La nuit c’est Isabelle qui commande par O_L

Je suis chercheur dans une multinationale de cosmétiques. Contrairement à l’image d’Épinal, nous ne passons pas notre temps à accueillir de jeunes mannequins pour leur faire essayer du rouge à lèvre. Mon boulot est beaucoup moins sexy que ça, quoique passionnant : j’invente les molécules de la beauté du futur. C’est un travail très technique qui se fait sur de gros appareils au nom barbare. L’ambiance est studieuse et on est surveillés de près par le département financier qui trouve chroniquement que les chercheurs sont des « danseuses » : chers, capricieux et inutiles. En un mot : contraires à la morale, version capitaliste.

La saison la plus agréable est l’été. Dès novembre, le courrier de demandes de stage s’empile en provenance des meilleures écoles d’ingénieur de France et d’Europe. Le candidat type est trois fois sur quatre une candidate. Son cerveau est rapide. Ses questions sont précises, toujours censées, souvent lumineuses. Son inventivité, la pertinence de ses suggestions, tout cela fait de chaque séance de travail un délice pour l’esprit. Son éducation est bourgeoise et sans défaut. Elle sait faire attention à elle simplement mais avec goût et, si cela relève sa beauté ou même sa sensualité, c’est pour mieux creuser, d’un sourire direct et limpide, un fossé infranchissable entre ses relations de travail et son intimité.

Aujourd’hui, 10 juin, 21h00, j’ai fini ma journée et je vais fermer le labo. Je commence ce blog à cause d’Isabelle. Isabelle est le portrait robot de la stagiaire de choc. Bac+5, 22 ans, trilingue, stages aux USA, la bonne moyenne quoi ! Son physique en revanche est totalement hors norme. Grande fille blonde, cheveux longs, yeux bleus intense, je croyais que ça n’existait qu’au cinéma, mais non ! Cette fille est dans mon labo pour l’été ! Elle a le visage triangulaire et les grands yeux mobiles des chats. La démarche aussi : souple et légère, celle d’une vraie sportive. Ses pieds ne pèsent pas sur le sol : ils le caresse, ils l’effleurent, elle passe dans un souffle d’air. Je ne peux pas décrire son cul. Ça me fait du mal rien que d’y penser. Peut-être un autre jour. Pour aujourd’hui déjà, ça me soulage d’avouer à « quelqu’un » que je vais avoir du mal à gérer. Mon clavier est-il quelqu’un d’ailleurs ? Suis-je encore normal ?

11 juin. 18h00. Journée fantastique. Isabelle est une très bonne. Elle connaît déjà tout le monde dans le labo et chacun est aux petits soins avec elle. On a défini ensemble son sujet de stage : la nano encapsulation des pigments non aliphatiques. Un sujet piégeux mais si on y arrive, on posera des brevets sur toute la cosmétique de la prochaine décennie. Un truc énorme. L’intensité de l’activité intellectuelle de cette journée a masqué celle non moins intense de mes hormones, version sexuelles males. Un répit.

15 juin 21h00. Je m’offre une pause. J’ai du mal avec Isabelle. Elle est encore là dans le labo, à 21h. Elle bosse sur le spectromètre à diffraction atomique de phase, notre dernière acquisition. Un monstre de quatre mètres cinquante de long qui ronronne doucement. Un demi million d’Euros que personne n’a encore réussi à faire vraiment marcher. Isabelle a décidé qu’elle en avait besoin et, sans se stresser, elle a pris son téléphone, le mail, Internet, et aussi son sourire pour mettre chacun à contribution quand elle avait besoin d’un coup de main ou d’une explication technique. Jacques est dans sa poche depuis le premier jour. Jacques, c’est l’ingénieur en charge du spectro en question et il défend jalousement ses prérogatives sur le matériel stratégique, même quand il ne marche pas et qu’il n’y peut rien ! Mais Isabelle a terrassé Jacques. Il est devenu un petit oiseau dans sa main. C’est un délice de voir cette grande gueule ingérable amadouée à ce point. Je flippe en me demandant de quoi MOI j’ai l’air quand elle me parle. Bref, ça fait quatre jours qu’elle galère sans perdre ni le sourire ni la légèreté de sa démarche. Je craque. Je dois me libérer. Je dois avouer. Aller, petit blog, je me lâche :

