3 – L’horrible Monsieur Roger
Vendredi
Roger eut soudain une idée qui lui parut géniale, puisque Bertrand semblait sérieusement amouraché de cette Chanette, pourquoi ne pas s’arranger pour les empêcher de se voir ? Il lui fallait un plan, il en trouva un, pas extraordinaire, mais il se dit qu’une prostituée ne pouvant avoir qu’un coefficient intellectuel ridicule, ça devrait coller.
J’étais ce jour-là en pleine séance quand la sonnette retentit ! Il y en a qui n’ont aucune notion des horaires et qui se pointe une demi-heure à l’avance ! Mais bon, je ne vais pas le laisser dehors, je vais ouvrir.
Je n’ai jamais vu le type qui est devant moi, le pauvre n’est pas spécialement gâté par la nature, le visage est comme on dit aujourd’hui « un peu difficile » et enlaidi par deux grosses verrues sur le front ! Verrues sur le front ! Voici qui me rappelle quelque chose…
– Vous aviez rendez-vous ? Finis-je par demander
– Inspecteur Javert, police judiciaire ! Me répond Quasimodo en m’exhibant sans que je puisse avoir le temps d’en voir les détails, une carte barrée de tricolore.
Oh ! Là là ! Ça sent l’embrouille ! Selon toute vraisemblance, le gars ressemble à la description que m’a faite Bertrand de ce Monsieur Roger ! Mais il ne m’a jamais dit qu’il était inspecteur de police. Si c’est bien lui, l’un des deux ment. Je trouve par ailleurs bizarre qu’un inspecteur se présente seul, ce qui est contraire à tous les usages. Je pourrais choisir de faire de l’obstruction, mais je préfère pour l’instant entrer dans son jeu.
– Je ne peux pas vous recevoir pour l’instant, je suis occupée.
– Ce ne sera pas long…
– Désolée.
– Dans ce cas tant pis, je venais juste vous faire une mise en garde !
Merde, je voudrais bien savoir quand même ! Mais comment lui expliquer que j’ai un client suspendu par les pieds, et qu’il m’est impossible de le laisser comme ça !
– Bon, accordez moi cinq minutes, pas une de plus et je suis à vous !
Il accepte, je le fous dans la salle d’attente et vais soulager mon soumis de son inconfortable position en lui demandant de m’attendre bien sagement à genoux.
– Bon je vous écoute !
L’homme sort de sa poche une photo, celle de Bertrand.
– Vous le connaissez, n’est-ce pas ?
Ce mec est un pro, il a dû interpréter les réactions de mon visage.
– Peut-être !
– Donc je voulais que vous sachiez que nous soupçonnions cet individu de l’assassinat de trois prostituées, il s’agit d’un très dangereux serial killer ! Aussi pour votre sécurité, je voudrais vous conseiller de ne plus le revoir.
– Un tueur en liberté, et vous ne l’arrêtez pas ?
– Nous n’avons aucune preuve, madame, il a été appréhendé suite au dernier meurtre, mais il avait un alibi en béton et l’examen de l’ADN n’a rien donné.
– Bien, et bien merci de m’avoir prévenue !
– Vous allez faire quoi ? Me demande-t-il.
– Et bien je vais suivre vos conseils, s’il me téléphone, je lui dirais que je n’ai plus convenance à l’avoir comme client.
– Je compte sur vous. Je vous laisse, au revoir Madame.
Il s’en va ! J’essaierais de démêler tout ça quand j’aurais cinq minutes, mais pour l’instant, j’ai du boulot, c’est que j’ai un métier, moi !
En fait, la visite de cet olibrius m’a travaillé toute l’après-midi, la première chose que je fais en rentrant chez moi, c’est de rechercher sur Internet une information sur ce nouveau Jack l’éventreur qui aurait récemment trucidé trois collègues. Comme je le pressentais, je ne trouve rien. Mais il est vrai aussi que toutes les affaires criminelles ne sont pas médiatisées. Je téléphone à la police judiciaire, leur demande s’ils ont un Javert chez eux, et me fait rabrouer sèchement. Ce faux Javert (quelle référence ! Comme dirait quelqu’un « j’ai pas lu le livre, mais j’ai vu le film ») est en fait en train de régler ses comptes avec Bertrand et joue à un jeu dont j’ignore les règles. Son histoire et sa démarche n’ont aucun sens, ce mec m’a carrément prise pour une conne. Ma première réaction a été de me dire que j’en ai rien à foutre des problèmes de ces deux types et que ma sécurité passerait sans doute par l’abandon de tout contact avec eux. Puis en réfléchissant, je me suis dit que j’étais injuste avec Bertrand en le mettant à égalité avec ce faux flic… à moins que tout cela soit encore plus compliqué… je ne sais pas quoi décider.
Lundi
Roger s’est levé de bonne heure et s’apprête à gagner son bureau, enrage de ne pas savoir si sa visite à Chanette aura porté ses fruits. Comment savoir ? Demander à ses collaborateurs de remettre une caméra lui semble délicat, il n’est pas obligé de tout leur dire, mais ils vont se poser des questions ! Non s’il veut « jouir » de son résultat, il faut qu’il piste Bertrand. Il téléphone à sa boite invoquant d’importants événements familiaux qui l’obligent à prolonger ses vacances.
Une semaine à faire le guet, mais il estime que le jeu en vaut la chandelle.
Vers 10 heures, Bertrand sort de chez lui, il est en tenu de ville et tient une serviette à la main, Roger sort de sa voiture, et le file à pied et en métro. Il le voit ensuite entrer dans un établissement de crédit, la Banque de la Seine dans lequel il reste une bonne heure !
« Un entretien d’embauche » se dit Roger, et si je lui faisais la même vacherie que la dernière fois, juste pour l’emmerder un peu plus. En fait il en meurt d’envie… Demain matin à l’aube il déposera la petite enveloppe dans leur boite !
Mardi
– Euh, on a reçu ça, c’est pour qui ? Demande un cadre de la Banque de la Seine.
– J’en sais rien, on n’a embauché personne ! C’est une erreur d’adresse, faite suivre ça aux ressources humaines…
– C’est curieux comme méthode, tout de même !
– Oui c’est la première fois que je vois un truc pareil, d’habitude ça se dit oralement ces choses-là !
– C’est drôle, quand même, j’ai l’impression d’avoir vu cette tête là quelque part. Comment il s’appelle ?
– Boulanger, Bertrand Boulanger !
– Ça aussi ça me dit quelque chose…
Et puis le déclic :
– Mais c’est un mec à qui j’ai ouvert un compte hier matin !
– Il voulait se faire embaucher ?
– Mais non, pas le moins du monde !
– J’ai l’impression qu’il y a un mec qui s’amuse au Crédit du Sud.
– On les prévient ?
– Ça me parait correct !
– Monsieur Cartier, je pense que vous serez intéressé par ce fax ! Indiqua Simon avec un curieux sourire.
Cartier incrédule lu rapidement tout ça, découvrit la signature, stupéfait.
– Il est devenu fou, Roger !
– A mon avis, il a un problème personnel avec Boulanger ! Il a décidé de le faire chier, et il outrepasse ses droits !
– Ça pour outrepasser, il outrepasse ! Pour qui il se prend ce poulet ? Il est où d’abord ?
– En vacances, il parait qu’il a des affaires de famille à régler.
– Bon, on le vire !
– On le vire ? Vous ne juriez pourtant que par ses capacités…
– Simon, je sais ce que je fais. Nous ne pouvons conserver un collaborateur qui commet de tels écarts ! Donc, on le vire ! Révocation et menace de dépôt de plainte s’il continue ses conneries. Je voudrais que ce soit bouclé pour ce soir !
– OK ! Je pense à Bertrand, Roger l’a complètement chargé. Si ça se trouve, on a viré Boulanger, alors qu’il ne le méritait pas. C’est si facile de manipuler l’horodatage d’une photo.
– C’est possible en effet !
– On pourrait peut-être le reprendre ?
– Reprendre quoi ?
