Chanette 21 – L’alibi de Frédo – 1 – Boite de nuit par Chanette

Chanette 21 – L’alibi de Frédo
1 Boite de nuit par Chanette

Les récits de Chanette sont des fictions d’aventures impliquant une dominatrice professionnelle entre trente et quarante ans, fausse blonde, taille moyenne, joli visage… et qui a la fâcheuse habitude de se laisser embarquer dans des aventures rocambolesques. Ce sont des récits d’aventures érotiques et s’il est souvent question de domination, il n’y a donc pas que cela. Bonne lecture !

Mercredi 24 septembre

« Une heure et demi pour aller de Paris à Orléans, c’est plus long que pour aller à Londres ! »

A 21 heures 10, Frédéric Constant, dit « Frédo » sort de la gare d’Orléans sous une pluie battante. Il est revêtu d’un imperméable mastic très commun, porte un chapeau à larges bords, des lunettes sombres et s’abrite sous un parapluie noir. Ses mains sont gantées et il porte un sac à dos sur son épaule droite.

Le pavillon de Justin Liansky est à 30 minutes à pied de la gare, il en connaît le chemin, l’ayant reconnu la semaine précédente.

Il sait que tous les mardis, Mona se rend à son club de fitness et en revient vers 21 h 15. Elle devrait donc être là. Dans le cas contraire, son plan s’écroulerait, mais il a confiance en sa bonne étoile, il a toujours eu de la chance…

A 21 heures 40, il aperçoit la lumière allumée dans le pavillon alors qu’il n’en est qu’à 50 mètres.

Il rabat son chapeau sur son visage pour éviter qu’on le reconnaisse quand il arrivera devant la grille, puis sonne à l’interphone.

– Qui c’est ? Demande la voix de Mona dans le micro de l’interphone.
– Le voisin ! C’est pour l’eau : Ça vient de chez vous ! Répond-il en maquillant sa voix.
– Monsieur Roger ? S’étonne Mona
– Vite, il y en a partout ! Reprend Frédo

Mona débloque la grille sans trop chercher à comprendre.

En passant par la pelouse afin de rendre ses chaussures boueuses, Frédo franchit très vite les dix mètres le séparant de l’entrée de la maison qui vient de s’ouvrir.

La silhouette de Mona apparait dans l’encoignure de la porte. Il n’arrive pas à contrôler sa montée d’adrénaline. Puis tout va très vite :

– Frédo ! Qu’est-ce que tu fous là ? Fous le camp d’ici ! S’écrie-t-elle.
– J’en ai pour une seconde ! Répond-il en exhibant son revolver muni d’un silencieux.
– Justin ! Hurle-t-elle, terrorisée.

Frédo la bouscule et entre en force. Justin arrive, Frédo tire, Justin s’écroule. Frédo tire une seconde fois, à bout portant sur Mona qui s’écroule à son tour, tuée sur le coup.

Justin blessé au bras droit, s’est enfui dans la salle à manger et tripote maladroitement son téléphone portable qui tombe à terre. Il se baisse pour le ramasser, mais Frédo le lui fait lâcher d’un violent coup de pied, il pointe le revolver, tire. La balle ne part pas, le revolver s’est enrayé. Resté à terre, Justin attrape le pied de Frédo qui perd l’équilibre et dégringole.

Moment de panique et de confusion. Frédo sait qu’il n’aura pas le dessus, alors d’un geste quasi désespéré, il parvient à se redresser, se saisit d’un loup en bronze, posé en décoration sur le haut de la cheminée, s’en sert pour fracasser son adversaire sur le crane et le laisse pour mort.

La seconde partie du plan consistait à voler les bijoux afin d’aiguiller la police sur une fausse piste, mais choqué par ce qui vient de se dérouler, il tremble et ne pense qu’à s’enfuir. Pour la forme, il ouvre et renverse quelques tiroirs, vérifie que rien n’est tombé de ses poches pendant sa chute, puis se sauve et reprend le chemin de la gare.

Le dernier train pour Pairs est à 22 h 23. Il a juste le temps de le prendre.

Dans le train, il déprime. Toute son énergie de ces derniers jours a été mobilisée par la préparation de ce double assassinat. Maintenant que c’est fait, la tension est retombée, mais plus bas que prévue.

« Ces deux salauds sont crevés, et maintenant, je suis bien avancé ! »

La préparation avait été méticuleuse, cela faisait un mois qu’il avait acheté en liquide le chapeau, les gants, l’imperméable, les lunettes noires, les chaussures et le sac à dos. L’argent nécessaire ainsi que celui destiné à l’achat des faux-témoins avait été prélevé sur son compte en Suisse. Il pensait être sûr de Pascal, le barman du Charly-bar auquel il distribuait régulièrement des pourboires princiers. Quant à Chanette, (la narratrice de cette histoire) ce n’était à ses yeux qu’une pute, donc vénale et naïve. Sa seule erreur avait été ce revolver acheté aux puces de Montreuil et qui s’était stupidement enrayé, mais Justin Liansky avait malgré tout eu son compte. Tout allait bien, donc, alors pourquoi cette boule d’angoisse dans la gorge ne le quittait donc pas ?

Il gamberge, se demande s’il n’a pas été suivi. Ce type en parka et col roulé à l’air de l’observer bizarrement.

Arrivé Gare d’Austerlitz à 23 heures 30, il va boire une bière dans un bistrot et se rend aux toilettes, là il retire ses chaussures et les échange contre une autre paire placée dans son sac à dos dans lequel il dépose également son revolver. Il prend soin de nettoyer sommairement le bas de son pantalon des tâches de boues qu’il s’est fait sur la pelouse humide du pavillon.

Il se dirige ensuite vers la Seine, descend sur les berges au niveau du Pont de la Tournelle, et après d’être assuré que personne ne l’observe, il enfouit son chapeau, ses gants et ses lunettes noires dans le sac à dos. Il y ajoute une grosse pierre qui traînait par-là afin de le lester, puis le balance dans le fleuve, le regarde couler, puis remonte, ramasse un journal dans une poubelle et prend une cigarette. Il cherche son briquet, ne le trouve pas…

« Je l’avais pourtant tout à l’heure ! Quand-est-ce que j’ai fumé pour la dernière fois ? Quand je suis sorti de la gare d’Orléans ! J’ai dû le perdre à ce moment-là. Merde ! Pourvu que qu’il ne soit pas tombé de ma poche pendant que je me bagarrais avec Liansky ? Non ce n’est pas possible, j’ai bien regardé avant de partir ! N’y pensons plus ! N’empêche que je ne peux même pas fumer une clope ! »

Il s’assoit sur un banc pour lire le journal qu’il a ramassé. Cela jusqu’à 1 heure 30, heure à laquelle il se dirige à pied vers la place de l’Etoile, lieu de son rendez-vous.

Chanette

Coucou, c’est moi ! Ben oui c’est avec moi que ce monsieur avait rendez-vous, et j’ignorais alors (bien évidemment !) qu’il s’agissait d’un assassin.

On devait se retrouver tout en haut de l’avenue des Champs-Elysées à l’angle de la Place de l’Etoile. Quelle idée de se donner rendez-vous à 2 h 15 du matin ! Mais que voulez-vous ? Business is business !

Il fait une drôle de tronche le Frédo. Il me salut d’un sourire forcée.

– On va chez moi ! Indique Frédo ne s’embarrassant d’aucune politesse.
– Donnez-moi l’adresse et votre nom complet.
– Ah, c’est vrai !

Il me donne tout ça. Et dans la foulée, j’envoie ces renseignements à ma copine Anna-Gaëlle par SMS.

– Vous ne seriez pas un peu parano ? Demande-t-il
– On n’est jamais trop prudent !
– Vous avez mon paquet ?

Je lui donne. On prend un taxi.

– 20 rue de Rivoli !

Merde, ça ne va pas du tout ! Ce n’est pas l’adresse qu’il m’a donné.

– Vous ne vous trompez pas d’adresse par hasard ? Protestais-je d’une voix ferme.
– Mais non ! Répond-il en me faisant un geste de la main qui doit vouloir signifier qu’il ne faut pas que je m’inquiète.

Puis il s’approche de mon oreille et me chuchote :

– On fera 200 mètres à pied !

Effectivement, nous fîmes comme cela, sans que je cherche trop à comprendre.

– Dans l’escalier, on va faire du bruit comme si on était pompette ! Me demande Frédo.
– Je fais comment ?
– Je sais pas, moi, on n’a qu’à chanter des conneries.

J’aurais tout fait dans ma vie !

On monte les trois étages, Je chante à tue-tête « Il est des noooootres, il a bu son verre comme les noooootres.. ». Frédo chante avec moi, il a un sacré coffre, le genre de voix à couvrir tout un orchestre. Avec ce raffut, sûr qu’on va en réveiller quelques-uns, mais pas au point cependant de les faire se lever et ouvrir la porte.

– Voulez boire quelque chose ? Me demande-t-il une fois dans l’appartement.
– La même chose que vous.
– Je vais prendre une mousse !

J’ai connu plus romantique comme proposition de boisson, mais je m’en fiche. Il revient avec deux canettes, je le surveille du coin de l’œil pendant qu’il les décapsule. Pas envie qu’il me fasse avaler une saloperie en douce !

Il ouvre le paquet que j’étais chargé de lui remettre, en sort une enveloppe qu’il enfouit dans son veston sans l’ouvrir

– Je reviens, je vais pisser !

Je vous dis, on nage en plein romantisme !

Un coup d’œil sur l’environnement qui ne m’apprend pas grand-chose, tout est quelconque ici, au mur une œuvre abstraite et moche, sans doute destinée à épater la galerie. Les meubles doivent provenir d’un désigner qui a dû être à la mode il y a bien longtemps.

Frédo revient, il farfouille de nouveau dans le paquet et en sort un C.D. sous cellophane. C’est quoi ce cirque ?

– C’est Michel Sardou, vous aimez ?
– Pas du tout !
– Ben pourquoi ? C’est bien !
– Les goûts et les couleurs… Répondis-je ne voulant pas le contrarier.

Horreur, il retire la cellophane, ouvre le boîtier, met le C.D. dans le lecteur, mais s’abstient d’appuyer sur la touche « play ». Il est trop zarbi, ce mec !

– Faites comme si je vous en faisais écouter un peu !
– Pardon ?
– Juste au cas où vous seriez obligée de raconter votre soirée !
– Ah, bon !
– On ne va pas faire de sexe, je suis vanné, et j’ai pas trop envie pour le moment. Par contre on va dormir dans le même lit, dès fois que ça me prenne… Quand vous vous réveillerez prévenez-moi, je vous donnerai le solde de ce que je vous dois.
– Faut que je parte à midi au plus tard.
– C’est pas un problème !

J’ai échappé au radada, mais pas aux ronflements, un vrai moteur, ce mec, autant dire que j’ai mal dormi.

Je craignais qu’il ne finisse sa nuit en me sautant dessus, mais non, c’est finalement lui qui m’a réveillé à 10 heures. Il m’a proposé une douche que j’ai refusé, je la prendrais chez moi, idem pour le petit dej’, ce n’est plus l’heure. Il me tend une enveloppe avec les sous, je ne recompte pas mais m’assure qu’il s’agit bien de billets de banque et pas d’autre chose et m’en vais prendre congé quand Frédo m’interpelle :

– En principe, on ne se reverra plus, je compte sur toi pour ne pas me doubler, sinon…
– Sinon quoi ? Ce sont des menaces ?
– Non, c’est un avertissement sérieux, j’ai l’air gentil comme ça, mais si on se fout de ma gueule… je deviens sans pitié !
– Sans blague ? Répondis-je sur le ton de la plaisanterie.

Mais pour être franche, ces propos m’angoissèrent et je ne pus m’empêcher de me dire : « Ma fille, j’ai encore l’impression que tu t’es fourré dans une drôle d’affaire ! »

Effectivement !

Mais si nous commencions par le commencement !

15 jours auparavant

Pour ceux qui n’ont pas lu mes premières aventures, je suis Chanette, taille moyenne, fausse blonde, âge : disons entre trente et quarante, il parait que j’ai un joli visage, j’exerce librement le métier de dominatrice professionnelle et je suis plutôt bien dans ma peau.

Ce jour-là, un monsieur que je n’avais jamais vu là avait donc pris rendez-vous par téléphone avec moi et se présenta à l’heure prévue.

Brun, grosse moustache, la quarantaine, costume sans cravate, allure sportive, regard macho. Les vêtements et les chaussures sont de prix, ce mec a du fric.

– Entrez !
– Bonjour !

Il me déshabille du regard, normal, ils le font tous. Mais pas un sourire.

– Je vous voyais plus grande !
– Si je ne vous plais pas, on peut en rester là !

Non mais des fois !

– J’ai pas dit ça !
– Vous restez, alors ?
– Oui : Je m’appelle Frédo et je suis légèrement maso.
– Vous faites des vers ?
– Pardon ?
– Rien, ça veut dire quoi « légèrement maso ».
– J’aime bien jouer à l’esclave mais sans rien de trop violent.
– T’aimes être humilié ?
– Non, pas ça ! Mais j’aime bien jouer au chien !
– OK tu me donnes mon cadeau et tu te fous à poil
– Le cadeau ?
– Les sous !

Un vrai cave ! Pas bien grave. On va faire avec.

Il me donne l’argent, je le fais mettre à poil et c’est parti mon kiki !