Son cul ! Oui, son cul ! Il est VIVANT. Le cul d’une fille plate, il pend au bas de son dos comme une poêle à frire au mur de la cuisine. Le cul d’une fille cambrée, il est à la remorque derrière elle comme un caddie plein qu’on tire au retour du marché. Même le cul d’une jolie fille ne fait rien d’autre que de décorer son derrière en bougeant quand elle bouge. Mais le cul d’Isabelle ne fait rien de tout ça : c’est lui qui est le centre de tout son corps. Qu’il bouge et ses épaules ondulent pour le rejoindre. Qu’il bouge et ses longues jambes s’allongent pour poser ses jolis pieds là où il faut exactement pour suivre son mouvement. Au labo, tout le monde semble obéir à Isabelle et chez Isabelle, tout son corps semble obéir à son cul. Nous sommes tous devenus les esclaves consentants du cul d’Isabelle. J’hallucine. Je vais péter les plombs. Je google « Prozac ».

18 juin pause déjeuner. Escortée de Jacques comme un abbé de son enfant de chœur, Isabelle passe en revue tous les protocoles de test depuis une semaine. Et, roulements de tambour, oui, vous l’avez deviné : le spectro marche ! La nouvelle s’est répandue comme un courant d’air dans le labo. Mais Isabelle a su en faire un non événement. Selon elle, c’est Jacques qui a trouvé le problème. Un banal problème de soft sur le logiciel de contrôle. Elle esquive les louanges, déjoue les plaisanteries. Ses gestes restent doux, son visage ouvert et souriant, ses mots sont toujours imperturbablement factuels. Une vraie pro. Jacques ne boxe pas dans cette catégorie. Il est foutu et le reste du labo contemple sa déchéance avec délectation.

20 Juin. 21h00. Plus le stage d’Isabelle se met sur orbite, plus je m’inquiète pour ma santé mentale. C’est qu’il y a encore une chose dont je n’ai pas encore eu la force de parler même en blog. Ce soir il faut que je me libère de ce poids. Que dis-je, d’une obsession, d’un cauchemar. SES SEINS ! Ca y est ! J’ai dit le mot, ça m’a libéré d’avoir juste appelé ça des seins. D’avoir admis qu’il existe dans le dictionnaire un mot banal, connu, visible, solide. Un mot auquel je peux m’accrocher pour retenir mon esprit à la dérive. Je vous vois venir avec votre sourire en coin. Vous croyez que j’en rajoute ! Vous me dites que des seins comme ça, tout le monde sait que ça fait frémir depuis la nuque jusqu’au bas du dos quand Aubade les mets en 4 par 3 dans le métro. Aussi que ça provoque des accidents de voiture s’ils vous traversent devant à une priorité à droite. Ca peut même faire croire à la réincarnation quand on regarde un porno. Vous me dites que vous savez tout ça et qu’il y a pas de quoi partir à la dérive. Mais c’est que vous ne les avez jamais vus en vrai, au quotidien, dans la blouse d’une Bac+5 trilingue qui a dompté un spectromètre à diffraction atomique de phase et l’ingénieur qui va avec, je vous dis qu’une seule chose, une chose toute simple : des seins comme ça en vrai, ça rend fou.

Elle est toujours devant son spectro. Je vais aller la voir avec un café.

