
– Alors dis-toi bien que le renseignement va tomber dans de bonnes mains, mais ne soit pas trop gourmand !
– Institut Saint Olivier à Versailles, j’ai pas l’adresse mais vous trouverez bien, il s’appelle Benoît Rivers.
– Je note. T’aurais pas une photo dès fois ?
– C’est interdit de faire des photos ici !
– Je ne t’ai pas demandé si c’était interdit ou pas, je t’ai demandé si tu en avais ?
– Donnez-moi votre numéro de portable, je vous l’envoie.
– Ça marche.
– Faites quand même gaffe où vous mettez les pieds, dans sa vie officielle ce salopard a des relations musclées !
– T’inquiète ! Au fait cette histoire, tu l’as raconté a beaucoup de monde ?
– Non, je ne vais pas raconter ça aux habitués, ça risque de me retomber sur la gueule !
– Mais pourquoi à nous ?
– On me l’a fait pas, vous êtes des indics, non ?
– Peut-être, mais ferme ta gueule : Lui dit Agnès.
– Vous inquiétez pas, je serais une tombe.

Les deux filles éclatent de rire en sortant du cabaret :

– On a vraiment des gueules d’indics ?

Jeudi 2 mai

L’ahuri de service à l’institut, contacté sous un prétexte fallacieux ne fit aucune difficulté pour communiquer l’adresse du bonhomme. Un bel appartement du 7ème arrondissement.

– Qu’est-ce que c’est ? Je n’attends personne ! Grommela Benoît Rivers en entrouvrant sa porte.
– On vient dire bonjour à Marguerite ! Répond Stéphanie en bloquant la porte avec son pied.

Il est livide, Rivers.

– C’est une erreur, c’est pas ici ! Balbutie-t-il.
– Bon, on sait tout et je suppose que toi tu aimerais bien savoir comment on a fait pour tout savoir ? Alors on peut entrer ?

Il ouvre la porte en grand, blanc comme un linge.

– Je dois partir, j’ai un rendez-vous…
– Tu diras que tu as eu un empêchement, on s’assoit où ? On ne va pas rester debout ?
– Là ! Vous êtes qui ? Vous voulez quoi ?
– C’est très simple ! On sait tout de ta double vie…
– Mais…
– Laisse-moi parler ou on ne va jamais y arriver. Je suppose que si maman, papa, tes frères et sœurs, tes employeurs apprenaient ce que tu fais la nuit, ils deviendraient fous de joie ?
– Vous faites erreur…
– Bon, ça va, change de registre, on a même des photos.
– Je ne sais pas de quoi vous parlez ! Vous vous trompez de personne !
– Bon, ça va, on t’a vu à l’œuvre au Fricotin en train de faire des pipes, on peut même te décrire la place où tu étais…
– Je vous dus que vous vous trompez de personne ! Martèle Rivers.
– Et ça c’est quoi ? S’énerve Stéphanie en exhibant la photo.
– Ça ressemble un peu, mais ce n’est pas moi, je ne mange pas de ce pain-là !
– Avec la même verrue au milieu du front, tu te foutrais pas un peu de notre gueule, parfois ?
– Ben non, c’est justement à cause de cette petite ressemblance que vous avez confondu, mais ce n’est pas moi !

Stéphanie sort de son sac une mini bombe au poivre et menace le type :

– Si tu fais le zouave on te balance ça dans les yeux.
– Mais !
– Silence, je fais un tour !

Elle passe ensuite la bombe à Agnès puis se lève afin d’aller explorer l’appartement.

Elle commence par la salle de bain, ouvre les placards et les tiroirs, ne trouve rien de ce qu’elle cherche.

« Aucun produit de maquillage, où est ce qu’il planque tout ça ? »

Elle visite ensuite la chambre de Rivers sans plus de résultats.

« Pas le moindre vêtement ou sous-vêtement féminin, pas la moindre perruque ! Ou bien ce mec a une garçonnière à l’extérieur, ou bien on s’est trompé de client ! »

Dans la bibliothèque, Stéphanie découvre des flyers non distribués pour une conférence ayant eu lieu le 3 Avril dernier sur lesquels figurent la bobine de Rivers en gros plan. Elle en glisse un dans sa poche.

« Intéressant ! »

Elle ouvre une autre porte, un cellier sans intérêt, puis les toilettes… Il reste une dernière porte au fond du couloir. Fermé à clé !

Elle revient vers Rivers, lui réclame la clé.

– Il n’y a rien, c’est la chambre de ma sœur.
– T’as une sœur qui habite avec toi ?
– Non, mais je l’héberge quand elle vient à Paris !
– Donne la clé, sinon j’ouvre à coup de pied !
– Au crochet dans l’entrée avec un porte clé rose. Répond Rivers, blanc comme un linge.

