L’Odyssée de Zarouny (Vargala 3) – 4 -Fin de règne sur Novassa par Nicolas Solovionni
Novassa
Asseb, première conseillère et éminence grise de la Papesse Artémise III avait convoqué au palais Choya, la responsable de la capitainerie du port.
– Vous vous souvenez dans quelles conditions Malvina et ses suivantes ont quittés la planète ?
– Bien sûr, vos instructions ont été suivies à la lettre. Répondit Choya, peu rassurée.
– Seulement, il y a un problème, elles se sont perdues en route, sans doute un accident. L’un de nos informateurs nous a indiqué qu’elles seraient bloquées sur Daphnis.
– Daphnis ?
– Oui, Daphnis, une planète agricole de la fédération terrienne… J’ai l’intention d’y envoyer une émissaire de haut rang afin d’élucider ce mystère et éventuellement de débloquer la situation. Y-a-t-il actuellement sur le tarmac un vaisseau que l’on pourrait bloquer ?
– Oui, celui qui nous a livré de la farine…
– Alors, bloquez-le ! Interdisez-lui de reprendre du fret et avertissez-le qu’il ne pourra décoller que quand il aura pris en charge deux passagères pour lesquelles il devra aménager une cabine confortable.
– Deux ?
– L’émissaire et une assistante. Elles partiront d’ici une dizaine de jours, peut-être même avant. Des questions ?
– Non je vais faire le nécessaire.
– Pour des raisons de sécurité, l’émissaire sera masquée, elle portera ce médaillon qui vous permettra de l’identifier à son arrivée à l’astroport. Elle vous réclamera en personne en utilisant un mot de passe que je vous confie ici.
– Comptez sur moi, tout sera fait dans l’ordre.
Sur Novassa la situation devint vite compliquée, des émeutes alimentaires éclataient çà et là et la répression brutale exercée par la milice n’y pouvait rien. Il se créait un peu partout des comités « Malvina ». Ceux-ci accusaient désormais, ouvertement le pouvoir en place d’avoir éliminé cette dernière, demandaient des comptes et réclamaient la mise en place immédiate de son catalogue de réformes.
– Il est temps qu’on parte ! Commenta Asseb. Le plan est en place, il n’y a plus qu’à l’activer.
– Il y a quand même un problème, si ces conasses prennent le pouvoir, elles sont capables de couper les crédits de notre concession sur Simac3. Répondit la papesse Artémise III
– Il ne semble pas que la majorité des contestataires remettent en cause le statut de la sainte.
– Non pas la majorité, mais je me suis laissé dire qu’il commençait à y en avoir.
– Ce n’est qu’une minorité ! Reprit Asseb
– Qui est à la tête du mouvement ?
– Une dénommée Dini Ganouya.
– Connaît pas.
– Une prêtresse plutôt mal notée, mais elle a beaucoup de charisme et elle est assez mignonne.
– Tu te l’enverrais bien ?
– Eventuellement !
– Salope !
– Je sais ! répondit Asseb, avec un large sourire.
– Le conseil suprême reste uni derrière nous ?
– Oui et aucune grande prêtresse n’encadre leur mouvement, mais si la révolte gagne du terrain, la plupart se rallieront par opportunisme.
– Si on élimine cette Dini et quelques autres leaders, ça va donner quoi ?
– Ce serait vraiment la dernière chose à faire, ça ne pourra qu’amplifier la révolte.
– O.K. Fait placarder des affiches annonçant que le grand conseil est convoqué pour demain après-midi et que nous sommes disposées à recevoir Dini dès demain matin si elle le désire. Trancha la papesse.
– Euh, on ne part plus ?
– Si, mais seulement quand on aura réglé ça !
Le lendemain.
– Dini est là ! Annonça Asseb.
– Fais-la entrer !
– C’est qu’il y a un problème ! Elles sont huit !
– Manquais plus que ça ! Je ne reçois que Dini, pas les autres. Hum, fais-les poireauter et reviens me voir, on va un peu modifier le plan.
Trois minutes plus tard, Asseb informait la papesse que Dini exigeait d’être reçue accompagnée de sa délégation.
– Elle a dit « j’exige » ?
– Oui !
– Le rapport de force lui permet de le faire ?
– Je ne crois pas ! Elles sont 3 000 dehors à piailler, ça peut faite illusion, mais elles sont à peine armées et la garde veille.
– Parfait ! Conclut Artémise en sonnant la capitaine des gardes.
Celle-ci, une géante impressionnante à la mine aussi peu féminine qu’engageante apparut rapidement.
– Vous m’arrêtez ces huit excitées, attention, je ne veux aucune violence ! Vous me les coffrez dans un coin pas trop loin sans leur donner aucune explication. L’une d’entre elles s’appelle Dini, vous me l’emmènerez ici, seule.
