La soubrette de l’hôtel par Clairane

La soubrette de l’hôtel par Clairane

Je m’appelle Clairane. J’ai 44 ans. Je n’habite pas Nantes mais Paris. Cadre
sup’ dans l’administration centrale d’un grand ministère et divorcée depuis
belle lurette, je mène une vie indépendante (ma fille a 20 ans et un
appartement) où je voyage professionnellement beaucoup et particulièrement
en province
Quand je suis en  » mission « , il m’arrive souvent d’avoir à séjourner une
nuit, quelquefois deux, -réservées longtemps à l’avance- dans un de ces grands
hôtels de faux luxe mais fonctionnels qui dorment, imposants, au cœur des
capitales de Région
A B… ce soir là, le cadre était conforme à l’habitude et à cent autres : agréable, confortable et le restaurant suffisamment accueillant et attirant pour que l’on choisisse de ne pas sortir.
J’avais été servie par une fort accorte soubrette d’une trentaine d’années, une brune assez grande, à l’œil noir, ronde, jolie et courte vêtue, plus souriante et aimable que la seule politesse l’exigeait.
Je n’ai jamais fait grand cas de ma gouinerie. Je l’assume parfaitement.
Privilège de l’âge certes et du statut social. Divorcée depuis plus de
quinze ans, je n’ai eu depuis, à quelques exceptions près, que des aventures
et amours féminines. Grande, cheveux courts et poitrine encore ferme,
sportive habituée des salles de gym’, j’ai le ventre plat, la fesse dure, la
cuisse longue et je plais autant que je fais peur. Mais jamais, sauf dans
mes rêves les plus fous, je n’avais imaginé lors de ces soirées solitaires,
sur ma seule mine, pouvoir attirer comme une lumière, un de ces beaux
papillons qui me servaient. Aussi, repas fini, allai-je au bar. J’avais
remarqué, nous étions en semaine, que la belle servante au grand cœur, aux
beaux yeux et au fessier superbe, n’ayant que peu de clients à servir, « faisait  » aussi le bar où deux trois hommes discutaient.
Je bus un whisky sans qu’elle m’accordât grande attention. Dépitée malgré
tout, car la garce était magnifique -j’avais eu le temps de l’observer
accoudée au comptoir- mais acceptant une réalité si conforme à l’habitude j’allais partir après avoir signé, lorsqu’elle posa une main sur la mienne.
– Je peux vous apporter quelque chose dans votre chambre ? Me demanda t-
elle.
Je rougis, balbutiai un  » oui, oui  » un peu éperdu, souris gauchement, lui
indiquai le numéro ma chambre en bafouillant -elle me répondit dans un
grand sourire qu’elle la connaissait ayant accès au fichier clients de
l’hôtel- fus plus confuse, maladroite et gauche encore et m’esquivai.
Arrivée dans ma chambre, mon cœur battait à rompre. Je n’osais rêver, croire
en l’aventure, tout s’embrouillait dans ma tête
Je me douchai soigneusement, me parfumai, me coiffai longuement, me
maquillai même au lieu de me démaquiller, bref me conduisis comme une
collégienne à son premier bal, tout en pensant, cœur fou, gorge serrée, que
j’étais bien naïve.
Je m’installai. L’attente fut courte mais fort longue, partagée entre un
espoir que je dessinai d’un doigt de plus en plus précis entre mes jambes
ouvertes et un désespoir où je me traitai de tous les noms. On frappa à la
porte. J’ouvris. Elle sourit, avança d’un pas, tenant sur un plateau une
bouteille de Champagne.
Je la fis entrer et pendant qu’elle posait le plateau sur la petite table,
je fermai la porte et m’y adossai, le cœur en la gorge et la gorge serrée.
Elle était venue, elle était là.
Bouteille posée; elle se redressa et me fit face.
– » étonnée.. ? Demanda t elle.
– » On le serait à moins. Mais ravie… mais je ne…
– » vous ne comprenez pas ? Je suis serveuse et j’arrondis mes fins de mois…
avec des messieurs mais j’avoue que je préfère pour ce genre de chose les
dames… très rares… intéressée ?
Je n’en revenais pas. Cela semblait irréel. Elle était vraiment mignonne. Je
n’avais encore jamais rétribué les services de personne pour me faire
plaisir et cela me choquait même profondément. Mais l’idée qui m’aurait
choquée hier et même cinq minutes avant me sembla soudain avoir des charmes
pervers et quand elle s’approcha avec un nouveau  » intéressée ? « ,bien
incapable de répondre, je hochai la tête

Et quand elle fut tout contre moi, me tendant ses lèvres, je la maintins
fort serrée, mêlant, assoiffée soudain ma langue à la sienne.
 » Alors, vous la gardez la petite pute ?  » demanda t elle
La violence du baiser fut la seule réponse.
– » Ah chérie, dit-elle, embrasse la encore ta petite pute. Elle va te donner
bien du plaisir. Vous voulez ?  »
Elle se blottit contre moi, ouvrit le peu qui me couvrait, caressa mes seins
dont elle bésotta, bécota la pointe, m’offris ses lèvres à nouveau puis
s’échappa :
– » Attends-moi une minute il faut que je me douche. Attendez-moi.  »

Elle disparut. Je me retrouvai seule, trempée de plaisir, excitée comme
jamais, n’arrivant pas à croire vraiment à ma bonne fortune, attendant
inconsciemment que quelque chose clochât. Je préparai une enveloppe avec
quelques gros billets que je mis sur le plateau, me servis une coupe que je
bus d’un seul trait, allumai une cigarette alors que je ne fume quasi
jamais le soir, retournai à mon fauteuil, puis sur le lit, puis de nouveau
sur le fauteuil, changeant de bas, me voulant à mon tour excitante et
lubrique. Je caressai mes seins, la tête en feu où se mêlaient toutes les
images, de son sourire, de ses lèvres, de ses dents, de ses seins devinés,
de tout ce que nous allions pouvions faire ensemble et l’idée que je me
payais une pute, qu’une jeune et jolie femme allait servir à satisfaire mes
envies, me lécher contre de l’argent, me troublait et j’avoue m’excitait
aussi énormément…
Elle entra. Nue. N’eut été un petit tablier de soubrette, n’eussent été des
bas noirs, le porte-jarretelles qui les soutenait et une collerette blanche,
la belle était nue qui vint s’agenouiller devant moi, non sans avoir, en
parfaite servante, faussement stylée, eu une rapide révérence et ajouté,
plus troublée que malicieuse, un  » je suis au service de Madame « . J’ouvris
les jambes, elle s’approcha, je me penchai vers son visage offert, elle
m’offrit ses lèvres, je pris ses seins à pleines mains, les pétris, elle
soupira, ma main glissa vers son ventre, ma langue s’enfonça en sa bouche,
elle gémit.
– » je suis votre servante-pute. Dites… prenez-moi, utilisez-moi… je suis
votre servante-pute, votre servante-chienne.  »

C’était un jeu, à vrai dire que je ne pratiquai guère, trop indépendante
pour être ou dominatrice ou dominée, mais la force de son offrande, sa
beauté, cet air canaille, putain des temps modernes, l’envie de me laisser
aller, de m’en donner à corps joie, d’en avoir pour mon argent, d’abandonner
soudain, comme un fardeau, tout le fatras des sentimentalités, pour n’être
plus qu’un corps avec un autre corps, un corps plein de désirs avec un corps
qui ne demandait qu’à et était payé pour les satisfaire voire même les
susciter, m’exaltait, m’enivrait, m’affolait. Je jouis tout de suite de ce
baiser, de cette langue, de mes mains qui pétrissait son corps, ses seins,
ses chairs, ses muscles, toute cette tiédeur élastique et parfumée, ce sexe
enfin qui s’ouvrit, mûr, sous mes doigts et me dit son désir.

Mais cette houle qui déferla si soudainement en mon ventre, mon sexe,
m’inondant, n’apaisa pas l’ouragan soulevé. Je la relevai, l’assis sur ma
cuisse, lui pris la bouche, les seins..
– » Frotte-toi ma pute, mouille ma cuisse de ton miel.. donne ta bouche…
sois bien pute… ouiii « .

Je sentais sur mes cuisses l’huile de son désir, dans ma bouche l’eau de son
abandon, de sa folie. Elle dansait, gémissait en petits miaulements brefs.
Je lui triturais les seins, lui pétrissais les fesses, l’agenouillais enfin
entre mes jambes ouvertes et m’allongeant lui donnais ma chatte à boire.
La nuit fut courte, peuplée de tempêtes. A peine apaisées, nos soifs
revenaient plus ardentes.
Je n’en finissais pas de désirer sa bouche, sa chatte, sa peau, ses lèvres, ses
seins, de la regarder, de la toucher, de la mordre, de lui parler, de
plonger en ses yeux, de guetter son plaisir, de rassasier le mien, de
vouloir son parfum, ses mains sur moi, sa langue sur mes lèvres, sur mon
corps, partout. Nous passâmes du fauteuil au lit, du lit au sol, au
fauteuil, à la salle de bains, n’en finissant jamais de nous désirer, de nous
branler, de nous boire. La bouteille de champagne fut vite vide qu’elle but
à ma chatte, que je bus à ses lèvres. Je l’obligeai à se caresser, à
s’enfoncer, s’enculer devant moi, à s’enduire de crème pour se frotter à
moi, à s’accroupir pour pisser, à me savonner sous la douche, à me lécher le
cul, à s’enfoncer le col de la bouteille… nous n’arrêtions pas d’haleter,
de gémir, d’inventer, de réciter les figures connues de l’amour lesbien.

Les jouissances s’enchaînaient aux jouissances en chapelet sulfureux.
J’aimais son odeur, sa peau, ses seins, ses mots, les petits cris qu’elle
poussait. Je l’aimais, j’aimais, j’étais heureuse. Je m’épanouissais sous sa
langue comme rose au soleil. J’étais folle et repue quand nous nous endormîmes
d’épuisement et de bonheur.
Quand je me réveillai, je n’étais pas fraîche mais j’étais seule,
l’enveloppe avait disparu et disparu aussi le seau à champagne, le plateau
et les mille poussières de notre folle nuit. J’étais aussi très en retard.
Je téléphonai pour que l’on m’apporte mon petit déjeuner, me commande un
taxi dans moins d’une heure pour l’aéroport et pour que l’on prépare ma
note. J’espérais que ce serait ma douce soubrette qui viendrait me servir,
un baiser du matin ne devait pas signifier chagrin. Mais ce fut une fille
banale.
Je me douchai, m’habillai promptement et quand je descendis le taxi était
là.
Je réglai. On me remit alors une enveloppe. Je l’emportai et l’ouvris dans
le taxi qui m’emmenait.
Il y avait deux feuilles pleines écrites à la main recto et verso et les
deux billets que j’avais glissés hier dans une autre enveloppe.
 » ma belle maîtresse,
Je ne suis pas la belle servante que tu as si tendrement tenue dans tes bras
mais la propriétaire de cet hôtel. Une série de manquements dans
l’organisation m’obligea hier à assurer le service…et me permit de te (vous ?) connaître… et de réaliser un rêve que je traîne avec moi au fond de mon
cœur et de mon ventre depuis si longtemps… jouer les putains, être la
putain d’une belle femme autoritaire. La réalité a dépassé mes rêves les
plus fous. Je te remercie de cette nuit. Elle restera en moi… jusqu’au
bout de la route.
Et si jamais tu reviens dans cette ville, sois assurée que je te servirai
comme cette nuit je le fis. Merci. Tu es merveilleuse et je t’aime. Odette. »

Le mois suivant, je changeai de service et n’eus jamais à revenir dans
cette ville. Il me reste seulement ce merveilleux souvenir au cœur.

copyright reservé

Clairane44@hotmail.com
Première publication sur Vassilia, le 16/09/2001

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à La soubrette de l’hôtel par Clairane

  1. Claire dit :

    Un petit chef d’oeuvre, la lecture de ce texte m’a émoustillé bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer, il m’a semblé vivre l’un de mes fantasmes récurent en direct, d’ailleurs ce n’est plus vraiment un fantasme puisqu’il m’est arrivé de me prostituer tout à fait occasionnellement.

  2. Sonia Kubler dit :

    Eh oui, n’en déplaise aux féminises auto-proclamées qui ont l’indécence de parler au nom de toutes les femmes, le fantasme féminin de la prostituée existe bel et bien, mais on n’a pas le droit de le dire…. (François Ozon en sait quelque chose, obligé de faire semblant de s’excuser pour sauver sa carrière, mais nous offrant un magnifique film sur le sujet : « Jeune et jolie ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *