Chanette 19 : Trafics (roman) 13 – Soirée mouvementée par Chanette

13 – Soirée mouvementée

Chez moi

Nadia ne m’a pas appelée, je suppose que sa journée avec Paulino ne lui en a pas laissé le temps. Tout de même un coup de fil, ce n’est que trois minutes, ça m’agace un peu. En revanche Anna me bombarde de messages. Je n’ai pas envie de répondre, du moins pour l’instant, elle a trop déconné et j’ai besoin de prendre du recul vis à vis de cette nana.

Il est 19 heures, on sonne. Qui ça peut-être ? Lafontaine qui revient me payer ? L’emmerdeuse annoncée par Anna ?

Œilleton.

C’est Nadia. Je ne l’attendais pas si tôt ! Elle a le sourire ! Bisous, bisous.

– Tu t’es acheté un sac ?
– C’est un cadeau de Paulino !
– Hé bé ! Je suppose que ça a été, alors ?
– Oui, mais il a renoncé au plan soubrette !
– Parce que ?
– Parce qu’il voulait m’acheter une tenue, mais il ne savait pas quelle taille prendre.

On rigole de bon cœur

– Et sérieusement ?
– Il va m’entretenir !
– C’est une toquade, quand il en aura marre de toi, il te jettera comme une vieille chaussette !
– Peut-être mais je suis tranquille pour une année, il m’a embauché fictivement dans sa société de production.
– Et en échange ?
– En échange, je suis à sa disposition pour les sorties au restau, les spectacles, les voyages et le cul bien sûr !
– A sa disposition ! Et si un jour tu n’as pas envie de faire ce qu’il te demande.
– Nous avons abordé ce problème, ce type me parait assez compréhensif et plutôt arrangeant.
– « Te parait » ! En fait tu n’es pas trop sûre ?
– Je ne suis pas enchaînée, s’il me prend la tête, je lâche l’affaire ! En fait ce n’est pas vraiment ce que je cherchais mais j’ai accepté pour le côté pratique de la situation, mais ça ne m’empêchera pas de racoler des mecs quand ça me toquera !
– Mwais !
– En tous cas, je te dois une fière chandelle, tu m’as bien déniaisée !

Tu parles ! D’une part elle n’est pas si déniaisée que ça, et d’autre part je reste persuadée qu’elle n’est pas faite pour ce métier et qu’elle court après de graves désillusions.

– Sinon tu as appris la nouvelle ? M’interroge-t-elle.
– Quelle nouvelle ?
– Les voleurs de tableaux sont tous arrêtés, je vais pouvoir rentrer chez moi !

Elle va rentrer chez elle et elle est contente ! Ben, moi pas ! Une boule d’angoisse m’envahit la gorge.

– Mais je voulais quand même passer une dernière soirée avec toi ! Ajoute-t-elle.

Une dernière soirée ! Elle a bien dit une dernière ? J’ai soudain envie de chialer, je ne veux pas qu’elle le voit, trop tard, ça coule !

– Ben qu’est-ce qui t’arrive ?
– Rien ! Laisse tomber !
– Dis-moi !
– C’est rien !
– C’est parce que tu as peur qu’on ne se revoit plus ?

Elle a oublié d’être conne, la nana ! Mais qu’est-ce que vous voulez que je réponde ? M’attacher à cette fille comme je l’ai fait au point de devenir jalouse ne me ressemble pas, mais qu’est-ce que j’y peux, moi ?

– Je ne regrette rien, c’était une belle aventure ! Soupirai-je.

Et nous voilà dans les bras l’une de l’autre. Il faut que je chiale, je me laisse aller. Et ce doit être communicatif, la voilà qui s’y met à son tour. Deux madeleines ensemble, et d’ailleurs pourquoi dit-on « pleurer comme une madeleine » ? C’est idiot.

On est là comme deux connes, à se passer les mains mutuellement sur nos visages pour empêcher nos larmes de couler.

Nos bouches se rapprochent, on s’embrasse avec passion. A tous les coups dans cinq minutes, on va se retrouver sur le plumard.

– Dring !

Ben non, c’est raté pour le plumard. Voilà qu’on sonne ! Alors cette fois ci, Lafontaine ou la mystérieuse emmerdeuse ?

Œilleton.

