Chanette 20 – La clé – 6 – Les mésaventures d’Albert par Chanette

6 – Les mésaventures d’Albert


Jeudi 28 Février

Albert en arrivant au travail découvre, stupéfait un écriteau sur la porte de son bureau qui lui en interdit l’entrée et qui précise :

« Veuillez-vous présenter dès votre arrivée au bureau de Monsieur Darousse. »

« Voilà qui ne présage rien de bon ! » Se dit-il en montant l’escalier, le cœur palpitant. »

– Asseyez-vous, Leberger. On ne va pas perdre notre temps en formalités. J’ai ici la copie de votre lettre de révocation que nous vous enverrons par la poste en courrier recommandé…

Albert devient blême.

– Et ici, la liste des actes qui motiveront une plainte de l’entreprise contre vous et vos complices pour espionnage industriel.
– Mais, c’est n’importe quoi !
– Ne m’interrompez pas ! Je suis prêt à déchirer tout ça si vous vous décidez à lâcher le morceau.
– Mais de quoi parlez-vous ?
– Vous étiez suivi depuis quelques jours, Leberger, nous sommes au courant de tous vos agissements, vous avec copié des fichiers appartenant à l’entreprise sur une clé USB, cette clé a ensuite été remise par vos soins à une de vos complices.
– Mais pas du tout !
– Vous allez me laisser parler, à la fin ! Hurla-t-il. Je veux juste savoir deux choses : Ce que la personne qui vous a contacté pour que vous lui fournissiez des informations sur notre entreprise, vous a demandé très exactement ! Je veux aussi savoir pourquoi vous vous êtes déplacé chez Gérard Molay ! Répondez et je déchire les deux documents qui sont sur mon bureau.

Albert n’était pas idiot, il savait pertinemment que quoiqu’il dise il serait d’une façon ou d’une autre renvoyé de l’entreprise. Quant à la plainte, c’était du bluff, ils n’avaient aucun élément probant pour l’étayer.

Mais que dire ? Il ne s’était pas préparé à cette confrontation. Bien sûr il pouvait avouer et se venger ainsi de Sonia, mais à quoi bon, on ne la retrouverait sans doute jamais, et l’idée d’avouer à Darousse qu’il s’était fait manipuler par une aventurière blessait son amour propre.

– Bon alors ? On ne va pas y passer la matinée ! S’impatienta Darousse.
– J’ai l’autre jour détecté une attaque virale sur le réseau, j’ai recopié plusieurs fichiers provenant des ordinateurs de la compta et du votre afin de les désinfecter. Je ne vois pas bien le rapport qu’il y aurait avec de l’espionnage industriel.
– Vous me prenez pour un con, vous avez bien refilé cette clé à un tiers, oui ou non ?
– Ce que je fais en dehors de mes heures de travail ne vous regarde pas !
– Sauf quand vous balancez des informations de l’entreprise à l’extérieur.
– La clé dont vous parlez était une clé personnelle, renfermant des choses qui n’ont rien à voir avec l’entreprise.
– Faux ! Nous avons récupéré cette clé. Elle fournira une jolie pièce à conviction si vous ne répondez pas à mes questions.
– Vous bluffez ! Si vous aviez récupéré cette clé, vous ne tiendriez pas ce langage.
– Vous vous croyez malin ? Je sais très bien qu’on peut cacher des fichiers, qu’il faut être un peu calé pour les retrouver, mais il suffit de demander à un expert informatique, c’est ce que nous avons fait.

Albert croit comprendre :

« Ils ont récupéré la clé, en ont fait une analyse et trouvé des trucs dans les zones effacées… Mais non pourtant c’était une clé neuve que j’avais à la maison… ils n’ont rien récupéré du tout. »

– Vous bluffez, Darousse !
– Monsieur Darousse, s’il vous plait !
– Vous m’appelez bien Leberger !
– Moi, j’ai le droit, je suis votre supérieur hiérarchique ! Bon pour la dernière fois répondez aux questions que je vous ais posées.

Une idée effleura Albert, évoquer ce que lui avait dit Gina Molay, ses relations cachées avec la mère Roche, la chef comptable, mais il n’en fit rien, ne souhaitant pas que des représailles s’abattent sur Gina ou sur son mari.

– Je n’ai transmis aucune information à personne. La clé dont vous parlez n’a rien à voir avec le boulot.
– Arrêtez avec ça ! Votre idée de camoufler vos fichiers derrière un programme pour les salles de bains était d’une puérilité lamentable.
– Des programmes de salles de bains ?

Mais qu’elle était cette salade ? Comment Darousse pouvait-il confondre des salles de bains avec des images pornos. Et puis soudain il crut comprendre, la clé n’avait pas été récupérée, on le provoquait en évoquant une clé qui ne lui appartenait pas, il était victime d’une machination à laquelle il ne comprenait rien.

– Je vous mets au défi de trouver mes empreintes digitales sur la clé que vous avez trouvé, il s’agit d’une confusion.
– Ne persistez pas dans cette voie, vous allez au-devant d’une belle désillusion.
Je suis en train de vous dire que la clé dont vous me parlez ne m’appartient pas.
– Je vous ai posé deux questions, vous refusez de me répondre. Tant pis pour vous, ces réponses je les obtiendrai et j’y mettrai tous les moyens. Vous ne vivrez plus tranquille tant que vous ne m’aurez pas répondu. Aboya Darousse.

Une incontrôlable bouffée de haine envahit Leberger qui se leva de son siège et flanqua un pain dans la tronche de Darousse qui ne s’y attendait pas du tout et se mit à saigner d’abondance.

Leberger regretta aussitôt son geste, cela lui avait fait du bien, mais fournissait désormais un motif clair de révocation, sans cela il aurait porté plainte auprès du tribunal des Prudhommes et aurait probablement gagné. Retrouver du travail n’allait pas être évident.

Une fois dehors, il appela Sonia, qui évidemment ne répondait pas. Il faillit laisser un message, mais y renonça.