Jouer au chien ! Il y a un certain temps qu’on ne m’avait pas demandé ce genre de scénario. J’avais une balle en mousse, jadis dans mon fouillis, je ne sais plus où elle est. Je ne vais pas me compliquer la vie, je prends ses chaussettes, les retrousse l’une dans l’autre (pouah, elles puent ses chaussettes !) et je lance tout ça à l’autre bout de la pièce.

– Va chercher la baballe, le chien !

Il y va à quatre pattes en poussant ce qui voudrait ressembler à des aboiements, ce n’est pas de la domination, c’est de la pitrerie.

Il me rapporte le truc qu’il tient dans ses dents, pas trop dégoûté par l’odeur, le mec. Je le reprends, j’aurais intérêt à me laver les mains, quand il sera parti. Je relance, il me rapporte, et on continue. Ça commence à devenir monotone cette affaire-là.

– Viens là, le chien !
– Ouah ! Ouah !
– Fais le beau devant ta maîtresse !
– Ouah ! Ouah !
– Mais dis donc, tu ne bandes pas !

Il incline sa tête sur le côté, comme un vrai chien malheureux, je me retiens d’éclater de rire.

– Qu’est-ce que je pourrais faire pour te mettre en forme ? Un petit gode peut-être ?
– Ouah ! Ouah ! Répond-il en bougeant latéralement la tête en signe de dénégation.
– Tu sais pas ce que tu perds ! Tu es sûr de ne pas vouloir essayer ? Juste un peu. ?

Non, il n’y a rien à faire, il ne veut pas ! Sans lui demander son avis, je prends un grand lacet et je lui garrotte les couilles, il ne proteste pas, mais ce n’est pas le grand enthousiasme.

– Et lécher ta maîtresse, tu aimerais bien ?
– Ouah ! Ouah !

Cette fois sa tête dodeline de haut en bas ! C’est fou tout ce qu’on peut se dire rien que par des gestes !

– Le problème c’est qu’on ne lèche pas une maîtresse comme ça, à la limite je peux te permettre de me lécher la chatte après avoir fait pipi, les, bons chiens, ils aiment ça !

Le toutou acquiesce ! Le souci c’est que j’ai pissé d’abondance avec mon client précédent et que je n’ai plus envie.

– Tu vas aller dans la cuisine, dans le frigo, il y a une bouteille d’eau fraiche tu vas me l’apporter.

Il se relève.

– Non, non reste à quatre pattes, on joue toujours au chien, je veux que tu me la rapportes en tenant le goulot dans ta gueule.

Il met un temps infini à revenir, la bouteille de 1,5 litre est presque pleine et est difficile à porter par la seule force de sa mâchoire, il est obligé de faire des haltes, du coup je prends ma cravache et lui flanque de brefs coups sur les fesses. Ça n’a pas l’air de lui déplaire. Je l’accompagne dans le calvaire de son circuit jusqu’au grand fauteuil du salon.

– Ouvre la bouteille, et va jeter le bouchon dans la poubelle de la cuisine.

Pas envie qu’il me refile ses microbes !

Je bois une première rasade. En en buvant une seconde dans quelques instants je devrais pouvoir pisser d’ici dix minutes au pire.

– En attendant, tu vas me lécher le trou du cul !
– Ouah ! Ouah ! Approuve-t-il

Et le voilà en train de me lécher la rondelle. Une pratique qui fait partie de la panoplie des dominas, mais qui a tendance à m’agacer, alors que dans la sphère privée, j’ai plutôt tendance à apprécier… mais il est vrai que les langues ne sont pas les mêmes.

– Bon allez, reviens devant moi, tu m’a suffisamment léché pour aujourd’hui ! Il était bon le cul de ta Maîtresse ?
– Ouah ! Ouah !

Ce qui en l’occurrence doit se traduire par « il était bon » ! D’ailleurs il bande enfin ! Toujours pas envie de faire pipi. Je prends la cravache et m’amuse à lui assener des petits coups sur la verge, il aime, il aime beaucoup même car sa queue tressaute et devient vraiment très raide.

– Tu veux te branler pendant que je te pisse dessus !
– Oui !
– Tiens tu ne fais plus « Ouah-ouah » ?
– Non, plus maintenant.

Faut pas trop chercher parfois ce qui se passe dans la tête de certains clients…

– Tu voudras boire ?
– Un petit peu, oui !

On va dans la salle de bain, je le fais se coucher par terre.

– C’est froid ! Rouspète-t-il.
– Ma pisse te réchauffera, elle est chaude !

Il met trois heures pour s’allonger. Je suis debout au-dessus de lui, j’ouvre les vannes, ce n’est pas les chutes du Niagara, mais ça dégouline néanmoins sur son ventre.

