Chanette 20 – La clé – 13 – Le fantasme de Gina par Chanette

13 – Le fantasme de Gina


Carette

Quand Olivier Carette se présente au siège de Foods House France, on ne veut pas le laisser entrer : il n’a plus de badge et n’est plus sur la liste des personnes habilitées à pénétrer dans les locaux. Le vigile est aussi buté qu’un vigile buté peut l’être et quand Carette lui propose de téléphoner à Winstone il ne sait répondre qu’on ne dérange pas Monsieur Winstone pour « ça » ! Le ton monte, on refuse de lui passer le secrétariat et même de lui en fournir le numéro.

De guerre lasse, il s’éloigne un peu, se disant que Winstone, ne le voyant pas arriver, finira par le rappeler, si toutefois tout cela n’est pas une très mauvaise plaisanterie. Il lui avait pourtant bien semblé reconnaître la voix de son patron et son accent impossible ! Quoi que… Il n’est plus sûr de rien et arpente le bitume avec des soupirs d’agacement.

Il se souvint soudainement que Jimmy lui a confié son numéro. Il l’appelle, lui explique. Jimmy parait circonspect mais promet de le rappeler.

Dix nouvelles minutes d’angoisse et de gamberge, puis Jimmy le rappelle :

– Tout est réglé, Monsieur Carette, je vais vous faire entrer, Monsieur Winstone vous attends.

Ouf !

Winstone l’accueille d’une poignée de main exagérément démonstrative.

« Il m’énerve, ce taré, il en fait trop ! »

– Asseyez-vous, Monsieur Carette. On ne va plus parler des petites affaires de Choser & Ruppert, on a joué un coup, on a perdu, ce sont malheureusement des choses qui arrivent dans la vie d’une entreprise, n’est-ce pas ?

Pas un mot d’excuse à propos de ce qui s’était passé Vendredi, pas un mot d’excuse à propos du cafouillage surréaliste à l’entrée de l’entreprise ! Arrive-t-il parfois à Henri Winstone de s’excuser ?

– Si vous permettez et avant d’aller plus loin, j’aimerais que mon statut soit précisé. Vous m’avez dit que je n’étais pas licencié, mais…
– Je sais, je sais, ce sont des détails tout ça. (Il s’empare de son téléphone) allo Betty, annulez-moi toute la procédure de licenciement d’Olivier Carette. Faites comme si c’était une erreur ! D’ailleurs C’ETAIT une erreur ! Vous lui réattribuez tous ses droits, le badge, la voiture, tout le bazar. Vous faites ça en priorité ! (il raccrocha) Ben voilà, c’est réglé, vous êtes satisfait ?
– Merci Monsieur.
– J’ai pas mal réfléchi à propos de l’escroquerie de Darousse. L’idée de départ est géniale, on peut faire de la bonne publicité sans avoir besoin d’un budget à la Spielberg, vous en pensez-quoi, vous ?
– C’est vrai que ces budgets, c’est un peu n’importe quoi.
– Vous rendez-vous compte des économies ? Finalement la seule faute de Darousse c’est d’avoir détourné ces économies à son profit ! Je ne lui jette pas la pierre. Il y a quelquefois des tentations auxquelles il est difficile de résister. Qu’en pensez-vous ?

Carette se demanda si Winstone n’était pas en train de le piéger, il ne répondit donc pas directement.

– Un truc comme ce qu’a fait Darousse ne pouvait marcher que dans des circonstances particulières : Le vieux directeur qui est hors course, ses adjoints qui n’ont pas tous les pouvoirs, une complice bien placée…,
– Hum. Il est fort ce Darousse, quand même. Au fait vous aviez envoyé les petites enveloppes ?

Que répondre ? Quelle réponse espère Winstone ? Il choisit le mensonge :

– Non Monsieur. Je n’en ai pas eu le temps.
– On pourrait peut-être l’embaucher ?

« Merde, j’ai choisi la mauvaise réponse. »

– Je crains qu’il soit dans la nature.
– S’il a juste été renvoyé pour faute professionnelle, il n’y a aucune raison qu’il prenne le maquis !
– On peut se renseigner, mais je crains qu’inévitablement, ses malversations soient rapidement mises à jour, maintenant qu’il a quitté l’entreprise. Dans ce cas ce sera le dépôt de plainte et il va se retrouver incarcéré !
– Ah ! Ah ! Alors nous irons lui porter des oranges ! Bon, Carette je veux que vous me fassiez un rapport sur une éventuelle restructuration de notre secteur publicité. Il vous faudra privilégier l’option « filialisation ». Je vous donne un mois pour faire ça !
– Bien monsieur !
– En fait vous me ferez deux rapports, l’un officiel et un autre… comment dire… explorant les possibilités d’une comptabilité parallèle. C’est simplement par précaution, je ne veux pas me retrouver comme les gens de chez Choser & Rupert.
– Je comprends, Monsieur.
– Allez rompez ! Euh, au fait, il me faut, disons trois filles pour 18 heures. Dans le même genre que l’autre fois. Même heure et même lieu de rendez-vous.
– Bien Monsieur !