– Ben, Boulanger !
– Vous rêvez, Simon, on ne va tout de même pas se déjuger…
Jeudi
Roger suit Bertrand, le métro le conduit à la station « Trinité », non loin de chez Chanette, il commence à baliser quand il le voit prendre la rue Blanche, il est persuadé qu’il va chez elle. Il lui reste l’espoir qu’ayant essuyé un refus par téléphone, il tente sa chance en se pointant comme ça ! Il le saura bientôt, il le voit franchir le porche, il attend, au bout d’un quart d’heure, il n’est pas redescendu. Il n’a donc pas été éconduit. Son stratagème n’a donc pas fonctionné ! Mais pourquoi donc ? Quelque chose lui échappe.
J’ouvre à Bertrand ! Je ne lui ai rien dit quand il a pris rendez-vous, je compte sur l’effet de surprise et ne prendrais une décision que quand les derniers doutes seront levés. Et même si je ne crois pas une seconde à la version de Roger, j’ai une bombe lacrymo dans la poche de mon kimono.
– Te déshabille pas, il faut d’abord qu’on cause… (Et je lui raconte la venue de Roger, je me limite aux faits et me garde bien de lui faire part de mes propres conclusions)
Il a l’air sonné !
– Je ne vois qu’une solution, c’est qu’on cesse de se voir quelque temps, il y va de votre sécurité ! Finit-il par balbutier.
Voilà une réponse qui me rassure et qui me touche.
– Donne-moi le prénom de ce Monsieur Roger
– Jean-Luc.
– OK ! Déshabille-toi j’arrive !
– Euh, du coup je n’ai plus trop envie de faire une séance, le fait qu’on ne se verra plus pendant je ne sais combien de temps, ça me démotive.
Oui, mais c’est que moi, je veux savoir…
– Je te propose un truc, je t’attache sans rien te faire, tu changeras peut-être d’avis, et si on ne fait rien, tu ne me payes pas bien sûr.
– Non, Chanette, je ne changerais pas d’avis, je ne veux pas jouer avec votre sécurité !
– Pour l’instant je ne suis pas en danger !
Je lui fais des yeux de biches, il finit par céder.
– Bon, on va essayer, mais je n’y crois pas une seconde.
Il se déshabille et je le mets en cage. Puis je fonce sur le téléphone :
– Anna, tu as bien un compte au Crédit du Sud ?
– Oui, pourquoi ?
– Tu connais quelqu’un ?
– Un conseiller… c’est un dragueur fou, mais ce n’est pas mon genre.
– OK, alors tu vas essayer de te renseigner sur un dénommé Jean-Luc Roger…
– Mais qu’est ce qui se passe ?
– Anna, c’est urgent, et je te promets : je te raconterais tout après… tu peux me faire ça pour quand ?
– Je peux y aller maintenant, c’est à deux pas.
Une demi-heure après elle me rappelait
– C’est un enquêteur interne, ancien flic, tu veux quoi d’autres ? J’ai sa date de naissance, je n’ai pas l’adresse, mais j’ai la photo, le gars me l’a imprimé.
– Décris-moi !
– Une horreur ! L’air vache avec des gros boutons sur le front et sur le nez.
– Anna tu es un amour !
– Tu me racontes alors ?
– Je te rappelle.
Allez savoir pourquoi, je suis heureuse comme tout de savoir que Bertrand ne m’a pas menti. Je vais le libérer en fredonnant !
– Allez sort !
Et je lui pince les tétons, il se dégage.
– Chanette, je suis désolée…
– Bon je n’insiste pas.
– Tu vas faire quelque chose, pour ce mec ?
– Oui, mais pour l’instant je n’ai aucun plan, il faut que je réfléchisse.
– Alors tiens-moi au courant, rien ne t’empêche de me téléphoner. Et quand tu en auras fini avec lui, reviens me voir… rappelle-toi, tu m’avais même dit que tu pourrais te faire accompagner de ton épouse.
– On fait comme ça ! Je peux vous embrasser sur la joue ?
– Mais oui !
Roger rentre chez lui, ouvre sa boite aux lettres, découvre un avis de passage du facteur, il lui faut aller récupérer une lettre recommandée à la poste. N’ayant rien d’autre à faire, il y va, subit une demi-heure de queue et découvre avec stupeur sa notification de révocation. Il ne comprend pas, cherche à joindre Simon, qui est introuvable, il s’énerve s’assoit sur un banc public et arrive une heure après à contacter son correspondant.
Les mots sont très secs, le ton est cassant. Une allusion à la lettre qu’il a adressée à la Banque de la Seine, puis « si vous n’êtes pas content, il y a les prud’hommes ! » et ça coupe.
Journée de merde ! Que va-t-il devenir maintenant ? Plus rien à ronger ! Il est conscient d’avoir commis des imprudences, à trop jouer avec le feu, on se brûle, mais s’il aurait admis une réprimande même sévère, il ne supporte pas de s’être fait jeter comme le dernier des malpropres. Et puis cette Chanette qui ne l’a pas cru, il la déteste. Et s’il la tuait ? Un meurtre de prostituée, ça ne coûte pas grand-chose, et puis il faudrait qu’on sache que c’est lui. Il n’a pas travaillé dans la police pour rien, il sait comment faire… Et puis il se dit qu’il y a encore mieux à faire, il ne va pas la tuer, il va la défigurer, c’est moins puni, et pour elle ce sera pire, ne pouvant plus travailler, elle va finir clocharde, mourir dans la misère ! Ah, ah, ah ! Demain, il mettra son plan à exécution !
Vendredi
Roger téléphone d’une cabine pour prendre rendez-vous : il tombe sur un répondeur :
« Vous êtes bien chez maîtresse Chanette… Je vous rappellerais au plus tard demain avant 10 heures pour fixer un rendez-vous. Attention si vous avez masqué votre numéro, je ne pourrais pas le faire. Après le bip confirmez votre demande de rendez-vous. A bientôt. »
– « Merde, se dit Roger, il va falloir faire autrement… » Cette salope devait être bien conseillée, en cas d’agression, il suffisait de se référer aux numéros enregistres. Mais on ne la fait pas comme ça, à Roger, il sait déjà comment contourner l’obstacle.
Lundi
Avec un portable trafiqué acheté aux puces, Roger réitérât sa demande de rendez-vous.
– Allô, c’est maîtresse Chanette, vous pouvez parler librement ?
– Oui ! On ne se connaît pas je crois !
– J’ai lu l’annonce !
– Parfait, j’ai un trou à 16 heures, cet après-midi, ça vous irait !
– Parfaitement !
– Dites-moi votre prénom ou un pseudo !
– Euh ! Michel !
Je raccroche, il m’a l’air bizarre, celui-là, mais bon, on fera avec, j’en ai mon lot de mecs bizarres. Le nouveau système que j’ai instauré me permet d’éliminer la quasi-totalité des fantasmeurs qui ne téléphonent que pour s’exciter sans la moindre envie d’aller plus loin !
Roger est bien placé pour connaître la valeur et l’importance que peuvent avoir les témoignages dans les affaires criminelles. Il a donc acheté une espèce de blouson tout blanc assortie d’une capuche, ainsi qu’un sac à dos. Il s’est chaussé de lunettes noires et une fois sorti du métro, il se met à claudiquer de façon ostensible. Si on en vient à interroger d’éventuels témoins après son forfait, ceux-ci seront unanimes à décrire un vieux loubard boiteux ! Dans l’escalier, sur le semi-palier menant au premier étage, il range tout ce déguisement dans le sac à dos.
A 16 heures tapantes, on sonne, j’ouvre, et je découvre stupéfaite Roger alias l’inspecteur Javert.
– Bonjour, j’ai rendez-vous à 16 heures ! Me dit-il.
C’est que, voilà, je n’ai pas du tout envie de « faire » ce type-là. Son attitude de la dernière fois, plus tout ce que m’a raconté Bertrand m’a refroidi. J’applique donc le scénario prévu dans ces cas-là !
