Le Petit chat par Emile Debraux

 

Le Petit chat
par Emile Debraux

 

Enfin dans ta chambre chérie
Ayant pénétré malgré toi,
Ta gentille ménagerie
Hier a paru devant moi.
Ton musée, aimable Rosine,
Sans doute n’est pas sans éclat :
Mais le plus joli, ma cousine,
C’est, à coup sur, ton petit chat.

Tu te plains de ce que naguère
Négligeant tes jeunes appas,
Avant mon départ pour la guerre,
De toi je ne m’occupais pas.
Sur le minet d’une voisine,
Si j’ai commis doux attentat,
C’est qu’en ces temps là, ma cousine,
Tu n’avais pas de petit chat.

Pour nous charmer à l’improviste,
En vain tu cachais ces trésors,
Moi, curieux naturaliste,
Pour les voir j’ai doublé d’efforts,
Mais voir est trop peu, j’imagine,
Voir n’amène aucun résultat ;
Ah ! permets-moi, chère cousine,
De caresser ton petit chat

Tu souffres que sur sa parure
Je promène un doigt empressé,
Mais tu veux que de sa fourrure
Le duvet ne soit point froissé.
Vas, ne crains rien pour son hermine,
Mon doigt est fort et délicat,
Vois, il fait faire ma cousine,
Le gros dos à ton petit chat.

Toujours désireux de te plaire,
Ah ! sans lui vouloir aucun mal,
Que j’aimerais à satisfaire,
Ce petit gourmand d’animal.
Si d’un coup de griffe assassine
Je n’avais peur qu’il me payât.
Sois franche et bonne ma cousine,
Dis-moi mord-il ton petit chat ?

Dès qu’entre ses lèvres de rose
Minet sent mon doigt friponner,
Vois le petit gueux comme il ose
Le serrer et l’emprisonner
.
Je veux de son ardeur mutine
Punir le petit scélérat,
Dis-moi sans peine ma cousine,
Fait-on pleurer ton petit chat ?

Quelle délicatesse extrême !
A peine si je l’ai foulé,
Et pour deux coups, forts légers même,
Déjà ses larmes ont coulé.
Mais pour cela chère Rosine
Ne va pas me faire sabbat,
Car tu jouissais ma cousine
Lorsque pleuraiT ton petit chat.

Emile Debraux (1833)

Émile Debraux est un écrivain, poète et chansonnier français (1796-1831) très populaire en son temps et aujourd’hui complétement oublié. Le gouvernement de Louis XVIII le fit jeter en prison pour atteinte aux bonne mœurs en 1822.

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3 réponses à Le Petit chat par Emile Debraux

  1. Victor dit :

    Quel connard, ce Louis 18

  2. asemir dit :

    très mignon ! Quand je pense qu’on foutait les gens en prison pour ça…

  3. asiabelle dit :

    Jolie poème coquin de ce poète injustement oublié

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