Redescendu dans son bureau, Carette retrouva tout son environnement. Ses deux téléphones portables de fonction étaient en évidence, il consulta les messages du premier, ne releva rien d’intéressant. Le second dédié aux affaires « particulières » avait enregistré plusieurs messages, plusieurs émanaient de Leberger. Il en prit connaissance mais décida de n’y donner aucune suite.

« Chacun sa merde ! »

Un autre message émanait de Mylène alias Sonia, qui lui reprochait en des termes très durs d’avoir viré Leberger. Il fallait qu’il dissipe ce malentendu et il l’appela :

Il eut du mal à en placer une tellement la jeune femme était remontée contre lui, il laissa passer le flot de paroles avant de tenter une explication qui ne réussit qu’à la mettre hors d’elle :

– C’est ça t’es licencié le vendredi et t’es réembauché le lundi ! Finalement tu n’as été licencié qu’un week-end ! Tu devrais faire attention, Olivier, ce n’est pas parce que je suis une pute que je gobe n’importe quoi ! Il m’a dit que c’est toi qui l’avais viré, c’est vrai ou c’est faux ?
– Mais non ! Pourquoi aurais-je fais ça ? Je viens juste de l’apprendre, j’ignore les détails.
– Renseigne-toi et fais le réintégrer !
– Mais c’est impossible, on ne va pas reprendre quelqu’un qu’on vient de virer.
– Pourquoi pas ? Tu ne viens pas de me dire que c’est justement ce qu’il vient de t’arriver ?

Oups

– Je vois ce que je peux faire, je te rappelle.

Carette se rendit compte que s’il ne faisait rien, il risquait de ne plus jamais revoir Mylène. Il avait beau se dire que ce n’était qu’une pute, que « une de perdue, dix de trouvée », il ne pouvait s’y résoudre.

L’embauche de Leberger était bidon et Carette l’avait signalé comme telle à sa hiérarchie. Elle aurait pu durer trois mois et dans le meilleur des cas se transformer alors en embauche légale. En se séparant de Carette vendredi, l’entreprise avait gommé d’un coup de plume tout ce qui se rattachait à sa fonction. On lui avait retiré Leberger de la même façon qu’on lui avait retiré son téléphone portable ! Et ne travaillant plus aujourd’hui sur l’affaire Choser & Ruppert, il n’avait aucun argument pour le faire reprendre…

Carette attendit midi pour rappeler Mylène sans avoir tenté quoique ce soit. Il lui raconta qu’il avait tout essayé, mais en vain, mais que s’il lui venait une idée… (air connu)

Mylène avait envisagé ce cas de figure, et loin de se résigner sortit de son sac à malice un plan quelque peu tordu.

– Bon O.K. Je suppose que tu souhaites qu’on se revoie ?
– Hé !
– Alors voilà, tu en es où avec Choser & Ruppert ?
– C’est fini, on a laissé tomber l’affaire.
– Et Darousse ?
– Il est parti de chez Choser & Ruppert, je n’en sais pas plus !
– Parfait, alors tu vas taper une lettre, tu as de quoi noter ?
– Euh, oui…
– Tu vas expliquer qu’une enquête interne a mis à jour un réseau d’espionnage industriel impliquant des agents de Choser & Ruppert et de Foods House France…
– Tu es folle !
– Laisse-moi continuer ! Que Foods House France a diligenté un détective privé qui préalablement a dévoilé des relations suspectes entre Albert Leberger et une call girl l’incitant à sortir des informations sensibles de son entreprise…
– Je rêve !
– Que dans un premier temps Albert Leberger a été approché afin d’élucider les raisons du départ de l’entreprise de Monsieur Gérard Molay. Les deux hommes se sont rencontrés et Molay a confié à Leberger avoir été contraint de quitter l’entreprise suite à sa découverte de ses relations méridiennes.
– C’est quoi une relation méridienne ?
– C’est une relation qui se passe le midi, t’as pas fait d’études ? Je disais donc : suite à sa découverte des relations méridiennes entre Monsieur Darousse et Madame Roche. Leberger a souhaité vérifier, puis en est resté là, rompant le contact avec la call-girl. Mais Darousse ayant découvert les agissements de Leberger s’en est débarrassé en montant une machination. Votre collaborateur n’a donc rien à se reprocher, etc… etc… Je te laisse terminer, tu trouveras bien. O.K.