– C’est qu’il y a un problème, on va être obligé de remettre, j’ai un contretemps, je vais devoir partir. Je voulais vous prévenir mais j’ai oublié d’enregistrer votre numéro.
L’autre en face parait, très, mais vraiment très contrarié.
– Je fais quoi, alors ?
– Vous retéléphonez pour prendre rendez-vous !
– On ne peut pas le fixer tout de suite !
– Vendredi, si vous voulez à 14 heures,
– Pas avant ?
– Non, je serais en province, redonnez-moi votre numéro, s’il y a un souci, je vous rappellerais.
Le type semble hésiter.
– Euh, vous êtes seule, je ne peux pas rentrer cinq minutes ? Je voudrais vous dire quelque chose…
Bon dieu, mais pourquoi me demande-t-il si je suis seule ?
– Non, je ne suis pas seule ! Bon on fait comme on a dit ?
– D’accord, finit-il par dire, en tournant les talons et sans me dire au revoir !
Et voilà, vendredi, je l’appellerai, et je lui expliquerai qu’en raison d’événements personnels importants, j’ai décidé de limiter mes prestations à quelques clients réguliers… Et que par conséquent, il ne lui servirait à rien d’essayer de me recontacter… Jusqu’à présent ce genre d’excuse que l’autre soit dupe ou non, a toujours bien fonctionné.
Mardi
En arrivant au studio, je fais défiler mon répondeur. J’ai un message de Bertrand, il me dit qu’il a contacté un détective privé qui l’a dirigé vers une personne susceptible de régler ce genre de choses, mais qu’il n’a pas donné suite. Je le rappelle, il m’en parle un peu, me demande mon avis. Il semble hésiter, c’est très cher et pas vraiment garanti, alors je parle d’autre chose
– Je ne te manque pas trop ?
– Oh, si !
– Ben viens !
– Je ne veux pas vous faire courir de risque, Chanette !
– Que tu viennes ou pas, les risques, ils sont là, puisqu’il revient m’emmerder.
J’ai fait mouche. Puis j’entends une voix de femme dans le lointain qui semble prononcer mon pseudo
– Euh, on parle de moi ?
– C’est ma femme, elle me rappelle qu’on avait émis l’idée d’un rendez-vous à trois !
A priori, je n’aime pas trop « faire » les couples, il m’est arrivé trop souvent de constater que souvent la femme n’acceptait ce genre de séance que pour faire plaisir à monsieur, et une fois sur place, ça n’allait plus du tout, j’ai donc finis par refuser quasiment toutes les propositions de ce genre quand la femme est supposée être une soumise volontaire, surtout si l’homme est dominateur. Mais là, c’est différent, d’abord c’est moi qui ait asticoté Bertrand pour qu’il fasse venir son épouse, et puis elle ne sera pas soumise, mais dominatrice… Malgré tout, je préfère que les choses soient claires :
– Ça t’embêterait de me la passer !
– Vous la passer ? Ah ! Si vous voulez !
– Bonjour, excusez-moi, mais je voudrais qu’il n’y ait aucune ambiguïté, vous savez exactement ce qui va se passer quand on va se retrouver tous les trois ?
– Pas vraiment, non, mais je vais regarder, ça va m’amuser de voir ce que vous lui faite à Bertrand !
– Il vous a dit ce que je lui faisais !
– Oui, ça m’a paru très excitant !
– Et vous allez juste regarder ?
– Ben, si je peux participer un peu, ce serait aussi bien, non ?
– Parfait, alors à bientôt ! Vous me repassez Bertrand, j’ai oublié de lui dire quelque chose.
Alors, je lui raconte la venue de Roger-Javert, je lui explique tout y compris la façon dont j’envisage de m’en débarrasser. Visiblement cette nouvelle le contrarie.
– Bon sang, mais qu’est-ce qu’il cherche ?
– Tu crois que je ne vais pas m’en débarrasser comme çà ?
– Je me demande !
– Ben si tu as un meilleur plan, je t’écoute, il n’est pas question que ce type continue à m’emmerder.
– J’ai peut-être une idée mais faut que j’en cause avec Dolorès, je peux vous rappeler dans un petit moment !
– Non, c’est moi qui te rappelle dans une heure ! Par contre on va prendre rendez-vous pour cette fameuse séance.
Il me fout les boules, ce mec, en me disant que mon plan peut foirer, jusqu’ici, ce genre de truc a toujours parfaitement fonctionné, il est vrai aussi que je n’étais jamais tombé sur un cinglé pareil.
Je m’occupe d’un client pendant une petite heure puis je rappelle Bertrand :
– Alors cette idée géniale ?
– On l’attend en bas de chez vous, on s’explique, et après on monte, et du coup on change le rendez-vous.
– Vous êtes surs de ce que vous allez faire !
– On est jamais sûr à 100%, mais on va essayer de lui faire passer l’envie de nous emmerder…
En raccrochant je me suis demandé pourquoi j’ai accepté ce plan tordu alors que le mien était si simple. En plus il peut très bien rater… Mais le mien aussi ! Un peu marre de tout ça ! Pourquoi est-ce que j’ai choisi de faire confiance à ce Bertrand, que finalement, je ne connais pas plus que ça ? L’intuition féminine ? Tu parles, mon intuition m’a parfois bien rendu service, mais d’autres fois, elle m’a aidé à bien me planter. Mais que voulez-vous, je suis incorrigible !
Ce qu’il me faut c’est un plan B, on ne sait jamais, Bertrand et sa femme peuvent avoir un empêchement de dernière minute. Si alors, le Roger se pointe, il ne faut pas que je sois seule : Solliciter une collègue ? Ou alors pourquoi ne pas demander à Anna-Gaëlle ?
Je l’appelle, lui raconte toute l’histoire…
– Mais pourquoi tu te prends la tête avec des clients aussi compliqués ! Me dit-elle
– T’as pas tout compris, Roger n’est pas mon client, quant à Bertrand, il n’a rien de compliqué, mais Roger n’arrête pas de l’emmerder.
– C’est très clair effectivement, mais ce n’est pas ton problème.
– A part qu’à partir du moment où ce Roger m’emmerde, ça devient aussi mon problème !
– Mwais, pas clair tout ça ! Tu ne serais pas amoureuse un tout petit peu de ce Bertrand, dès fois ?
– Moi, amoureuse d’un client, tu rêves ou quoi ? Par contre je crois qu’il te plairait, tout à fait ton genre d’homme !
– Je n’ai pas de genre d’homme, je suis de plus en plus lesbienne !
– On parie ?
– D’accord on parie, alors qu’est-ce que je devrais faire ?
Vendredi, 13 h 15
Dolorès et Bertrand sont venus en voiture. Ils ont choisies des tenues sportives, jeans, baskets et blousons. La rue dans laquelle j’exerce mes talents n’offre plus aucune place pour se garer. Si Roger vient en métro, il viendra par la gauche, Dolorès s’est mise en planque à l’intersection de la première rue adjacente, et s’il vient par la droite, Bertrand est planqué de l’autre côté, il sera donc coincé. Dès que l’un ou l’autre l’aperçoit, il lève la main faisant signe à l’autre de lui foncer dessus. Ceinturé par deux adversaires, l’explication pourra commencer.
Je suis avec mon soumis, Anna est dans la cuisine. Toujours égale à elle-même, sa courte chevelure blonde platinée, lui dessinant un attendrissant visage d’oiseau craintif, contrastant avec le côté destroy de sa tenue : Jeans troué et pull-over kaki sans doute détendue par un lavage inadéquat.
Le téléphone sonne. Deux minutes plus tard, elle se pointe et me fait signe de m’approcher d’elle :
– Dis donc, il bande bien ton client !
– Qu’est-ce tu crois, je suis une pro !
– Bonnie and Clyde sont arrivés ! M’informe-t-elle
– Très bien, euh, tu restes un petit peu ?
– Comme prévu, t’inquiètes pas pour moi, j’ai apporté un bon bouquin.
A moins 5, toujours pas de Roger, et Dolorès ne fait pas attention à ce lascar encapuchonné qui boite comme un malade…
Par contre, Roger, lui, reconnaît Dolorès… Et il ne comprend pas ! Il est pour lui évident qu’elle est là pour voir Chanette, mais pour quelle raison, puisque ses lettres n’ont pas eu apparemment l’effet escompté ! Et puis il croit trouver, Chanette doit être apparentée à l’un des deux époux Boulanger. En fait, Bertrand a dû retrouver une vieille cousine ou quelqu’un de sa famille ! Voilà qui explique tout : l’indifférence puis l’agacement de Dolorès devant ses lettres, la fin de non-recevoir de Chanette face à sa mise en garde. Planté au milieu du palier en pleines réflexions, il ne sait plus quoi faire, une chose est évidente cependant, il lui devient inutile d’aller bousiller Chanette. Il hésite entre tout laisser tomber ce qui le frustre énormément ou essayer d’en savoir davantage, sa vieille expérience lui soufflant que les choses sont souvent plus complexes qu’elles n’y paraissent. Il préfère cette seconde solution, et dans cette éventualité, remise dans son sac à dos les lunettes et l’anorak. Bon, il lui faut un plan maintenant, il a beau chercher, il ne trouve rien d’intelligent.
14 heures : Pas de coup de fil de Dolorès et Bertrand, mais c’est peut-être normal, ils sont probablement en pleines explications ! Mon client s’est rhabillé, il n’est pas très causant, parfois je me demande ce que certains recherchent en venant me voir, si c’est pour repartir en faisant la gueule !
On sonne. J’ouvre la porte, et stupeur, je découvre Roger sur le palier ! Bon dieu, ça se bouscule dans mon cerveau : Que fait-il là ? Il ne devrait pas être là ! Pourquoi les deux couillons en bas l’ont laissé monter ? Et s’ils étaient complices ? Mais complice pour quoi faire ? Non, c’est débile ! J’en fais quoi ? Le refouler, c’est prendre le risque qu’il ameute tout l’immeuble ! Appliquer le plan B !
– Qu’est-ce que vous faites-là, vous ? Demandais-je presque par réflexe.
– Nous avions rendez-vous ! Répond Roger.
– Entrez !
Il semble hésiter, puis entre.
– Anna, installe monsieur dans la salle d’attente, je reviens de suite.
Il balbutie quelque chose, mais je ne réponds pas. L’important est qu’il sache que je ne suis pas seule. Anna verrouille la salle d’attente tandis que je me précipite à la fenêtre. J’aperçois à droite Bertrand qui fait le pied de grue en scrutant l’horizon, à gauche, une femme fait exactement la même chose. Mais enfin, c’est dingue, comment ces deux abrutis ont-ils pu le laisser passer ? J’appelle Bertrand sur son portable :
– Toujours pas là ! Me répond-il.
– Vous ne l’avez pas laissé passer, j’espère ?
– Impossible ! Répond-il sans faire attention à l’absurdité de la réponse
– Ben non, c’est pas impossible, je ne sais pas comment il est passé, mais il est passé. Vous avez été nuls sur ce coup-là. Je l’ai enfermé dans ma salle d’attente, alors vous allez monter le récupérer, attention, je ne veux aucun esclandre, et après, je ne veux plus en entendre parler.
– Je ne comprends pas…
– Moi non plus, mais montez vite, il y a urgence !
Ils semblent fort surpris de découvrir Anna, et quant à moi, je m’aperçois que Bertrand ne m’avait pas menti sur la beauté de son épouse. Mais, on fera les présentations plus tard :
– Mais comment, vous avez pu le rater, vous êtes myopes ou quoi ?
– J’en sais rien, mais, il va nous le dire, il est où ?
– Dans la salle d’attente, je vais l’ouvrir, mais que les choses soient bien claires, je ne veux aucun scandale, ni chez moi, ni dans l’escalier…
– Fais-moi confiance ! Répond Bertrand.
A travers la cloison, Roger a reconnu la voix de Bertrand ! Il a compris que lui et sa femme l’attendait en bas ! Quelle erreur il a fait de ne pas avoir pensé que si l’hypothèse cousin-cousine est bonne, Dolorès a forcément montré sa lettre à son mari ce qui du coup en identifiait l’auteur. Maintenant il est dans la nasse. Il est chez une prostituée, et pour lui, ce milieu est lié à la pègre, aux tueurs, son proxénète va être prévenu, et il devine quel sort on lui réserve. Mais pourquoi l’attendait-il en bas ? Parce que son élimination aurait été plus simple. Désormais, il faudra qu’il lui fasse descendre l’escalier ! Sa seule chance sans doute, mais comment faire ?
J’ouvre. La tête de Roger quand il voit débouler quatre personnes à la fois. Il est blanc comme un cachet d’aspirine. C’est vrai qu’à cinq là-dedans, c’est un peu exigu, je m’apprête à proposer qu’on passe dans le donjon qui a l’avantage d’être insonorisé, mais déjà Bertrand commence les hostilités :
– Comment tu as fait pour entrer dans l’immeuble sans qu’on s’en aperçoive ?
– Si vous pouviez éviter de me tutoyer, ça m’arrangerait ? Répond l’autre avec morgue.
Réaction normale, malgré le rapport de force, il ne veut pas s’avouer vaincu d’emblée.
– Ecoute, ordure, reprend Bertrand, on est quatre et tu es tout seul….
– Pas si sûre, intervient Anna, il peut avoir des complices en bas !
C’est malin, ça ! Personne n’avait envisagé cette éventualité !
– Bon pour l’instant t’es tout seul, je sais frapper et faire très mal dans des endroits où ça ne laisse pas de traces, alors on a juste deux ou trois questions à te poser… Tu ferais mieux de ne pas jouer les fier à bras.
– Ecoutez, je vous propose un deal, vous me dites ce que vous avez l’intention de faire de moi, et si vous me laissez en vie, je répondrais à vos questions.
Dingue ! Ce con nous prend pour des assassins.
– Tu es rentré comment ? Répète Bertrand.
Et c’est à ce moment-là, que voyant sans doute que le fait de ne pas répondre à son deal signifiait le pire, qu’il se mit à hurler : » Au s… ». Un coup de poing dans le ventre le réduisit au silence. Je n’aime pas trop, cette situation, j’ai peur que ça dégénère, mais Bertrand assume :
– Si tu t’amuses de nouveau à ça, on te bâillonne et on t’oblige à nous répondre par écrit.
On conduit le Roger manu militari dans le donjon. Il met plusieurs minutes à récupérer avant de parler de nouveau.
– Bon, c’est un malentendu, je ne savais pas que vous étiez parents.
Mais qu’est-ce qu’il raconte ?
– Est-ce qu’il faut que je répète une troisième fois ma question ?
– J’étais déguisé ! Je suis passé devant madame, elle ne m’a pas reconnu !
– Déguisé en quoi ? Il est où ton déguisement !
– Dans le sac !
A ce moment-là, il n’est plus blanc, il est plus blanc que blanc, j’ai peur qu’il nous fasse une crise. Bertrand ouvre le sac en sort un anorak blanc à capuche, une paire de lunettes noires… Et un couteau de trappeur !
– C’est pour quoi faire le couteau !
– Rien, c’est mon sac de rando, je l’ai toujours dans mon sac !
Bizarre, mais le fait que le couteau se trouvait sous l’anorak, donc non directement accessible rend la réponse plausible. Je peux enfin poser la seule question qui m’intéresse directement :
– Et tu venais faire quoi ici en ayant pris rendez-vous ?
– Ben comme tous vos autres clients, je suppose ! J’ignorais que je serais reçu de cette façon !
– On va bien voir ! Intervient Anna en récupérant son portefeuille dans sa poche de veste.
– Vous me le passerez, après, je vais noter son adresse ! Intervient Bertrand
C’est une erreur, car Roger va comprendre qu’on n’a donc pas l’intention de le trucider. Anna a sorti un billet de 20 euros !
– Il n’y a que ça ? T’as des sous ailleurs ou pas ?