Saisi d’une impulsion, il demande aux renseignements de le mettre en contact avec la société « losange bleu », il se fait passer le service comptabilité :

– Bonjour, je voudrais parler à Faby.
– Faby ? C’est qui ça ? Il n’y a pas de Faby ici, c’est quoi son nom de famille ?
– Je me souviens plus. Et Sophie, elle est là ?
– Madame Duval ?
– Oui je crois !
– Elle n’est plus là, ça fait deux ans qu’elle a pris sa retraite…
– Laissez tomber !

« Les menteuses ! Les sales menteuses ! »

Se raccrochant malgré les évidences à l’ombre d’un espoir, il décida d’attendre 18 heures, heure à laquelle, ils avaient théoriquement rendez-vous. Si Sonia ne venait pas, ce serait la preuve ultime de sa félonie et il le lui enverrait dire avec un message vengeur.

Et maintenant que faire de sa journée ? Gina ? Pourquoi pas ? Il hésita.

Olivier Carette a récupéré la clé chez Madame Juliette. Rentré à son bureau, il est très déçu et très en colère.

« Y’a rien d’intéressant sur cette clé, cet informaticien est con comme une bite. Je vais passer pour quoi aux yeux du patron, maintenant ? Les factures ? Pfff, qu’est-ce qu’on peut faire avec ça ? Et cette note débile qu’il a ajouté, qu’est-ce que… Oh ! Mais à bien y réfléchir : si Choser & Ruppert ont fait courir des bruits y compris susceptibles de ternir leur réputation, c’est sans doute pour couvrir quelque chose de bien plus compliqué qu’une affaire de cul ! J’ai bien envie d’explorer cette piste !

Il téléphone à Madame Juliette…

– Est-ce qu’il vous est possible d’avoir de nouveau Sonia à ma disposition ?
– Je pense, oui. Je vais essayer de la joindre de suite, je vous rappelle.

Et comme la belle ne répondait pas, elle laissa un message.

Albert erra au hasard des rues parisiennes pendant une heure se repassant en boucle cet entretien surréaliste avec Darousse. Il regrettait son geste final, complètement improductif et l’esprit d’escalier fonctionnait à fond sur l’air de « J’aurais dû dire ça, j’aurais pas dû dire ça… ». Il était parti comme un voleur, n’ayant même pas pu emporter ses quelques affaires personnelles enfermées dans son bureau.

Il se décida à téléphoner à Gina, elle parut surprise de son appel mais accepta un rendez-vous à midi, cependant son enthousiasme de la veille semblait avoir disparu.

Il continua à trainer jusqu’à l’heure dite se demandant pourquoi il lui avait donné rendez-vous à midi alors qu’il n’avait pas faim.

Gina paraissait préoccupée, et commença par lui dire qu’elle ne se sentait pas motivée pour aller au restaurant, voilà qui tombait bien !

Au café, il lui confia sa dernière mésaventure. Elle en parut réellement attristée, lui prit la main afin de tenter de lui apporter un peu de réconfort. Il apprécia le geste.

– Tu aurais dû balancer à Darousse ce que je t’ai confié !
– J’y ai pensé, mais j’ai eu peur que cela t’apporte des ennuis, à toi et à ta famille.
– C’est tout à ton honneur, décidément tu es un mec bien !
– Bof ! Un mec bien qui s’est fait embobiner comme un bleu…
– Ça arrive, personne n’est parfait. La nana, elle ne t’a pas rappelé, je suppose ?
– Tu supposes très bien. Théoriquement j’avais rendez-vous avec elle à 18 heures. Je vais attendre jusque-là et je lui enverrai un message pour lui balancer ses quatre vérités, ça ne servira à rien, mais ça me défoulera !
– Tu pourras toujours te servir de mes infos pour te venger. Si tu veux éviter de nous mettre dans le coup, tu n’auras qu’à suivre Roche ou Darousse un midi et prendre des photos horodatées.
– C’est pas con, ça ! Et après ?
– Eh bien, tu te sers de la petite feuille que je t’ai passé, tu trouveras bien quelque chose.
– D’accord ! Répondit-il les yeux dans le vague.
– Tu me fais de la peine de te voir comme ça ! Qu’est-ce que je pourrais bien faire pour t’aider à te détendre ? Tu veux qu’on fasse un tour en bateau-mouche ?
– Je ne crois pas non.
– Un gros gâteau à la crème dans un salon de thé ?
– Non, rien, ça va passer.
– Et un petit massage relaxant ? Minauda-t-elle.

Il ne répondit pas, mais cette proposition lui arracha un sourire.

– Ah ! On ne dit pas non, hein ?
– Ben…
– Allez, on y va !

– Mets-toi à poil mon biquet ! Ce sera juste un massage aujourd’hui, je n’ai pas envie de baiser. Je sors quand même les capotes, on ne sait jamais…

Albert se déshabilla et s’allongea sur le ventre.

– Décidemment, qu’est-ce qu’elles sont belles, tes fesses !
– Ah ? Tu trouves ?
– On t’avait jamais dit que tu avais un beau cul ?
– Non, à part toi l’autre jour !
– C’est pas si courant chez les hommes. Mon mari il a une belle bite mais il n’a pas un beau cul !

Elle rigole et se met à lui caresser et à lui embrasser les fesses. Albert attend le moment où elle va écarter les globes et s’intéresser à son petit trou comme l’avait fait Sonia l’autre jour.

Mais non, ce ne devait pas être dans ses intentions… Elle se contente de continuer ses caresses. En revanche le fait d’avoir évoqué Sonia le fait bander. Réaction incongrue. Parfois il ne faut pas chercher à comprendre.

– Mets-toi en levrette ! Lui demande-t-elle.

« Ah ben voilà, il suffisait d’attendre un peu ! »

– Mieux que ça, cambre bien tes fesses et écarte les, comme si tu t’apprêtais à te faire enculer.
– Tu me fais faire de ces trucs !
– Et alors ? Ça m’excite et toi aussi ! Humm, c’est pas mal, gigote un peu maintenant comme si un mec te prenait.