Carette croyait s’en sortir, il lui suffirait de mentir à Mylène car il n’était absolument pas dans ses intentions de rédiger une telle lettre.

– Quand tu l’auras terminée, tu me la montreras, je la porterais moi même chez Choser & Ruppert… tu comprends, je ne voudrais pas qu’elle s’égare à la Poste !

Oups !

– Euh !
– On se voit à 18 h 30 au métro Saint-Paul ! Je compte sur toi ! Bisous !
– Allo ! Allo ?

Ce n’est qu’après avoir raccroché que Mylène se rendit compte qu’Albert lui avait adressé un nouveau message :

« Il ne va pas me casser les couilles toute la journée ! »

Elle en prend connaissance. Une larme lui vient aux yeux. Sans réfléchir davantage elle compose le numéro d’Albert. Ce dernier n’en croit pas ses oreilles.

– Allo, Bébert, je suis super contente pour toi tu sais !
– Ben, moi, je suis ravi d’entendre le son de ta voix, ce lundi est décidément une bonne journée.
– On peut se voir à l’endroit habituel à… Disons 19 heures 15 ?
– Bien sûr !
– Si je suis en retard, je te préviendrai. Je t’embrasse.

Il raccroche, se demande s’il n’est pas en train de rêver. Puis réalise qu’il avait projeté de faire un petit diner aux chandelles avec sa femme pour fêter l’évènement. Comment concilier ça avec le rendez-vous fixé par Mylène ?

« Chienne de vie ! Même quand tout va bien, il faut que ça se complique ! »

A 18 heures 30, Olivier Carette est ponctuel au métro Saint-Paul.

– T’as fait la lettre ?
– Oui, on a le temps de boire un coup ?
– Vite fait sur le zinc, alors !

Au comptoir, il lui donne l’enveloppe, Mylène en extrait la lettre, la regarde à peine et l’enfouit dans son sac.

– OK, merci, je te laisse…
– Je pensais qu’on ferait…
– Je ne t’ai jamais dit une chose pareille. Tchao !

Il la voit se diriger vers le métro, il la suit du regard, elle sort des papiers de son sac, en fait une boule qu’elle jette à la corbeille.

Saisit d’un pressentiment, il attend quelques secondes avant d’aller récupérer la boule de papier, c’est bien la lettre qu’il a eu tant de mal à rédiger et son enveloppe. Il est maintenant persuadé que Mylène est devenue complétement folle. Il rentre chez lui en méditant sur l’absurdité de ce bas monde.

Le trajet pour aller jusqu’au pont Mirabeau en métro est assez long et nécessite deux changements. Son enthousiasme à l’idée de rencontrer Albert est quelque peu retombé. Elle est heureuse que sa situation se soit régularisée, mais fallait-il le rencontrer pour autant ? Il doit se faire des illusions et il faudra qu’elle les lui enlève.

« Evidemment, je pourrais annuler le rendez-vous, mais le pauvre, il va nous faire une crise. Non, impossible de reculer, ça m’apprendra à décider des trucs sans réfléchir, quand faut y aller, faut y aller ! »

Albert est anxieux ! Viendra-t-elle ? Ne viendra-t-elle pas ? Avec elle on ne sait jamais ! Il arrive au pont, elle y est déjà. Ils s’embrassent, pas comme des amants mais comme de vieux amis.

– On va prendre un pot ? Propose Mylène.

« Autrement dit, on ne va pas à l’hôtel » traduisit Albert. Mais qu’est-ce qui lui avait fait croire qu’ils pourraient s’y rendre ?

– Raconte-moi un peu comment tout ça s’est passé. Lui demande-t-elle.

Alors, il lui raconte, la visite musclée de Darousse à son domicile et le vase chinois qu’il a reçu sur la tronche, son voyage au Luxembourg flanqué d’un gorille qui ouvre les portes avec un trombone, sa rencontre avec Evelyne Roche (mais en omettant de préciser qu’ils ont couchés) et tout le reste. Raconter l’amuse et il le fait bien, faisant sourire et rire Mylène, qui passe un bon moment… Pour l’instant… Car il fallut bien qu’à un moment il n’ait plus rien à raconter.

– Bon, ben je suis bien contente que tout soit arrangé !
– Et moi donc !

Et puis, il ne peut s’empêcher de poser la petite question test. Il a quoi ? 5% de chances, c’est bien plus qu’au Loto !

– J’avais plus ou moins prévu de fêter ça avec ma femme ce soir, genre diner aux chandelles… Mais bon, si tu veux qu’on fasse quelque chose ensemble, je peux toujours m’arranger.
– Ce soir je suis occupée !
– Ou demain… Ou un autre jour…

Mais déjà, il n’y croit plus.

– Albert, faut que je t’explique une chose. On s’est quitté connement l’autre jour. Tu m’as envoyé une petite vanne et ça m’a énervé…
– Mais, je…
– Non, je sais ce que tu vas dire, sois gentil, laisse-moi finir. Ça m’a énervé mais après j’ai réfléchi : tu as des défauts mais moi aussi, on n’aurait pas dû se quitter de cette façon. Alors aujourd’hui je te laisse le choix…

Elle s’interrompit un moment pour avaler une gorgée de Perrier.

– On peut se quitter comme ça aujourd’hui en se faisant un bisou, ou alors…

Il y avait donc un autre choix, un choix où il n’était pas question d’adieux. Albert se remis à espérer… Un tout petit peu…

– Maintenant, il y a aussi un autre choix. Quelque part je t’aime bien, Albert, je dis bien « je t’aime bien », ne va surtout pas te figurer autre chose !

Le chaud et le froid.

– Je sais aussi que tu peux avoir envie de coucher avec moi. Ça reste possible mais ce ne pourra pas être gratuit.
– C’est…
– Je t’en prie, Albert, laisse-moi finir, c’est déjà assez difficile comme ça. Mes tarifs sont élevés, mais, tu me donneras la même somme que ce que tu donnes aux filles que tu vas voir. Parce que dans ce cas-là tu ne seras ni mon petit ami, ni un client, mais un vieux copain. Et avec un vieux copain on peut faire aussi plein d’autres choses, aller au restau, au ciné, au théâtre. Et pour ces choses-là, je ne me fais pas payer quand c’est entre copains. Voilà j’ai fini.

Albert s’était préparé à lui lancer une vanne douce-amère, mais les derniers mots changeaient tout.

– O.K., je vais voir, de toute façon j’ai ton numéro.
– On y va, je vais payer au comptoir.
– Non, laisse, mais… Tu es pressée je suppose.
– Non, c’est toi qui doit te dépêcher, tu as bien un repas aux chandelles à préparer, tu m’as dit ?
– C’est vrai !

Et ils se séparent après avoir échangé un chaste bisou, alors Albert rentra chez lui, dubitatif.

Mardi 19 Mars

Ce matin avait donc été pour Albert celui d’un retour aux habitudes. Même heure de lever et de départ, même trajet en métro, mêmes poignées de main en arrivant au boulot comme si ces derniers quinze jours n’avaient été qu’une parenthèse.

Il avait un peu réfléchi hier soir en rentrant chez lui aux propos de Mylène et en avait conclu qu’il suivrait la voie de la sagesse lui dictant de ne plus la revoir. Ce matin en se levant il en était déjà moins sûr et en arrivant au travail, il eut la lucidité d’admettre qu’un jour il craquerait, et qu’il la paierait pour coucher avec.

Il eut, comme ça, tout d’un coup, l’idée de téléphoner à Gina. Après tout, elle serait sans doute très heureuse d’apprendre que Darousse avait été viré de chez Choser & Ruppert.

Il la met au courant en résumant au possible.

– Si vous voulez connaitre tous les détails, on pourrait peut-être se rencontrer… en tout bien tout honneur, bien entendu.

Gina hésite. Si sa curiosité féminine la pousse à accepter ce rendez-vous, elle présume que les intentions d’Albert ne sont sans doute pas si innocentes qu’il veut bien le laisser entendre. Et elle ça ne l’intéresse plus, elle s’est un peu amusée avec lui, elle ne regrette rien, mais comme amant on fait mieux !

– Ça ne va pas être si facile de se voir ! Maintenant que vous retravaillez…
– Je peux prendre une journée ou une demi-journée de vacances…
– Oui bien sûr ! Je vous rappelle, d’accord ?

Tant pis ! Se dit Albert en raccrochant.

Vers 11 heures, Tanya pénètre dans le bureau de son patron.

– Hello, Didi, une bonne nouvelle ! Le virement de Choser & Ruppert vient d’arriver !
– Super ! Tout finit par arriver ! Viens me faire un bisou.
– Un bisou sage, alors, tout le monde est là aujourd’hui.
– On se rattrapera quand on pourra…
– J’y compte bien !