– Juste de la monnaie avoue l’ancien flic.
– Donc tu venais pour une séance et tu n’apportes même pas l’argent pour la payer ? Tu sais qu’on paie toujours d’avance quand même ?
– Non ! Mentit-il.
– Donc tu ne venais pas pour une séance, tu venais pour quoi ? Insistais-je
– Je voulais vous convaincre de ne plus voir monsieur, mais entre-temps j’ai compris que vous étiez parents, c’était donc inutile.
Ce dernier point me parait toujours aussi obscur, mais il me semble salutaire de ne pas le contrarier.
– Mais t’es venu quand même ?
– J’ai hésité, et puis la porte s’est ouverte, je me suis dit que je préférais en avoir le cœur net.
– Tout cela n’a aucun sens ! Et si tu nous expliquais pourquoi tu t’acharnes sur moi, sur ma femme, sur Chanette. Lui demande Bertrand.
– C’est un jeu !
– Un jeu ?
– Oui, c’est un jeu, comme dans la jungle, je m’amuse à harceler ma proie, à la fatiguer, à l’anéantir.
– Tu m’as l’air pas mal atteint, dis donc ! Commente Dolorès.
– Vous me prenez pour un monstre, c’est normal, le toréador est un monstre pour le taureau, mais un dieu pour l’arène.
– Hein ?
– La nature nous impose deux lois, le bien contre le mal, les forts contre les faibles. Vous n’êtes forts que parce que vous êtes quatre, mais vous incarnez le mal.
Un dingue, c’est un dingue ! Anna avait préparé des menottes qu’elle lui passe.
Le Roger essaie de se donner une figure courageuse, mais en fait il tremble de trouille.
– On le laisse cinq minutes, il faut que l’on se concerte ? Proposais-je non sans avoir au préalable immobilisé l’individu, en lui coinçant les poignets dans des bracelets descendant du plafond.
J’avais élaboré un petit plan avec Anna. Bertrand et sa femme en avaient un autre, mais tout cela peut se fusionner. On a donc deux objectifs : faire sortir d’ici l’abruti sans qu’il ameute le quartier, et lui faire passer l’envie de nous emmerder. On y va :
Anna verse dans un verre à jus de fruit, une énorme rasade de Martini et l’approche des lèvres de Roger :
– Tu bois tout ça gentiment, sans baver, allez, glouglou !
– C’est pour m’empoisonner ou pour m’endormir avant de me jeter dans la flotte ?
– Bois, connard !
– Salope !
– Bois !
Il le fait, mais parait assez surpris de me voir préparer un second verre.
– J’ai compris, vous allez me saouler, comme ça en cas d’autopsie on dira que j’étais bourré, et bien ça marche pas, je vous emmerde, vous n’êtes que des grosses putes et des enculés !
Manifestement le premier verre fait déjà son effet, il se met à engueuler tout le monde en répétant toujours la même chose, le deuxième verre va sans doute s’avérer nécessaire pour le faire taire. C’est alors qu’Anna s’énerva
– Bâillonnez-moi ce connard ! J’ai une petite idée pour qu’il nous foute la paix.
– Pas la peine de le bâillonner, c’est insonorisé. Lui rappelais-je
– Je sais mais il nous casse les oreilles.
Je fis donc ce que ma complice proposait, tandis qu’elle décrochait du mur l’un de mes godes ceinture (celui pour cul moyen). Elle se le passe par-dessus son pantalon (Pas très sexy, l’accoutrement)
– Et voilà, il y a des petites choses qui peuvent être une grande source de plaisir pour certains… hein mon biquet ? Lance-t-elle en aparté à Bertrand, et l’humiliation suprême pour les connards.
Scène surréaliste ou Bertrand pique son fard, son épouse lève les yeux au ciel et Roger s’agite et fait valser ses jambes.
– Tenez-lui les jambes, on va lui fixer une barre d’écartement.
– Non, il faut d’abord qu’on baisse son pantalon ! Intervient Anna.
– Tu n’as pas quand même l’intention de le sodomiser ?
– Oh, que si !
– Arrête ! C’est du viol, il peut porter plainte.
– Il n’avait qu’à pas monter ici, personne ne l’a obligé. Et puis on ne vient pas voir une maîtresse sans argent et avec un couteau de trappeur.
– Humpf, humpf… essaie de dire Roger.
– Bon OK ! Finis-je par dire, craignant malgré tout que les choses n’aillent trop loin. Vous savez ce qu’on va faire, on va l’installer sur le chevalet, ce sera plus facile.
L’idée est retenue et voilà Roger le cul à l’air, toujours en train de grommeler derrière son bâillon. Anna se saisit d’une cravache qui traînait et lui en assène un double coup qui l’encaisse visiblement mal.
– Ça ne sert à rien Anna !
– Je sais mais ça défoule ! Bon écoute moi maintenant, Roger de mes deux, tu vois cette belle bite en plastique, je vais t’enculer avec !
– Hompff, hompff
Une capote pour recouvrir l’engin, mais pas de gel, Anna approche l’engin du trou du cul de l’ancien flic, qui a du mal à s’ouvrir. Mais elle insiste, elle insiste. Ça finit par entrer, et elle se met à coulisser.
– J’espère qu’après ça tu ne nous emmerderas plus ! Lui lance Dolorès.
Déchaînée, Anna le laboure pendant cinq bonnes minutes avant de se retirer laissant sa victime le cul béant…
Hébété, choqué, Roger ne protesta pas quand je lui proposais « une petite goutte », et je lui fis siffler la moitié du second verre.
– Pas plus, faudrait pas qu’il se mette à roupiller ! Prévient Anna
– Bon, il est mûr, on le débarque ? Propose Bertrand.
On lui laisse les menottes, on le fait se lever, il est lourd, il titube jusque ce qu’il faut, il ne bronche pas, ça devait aller. On le laisse descendre l’escalier entouré de Dolorès et de son mari. Anna et moi les suivons dès qu’ils franchissent le portail. Il n’y a que deux personnes dans la rue, pas grave, pour eux c’est juste un couple de flics en civil qui conduit un malfrat dans une voiture banalisée.
On loge le Roger à l’arrière entre Anna et moi et on file… Chez lui !
Ce n’est pas tout près, c’est au fin fond du 15ème, on se gare, on le sort de la bagnole, toujours menotté, et on y va. On ouvre en bas, si au départ de chez moi, nous espérions ne rencontrer personne, ici c’est le contraire : ça tombe bien, une dame est en train d’entretenir une plante dans une petite courette :
– Bonjour ! Police nationale : si vous pouviez nous dire où habite précisément ce monsieur, on lui fait un brin de reconduite ! Annonce Bertrand, le plus sérieusement du monde.
La tronche de la bonne femme !
– Monsieur Roger, mais qu’est-ce qu’il a fait ?
– Vous lui demanderez ! C’est où ?
– C’est des hic, copains, y me font hic une hic, farce ! Parvint à balbutier Roger
– Escalier du fond, deuxième droite.
On y va ! L’analyse de son portefeuille nous a appris qu’il était officiellement célibataire mais qu’il le soit vraiment ou non n’a que peu d’importance.
– Super demain tout l’immeuble sera au courant ! Commente Dolorès.
– Oui, mais s’il ne se souvient de rien, ça ne sert pas à grand-chose ! Objecte Anna.
– J’y ai pensé, Répond Bertrand.
Chez lui, on trouve du whisky, on a un mal fou à lui en faire boire une rasade, mais on y arrive, cette fois il est ivre mort, on le laisse là sur la moquette, pendant que Bertrand fait un rapide tour des lieux :
– Super, il a un ordinateur avec une imprimante, au lieu de lui poster ce qu’on a à lui dire, je vais l’écrire tout de suite.
– Ça ne va pas être trop long ? M’inquiétais-je.
– Non, 5 minutes
Il rédige son truc, nous le fait lire, l’imprime et le pose en évidence sur la table de la salle à manger. Puis revenant un instant à l’ordinateur, il a la curiosité de regarder les fichiers récents :
– Putain, ce con tient un journal intime !