Anna-Gaëlle ! Qu’est-ce qu’elle vient me casser les pieds ? Je ne vais quand même pas la laisser dehors, je la fais entrer, oubliant que Nadia et moi ne sommes pas trop présentables.

– J’en ai juste pour cinq minutes ! Précise-t-elle !

Elle entre, adresse un bonjour quasi inaudible à Nadia qui se demande ce qui se passe et la voilà qui me débite un véritable éditorial :

– Ça fait vingt fois que j’essaie de te joindre. Je voudrais bien savoir pourquoi tu ne me réponds pas, parce que figure-toi que j’étais folle d’inquiétude. Je t’imaginais déjà entre les mains de je n’sais quelle bande ! En fait si je comprends bien tu es en pleine lune de miel avec cette jeune personne pendant que je me fais du souci. Et moi dans tout ça je suis quoi ? De la merde ?

Ça, elle est énervée de chez énervée ! Difficile d’essayer de discuter tant qu’elle est dans cet état ! Mais je peux quand même essayer de faire une mise au point.

– Tu n’avais pas à divulguer mon adresse !
– Et alors, j’ai fait une connerie, ça arrive ! Tu n’en fais jamais, toi ?
– Je ne pense pas avoir déjà communiqué des coordonnées confidentielles à des parfaits inconnus.
– Forcement, tu es parfaite, toi ! J’ai fait une connerie, ça arrive, qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu arrêtes de me faire la gueule, que je mette à genoux, que tu me cravache le cul !
– Tu serais trop contente !
– Bon, j’avais dit cinq minutes, je ne voudrais surtout pas vous déranger. Je voulais savoir si tu étais vivante et en bonne santé, me voilà rassurée, je vous laisse…

Elle se dirige vers la porte et reprend.

– Au fait, elle est passée te voir ?
– Qui ça ?
– Ben la nana à qui j’ai eu le malheur de donner tes coordonnées.
– Non ! Je suis rentrée assez tard hier soir.
– Pas de message ?
– Non !
– Bizarre ! Sois prudente ! Et appelle-moi un de ces jours si tu n’as rien d’autre à faire.

– Dring !

– Tiens la voilà ! Ironisai-je en me dirigeant pour la troisième fois de la soirée vers l’œilleton.

Ben non, ce n’est pas la mystérieuse inconnue, c’est Laurent Lafontaine, le flic !

– Je ne rentre pas, je vous ai apporté la petite enveloppe promise.
– Si, entrez cinq minutes, vous avez l’air frigorifié, on va vous faire un truc chaud.

Il entre, me fait la bise ainsi qu’à Nadia, il tend la main à Anna, je ne sais pas trop comment les présenter.

– Laurent, un ami, Anna directrice de la galerie « la feuille à l’envers »
– Ah ! Intéressant, je suis Laurent Lafontaine de la brigade criminelle ! Nous n’avions pas eu l’occasion de nous rencontrer.

Anna est visiblement larguée. Un flic, gradé de surcroît, qui se pointe tout seul au domicile de sa copine, qui lui remet une enveloppe et qui attend qu’on lui serve un café !

– J’ai dû attraper froid, reprend-il. Hier j’ai eu une journée de folie, vous avez dû écouter les informations je pense. J’ai dû faire un aller-retour jusqu’à Vierzon pour interroger un connard qui était en contact avec le réseau. On n’a pas retrouvé la came et il y a au moins un type qui est toujours dans la nature, ce sont des durs, ils ne sont pas vraiment coopératifs, sauf le peintre, mais lui, son cas est réglé…
– Il va être relâché ? Demandai-je.
– Non ! Apparemment il savait très bien ce qu’il cachait dans les tableaux, il jouait au con en faisant semblant de ne pas savoir mais il n’est pas si con que ça ! Mais bon, il s’agit juste d’un complice occasionnel.

Anna se pince, se demande si elle rêve en écoutant le policier faire le point de l’enquête avec moi !

Nadia apporte un café, un seul, juste pour Lafontaine.

Dring !

Cette fois, ça ne peut être que l’emmerdeuse.

– Planquez-vous tous dans la cuisine, pas le temps de vous raconter. Laurent vous êtes armé ?
– Oui !
– Soyez prêt à intervenir, on ne sait jamais.

Et tout ce petit monde se cache tandis que je me dirige vers l’œilleton.