– Ouvre la bouche !

J’avance vers son visage, il attrape tout ce qu’il peut dans le gosier, je me baisse un peu pour faciliter les choses. Je ne vois pas ce que fabrique sa main gauche, mais je la sens frénétiquement s’agiter. Il jouit dans un spasme. Fin de séance. Cette andouille se serait un peu maîtrisée, il aurait eu le privilège de me nettoyer la chatte. Il ne sait pas ce qu’il perd, mais moi je m’en fous, ça m’arrange.

– Tu peux te doucher si tu veux ! Y’a tout ce qu’il faut…

J’aurais jamais dû lui proposer ça, il est resté un temps infini sous la flotte, il a dû me bouffer toute mon eau chaude ! Il se rhabille, me regarde bizarrement, je connais ce genre d’attitude, à tous les coups il a envie de me dire quelque chose, mais il hésite.

Il lace ses chaussures, se redresse…

– Je peux vous faire une proposition ?

Qu’est-ce que je disais ?

– Dites toujours.
– J’aimerais louer vos services pendant 48 heures…
– Non, je ne fais pas ça ! L’interrompis-je.
– J’ai beaucoup d’argent ! Reprend-il.

Et il me sort une liasse de billets de 100 euros.

– Ce sont des vrais. Et je vous en donnerais autant à la fin. Autant que vous sachiez que l’argent ne compte pas pour moi. J’en ai pas mal.

Un rapide calcul : il me propose de gagner en deux jours ce que je gagne d’ordinaire en trois mois. Voilà donc une proposition qui mérite examen.

– Et je dois faire quoi pour tout ça ?
– En gros, m’accompagner en boite un mardi soir, y retourner seule le mercredi soir après m’avoir rencontré cinq minutes, puis me rejoindre chez moi au milieu de la nuit.

En voilà un programme qu’il est bizarre !

– Et le sexe ?
– A discrétion évidemment, mais je n’en abuserais pas. Je vous sens perplexe ?
– Un peu, oui !
– En fait vous me servirez d’alibi. Etes-vous d’accord sur le principe ?

Alibi ? Est-ce que j’ai une tête d’alibi ?

– Et je suppose que pendant que je ferais l’alibi, vous vous livrerez à des activités répréhensibles ? Vous vous trompez d’adresse, Monsieur.
– Il y a 90 % de chances pour que je n’ai pas besoin d’alibi, c’est donc juste « au cas où » !
– Laissez tomber !
– Ecoutez, je comprends vos réticences, mais il n’y a aucun coup fourré là-dedans, aucun truc interdit par la loi, c’est juste une histoire de cul !
– Ah oui ?
– Les détails importent peu mais en deux mots : j’ai une maîtresse un peu jalouse, ou plutôt jalouse envers une autre femme. Or cette femme va venir quelques jours à Paris, ma maîtresse le sait et sera en province à ce moment-là et ne me pardonnerait jamais si je la voyais. Vous comprenez ?
– Non mais ça ne fait rien ! Je vous ai dit que ça ne m’intéressait pas.

L’affaire paraissait moins dramatique que ce que je pensais de prime abord mais le bonhomme pouvait me mentir.

– Si l’affaire tournait mal, on ne sait jamais avec cette chipie, je vous autorise à ce moment là à dire que vous étiez mon alibi. Je ne vois pas ce que je pourrais vous donner de plus comme garantie ?

Evidemment vu comme ça, ça change la donne !

– Il faudra vraiment que je vienne chez vous ?

Il réfléchit quelques instants

– Oui !
– Quand je me rends chez les gens, je laisse l’heure et l’adresse à une amie.
– Vous êtes prudente, vous, mais ça ne me dérange pas. Je vous fournirais l’adresse quand je vous retrouverai dans la nuit de mercredi à jeudi, vous pourrez envoyer un message à votre amie. Alors c’est d’accord ?
– Je peux réfléchir un peu ?
– Pas trop longtemps !
– Téléphonez-moi en fin d’après-midi !
– Non je passerais, vous prendre demain à 19 heures et on parlera des détails.
– Vous semblez certain de ma décision.
– Presque !

Mardi 23 septembre, la veille du crime

Ben oui j’ai accepté ! Vous vous vous en doutiez bien, puisque si j’avais refusé cette histoire n’aurait pas existé.

Frédo passe me chercher à 19 heures.