Albert se prend au jeu et fait comme s’il se faisait sodomiser par l’homme invisible. Voilà un fantasme qui ne lui avait jamais traversé l’esprit, du moins sous cette forme. Son sexe est désormais magnifiquement bandé.

« Pourvu que ça dure ! »

Excitée par la situation, Gina s’est déshabillée à l’arrache. Elle rejoint Albert sur le lit

– Viens t’occuper de moi !

Il n’avait pas encore eu l’occasion de contempler la jolie brune en position allongée et c’est vrai qu’elle est très belle. Il commence par lui embrasser les bouts de seins, un coup à droite, un coup à gauche et on recommence, puis finit par redescendre, donne en passant un petit coup de langue sur le nombril…

– Arrête, ça chatouille !

Il descend jusqu’à la chatte qu’il lèche un peu n’importe comment, se régalant se l’odeur de ses sucs.

– Attends ! Stop ! Il faut que j’aille faire pipi !

Elle se relève puis ajoute en minaudant :

– Tu veux me regarder ?
– Oui !
– Petit coquin, va, allez viens.
– Tu aimes ça voir une femme pisser ?
– J’en ai pas vu beaucoup à vrai dire.
– Ta femme !
– Oui, avant…
– Je vais me mettre dans la baignoire, tu verras mieux.

Elle s’accroupit légèrement et laisse s’échapper le flot entre ses jambes écartées.

– Ça te plait ? C’est joli ?
– Oui j’aime bien !

Il n’a pas osé lui dire qu’il aurait aimé qu’elle s’amuse à lui pisser dessus, mais quand elle lui demande de lui passer du papier toilette, il se surprend à répondre :

– Du papier toilette ? Tu ne préfères pas ma langue ?
– Oh ! Mais c’est qu’il est très coquin, le monsieur. Attends je vais m’assoir sur le bord, et tu vas me nettoyer tout ça !

Il ne se le fait pas dire deux fois et donne de grands coups de langue !

– T’aime ça, alors, le goût du pipi ?
– Oui !
– Faillait me le dire, espèce de cornichon, je t’aurais pissé dans la bouche.
– J’ai pas osé !
– Attends, ne bouge pas, je me concentre, je vais essayer d’en faire encore une petite goutte, je te ferai signe.

L’attente est longue et Albert se masturbe pour maintenir son érection.

– C’est bon approche-toi, maintenant, vite !

Le temps de coller sa bouche contre sa chatte, il reçoit une petite giclée qu’il déguste avec délectation. Et soudain Gina attire le visage d’Albert contre le sien, ils s’échangent un long baiser sur la bouche.

– Un bisou à l’urine ! On est des vrais pervers, non ? Commente-t-elle en riant. J’ai envie que tu me fasses jouir, là, maintenant.
– On ne va pas sur le lit ?
– Non, là c’est bien !

La langue d’Albert repart donc à l’ouvrage. Le clitoris de la belle est déjà dressé. Il donne des petits coups de langue, des petits coups de lèvres. Gina se raidit. Voilà une affaire qui ne va pas durer bien longtemps. La respiration s’accélère, elle gémit, puis gueule comme une damnée.

Quelques secondes, juste quelques secondes de répit, puis Gina prend Albert par la main. Direction le plumard, elle lance une capote à Albert qui la rattrape comme au hand-ball et se positionne en levrette, attendant l’assaut.

La même position que la veille ! Les mêmes causes provoquent les mêmes effets (en principe). Albert l’encule, la peur de débander le saisit, mais ce qui vient de se passer dans cette chambre d’hôtel est un vrai réservoir a fantasmes. Il s’imagine qu’un homme est en train de le prendre pendant qu’il sodomise Gina, le fantasme du sandwich en quelque sorte. Et ça marche. Ils ne tardent pas s’écrouler tous les deux, repus de plaisirs.

Alors qu’elle se rhabillait et lui tournait le dos, elle déclara :

– Tu sais, on ne va peut-être pas se revoir tout de suite.
– Ah bon ?
– Je suis partie de chez moi sur un coup de tête. J’ai eu mon mari au téléphone ce matin, on a un peu causé et puis j’ai réfléchi. Mon bonhomme, il m’énerve parfois, mais personne n’est parfait et je l’aime quand même. Alors, je rentre au bercail.

Albert ne sut que dire, tous ses mondes s’écroulaient les uns après les autres, hier Sonia, aujourd’hui son emploi, maintenant Gina.

Albert finit de se rhabiller. Ils quittèrent la chambre en même temps, Gina sa valise à la main, et au pied de l’hôtel, ils s’embrassèrent, puis se séparèrent sans un mot.

Sonia

Vers 16 heures, Sonia prend connaissance de ses messages et appelle Juliette qui commence par l’engueuler.

– Qu’est-ce que tu fous ? Tu ne réponds pas, tu mets des heures avant de consulter tes messages, ça devient pénible !
– C’est mon téléphone qui déconne…
– Ce genre de connerie, tu me l’as déjà sorti ! Trouve autre chose ou rachète-toi un téléphone. Bon, on parle boulot, je crois qu’Olivier Carette veut jouer les prolongations.
– Désolé, je n’accepte plus ce genre de travail.
– Arrête de faire ta jeune fille. Tu vas me faire le plaisir de l’appeler ! Ecoute au moins ce qu’il va te proposer.
– Non !
– Tu m’emmerdes, si dans une heure tu n’as pas changé d’avis, je te vire de l’agence. Conclut-elle en raccrochant.

Sonia souffla un grand coup, si Juliette la renvoyait ce serait un coup dur pour ses projets.

Son ambition initiale était d’exercer cette activité pendant trois ans en accumulant le maximum d’argent pour ensuite investir et vivre plus ou moins de ses rentes. En dix-huit mois, grâce à l’agence d’escorting, elle avait rencontré pas mal de messieurs fortunés et l’argent s’était amassé car si les prestations d’accompagnement lui apportaient un revenu convenable, les conclusions sexuelles quasiment obligatoires et négociées (en principe) hors agence lui rapportaient considérablement davantage.