Quelques minutes plus tard, Dini était conduite devant Artémise et Asseb. Complètement nue, bâillonnée et les poignets entravés, cette dernière tentait vainement de se débattre…
– Je ne vous ai jamais demandé, ni de la déshabiller, ni de la menotter, Capitaine.
– Il fallait bien que l’on s’assure que ces femmes n’étaient pas armées.
– Détachez là et rapportez-lui ses fringues.
Dini jeta un regard de mépris en direction d’Artémise et d’Asseb
– Dini vous n’êtes pas dispensée de vous incliner devant votre souveraine.
– Je l’aurais sans doute fait si vous nous aviez traitée autrement.
– Admettez qu’il m’aurait été facile de vous éliminer physiquement, comme il m’aurait été facile de demander à la garde de faire un carton sur votre fan-club.
– J’ai simplement été naïve, j’étais loin de penser que vous pouviez agir ainsi.
– Faire des erreurs de cette sorte quand on se veut l’égérie d’une révolte, ça fait un peu tache. Ah, voici des habits, rhabillez-vous… C’est un peu dommage, vous n’êtes vraiment pas mal à poil… Qu’en penses-tu, Asseb ?
– Un peu maigre, en fait !
– Mais non !
Dini se demanda alors si sa souveraine n’était pas devenue complètement folle, ce qui ne manqua pas de l’inquiéter. Elle entreprit de se rhabiller, mais s’arrêta brusquement.
– Y’a un problème ?
– Ce ne sont pas mes habits !
La papesse eut une moue amusée, voilà qui n’était pas dans le plan, mais après tout pourquoi pas ?
– Ces imbéciles de gardes ont tout mélangé. On verra ça tout à l’heure. Qu’on aille lui chercher un truc en attendant !
Le garde disparut et Asseb lui courut après afin de lui donner quelques instructions complémentaires.
– Bon alors, tu t’inclines devant ta souveraine ou pas ?
– Je, je…
– Je sais ce que tu penses, seulement il se trouve que tu as intérêt à le faire, je me trouve dans de très bonnes dispositions pour négocier, et ben au-delà de ce que tu peux t’imaginer !
Artémise laissa passer un temps mort afin que son interlocutrice puisse assimiler l’information
– Alors, continua-t-elle, ta petite fierté, je t’invite à la mettre de côté, il y va aujourd’hui du sort de cette planète, en toute simplicité. Quant à tes amies, rassure-toi, elles ne risquent rien, mais il se trouve que je m’étais préparé à un entretien en solo, pas avec huit personnes. J’ai horreur qu’on me force la main.
Encore un court temps mort et puis elle reprend d’une voix autoritaire :
– Incline-toi, Dini !
Et Dini sans plus réfléchir s’inclina devant sa souveraine.
– Et bien voilà, relève-toi, on va pouvoir discuter, on va s’asseoir dans les fauteuils là-bas.
Dini se demanda pourquoi on ne lui avait pas encore apporté des vêtements mais n’osa pas demander.
– Bon, on va aller vite : l’objectif, est de passer en revue les grandes lignes de revendications, pour les détails, on verra ça plus tard.
– C’est qu’on m’a confisqué mes notes…
– Aucune importance, les grandes lignes, tu les as en tête ?
– Oui !
– Alors on y va !
– Il y a d’abord les propositions de Malvina en matière d’économie.
– Vous souhaitez les mettre en application ?
– Oui, mais…
– Accordé !
– Pardon ? Oh…
Dini consciente d’avoir commis une faute de protocole, se mit à rougir. Ella aurait souhaité un rapport d’égal à égal avec la papesse, mais cette dernière la dominait. La manipulation n’est jamais bien loin de la domination, effectivement, elle est là tapie dans l’ombre prête à s’enrouler autour de sa cible comme un méchant boa.
– Je reformule : Nous sommes d’accord pour appliquer dans les délais les plus brefs les propositions de la grande prêtresse Malvina en matière économique.
Dini ne s’attendait pas à ça et se demande s’il y a un piège.
– La suite ?
– Levée du tabou des télécommunications !
– Accord de principe, mais juste de principe puisque nous n’avons aucun matériel et aucun budget pour le mettre en application
– Je, je…
– Etonnant, non ? Avouez que ça valait le coup de s’incliner !
– Je ne pensais pas que…
– Je sais, je sais, mais tu n’es peut-être pas au bout de tes surprises.
Dini évoqua encore plusieurs revendications qui furent acceptées sans problèmes laissant Dini estomaquée.
– Je constate avec plaisir que votre cahier de revendications ne remet en cause ni le caractère théocratique de notre société, ni de son organisation gynarchique.
– La gynarchie n’est pratiquement pas contestée, pour la théocratie, certaines d’entre nous la remette en cause, mais ce n’est pas dans nos revendications.