– Alors, c’est d’accord ?
– Oui, mais pas d’embrouilles !
– Bon, je vous emmène !
– Vous arrivez un peu tôt, je viens de finir un client. Vous me laissez le temps de me démaquiller ?
– N’en faites rien, vous êtes très bien comme ça !
– C’est un quand même un peu outrancier pour sortir, non ?
– Justement, le but c’est de nous faire remarquer, ça ira très bien.
– Si vous le dites ! Ah, j’ai fouillé dans ma garde-robe, j’ai rien de vraiment sexy, j’ai juste une petite robe noire assez décolletée, je vais vous montrer.
– O.K. Passez-la !

Non mais comment il me cause, le Frédo !

– « Passez là, s’il vous plait ! » On dit, Répliquais-je.
– Pardon ?
– Nous avons conclu un accord, mais cela ne nous empêche pas de nous conduire comme des gens bien élevés.
– Pardonnez-moi, je ne voulais pas… enfin… Passez là, s’il vous plait.

Ne jamais se faire dominer par un homme, c’est une règle d’or ! Non mais dès fois…

J’enlève ma panoplie de dominatrice, je me retrouve à poil, (je ne m’étais pas mise nue pendant la séance de la veille) il me reluque à la façon du loup de Tex Avery, pas gêné pour un sou, moi, si un petit peu, mais vu ce qu’il m’a payé, je ne vais pas faire ma jeune fille ! Et je passe la robe.

– Non, ça ne va pas ! Me dit-il, vous savez ce qu’on va faire, on va aller en acheter une !

Et trente minutes plus tard, nous étions à Pigalle dans une boutique où on y vend des tenues impossibles. Je ressors de là-dedans avec une robe rouge avec des paillettes, décolletée jusqu’au nombril et qui se porte sans soutien-gorge. Il m’a aussi acheté des escarpins et des bas résilles. J’ai honte, mais honte, ce n’est pas parce que je fais la pute que j’aime m’habiller en pute, bien au contraire, mais allez expliquer ça à un macho comme Frédo, vous !

Frédo paye en liquide et nous voici dans la rue. Heureusement, j’ai mon petit imperméable blanc !

– J’ai un petit creux, on a le temps d’aller au restaurant ! M’annonce-t-il

La cata ! J’ai horreur de ça ! Pas du restaurant, mais du fait d’y aller avec un inconnu. Je lui indique que je n’ai pas très faim, ce qui est faux, et que je ne prendrais juste qu’un plat. Inutile de faire durer le supplice !

– On va aller dans un endroit où vous n’êtes pas connu, soyez discrète et laisser votre imper fermé !

Ça tombe bien, c’était justement mon intention !

– Je croyais qu’il fallait que je me fasse remarquer ?
– Oui mais pas maintenant, et pas ici !

On a opté pour une pizzeria. Là j’applique la règle numéro un du manuel : « Comment survivre au restaurant avec un beauf ? » : Diriger la conversation et ne pas laisser l’interlocuteur en placer une.

– Alors Monsieur Frédo vous faites quoi dans la vie ?
– Je préfère rester discret sur ce point.

Ça commence mal ! J’essaie de le brancher sur ses loisirs, c’est un passionné d’automobile, je n’y connais rien, mais lui s’avère intarissable. Puis son monologue dévie vers la Formule 1.

– Vous avez vu ce pauvre Schumacher ?
– Ah ! Oui, le pauvre !

Qu’est-ce que vous voulez que je dise ? Et voilà qu’il me parle de football.

– Vous aimez le Paris-Saint-Germain ?
– Ce sont de beaux athlètes ! Répondit-je consciente de la vacuité de mon propos.
– Dommage qu’il y a trop de blacks !

En plus, il est raciste… Et la soirée n’est pas finie. Je me permets quand même de lui glisser :

– Vous savez, je ne suis pas raciste !
– Ah ? Vous avez des noirs et des arabes dans votre clientèle ?
– Mais cher Monsieur, la composition de ma clientèle est ici hors de propos.
– Vous vous exprimez bien !
– Merci, mais parlons d’autre chose. Les voyages ! Vous aimez les voyages ?

Ça marche ! Il va souvent au Brésil, alors il me parle du Brésil, des jolies filles, de Copacabana et des écoles de samba.

– Dommage qu’il y ait tant de travelos ! Déplore-t-il.
– Qu’est-ce qu’ils vous ont fait ?
– Rien, il manquerait plus que ça !
– Ils sont troublants, non ?
– C’est des mecs !
– Non, c’est autre chose !
– Très peu pour moi ! Je ne les supporte pas. Mais le Brésil c’est aussi le pays du foot, allez voir un match là-bas c’est une expérience unique…

Attention c’est reparti !

On arrive à la boite, je dois laisser mon imper et mon sac plastique contenant mes fringues « normales » au vestiaire, et nous voici dans une salle éclairée bizarrement, des couples dansent au son d’une musique assourdissante. Ma tenue ne dépare pas, les décolletés vertigineux et les transparents pullulent.

On s’assied, on commande. Du Champagne évidemment !

– L’objectif est de nous faire remarquer, on peut danser si vous voulez, mais ce n’est pas nécessaire. Tous ces gens sont un peu extravertis, quand je vous le dirais, faite tomber votre verre et jurez comme un charretier et je vous répondrais très sèchement, ça fera partie du jeu.

– Je ne le bois pas, alors ?
– Vous en boirez un autre !

Avec la musique, on peut juste s’échanger quelques mots car tenir une conversation est impossible, comme quoi toute situation a ses avantages

– Allez-y !
– Putain de bordel de merde ! M’écriais-je.
– Tu vas te calmer ! T’avais qu’à faire attention ! Grosse pouffe ! Gueule Frédo.

Quelques regards nous dévisagent, le barman se pointe avec un air morgue en murmurant la phrase convenue : « Pardon pour le verre ! » et en apporte un autre. Frédo le refuse :

– Non pas celui-là, apportez moi la « réserve royale » !

Le barman obtempère, Frédo paye avec sa carte « gold » et reçoit un ticket. Et là, il se passe quelque chose de bizarre : Frédo sort un stylo, regarde sa montre et marque l’heure sur ce que je crois être le dos du ticket, (pourquoi faire ? Les tickets « carte bleue » sont horodatés, non ?) puis il le plie en deux et le glisse dans sa poche. Il m’a bien semblé alors que rien n’était imprimé sur ce ticket.

Quant à la « réserve royale », je n’ai pas bien compris ce qu’elle avait de royale ? Son prix peut-être ?

– Dans une demi-heure on recommence, mais en plus hard…

Il me donne les détails. Et au moment voulu, je fais de nouveau tomber mon verre.

– Mais merde, c’est pas possible, ce sont ces putains de saloperies de verres qui ne tiennent pas debout !
– Bon ferme là, t’es bourrée, on va rentrer.
– Je t’emmerde connard !
– Ta gueule, sale pute !

Et il me fait un petit mouvement de la bouche, c’est le signal convenu. Je lui balance deux gifles en pleine poire. Vous ne pouvez pas vous imaginez comme ça fait du bien !

– Bon, je suis désolé, pardonne-moi !

Le barman arrive, je continue mon rôle :

– Il est dégueulasse ce champagne !
– D’ordinaire, il plaît ! Anonne le loufiat.
– Si je vous dis qu’il est dégueulasse, c’est qu’il est dégueulasse ! M’emportais-je.
– Apportez nous du whisky ! Demande Frédo
– Chivas, Johnny Walker…

Quand le barman revient, je tente de faire attention à la façon dont il va opérer avec la machine à cartes, il regarde ostensiblement Frédo composer lentement son code secret. Mais enfin, ça ne se fait pas ! Puis il effectue une pirouette avant de donner le ticket à Frédo. Du coup, je n’ai rien vu… Et la carte ? Je suis persuadé que le barman ne lui a pas rendu sa carte ! Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Malgré ma curiosité maladive, je me retiens de demander quoi que ce soit, après tout ce sont des choses qui ne me regardent pas.

Frédo fait une boulette avec ce second ticket, la glisse dans sa poche, en ressort le premier ticket, regarde sa montre et écrit l’heure.

Tout cela est décidément bien étrange !

On boit notre whisky, je n’aime pas trop ça mais ça fait passer le temps, Frédo s’en va au toilettes, quand il revient je m’y rends à mon tour.

Ambiance glauque : une nana, manifestement malade ou camée, (ou les deux) a la tête plongée dans un lavabo, dans un coin une autre se fait sucer la poitrine par une jolie black aux cheveux défrisés.

J’attends qu’une cabine se libère, et apparemment je ne suis pas la seule. La blackette s’approche de moi.

– Putain ! Qu’est qu’elles branlent dans les cabines ?

Je réponds par une geste d’ignorance.

– Tu sais que t’es mignonne à croquer, toi ?

Je ne réponds pas, qu’est-ce que voulez que je réponde ? Mais je la regarde mieux, bien foutue, jolie visage…

– Je peux toucher ? Me demande-t-elle en approchant la main de ma poitrine.

Alors je ne sais ce qui m’a pris, peut-être le simple désir de me changer les idées cinq minutes après tout ce temps passé avec l’autre tordu, mais j’ai acquiescé de la tête.

Faut pas lui dire deux fois à la lesbienne en chaleur, elle plonge dans le décolleté, me caresse un nichon, puis le fait sortir de la robe, se penche et se met à me le lécher.

« M’enfin ! »

La porte d’une cabine s’ouvre. Je n’ai même pas le temps de dire « ouf » que la nana me tire par la main, m’y emmène et ferme la porte.

Elle approche sa bouche de la mienne. Je n’ai rien contre, mais à l’origine, je n’étais pas venue ici pour ça et maintenant ça presse.

– Tu permets, sinon, je vais faire dans ma culotte.
– T’en as mis une ?
– Oui pourquoi ?

Et justement, je la baisse, remonte ma robe et m’assoie sur le siège et commence à pisser. Evidemment mademoiselle ne perd rien du spectacle.

– Ça te plait de me regarder pisser ?
– Bien sûr que ça me plaît ! Me répond-elle comme si c’était la dernière des évidences.

Et puis un petit déclic : je viens de décider que je ne vais pas me laisser manipuler par cette nana ! Mon côté dominatrice ressurgit rarement en dehors du contexte professionnel, mais là….

– Tu vas me nettoyer la chatte avec ta langue quand j’aurais fini.
– Euh… Si tu veux !
– Oui, je le veux et tu vas le faire ! Après et seulement après tu auras le droit de me rouler une pelle.
– Et, ben, toi alors…

J’ai fini mon pipi, enfin presque, en me forçant je pourrais encore faire deux ou trois gouttes, je les garde en réserve au cas où ça l’intéresserait…

– Maintenant lèche !

Quelle langue, mes amis, quelle langue ! Elle me lèche dans tous les coins et parvient plutôt rapidement à m’exciter, je me sens mouiller. La blackette redouble d’efforts et se concentre maintenant sur mon clitoris. Le bout de sa langue virevolte dessus comme une abeille qui viendrait le butiner. Je sens que je vais partir, je sens que… Je paaaaars !

Telle une tigresse elle a alors jeté sa bouche sur la mienne étouffant mon cri. Le baiser fut long, baveux et parfumé de mes sucs intimes.

Elle se recule, du moins autant que l’exiguïté de l’endroit le permet, retire le bout de chiffon qui lui sert de robe et se retrouve complétement à poil. Qu’est-ce qu’elle est belle, une vraie sculpture ! J’ai compris qu’elle allait me demander de m’occuper un peu d’elle, ma bouche est tout de suite sur ses jolis seins dont je suce les tétons avec gourmandise.

On tape à la porte :

– Ça va encore durer longtemps ? Rouspète une voix.
– Cinq minutes, quoi ! Répond fermement ma belle inconnue.

Elle s’est assise sur la cuvette afin que je lui lèche son minou. Je la sens soudain crispée, peut-être est-ce dû à la voix qui nous a dérangé ? Je lèche le mieux que je peux, déployant tout mon savoir-faire.

Et voilà qu’on cogne de nouveau sur la porte.

– J’avais dit cinq minutes ! Faites chier !

Elle me repousse gentiment

– Laisse tomber, je ne vais pas y arriver…

La fille se rhabille et on sort de la cabine. Je vais me laver les mains, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs puisque je ne me les suis pas salies. Je ne sais pas où est passé la blackette. Pas bien grave !

– Ah ! Quand même ! Je commençais à m’inquiéter ! Me dit Frédo.

Je ne réponds pas, je n’ai pas à me justifier.

– On y va ?

On sort.

– On va prendre chacun un taxi, je vous libère, on se verra cinq minutes devant la FNAC des Champs-Elysées demain à 19 heures, je vous remettrai un paquet et vous donnerais les dernières instructions. Ne soyez pas en retard, mais ne venez pas trop en avance non plus. Après, on se reverra dans la nuit à deux heures et quart où je vous ai dit.

Ouf ! Me voici libérée ! J’ai soif, j’ai mal au crâne et j’ai sommeil.

A suivre

 

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6 réponses à Chanette 21 – L’alibi de Frédo – 1 – Boite de nuit par Chanette

  1. Sorenza dit :

    Ah, Chanette tes récits me font bander !

  2. Pascalou dit :

    Une histoire qui commence très fort (à tout point de vue !)

  3. Chung dit :

    C’est tellement passionnant que le côté polar arrive à supplanter le côté érotique (pourtant bien tourné)

  4. darrigade dit :

    C’est très bon, on est tout de suite dans le bain d’un histoire passionnante et très chaude

  5. Muller dit :

    Délicieuse lecture, Chanette est vraiment talentueuse

  6. Forestier dit :

    Mais où ca-t-elle chercher tout ça , Mais on ne va pas s’en plaindre, on s’en délecte !

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