Didier Remiremont va pour clôturer le « dossier Darousse » sur son ordinateur, il se trompe et fait monter à l’écran l’enquête de l’année précédente. Il se rend compte de son erreur mais parcourt les éléments d’un œil amusé, d’autant que ceux-ci lui remémorent sa petite partie de jambes en l’air avec Gina Molay.

Il se dit qu’elle serait peut-être ravie de connaître les conclusions de cette affaire, un bon prétexte pour lui téléphoner, et pourquoi ne pas envisager pas une petite rencontre coquine. Qui ne tente rien, n’a rien !

– Allo, c’est Didier Remiremont, vous vous souvenez de moi…
– Je ne crois pas, non !
– Le détective, j’étais venu chez vous, il y a un an…
– Ah, oui et vous m’aviez enlevé une poussière que j’avais sur le sein.
– Quelle mémoire !
– N’est-ce pas ? Et quel est donc l’objet de ce coup de fil après tout ce temps.
– C’est assez long à expliquer mais disons en résumé que la société Choser & Ruppert m’a confié une nouvelle enquête au sujet de l’un de leurs employés. Et qu’en conclusion Darousse, la personne qui avait licencié votre mari s’est fait virer pour escroquerie.
– Et je suppose que vous allez me proposer de me rencontrer pour m’en raconter les détails ?
– Oui, j’ai pensé que ça pourrait vous intéresser.

Gina réfléchissait, c’était donc la deuxième proposition de la matinée, mais la différence c’est que ce Didier ne lui déplaisait pas du tout. Elle se méfiait cependant, il y a tant d’hommes qui ne savent pas se contenter d’une seule fois.

– Je vous rappelle, Didier.

Et puis soudain, le petit déclic !

« Ces deux bonhommes ont à peu près le même fantasme… et du coup je pourrais réaliser le mien »

Elle semblait plus sûre de Didier que d’Albert aussi appela-t-elle d’abord ce dernier.

– Souhaitez-vous que nous nous retrouvions à la terrasse d’un café ?
– Oui, pourquoi pas ?
– Mais nous pourrions aussi bien nous retrouver dans une chambre d’hôtel ? C’est bien ce que vous souhaitez, non ?
– Je…
– Tss, tss, on ne va pas se faire de manières. Quel jour vous arrange ?
– Je vais voir avec mon boulot.
– OK, je vous laisse réserver l’hôtel, vous m’enverrez un texto avec le jour et l’heure et puis bien sur l’adresse de l’hôtel et le numéro de la chambre.

C’est ce qui s’appelle être mis au pied du mur !

Mardi 26 Mars

Gina a donné rendez-vous à Didier en bas de l’hôtel.

– Allons-y on causera la haut ! Lui dit-elle après un bref bisou de bienvenue

Gina frappe à la porte de la chambre, provoquant l’incompréhension de Didier. Mais quand la porte s’ouvre et que les deux hommes se retrouvent face à face, ils ne comprennent rien ni l’un ni l’autre :

– Vous ?
– Ben, oui, mais…
– Vous vous connaissez ? Demande Gina.
– On s’est déjà rencontré, mais…
– Vous avez quelque chose contre les partouzes, messieurs ?
– C’est un coup monté, alors ? Répond Didier.
– Si vous voulez, mais ça ne répond pas à la question.
– Moi, non ! Mais vous étiez au courant ? Demande-t-il à Albert.
– Pas du tout ! Proteste ce dernier.

Albert semble hésiter, avec ses problèmes sexuels récurrents, la comparaison avec Didier risque d’être pour lui peu flatteuse.

– Bon, Albert, tu ne vas pas te dégonfler !

Il ne sait surtout pas comment trouver une issue à cette situation imprévue.

Gina s’est placée entre les deux hommes. Soudain, sans crier gare, elle exécute une flexion des genoux. Elle tend les bras et pose une main sur chaque braguette. Les mains s’agitent. Didier bande très vite et très dur. C’est un peu moins évident pour Albert mais l’insolite de la situation aidant, sa bite se met elle aussi à grossir.

Gina défait la ceinture d’Albert, descend son pantalon puis son caleçon, lui tripote un peu la queue puis la prend en bouche quelques instants. Elle se tourne ensuite vers Didier afin de lui faire subir le même sort.

– Oh ! Mais c’est tout mignon ce truc ! S’exclame-t-elle en découvrant qu’il porte un string de femme.