– Imprime-le !
– C’est très gros !
– Envoie-le par mail à la maison ! Répond Dolorès.
– Il n’a pas Internet !
– Pique le disque dur !
– Ça risque de prendre un petit moment
– Embarquez tout ! Si vous avez envie de lui rendre vous pourrez toujours le faire après ! Proposais-je.
OK, on lui enlève ses menottes, et on repart, Bertrand avec l’U.C. sous le bras. Et on reprend le chemin de mon studio. Le temps a passé, j’ai un rendez-vous à 16 heures, je propose donc à mes deux tourtereaux de remettre notre petite partie à la semaine suivante.
– Ça vous embête si je participe ? Demande alors Anna.
Bertrand et Dolorès sont épuisés, affalés sur le canapé devant deux whiskies bien tassés, ils se remémorent les événements de la journée. Une série d’images fortes : Le coup de poing dans le ventre de Roger, la découverte du couteau, Anna qui le sodomise avec un gode-ceinture, la descente de l’escalier de Chanette, l’arrivée chez lui… La séance ratée semble bien moins importante en ce moment-là… Séance ratée… Bertrand se souvient à ce moment-là qu’il a toujours ses sous-vêtements féminins sous son pantalon.
– Je vais prendre une douche ! Prévint-il
– On pourrait la prendre à deux, ça nous déstresserait ? Propose son épouse.
– OK, vas-y je te rejoins !
Elle se déshabille sur place, et se dirige vers la salle de bain, s’étonnant que son mari ne fasse pas de même.
– Tu ne viens pas !
– Mais si, dans deux minutes, je suis là !
Il se précipite dans la chambre, se déshabille à la barbare, fait une boule des bas et du reste qu’il jette carrément par la fenêtre, puis rejoint son épouse. Sous la douche, ils s’embrassent, se caressent.
– Mais, où sont passés tes poils ?
– Ben, je me les suis rasés.
– T’as fait ça quand ?
– Hier, j’ai été dans un institut de beauté !
– Mais pourquoi ?
– C’est à la mode !
– Tu as fait ça, parce que c’est à la mode ? Ça m’étonne de toi !
– Disons que c’est Chanette qui me l’a suggéré, alors l’idée m’a amusé…
– Le jour où elle te dira de sauter du haut de la Tour Eiffel, tu le feras ?
– Dolorès !
– C’est marrant, c’est doux !
– Tu vois !
– En fait, ça fait moins viril, mais ça fait plus…
– Plus quoi ?
– Plus pervers ! Plaisante-t-elle
– Je n’avais peut-être pas besoin de ça alors.
Elle ne répond pas, elle est entre ses cuisses, elle lui suce la bite avec amour et conviction. Il se laisse faire, il bande très fort, mais se doute bien qu’elle n’a probablement aucunement l’envie qu’il jouisse dans sa bouche.
– Je voudrais que tu m’encules comme l’autre jour, mon chéri !
– Mais bien volontiers, ma chérie… mais on va pas faire ça ici, on va se cogner partout.
– On va se sécher un peu, passe-moi mon peignoir.
C’est alors que la sonnette d’entrée se fit entendre
– Merde qui c’est ? S’exclama Dolorès, allant ouvrir à l’intrus.
– Fais attention !
– T’inquiètes pas, je ne pense pas que ce soit Roger…
– C’était quoi ?
– Le gardien ! Il me dit qu’il y a des sous-vêtements qui sont tombés d’une fenêtre, il voulait savoir si c’était à nous !
– N’importe quoi ?
– Ce doit être normal, on vit une journée de folie et elle n’est pas tout à fait terminée ! Répond Dolorès.
– Bon on en était où ?
– On en était que tu avais le projet de m’enculer ?
– Comme une chienne ?
– Allez viens au lieu de dire des grossièretés.
Roger se réveille, commence à se demander ce qu’il fait ici sur la moquette, il a horriblement mal aux cheveux, il a aussi horriblement mal au cul, et il a très soif. Sur la table, il aperçoit sa bouteille de whisky et un verre ! Il se demande ce qu’il lui est arrivé, il est un buveur très modéré et n’est jamais ivre. Il y a un papier sur la table. Il le lit :
« Vous étiez passablement bourré cet après-midi, et assez agité, nous avons donc été obligé de demander qu’on vous raccompagne, menottes aux poignets, nous souhaitions être discrets, mais hélas, il y avait du monde dans votre escalier.
Il est bien évident que vos intentions violentes feront l’objet d’un dépôt d’une main courante auprès de la police. S’il devait arriver quelque chose de fâcheux à l’un d’entre-nous ou à nos proches, votre identification ne ferait aucune difficulté. »
Puis ce post-scriptum manuel :
« Très intéressant, votre disque dur, la prochaine fois que vous écrirez vos mémoires, mettez un mot de passe. »
Les événements lui revinrent en mémoire : la visite chez Chanette qui se transforme en guet-apens. On l’a fait boire… Cette curieuse salle toute en rouge et noir, et encombré d’instruments inquiétants. On veut le tuer, mais ils ne l’ont pas fait ! Pourquoi ? Sans doute parce qu’ils ont trouvé pire à lui faire ! Il va vers l’endroit où devrait être l’ordinateur, constate qu’on a embarqué l’unité centrale. Il s’affale sur le canapé, anéanti, dégoûté, il faudra qu’il trouve quelque chose pour se raccrocher à la vie. Il est conscient que sa période de déprime risque de durer longtemps. Que faire pour oublier ? Surtout ne pas boire, ou alors juste une goutte, allez juste une…
Huit jours plus tard
16 heures 30 : voilà que l’on sonne. Je peste parce que je suis occupée avec un soumis qui m’a payé pour rester jusqu’à mon départ. Et à 17 heures, j’ai rendez-vous avec Bertrand et Dolorès Boulanger. Je vais donc être obligée d’éconduire l’importun. Je n’aime pas trop cela, mais après tout, il n’a qu’à prendre rendez-vous comme les autres. J’ouvre et me retrouve devant… Anna-Gaëlle
– Bonjour toi, tu es un peu en avance…
On s’embrasse. Elle est en beauté aujourd’hui, pantalon noir en vinyle super collant et petit haut beige à fines bretelles.
– Je ne voulais surtout pas être en retard.
– Venant de toi, c’est tout à fait étonnant !
– Faut bien que j’essaie de corriger mes défauts…
– Je crois surtout que tu fantasmes à mort sur Bertrand.
– Ben oui, il est si beau ! Répliqua Anna.
– C’est un point de vue.
– Bon tu m’attends là, j’ai un soumis dans le donjon, je n’ai pas l’intention de le bâcler. Si Bertrand et sa nana se pointent je te laisse les recevoir.
Et c’est ainsi qu’une demi-heure plus tard, je retrouve Anna dans le salon, en train de papoter comme une pie avec Dolorès. Cette dernière n’a pas fait de recherche de toilettes : un jean et un pull en coton vieux rose légèrement décolleté, mais qu’est-ce qu’elle est belle ! Il a beaucoup de chance ce Bertrand, (qui pour le moment n’arrive pas à en place une) parce que même si je ne me trouve pas si mal que ça, je ne peux soutenir la comparaison.
– Bon on n’a pas pu faire vraiment les présentations la dernière fois, mais aujourd’hui, ce n’est peut-être pas la peine, tout le monde se connaît.
– Ben… et ton soumis ? Interroge Anna.
– Je l’ai gardé au chaud, on en aura sans doute besoin. Il n’est pas masqué, au fait vous voulez des masques ou vous vous en foutez ?
Personne ne veut de masque.
– Bon les filles, vous voulez juste regarder ou vous participez ?
– Pour l’instant, je regarde, mais est-ce que j’aurais le droit de changer d’avis ? Demande Dolorès.
– Bien sûr, et toi Anna ?
– Ben, moi c’est un peu pareil, je veux juste que tu me gardes ce jeune homme pour la fin… Si toutefois Dolorès est d’accord ?