Ben non ce n’est pas la mystérieuse inconnue, c’est un bonhomme. Je m’empare de la bombe lacrymo que je garde toujours près de la porte et j’ouvre !

– Toi ! M’écriai-je mais qu’est-ce que tu viens faire ici, et qui t’as donné mon adresse ?

Je viens de reconnaître un de mes anciens clients, un mec qui se ballade toujours avec des sous-vêtements féminins sous ses fringues. Il s’appelle Antonio ou Mattéo, un nom comme ça…

– C’est une coïncidence, je viens pour tout à fait autre chose. Je peux entrer cinq minutes ?
– Juste cinq minutes, j’attends des invités.
– Ça ne prendra même pas cinq minutes, mais dites voir : quelle coïncidence, le monde est petit quand même. Figurez-vous que je suis amateur d’art, et qu’à moins qu’on ne m’ait donné un mauvais renseignement, je me suis laissé dire que vous connaissiez l’adresse d’un peintre.
– L’adresse d’un peintre ?
– Oui Tedesco, ça vous dit quelque chose ?
– Tedesco, oui bien sûr !

Je vais me débarrasser de ce cornichon.

– Vous avez son adresse ? Reprend-il.
– Disons que je sais où il habite, mais pour le moment il est en prison.
– Je sais mais, il va être libéré !
– Il faut vous rendre Place de Clichy…

Pas le temps de finir ! Lafontaine fait irruption dans la pièce son arme de service au poing.

– Police ! Les mains en l’air, vous êtes en état d’arrestation.
– Mais attendez, je n’ai rien fait !
– Les mains en l’air ! J’ai dit, et je ne rigole pas !
– Mais, mais… c’est une erreur…
– Vous êtes sûre que c’est lui ? Demande Lafontaine à Anna-Gaëlle.

A mon tour d’être larguée !

– Il faut que vous m’aidiez à le tenir en respect, je n’ai pas de menottes sur moi, je vais appeler une voiture… mais le temps qu’ils arrivent. Vous avez peut-être une corde, ou du fil électrique, on va l’attacher sur une chaise.
– Je vais hurler, vous n’avez pas le droit, je parie que vous n’êtes même pas en service.
– Ta gueule ! Répond Lafontaine en lui balançant un coup de crosse dans la mâchoire qui l’expédie au sol à moitié sonné.

C’est quand même méchant, s’il n’a pas une dent cassée sur ce coupla, il aura beaucoup de chance, Mattéo. C’est que ce n’est pas un rigolo, Lafontaine :

– Essayez de le relever et installez-le sur une chaise !

Anna y met beaucoup d’ardeur, Nadia et moi on l’aide sans comprendre.

– Un verre d’eau ! Demande Lafontaine.

Un moment, j’ai cru que dans un geste d’humanité, il allait donner à boire à son prisonnier, mais non, il lui balance le contenu du verre en pleine poire.

Mais c’est une brute ce mec ! Et maintenant j’ai plein de flotte sur ma moquette.

– Je pourrais peut-être savoir ce qui se passe ? Demandai-je.
– On va t’expliquer ! Me répond Anna désormais particulièrement remontée

Mais pour l’instant on ne m’explique rien du tout. Lafontaine fait les poches de Mattéo, découvre un petit cran d’arrêt, puis fouille son portefeuille, découvre son identité.

– Je vais à côté passer un coup de fil, surveillez-le bien.

Il revient très vite.

– Putain, j’ai trop mal aux dents, vous n’êtes pas bien de taper comme ça ! Proteste notre prisonnier.
– Vous auriez un analgésique ? me demande Lafontaine.
– Je dois avoir ça !
– On t’en donnera un si t’es sage, mais avant tu vas me dire…
– Dring (c’est le portable de Lafontaine)
– Allô ! Ah, déjà ! Donc connu mais non recherché, d’accord merci ! (il raccroche) Je disais donc je veux savoir ce que tu fabriquais le samedi 29 octobre entre 21 heures et minuit.
– Je peux savoir de quoi on m’accuse !
– Du meurtre de l’abbé Laroche Garaudy

Oups !

Et si moi, je ne saisis toujours pas, Mattéo lui, comprend qu’il est embarqué dans une sale affaire… Mais il va lui faire une sacrée surprise au flic !