– Votre délégation contient-elle des éléments remettant en cause la théocratie.
– Toutes les tendances sont représentées… Commença Dini.
– Oui ou non ? Insista sèchement la papesse.
– Oui !
– Les noms !
« Un piège, il y a un piège ! Se dit Dini. »
– Je…
– On a les moyens de savoir ! J’ai simplement besoin de gagner du temps.
– Je suis embarrassée… Commença Dini après quelques secondes de silence.
– On ne lui fera pas de mal.
« Il est où le piège, il est où ? »
Voyant les hésitations de Dini, Artémise joua un autre coup.
– Asseb, tu te présentes au balcon et tu annonces que Dini… Dini comment déjà ?
– Ganouya
– Que Dini Ganouya fera une déclaration solennelle au balcon dans moins d’une heure.
Elle ne comprend plus rien, Dini !
– Apportez lui de quoi écrire ! Tu vas expliquer que le pouvoir accepte de prendre en compte les revendications des comités Malvina, mais que leur prise en compte nécessite néanmoins l’aval du grand conseil qui se réunira dans la foulée. Tu déclareras aussi ton attachement inébranlable à la religion Baal et ta foi en Sainte Artémise. Inutile d’en écrire des tonnes, les grandes lignes, uniquement les grandes lignes.
« Ce n’est pas possible ! Il va se passer quelque chose ! »
– Tu y vas Asseb, on te suit.
Dissimulée près de fenêtre du balcon, Dini put donc entendre Asseb s’adresser à la foule à l’aide d’un portevoix, se faisant d’abord copieusement huer avant de laisser la foule stupéfaite.
« Elle ne bluffe pas, elle va vraiment me laisser faire cette déclaration ! Je rêve ! »
– Ça y est c’est rédigé !
– Montre voir…
La papesse suggéra juste quelques corrections mineures.
– Bon, alors avant d’aller au balcon, tu vas aller lire ça à tes copines, je veux qu’elles soient d’accord, mais avant je veux le nom que je t’ai demandé tout à l’heure, il est évident qu’elle aura des objections et tu sais sur quoi, donc on va l’isoler. Alors c’est qui ?
– Non !
– Quoi non ? Je ne pense pas que tu aies mesurer la gravité de la situation, la déclaration que tu vas faire, il faudra la faire approuver par un vote, et le temps n’est plus aux palabres inutiles, si cette fille reste dans le groupe, ça va durer des heures. Il n’en est pas question. On va juste l’isoler du groupe pendant le vote, c’est tout !
– Je n’ai pas le droit de faire ça !
– OK ! Donc j’irais moi-même au balcon énumérer les concessions que l’on s’apprêtait à faire, mais qu’on ne fera pas, puisque la négociatrice qu’on nous a envoyé s’est autorisé à chipoter sur un point mineur…
– Ce n’est pas un point mineur…
– Silence, je suis encore la papesse de ce lieu et je qualifie les choses comme il me plait de le faire. Une dernière chose, Dini avant de te jeter dehors, toi et tes copines. Notre police secrète est très bien renseignée, votre mouvement est complétement infiltré, tous les jours des rapports arrivent chez mes collaboratrices qui m’en font une synthèse, je n’ai pas le temps de tout lire. Tout cela pour te dire que le nom de la fille je peux l’avoir dans deux heures, peut-être même moins. Je voulais simplement gagner du temps, mais puisque tu y mets de la mauvais volonté…
Ça tourbillonne dans la tête de Dini.
– Je te laisse cinq minutes de réflexion, il n’y en aura pas d’autres.
– Je… je…
– Et puis personne ne saura que c’est toi qui a donné ce nom. Réfléchis bien, ce n’est pas mon intérêt.
– Bon, Elle s’appelle Strofa, mais elle a le droit de…
– OK ! Gardes, vous allez voir les prisonnières. Annoncez leurs qu’elles seront bientôt libérées, rendez-leur leurs affaires et leurs vêtements, si elles ont soif donnez-leur à boire. Vous m’isolerez la dénommée Strofa toute seule dans une autre pièce en lui précisant que cela est provisoire. Evitez toute violence, si elle se débat, ne tombez pas dans la provocation.
Dix minutes plus tard, Artémise prévint Dini !
– Allez vas-y ! Il faut que tu sois consciente qu’en ce moment c’est le sort de la planète que tu as entre tes mains. Et je n’exagère pas. Soit forte et déterminée.
– Alors ? Demandèrent plusieurs voix quand Dini retrouva sa délégation.
– Où sont mes fringues ?
– Je sais pas !
– Bon, écoutez, il est en train de se passer des choses plutôt inattendues : la papesse semble aux abois et cède sur l’ensemble de nos revendications.