– Vous avez mon accord ! Précise cette dernière.
– Heu, ça fera combien cette séance ? Demande Bertrand en sortant son portefeuille.
– Mais rien du tout, c’est Anna qui paie tout ! Bon à poil Bertrand !
Alors ? Suspense ! Bertrand a-t-il suivi mes instructions (mes conseils, dira-t-on) de se raser les poils et de porter des sous-vêtements féminins. Et dans ce cas, a-t-il prévenu sa femme ?
La tête de celle-ci quand elle aperçoit l’affublement de son époux ! Elle est d’ailleurs plus amusée que choquée, se couvrant le visage de sa main gauche, doigts écartés.
– Je rêve ! Commente-t-elle simplement.
– Hum qu’est-ce qu’il est beau votre mari ? S’exclame Anna
– Je ne me plains pas, mais on peut peut-être se tutoyer, vu les circonstances ?
– Il a un physique d’esclave ! Intervins-je sur le ton de la plaisanterie, Des tétons de femme, un cul de pédé !
– Tant mieux, c’est que du bonus ! Réplique Anna Gaëlle, décidemment incorrigible.
Bon, alors, il ne s’agit pas de se tromper de séance. On aurait pu avec Bertrand la préparer davantage, mais on ne l’a pas fait, il va donc falloir que j’improvise : l’objectif conjugué étant d’émoustiller madame et de lui montrer des choses qu’il lui sera difficile de faire à son mari, et le tout sans la choquer… Grande improvisation ? Non, j’ai quelques bonnes pistes quand même !
Pour l’instant, nous restons dans le salon, j’installe les deux femmes dans des fauteuils puis j’attaque Bertrand de façon assez classique, en lui passant un collier de chien, puis en lui tordant ses bouts de seins, sur lesquels je ne tarde pas à accrocher des pinces munies de poids. Bien sûr, la bandaison est tout de suite au rendez-vous.
– Vous avez vu comme il bande, cette petite salope ? Lançais-je à l’adresse des deux femmes.
Sourire amusé de la part de Dolorès, sourire concupiscant de la part d’Anna-Gaëlle qui doit déjà s’imaginer en train de lui sucer la biroute.
Je le fais marcher à quatre pattes, lui baisse sa culotte de femme, et ponctue son parcours de coups de martinet sur les fesses, tout cela avec une lenteur savamment calculée.
– Humm, ça m’excite, ça m’excite ! Confie Anna à sa voisine. Pas toi ?
– Oh ! Si ! La rassure la femme de Bertrand.
Du coup Anna lui met la main sur la cuisse. L’autre accueille cette privauté avec un sourire d’encouragement. J’ai l’impression que ça ne va pas tarder à devenir très chaud, cette affaire-là !
Histoire de garder l’initiative, je propose à ma copine de se faire lécher le cul par Bertrand. Comme prévu, elle n’hésite pas, elle fonce, retire son pantalon, sous lequel elle avait volontairement oublié de porter une culotte. Puis la voilà qui continue à se dessaper.
– Tu n’as pas besoin d’enlever le haut !
– Il faudra bien que je l’enlève à un moment ou à un autre. Comme ça se sera fait.
Implacable logique !
Et tandis que Bertrand lape le petit troufignon d’Anna, je décide par pure provocation de retirer mon corset afin de libérer mes nénés. J’en connais un qui va être content… Par contre la Dolorès ne va pas tarder à se demander ce qu’elle fabrique habillée au beau milieu de ces gens peu vêtus.
Je décide de mettre fin à cette petite séance de feuille de rose, au grand dam des deux protagonistes. Anna revient à sa place, interpelle ça voisine d’un :
– Alors ça t’a plu ?
L’autre ne répond que d’un sourire complice, mais mon amie se sentant encouragée, lui applique un bisou express sur les lèvres, puis refait illico une seconde tentative en lui roulant carrément une gamelle. Par jeu, je reprends le martinet et en envoie un coup sur les fesses nues d’Anna.
– Aïe ! Ça va pas, non ? Proteste-t-elle mollement.
– Excuse-moi, c’était trop tentant !
Et puis, bonne fille, me tournant vers Dolorès, je lui évite d’avoir à chercher un prétexte pour se déshabiller à son tour :
– Mets-toi donc à l’aise, ce sera mieux !
Effectivement, elle n’attendait que ça, et comme pendant qu’elle se déshabille, Anna lui fout la paix, j’en profite pour aller me chercher un joli gode ceinture, que je fais lécher à Bertrand qui se prête au jeu méticuleusement.
– T’aime ça lécher des bites ? Hein, esclave ?
– Oui, maîtresse !
– Tu sais que je t’en ai réservé une vraie, dans le donjon ? Tu vas bien la sucer et ta femme va te regarder.
– Oui, maîtresse !
J’interpelle sa femme. Elle est maintenant complètement nue, le corps est intégralement halé, la silhouette est parfaite, les seins parfaits… Impressionnant !
– Tu l’as déjà vu en train de sucer des bites, ton mari ?
– Il y a bien longtemps, oui ! Dans un sauna.
– Et ça t’a fait quoi ?
– Ça m’a excité !
Tout va bien, les deux femmes sont redevenues sages, une sagesse toute relative puisqu’elles se tripotent mutuellement les cuisses. Je fais se retourner Bertrand et lui tartine l’anus de gel afin de bien pénétrer le gode… Quand je commence à m’enfoncer, Anna et Dolorès se sont enhardi, l’endroit qu’elles se tripotent étant situé, vraiment très, très en haut de la cuisse…
– Alors c’est bon ?
– Oui, maîtresse !
– » oui,= » » maîtresse= » » != » » ! »= » » tu= » » ne= » » sais= » » pas= » » dire= » » autre= » » chose= » » ?= » » dis= » » que= » » aimes= » » ce= » » je= » » te= » » fais= » » ?<br= » »>
– J’aime ce que vous me faites, maîtresse !
– Et je te fais quoi ?
– Vous me sodomisez, maîtresse !
– Tass, tps, on n’est pas chez le sexologue !
– Vous m’enculez, maîtresse !
– Ah quand même !</br= » »>
Les deux nanas s’excitent comme des puces ! Je me hâte de travailler le cul de Bertrand, car après on va passer dans le donjon…
– Allez tout le monde à côté !
La tête de Dolorès ! Le soumis attaché à la croix de Saint-André tout surpris de voir entrer autant de monde et qui se remet à bander ne l’impressionne pas plus que ça… par contre l’attirail. Je m’amuse à en rajouter une couche :
– Ah ! Ici il n’y a pas grand-chose pour s’asseoir, quoique ce petit tabouret n’est pas mal (il s’agit d’un petit trépied d’où surgit en plein milieu un gode vertical) où alors ça, proposais-je ne désignant la chaise percée qui me sert parfois à donner des douches dorées.
– On va rester debout, hein, ma bibiche ? La rassure Anna.
Je fais mettre Bertrand à genoux, puis je vais masturber un peu mon soumis afin qu’il bande de façon optimale.
– Alors, qu’est-ce que tu en dis ? Elle n’est pas gentille ta maîtresse de t’avoir mis au chaud une belle bite comme ça !
– Merci, maîtresse !
– Mais avant de la sucer, tu vas me le demander bien gentiment ?
– Maîtresse, me donnez-vous la permission de le sucer ?
– De sucer quoi ?
– De sucer son sexe…
– Tass, tps…
– De sucer sa bite !
– Je vais peut-être te faire plaisir ! Tu vas pouvoir le sucer, mais à une condition.
Il me regarde bizarrement, se demandant ce que je vais pouvoir encore inventer.
– Je veux qu’après, il t’encule.
A mon avis, il en meurt d’envie, mais n’a peut-être pas le désir de faire ça devant son épouse. Du coup il la regarde avec un air de chien battu.
– Ben quoi tu ne vas pas te dégonfler, maintenant ? Lui lance-t-elle.
– D’accord maîtresse !
Trente secondes après il avait la queue du soumis dans la bouche et s’en régalait.