– J’ai été bouffé une pizza avec une nana chez Raoul, avenue de la Porte de Champerret.
– T’as payé comment ?
– En espèces, mais le patron me connaît, il pourra vous confirmer.
– On vérifiera ! Et ensuite ?
– Ensuite on est allé chez moi !
– Et évidement le seul témoin c’est cette fameuse nana.
– Non, on a croisé une vieille voisine dans l’escalier, c’est une fouine, toujours à regarder ce que font les autres.
– Elle est repartie quand ta copine ?
– Vers minuit, une heure, je ne sais plus.
– On va vérifier tout ça ! T’as intérêt à ce que ton alibi tienne, parce que je vais te proposer un marché.
– Un marché de quoi ? Vous vérifiez l’alibi, vous verrez qu’il est bon et vous me libérez !
– Depuis quand libère-t-on les trafiquants de drogue ?
– C’est quoi ce délire, je ne trafique rien du tout !
– Bon, alors on va mettre les points sur les i ! C’était, quel jour déjà, madame ?
– Le 2 octobre, un mardi, répond Anna !
– Poursuivez, dites ce qui s’est passé.
– Ce jour-là, ce monsieur s’est présenté dans ma galerie et a demandé après un tableau. Le même tableau que celui que Monsieur Barbizier était venu chercher la veille avant de se faire embarquer. Ce monsieur m’a dit aussi qu’il connaissait Barbizier. Ces faits ont aussitôt été signalés auprès de l’inspecteur Couillard, de la brigade des stupéfiants.

A ben voilà, je comprends mieux !

– Vous reconnaissez les faits Mattéo ?
– Pas du tout, vous confondez avec quelqu’un d’autre !
– OK. La galerie est sous vidéo surveillance ! Bluffa-t-il. Vous attendez qu’on retrouve l’enregistrement ou vous avouez tout de suite ?
– Oui, c’est possible, j’ai des pertes de mémoire en ce moment, mais je ne connais pas de Barbizier !
– Mattéo, la vidéo surveillance enregistre aussi les sons !
– Ben dans ce cas puisque vous savez tout… Mais je ne trafique pas de drogue, on m’avait juste demandé de vérifier si Barbizier était passé à la galerie, j’ignorais qu’il y avait un trafic derrière !
– Dans le cas où le tableau se serait encore trouvé à la galerie, tu devais faire quoi ?

Mattéo ne trouve rien d’intelligent à répondre !

– Le stocker avec les autres ? Je suppose ? Bon je t’ai parlé d’un marché, il est simple : je suis persuadé que ton rôle est mineur dans cette affaire, mais ça n’empêchera pas les juges de te condamner, ils ont la main lourde dans ce genre d’affaires. Alors, si tu me dis où est planquée la came, je te libère. Tout à l’heure je n’ai pas appelé de voiture de police, j’ai simplement appelé pour savoir si tu étais recherché. Je te donne cinq minutes pas une de plus, au bout de ce temps j’appelle une bagnole pour qu’on t’embarque.
– Et si c’est un marché de dupe ?
– C’est un risque à prendre ! Tu as bien vu que je n’ai pas appelé de voiture, elle serait déjà là !
– Ça ne prouve rien !
– C’est vrai !
– J’ai trop mal aux dents, comment voulez-vous que je réfléchisse.
– Donnez-lui l’analgésique !

Mattéo est dans le vague, Lafontaine regarde sa montre, je ne dis rien, les deux autres filles non plus, la tension est à son comble.

– Donnez-moi cinq minutes de plus ! Supplie Mattéo.
– Trois, ça suffira !

Le temps de faire cuire un œuf à la coque !

Mattéo est pris de vertige, s’il n’était pas tombé sur ce flic suite à une incroyable malchance et si vraiment Zimmerman et Barbizier étaient condamnés à une longue peine, il n’aurait sans doute pas touché aux sacs de poudre de d’Albina. Trop dangereux ! A partir d’un client, n’importe qui est en mesure de le retrouver et le trucider. Donc la perte de la came, il s’en fiche, ce qu’il craint c’est le piège, il ne lui reste pas assez de temps, il joue son destin à pile ou face.

– Vous avez gagné, c’est la clé jaune !
– Et l’adresse ?

Il lui donne.

– OK, je tiendrai parole, mais à condition que tu ne m’aies pas raconté de conneries. Je passe un coup de fil à côté et je reviens.