Elle lui lèche la bite quelques instants puis, tenant une queue dans chaque main, elle demande aux deux hommes de se rapprocher de façon à ce que leur deux sexes soient en contact en se superposant horizontalement. Elle les fait ainsi glisser l’un contre l’autre, verge contre verge.

– Je suis coquine, hein, ne bougez pas, je me mets à l’aise.

Elle se débarrasse en hâte de ses vêtements. Madame porte des dessous noirs très sexy, bas et porte-jarretelles. Elle ne garde d’ailleurs que ça, ainsi que les chaussures, comme dans les films X.

Elle reprend la position précédente, permettant aux deux hommes de lui peloter les nénés puis s’adresse à Albert en désignant la queue de Didier :

– Elle est belle, sa bite ! Qu’est-ce que t’en penses ?

Albert qui est loin d’être complètement idiot croit comprendre ce qui risque de se passer. Pas tout à fait sûr cependant, mais cette incertitude est en elle-même excitante, il est réellement troublé et tente le jeu.

– Très jolie en effet !
– Ça t’intéresse ? Demande Didier, goguenard.

Albert ne peut répondre que d’incompréhensibles balbutiements. Gina vient à son secours :

– Bien sûr que ça l’intéresse, il va te la sucer, n’est-ce pas Albert ?

Didier opine du chef, signifiant par-là qu’il n’a rien contre. Albert n’a donc plus aucune raison de ne pas le faire…

– Alors il se baisse, ouvre la bouche et y fait pénétrer timidement le gland frais et soyeux. Il s’enhardit vite et fait coulisser le membre dans sa bouche jusqu’au fond de ses joues…

– C’est bon, hein ! Ça te plait de sucer des bites ?
– Humm. Hummmpf.

Si vous échangiez les rôles ? Suggère Gina au bout d’un petit moment.

Comme si il n’attendait que cette proposition, Didier se dégage doucement de la bouche d’Albert, lequel paraît légèrement déçu de ce changement de tableau, mais s’y prête néanmoins.

Il a de la chance Didier, Albert bande pour l’instant comme un dromadaire, il s’est jeté sans aucune hésitation sur sa première bite et s’en régale, en découvre le goût, la texture.

Le problème, c’est qu’Albert a du mal à maintenir son érection. Gina s’en aperçoit, se mouille deux doigts et les lui introduit dans le cul.

– C’est bon ça ?
– Ouiiii !

Du coup, ça va mieux, mais Gina a déjà une autre idée.

– Couchez-vous sur le lit et mettez-vous en soixante-neuf.

Les deux hommes obtempèrent après un bref échange de regards, aussi surpris l’un que l’autre de cette position, qui donne l’impression de se sucer soi-même.

Le spectacle rend Gina dans un état quasi second et l’inéluctable suite est déjà inscrite dans un futur immédiat, mais auparavant elle désire jouir.

– Attendez, les mecs, j’arrive…

Elle demande à Didier de rester couché sur le dos, vient s’empaler sur lui, puis se penche de façon à bien dégager son anus. Albert peut ainsi l’enculer. Ce dernier est pour l’instant bien bandé et la pénètre facilement. Puis nos trois artistes se coordonnent plus ou moins bien, ça reste quand même un peu chaotique, mais qu’importe ! Gina est remplie par les deux trous, les deux bites sont proches l’une de l’autre, juste séparées par une fine frontière de chair, les ondes de plaisirs ne tardent pas à se mélanger de façon exponentielle et la femme crie sa jouissance avant de faire retomber son torse comme une chique molle sur celui de Didier. Albert fou d’excitation devient incapable de se contrôler et jouit prématurément, avant de se retirer, sa capote blanchie pendouillant au bout de son sexe déjà flaccide.

– Et bien les gars, c’était géant ! Finit par dire Gina dégoulinante de sueur. Bon on ne va pas en rester là, je me demandais qui allait enculer l’autre. Il me semble que la question ne se pose plus.

Sauf qu’Albert n’est plus très motivé et commence à tergiverser mollement :

– J’ai plus trop envie, là maintenant.
– Tu veux qu’on fasse une pause ? Propose Gina.

Ben non, ce n’est pas une pause que souhaitait Albert, c’est mettre fin à cette rencontre, non pas parce qu’elle ne lui avait pas plu mais parce qu’il n’en espérait plus rien.

– Euh, moi, je vais peut-être vous laisser.
– Non, non, d’ailleurs tu as des choses à me raconter, non ?