« C’est quoi, ça ? On dirait une chambre d’enfant ? Il aurait un gosse, Rivers ? Putain, la collection de poupées Barbie, j’en ai jamais eu autant quand j’étais gamine. »

Si le premier coup d’œil peut être trompeur, le second ne fait aucun doute :

« C’est quoi ce boudoir ? Et… »

Inutile de creuser davantage ! Stéphanie a maintenant devant elle une magnifique photo posée de Benoît Rivers en travesti ! Cela lui suffit mais par pure curiosité féminine, elle farfouille et s’amuse en découvrant une coiffeuse avec tous les produits qu’il faut. Les perruques, culottes, soutien-gorge, jupettes et petits hauts qui encombrent le dressing, il y a aussi des escarpins, du 44 ! Elle éclate de rire, s’empare de l’escarpin et de la photo et revient vers l’homme :

– Alors, elle chausse du 44 ta frangine ?

Rivers est livide.

– Et la photo, on la garde, ça manquait à notre collection !
– C’est dégueulasse ce que vous faites !
– Pour l’instant on n’a rien fait, on a juste perdu du temps à te démasquer. Quant à nous traiter de dégueulasse, tu devrais te regarder dans une glace, casser du pédé à la télé alors que la nuit tu suces des bites, tu crois que c’est correct ?
– Faut bien que je gagne ma vie !
– C’est ce que disaient aussi les mecs qui travaillaient pour la Gestapo.
– Bon, vous voulez quoi ?
– C’est nous qu’on pose les questions ? Répliqua Stéphanie parfois fâché avec la syntaxe. Tu faisais quoi le 28 mars ?
– Comment voulez-vous que je m’en souvienne ?
– Ton agenda, il s’en souvient peut-être ? Passe voir ton téléphone. Voyons voir… « lunettes », ça veut dire quoi « lunettes » ?
– Ça veut dire que je suis allé récupérer mes lunettes chez l’opticien !
– A Paris ?
– Oui sur les Champs ! Mais c’est quoi ces questions, vous me voulez quoi ?
– On va y venir, mais d’abord un préalable…

Un moment abattu, Rivers se dit qu’il lui faut reprendre l’initiative, mais n’a pas beaucoup d’idées. Droit comme un I sur sa chaise il ose :

– Si vous pouviez faire vite, j’ai un rendez-vous important à l’extérieur.
– On s’en fout !
– Mais…
– On va te demander un truc, c’est assez pointu, mais c’est dans tes cordes, si tout se passe bien ta double vie de merde ne sera pas dévoilée, cela dit et avant d’entrer dans les détails, il te faut savoir une chose, si tu essaies de faire appel à des nervis pour te débarrasser de nous, ça ne marchera pas, on est en contact permanent avec notre commanditaire, si le contact est rompu, ce sera direct l’envoi d’un courrier à tes employeurs et à ta famille avec photos jointes. Si tu vas à la police on le saura aussi ! Compris ?

Evidemment la dernière menace est du bluff intégral, mais les filles n’osent même pas imaginer qu’il puisse aller à la police quand il saura ce qu’elles lui demanderont de faire.

– Alors voilà, on t’explique : un de nos amis est accusé de meurtre, il est innocent mais il n’a pas d’alibi, alors l’alibi ce sera toi. On va passer un gros moment avec toi, on va t’expliquer ce que tu devras dire, on va t’emmener à la campagne pour que tu reconnaisses les lieux où tu es censé avoir rencontré notre ami…
– C’est tout, oui ?
– Oh, non ! Quand tu auras assimilé ton rôle, on lancera l’alibi, à ce moment-là tu seras interrogé par la police, tant que tu restes témoin, et juste témoin, tu ne risques rien, sauf qu’il faudra leur dire que tu te travestis !
– Comprenez que cela m’est impossible.
– Mais t’es coincé ducon ! Tu n’as plus le choix ! Et maintenant tu vas te mettre à poil !
– Ça ne va pas, non ?
– Dépêche-toi, on perd du temps !
– Je…
– On a dit à poil ! Grouille !

Le type, blanc comme un linge se déshabille mais garde son slip et ses chaussettes.

– T’enlèves tout !

De mauvaise grâce, Rivers s’exécute.

– Tourne-toi ! O.K. Super ! Tu peux te rhabiller.

Il le fait sans rien comprendre. Stéphanie donne un coup de coude à Agnès en lui chuchotant :

– Tu as vu comme moi ?
– Oui !

Rivers réfléchit, une idée simple s’impose à lui, s’il n’entre pas dans le plan tordu qu’il ne comprend à peine et qu’elles lui proposent, il est menacé de représailles.