On attend. Encore le silence.

– Voilà, on va venir te chercher et tu vas passer la nuit au poste
– Salaud, vous m’aviez promis…
– Ta gueule, je vais tenir ma promesse. Mais il faut bien qu’on te garde sous la main pendant qu’on fait les vérifs. Demain matin, je te ferai signer une déposition dans laquelle tu confirmeras ton alibi. J’enquête uniquement sur le meurtre du curé. La drogue c’est entre nous, tu n’en parles pas, ça te retomberait sur la gueule. Mais j’irai vérifier ! Rien à ajouter ?
– Non !
– Détachez-le !
– Je peux lui poser une question ? Intervient Anna.
– Je vous en prie.
– Une nana est venue avant-hier à ma galerie, elle m’a embobiné pour avoir l’adresse du peintre. Comme je ne la connais pas, elle m’a demandé de l’orienter vers des gens qui auraient ses coordonnées. C’est votre complice ?
– Pas du tout !
– Alors qui t’a donné MON adresse ? Demandai-je à mon tour à Mattéo.
– Oui, bon, j’ai envoyé ma copine aux renseignements !
– Et pourquoi avais tu besoin de l’adresse du peintre ?

Mattéo se rend compte alors qu’il lui faudrait tout raconter y compris le démontage des tableaux avec Zimmerman et la crainte de ce dernier de s’être fait doubler,

– Zimmerman avait peur que le peintre n’aies pas planqué tous les sacs, il a donc troué tous les tableaux. Il m’avait demandé de contacter le peintre pour qu’il les restaure.

Lafontaine se contenta de cette explication.

Trois poulets (dont une poulette) ne tardent pas arriver…

– Voilà, vous m’embarquez ce gars-là, ne le bousculez pas, je ne crois pas qu’il ait grand-chose à se reprocher, mais je ne peux pas le remettre en liberté avant d’avoir vérifié quelques bricoles. Ne le menottez pas, c’est inutile.

J’aurais décidément tout vu, tout entendu !

– Il a pris un coup ! Remarque l’un des poulets.
– C’est moi, je lui ai balancé une baffe, j’y ai été un peu fort, si besoin accompagnez le aux urgences.
– Vous allez vraiment remettre ce mec en liberté ? S’étonne Anna.
– Zimmerman et Barbizier finiront par apprendre que la came a été retrouvée, ils comprendront facilement que Mattéo s’est mis à table. De leurs cellules, ils peuvent engager un tueur pour le supprimer. Si Mattéo n’est pas trop con, il le comprendra, et au cas où il ne le comprendrait pas, je vais me charger de lui dire. Il ne lui restera donc qu’une solution, s’expatrier quelque part en Amérique Latine. Vous n’entendrez plus parler de lui ! Pouh ! J’ai un de ces coups de barre, moi !
– Un autre café ?
– Volontiers
– Ah, Evidemment mesdames, je compte sur votre discrétion, je compte m’attribuer le bénéfice complet de cette opération, c’est moi qui ferait inculper Barbizier et Zimmerman d’assassinat. Autant laisser Couillard patauger dans la choucroute avec ses histoires de tableaux. Donc ce qui s’est passé ce soir ici n’a jamais eu lieu ! On est bien d’accord ?

Il nous regarde toutes les trois avec des yeux libidineux, je suis sûre qu’il rêve d’une séance comme avant-hier, mais j’ignore s’il en a le budget et la présence d’Anna qui ne se décide pas à partir le gêne.

– Est-ce que je peux me permettre de repasser demain soir pour vous mettre au courant des derniers développements de cette affaire ?

« Ben voyons ! » Mais je ne vais pas lui dire non.

Il s’en va !

– Quelle histoire ! Dit alors Anna dans un grand élan d’originalité.
– Tu as tout compris ? Tu n’as pas des questions à me poser ?
– Si, mais disons que je te les poserai… en temps utile
– Autrement dit, tu me chasses ?
– Ne sois pas lourde !

Dring !

Mon téléphone à présent !

C’est Nancini, il est rentré à Paris, veut me livrer des fleurs et désire auparavant savoir si je suis chez moi ! Je l’avais complètement oublié celui-ci ! Des fleurs pour quoi faire ? Mais il ne poursuit pas la conversation.