– Allez suce bien ! L’encourageait Anna
– Tu vas voir à la maison, je vais te préparer une suite, tu vas sucer la bite du coiffeur et après tu me regarderas me faire enculer ! Lui lance sa femme, au comble de l’excitation.
Au bout de cinq minutes, je stoppe la fellation, j’encapote mon soumis et positionne Bertrand de façon semi couché sur le chevalet. L’introduction ayant été bien préparé par le gode, ça passe tout seul, l’autre effectuant des aller et retour frénétiques, le regard scotché sur les seins de Dolorès.
– Alors c’est bon ?
– Oui ! C’est bon maîtresse !
– Ça te plait de te faire enculer ?
– Oui, maîtresse !
– Et devant ta femme en plus !
Là, il ne sait plus quoi répondre… Le soumis accélère encore, son visage se crispe, il éjacule dans la capote et se retire laissant le cul de Bertrand, béant.
– Alors, ça t’a plu !
– Oui, maîtresse !
– Je ne suis plus ta maîtresse, la domination est finie, maintenant c’est quartier libre… et toi Dolorès ?
– Oh, moi, je suis trop excitée…
Mon soumis est ravi, il lance un « au revoir messieurs-dames » et je l’accompagne jusqu’à la petite salle d’attente où il a déposé ses affaires en échangeant deux trois mots avec lui.
Quand je reviens Anna est entre les jambes de Bertrand en train de le sucer, tandis que Dolorès regarde en se frottant le clito.
Il est extrêmement rare que je sois excitée dans le cadre de mon travail, mais il est vrai que cette fin d’après-midi est un peu particulière. Je me dirige carrément vers la femme de Bertrand.
– Tu sais que t’es vachement belle, toi !
– Merci, mais vous n’êtes pas mal non plus ! Répond-elle.
Madame est trop polie !
– On peut continuer à se tutoyer… je peux ? Demandais-je en ayant déjà la main sur son sein.
Pas un mot mais un grand sourire suivi d’une petite approbation de la tête. Du coup j’empaume ses deux seins, je cherche sa bouche, mais voilà qu’elle ferme les yeux et qu’elle lève le menton… Pas grave, j’ai tout mon temps. Je lui suce ses bouts de seins, érigés de désir, elle se pâme. Bon, c’est que je ne suis pas à l’aise, moi, je la prends par la main, et l’entraîne à côté sur le canapé. Du coup Anna cesse sa turlutte et nous suit, demandant à Bertrand de s’asseoir sur un fauteuil, pour ensuite le chevaucher telle une walkyrie sans aucune autre formalité.
C’est impressionnant et très troublant de voir Anna, désormais en sueur de monter et de descendre sur la bite de Bertrand, qui manifestement se retient de jouir trop rapidement.
Me voilà allongée sur Dolorès, elle est sur le dos, mon visage s’approche du sien et cette fois, elle ne refuse pas mon baiser. Il est fougueux, sauvage, baveux. Je réattaque ses bouts de seins, déjà elle se pâme, alors je descends en vitesse entre ses cuisses, c’est tout mouillé. J’aurais dû protéger mon canapé, tant pis, les grosses lèvres sont gonflées, j’écarte tout ça… me dit qu’on aurait dû se mettre en soixante-neuf… et qu’il n’est pas trop tard pour le faire. Hop je me retourne, lui file ma chatte à bouffer pendant que je lui titille le clito du bout de ma langue. Trop rapide, trente secondes après, Madame jouissait comme une damnée. Et moi alors ? J’attends qu’elle récupère. Elle m’indique qu’elle préférerait me sucer dessus plutôt que dessous. Ce n’est pas un problème, je m’allonge, je m’écarte et la laisse opérer. On sent qu’elle met du cœur à l’ouvrage, mais aussi qu’elle n’a pas dû faire ça trop souvent. J’aurais peut-être dû me faire lécher par Anna… Anna le feu aux joues qui continue à coulisser sur la pine de Bertrand. Ça sent le final, leur affaire ! Effectivement, Bertrand pousse un cri, Anna en pousse un autre, se dégage et ils se blottissent l’un contre l’autre pour se rouler un patin !
– Ta langue sur mon clito ! Demandais-je à Dolorès.
Elle le fait, et elle ne fait pas si mal que ça ! J’essaie de retarder l’instant fatal, mais j’y renonce, je me laisse aller et finit par jouir dans un râle. Un petit bisou pour finir, mais pas de gentil câlin, Dolorès n’est pas une romantique, on ne peut pas tout avoir.
Anna se précipite aux toilettes, Bertrand la suit.
– Ah ! Excuse-moi, je vais attendre.
– T’as envie de pisser ? lui demande ma copine.
– Ben oui !
– Pisse-moi dans la bouche , j’adore ça.
L’instant d’après Anna ressortit toute guillerette et s’approchait de moi.
– Bertrand m’a pissé dans la bouche, c’était délicieux, embrasse-moi, tu vas voir !
– Mais enfin, Anna !
– Ben quoi, c’est la fête ou pas ?
On s’est donc embrassées comme deux cochonnes !
Ensuite on s’est douché, on s’est débouché une bouteille de champagne… Dolorès paraissait ravie, Bertrand aussi et Anna n’en parlons pas ! Tout va donc pour le mieux !
Epilogue
Bertrand et Dolorès ont eu la drôle d’idée de vouloir restituer à Roger l’unité centrale de son ordinateur, après en avoir recopié le disque dur. Ils n’ont pu entrer chez lui et se sont entendu dire par une voisine « que ce monsieur, toujours très correct » était subitement devenu une éponge imbibée de boisson.
Bertrand a trouvé un nouveau poste dans le quartier de la Défense. Il s’est fait plus rare, nos horaires ne coïncidant pas. Mais ils nous ont invités, Anna et moi chez eux, j’ai apprécié l’invitation, l’excellent repas et l’ambiance où Dolorès, curieuse comme une vieille chatte, voulait tout savoir sur mon métier, mais avec un respect toujours présent. La soirée s’est terminée en brèves galipettes, fort ludiques, mais cela ne restera pas dans ma mémoire comme le principal souvenir de cette délicieuse soirée. Puis Bertrand a accepté, poussé par sa femme, obsédée par l’ombre de Roger, une mutation en province, on s’est un peu écrit, un peu téléphoné… Et puis le « loin des yeux, loin du cœur » a fait son travail de séparation.
FIN
© Chanette78@hotmail.fr
Chanette (Christine D’Esde) 4/2008
Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur
Ce récit a eu l’honneur d’être 1er prix de la meilleure nouvelle publié sur Vassilia en 2008
Pasionnant et excitant (le petit côté sadique de cet épisode n’est pas pour me déplaire)
Du grand, du très grand Chanette !
Je sors de cette longue lecture dans un drôle d’état, je me suis mis à poli pour le finir avec un gode dans le trou du cul et des pinces à linges sur mes tétons de salope. J’ai bandé comme un dingue devant ce récit fabuleux. Non seulement l’intrigue est intéressante mais les passages chauds sont excitant, et encore certaines pistes ne sont pas explorées, j’aurais par exemple aimé la description de la partie chez le coiffeur où Bertrand regarde sa femme se faire enculer après qu’il lui est sucer la bite. Je vais lire d’autres aventures de Chanette, si elles ont toutes de cette qualité, j’ai pas fini de bander !
Elle serait pas un peu sadique, Chanette, on a comme l’impression qu’elle a connu un Monsieur Roger qui n’a pas été gentil avec elle et qu’elle règle ses comptes. Très bon récit !
bisexualité, domination et urologie, tout cela au service d’une joyeuse équipe d’érotomanes sans complexe qui vont faire un sort à l’empêcheur de baiser en rond de service. Délicieusement excitant
Au delà des parties érotiques toujours excellentes de la part de cet auteur, j’avoue avoir pris un plaisir coupable a la lecture de la déchéance de cet horrible Monsieur Roger
Troisième partie d’une nouvelle passionnante à lire illustrée de quelques séances de domination très torrides. bravo !