« Vu comme ça, ça a l’air tout simple, mais si je sors du plan, les filles sont aussi perdantes que moi puisque leur petit protégé perd son alibi. Il doit donc y avoir une solution quelque part, sauf que je ne la vois pas. Dans l’immédiat, je sais ce que je pourrais faire, je fais suivre les filles, on y touche pas mais on essaie de remonter jusqu’au commanditaire, après on avisera ! Bof pas terrible tout ça, mais si je pouvais prévenir quelqu’un ? »

– Je peux aller pisser ? Demande-t-il
– Oui mais je t’accompagne.
– Mais non !
– Mais si !

Ce qui fait qu’il n’arriva même pas à pisser !

– Et maintenant tu me repasses ton portable ! Lui dit Stéphanie.
– Mais pourquoi ?
– Simple précaution !
– Voilà !
– L’autre ?
– L’autre quoi ?
– L’autre portable !
– J’en ai pas d’autre !
– Tu te fous de ma gueule ! Double vie : double portable ! Allez, va chercher avant qu’on s’énerve.

Complétement dominé par la situation, Rivers obtempère. Stéphanie déboite les deux téléphones et en retire les batteries.

– Au fait, on est curieuses, tu faisais comment pour sortir en travelo sans te faire repérer ?
– Il y a un escalier de service, on y accède par l’office.

Manifestement Agnès ne comprend pas.

– Les bourgeois avaient un bel escalier et les domestiques un autre, comme cela ils ne faisaient pas des saletés dans l’escalier de leur maître. Explique Stéphanie.
– C’était une autre époque ! Ajoute Rivers qui tente de dévier la conversation
– On ne t’as pas demandé de commentaires. Maintenant tu enfiles tes chaussures et de quoi te couvrir, on t’emmène à la campagne.
– Maintenant ?
– Evidement que c’est maintenant, allez grouille ! Au fait, ta bagnole elle est comment ?
– BMW noire.
– On peut la voir ?
– Dans un box dans la cour !
– On y va ! On va même monter dedans.

La bagnole n’avait aucun signe particulier sinon une ridicule statuette de la vierge qui pendouillait au bout d’un chapelet.

– T’as du papier et de quoi écrire, il va falloir que tu prennes des notes, et que tu les apprennes par cœur.
– Dans la boite à gant.
– Bon allez démarre, on va t’indiquer la route.

Le trio roule en silence jusqu’à la forêt de Saint-Germain.

– Tu notes : ça c’est le carrefour des Fleurettes. Donc le 28 mars à 7 heures du matin tu avais rendez-vous avec un mec qui habite dans le coin, le mec ne vient pas, tu n’as aucun moyen de le joindre et tu ne connais pas son identité. De plus tu n’as pas pris ton portable… Tu notes ou pas ?
– Oui, oui !
– A 8 heures, tu t’apprêtes à partir mais Monsieur X t’aborde, vous négociez une passe et il t’encule !
– Je rêve !
– T’as noté ?
– Hélas !
– Vous faites votre affaire vite fait, après le mec te demandes si tu ne pourrais pas le rapprocher de son domicile, tu acceptes, seulement t’as oublié qu’il y avait plein de flyers sur ta banquette avec ta bobine et ton nom dessus, pour le meeting du 3 avril.
– C’était pas un meeting mais une conférence.
– Aucune importance. Tu ne l’accompagnes pas devant chez lui mais un peu plus loin…
– Pourquoi ?
– Il ne veut pas que sa femme puisse le voir débarquer d’une bagnole ! Le gars descend, tu le vois s’arrêter devant sa grille et tu le rappelles…
– Pas si vite, j’ai pas le temps de noter.
– Bon, ça y est ? Et là tu lui expliques que si jamais il révèle ta double vie, certains de tes amis très costauds lui feront regretter etc…, etc…, tu diras ça avec tes mots à toi.
– C’est tout ?
– Oui c’est tout pour l’instant ! Tu ne connais pas l’identité du Monsieur X, mais tu as juste le numéro de la rue, mais tu crois pouvoir savoir y retourner. On va passer devant pour que tu ais bien l’image dans ton esprit.
– Quelle salade !
– Tu relis et on fait une répétition.

Des répétitions, il en fallut trois, mais à la fin Rivers avait bien assimilé son rôle.

– Bon deuxième acte, là c’est plus la peine de noter, c’est trop facile, les flics vont t’interroger et te dire que notre homme t’a impliqué comme témoin, tu vas nier, ils vont te décrire ta bagnole, tu vas continuer à nier, et là va venir le moment crucial, ils vont te demander de leur monter ton cul !
– De quoi ?
– Ton cul, tu sais ce que c’est, un cul ? Tu vas jouer les vierges outragés, mais en gros ils vont t’expliquer que tu as le droit de refuser, mais qu’à ce moment-là tu changes de statut, tu deviens témoin assisté, avec constitution de dossier et tout le bazar, alors que si tu fais ça en tant que simple témoin l’affaire s’arrêtera là en ce qui te concerne !
– Vous êtes des malades !
– Donc tu leur montres ton cul, et là ils vont découvrir la belle tache de naissance dont leur a parlé Monsieur X. On répète !
– Il faut que je rentre.
– On répète et on rentre.