– Bon à demain peut-être ou peut-être pas on verra bien ! Me dit Anna en partant. Elle omet, volontairement je suppose, de saluer Nadia.

Et bien quelle soirée ! Me voilà enfin seule avec Nadia. On se regarde, on ne sait plus trop quoi se dire ! On sonne ! Les fleurs, je suppose à moins que ce soit encore un casse-pieds !

Œilleton

Ce sont les fleurs ! J’ouvre ! Et derrière les fleurs il y a deveniez qui ? Nancini en personne, Félicia son épouse et Anna qu’ils ont dû croiser au pied de l’immeuble et qui revient ! Au secours !

– Puisque vous êtes chez vous, nous nous sommes dit, Félicia et moi que plutôt de faire livrer les fleurs, autant vous les apporter nous-mêmes. Et puis constatez comme le hasard fait bien les choses, nous avons rencontré Mademoiselle Anna au pied de votre immeuble, nous l’avons donc invitée à venir dîner avec nous. Cette invitation vaut pour vous également, cela va de soi. Tenez prenez les fleurs, on se fait la bise ?

Je lui fais un bisou de politesse ainsi qu’à Félicia. C’est quoi cette invasion ? Je n’ai pas envie de bouffer avec Nancini, ni avec Anna. J’ai envie qu’on me foute la paix et de passer la soirée tranquille avec Nadia, peut-être notre dernière soirée avant longtemps.

Le bruit de la chasse d’eau ! Nancini vient de comprendre que je n’étais pas seule. Il en est visiblement contrarié. Je le soupçonne fortement d’avoir, lui et sa ravissante épouse un plan partouze. Et bien tant pis pour lui, il repartira la bite sous le bras !

Nadia se pointe.

– Bonjour M’sieu’dames ! Il me semble vous avoir déjà vu quelque part ! Dit-elle à l’adresse de Nancini.

Me voilà obligée de faire les présentations.

– Ah, monsieur Nancini, mais bien sûr, nous nous sommes rencontrés une fois.

Ce dernier écarquille les yeux, je me marre.

– Bernadette Harnoncourt ! Vous ne vous souvenez pas, l’émission bidon enregistrée sur Radio-Tradition, au cours de laquelle je vous interviewais à la place de Tedesco ?
– Oui bien sûr ! Mais vous n’êtes pas Bernadette Harnoncourt !
– Vous ne reconnaissez pas ma voix ?
– Mais je ne comprends pas, vous avez complètement changé de look.
– Et même de prénom, maintenant je suis Nadia !

Il la regarde des pieds jusqu’à la tête !

– D’accord, je pense avoir compris !

Il a compris quoi ? J’arrive à m’immiscer dans cette très intéressante conversation car il y a des choses que j’aimerais quand même bien savoir.

– Monsieur Nancini, juste une question… Je ne vous ai jamais communiqué mon adresse, qui vous l’a donnée ?

Il rougit comme une tomate prise en faute.

– Je ne me souviens plus, elle était dans mon carnet d’adresses… Ce n’est pas vous, mademoiselle Anna ?
– Ah, non ! Répond-elle avec force. Vous me l’aviez demandée et j’ai refusé de vous la donner. Je ne donne pas l’adresse de mes copines à n’importe qui.

J’éclate d’un rire nerveux. Anna me foudroie du regard.

– A ben je ne vois pas, mais qu’elle importance ? Balbutie Nancini.
– L’importance c’est que j’ai une vie privée, que cette vie privée, je la protège, que j’ai de bonnes raisons de le faire et je ne supporte pas qu’on vienne fouiner dans mes affaires sans ma permission. M’emportai-je.
– Je suis désolé, mais…
– Alors puisque vous n’êtes pas foutu de répondre à une question aussi simple…
– Mais…
– Quoi « mais » ? Vous allez me répondre ?
– Je… je…
– Mais pourquoi tu ne lui dis pas ! Intervient Félicia.
– Mais je n’en sais rien ! Persiste Nancini.
– Tu dois bien te rappeler qui t’as donné cette adresse ? Insiste sa compagne.
– Non…
– Bon, alors d’accord, reprenez vos fleurs et foutez le camp de chez moi. Immédiatement.

Il ne bouge pas !

Je hurle :

– J’ai dit : « foutez le camp de chez moi. Immédiatement ! »
– Bon viens, on y va, lui dit Félicia en le tirant par le bras.