– Hein ? Dit l’une
– Tu as négocié toute seule avec elle ? Demande une autre
– Ils ont emmené Strofa ! Indique une troisième
– Laissez-moi finir ! Il n’y a pas eu de négociations, elle était déjà prête à tous lâcher. Imposer la présence de toute la délégation alors qu’elle en avait décidé autrement m’a paru contreproductif.
– Ce n’est pas ce que nous avions décidé ?
– C’est possible mais le résultat est là ! Je dois lire une déclaration au balcon, j’ai juste besoin de votre approbation.
– Il faut peut-être attendre Strofa ! Dit quelqu’un.
– Je vais vous la lire, ça n’engage à rien.
Elle lut !
– C’est une capitulation ! Commenta l’une d’entre-elle.
– C’est à peine croyable ! S’étonna une autre.
– Le passage sur Sainte Artémise est en trop ! Objecta quelqu’un.
– La papesse y tient beaucoup ! Fit remarquer Dini.
– Elle n’est plus en état de nous dicter ses conditions…
– Ne croyez pas ça. C’est une femme bien plus intelligente et bien plus ouverte que ce que je pensais. !
– Elle te manipule !
– En me faisant lire une déclaration au balcon ? Faudra m’expliquer !
– Tu n’as qu’à lire ta déclaration sans le passage sur la sainte… reprit la fille qui était déjà intervenu sur ce point.
– Tu as quelque chose contre Sainte Artémise ?
– Moi, non, mais certaines pensent qu’on n’est pas obligé d’y croire, et celles-là se sont battues avec nous, nous devons les respecter.
L’intervenante semblait isolée. Dini se dit que la papesse avait peut-être eu raison d’isoler Strofa, les débats auraient été bien plus compliqués.
– On vote ? proposa alors Dini.
– Pas sans Strofa !
– On fera comme si elle était là, elle aurait voté contre. Alors qui est contre ? Personne ? Qui s’abstient ? Toi ! Donc adopté par 6 voix contre 1 et une abstention. Bon, j’y vais.
– On va nous libérer quand ?
– Dans quelques minutes… à moins que je se sois tombée dans un piège que je n’ai pas vu venir.
Reconduite auprès de la papesse, Dini se vit proposer de passer des habits.
– Mais, balbutia cette dernière, ce sont des habits de grande prêtresse.
– Absolument !
– Je ne comprends pas.
– C’est très simple, dès que tu auras revêtu ces habits tu seras grande prêtresse.
– Mais je…
– On ne va pas confier le soin d’appliquer les réformes à des gens qui ne font pas partie de notre hiérarchie. Normalement il y a un cérémonial, vu les circonstances, nous le remettrons à plus tard.
Dini comprit alors que la papesse avait l’intention de l’impliquer directement dans l’application des reformes. Le poids des responsabilités la fit frissonner. Faire de l’agitation était une chose, participer à une administration en était une tout autre. Elle n’eut pas le temps de réfléchir davantage, Asseb l’appela :
– J’y vais d’abord, je te ferais signe.
Alors Asseb apparut au balcon, se saisit du porte-voix et déclara :
– Sa sainteté Artémise, troisième du nom, vient de par son pouvoir discrétionnaire de nommer Dini Ganouya, grande prêtresse de Baal.
Mouvement de flottement dans la foule.
– Je vais maintenant lui laisser la parole.
Dini s’avance lentement, elle reprend sa respiration, lève les bras au ciel.
– Mes sœurs, nous avons été entendues et NOUS AVONS GAGNÉ !
S’en suit un tonnerre d’applaudissements !
– Sainte Artémise ne nous a pas abandonné, il fallait que nous sortions de l’épreuve que rencontre notre communauté, il fallait que ceux qui avaient la volonté de s’entendre finissent par le faire et c’est CE QUI S’EST PASSE.
Les applaudissements redoublent, malgré quelques mouvements divers dans les rangs des partisans de Strofa. La papesse fait un signe au garde.
– Libère les sept filles, y compris celle qui est isolée et conduit les sur le balcon.
Alors que Dini donne quelques détails pratiques sur ce qui va se passer ensuite, la foule devient en liesse quand elle voit apparaître le reste de la délégation au balcon. Quant aux amies de Strofa, le fait de la voir avec les autres les laissent dubitatives et divisées.
– Le but est atteint ! Dit alors la Papesse à Asseb., le reste ne sera qu’une formalité.
Alors que la manifestation se dispersait, la papesse demanda à Dini de rester au palais, puis elle réunit son conseil restreint.
– La situation est très grave, explique-t-elle, si on ne fait rien, on court à la catastrophe…
– La garde est avec nous… commença quelqu’un.