Et maintenant l’avocat !

Vendredi 3 mai

Maître Bouchy faillit en avaler de travers en lisant la feuille imprimée par ordinateur.

– C’est quoi, ce délire ?
– La nouvelle confession de Després !
– Et pourquoi passer par vous ?
– Parce que Després n’est pas au courant, il vous faudra faire comme si c’est lui qui vous avait raconté tout ça… Et puis il faudra qu’il mémorise ce petit scénario, ce ne sera pas si difficile, finalement il n’y a pas grand-chose, on vous a souligné les points importants.
– Et si je ne marche pas ?
– On changera d’avocat ! Vous voulez combien comme dessous de table ?
– C’est du faux témoignage !
– Peut-être, mais vous n’êtes pas impliqué, Després est censé vous avoir fait une confession, c’est votre boulot de faire semblant de le croire.
– Bon, j’irais le voir lundi.

Lundi 6 mai

L’avocat trouve Després en petite forme.

– Ne faites pas la gueule, vos amis vont vous sortir de là, vous avez maintenant un alibi en béton avec un témoin, lisez ça une première fois.
– C’est qui ce Benoît Machin ?
– Tout est indiqué, lisez et mémorisez, je ne vous laisse pas le papelard.

Després lit, n’en revenant pas qu’on lui ait trouvé un alibi pareil

– Il y a deux points, précise Maître Bouchy : le premier c’est pour justifier le bricolage de votre horloge : une envie irrésistible d’aller aux putes, vous pourrez brodez là-dessus tant que vous voudrez, ça n’a aucune importance, il n’y aura rien à vérifier.
– Admettons !
– Second point, là c’est important, il y a plusieurs choses à vous rappeler absolument : la verrue sur le front, la tache de naissance, la vierge au bout du chapelet, les flyers avec le nom du mec et son rendez-vous pour les lunettes. Evidemment, il vous faudra parler des menaces… c’est un point fondamental.
– J’avais compris !
– Pour le reste, inutile d’être trop précis, les flics n’aiment pas les souvenirs trop précis. Ils trouvent ça louche. Demain nous ferons une première répétition, quand vous serez prêt, on demandera à revoir la juge d’instruction.

Lundi 13 mai

C’est ainsi qu’une semaine plus tard, Achille Després flanqué de Maitre Bouchy, se retrouve devant la très rébarbative Madame Jiquelle.

– La situation est délicate, madame la juge, mon client a un alibi depuis le début, il l’a édulcoré dans un premier temps pour des raisons de sécurité, parce que…
– Et quel est donc cet alibi ?
– A l’heure du crime mon client se livrait à des activités sexuelles tarifées avec un dénommé Benoit Rivers….
– Qu’on devra croire sur parole, évidemment ?
– Ce n’est pas si simple, tout porte à croire que le témoin se défaussera, cette personne a une double vie : bloggeur d’extrême droite le jour et travesti la nuit.
– Donc vous nous sortez de votre chapeau un témoin qui ne témoignera pas, j’ai bien compris ?
– Sauf qu’on peut le coincer, Achille Després est en mesure de révéler un détail intime de son anatomie…
– En clair !
– Une tache de naissance sur sa fesse gauche !
– Droite ! Rectifie Després.
– Et en admettant, qu’est-ce qui va prouver que les deux individus se sont rencontrés le jour du crime ?
– Ce sera aux enquêteurs de la jouer fine : effectivement la tache de naissance est la preuve de sa double vie…
– Pas forcément, Després a pu voir cette tâche à la piscine…
– Sauf votre respect, Madame la juge, la tâche est situé très près du sillon inter-fessier…
– Continuez, Maitre Bouchy.
– Je disais donc, que sa double vie étant mise en évidence, un deal devient possible, je m’explique : s’il ne témoigne pas, il fait condamner un innocent, s’il témoigne on peut lui garantir la préservation de sa double vie.
– Pfff ! Bon je demande à l’inspecteur Frémont un complément d’enquête, j’espère que l’on n’est pas en train de perdre notre temps.

A suivre

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4 réponses à Professeur Martinov 20 – La vieille horloge – 10 – Double vie par Maud-Anne Amaro

  1. Bertrane_TV dit :

    Oh lala cette partouze avec une frangine !

  2. TransMonique dit :

    Hummm, c’est bon tout ça !

  3. Darrigade dit :

    Une partouze de folie, on se régale

  4. Baruchel dit :

    La description de cette partouze avec une transsexuelle, une femme et deux mecs m’a mis dans un état que je vous laisse deviner ! Bravo

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