Félicia ouvre la porte, toujours agrippée à la veste de Nancini. Anna s’apprête à les suivre. Ils ont l’air malins ces trois-là !

Et soudain Nancini se dégage, se retourne reviens vers moi et… Non, réveillez moi, je rêve, il se met à genoux devant moi !

Bon, fait arrêter le délire, on est dans la vrai vie en ce moment, pas dans un donjon. J’attrape ma bonde de lacrymo, me fait menaçante :

– Dégage ou je te gaze !
– Je vais vous dire pour l’adresse, et après je disparais.
– J’écoute ! Attends une seconde, Nadia ne laisse pas la porte ouverte. Allez vas-y, accouche !
– Quand je vous ai vue pour la première fois à la galerie, j’ai eu comme un coup de foudre, comme vous aviez repoussé mes avances, je vous ai suivie. Voilà, c’est tout, je ne pensais pas avoir commis un crime. Parfois les hommes ne contrôlent plus leurs réactions quand ils sont amoureux, j’étais amoureux de vous. Oh, je me suis vite raisonné, mais n’empêche, l’espace de quelques jours j’étais réellement amoureux.

Bizarrement ma colère est retombée d’un coup, je pensais avoir affaire à je ne sais quelle manigance machiavélique alors qu’il ne s’agissait que d’un stupide comportement amoureux.

Je ne suis pas assez vache, alors, pour le laisser partir ainsi blessé dans son amour-propre et humilié.

– Allez relève toi et viens t’asseoir, tu es pardonné, tu veux un whisky ?

Il n’en revient pas, Nancini, il se relève, m’étreint, sa voix chevrote, il a la larme à l’œil.

– Merci Christine, merci !

Il s’assoit, du coup, Félicia et Anna qui étaient toujours « dans les starting-blocks » en font de même.

Je sers d’office du whisky à tout le monde, tant pis pour ceux qui n’aiment pas et je ne sors pas de grignotages apéritifs. Je n’ai pas envie que ça s’éternise.

– Je suis ravi que ce malentendu soit dissipé, commence Nancini.
– N’en parlons plus.
– Vous avez raison, parlons d’autre chose, j’ai hâte de savoir pour la transformation de Bernadette, mais nous serons bien mieux autour d’une bonne table, mademoiselle est aussi notre invitée, cela va de soi !
– Malheureusement, mon amie et moi avions un autre plan, nous sommes invitées à une soirée d’anniversaire. Mentis-je avec assurance.

Le voilà contrarié, mais l’homme ne manque ni de ressources, ni de culot.

– Qu’à cela ne tienne, reportons à demain, nous n’avons rien de prévu, Félicia ?
– Non je ne crois pas !

D’ici demain, je trouverai bien un prétexte pour me défiler.

Nancini prend congé en me faisant un gros bisou sur la joue, Félicia m’en fait un qu’on va qualifier « de politesse ». Et Anna nous gratifie d’un « tchao » à peine audible.

Enfin seules ?

– Tu reveux un whisky ?
– On va être pompette !
– Mais non !

Drinnng !

La sonnette de l’entrée ! Mais ce n’est pas vrai ! Qui ça va être cette fois ?

Œilleton.

La voisine ! Un verre vide dans la main.

– Vous n’auriez pas un peu de farine, c’est pour faire cuire mon poisson, je croyais en avoir un paquet d’avance…
– D’accord, d’accord !

Je lui refile sa farine, lui claque pratiquement la porte au nez, et reviens écluser mon whisky.

– J’en ai marre ! Mais marre, plus que marre ! Soupirai-je.

Nadia ne dit rien, elle compatit.

– On prend une douche ? Proposai-je.

La proposition n’avait en ce qui me concerne rien de forcement érotique, mais que voulez-vous, quand nous nous sommes retrouvées, à poil toutes les deux l’une devant l’autre, c’est presque par réflexe que nous sommes mutuellement savonné les seins.

On se pelote, on se caresse aussi mais c’est purement sentimental, une peau mouillée perd considérablement en douceur et la mousse est trompeuse. En revanche on ne s’embrasse pas. Il me semble bien, mais je peux me tromper avoir des vu des photos ou des films dans lesquels des gens se lèchent et se bécotent dans le bain ou sous la douche alors qu’ils sont recouvert de mousse. Je ne sais pas comment ils font, mais moi je ne peux pas, le savon a une bonne odeur, mais je n’en veux pas dans ma bouche !