21 juin. Chez moi, 1h du mat. L’idée de lui offrir un café tout à l’heure a fait déraper ma vie. Je vais essayer de vous raconter en détail et sans me mélanger mais là, je suis dans un état grave. Alors j’entre dans la salle du spectro avec deux cafés fumants, je prends mon sourire n°2 et je lui dis :

– « Ce spectro va vous tuer. Vous voulez un café ? »

Elle est assise sur un antique tabouret haut, siège en bois, pieds en fer et pas de vis graisseux pour en régler la hauteur. Un truc me gène mais je ne saisis pas tout de suite. Et d’un coup je réalise : elle est assise directement les fesses sur le tabouret, la jupe et la blouse blanche autour. Et puis elle est étrangement cambrée, les jambes un peu bizarrement écartées. Elle m’enroule de son sourire alerte et du tac au tac :

– « Est-ce qu’on pourrait pas se tutoyer à partir de 21h00 Monsieur le Grand Chercheur ? »
– « Ca doit être possible »

Je lui réponds faute de mieux, le sourire con, en m’approchant d’elle à quelques centimètres, toujours un café dans chaque main.

– « Pas si vite » elle dit en mettant ses mains à plat sur mon torse, prête à me repousser. J’ai une autre chose à te demander. Elle a les yeux qui pétillent et elle dit « La journée, c’est toi le patron, je suis ta petite stagiaire zélée dont tu es si fier, et la nuit, c’est moi qui commande ».
– « Ca m’amuserais d’essayer »

Je réponds un peu au hasard en essayant de comptabiliser mes neurones qui pètent les uns après les autres.

– « Tu vas pas essayer, tu vas promettre » dit-elle avec la douceur de la certitude.

Elle a sauté de son tabouret, s’est glissée comme un chat derrière moi, m’effleurant de ses seins et finissant de détruire ma raison de son odeur femelle. Je ne la vois plus. Je sens un bandeau sur mes yeux, puis deux mains qui me libèrent des gobelets de café qui m’empêchaient de ne rien faire, et finalement elle me joint les mains derrière le dos et la serre dans du scotch américain d’un geste vif et précis.
– « Tu promets ? » elle me dit dans un souffle en s’approchant si près de moi que je sens sa respiration sur mon visage.
– « Oui, je promets » dis-je sans autre solution en tête.

Soit j’accepte le plongeon dans l’inconnu, mais de toutes façons j’y suis déjà, soit je renonce définitivement à ce que je souhaite au fond de moi depuis des jours et je mets sèchement fin à ce jeu. Le puis-je ? Le veux-je ? Où suis-je ? Dans quel état j’erre ? Oui, je promets, j’ai promis. Elle n’a qu’a faire de moi ce que je veux. J’abdique.

Sa langue ouvre ma bouche tandis que ses seins se collent à moi. Bon Dieu personne ne m’a jamais bâillonné ni attaché les mains derrière le dos et c’est bien le dernier moment où je voudrais que ça ait eu lieu. Des jours que mon cerveau se liquéfie en pensant à cette fille et maintenant qu’elle est là, contre moi, je suis attaché et bâillonné. Je veux me débattre, dire quelque chose, mais finalement j’accepte, je lâche prise, je me détends finalement pour profiter du baiser offert et mon corps commence à onduler contre le sien.

– « Tout doux », dit-elle, « tout doux. Ce n’est plus toi qui commandes n’est-ce pas que tu l’as promis. Toute la journée tu es comme un petit coq dans les couloirs et mon nom décore chacune de tes phrases. Maintenant, c’est à mon tour de m’amuser n’est-ce pas ?

Et elle pose la paume de sa main sur la braguette, juste posée, légère, un souffle.

– Tu promet n’est-ce pas d’être ma chose le soir ?

Je renouvelle ma promesse.

– Tous les soirs ?

Je promets encore. La caresse est plus ferme j’ai compris cette fois que rester immobile est mon meilleur choix pour faire durer ce délice.

– « J’espère que tu es bien monté au moins ».

Ah ! On a descendu une marche là tout d’un coup. « Bien monté » c’est plus le vocabulaire Bac-plus-cinq-trinlingue La chute dans l’inconnu se poursuit. Je dois vraiment oublier que je suis son maître de stage. Ou bien y penser, je ne sais plus. De toutes façons mes neurones continuent à griller dans mon pauvre cerveau. Sa caresse est plus précise maintenant, la paume appuyée sur mon gland, les doigts vers le bas, le gras de la main qui caresse de haut en bas en tournant, et le bout des doigts qui papille sur les couilles à travers le pantalon. Où a-t-elle appris à faire ça si bien ?

– Tu vas pas jouir n’est-ce pas ? Tu promets ?
– Oui, je te promets Isabelle. Je te promets que je ne jouirai que dans ton petit con ma salope et que tu vas pas le regretter !

Une gifle claque sur ma joue. Je ne l’ai pas vue venir vu que j’ai toujours les yeux bandés. Je repends mon souffle. Paf ! Le retour de l’autre côté ! Je ne dis rien. Je sens qu’elle s’approche.

– Il ne faut pas parler comme ça à sa maître de stage préférée.

Je ne la vois pas, je ne sais pas l’expression de son visage. Le ton est comme elle sait faire dans la journée au labo. Je ne dis rien, alors elle m’embrasse sur les lèvres puis :

– « Tu es gentil. Continue comme ça, c’est bien ».

Ma parole elle me dresse comme un chiot.

– « Ne bouge pas maintenant ».

Et elle se coule le long de moi, son corps, ses seins, ses mains. Je la devine accroupie. Le zip de ma braguette descend. Le pantalon coule sur mes cuisses. Ses mains sur mes fesses.

– « Sois sage » dit-elle avant de baisser mon caleçon et d’enfourner ma bite dans une fellation lente et sensuelle.

L’extase pure. Enfin. Tout mon corps se détend. Tout mon corps la remercie. Ma gifle la remercie. Le soleil s’allume dans l’inconnu ou elle m’a plongé.

Une minute d’extase et hop, le caleçon, le pantalon, le bouton, le zip, tout revient à sa place en un clin d’œil. Merde, c’est quoi ce plan de merde ! J’en peux plus !

– « J’ai laissé du rouge à lèvre sur ta bite mon chéri. Je ne veux pas que tu y touches jusqu’à demain. Si je ne le retrouve pas à sa place, tu seras puni et tu n’auras rien ».

Le scotch est coupé, je me défais du bandeau. Mes sens sont en ébullition, mon sexe aussi. Je m’approche d’elle pour l’embrasser. Tenir son corps contre le mien, la serrer dans mes bras pour sentir ses seins contre moi. Mordre ses lèvres. Mais elle est déjà à nouveau assise sur son tabouret et me repousse du même geste que tout à l’heure avec un grand sourire heureux et sans appel.

– « Non ! » sourie-t-elle de ses dents blanches. C’est encore moi qui commande. Ah Ah Ah Ah ! Tu es encore plus mignon que j’avais imaginé. Je t’adore. Donne-moi mon café, je suis sure qu’il est déjà froid. Ton spectro m’a tuée aujourd’hui, je n’en peux plus.

Un baiser du bout des lèvres, ses mains sur mon cou, et la voila partie, et moi comme un con qui bande encore. Merde la vie, Merde !

22 juin. 10h00. Je ne sais pas pourquoi j’ai respecté la consigne d’Isabelle. J’ai peut-être peur d’elle finalement. Toujours est-il qu’en rentrant chez moi, j’ai pris deux verres de whisky en regardant un film à la télé et c’est comme ça que je me suis calmé. Ni douche ni branlette. Isabelle a encore gagné. Ce matin mes hormones sont au max. Ca me rend hargneux limite roquet. Heureusement, elle est là, égale à elle-même. Naturelle et souriante et le boulot avance du tonnerre de Dieu. On commence à parler brevets. On prend même rendez-vous avec le staf juridique pour la semaine suivante.

22 juin. 21h00. On dirait que ça devient rituel. Elle est encore devant son spectro. Je vais la voir avec deux cafés ? A tout à l’heure petit blog, je te raconterais tout.

23 juin 4h30. Je suis mort. Je ne trouve pas le sommeil. A 21h00, c’est elle qui s’est coulée comme un chat dans mon bureau pile à 21h00. C’est mon heure dit-elle suavement en s’approchant de moi. J’espère que tu as été sage. Elle s’approche de moi, je suis assis à ma chaise et j’ai à peine le temps de me tourner vers elle. Elle a déjà contourné mon bureau. Elle est debout contre moi. Je sens l’odeur de ses seins, là tout contre, devant mon visage. Je pose ma main sur ses hanches. Elle ne dit rien. Je m’enhardis. Je remonte lentement, la souplesse de la taille, la fermeté des côtes, la largeur du dos, là, juste où passe le soutien-gorge. Le coton de la blouse, l’odeur qui la traverse, la peau en dessous que je devine, mes idées qui cognent dans ma tête. Tout cela prend une seconde mais le temps s’est arrêté. Quand je me repasse ce film il y en a tant sur la pellicule qu’il dure une heure.

Arrivées en haut de leur course, presque aux aisselles, mes mains sentent la confirmation de ce que j’avais deviné : il n’y a pas de soutien-gorge. Seulement la peau ferme et douce sous la blouse. J’ai à peine le temps de ressentir une décharge dans la colonne vertébrale qui me descend jusqu’aux reins qu’elle m’a déjà doucement repoussé. Une minute et me voilà comme la veille, les mains dans le dos et les yeux bandés. La bite aussi, bandée.

– « J’ai une surprise pour toi », me dit-elle suavement, « mais avant, je dois vérifier que tu as été sage ».

Elle défait mon pantalon. Ses doigts de fée effleurent mon sexe gonflé. Mes yeux aveugles tendent mon imagination jusqu’à la douleur pour deviner chaque partie de son corps. Ses cheveux coulent sur mes cuisses, je sens son souffle sur mon gland qui me dit que la délivrance du plaisir tant attendu est proche. Chaque partie de mon corps qui touche le sien en est électrisée jusqu’à la limite du supportable. Chacun de ses gestes est une promesse, chaque seconde, la frustration de l’attente, et chaque mot d’elle, le baume qui me donne la force d’attendre encore.

Sa caresse est divine. C’est une caresse lente qui apaise, qui remplit l’âme et le corps, qui fait disparaître le monde alentour et sa charge de questions sans réponse. Elle est lente comme le bonheur, douce comme le soleil sur la peau. Mon sang, mes idées, mon passé et mon futur, tout cela se concentre peu à peu sur mon sexe entre ses doigts lents.

– « J’adore ta bite. Elle est magnifique » me dit-elle en riant. ‘Tu sais, je ne te regarde plus de la même façon au labo depuis que je sais que tu es monté comme ça ».

La bonne affaire, son compliment. Pour ce qu’elle me laisse en faire, de mon engin. Mais elle a ce don que chacune de ses paroles soit une caresse pour le cœur. Les vibrations de sa voix entrent jusqu’au milieu de mon ventre et en dénouent les nœuds, si bien que c’est d’avance, toujours, oui. Je sens déjà que je ne supporterais plus son silence, que si elle venait à ne plus me parler je la supplierais même d’une insulte. Ou a-t-elle eu ce pouvoir ? Pourquoi l’utilise-t-elle à me torturer ? Des questions que je ne peux me poser qu’en écrivant tout cela, seul à mon clavier, devant mon petit blog chéri qui est le dernier repère du monde d’avant, d’avant ma soumission totale à Isabelle, que j’ai consentie pour le pire et pour le pire.

Isabelle n’avait pas retrouvé la trace du rouge à lèvre de la veille. Elle n’a pas été contente que je proteste. Elle a menacé de mettre fin à nos petits jeux. Elle a ensuite proposé une issue. Elle allait me corriger. Je pourrai à tout moment mettre fin à tout cela. Si j’y mettais fin, tout redeviendrait comme avant, comme si rien ne s’était passé, et son stage se finirait paisiblement. J’écoute sa voix, mais pas ses mots. Mon histoire est écrite dans un livre ouvert devant moi. Je pourrais le lire mais je le connais déjà. Il dit que je vais accepter, que je vais endurer les coups et les punitions car elle saura toujours utiliser sa voix tendre et rassurante pour calmer mes angoisses, tandis que ses mains, sa bouche, ses odeurs à chaque endroit de son corps différentes, tout cela sera une perpétuelle promesse de plaisir infinis, dont je ne pourrais jouir que de l’attente, et que cette attente même sera si intense qu’à elle seule elle ternira le souvenir des anciens plaisirs. Le livre dit aussi que ma chute en enfer ne fait que commencer. Qu’à m’habituer à tout cela je vais y prendre goût mais qu’un jour voulant toujours plus je dirais non. Le livre dit que ce jour là sera ma déchéance. Elle s’excusera de sa voix douce, coupera mes liens, me rhabillera et s’en ira dans la nuit de sa marche féline. Le lendemain elle sera au labo égale à elle-même et je ne percerais rien d’elle. J’agoniserais jusqu’au soir à me demander si je n’aurais pas déjà tout perdu. Plus tôt que d’habitude elle aura une parole gentille pour me dire que ce soir elle rentre seule chez elle. Je vois cette page écrite dans le livre et je sais que je vais tout faire pour ne pas la lire. Mais ce qui est écrit est écrit.

La graine de ces pensées germait lentement dans mon ventre. J’en avais une sensation diffuse et je savais qu’elles allaient monter à ma conscience par paliers dans la nuit et les jours qui suivraient. Pour l’heure je subissais ma première punition et je n’étais pas à la fête. Mes fesses étaient en feu. Isabelle me frappait en silence d’un martinet qu’elle avait amené. Après chaque série de coups elle m’encourageait amoureusement et me suçait en me caressant les couilles et l’anus. Elle ne voulait pas que je cesse de bander. C’était son caprice de me voir bander sans cesse. Je devais m’y plier.

Les coups finis, Isabelle était aux anges et me félicitais pour mon endurance et ma soumission. Mes yeux toujours bandés, les sens en alerte, je sentis son odeur s’approcher de moi. Elle me dit tendrement qu’elle avait peur de tomber amoureuse. Ca la fit rire. Elle me demanda d’une voix espiègle si elle pouvait se donner du plaisir sur mon corps. C’était sa façon à elle de me dire naturellement et sans pudeur qu’elle voulait son propre plaisir sans se soucier du mien, que j’allais être un jouet, une chose dont elle attendrait passivité et obéissance. Elle me voulait poupée gonflable et non pas amant. Le contraire de l’échange amoureux. Une frustration de plus que la fatigue, les coups reçus, le désespoir où j’étais de pouvoir enfin jouir me firent une fois de plus accepter.

Elle m’allongea sur le dos, inconfortablement appuyé sur mes mains toujours liées derrière moi. Elle s’assura de la bouche et de la main que je bandais toujours raide puis s’accroupit sur mon visage, posa ses mains sur mon torse et m’ordonna de la lécher. Son sexe tant désiré était là, au-dessus de mon visage. Son odeur forte, son humidité, et je ne l’avais jamais encore vu. Il était déjà gonflé et ouvert. Je m’appliquais à rechercher son plaisir sans obtenir d’autres réactions de sa part que de fermes « Continue ! » quand ma langue me faisait mal de la fouiller. Elle se masturbait en même temps et commença à onduler sur moi. Bientôt son sexe allait et venait sur toute la longueur de mon visage et elle commença à gémir.

Brusquement elle s’immobilise tandis que sa masturbation devient plus vigoureuse et plus précise. Elle s’appuie sur moi à m’étouffer et, dans des petits cris aigus, je sens un liquide chaud, salé et fort couler sur mon visage. Le pipi coule d’elle sur moi, remplit ma bouche et mes sens, ce liquide plus intime que la salive des baisers, plus pudique que le sang, il coule sur moi et me remplit de son plaisir à elle ; et elle qui crie et qui tremble de tout son corps agité par l’orgasme.

L’urine a coulé par terre et brûle mes fesses rougies par le martinet mais elle avait prévenu : elle ne chercherait que son plaisir et ne se préoccuperait pas de moi. J’ai le sentiment terrible que ma survie à ces ébats ne tiens qu’à un fil dont je suis le seul gardien. Un bien piètre gardien en fait. Tout peut arriver. Elle ira au bout de son plaisir coûte que coûte.

A peinte a-t-elle repris ses esprits qu’elle s’est allongée sur moi, m’a embrassé tout le corps, m’a mordu et m’a pincé en tremblant d’extase, a restauré avec une attention prometteuse mon érection et s’est, finalement, divinement, lentement, lentement, très lentement empalée sur moi. Je n’ose bouger. Pas même un petit coup de rein. Je retiens mon souffle et me concentre sur le plaisir infini de cette lente pénétration qui vient comme une délivrance.

Elle m’ôte alors mon bandeau et je la vois. Pour la première fois je la vois durant nos jeux. C’est comme si un visage familier et étranger à la fois se posait sur un personnage inconnu qui n’existerait qu’en rêve ou dans un livre, qu’on imagine et qu’on croit connaître, jusqu’au jour où on le voit pour de vrai et où tout change alors d’angle irréversiblement. Elle est nue et elle est là, à genou sur moi, mon sexe dans le sien. Son beau visage, ses lèvres rougies et enflées par le plaisir, ses seins magnifiques, et le goût de son urine dans ma bouche.

– Regarde-moi ordonne-t-elle d’une voix blanche, je veux que tu bandes mieux.

Je ne crois pas honnêtement que ce soit possible. Mon sexe me fait déjà mal tant il est tendu. Mais c’est compter sans la détermination d’Isabelle. Elle se penche vers moi et écrase ses pouces sur mes carotides. Le sang monte dans ma tête instantanément. Le fil qui me retient à la vie se distend à la limite de la rupture. Elle n’en a que faire. Elle sent la pression qui envahit mon sexe et elle répond d’une ondulation de tout son corps qui la fait se frotter à moi dans un geste circulaire. Mon sexe reste au fond d’elle-même, si bien que mon excitation monte, mais pas mon plaisir. Pour elle au contraire, son clitoris est compressé contre mon pubis à chaque mouvement ce qui déclenche son orgasme avant le mien. Ce n’est que prise par les convulsions du plaisir qu’elle se jette dans des va-et-vient brutaux qui me font, enfin, éjaculer dans un spasme quasi cataleptique. Elle m’étrangle maintenant des deux mains jointes dans sa frénésie de maintenir mon érection et mes yeux fermés de toutes mes forces s’illuminent de flash blancs tandis que son corps est agité des derniers soubresauts de l’orgasme.

Quand tout s’apaise je ne suis plus rien. De ma vie jamais un orgasme n’a été aussi puissant. En faisant sortir de moi tout ce plaisir, j’ai l’impression qu’elle m’a vidé de tout ce que j’étais. Si elle disait à cet instant précis tue-toi, je le ferais. Et j’ai peur.

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à La nuit c’est Isabelle qui commande par O_L

  1. Pulsar dit :

    Evidemment que c’est beau, mais quand on a lu juste avant « http://wp.vassilia.net/histoires/carla-stagiaire-humide-par-o-l »
    on ne peux s’empêcher de trouver que c’est moins bien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *