Professeur Martinov 9 – Professeur Martinov et le « Droit Piquet » par Maud Anne 2 – Roland Vannier, l’escroc.
Une fois sorti de l’usine, Martinov demanda à sa complice
– Qu’est-ce que tu crois qu’il va faire, Binder ?
– Il va prévenir ce Vannier, ça c’est sûr. Il faudra qu’on voit avec un avocat… mais avant on peut essayer de contacter ce type. Il faut qu’on soit sûrs qu’il va arrêter ses conneries et le meilleur moyen, c’est de lui foutre la trouille.
Pendant que Béatrice roulait vers Besançon, Martinov s’escrimait avec le téléphone.
– Jamais, il ne répond cette andouille !
– Laisse tomber, c’est peut-être un numéro bidon, ou alors il y a un code pour décrocher, par exemple trois appels rapprochés, puis trois autres cinq minutes après…
– Demain en rentrant, on essaiera d’aller chez lui ! Proposa le professeur
– Bonne idée ! Bon on se trouve un restau, et après, il faudra qu’on trouve à s’occuper jusqu’à 19 heures.
– Ça me gonfle cette invitation ! On va parler de quoi ? Après tout, tu ne la connais pas cette fille.
– On verra bien !
– En fait, tu as envie de te l’envoyer ! Et moi je vais faire quoi pendant ce temps-là ? La chandelle ?
– Tu ne deviendrais pas jaloux, mon petit professeur ?
– La question n’est pas là !
– Si vraiment ça te gonfle à ce point, rentre à Paris, j’irais seule chez Carole, ce n’est pas un problème, et je te rejoins demain après-midi.
– Ouais, peut-être, je vais voir. Répondit le professeur, complètement indécis.
– Bon pour l’instant, je vais me garer, on va au même restaurant qu’hier soir ?
– Bonne idée !
– Mais on va éviter de se gaver, si Carole nous fait une bonne bouffe ce soir, il faut qu’on fasse honneur !
– Pff, si ça se trouve, elle ne sait même pas faire la cuisine !
– Tu arrêtes de faire ton vieux ronchon.
Situation un peu bizarre : Cela n’aurait pas dérangé du tout Béatrice que Martinov ne vienne pas chez Carole, cela aurait permis aux événements d’être plus directs. Elle lui en avait lancé l’idée mais hésitait à insister. Le professeur lui, n’arrivait pas à se décider.
Ils passèrent l’après-midi à arpenter les rues de la ville, découvrant avec intérêt ses curiosités historiques et architecturales, et à 18 heures elle osa lui demander :
– Alors tu fais quoi, mon petit professeur ?
– Bon, je vais venir, sinon tu vas encore dire que je suis un vieux ronchon. Et puis de toute façon j’ai laissé ma valise chez elle.
Ce n’était pas vraiment la réponse qu’attendait Béatrice, qui lui répondit d’un petit sourire forcé.
Voici donc nos deux comparses chez Carole, qui les reçoit vêtue d’une petite robe noire assez courte laissant les épaules dénudées. Ses jolies jambes sont gainées de bas noirs. Et puis surprise !
– Je vous présente Rémy, c’est mon compagnon.
Le Rémy en question est plutôt beau garçon, la trentaine, assez fin et les cheveux blonds, mais Béatrice ne comprend plus. Quand à deux reprises Carole lui avait fait comprendre que l’issue de la soirée serait sans doute coquine, il était évident que pour elle il ne pouvait s’agir que de galipettes entre femmes, une fois que Martinov eut été couché. Mais la présence de ce Rémy changeait tout. Sans doute la Carole s’imaginait que Béatrice allait se prêter à une partouze avec un homme qu’elle ne connaissait pas ?
– Nous sommes un couple très libre ! Crut bon d’ajouter Carole.
« Ben si elle croit que je vais partouzer avec son blondinet, elle se fout le doigt dans l’œil » se dit Béa in petto
Béatrice prit donc son parti du fait que la soirée allait être sans sexe. Mais maintenant qu’ils étaient dans les lieux, les convenances les faisaient y rester. Et allons-y pour tout le cérémonial en commençant par l’inévitable table basse et sa cargaison de biscuits apéritif et de cacahuètes qui vous coupent à moitié l’appétit.
– Mes félicitations, mademoiselle, Carole m’avait vanté votre beauté, je constate qu’elle n’avait rien exagéré ! Se croit obligé d’ânonner Rémy.
– C’est normal, je reviens de vacances ! Répond Béa.
– Alors si j’ai bien compris, vous êtes venus dans la région pour des raisons professionnelles ? Lance Carole.
– Si vraiment ça vous intéresse, je peux vous raconter, c’est assez rocambolesque… répond Béatrice.
– Raconte, raconte, j’adore les histoires rocambolesques !
– Eh bien voilà, je n’ai jamais eu l’occasion de te dire quelle était notre activité. Disons que nous sommes des chercheurs-inventeurs.
– Ça alors ! Et vous avez inventé quoi ?
– Pas mal de bricoles mais rien de fondamental. On a quand même eu un contrat avec l’état pour un produit anti-tags, mais notre meilleur coup ça a été une potion magique, genre viagra. C’est d’ailleurs à ce propos qu’on est venus dans la région.
– Votre potion est fabriquée dans la région ? Demande alors Rémy, soudain curieusement intéressé.
– Oui, à la manufacture Binder !
– Je vois !
– Vous connaissez ?
– Oui, je vous en parlerai tout à l’heure, continuez c’est intéressant !
Béatrice leur raconta donc toute l’histoire, en passant toutefois sous silence les circonstances dans lesquelles Martinov avait découvert que le « droit piquet » avait supplanté le « lapin dur ».
– Et voilà !
– Eh bien quelle histoire ! Conclut Carole, on va passer à table, je vous propose des huîtres en entrée, vous aimez ?
Ils aimaient et elles furent délicieuses.
Intriguée par le récit de Béa, Carole relança :
– Mais pourquoi vous ne portez pas plainte ?
– Ce n’est pas si simple, intervint Martinov, la marque n’est pas déposée. Pour le faire il aurait fallu soumettre le produit à un protocole assez long et aux conclusions aléatoires.
– Vous auriez pu la déposer comme simple fortifiant.
– C’est sans doute ce qu’on fera très vite en rentrant. Là on est un peu dans le vague, on ignore si Binder va obtempérer et dans ce cas on ignore comment va réagir le dénommé Vannier, mais en ce qui concerne celui-ci, on va essayer de le rencontrer et de le bluffer.
Rémy qui finissait de découper le gigot, prit alors une profonde inspiration.
– Figurez-vous que le monde est petit. Il se trouve que j’occupe le poste de responsable de la production à la manufacture Binder. Hier en fin de matinée, le patron qui était d’une humeur exécrable, m’a dans un premier temps demandé de détruire le stock de « Droit Piquet » puis une demi-heure après il est revenu sur sa décision, me demandant juste de le déménager et de banaliser les emballages.
– Ça alors ! s’exclame Béatrice tandis que Martinov manque de s’étouffer dans son verre de vin.
– Vous savez ce que vous devriez faire, reprend Rémy, téléphonez lui demain dans la journée, demandez-lui si le stock est détruit. S’il vous dit oui, demandez qu’il vous le confirme par fax accompagné du procès-verbal de destruction.
– Génial !
– J’imagine déjà sa tête ! Conclut Rémy, dont tout le monde avait compris que ses rapports avec Binder étaient assez tendus.
– Vous pouvez nous en dire plus sur ce Binder ? Demanda Béa
– Oh, c’est un personnage complexe, personne n’est tout blanc, personne n’est tout noir. Il possède une petite notoriété dans la région : aux dernières élections régionales il conduisait une liste qui s’écrivait « Besançon et lumière » mais qui se prononçait « Baise en son et lumière ». C’était juste après son divorce, depuis il s’est remarié. Il fabriquait des eaux de Cologne pour une chaîne de supérettes mais il a perdu le marché. Il y a eu des licenciements, du chômage technique, l’usine a failli fermer mais il a réussi à trouver quelques contrats, le vôtre notamment, puis sa liste à la con l’a fait connaître (elle était faite pour ça) et on s’est remis à fabriquer des eaux de Cologne, des après-rasage… Ce mec a le sens du commerce, il n’a pas que des mauvais côtés mais il est un peu bizarre parfois, assez trouillard aussi. Et sinon c’est un chieur !
Au dessert, Carole et Rémy s’efforçaient de faire tourner la conversation sur le sexe. Le problème c’est que Martinov ne répliquait pas et que Béatrice s’efforçait d’éviter de relancer, mais la tâche n’était pas si facile.
C’est que notre quarteron de joyeux lurons n’était pas du tout au diapason. Car si on veut bien récapituler, nous avions :
– Béatrice qui se serait bien envoyée Carole, (mais pas son compagnon) une fois Martinov couché.
– Carole qui rêvait d’une petite partouze avec Béatrice et Rémy, le rôle de Martinov n’étant pas bien défini.
– Rémy qui se serait bien mélangé avec tout le monde (mais avec Béatrice en priorité)
– Et Martinov, persuadé d’être quoiqu’il arrive, le largué de la soirée, ayant parfaitement compris qu’il fallait laisser Carole et Béatrice seules au cas où elles souhaiteraient se faire des choses, et subodorant que si Rémy s’en mêlait, ce serait du pareil au même !
Carole résolut alors de changer de tactique. Elle faillit carrément proposer à ses hôtes de faire un strip-poker, mais trouva plus judicieux de se lancer dans l’évocation de soirées avec gages, ce genre d’anecdote se graduant parfaitement aux différentes réactions de l’auditoire.
– Le problème, c’est qu’il faut être parfaitement d’accord au départ. Intervint Béa. Dans ce cas et dans ce cas seulement, et si tout le monde joue le jeu, ça peut être génial !
Carole était assez intelligente pour comprendre le message de Béa, elle s’était tenue prête à demander à ses invités, s’ils seraient d’accord pour jouer. Elle ne se donna pas cette peine, Béa venant l’air de rien de lui suggérer qu’il manquerait son accord.
Et puis soudain, le déclic.
– L’autre fois, on jouait à un truc comme ça avec des amis artistes de passage, Rémy s’est tapé un gage, on lui a demandé d’aller se travestir. Ils ignoraient évidemment que justement le truc de Rémy c’est de se travestir. Il fallait voir la tête des autres quand il revenu habillé en femme ! Et je ne vous raconte pas la suite !
Petit silence stratégique, puis :
– Vous voudriez le voir ?
Ça passe ou ça casse !
Et ça passe. Ça passe même au-delà des espérances de Carole : Martinov voyant là une opportunité lui permettant de ne pas être hors-jeu, s’empresse de répondre « oui, oui ! » quasiment en même temps que Béatrice, qui se dit que l’occasion est trop belle de se « débarrasser » d’un seul coup et en même temps de Rémy et de Martinov.
Devant un tel double « oui-oui » aussi enthousiaste, Carole retrouve tout son punch et envoie prestement son compagnon se travestir. Celui-ci a la délicatesse de prévenir que l’opération risque de durer un quart d’heure-vingt minutes ! Il faut donc sacrifier au temps et Carole propose que l’on quitte la table principale pour rejoindre la table basse sur laquelle on servira le café. Et elle s’en va d’ailleurs le préparer.
– Ça va ? Ose Béatrice.
– On va bien voir, je les trouve rigolos tous les deux.
Carole sert le café accompagné de petits chocolats fins et se place au centre du canapé entre Martinov et sa collaboratrice.
– Ah ! Que je vous prévienne : quand Rémy se travestit, il change de prénom, il devient Romy et adore qu’on lui parle au féminin. Si vous pouviez jouer le jeu, ça lui ferait plaisir !
Et voilà que « Romy » revient. Béatrice s’en fout un petit peu, même si elle apprécie la prestation, mais Martinov lui est subjugué. La grande taille de Romy rehaussée par des escarpins vertigineux la rend impressionnante, elle est vêtue d’une simple guêpière noire et d’un string assorti, les jambes magnifiques sont gainées de bas résille. Quant au visage savamment encadré d’une très jolie perruque blonde, il est maquillé de façon si féminine que la chose en est éminemment trompeuse et troublante. Un œil averti aurait sans doute remarqué que Romy ne s’est pas fait les ongles, (faute de temps sans doute) mais qu’importe !
Romy a fait démarrer sur la chaîne hi-fi un petit morceau jazzy sur lequel elle se trémousse. Elle vient onduler quelques instants auprès de Béatrice, qui évite de réagir, puis elle s’approche de Martinov, dont les yeux s’écarquillent comme ceux du loup de Tex Avery.
– Tu peux me caresser ! Lui dit Romy.
Tel un zombie le professeur lui caresse le haut des cuisses et se rapproche inconsciemment des limites du string. Il se dégage du travesti une curieuse et envoûtante odeur de musc. Le string est devant lui outrageusement rempli, provocateur. Martinov hésite, il sait qu’il ne résistera pas longtemps et quand les filles s’en mêlent et l’encouragent vivement de « vas-y, baisse lui son string », il laisse tomber ses dernières barrières.
La bite de Romy est là, devant lui, presque bandée, ses mains s’en emparent, la caressent, la masturbent un peu, puis sa bouche engloutit tout ça. Et voilà donc notre brave professeur Martinov en train de prodiguer une fellation en bonne et due forme au responsable de la production de la manufacture Binder.
Sa langue et sa bouche s’activent en une folle frénésie, à ce point qu’il ne voit même pas ce qui se passe juste à ses côtés.
Parce que Béatrice libérée de ses appréhensions, s’est carrément jetée sur Carole. Les deux femmes enlacées, collées, déjà à moitié débraillées s’embrassent aussi profondément que baveusement, tandis que leur mains pelotent ce qu’elles peuvent.
La salle à manger s’est installée dans un semi-silence où les voix ne sont plus que chuchotements. Ce qu’on entend c’est le crissement des vêtements, les frôlements des chairs, les bruits de succions, des soupirs et des halètements.
On ne sait pas trop comment le professeur Martinov s’est retrouvé à moitié nu, mais le fait est qu’il l’est bien et que par une juste inversion des rôles, c’est désormais Romy qui lui prodigue une gâterie par devant, tout en faisant par derrière aller et venir son index dans son fondement..
Chacune des femmes voulant manifestement avoir l’initiative des caresses, s’en suivit un pelotage aussi échevelé que désordonné au cours duquel la culotte de Béatrice finit par craquer, ce qui leur provoqua un fou rire nerveux.
– Si tu arrêtais de gigoter, je pourrais mieux m’occuper de toi ! Finit par dire Béatrice.
– Alors d’accord, je me laisse faire, mais je vais d’abord me débarrasser de tout ça !
« Tout ça » c’était les vêtements rejetés à mi-cuisse ou sur les épaules. Carole se déshabilla donc entièrement, imitée par Béatrice. Puis vint s’asseoir dans une posture faussement sage mais craquante.
Béa se penche vers elle, l’embrasse de nouveau, fait durer le plaisir pendant que les mains reprennent leurs ballets croisés : celles de la blonde sur les pointes des seins de la brune, celles de Carole sur les fesses de la chimiste.
Carole finit par s’allonger, les jambes pliées sur l’accoudoir. Béatrice la contourne et la tire vers elle, rendant son sexe accessible. C’est trempé, ça sent la femme, elle écarte les lèvres et elle lèche, s’enivrant de ses sucs. Le clitoris est là, érigé en une impertinente provocation, sa langue va à sa rencontre s’active, s’active encore plus, et bientôt Carole explose bruyamment sa jouissance.
Voilà qui déconcentre l’autre couple. Romy se relève et demande trivialement si Martinov souhaite être pris. Ce dernier opine du chef en guise d’assentiment et se met dans la position adéquate. Romy lui demande de ne pas bouger le temps d’aller chercher un peu de gel et une capote. Il revient, lui tartine le cul et l’encule profondément.
Béatrice et Carole s’embrassent encore, ne se lassant manifestement pas l’une de l’autre.
– Je vais te sucer la chatte ! Lui propose la brune.
– On se met comme ça ? Propose Béa en se débrouillant pour mimer un soixante-neuf avec les mains.
– Non, après !
Alors ce sera après, la soirée ne fait que commencer !
– Humm tu as vu les hommes ? Demande ingénument Carole.
– Quels cochons !
– Et nous on est des cochonnes ! Si on les rejoignait ?
– Après ! Répond Béa, peu motivée.
Un partout, la balle au centre ! Béatrice s’affale sur le canapé, les jambes écartées et fait signe à sa partenaire de venir s’occuper d’elle, comme elle l’avait d’abord suggéré. Carole s’accroupit entre ses jambes et commence à laper le sexe humide, tout en allongeant les bras de façon à pouvoir caresser ses seins simultanément. Béa sait qu’elle ne tiendra pas longtemps, mais qu’importe, le fait de pouvoir jouir à répétition n’est-il pas l’un des avantages de la féminité ? Aussi quand la brune choisit à son tour de lui titiller le clito, elle ne lutte pas pour se retenir, mais au contraire se laisse aller… prenant le risque de déconcentrer de nouveau l’atypique couple d’à côté.
Elle récupère quelques instants, descend du canapé pour embrasser encore sa partenaire. Envie de prolonger ces instants magiques, pas envie de partouzer avec les autres ou tout à l’heure peut-être. Elle fait rouler Carole sur le tapis, il lui suffit désormais de se retourner pour se mettre en soixante-neuf. Et voilà c’est fait ! Reprise des hostilités et histoire de varier les plaisirs, Béa introduit un, puis deux doigts dans l’anus de sa complice. Cette dernière trouve l’idée si excellente qu’elle fait de même. Elles restent dans cette position plusieurs minutes. Puis brusquement, dans un mouvement de symbiose inconscient, elles accélèrent s’appliquant, s’acharnant à donner le plus de plaisir à l’autre. Puis après le feu d’artifice, ce furent encore de nouveaux baisers. Elles sont en nage, échevelées et les cuisses collantes… et puis elles ont envie de pipi. Alors : direction la salle de bains.
Elles y courent en rigolant comme des gamines. Carole se précipite sur la cuvette.
– Non, non ! Proteste Béatrice, je vais m’allonger dans la baignoire, pisse-moi dessus !
– Cochonne !
Elle le fait, Carole appréciant maintenant ces jeux que Béa lui avait fait (re)découvrir quelques années auparavant. Son jet doré asperge la poitrine de la jeune chimiste, qui boira avec gourmandise les toutes dernières gouttes.
– A mon tour !
Carole entre dans la baignoire, s’accroupit et ouvre une large bouche.
– Tu veux me boire ?
– Je veux tout boire !
– Tu ne vas pas être déçue !
Effectivement, Béa avait une si grosse envie que Carole avale de travers et se met à tousser provoquant l’hilarité des deux femmes.
– On se douche ?
Elles jouèrent plusieurs minutes à se savonner les seins, les cuisses et les fesses. Puis petit séchage mutuel à la serviette. Béatrice se serait bien séchée les cheveux, mais Carole se fit pressante.
– On va rejoindre les autres !
Béa se dit alors qu’on ne peut pas toujours dire non et qu’il ne fallait pas qu’elle se plaigne : Carole lui avait déjà tellement donné ce soir !
Mais dans la salle à manger, on était en « fin de représentation ». Romy et Martinov avait inversé les rôles et c’était à présent ce dernier qui finissait de sodomiser le travesti. Le pauvre professeur se démenait comme un diable, le sang lui montait au visage. On l’entendit jouir dans un râle avant de déculer et de s’affaler, à demi-groggy sur le canapé.
– Tu vas bien mon petit professeur ? Inquiéta Béatrice
– Quel pied ! Se contente-t-il de répondre, manifestement ravi.
Jeudi
Arrivés à Paris, gare de l’Est, Martinov et Béatrice prirent un taxi jusqu’à la rue de Montreuil, dans le 20ème, là où était censé habiter Vannier. L’immeuble vétuste et mal entretenu n’avait que deux étages, on y entrait sans aucun digicode. Les boites aux lettres se trouvaient sur le mur de gauche. Ils en comptèrent 37 ! De toutes formes, de toutes couleurs et de toutes dimensions, certaines posées n’importe comment. Certaines dégueulaient de prospectus. Pas celle de Vannier, une jolie boite grise standard. Bien sûr, aucune indication d’étage et le seul occupant présent ne connaissait aucun Vannier. L’adresse n’était donc, c’est le cas de le dire qu’une boîte aux lettres. Dépités, et ne trouvant pas de taxis à cet endroit ils s’en furent rejoindre la Gare Saint-Lazare par le métro.
– Demain, je demanderai à Petit-Couture s’il peut nous aider (voir Pr Martinov et le grimoire magique)
– Pourquoi pas tout de suite ?
– Tu as raison !
– Ah, si tu ne m’avais pas ! Se moqua Béa.
Le lendemain comme prévu, Martinov téléphona à Binder, qui lui confirma que le stock de « Droit piquet » était détruit mais qui faillit s’étrangler quand il lui demanda de lui faxer en retour le procès-verbal de destruction.
– Vous l’aurez demain, mon fax déconne ! Finit-il par dire.
Monsieur Henri, détective.
Monsieur Henri détestait ce genre d’enquête, ce n’était pas amusant. Le téléphone de Vannier ne menait nulle part. Il fallait donc opérer à partir de la boite aux lettres. Une micro caméra fut donc posée à proximité par son associé en bleu de chauffe. La caméra n’enregistrait que les mouvements et les horodatait. Monsieur Henri en conclut que Vannier venait tous les jours ouvrir sa boite en début d’après midi. Il passa donc à la phase 2 de l’opération : la planque. Son associé après avoir introduit dans la boite une enveloppe non personnalisée (mais à l’affranchissement bidouillé, contenant un appel de fonds pour le denier du culte) fit donc semblant de tripoter une armoire électrique pendant trois quarts d’heure, avant qu’un individu ne pénètre dans le hall et ouvre la bonne boite. Celui-ci découvre l’enveloppe, l’ouvre, lit, puis en froisse le contenu. Le but de l’opération était de s’assurer que c’était bien le titulaire de la boite en personne qui venait relever le courrier et non un éventuel commissionnaire. L’associé sort faire un signe convenu à Henri. Vannier est repéré, il est à pied et rejoint à 500 mètres une boutique de réparation et de vente de téléphones portables, dont il semble être le responsable. L’enquête n’est pas terminée. Nos détectives attendent donc gentiment l’heure de la fermeture et suivent Vannier en métro jusqu’à son domicile à Levallois. Il y habite seul, dans une petite maison bourgeoise où la plaque indique son vrai nom « Laurent Pelletier ». Le tour est joué. Affaire terminée ! Il est content Monsieur Henri.
Le professeur Martinov
Petit-Couture fit le reste et téléphona ensuite à Martinov :
– Escroc notoire, condamné à 8 mois de prison etc… etc.… je vous envoie tout ça par Internet avec la photo du bonhomme…
– Je vous dois combien ?
– Rien du tout, mais passez donc un de ces jours avec votre charmante collaboratrice, cela nous rappellera des bons souvenirs.
– C’est promis, dès qu’on en aura fini avec cette affaire, nous prendrons date.
Vannier (nous continuerons à l’appeler ainsi pour la clarté du récit) cherche à se venger. Il n’a aucune haine envers le professeur Martinov qu’il ne connaît même pas, mais ce dernier ayant contrarié ses projets, il estime qu’une vengeance ne pouvait qu’aller de soi. Question de principe, quoi !
Il réfléchit pas mal avant de découvrir la bonne idée. Puis il croit avoir trouvé : Il va proposer à Martinov de bricoler une version en spray de son « lapin dur ». Du coup le produit ne sera plus seulement un excellent stimulant sexuel, mais un aphrodisiaque. Imaginez un coup de spray sur le nez de la personne qu’un monsieur souhaite voir dans son lit et quelques minutes après la voici transformée en nymphomane. La première phase consistera donc à proposer l’idée à Martinov et à lui offrir sa collaboration. Il compte pour cela sur ses talents de bonimenteur et de baratineur. La vengeance interviendra subtilement dans la seconde phase. Il suffira qu’une des femmes qui aura respiré le spray et qui sera donc tombée dans les griffes d’un séducteur aille déclarer qu’il s’agit d’un viol. Vu la mentalité des juges sur ce genre d’affaires, l’issue ne devrait faire aucun problème. Résultat : interdiction du « lapin dur » sous toutes ses formes, Martinov condamné… et du coup la fabrication du « Droit Piquet » pourra reprendre ! Il n’en revient pas, Vannier d’être aussi génial ! Demain il téléphonera à Martinov pour prendre rendez-vous.
– On a des rendez-vous aujourd’hui ? Demanda Martinov.
– Ouais, répondit-elle en ouvrant l’agenda, Monsieur Darius, un type qui veut fabriquer des sprays aphrodisiaques.
– Mais c’est notre domaine réservé, ça !
– C’est ce que j’ai essayé de lui faire comprendre, mais le mec avait un tel bagout qu’il m’a embobiné. Il m’a dit que ça ne nous coûterait pas grand-chose de l’écouter un quart d’heure. J’ai ensuite essayé de le rappeler pour annuler le rendez-vous, mais je n’ai pas réussi à le joindre.
– Pas grave, on lui dira qu’on est pressé. C’est pour qu’elle heure ?
– 10 heures !
A 10 heures précises, la sonnette d’entrée retentit et Béatrice s’en alla ouvrir à son visiteur. Son visage lui rappela quelqu’un, sans qu’elle puisse dire qui. Au lieu de l’accompagner dans le bureau de Martinov, elle eut la présence d’esprit de le loger dans ce qui faisait office de salle d’attente.
– J’ai déjà vu ce mec quelque part ! Déclara Béa.
– Recevons-le, on verra bien !
– Non, va le chercher, il y a quelque chose qui me chiffonne !
Martinov se leva donc, se demanda ce qui pouvait inquiéter sa collaboratrice à ce point, et pila en reconnaissant le visage de Vannier, assez peu différent de celui sur la photo communiquée par Petit-Couture.
– Nous avons un petit contretemps, nous allons vous recevoir dans cinq-dix minutes.
– C’est Vannier ! Chuchota Martinov de retour dans son bureau.
– Vannier ! Mais bien sûr ! Pourquoi est-ce que je ne l’ai pas reconnu ? Et bien ça tombe bien, on voulait justement le voir !
– Béa, tu m’as l’air un peu fatiguée ce matin !
– Je n’ai pas assez dormi !
– Il a pris rendez-vous sous pseudonyme et de plus il ignore que nous connaissons son visage. Alors, on va le laisser parler, on en dira le moins possible et ensuite on improvisera.
Ils firent entrer Vannier, qui commença par reluquer Béatrice en la déshabillant des yeux. Il exposa ensuite avec force bagout, son projet de fabrication et de commercialisation d’un spray.
– Nous réservons notre réponse, Monsieur Darius. Lui dit Martinov une fois que son interlocuteur lui eut exposé son projet en long et en large.
– Serait-ce indiscret de vous demander ce qui vous empêche de me répondre de suite ? Si vos hésitations sont d’ordre technique, on peut en parler, parce que j’ai bien réfléchi à tous les aspects du problème. Ainsi…
Et c’était reparti pour un tour, c’était ça sa méthode de discussion, saouler son interlocuteur, le dominer du verbe. Martinov le coupa :
– Monsieur Darius, l’entretien est terminé, nous vous communiquerons notre réponse sous huitaine.
– Accordez-moi juste cinq minutes, et après promis, juré, je me sauve.
– Au revoir monsieur Darius, répondit le professeur en se levant et en tendant la main.
– Juste cinq petites minutes.
– Si vous ne voulez pas me serrer la main, je n’en ferai pas une maladie, la sortie c’est par là, Béatrice va vous accompagner.
– Attendez-moi une seconde ici, lui proposa Béatrice en lui désignant le fauteuil d’attente, je vais vous faire renseigner un imprimé afin que nous puissions vous recontacter.
– Est-ce bien nécessaire ?
– Ne bougez pas, j’en ai pour une minute.
Revenue dans le bureau, elle indiqua rapidement à Martinov les grandes lignes d’un plan assez flou qui lui était venu à l’idée pendant l’entretien.
– Pourquoi pas ? Mais sois prudente, ce mec est loin d’être idiot !
– Ne t’inquiète pas, mon petit professeur.
Revenue près de Vannier, elle lui demanda d’indiquer sur une feuille son adresse et son téléphone.
– Vous avez déjà tout ça, protesta Vannier, de plus mon portable déconne il faut que je le change, c’est moi qui vous contacterai pour connaître votre décision.
– Mais, nous n’avons même pas votre adresse !
– Inutile ! Je vous dis, je vous téléphonerai.
– Bon d’accord, soyez confiant, je sais comment fonctionne Monsieur Martinov, je pense que nous ferons affaire.
Vannier qui avait presque perdu tous ses espoirs, ne s’attendait pas du tout à cette réplique, et se retrouva tout d’un coup requinqué.
– Vous avez beaucoup de charme, Monsieur Darius, ce n’est plus si courant de nos jours !
– Merci !
Voilà une réflexion qui constituait un véritable appel du pied. Vannier méprisait les femmes qui osaient une telle conduite, pour lui ce n’étaient ni plus ni moins que des « salopes ». Quand la chose lui arrivait, il se faisait un plaisir de les renvoyer sèchement et vertement dans leurs cordes, position d’autant plus facile pour lui qu’il se savait incapable de conclure charnellement un flirt.
Mais à présent tout était différent. Depuis qu’il avait découvert le « lapin dur », il était redevenu un homme, un « vrai », alors pourquoi ne pas profiter de l’opportunité ? Alors il s’entendit répondre :
– Si vous acceptiez, je me ferais un plaisir de vous inviter au restaurant.
– Mais voilà qui me parait une excellente idée ! Répondit Béatrice. On fait ça quand ?
– Pourquoi pas ce soir ?
– Ce soir ? Euh, d’accord.
Ils se donnèrent rendez-vous Gare Saint Lazare et Béatrice pris congé en gratifiant Vannier d’un clin d’œil qui se voulait complice.
– Le poisson est ferré ! Claironna-t-elle en rejoignant Martinov.
Vannier était dubitatif ! Passée l’excitation de la prise de rendez-vous, une foule de questions l’envahissait. Ce serait donc la première fois qu’il emmènerait une femme au restaurant, il n’avait aucune expérience : comment devait-il s’habiller ? Et puis quel genre de restaurant souhaitait-elle ? Et de quoi parleraient-ils. Ayant peu d’amis et étant brouillé avec sa famille, il n’avait l’occasion de faire la conversation qu’au comptoir du bistrot où il prenait son café. Mais il ne se voyait pas parler football ou télévision avec cette Béatrice ! Bof, il pourrait toujours parler voyage, mais tenir la distance pendant une heure et demie lui paraissait une gageure. Alors il crut trouver la solution, il l’emmènerait manger un truc qui se consomme rapidement, une pizza par exemple. Voilà, l’idée était excellente : une pizza, puis au plumard !
Ce n’est qu’un peu plus tard qu’eut lieu le déclic :
Mais comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Cette femme était sans doute lassée de travailler avec Martinov, alors il suffisait qu’il lui offre un emploi dont la nature serait à définir, elle saurait sans doute reconstituer la méthode de fabrication du « lapin dur » qui du coup pourrait être fabriqué dans n’importe quelle usine. Génial, la perspective était géniale et la vie redevenait belle pour Vannier, qui sortit s’acheter un superbe costume neuf, une chemise en soie, une cravate classieuse et des chaussures à la mode. Il acheta aussi de quoi remplir son « bar » ainsi que quelques morceaux de musique douce puis passa le reste de l’après-midi à faire le ménage en grand chez lui (et il y en avait besoin !)
19 heures, quartier St-Lazare.
Béatrice s’est bichonnée. Elle a bien l’intention de lui en foutre plein la vue, à Vannier : petite robe blanche sans manches, décolletée bien comme il faut, le cou orné d’un superbe bijou de famille qui doit valoir son pesant de cacahuètes et puis un joli manteau en cuir par-dessus tout ça parce qu’il ne fait pas bien chaud.
Béatrice lui tend la joue. Chastes bisous.
– On va où ? Demande-t-elle.
– Une bonne pizza, ça vous dit ?
– Je ne sais pas, j’avais plutôt envie de fruits de mer !
– Ah ! Bon alors, allons-y pour les fruits de mer, il y a justement plusieurs restaurants de ce genre dans le coin.
Vannier pesta contre cette pétasse qui venait l’air de rien de doubler le temps de table. Mais le restaurant était tout près :
– Ces messieurs dames désirent un apéritif ?
– Je prendrais bien une coupe de champagne.
Vannier commença à se demander s’il n’avait pas emmené une machine à sous dans ce restaurant, impression renforcée quand Béatrice choisit le plateau « royal » et le vin blanc le plus cher. Certes Vannier avait de l’argent, mais il n’aimait pas gâcher. Pour lui toute dépense sortant de l’ordinaire se devait d’être un investissement. Il est vrai qu’au bout il y avait le « plumard » et surtout si tout se passait comme prévu, le secret de la fabrication du « lapin dur ».
Après avoir échangé quelques banalités, il attaqua :
– Ce Martinov, il fait très vieille école, non ?
– C’est à dire ? Lui fit préciser Béa, ne sachant pas où il voulait en venir.
– J’aurais du mal à travailler avec un tel personnage mais je ne peux pas dire pourquoi.
– Je ne m’en plains pas, sous son air bourru, c’est une personne bourrée de qualités. Je sens que vous êtes inquiet pour le produit que vous nous proposez, ne vous faites pas de souci, tout ira bien, nous en avons reparlé cet après-midi, il nous faudra régler quelques bricoles, mais je vous confirme que l’affaire devrait se faire.
La conversation prenait pour Vannier une tournure imprévue. Il se devait donc d’être plus direct.
– Je peux vous poser une question indiscrète ? Osa-t-il
– Posez, mais je ne vous promets pas d’y répondre !
– Si on vous proposait un emploi bien mieux payé, je suppose que vous quitteriez ce monsieur Martinov.
Ça y est, Béatrice venait de comprendre, elle entra donc dans son jeu. Ce n’était après tout qu’en enrichissement du scénario qu’elle avait prévu.
– Evidemment !
– Une supposition, ce n’est qu’une idée en l’air bien sûr, je crée une petite société, je vous embauche, vous pourriez à ce moment-là travailler sur mon spray, et on se passe de Martinov !
Béa entra si bien dans le jeu de Vannier qu’à 22 heures 30, ils y étaient encore, allant même jusqu’à demander papier et crayon au restaurateur afin de noter un certain nombre de choses. Tout y passa : la filière de production (complètement fantaisiste mais Béatrice avait rapidement compris que son interlocuteur n’avait des notions de chimie que vaguement scolaires), mais aussi le nom sous lequel la société serait enregistrée, les émoluments de Béa et son profil de carrière. Aucun détail ne semblait oublié et Vannier complètement médusé, n’en revenait pas que ce jour soit son jour de chance.
– Vous annoncerez quand votre démission à Martinov ? Osa demander Vannier.
– Je vais le préparer tout doucement pendant que vous accomplirez les formalités administratives, il risque d’avoir du mal à s’en remettre.
– Il était amoureux de vous ?
– Ça ne vous regarde pas !
Vannier comprit que sur ce terrain-là, elle ne le suivrait pas. Ce serait peut-être un problème. Comment réagirait-elle quand elle s’apercevrait que son projet ruinerait Martinov ? Mais bof, se dit-il les trois quarts du travail avaient déjà été accomplis ce soir, ce qui était inespéré, il trouverait bien comment gérer la suite.
– On va peut-être prendre le frais, il est tard ! Lança Béa
Vannier se dit alors que la suite ne serait qu’une formalité (une forme alitée).
– J’habite à Levallois, en métro on y est en dix minutes, je vous offre un dernier verre.
– Un dernier verre ? Volontiers, mais prenons-le plutôt dans cette brasserie là-bas.
Déception évidente de Vannier qui ne comprend plus bien, puis réalise qu’avec toute cette causette, ils n’ont pas encore dragué. Sans doute s’agit-il pour elle, se dit-il, d’un préalable obligatoire ?
Et les voilà au bistrot. Béatrice traine volontairement pour enlever son manteau, de façon à laisser Vannier s’installer le premier, afin qu’elle puisse se placer en face de lui et non pas à côté, comme il l’aurait souhaité.
Vannier est mal. Il est mal car il ne sait pas trop comment opérer. Béatrice ne dit rien et semble sourire à la lune. Le garçon vient prendre les commandes puis sert. Le silence devient pesant et voilà Vannier obligé d’improviser :
– Ce collier est magnifique !
– Oui, il plait beaucoup. C’était à ma marraine, il faudra que je le fasse estimer, il y en a pour de l’argent ! Mais dites-moi Monsieur Darius, êtes-vous satisfait de cette soirée ?
– C’était merveilleux, Béatrice, je peux vous appeler Béatrice, n’est-ce pas ? Mais la soirée n’est pas terminée, elle ne fait que commencer.
– Je crains que si, Monsieur Darius, je ne couche jamais le premier soir !
– Mais je ne vous demandais pas une chose pareille ! Mentit effrontément Vannier.
Pauvre Vannier qui avait fait le ménage en grand chez lui !
– Ah, au fait Monsieur Darius, il y a une seule chose que nous n’avons pas évoqué : quel nom donnera-t-on à notre produit ?
– On y réfléchira, vous avez une idée, vous ?
– « Droit piquet », ce serait très bien.
Vannier devient rouge comme une tomate.
– C’est déjà pris ! Balbutie-t-il.
– Comment le savez-vous ?
Il est incapable de répondre, son estomac se noue, il ne comprend rien.
– Je voulais dire, ça ne me plait pas comme nom.
– Pourquoi m’avez-vous dit que c’est déjà pris ? C’est la boisson ?
– C’est vrai qu’on a peut-être bu un peu trop ! Concède Vannier, tout content de s’en sortir à si bon compte.
Béatrice s’apprête à donner l’estocade, c’est le moment le plus difficile, elle a imperceptiblement sorti de son sac une mini bombe lacrymogène… au cas où…
– Un truc qui aurait été bien ce serait d’aller récupérer le stock ! Reprit Béatrice.
– Le stock ? Quel stock ? Demande Vannier de nouveau circonspect.
– Le stock de « Droit piquet » qui est entreposé à la manufacture Binder, monsieur Roland Vannier !
– Mais de quoi parlez-vous ? Balbutie ce dernier.
– Ou bien préférez-vous que je vous appelle de votre vrai nom « Laurent Pelletier » ? Nous savons tout sur vous, vos activités, vos adresses, vos antécédents.
– Mais vous délirez !
– Je n’ai qu’un conseil à vous donner : nous n’allons pas perdre du temps à faire de la procédure, mais si on a le malheur d’entendre de nouveau parler de vous, ce sera le dépôt de plainte pour contrefaçon, et ça ne concernera pas seulement notre produit… on vous a vu aux puces faire d’étranges transactions. Faut-il que je continue ?
Vannier est anéanti mais il reste lucide. Les menaces de Béatrice ne l’impressionnent pas, à la limite il ira passer quelques temps en Italie ou en Espagne, histoire de se faire oublier.
– Vous êtes folle à lier, venez, je vous accompagne au métro ?
– Ne vous donnez pas cette peine ! Rétorque Béa.
Elle est malgré tout stupéfaite de l’attitude de son interlocuteur. Celui-ci se lève, l’aide à passer son manteau puis d’un geste rageur il laisse un billet de 10 euros sur la table, se dirige vers la sortie, fait cinq ou six mètres, se retourne et lui lance « Salope ! » avec tout le mépris dont il se sait capable.
Béa sort, prend le métro vers le quartier Montparnasse. C’est en s’asseyant et en ouvrant son manteau que par un geste instinctif, elle passe la main sur son cou. Le collier a disparu ! Elle fait ce que tout le monde fait dans ces cas-là : elle regarde par terre puis redescend de la rame, revient à St Lazare, regarde au sol, revient à la brasserie, demande au personnel… avant de réaliser que c’est très probablement Vannier qui le lui a subtilisé quand de façon incongrue et dans un dernier geste qu’elle pensait de politesse, il l’a aidée à enfiler son manteau.
Elle raconta sa mésaventure à Martinov le lendemain.
– Je crois bien que je l’ai cassé moralement mais je ne pensais pas que le prix à payer serait si lourd. Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je ne peux pas porter plainte, je ne vais pas aller chez lui, il ne m’ouvrira pas, et même s’il m’ouvre, il niera…
– Tu es vraiment sûre que c’est lui ?
– Bien sûr, il doit connaitre des trucs de pickpocket. Normalement un mec qui se fait jeter comme je l’ai fait ne s’amuse pas à faire de la politesse… surtout pour me traiter de salope trente secondes plus tard !
– J’ai peut-être une idée, je donne un coup de fil et je t’en reparle ! Lui répondit le professeur.
– Non mais attends, je t’aime bien mais tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Ironisa Josie au téléphone.
– Attends, je vais t’expliquer mieux !
Il le fit.
– Ah ! Vu comme ça, c’est différent ! Bon d’accord, si ça peut te rendre service ! On ira au restaurant après ?
– Bien sûr ! Euh, la présence de Béatrice ne te dérangera pas ?
– Elle est comment, Béatrice ?
– Elle est gentille !
– Alors ça va !
19 heures – Levallois
On sonne chez Pelletier alias Vannier. Il est surpris, regarde par l’œilleton, découvre une femme qu’il ne connait pas. Il entrouvre.
– Bonjour Monsieur Pelletier, c’est la commission d’urbanisme, j’en aurais pour cinq minutes.
Il la fait entrer. Josie enlève son manteau, son chemisier est en voile transparent noir sans soutien-gorge en-dessous. Vannier ne comprend pas mais soupçonne quelque chose de peu clair. Mais il n’a nullement l’occasion d’approfondir la question, un coup de pied dans les testicules vient de l’envoyer au sol de douleur.
Un raclement de gorge, c’est le signal, Martinov et Béatrice entrent. Vannier est menotté.
Lui faire avouer où était le collier fut une formalité. Un petit tour dans l’appartement leur révéla que l’une des pièces était un véritable entrepôt : fausses montres de marques, faux parfums, fringues contrefaites. Ils déshabillent complètement Vannier, lui arrachant sa chemise au passage, puis à l’aide d’une deuxième paire de menottes, ils lui attachèrent la cheville gauche à une barre de chaise. Il ne pourrait ainsi se déplacer qu’en se trainant. Trois cartons d’objets contrefaits furent vidés juste à côté de lui. Puis les visiteurs disparurent.
La rage. Vannier avait la rage. La première chose qu’il fit fut de récupérer son téléphone portable. Mais s’en servir quand on est menotté dans le dos n’est pas chose facile. Il mit un certain temps à réaliser qu’il pouvait peut-être s’en servir, mais difficilement à l’aide d’un crayon tenu entre ses dents. Prévenir qui ? Les pompiers ! Mais si la police arrivait dans la foulée et tombait sur les contrefaçons ? Il ne restait comme solution que de prévenir l’un de ses contacts. Situation humiliante mais sans alternative. Un bruit de sirène ! Ce ne peut-être pour lui ! Si ! Le bruit s’arrête juste en bas, des bruits de pas dans l’escalier. Sauf à tomber sur des flics myopes, il est bon pour quelques années de prison.
Notre trio est dans le métro. Ils n’avaient pas eu le temps de faire les présentations et on sent une certaine gêne entre Béa et Josie.
Arrivée au restaurant, Josie s’en alla directement aux toilettes, se mettre un soutien-gorge.
– Elle a beaucoup d’allure, ton amie, tu as bon goût mon petit professeur.
– Hé, hé !
Josie revient et s’installe en face de Béatrice.
– Dis-moi, Dédé, je ne voudrais pas qu’il y ait d’ambigüité, Mademoiselle est au courant ?
Béatrice éclate de rire
– C’est toi Dédé ?
– Ben oui, qu’est ce qu’il y a de drôle, je suis censé m’appeler André, non ?
– Oui mais c’est la première fois que j’entends quelqu’un t’appeler comme ça. Bon soyons sérieuses. Je suppose, chère madame, que votre question se rapporte à votre activité ?
– Absolument !
– Alors oui, je suis au courant et rassurez-vous, ça ne me choque absolument pas. Je disais d’ailleurs à « Dédé » que vous aviez beaucoup d’allure.
– Merci, mais je pourrais vous retourner le compliment, vous être véritablement charmante. Célibataire, je crois ?
– Je n’ai pas envie de me fixer pour le moment, je n’en aurais peut-être jamais envie, alors je virevolte, je m’amuse.
– Vous avez bien raison, mais les hommes ne le comprennent pas toujours.
– Je sais, les femmes non plus d’ailleurs.
– Vous voulez dire que vous amusez aussi avec les femmes ?
– Ça m’arrive parfois, oui !
– Peut-être sommes-nous faites pour nous entendre ? Avec le métier que je fais, ma libido ne fonctionne plus avec les hommes mais avec les femmes, ça marche.
– Toutes les prostituées seraient donc lesbiennes ? Intervient Martinov qui aimerait bien savoir.
– Non, certaines sont célibataires et d’autres font la différence entre l’homme qu’elles retrouvent le soir et ceux qu’elles rencontrent au travail.
L’arrivée du serveur venant prendre les commandes coupa un moment cette intéressante conversation, puis Josie reprit :
– Bon, dis donc Dédé, tu ne m’as pas dit combien tu allais me donner pour le petit service ?
– Ton prix sera le mien !
– Alors ce sera un prix d’ami, celui d’une prestation avec moi.
– Tu peux me demander plus…
– Je t’ai dit que c’était un prix d’ami.
– Tu veux l’argent tout de suite ? Répondit-il en sortant son portefeuille.
– Tsss, tu n’as pas compris, la prestation on la fera pour de vrai !
– D’accord, je passerai dans la semaine.
– Pourquoi pas ce soir ?
– Oui, pourquoi pas ?
La discussion se dilua ensuite sur des sujets communs, Béatrice et Josie s’échangeaient des regards de plus en plus équivoques.
– Si je ne me retenais pas ! Finit pas lâcher cette dernière alors que Martinov allait aux toilettes.
– Mais ne vous retenez pas, voir qu’on me désire m’excite énormément.
– Je ne fais pas payer les femmes…
– J’avais compris. C’est quand vous voulez !
– Ce soir ?
– Pourquoi pas, mais vous avez déjà un rendez-vous, je crois.
– On va s’arranger !
En sortant, ils prirent tous les trois le métro.
– Ce n’est pas la bonne direction ! S’étonna Martinov
– Mais si, on ne va pas au studio, on va chez moi ! Répondit Josie.
– Ah, bon ! Et toi, tu changes où ? Demande-t-il à Béatrice.
– Nulle part, mon petit professeur, je vous accompagne !
Josie habitait un bel appartement dans le 16ème
– Voilà, si vous avez la flemme de rentrer, vous pourrez coucher là, il y a de la place. Je vais commencer par m’occuper de Dédé et après la nuit sera à nous. Vous voulez boire quelque chose ?
– Un peu d’eau.
– Béatrice, installez-vous là, vous pouvez regarder la télé si vous voulez ! Viens Dédé, on va dans la chambre.
– Je ne peux pas vous regarder ? Propose Béa.
– Moi ça ne me dérange pas, qu’est-ce que tu en penses Dédé ?
– Pas de problème !
– O.K. on commence et on vous appelle !
Une fois en chambre, Josie se rendit à l’évidence.
– Tu ne m’as pas l’air très motivé, on dirait !
– Ouais t’as raison, laissons tomber, mais je vais te payer quand même.
– Et si tu essayais ton produit miracle ? Tu en as sur toi ?
– Oui, mais bof !
– Vas-y, j’ai envie d’essayer.
Ils prirent chacun une pilule, se déshabillèrent et s’allongèrent sur le lit en attendant que l’effet du « lapin dur » se fasse sentir.
– Qu’est ce qui t’arrive, tu avais l’air en forme au restaurant, pourtant ?
– J’en sais rien, ce doit être le choc nerveux. Cette affaire est terminée mais j’aurais préféré une autre fin, une fin à l’amiable.
– Tu ne vas quand même pas le plaindre, ce Vannier ? Je sais pas ce que j’ai, j’ai une de ces soifs.
– Normal, c’est la pilule !
Josie se lève telle une diablesse qui sort de sa boîte, traverse le salon à poil, s’empare d’une bouteille d’eau dans le frigo et revient.
– Ne t’inquiètes pas, tout va bien, lance-t-elle à l’adresse de Béatrice bien sage dans son fauteuil devant la télé.
Ils burent la moitié de la grande bouteille !
– Je me sens toute chose ! Avoua Josie.
– Hé, hé, tu as vu comme je bande, maintenant !
– Hummm, mais qu’est ce qu’il m’arrive ? Allez viens, viens me baiser mon salaud, viens me foutre ta grosse bite dans ma chatte !
Alors le temps de mettre une capote, d’oublier les préliminaires et Martinov besogna sa partenaire, qui poussait d’incroyables miaulements, en moins de cinq minutes. Ils s’affalèrent ensuite, épuisés et dégoulinants de sueur avant de finir la bouteille d’eau.
– Je vais rentrer, je suis crevé ! Proposa Martinov.
Josie l’en dissuada, oubliant (volontairement ?) de se passer une robe de chambre, elle lui proposa de coucher sur le canapé. Les deux femmes l’aidèrent à s’y installer, lui fournirent un drap, un oreiller et une couverture et il ne tarda pas à ronfler (comme d’hab)
Voir ainsi le corps nu et légèrement halé de Josie s’agiter sous ses yeux, réveilla comme l’aurait fait une étincelle, l’excitation de Béatrice.
Animée d’un désir commun et partagé, elles allèrent à la rencontre l’une de l’autre, mais Béatrice se rendant compte qu’elles n’étaient pas à armes égales fit « stop » à sa future partenaire, le temps qu’elle se débarrasse de ses vêtements qu’elle envoya valser n’importe où.
Alors elles purent se rejoindre. Curieusement elles ne s’embrassèrent pas de suite, se testant sans doute, et Béatrice se trouvant un peu embarrassée de dominer en stature son ainée.
Face à face, elles se caressèrent, s’empaumant les fesses, laissant glisser leurs mains contre les bras, contre les cuisses.
– Tu as la peau si douce ! Déclina Josie rompant le silence.
– Ça ne vaut pas la tienne, on dirait du satin !
Les visages enfin se rapprochent, le baiser est sensuel à défaut d’être torride. Les deux femmes se sourient, se contemplent, se trouvent bien ensemble. Elles s’embrassent de nouveau, c’est plus de la tendresse que de la fougue.
Les mains gagnent en audace, caressent les seins. Elles se rapprochent, se serrent, se collent l’une contre l’autre. Encore un petit bisou, encore des caresses.
– J’étais déchainée tout à l’heure, maintenant je suis étrangement calme ! Précise Josie.
– C’est les pilules !
– … Mais ça ne m’empêche pas d’avoir envie de toi !
– C’est réciproque, tu le sais bien !
– Viens !
Josie conduit Béatrice dans la chambre, enlève avec un petit sourire la serviette de bains posée sur le dessus de lit et sur laquelle Martinov l’a pénétrée, puis ouvre le lit et s’y vautre.
Les deux femmes sont l’une à côté de l’autre. Echange de douceur, de caresses, de sourires. Peu de paroles échangées. Volonté réciproque de faire durer ces instants le plus longtemps possible.
Insensiblement, elles passent à la vitesse supérieure, lèvres sur les seins, mains plus audacieuses, baisers plus profonds. Elles savent toutes deux l’explosion imminente. Encore un baiser, un regard rempli de désir, la main de Béa posée sur la chatte de Josie en découvre l’humidité croissante.
– Toi aussi ! Dira Josie, lui rendant la politesse.
Nouveau sourire de connivence : c’est Béa qui n’y tenant plus, se retourne, tête-bêche, écarte doucement le sexe de la jolie prostituée, la caresse quelques instants avant d’y plonger la langue. En même temps, elles rectifient leur position afin que la bouche de Josie puisse en même temps régaler la chatte de Béatrice en un soixante-neuf classique.
Lécher et être léchée, la position n’est pas si évidente : il faut que les deux protagonistes soient au diapason. Elles le sont, ce torrent de tendresse devient un fleuve de plaisir, les langues fouillent, les lèvres sucent. Puis la symbiose s’opère et les deux femmes se mettent à se sucer le clitoris
Béa sent comme une décharge électrique dans son corps, elle se raidit, agrippe de la main les draps du lit, lutte pour ne pas arrêter de donner ce qu’elle offre à Josie. Mais la montée du désir est trop forte, elle s’abandonne, hurle et mouille. Puis avec une volonté inouïe, recolle à sa partenaire pour l’emmener à son tour vers une jouissance aussi forte que la sienne.
Elles s’enlacent les yeux plein de larmes de bonheur.
– Toc, toc !
On frappe. Ce ne peut-être que Martinov
– Entre !
Les deux femmes dans un réflexe de pudeur incongrue cachent leur nudité
– Euh tout va bien ? J’ai entendu du bruit.
Puis il se rend compte de sa gaffe !
– Excusez-moi, je vous laisse dormir !
– Bonne nuit mon petit professeur, fais de beaux rêves, lui répond Béatrice avant de s’endormir sur le doux sein de sa partenaire d’une nuit.
FIN
Maud-Anne Amaro © Mars 2010 La Rochelle
Comme d’habitude dans les récits de Maud-Anne, il y a une mélange intelligent de thriller et de scène des cul et cela pour notre plus grand plaisir.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance du final
Un tourbillon de perversité dans un bon esprit ! Bravo !