Certains de ses clients s’étaient fidélisés, et prenaient maintenant rendez-vous avec elle sans passer par l’agence, pas encore assez cependant pour qu’elle puisse envisager de travailler de façon totalement indépendante.

Aussi se résolut-elle à appeler Carette.

L’affaire devenait compliquée et nécessitait un « travail rapproché » auprès d’Albert. Elle réserva sa réponse.

Elle réfléchit, elle se chercha de bien mauvaises raisons qui pourraient la décider à accepter : ce qu’elle avait fait était dégueulasse, mais on lui demandait juste de continuer un tout petit peu… alors un peu plus, un peu moins… Et puis bon, Albert s’en tirerait avec un chagrin d’amour, il n’en mourrait pas, dans un mois il aurait oublié cette aventure et s’en remémorerait peut-être même les bons moments… Parce qu’elle n’avait pas ménagé sa peine ! Il aurait payé combien si c’était lui qui avait déboursé les sous ?

Bref, une demi-heure plus tard, elle rappela Olivier Carette pour lui signifier son accord.

Albert descendit le long des berges de la Seine. La tentation d’en finir avec la vie l’effleura, mais la mort par noyade l’épouvantait, il remonta.

Ce soir il devrait annoncer la nouvelle à son épouse, il considérait cela comme une véritable corvée, il faudrait pourtant bien qu’il y passe.

Se saouler ? Pourquoi pas ? Il avisa un bistrot et commanda un double whisky. Il regarda sa montre : 17 heures.

Cet à cet instant que le téléphone sonna.

Le choc !

Le numéro est celui de Sonia ! Il n’en croit pas ses yeux, il décroche :

– Allo Bébert ! Comment tu vas ?
– Bien ! Répond-il en décidant d’attendre le moment opportun pour lui annoncer sa révocation.
– On se voit comme on avait dit, à 18 heures au pont de Grenelle ?
– Pas de soucis.
– A tout à l’heure, je t’embrasse mon Bébert.
– Moi aussi !

Albert est circonspect.

« Elle se fout de ma gueule ! »

Ce rendez-vous complètement inattendu tombe très bien, ce qu’il a à lui dire, il le lui dira en face, s’épargnant ainsi la rédaction d’un laborieux message qu’elle n’aurait peut-être jamais lu.

Sonia est à l’heure, elle s’est habillé sexy afin de l’aguicher, chemisier vert foncé garni de dentelles, jupette en voile écru, le tout recouvert (vu la saison) d’un manteau en peau retournée qu’elle prit soin de déboutonner quelques minutes avant d’arriver, elle est tout sourire.

« Une belle salope, mais une salope quand même ! » se dit Albert qui eut un geste de recul quand elle s’apprêta à l’enlacer.

– Ben ! Qu’est-ce qui t’arrive ? S’étonna-t-elle. T’es pas content de me voir ?
– Faut qu’on cause !
– Et bien, vas-y, cause.
– Pas ici, allons prendre un café.
– Comme tu veux ! Tu m’as l’air bien bizarre !

Ils cheminent en silence jusqu’au bistrot du coin dans lequel ils vont s’asseoir, elle sur la banquette, lui devant.

– Alors, Bébert, tu causes ?
– Je suppose que tu as voulu me voir pour me demander d’autres renseignements sur ma boite ?
– Mais pas du tout, c’est des détails tout ça, j’avais très envie de te voir c’est tout !
– Mais c’est vrai que ma clé ne contenait pas grand-chose de croustillant.
– T’as fait ce que t’a pu ! Bon tu voulais me causer de quoi exactement ? Parce que je ne sais toujours pas.
– Sonia ce n’est pas ton vrai prénom ?
– Non, mais quelle importance ! Et comment tu le sais d’abord ? Je n’aime pas mon vrai prénom ! C’était ça ton problème ?
– Non mon problème, c’est que j’ai été assez con pour essayer de faire plaisir à une personne qui m’a fait du chantage au sentiment…
– Attends…
– Laisse-moi finir. Cela m’a amené à commettre des imprudences. Le résultat c’est qu’on m’a annoncé ce matin que j’étais viré de ma boite.
– Mais, c’est impossible…
– Si, c’est possible, je me retrouve donc sans travail et vu l’état du marché de l’emploi, je ne suis pas prêt de retrouver du boulot. Je tenais à te remercier, j’avais déjà rencontré quelques salopes dans ma vie, mais des comme toi : jamais. Tu peux te barrer, je ne te retiens pas… Grosse salope !

Et Sonia éclate en sanglots.

– C’est ça chiale un bon coup, tu pisseras moins !

Pour Sonia, c’est la totale : non seulement son complément de mission est totalement rendu impossible, mais elle s’en veut à mort d’être responsable de la situation d’Albert.

– Je n’ai pas voulu ça… Balbutie-t-elle.
– C’est ça, trouve-toi des excuses ! Qu’est-ce que t’attends pour dégager, on n’a plus rien à se dire.
– Ecoute-moi juste cinq minutes…
– Pourquoi faire ? Tu vas me raconter quoi ? Me parler de ton voyage en province, alors qu’hier soir tu étais à Paris, me parler de ton boulot chez « Losange bleu » où personne ne te connaît, ou me parler de mon sosie, tiens, ça m’intéresserait ça : de savoir comment on fait ça !
– Je vais te dire la vérité.
– Quelle vérité ? Qu’est-ce qui va me fait croire que tu dis la vérité ?
– Ecoute-moi juste cinq minutes… Répéta-t-elle.
– Et après tu te casses ?
– Après, je me casserai si tu me demande de me casser ! D’abord je ne m’appelle pas Sonia !
– Quel scoop !
– Je m’appelle Mylène…
– Et moi Barak Obama !
– Tu ne me crois pas ? Attends !

Elle farfouille dans son sac, sort sa carte d’identité de son portefeuille et la tend à Albert.

Albert y jette un coup d’œil sans insister. Pour lui ce problème de prénom est accessoire… et d’ailleurs qui dit que cette carte n’est pas fausse ? Et pourquoi est-il encore à l’écouter alors qu’il aurait dû la virer et point barre ?

– Je suis escort-girl, on m’a confié une mission qui me semblait ne pas poser de problème au départ. Je devais t’embobiner, coucher avec toi et te faire croire que j’étais amoureuse, tout ça pour que tu puisses sortir des renseignements dont la divulgation nuirait à ton entreprise et qu’une autre en profite. Le reste ce sont des détails…
– Des détails ! Un tissu de mensonges, oui !
– Je n’ai pas fini… au départ, je pensais qu’après avoir couché avec moi, tu me filerai les renseignements sans problèmes… mais tu étais réticent, on m’a demandé alors de faire du chantage au sentiment. Je l’ai fait et tu n’es pas obligé de me croire mais ça ne m’a pas plu de faire ça ! C’est aussi pour ça que je m’arrangeais pour ne plus venir aux rendez-vous, j’avais honte. Voilà ! Je ne suis pas fière de moi, mais je ne pouvais pas deviner qu’on irait te foutre à la porte. Comme tu l’as dit, tu as joué de malchance. Maintenant, je ne sais pas quoi faire pour me racheter !
– Retrouve-moi du travail ! Ironisa Albert

Sonia fit un geste d’impuissance.

– T’as fini ? Reprit Albert.
– Oui !
– Casse-toi !

Elle fouilla de nouveau dans son sac, arracha une page à un carnet et écrivit quelques lignes.

– Me demande pas l’impossible, mais si je peux t’aider, voilà mon adresse et mon téléphone privé.
– Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? Que je me torche le cul avec ?

La jeune femme de nouveau en pleurs se leva et quitta l’établissement.

« Voilà c’est fini, plus jamais je n’accepterai ce genre de plan merdique ! Et qu’est-ce que je vais raconter à Juliette ? La vérité, lui dire que le contact a été viré. Plus de contact, affaire terminée ! Cette affaire va me rester comme une tache dans ma vie… mais bon qui ne fait pas de conneries ? Quand même se faire virer pour ça ! Il n’a pas été très malin, ce mec, moi il me semble qu’à sa place je ferais quelque chose… Oh ! Putain l’idée ! Pourvu qu’il soit encore au bistrot… »

Il y était encore.

– Qu’est-ce que tu fous là ?
– Ma carte d’identité, tu crois qu’elle est fausse ?
– Je m’en fous !
– Et si je t’emmenais chez moi, on pourrait parler calmement, et puis c’est un vrai « chez moi » avec une vraie boite aux lettres et des vrais voisins de palier.
– Et qu’est-ce que tu veux que j’aille foutre chez toi ?
– Rien, juste te montrer telle que je suis quand je ne travaille pas.

Albert ne comprenait pas. A quoi jouait cette fille ? Il faillit l’envoyer promener mais les mots ne virent pas, la colère était passée, alors à quoi bon ?

– Et puis, je voudrais que tu me croies sincère quand je te dis que je suis prête à t’aider.
– M’aider à quoi ?
– J’ai oublié de te dire un truc tout à l’heure ! Tu sais pourquoi je voulais te rencontrer ce soir ?
– Bonne question !
– Il paraît que tu as écrit dans ton rapport que ta boite avait licencié un mec l’année dernière. Des bruits avaient alors couru que ce type savait des choses super louches sur la gestion de l’entreprise. Or toi tu as écrit qu’en fait il ne s’agissait que d’une vulgaire affaire du cul. Mon contact pense que s’ils sont allés jusqu’à lancer des bruits peu flatteurs pour la boite, c’est pour couvrir quelque chose de bien plus important qu’une histoire de cul.
– Pfff… c’était ça ?
– Et tu crois qu’il y a moyen de creuser cette histoire ?
– J’en sais rien et je m’en fous !
– Raconte-moi comment tu as été viré !
– Pour quoi faire ?
– Parce que je te le demande, parce que je veux savoir.

Il raconta.

– Et tu n’as pas envie de te venger ?
– Si, j’ai même une idée, je vais prendre en photo Darousse et Roche à la sortie de l’hôtel et les faire imprimer sur des prospectus que je ferai distribuer à l’entrée de la boite.
– C’est rigolo, mais c’est un peu gamin, tu peux faire beaucoup mieux que ça.
– Je ne vois pas comment ?

A ce moment, Albert prit conscience que Sonia (il ne s’habituait pas à l’appeler Mylène) le dominait de nouveau dans la discussion. Sa colère étant retombée, il discutait avec elle comme avec une vielle copine alors qu’elle est la seule et unique responsable de ses déboires. Situation surréaliste, manifestation de faiblesse ou tout simplement réveil d’une libido… Il se rendit compte qu’il désirait toujours autant le corps de cette superbe femme.

– Quand on cherche, on trouve ! Et là je pourrais t’aider… Mais je vais peut-être faire mieux que ça. On va supprimer les intermédiaires et je vais te faire rencontrer Olivier.
– Qui c’est celui-là ?
– Le mec qui est à l’origine de l’affaire. Si ça se trouve… non je ne dis rien…mais je vais peut-être t’étonner.

Elle prend son téléphone et compose un numéro :

– Allô Olivier, j’ai des choses extrêmement importantes à vous dire, on peut se voir quelque part dans Paris d’ici un quart d’heure, vingt minutes ?
– Oui, vous êtes où ?
– Dans le 7ème, mais je peux me rapprocher.
– Dans 20 minutes, rue de Turenne, au café de la presse… c’est à l’angle de…

– Allez, zou, on y va ! Décida Sonia !
– Mais on va faire quoi ?
– Je t’expliquerai en route. On va prendre un taxi.

