Eric, Julie et moi – chap 3 par mlle_helened

Eric, Julie et moi – chap 3 par mlle_helened

Je me démaquillai et enfilai mon pyjama en imitation satin. En voyant mon vernis, je ne pas envie de l’enlever et décidai de rester en fille pour le dimanche. D’habitude, je revenais Thierry car il me fallait sortir pour acheter le pain. Avec ce qui s’était passé aujourd’hui, je me mis dans la tête d’aller la boulangerie en fille. On allait me dévisager. Mais tant pis. Il fallait prendre le taureau par les cornes et au diable le qu’en-dira-t-on.

Je mis un film dans mon vieux lecteur VHS, sorti mon gode et me donnai du plaisir avant de m’endormir.

Ma sortie à la boulangerie se passa somme toute très bien. Comme je l’avais prédit, j’eus droit à quelques regards appuyés, parfois désapprobateurs et une gamine qui posa une question embarrassante à son père qui me foudroya sur place. La vendeuse me reconnut. La réaction des clients l’amusait. Elle me gratifia de  » bonjour madame, au revoir madame  » appuyés mais surtout d’un  » à bientôt  » qui me firent très plaisir.

Mais j’eus droit à la cerise sur le gâteau, quelques jours plus tard quand elle me dit :

– Je vous préférerai presque dans la tenue de dimanche.

Je rougis violemment, ce qui la fit rire.

– Merci, c’est gentil, répondis-je.
– Non, je suis sincère. Il y a quelques détails à corriger, mais dans l’ensemble, c’était bien.

Elle eut l’intelligence d’utiliser des mots qui n’avaient de sens que pour nous.

– A dimanche ? me fit-elle avec un léger clin d’œil.
– A dimanche ! dis-je après avoir saisi la nuance.

Je passai la semaine, impatient d’être au week-end. Je savais qu’Eric n’était pas là. Il était reparti dans sa Bretagne natale.

Samedi arriva et Hélène remplaça Thierry. Je passai la robe noire acheté la semaine précédente. Avec mes talons aiguilles, elle me rendait encore plus féminine. Mais je m’aperçus que je n’avais pas de veste pour aller avec.

Je me changeai et décidai de retourner au centre commercial pour combler cette lacune.

Cette fois, je fus seule. Mais je m’en moquai. Malheureusement, je ne trouvai pas mon bonheur chez C&A et il était hors de question que je reparte sans ce que je voulais. Pas d’autre solution que d’aller dans des boutiques pour femmes, boutiques moins anonymes et dans lesquelles j’allais devoir affronter les vendeuses.

Je fus tenté un moment de rebrousser chemin. Mais mon désir fut plus fort. Je pris mon courage à deux mains et entrai dans la première enseigne.

La vendeuse s’approcha et en me voyant de plus près eut un mouvement de surprise.

– Bonjour madame, dit-elle après une brève hésitation. Que puis-je pour vous ?
– Bonjour, dis-je avec un sourire de remerciement.

Elle n’était pas dupe de ma vraie nature mais elle jouait le jeu. J’expliquai ce que je cherchai et me proposa plusieurs modèles que j’essayai avant d’arrêter mon choix sur une veste trois-quarts.

– C’est tout ce que vous désirez ? Je peux vous proposer un tailleur qui pourrait aussi aller avec cette veste.
– Je n’étais pas venue pour ça. Mais maintenant que je suis là, pourquoi pas.

En effet, le tailleur était joli mais un peu cher pour moi.

– Je peux vous proposer celui-ci, dit-elle en me montrant un tailleur pantalon.

Je n’avais jamais envisagé de mettre un pantalon, fut-il féminin. Mais je me laissai tenter.

Etrangement, je m’y sentis très bien et décidai de le prendre. Ironie du sort, il coûtait plus cher que le précédent tailleur. De plus, ma culotte en dentelle et le collant plaquaient mon sexe entre mes jambes ne faisant aucune bosse disgracieuse.

– Je vous fais la retouche du pantalon ? demanda la vendeuse.
– Oui, s’il vous plait.

Elle prit sa pelote d’épingle et se mit à mes pieds. C’était bien la première fois qu’une femme faisait une telle chose.

– Vous le porterez avec ces chaussures ? Ou des talons plus hauts ?
– Cela fait une différence ? demandé-je naïvement
– Oui.
– Ah.

Je réfléchis rapidement.

– Alors oui, je pense que je mettrai quelque chose de plus haut avec.
– Très bien. Vous viendrez avec lorsqu’il sera prêt.

La tuile ! Si j’avais effectivement des escarpins à talons hauts, je n’étais jamais sorti avec. Et les rares fois où je l’avais fait, je compris que marcher dans la rue avec dix centimètres de talons, c’était autre chose que de faire quelques pas dans son salon. J’allai donc devoir faire une formation accélérée pour être au point quand j’allais devoir revenir chercher mon tailleur.

– Et voilà, dit la vendeuse.

Je me regardai dans le miroir. Certes, je ne faisais pas encore illusion, mais j’étais sur la bonne voie.

Je payai mes achats qui grevèrent mon compte en banque.

– Au revoir madame, me dit la vendeuse avec un sourire que je ne sus dire s’il était commercial ou moqueur.

Je rentrai directement chez moi. Non pas que je craignais le regard des autres, mais plutôt que je ne souhaitai pas craquer en passant devant un autre magasin. Heureusement, on était bientôt à la fin du mois.

En arrivant, je me changeai et passai la robe noire. La veste allait parfaitement avec. La vendeuse avait été très professionnelle. Même avec moi qui n’était pourtant pas une cliente comme les autres.

Je glissai mes pieds dans mes escarpins aux talons hauts. C’était fou comme il ne fallait pas grand-chose pour changer d’apparence. Je me trouvais encore plus femme dans cette tenue. Je fis une photo avec mon portable que j’envoyai à Eric.

 » Ma-gni-fi-que !  » me répondit-il.

Forte de cet encouragement, je me dis que c’était le moment ou jamais de commencer mon stage d’apprentissage des talons hauts. Je ressortis et pris ma voiture, direction le centre-ville. Quoi de mieux que d’arpenter la rue principale et regarder les vitrines.

Je me garai dans le parking souterrain. Ce n’était pas le moment de se faire embarquer la voiture. Je fis quelques allers retours dans le parking, histoire d’être moins cruche dehors. Puis je me jetai dans le bain.

Il y avait du monde à se promener sans être la grande foule comme au centre commercial. Je pus me promener tranquillement, m’arrêtant devant les boutiques, mais sans y entrer. Pourtant Dieu sait si la tentation était grande, surtout devant cette boutique de chaussures. Je me promettais d’y revenir le mois prochain.

Pas ou peu de regards excepté ce groupe d’ados boutonneux, qui, du haut de leur dix-sept ans ou presque, connaissait déjà tout du monde et de la vie, me siffla en faisant des commentaires graveleux.

Je passai presqu’une heure à me promener. Les escarpins me faisaient mal aux pieds. Mais je ne pus me résoudre à rentrer. La sensation était trop bonne, trop jouissive pour m’arrêter là. Je me dirigeai alors vers un autre centre commercial de la région. Ce n’était peut-être pas la meilleure idée car les tentations allaient être grandes, mais tant pis. A moi d’être forte.

Cette fois, trouver une place libre s’avéra proche du parcours du combattant mais la chance me sourit enfin. Une place se libéra devant moi. Et elle était située à l’autre bout du parking. De quoi m’entrainer !

Je parcourus les deux niveaux du centre commercial, entrant dans les magasins mais résistant à sortir ma carte bleue. Je fis même des essayages de chaussures. Ce fut là le plus dur. Mais au grand dam de la vendeuse, qui ne releva pas ma particularité, je repartis les mains vides, tout en lui promettant de revenir.

Je terminai par la grande surface où je fis quelques courses pour remplir mon frigo, mais aussi ma trousse de maquillage.

Je rentrai enfin, épuisée par cette après-midi. Mes pieds purent enfin déstresser.
Le lendemain matin, je partis chercher le pain avec mes talons hauts et mon tailleur acheté avec Eric. La vendeuse me gratifia d’un large sourire et me complimenta sur ma tenue.

Je fis un petit détour pour améliorer ma démarche tout en croquant un bout de ma baguette qui sortait du four. C’est à ce moment que je découvris un bout de papier collé à mon pain.

 » Je termine à treize heures. J’ai envie de mieux vous connaitre. Appelez-moi « . Son numéro de portable terminait le billet.

– Ah ben merde alors !

Je fus en proie au doute. Etait-elle sincère ? Ou avait-elle monté un plan pour me ridiculiser ?

J’attendis patiemment l’heure fatidique, échafaudant toutes sortes de scénarii. Malgré tout, la curiosité l’emporta et j’appelai.

– Bonjour, dis-je, je suis Hélène. Vous avez glissé un petit mot avec ma baguette ce matin.
– Oui, oui. J’espérai votre appel. Moi, c’est Marie. J’aimerai vous rencontrer. Vous m’intriguez. Quand êtes-vous libre ?
– Quand vous voulez.
– Maintenant ? On se retrouve au parc, près de l’aire de jeu ?
– Très bien, j’arrive. Je suis là dans dix minutes.
– Parfait ! A tout de suite.

Je retrouvai Marie. Je failli ne pas la reconnaître sans son tablier et sa coiffe blanche. De plus, ses cheveux était détachés. Elle s’approcha et me fit la bise. Je plongeai mon regard dans ses yeux noisette qu’elle avait remaquillés avant de venir.

Elle était vêtue d’un jean et de basket. Je faisais presque déplacée avec mon tailleur et mes escarpins.

– Il y a longtemps que tu te travestis ? me demanda Marie, passant au tutoiement
– Au moins tu n’y vas pas par quatre chemins. Longtemps ? Une douzaine d’années peut-être, mais cela fait seulement dix jours que j’ose sortir en public.
– Je te trouve très courageuse.
– Ou très conne.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Bah, un travelo, c’est un pervers quelque part.
– Pas pour moi. Je trouve que vous êtes les seuls hommes capables de comprendre un peu les femmes et les traiter comme il se doit.
– Ton copain ne se comporte pas bien avec toi ? demandé-je sans vraiment savoir si elle était en couple.
– Si, il est gentil, c’est pas la question. Mais à part baiser et quelque sorties ensemble ou entre potes, on ne peut pas dire qu’il s’intéresse à moi. Il ne m’accompagne jamais faire les boutiques par exemple.
– Je vois.
– Aujourd’hui par exemple, il est avec ses copains à Marseille pour le match PSG-OM. Je ne le revois pas avant demain soir.
– Pas cool en effet. Tu peux sortir avec tes copines, des copains…
– Ou c’est sûr. Mais j’avais aussi envie de voir de nouvelles têtes. Et toi, tu sors du lot.
– Je ne sais pas trop comment je dois le prendre.
– Comme un compliment.
– Merci. C’est gentil.
– Tu sais, j’ai parlé de toi à mes copines et elles ont très envie de te connaitre.
– Tu ne perds pas de temps. Y a un piège ?
– Non aucun ! On est juste curieuse. Ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre un travesti. Très féminine de surcroit. Même s’il y a plein de petits détails qui te trahissent.
– je sais que je ne suis pas parfaite. D’ailleurs, j’ai besoin d’une épilation.

On éclata de rire.

– Si tu veux, on peut t’aider à t’améliorer.
– Je veux bien. Et qui mieux que des filles, des vraies j’entends, peuvent me conseiller.
– On pourra faire du shopping ensemble.
– Avec plaisir !
– Tu es homo ? demanda-t-elle.
– Non, pas exclusivement. Je crois que j’aime les deux sexes. Je suis bisexuel, croyant mais non pratiquant.
– Comment ça ?

Je regardai Marie un moment, cherchant mes mots.

– Pour être franche, je n’ai jamais eu d’aventure …
– Tu es vierge ?
– Voilà, c’est ça.
– Comment c’est possible ?
– Trop timide, pas confiant en moi, un peu neuneu sur les bords aussi…
– Il va falloir arranger ça.
– Je n’en demande pas tant.
– T’inquiète !
– Tu fais quelque chose ce soir ?
– Non.
– Viens chez moi alors. Tu feras la connaissance de ma bande.
– Je ne veux pas m’imposer.
– C’est moi qui t’invite. Tu ne t’imposes pas. Dix-neuf heures ?
– Ça me va. Qu’est-ce que j’amène ?
– Une bouteille de vin ? A toute à l’heure.

Marie se leva et partit d’un pas rapide, me laissa en plan et me donnant de nouveaux doutes sur ses motivations.

Je m’aperçus que je n’avais pas son adresse et je lui envoyai un SMS. Elle me répondit aussitôt et constatai qu’elle n’habitait pas très loin de chez moi.

Je rentrai à mon studio, me refis une beauté et chercha comment m’habiller. A part des jupes, je n’avais rien pour tous les jours. J’optai finalement pour un jean.

Dix-neuf heures quinze. Je sonnai chez Marie, avec une boule d’angoisse de tomber dans un piège.

–  » Troisième !  » dit-elle avant d’ouvrir la porte.

La porte de l’appartement était déjà ouverte lorsque j’arrivai sur le palier. Je sonnai malgré tout et Marie m’invita à entrer du fond du salon. Timidement, à l’affut du moindre piège, je fis mon entrée. Marie était là bien sûr, entourée de quatre autres filles du même âge, soit vingt-cinq ans environ. Avec mes trente et un ans, je faisais figure de vieille.

Je ne savais quoi dire, avec mon sac à main et mon autre sac contenant la bouteille de de vin et quelques gâteaux apéritifs.

– Je vous présente Hélène, dit Marie en se levant.
– Hélène, voici Eve, Julie, Maëva et Anika.

Elles se levèrent à leur tour et vinrent me faire la bise.

– Alors avant que tes yeux ne sortent de la tête, je t’annonce que Maëva et Anika sont en couple. Donc ne t’affole pas si tu les voies se faire des câlins ou s’embrasser.
– Ok, dis-je avec une curiosité typiquement masculine.

Le couple avait deviné mes pensées et s’embrassa langoureusement devant moi.

– Voilà, c’est fait, dit Maëva. Pas choquée j’espère ?
– Non, pas du tout. En tant que travesti, je me vois mal donner des leçons.
– Bonne réponse, acquiesça Maëva.
– Je te laisse ouvrir la bouteille ? demanda Marie.

Je m’exécutai et rejoignit le groupe sur les canapés. J’avais bien fait de mettre un jean, car aucune ne portait de jupe.

On discuta de moi beaucoup, du pourquoi (pour lequel je n’avais pas le moindre élément de réponse), du comment, avec qui, enfin tout un flot de questions, qui mélangé au vin, finirent par me donner la migraine.

– Je disais à Hélène qu’il y avait tout plein de petits détails à corriger pour la rendre plus féminine. Je vous propose de les noter. A elle ensuite de faire ce qu’il faut.
– Excellent ! dit Eve
– Alors, je commence dit Marie. L’épilation des sourcils, la perruque bas de gamme, la barbe. Ensuite ?
– Les bijoux cheap, dit Eve.
– Les oreilles à percer, ajouta Maëva
– Les ongles

La liste s’agrandit doucement et au bout de quelques minutes, je compris enfin pourquoi les gens me regardaient autant.

– Les fringues ! termina Julie qui n’avait pas dit grand-chose jusqu’à présent. C’est une cata. J’ai presque l’impression de voir ma grand-mère.

J’accusai difficilement le coup. Mais, d’un autre côté, elle n’avait pas tort. L’achat par VPC ne donnait qu’une vision faussée de la réalité.

– Oui, tu as raison. Ma garde-robe est à chier. Mais d’un autre côté, j’étais livrée à moi-même avec pas beaucoup de budget. Mais je suis prête à faire ce qu’il faut.
– parfait, dit Julie avec un sourire presque carnassier.

La soirée continua encore. Minuit était passé quand je pris congé, non sans avoir échanger numéros de téléphone et adresses.

Ce fut mon deuxième week-end en fille, week-end riche en rebondissements. Si Eric avait accepté de me voir en fille, il avait sans le vouloir donner un nouveau tournant à ma vie. Et la rencontre de Marie et ses copines allait lui donner un sérieux coup d’accélérateur.

A suivre

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