Ben, oui, c’était même le prétexte initial de la rencontre. Albert se sent coincé…

– OK, je vais te raconter…
– Pas maintenant, Didier et moi, on n’a pas fini.
– Ah ! Ben, on pourrait se retrouver quelque part dans une demi-heure…
– Albert ! Une partouze c’est un échange, on ne n’y vient pas que pour son prendre son plaisir, on y vient aussi pour en donner aux autres. L’apostrophe Gina

Albert reste un instant sans voix. Il comprend que s’il part maintenant après cette vanne, il va passer pour un goujat.

– Je comprends bien, mais quand on n’a plus envie, ben on n’a plus envie. Mais bon… OK, pour une petite pause.
– D’accord, est-ce qu’il y a un mini bar dans cette chambre ? Oui, ce doit être là-bas… De la bière ça vous va ?

Un ange passe, le temps qu’ils sirotent leur bibine. Didier se tripote la quéquette en matant les nichons de Gina. Albert s’essaie à quelques caresses sur ses cuisses sans que cela ne le fasse rebander. Gina s’essuie les lèvres pleines de mousse et dit alors :

– Résumons-nous : Albert est un peu en panne, ce sont des choses qui arrivent, quant à Didier je suis certaine qu’il préférerait se faire prendre que le contraire… n’est-ce pas Didier ?
– On peut voir ça comme ça, oui !
– Le problème c’est que mon fantasme c’est de voir deux mecs baiser ensemble. Ce fantasme on peut le réaliser maintenant. Alors dites-moi les mecs, vous allez m’en priver ?
– Vu comme ça ! Tu sais que tu me rends fou avec tes seins…

Et joignant le geste à la parole, il se met à les lui peloter frénétiquement.

– Doucement, doucement ! Ils n’aiment que la douceur… Dis donc Albert, tu n’as rien répondu, toi ?
– Disons que pour une première fois, j’aurais préféré que ce soit en étant davantage excité, mais bon, je vais me laisser faire !
– Je ne t’excite plus ?
– Si !
– Ben alors ?
– C’est une excitation purement intellectuelle, ça ne fait pas grossir popaul.
– Je vais quand même essayer.

Elle lui prend le sexe en bouche, y met tout son savoir-faire, elle arrive à le faire un peu bandouiller mais on reste très loin de la colonne Vendôme ! Elle lui serre la base de la verge, lui malaxe les couilles, le contourne afin de lui doigter le cul. Non, c’est vraiment la panne.

– T’as vraiment un beau cul !
– On me l’a déjà dit !
– Des mecs ?
– Non, non des femmes !
– La tienne ?
– Non, je te raconterai tout à l’heure…

L’image de Mylène envahit sa pensée, Mylène qui avait poussé la conscience professionnelle jusqu’à emporter un gode qu’elle lui avait introduit dans le cul, Mylène dont il se défend d’être encore amoureux, Mylène, ce canon, Mylène qu’il faudra qu’il revoit. Quelque chose se passe alors : un léger frétillement au niveau de son sexe, par réflexe il y porte la main, se tripote. Elle bouge, elle grossit.

– Le bête se réveille, on dirait constate Gina.
– Parle-moi encore de mon cul !
– Quand on a un cul comme ça, ce serait une faute de goût de ne pas se faire enculer.
– Je crois que je suis prêt.
– On va sucer la bite de Didier pour qu’elle soit bien raide et après il va te la foutre dans le cul.
– D’accord.

Moment rare que celui où l’homme et la femme sucent ensemble la même bite, leurs langues et le gland se mélangeant en un ballet infernal dégoulinant de salive.

– Ça va être bon ! Indique Didier

Après avoir recouvert sa pine d’un préservatif, il se rapproche de l’arrière train d’Albert qui s’est mis en position. Gina qui avait pensé à tout lui passe alors une dosette de gel qu’elle a préalablement ouverte. Didier tartine un peu l’endroit, puis entre délicatement, demi-centimètre par demi- centimètre.

– Ça fait un peu mal !
– Détends-toi, ça va changer !
– Non, aïe !

Didier coulisse doucement !

– Non, j’ai mal…
– Je vais doucement !
– Comme ça, c’est mieux !

Il accélère un peu !

– Ça va là ?
– Hummpf, oui ça va !
– Plus mal ?
– Presque plus !

Didier se met alors à limer en cadence. Gina vient « narguer » Albert :

– Alors c’est bon de se faire enculer ?
– Ouiiiii !
– Tu recommenceras ?
– Ouiii !
– Vas-y Didier, encule-le bien, mais ne jouis pas ! Je veux que tu finisses dans mon cul à moi ! Intervient Gina.