– Jusqu’à un certain point, s’ils acceptent de tirer sur la foule, les conséquences seront désastreuses, le ressentiment dans la population sera énorme… et puis ce n’est pas cela qui arrangera la situation économique qui est catastrophique.
– Donc ?
– Donc on fait des concessions, on ouvre à cette Dini Ganouya les portes du pouvoir…
– Ce n’est pas une concession, c’est une capitulation !
– C’est ce qu’elles vont croire, la réalité est tout autre : les réformes économiques proposées sont relativement faciles à mettre en place, le seul problème c’est tout le poids bureaucratique qu’il va falloir contrer de front, ça ne va pas être évident, mais justement, elles feront ça très bien et on n’ira pas nous le reprocher. Pour le reste les réformes nécessitent des budgets que nous n’avons pas pour l’instant… alors d’ici là…
– C’est une idéaliste, elle n’a aucune expérience.
– Elle apprendra vite, le pouvoir change les gens, je ne vois pas pourquoi elle ferait exception. Plus d’objections ? Demanda-t-elle en toisant l’assistance de toute sa hauteur.
Il n’y en eut pas.
Le conseil suprême se réunit dans la foulée en séance plénière et en présence de Dini.
– Dans la crise que nous traversons, commença la papesse, il est évident que j’ai ma part de responsabilité, une part importante, je n’ai pas su mesurer l’ampleur de nos problèmes, je n’ai pris aucune mesure, j’ai laissé la situation se détériorer, en un mot j’ai failli à ma tâche et à mon titre. En conséquence je me vois dans l’obligation d’abdiquer.
– Oh !
– Cette abdication sera effective à minuit.
– Mais…
– Nous devons maintenant confier ce poste à quelqu’un qui incarnera les changements d’orientation qui ont été validés par le conseil restreint, j’ai nommé Dini Ganouya.
– C’est peut-être prématuré ! Lança quelqu’un, elle vient d’être nommée.
– Pourquoi, tu aurais voulu le poste ? La tança la papesse.
– Non, mais…
– Nous devons lancer un signe très fort à la population. Si quelqu’un a une meilleure idée ?
Silence de mort. Dini devient blanche.
– Quelqu’un souhaite un vote ? Non ! Lève-toi Dini, te voilà papesse !
Artémise III retira alors l’énorme bague ornée d’améthyste qu’elle portait à l’annulaire gauche et la tendit à Dini qui s’empressa de se la passer au doigt.
– Elle est un peu grande, non ?
– Tu la feras régler !
Un immense sentiment d’orgueil envahit alors Dini. Entrée ce matin comme porte-parole d’une délégation de manifestantes, elle était devenue quelques heures après la papesse de la religion Baal et la femme la plus importante de Novassa.
Chacune des conseillères vint alors lui baiser l’anneau sacré en signe d’allégeance.
– Sous quel nom veux-tu régner ?
– Je peux garder « Dini » ?
– Tu seras donc Dini Première ! Gloire à toi ! Gloire à Dini Première !
– Gloire à Dini Première ! Répéta le chœur des conseillères, faisant couler des larmes d’émotion sur le visage de l’intéressée.
– La séance est levée ! Si sa sainteté Dini Première veut bien m’accompagner, nous devons préparer la passation de pouvoirs.
« Sa sainteté ! Voilà que la papesse l’appelait « sa sainteté » ! »
Elle avait du mal à réaliser que désormais la papesse, c’était elle. Mille questions trottaient dans sa tête, que ferait-elle demain ? Avec qui gouvernerait-elle ? Serait-elle à la hauteur ? Que ferait-elle de celles qui ne manqueraient pas de lui mettre des bâtons dans les roues ? Elle ne connaissait rien ni de toutes ces conseillères et de leurs intrigues de palais, ni des sphères d’influences qu’elles représentaient. Mais le danger viendrait aussi de celles qui s’estimeraient trahies, Strofa ne lui ferait sans doute aucun cadeau, il faudra donc qu’elle trouve le moyen de l’écarter.
– Hum !
Le raclement de gorge d’Artémise sortit Dini de sa rêverie.
– J’étais dans mes pensées…
– Normal ! On va manger ensemble, cet après-midi, je te présenterais tout le petit monde qu’il te faudra fréquenter au palais : la secrétaire du palais, la maîtresse de cérémonie, la capitaine de la garde, rien que des fonctions non politiques mais tu auras besoin de ce gens-là. Pour le reste tu te choisiras les conseillères que tu voudras.
Artémise, Dini et Asseb passèrent à table où le service fut assuré par de jeunes serveuses dans des tenues extravagantes laissant voir ou deviner les seins, les fesses et le sexe.
– J’ai une question !
– Vas-y ?
– Qu’est devenue Malvina ?
– Partie en mission sur Simac3, elle aurait dû être revenue. Nous n’avons aucune nouvelle ! Disparue ou simplement retardée, on n’en sait rien !