« J’avais accepté de la rencontrer juste pour lui dire que ce n’était qu’une grosse salope et me voici dans un taxi avec elle pour rencontrer un type qui fait dans l’espionnage industriel ! Mais tu rêves Albert ! Réveille-toi ! »

– Tu nous laisses causer, tu n’interviens que s’il te pose des questions, et dans ce cas-là, tu réponds dans le sens qu’il souhaite, même si c’est du bluff. O.K. ?
– Mais on va faire quoi ?
– Je ne sais pas si ça va marcher, je préfère ne rien dire avant.

Malgré les embouteillages, ils n’arrivèrent qu’avec cinq minutes de retard.

La tronche d’Olivier Carette quand il se rend compte que Sonia n’est pas venue seule !

– Je vous présente Albert Leberger !
– Alb… Mais Sonia vous jouez à quoi ?
– Pas de panique ! Je vais vous expliquer, il n’y a rien de grave pour vous, rassurez-vous !
– Madame Juliette est au courant de ce que vous faites ?
– Pas du tout, mais, nous verrons cet aspect des choses tout à l’heure. J’ai donc trois informations à vous fournir !
– Je vous écoute :
– Un : Albert a été viré de sa boite ce matin, on lui reproche d’avoir communiqué des renseignements confidentiels à la concurrence. En fait, il semble bien que ce licenciement est indirectement lié aux évènements que vous m’évoquiez cet après-midi.

Carette resta de marbre, tandis qu’Albert se demandait l’intérêt de ce coup de bluff.

– Deux : J’ai tout avoué à Albert
– Vous pouvez me dire pourquoi ? Intervint Carette.
– Oui, mais pas tout de suite. Trois : Il est bien évident que Monsieur Leberger a très mal encaissé cette décision et qu’il ne souhaite pas en rester là. Malheureusement il a au cours de son entretien de renvoi, commis un acte qui l’empêche d’utiliser les voies légales pour faire valoir ses droits….
– En clair ?
– En clair, il a envoyé un pain à Darousse, le DRH.

Carette poussa un soupir de lassitude.

– Ce renvoi arrive au pire moment, mais j’ai fait part à Monsieur Leberger de la piste que vous souhaitiez explorer.
– Ah ! Et vous en pensez quoi ? Coupa Carette, enfin intéressé.
– J’avoue que je n’ai pas pensé tout de suite à creuser dans cette direction, mais Sonia m’a mis la puce à l’oreille. La piste est prometteuse, mais sera juste un peu plus compliquée à suivre, puisque je ne suis plus dans la place…
– Ce que Monsieur Leberger ne vous dit pas, reprit Sonia, c’est que les renseignements que vous cherchez pourraient lui servir à se venger de ce qu’on lui a fait subir, en soi ils sont inutilisables. Si c’est vous qui décidez de les utiliser, ça change tout !
– Je vois ! Répondit Carette qui ne voyait rien du tout. Il faudrait que vous m’en disiez plus !
– Attendez, reprit Sonia, dans cette affaire vous avez besoin l’un de l’autre, par contre, moi je ne sers plus à rien et je me retire officiellement de l’affaire.
– Ces fameux renseignements, vous pensez les avoir quand ? Demanda Carette, se tournant vers Albert.
– Je ne sais pas. Disons que j’ai de bonnes pistes…

« Dans quoi je me lance ? Mais, bon qu’est-ce que j’ai à perdre ? »

– Et c’est du lourd ?
– Du très lourd !
– Je suppose que vous souhaitez monnayer vos services ?
– Rien n’est gratuit en ce bas monde !
– Quel serait votre prix ?

Sonia intervint alors !

– Monsieur Carette, Albert a perdu son emploi, pourquoi ne l’embaucheriez-vous pas ? Il pourrait ainsi continuer son enquête en toute tranquillité.
– Ne me demandez pas l’impossible !
– Rien n’est impossible ! Un CDD de trois mois vous reviendrait moins cher que certaines dépenses que vous engagez… Si vous voyez ce que je veux dire…
– Ce n’est pas le même budget, et ce n’est pas MON budget.
– Allons ! Je suis sûre que vous pouvez vous débrouiller ! Insista-t-elle en dégrafant un bouton de son chemisier, laissant ainsi apparaître l’échancrure de son soutien-gorge. Au fait, Olivier, la petite faveur que je vous ai refusée l’autre-jour, je suis prête à vous l’accorder et gratuitement en plus. Nous considèrerons qu’il s’agit d’un échange de bons procédés.
– Vous êtes gonflée, vous !
– Parfois !
– Bon, Monsieur Leberger, voici ma carte, présentez-vous à mon bureau demain à 9 heures, non plutôt à 10 heures, je vous ferai signer un CDD de trois mois, l’emploi sera fictif tant que vous serez sur cette affaire, après nous aviserons.

Il est sur le cul, Albert !

– Merci Olivier, t’es un chou, tiens je fais une bise ! Dit-elle en lui sautant au cou. Ah ! Soyez gentil de téléphoner à Madame Juliette demain matin, vous lui direz que l’affaire et terminée…
– Et que j’ai été satisfait de vos services, je suppose ?
– Je n’osais pas aller jusque-là, mais pourquoi pas ? On n’a toujours pas commandé, ils ne sont pas pressés ici.
– Garçon ! Cria Olivier
– Ces messieurs dames ?
– Champagne pour tout le monde. Proposa Sonia.

– Va aux toilettes et restes-y cinq minutes, je t’expliquerai ! Chuchota Sonia à Albert.

Ça ne rata pas, dès qu’Albert se fut éloigné, Olivier ne put s’empêcher de commenter.

– Je vois qu’il s’est créé des rapports imprévus entre Leberger et vous au cours de cette mission.
– Il ne s’est rien créé du tout, j’ai sans le vouloir brisé la carrière de cet homme, j’ai voulu me racheter. Et je vous remercie de m’avoir aidée à le faire.
– Vous êtes décidément une personne surprenante ! On peut se voir quand pour la petite fantaisie ?
– Demain soir, appelez-moi !
– Je vous invite à diner ?
– Ça fera trop juste, réservez une chambre d’hôtel et je vous y rejoindrai vers 21 heures.