Cinq minutes de va-et-vient, Albert est envahi par des ondes plaisir, Didier transpire comme un docker, Gina se paluche en regardant le spectacle.

Puis brusquement, Didier décule, laissant le trou du cul d’Albert béant. Il change de capote tandis que Gina l’attend en levrette relevée. Il s’introduit rapidement, sans gel et se met à limer comme un forcené, Deux minutes plus tard, ils jouissaient quasi simultanément et s’écroulèrent épuisés sur le lit.

Tout le monde prend une douche, Gina d’abord, Didier Remiremont ensuite.

Albert parait gêné et évite le regard de Didier. Celui-ci le met à l’aise en lui envoyant une grande tape dans le dos.

– On s’est quand même bien éclatés, non ?
– Oui, c’est vrai ! Admet Albert
– Et c’est toi le veinard dans l’affaire, moi aussi j’aurais bien aimé me faire baiser. Il faudra qu’on s’organise mieux la prochaine fois.

Les derniers mots étaient clairement à l’intention de Gina.

– Je ne sais pas s’il y aura une prochaine fois. C’est une expérience que je voulais vivre, maintenant, c’est fait, c’était très chouette. Je ne dis pas que je ne recommencerai pas, mais probablement pas de suite ! Répondit-elle.

Les deux hommes paraissent déçus.

– Ecoutez, les gars, rien ne vous empêche de vous arranger tous les deux, non ? Bon, vous m’aviez promis de me raconter des choses…
– Parce que vous aussi ! S’exclame Didier.
– Ben, oui vous avez plein de points communs tous les deux.

Ils rigolent, l’ambiance reste décontractée.

– On va pas faire ça ici, on va se poser dans un café, propose Gina.

Alors, ils racontent, se complétant mutuellement, jusqu’à ce que la curiosité de Gina soit satisfaite.

– Et bien c’était très bien, les garçons, vous m’avez fait passer un super bon moment. Je ne suis pas prête d’oublier cette expérience, mais maintenant faut que j’y aille.

Didier se lève…

– Non, non, restez là, je pense que vous avez des choses à vous dire.

Il se rassoit, dubitatif. Gina embrasse les deux hommes sur le bord des lèvres et disparaît.

– Qu’est-ce qu’elle a voulu dire ? Demande Albert, faussement naïf.
– Mais je n’en sais rien du tout ! On s’est bien amusés, c’est le principal ! Bon je vais peut-être y aller aussi…
– Euh… commence Albert sans parvenir à continuer.
– Oui ?
– Comme ça, à tout hasard… Euh…
– Je vous écoute…
– Ça vous dirait qu’on se revoit ? Finit-il par demander, en rougissant comme une douzaine de tomates.
– Pour euh…
– Oui…

Didier prend une profonde inspiration. Semble préparer une réponse laissant Albert désemparé.

– Je ne suis pas contre ! Sauf qu’il n’est pas question que nous ne soyons que tous les deux. Finit-il par répondre.
– Parce que ?
– Parce que je veux qu’il ait une femme dans le coup, sinon ça ne m’intéresse pas.
– Ah ! D’accord, je comprends, marmonna Albert, qui en fait ne comprenait pas tant que ça.
– En fait je ne suis pas homo, je ne suis même pas bisexuel, j’ai des fantasmes bisexuels, mais pour qu’ils se concrétisent, il faut une nana, un peu dominatrice qui m’oblige à le faire. En fait elle ne m’oblige pas, mais c’est comme un jeu. Tu comprends ? Vous comprenez pardon ?
– Oh, on peut bien se tutoyer, après ce qu’on s’est fait…
– Alors si tu connais une fille qui pourrait…
– Oh ! Mais si, je connais quelqu’un, mais c’est une professionnelle, elle fait pas ça gratuitement…

Albert réfléchit ! Bien sûr que c’est la solution. Il avait déjà envisagé le recours à une dominatrice pour vivre son fantasme, mais se donnait toujours des bonnes raisons pour ne pas le faire. Avec Didier, il n’y aurait pas de mauvaise surprise.

A suivre

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) janvier 2014. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.

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4 réponses à Chanette 20 – La clé – 13 – Le fantasme de Gina par Chanette

  1. Carita dit :

    Le fantasme est partagée !

  2. Cristina dit :

    Moi aussi j’adore voir deux mecs s’enculer come des cochons, àa me fait mouiller terrible

  3. Muller dit :

    Gina a effectivement un fantasme très intéressant… LOL

  4. Adena dit :

    Passionnant ces chapitres où les hommes se font des truc entre eux. moi ça me fait bien bander.

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