– Et si elle revient ?
– Et bien, tu géreras, c’est toi la papesse, non ?
Et oui, c’était elle la papesse ! Elle avait du mal à s’y faire.
– L’annonce de ton avènement sera officielle demain matin. En principe le sacre public se fait dans les dix jours, tu verras ça avec la maîtresse de cérémonie.
– Euh, et la cérémonie de purification ? Intervint Asseb en frottant son pied contre la jambe d’Artémise.
Celle-ci entra dans le jeu !
– Je voulais en parler plus tard. Dit-elle. Ah, j’oubliais, je reviens tout de suite, viens avec moi, Asseb !
Une fois assurée que Dini ne pouvait entendre elle demanda :
– Je peux savoir ce que c’est que cette cérémonie de purification ?
– J’en sais rien, j’improviserai !
– Tout ça pour te l’envoyer, c’est cela ?
– Je ne vois pas pourquoi je me refuserai ce plaisir.
– Ce n’est pas très sérieux ! Penser à la bagatelle en de tels moments
– Hé ! Oh ! Tu ne vas pas jouer les rabat-joie, non ?
– Tu veux faire ça quand ?
– Ce soir, juste avant de partir.
Les deux femmes regagnèrent la salle à manger. Dini qui se retenait depuis un certain temps se décida à demander où se trouvait les toilettes.
– Le personnel n’est pas au courant officiellement du changement de papesse, mais comme tout le monde cause dans ce palais… Je vais quand même t’accompagner. Lui répondit Asseb.
– M’accompagner ?
– Oui viens, je vais t’expliquer !
Dini se demandait bien ce en quoi son besoin pressant devait s’accompagner d’explications.
Les deux femmes parvinrent au bout d’un couloir, deux membres de la domesticité du palais bavardaient devant les deux portes qui se trouvaient là. Asseb ouvrit celle de gauche.
– Vous devez vous tromper… Intervint l’une des deux filles.
– Non pas du tout, répondit Asseb, Dini aura droit désormais à ce privilège.
– Un instant, je vous prie ! Dit Asseb en entrant seule dans la luxueuse cabine. L’instant d’après Dini y entrait suivie d’une jeune fille qui répondait au nom de Calicia.
– C’est à cause de la sécurité, une bombe dans les toilettes, ça s’est déjà vu ! Expliqua Asseb afin de justifier son attitude.
Cette dernière, surprise, ne put s’empêcher de poser la question qui lui brulait les lèvres.
– Vous allez me regardez pisser ?
– Sauf si vous n’y avez pas convenance, dans ce cas nous vous tournerons le dos.
– Mais vous allez rester ici ?
– Assurément !
– Je peux savoir pourquoi ?
– Vous remarquez qu’il n’y a pas de papier.
– C’est un jeu ?
– Non c’est un rituel instauré par la première papesse, sa sainteté Artémise première du nom. Dans le catalogue de vos privilèges, il y a celui d’essuyer de la langue vos humidités et la jeune personne qui est à mes côtés est de celle qui ont pour mission de s’acquitter de cette fonction.
– Non mais je rêve ! Ecoute, c’est moi la papesse, je fais donc ce que je veux ?
– Certes !
– Y compris, changer le protocole.
– Pourquoi pas ?
– Alors attendez-moi dehors, j’ai l’habitude de pisser toute seule comme une grande.
Les deux femmes sortirent donc.
– Et fermez la porte !
Le souci c’est qu’une fois sa miction accomplie, Dini n’aurait rien pour s’essuyer.
– Oh, les nanas, je peux avoir du papier.
Calicia, avait été brièvement briefé par Asseb. Elle entra donc.
– Le papier, j’ai demandé !
– Mais nous n’en n’avons pas, votre sainteté.
« Voilà que je suis sa sainteté à cette blondinette, j’aurais décidemment tout entendu ! »
– Vous, quand vous pissez vous vous essuyez comment ?
– Avec du papier !
– Et bien aller me le chercher.
– Mais c’est impossible, votre sainteté !
– Et pourquoi donc ?
– Parce que, c’est du papier ordinaire.
Dini allait répondre quelque chose, mais elle fut émue par l’expression d’incompréhension de la jeune Calicia
– Votre sainteté, je suis toute dévoué à votre service, je ne mérite pas que vous me refusiez de vous nettoyer votre sainte chatte. L’implora-t-elle.
– Et si j’avais envie de chier ? Demanda Dini
– J’aurais à ce moment là le plaisir de nettoyer votre divin trou du cul avec ma langue, ce sera un grand honneur pour moi.