Carette voulut ensuite inviter Sonia et Albert au restaurant non par politesse mais parce que ces endroits sont des lieux magiques où très souvent les langues se délient. Sonia refusa.

Une fois qu’ils eurent pris congé d’Olivier, Albert tomba dans les bras de Sonia.

– Toi alors !
– Tu viens chez moi ? Proposa-t-elle.

Ils trouvèrent un taxi et se laissèrent conduire en silence. Albert était tout heureux d’avoir renoué avec Sonia et aussi d’avoir retrouvé si vite un emploi. Restait à gérer la suite et là il ne voyait pas trop comment.

Sonia que nous appellerons désormais Mylène habitait un studio au sixième étage de l’avenue Parmentier, dans un immeuble ancien dépourvu d’ascenseur.

– C’est mignon chez toi ! Dit-il histoire de dire quelque chose.

En fait l’endroit était propre mais bordélique.

– Assieds-toi, parce que c’est pas tout ça, mais faut qu’on cause. J’ai un petit creux, si tu veux j’ai des pizzas, sinon y’a un chinois pas trop mal juste en bas…
– Allons au restau, mais faut que je prévienne ma femme, elle va hurler, ça fait le troisième soir cette semaine que je ne rentre pas manger.
– Ah ! Moi qui voulais de proposer de passer la nuit ici…
– Ben…
– Non ! Je ne veux pas casser ton ménage, rentre chez toi et explique la situation à ta femme… sans tout lui dire, évidemment ! Demain tu as rendez-vous avec Carette, passe me voir après. Note le digicode…

Albert arbore une mine de chien battu.

– Bon fais pas cette gueule-là, tu vas l’avoir ton câlin ! Mais avant que ce soit bien clair : on baise d’accord, mais il n’y a rien entre nous, il faut que ce soit clair. Insiste-t-elle.
– C’est clair !
– Alors à poil !

Albert n’était pas non plus idiot. S’il désirait passionnément le corps de Mylène, il savait très bien que cette dernière ne le désirait pas. En lui proposant de baiser (parce que lui, il n’avait rien demandé) elle continuait à se « racheter ».

Il se demanda en se déshabillant si le plaisir qu’elle avait pris au cours de leurs trois séances où ils s’étaient envoyés en l’air, était réel ou simulé. Il prit le parti de se dire qu’il était simulé (alors que ce n’était pas entièrement vrai).

Pour Mylène le problème était inverse, les masques étaient tombés, elle ne simulerait pas, mais ferait en sorte qu’Albert prenne beaucoup de plaisir.

– Bon, allez, je t’offre une heure de plaisir gratuit. Dis-moi ce que tu aimerais qu’on fasse,

Curieuse impression, la femme dont il avait cru qu’elle était amoureuse de lui était là devant lui, magnifique et désirable dans sa nudité. Il n’était plus question de sentiments entre eux, pourtant il l’aimait encore… mais se garderait bien de le lui avouer. Ce serait purement physique… Purement ? Pas si sûr, Albert se disait qu’un petit déclic se produirait peut-être… qu’une pute qui lui offre une heure gratuite le fait peut-être parce qu’il occupe quand même une petite place dans son cœur… Bref il gamberge… Et ça n’aide pas à bander, ce genre de choses !

– Alors ?
– Je vais te caresser, tu vas me sucer, me mettre le gode. Enuméra Albert.
– Ben, dis donc, ça n’a pas l’air d’être le grand enthousiasme !
– Mets-toi à ma place !
– Il faut que tu surmontes cette épreuve. Laisse toi faire, je m’occupe de tout.
– Je ne bande même pas ! Alors que t’es là à poil avec tout ce qu’il faut ! Laissons tomber !
– Bon, on se calme ! On ne laisse rien tomber ! Ce sera la pire chose à faire !
– Pourquoi donc !
– Ne te pose pas de questions, tu auras la réponse tout à l’heure. Tu avais envie de me caresser, vas-y caresse-moi !

Elle lui attrape la main et la pose sur son sein.

– Vas-y Albert, lâche-toi !

La main caresse mollement ce sein offert, puis s’enhardit rapidement. L’attrait de la chair est redevenu prépondérant. Il l’enlace, l’embrasse un peu partout. Mylène lui a attrapé le sexe et le branle sans brusquerie. Elle attend un peu qu’il soit rassasié de son pelotage avant de se mettre à genoux devant lui (pas accroupie, à genoux, comme dans une position inconsciente de pardon), afin de prendre le sexe en bouche.

Et là : c’est la pro qui s’exprime, contrairement à ce qu’affirment certaines féministes sans rien y connaître, on ne s’improvise pas pute, c’est un métier, et comme dans toute profession intervient l’expérience, le savoir-faire et les petits secrets. Ainsi si n’importe est capable de faire une pipe basique, une fellation de qualité ça s’apprend.

Elle se souvenait de son premier entretien avec Madame Juliette. « Soyons clairs : notre agence propose uniquement, je dis bien uniquement des prestations d’accompagnement, personne n’est dupe de ce qui se passe en réalité, mais il faut faire avec. J’exige donc que « mes filles » soit aussi au top quand il s’agit de finir dans un plumard, mais je n’ai pas le droit de m’en mêler… » Pendant une heure, Maria, une « ancienne » l’avait briefé. . Elle croyait ne rien avoir à apprendre : grave erreur. Elle lui avait fait simuler une fellation sur un gode en plastique très réaliste et l’avait conseillée : « Une pipe ce n’est pas une masturbation avec les lèvres, ce n’est pas non plus qu’une série de va et vient…. Ne vas pas trop vite, place ta langue ici sur le filet… lèche doucement, sur la couronne tu fais le tour, sur le méat tu donnes des petits coups secs et rapides… Ne cache pas ton visage avec les cheveux, l’homme doit pouvoir te regarder sucer… Elle lui avait aussi appris quelques variantes insolites comme le tire-bouchon, la savonnette ou encore la coucouillette. Et puis, elle lui avait montré ce geste magique consistant à placer un préservatif avec la bouche. Maria lui avait prêté le gode « pour t’exercer, chez toi ». Le lendemain elle rencontra de nouveau Juliette pour son engagement définitif. « On va vérifier si tu as bien suivi les conseils de Maria, je te présente Pierre, tu vas lui sucer la bite. » !

L’homme n’avait rien de très engageant, il s’était assis sur une simple chaise après avoir baissé son pantalon et le reste. Mylène et Juliette s’étaient placées de part et d’autre de la bite l’homme, cette dernière n’intervenant que pour commenter ou rectifier. Un moment la langue de Juliette avait rencontré peu fortuitement celle de Mylène. Un petit coup d’œil complice accompagné d’un sourire avait suivi. Quand l’homme eut jouit, la mère maquerelle félicita Mylène, lui disant que c’était « presque parfait. ». « Tu feras une bonne pute, mais n’emploie jamais ce mot, tu es une escort, tu accompagnes des bonhommes… et s’ils veulent coucher avec toi, ce n’est pas mon problème, c’est le tien. La prestation sexuelle est implicite, je n’en parle jamais, mais elle est comprise dans le forfait. Mais ne te prive surtout pas de te faire payer… Je n’ai encore jamais vu un client venir protester d’avoir dû payer un supplément pour ce genre de choses, ça fait partie du jeu ! Sinon cette petite distraction m’a légèrement excitée, tu n’as rien contre le fait qu’on se caresse un peu toutes les deux, j’espère… »

Longtemps Mylène a fait aller et venir la bite d’Albert dans sa bouche et son érection se maintient bien.

– Allonge-toi ! lui demande-t-elle.

Elle s’est placée sur le côté de façon à ce qu’il puisse voir son visage.

– Ouvre bien ton cul, je vais t’enfoncer le gode.

Elle lui met un peu de gel, fait pénétrer la fausse bite et la fait aller et venir, une fois la vitesse de croisière acquise, elle reprend sa fellation.

« Il y a trois moments où le temps passe plus vite que quand on attend l’autobus : quand on mange, quand on baise et quand on téléphone ! » A dit un jour un humoriste. Mais Mylène a l’habitude, elle sait que le temps a passé, elle accélère le mouvement faisant en sorte qu’à chaque mouvement de bouche le prépuce se couvre et se découvre, excitant par là même la couronne du gland. Elle s’aide de la main gauche pour serrer la base de la verge tandis que la droite de déchaîne sur le gode. Quelques coups de langues sur le méat pour pimenter le tout et notre homme ne résiste plus. Il jouit et se retrouve tout étonné de découvrir qu’une capote juteuse recouvre son pénis.

Elle lui fait un chaste bisou sur le bord des lèvres. Albert sait qu’il ne peut en espérer davantage. Mylène n’a pas joui, ce n’était pas le but de l’opération, et d’ailleurs les putes ne jouissent pas (en principe…)

– C’est à cette heure-là que tu rentres ! Rouspète sa femme.
– M’en parle pas j’ai eu une journée de merde, d’ailleurs j’ai une mauvaise et une bonne nouvelle à t’annoncer, je commence par laquelle ?
– La mauvaise !
– Je me suis battu avec Darousse. Evidemment j’ai été renvoyé sur le champ.
– Quoi ?
– Oui, c’était une provocation, en fait il voulait se débarrasser de moi, et je suis tombé dans le panneau.
– Putain !
– La bonne nouvelle c’est que je commence demain, chez Food House France.
– Comment tu as fait ?
– J’avais rencontré un mec de chez eux à un séminaire, il m’avait dit « si un jour vous voulez venir chez nous, on vous accueillera avec plaisir », je connais ce genre de propos, c’est souvent bidon, mais là ça a marché, j’ai un entretien demain à 10 heures.
– Ce sera promotionnel ?
– Ça j’en sais rien, mais c’est toujours mieux que le chômage.

Darousse

Darousse s’est concerté le midi avec Evelyne Roche. En pleine parano, il décide qu’il ne fera pas expertiser la clé récupérée par le cabinet de détective privé, estimant « le risque de fuite trop élevé ». Toujours partisan des solutions viriles et radicales, il confie à sa complice :

– Je vais aller voir ce mec qui vend des baignoires, et il a intérêt à me causer !

Il se renseigne sur l’heure de fermeture du magasin (19 heures) et se rend sur place un peu avant. Il jette un coup d’œil par la vitrine et voit déambuler tout un tas de gens, probablement des professionnels. Un moment tout ce monde disparaît sans doute dans une arrière-boutique, ils ne reviennent qu’un quart d’heure plus tard, font encore un peu la causette, puis reprennent leurs serviettes et leurs manteaux. Darousse attend le moment où le maître de séant sera seul… Ça y est, tous ces messieurs-dames sortent. Il ne reste qu’un homme et une femme entre deux âges, ils se serrent la main, la femme sort. Un petit bonhomme ferme la boutique, c’est donc Marcel Berton.

« Super, se dit Darousse, il n’a pas l’air bien costaud, ça va être trop facile !

Interminables poignée de mains entres ces gens sur le trottoir, puis le groupe se divise en deux. Berton part à pied vers la rue du Louvre avec trois types

« A tous les coups, ils vont s’empiffrer au restaurant. Je ne pourrai rien faire ce soir. Ce sera pour demain. »

(à suivre…)

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) janvier 2014. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.

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4 réponses à Chanette 20 – La clé – 6 – Les mésaventures d’Albert par Chanette

  1. Ozara dit :

    Savoureux

  2. Frank25 dit :

    Plein de bonnes choses

  3. darrigade dit :

    Ah, le fantasme de la femme cougar qui suce des bites !

  4. muller dit :

    pauvre Albert ! Mais il se console bien ! Savoureux épisode !

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