L’eau qui coule me fait monter l’envie de pisser. J’arrête l’eau.

– Qu’est-ce que tu fais ? Me demande-t-elle.
– J’ai envie de pipi !
– Oui mais pourquoi arrêter l’eau ?
– Assis-toi, tu vas comprendre tout de suite !
– Tu ne vas pas m’uriner dessus quand même ! Fait-elle mine de protester !
– Pourquoi, c’est défendu ?
– Non, je ne crois pas que ce soit défendu ! Dit-elle.

Elle ne s’assied pas, elle préfère s’accroupir, mais se prête au jeu.

Je lui pisse dessus, dans la position qu’elle a adoptée, j’ai du mal à éviter le visage, mais ça n’a pas l’air de la déranger, elle rigole en fermant les yeux, c’est un jeu, ça m’amuse. J’ai toujours été très joueuse.

– Tu peux rouvrir les yeux c’est fini !

J’écarte alors ma chatte devant son nez.

– Un petit nettoyage, ça te dit ?

En guise de réponse, la voilà qui me lape, c’est amusant ce qu’elle me fait, on croirait un bon gros matou se régalant d’une écuelle de lait !

J’ai une furieuse envie de jouir, ça me ferait un bien énorme après toutes ces péripéties à tiroirs. Il faudrait seulement qu’elle s’y prenne un peu autrement.

– Plus haut la langue.

Ça va, elle a compris, je me plaque le dos et les fesses contre la paroi de la cabine afin de stabiliser ma position. Sa langue est sur mon clitoris, je ressens déjà des ondes de plaisir, ça risque d’être fulgurant. Ce fut fulgurant.

Elle se relève toute fière, on s’embrasse.

– On…

Elle finit sa phrase par un curieux geste des mains par lequel elle m’indique qu’on pourrait à présent inverser les rôles !

Message reçu ! Je m’accroupis.

– Pipi ?

Non, elle n’a pas envie ! Juste une goutte ? Elle essaie, n’y arrive pas. Aucune importance, à moi de lui brouter le minou. Ce n’est pas une corvée, j’ai toujours adoré lécher des chattes, surtout quand elles sont bien humides. Et en l’occurrence la sienne est trempée comme une soupe et l’eau de la douche n’y est pour rien ! La voilà qui gémit. Déjà ? J’ai le choix entre continuer crescendo et lui offrir un orgasme aussi fulgurant que le mien. Ou alors je fais durer le plaisir. J’opte pour ce second choix, et vais pour me relever afin de m’occuper un peu de ses jolis tétons.

– Non, ne t’arrête pas continue !

Dans ce cas…

Ma langue s’agite autour de son clitounet, le balaie, l’enveloppe, l’asticote sous ses gémissements de plus en plus bruyants. La voilà qui hurle, la voilà qui a jouit, la voilà qui se redresse, la voilà qui m’embrasse avec du bonheur dans les yeux.

Un partout, la balle au centre !

– On descend manger au restaurant ?

Me rhabiller, me maquiller, non franchement j’ai la flemme.

– Une autre fois, il y a de quoi grignoter ici !
– T’as du champagne ?
– Je crois bien qu’il ne m’en reste plus.
– Alors, je descends en chercher.

Brave fille !

à suivre

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) mars 2013. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.

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6 réponses à Chanette 19 : Trafics (roman) 13 – Soirée mouvementée par Chanette

  1. Badedith dit :

    Un tranche de vie érotique bien émoustillante, je vais m’attaquer au récit complet… dans l’ordre.

  2. Darrigade dit :

    Bien humide comme j’adore.

  3. sapristi dit :

    Tout ce qu’on aime bien dans ce chapitre (enfin presque). Quel talent cette Chanette.

  4. Muller dit :

    Un épisode lesbos et humide de toute beauté. On se régale

  5. Soleno dit :

    C’es très chaud et c’est très humide, donc c’est bon, bravo Chanette

  6. Kiroukou dit :

    Toutes ces allées et venues sont assez amusantes. Un seul passage chaud agréable mais redondant. Une petite baisse d’intensité même si on reste à un bon niveau.

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