Des images folles traversèrent la tête de Dini. Le pouvoir lui permettrait tout, elle n’était plus une novassienne ordinaire, elle était la papesse. Elle fallait qu’elle s’y fasse…
Et l’autre qui continuait à la regarder avec ses yeux de biche…
Alors Dini la regarda dans les yeux et lui dit :
– D’accord, fait ce que tu as à faire, mais fait le bien !
Contrairement à ce que voulait faire croire Asseb, la pratique n’avait rien de systématique, et la cabine était d’ordinaire pourvue en papier. Et sur ce coup la dignitaire avait poussé le vice jusqu’à l’enlever lors de sa visite préalable.
Dini dut se concentrer pour parvenir à uriner, la présence de Calicia la bloquait. Asseb rentra et eut la présence d’esprit d’ouvrir le robinet du petit lavabo disposé dans le coin. L’eau qui coule donne envie de pisser, c’est bien connu. Elle put enfin libérer sa vessie, mais se demanda quand la miction fut terminée, si elle avait réellement pissé tout ce qu’il fallait.
Calicia se glissa entre ses cuisses et lécha la fente de la nouvelle papesse, la débarrassant des gouttes d’urine. Et c’est à ce moment que Dini eut la certitude que quelques petites gouttes supplémentaires restaient à venir.
– Je crois que…
– Allez-y, je vais boire ! Répondit Calicia qui avait compris.
Alors Dini pissa dans la bouche de Calicia qui avala tout, les yeux remplis de plaisir, et dès que ce fut terminé, sa langue se remit au travail, provoquant des frissons de plaisir chez la nouvelle papesse.
« Est-ce que je peux me permettre de lui demander de continuer à me lécher ? »
Ce ne fut pas nécessaire, Calicia eut tôt fait de faire virevolter l’extrémité de sa langue sur le clitoris érigé de Dini qui ne tarda pas à s’envoler au septième ciel.
– Tu lèches très bien ! Félicita-t-elle la jeune fille qui en fut ravie.
Asseb était subrepticement sortie, cette petite séance était un test, elle passerait à la suite assez vite.
Plus que le plaisir quelque peu pervers qu’elle avait pris à ces jeux, Dini se rendit alors compte du fabuleux pouvoir dont elle pourrait user envers ses gens… et sans doute pas seulement envers ses gens. Une étrange ivresse l’envahit.
On lui présenta ensuite un tas de gens dont la déférence à son égard ne manqua pas de l’amuser, puis tout le personnel du palais fut réuni dans la grande salle d’honneur afin de l’informer de ce qu’il savait déjà.
La chef des cuisines prit alors la parole en s’agenouillant.
– Au nom de toutes celles présentes en ce lieu, je m’incline devant notre nouvelle papesse. Qu’elle soit assurée qu’elle sera servie avec le même empressement, la même fidélité, la même abnégation que celle qui lui a précédé. A celle-ci, nous devons dire que nous la regretterons profondément, au nom de tous mes camarades, nous vous prions d’accepter ce présent, il s’agit d’un livre d’or où chacune y a ajouté quelque chose, un poème, un dessin, une pensée ou quelques fleurs séchées.
Quelques larmes d’émotion perlèrent aux coins des yeux d’Artémise. Cette dernière étreignit tendrement la porte-parole du personnel en acceptant son présent.
Décidément, se dit alors Dini, cette Artémise révélait une personnalité bien différente de ce qu’on avait pu lui rapporter.
Asseb quant à elle réprima un sentiment de jalousie, personne ne s’intéressait à elle, mais forcément, elle n’avait pour sa part annoncé son départ à personne.
Les trois femmes regagnèrent ensuite un petit salon.
– Dans cette enveloppe cachetée est indiqué le lieu où Asseb et moi prendront retraite. Elle n’est destinée à être ouverte qu’en cas de nécessité absolue. Je vais la ranger dans le coffre. Tu en auras la combinaison dès demain quand tu seras entrée officiellement en fonction. Nous allons procéder maintenant à la cérémonie de purification. Attends-nous quelques instants.
– Tu vas faire ça où ? Demanda Artémise.
– Je pensais à la petite chapelle.
– Pour une fois qu’elle servira à quelque chose !
– Tu fais quoi toi ? Tu nous laisses ? Tu regardes ? Tu participes ?
– Je crois que je vais regarder ! Amuse-toi bien !
Asseb sollicita les services de Calicia.
– Tu me dégote deux ou trois bougies et des huiles essentielles et tu me rejoins dans la chapelle. Tu vas m’assister pour une petite cérémonie initiatique.
– Il convient de vous déshabiller entièrement, le temps du rituel ne devrait pas excéder trente minutes. Précisa Asseb.
– C’est sexuel ? Demanda Dini.
– Je dirais que c’est plutôt tantrique.
Dini se déshabilla, exhibant sans pudeur un joli corps n’ayant pas encore atteint la trentaine.
– Couchez-vous sur l’autel, sur le ventre pour commencer.
Avant de faire couler l’huile sur le corps de la papesse, Asseb se déshabilla à son tour, et fit comprendre à Calicia qu’il conviendrait qu’elle en fasse autant.
L’huile faisait refléter les formes harmonieuses de la jeune papesse, son joli fessier devenait lumineux, et bientôt les paumes d’Asseb se mirent à le triturer sans vergogne.
« Je ne vois pas bien ce qu’il y a de tantrique, là-dedans, mais ce que me fait cette salope, n’a rien de désagréable ! » se dit Dini.
Asseb commençait à être excitée comme une puce. Elle eut du mal à réprimer une envie impérieuse de lui « sauter dessus » avec sauvagerie. Elle hésita.
« Ah quoi bon prendre des formes ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre, dans quelques heures nous aurons quitté cette planète ! »
La vision d’Artémise assise sur l’un des rares bancs de la chapelle, la rappela à la réalité. Elle ferait donc en sorte que son trip érotique ressemble à une initiation à la gomme.
Refoulant l’envie de lui mettre enfoncer un doigt dans le cul, elle continua de masser, attendant qu’un délai raisonnable se soit écoulé avant qu’elle lui demande de se retourner. Et comme elle commençait à fatiguer (ben, oui, un massage, c’est physique !), elle demanda à Calicia de la relayer.
Cette dernière mouillait de façon visible. Hé ! Ce n’est pas tous les jours qu’une petite employée du palais à l’honneur de tripoter le cul d’une papesse !
Asseb finit par demander à Dini de se retourner et de s’allonger sur le dos. Elle demanda à Calicia d’allumer une bougie et de la lui passer.
Elle approche la bougie du corps de la papesse en la tenant inclinée de façon à en faire tomber la cire chaude.
– Oh ! Vous faites quoi là ? S’affole la papesse.
– Ça ne brule pas, c’est juste très légèrement chaud, regardez !
Asseb s’en fait couler quelques gouttes sur le dos de sa main gauche tout en gardant le sourire
– C’est juste symbolique ! Souhaitez-vous qu’on teste avant sur Calicia ?
– Non, ça devrait aller !
C’est ce qu’elle dit mais elle n’est guère rassurée, elle essaye de dominer sa peur, mais sa respiration s’emballe, son corps transpire, les pointes de ses seins s’érigent et Asseb se régale de ce spectacle.
Un goute tombe sur son sein juste à la limite de l’aréole.
– Ah ! Sursaute-t-elle.
– Tout va bien ?
– Oui !
– Je dois faire tomber 21 goutes…
« Où est-ce que je vais chercher toute ces idées ? se demande Asseb en continuant à opérer.
Dini a bientôt les seins recouverts de cire.
– Calicia va te retirer la cire, ça peut faire très légèrement mal, mais après les supplices seront finis, il n’y aura plus que de la douceur.
Effectivement, dès que la nouvelle papesse fut débarrassée de la cire, Asseb recouvrit son corps d’huile et commença à masser. Cette fois elle pouvait s’en donner à cœur joie, elle commença par lui peloter délicatement les seins, en faisant frémir les pointes, puis sans réelle transition engouffra ses doigts dans sa chatte en les remuant fortement faisant haleter la belle papesse. Quand Asseb sentit que sa victime consentante ne tarderait pas à jouir, elle vint poser son visage entres ses cuisses, langue en avant, visant le clitoris, tandis que son doigt osait enfin lui pénétrer l’anus.
Et tout d’un coup, la chapelle n’emplit du cri de jouissance de la nouvelle papesse…
Asseb lécha alors son doigt maculé de matière et le lécha d’un ait satisfait.
– Je vais demander qu’on vous accompagne à la douche et ensuite vous pourrez prendre un peu de repos, la cérémonie de purification est terminée.
Artémise vint au-devant d’Asseb pendant que Dini quittait la chapelle.
– Tu n’as pas osé lui demander qu’elle te fasse jouir ? Se moqua-t-elle.
– Calicia va s’en occuper, n’est-ce pas Calicia ?
– A votre service !
– Et moi alors ?
– Calicia est à notre service à toutes les deux !
– Alors ça va !
à suivre
God save the gouines
Deux bonnes salopes !
Moi qui aime bien les histoires d’amazones perverses, ça tombe bien, cet épisode m’a ravi
C’est peut-être une fin de règne, n’empêche qu’on se gamahuche avant de partir ! LOL !
Changement de décor, nous voici sur Novassa. L’intrigue est inintéressante et astucieusement menée, mais bien sûr, récit érotique oblige, le sexe n’est pas oublié et on a beau être des dignitaires de haut rang à deux pas de prendre la fuite on n’en oublie pas pour autant les plaisir de la chair. Bel épisode.