Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 1 Prologues par Maud-Anne Amaro

 

Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 1 Prologues par Maud-Anne Amaro

 

Prologue

Romain Framboisert est grand, brun, les tempes légèrement grisonnantes, c’est un bel homme élégant, souriant et charmeur, la quarantaine lui va plutôt bien. Il est divorcé et remarié avec une très belle femme prénommée Edith.

Cinq ans avant les événements qui vont être narrés dans cette histoire, Romain Framboisert travaillait comme ingénieur chez Duvalès-Sécurité, une boite spécialisée dans les systèmes de sécurité sophistiqués. L’entreprise en question fut un jour contactée par la Bijouterie Brougnard qui souhaitait un dispositif original et performant pour sécuriser ses coffres. Framboisert avait longtemps été considéré comme le meilleur élément de l’entreprise avant qu’il ne commette une bévue (qui n’en fait pas ?). Il s’était fait à cette occasion réprimander avec une violence verbale démesurée, et le dossier de la bijouterie ne lui fut pas confié, ce qu’il considéra comme une humiliation. Il chercha un moyen de se venger, manqua d’abord d’idées, mais dix jours plus tard, profita d’un soir d’heures supplémentaires pour photocopier le projet Brougnard, que Jenner, l’un de ses collègues aux dents longues venait juste de finaliser et d’enfouir dans le tiroir de son bureau (fermé à clé, mais vous pensez bien qu’une serrure de bureau…)

En feuilletant chez lui le dossier, Framboisert y trouva quelques « astuces  » de sécurité auquel il n’aurait sans doute jamais pensé. Il en fut terriblement dépité.

Le lendemain Jenner fut surpris de découvrir ses tiroirs non verrouillés, mais n’y attacha aucune importance supposant qu’il avait tout simplement oublié de les fermer.

Les soucis professionnels ne sont jamais statiques, soit ils s’arrangent, soit ils s’aggravent. En ce qui concerne Framboisert, ils s’aggravèrent logiquement : on ne travaille pas correctement en situation de stress. A ce point que notre homme finit par donner sa démission, non sans avoir traité son patron de « pauvre connard » et comme il possédait quelques fonds propres, il fonda sa propre entreprise, « Framboisert-électronique ».

Il fut démarché quelques mois plus tard par un dénommé Robert Perronoux dont les relations lui permettaient d’avoir ses entrées au ministère de la défense auprès duquel il servait en quelque sorte de courtier.

Perronoux était pour ainsi dire l’antithèse de Framboisert. Bedonnant, binoclard et dégarni, et doté d’une élocution désagréable, cet éternel célibataire ne faisait rien pour s’améliorer. Costume cravate, certes, mais costume cravate pas très nets.

Mais peu importe la présentation, cette rencontre permit à Framboisert de fournir quelques dispositifs au ministère. Les affaires marchaient plutôt bien du moins au début, puis l’activité baissa.

Un jour qu’ils devaient déjeuner ensemble pour parler affaires, Framboisert arriva en retard au restaurant alors que Perronoux patientait en lisant un journal.

– Désolé, je suis venu en bus, j’ai été coincé dans les embouteillages.
– Ce sont des choses qui arrivent. J’étais en train de lire un truc amusant, tenez :

« Echec aux cambrioleurs ! En pleine nuit trois hommes ont réussi à pénétrer dans la salle des coffres de la bijouterie Brougnard où un ingénieux système les y a enfermés. La police alertée automatiquement n’a plus eu qu’à les cueillir le plus simplement du monde. »

– Sont vraiment cons, ces mecs, ils n’ont même pas coupé le courant ! Commenta Perronoux.
– C’est pas ça ! Le système qui les a coincé produit sa propre électricité, et il se trouve à l’intérieur du coffre, c’est imparable.
– Vous avez l’air bien renseigné ! Mais c’est vrai que vous avez travaillez là-dedans.
– Pour tout vous dire j’ai même travaillé sur leur système de sécurité, à la bijouterie Brougnard ! Mentit-il.
– Ah, bon ? Les employés entrent comment ?
– Digicode plus reconnaissance de l’empreinte digitale. Ça désactive toutes les alarmes pendant quelques secondes.
– Sécurité absolu alors ?
– Pfff ! Il n’existe pas de sécurité absolue !
– C’est quoi la faille ?
– Vous voulez faire un casse, Monsieur Perronoux ? Ironisa Framboisert.
– Le sujet me passionne, voyez-vous !
– La maintenance peut entrer sans reconnaissance digitale, juste en effectuant une manip spéciale. C’est une société extérieure à la boite qui s’en occupe….
– La manip est compliquée ?
– Disons qu’il faut connaître.
– Mais, vous, vous savez faire ?
– Si nous changions de conversation ?

Perronoux n’insista pas, mais le vers était dans le fruit. Les deux hommes se revirent la semaine suivante.

– Je repensais à cette bijouterie Brougnard… Admettons, (pourquoi ne pas rêver ?) que j’organise tout, vous nous fournissez la procédure pour entrer dans la salle des coffres sans déclencher d’alarme, et on vous laisse un quart du butin.
– Ce genre de butin n’est pas facilement négociable !
– Mais si !
– Bon on parle d’autre chose ?

Un silence gêné s’établit entre les deux hommes.

Quel con, il avait été d’avoir été se vanter bêtement d’avoir travaillé sur le dossier Brougnard ! Il se demandait si pour Perronoux, ce casse était juste une lubie passagère ou une idée qui risquait de devenir obsessionnelle ? Dans ce second cas, il ne serait pas tranquille, l’autre reviendrait à la charge quels qu’en soient les moyens. D’un autre côté, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’un tel casse serait une vengeance tout à fait délectable envers Eric Duvallès, son ancien patron. L’enquête y aboutirait forcement et ne pourrait manquer d’y créer un joyeux bordel sans que l’on puisse sérieusement le soupçonner, lui.

– Me lancer là-dedans, c’est jouer trop gros, on me retrouverait ! Temporisa Framboisert.
– Toute action comporte sa part de risque !

« Il est presque nul le risque, mais il n’a pas besoin de le savoir, faisons monter les prix. »

– Pour 5 millions en cash, je marcherais peut-être.
– On ne sait même pas ce qu’il y a dans le coffre.
– Au moins 10 fois plus.
– On ne me rachètera pas les bijoux à leurs valeurs réelles, vous le savez bien.
– Faites-moi une offre !
– Un million !
– Trois…

Ils tombèrent d’accord sur deux et demi !

– On le fait pour de vrai ?
– Faisons-le !

Le lendemain Framboisert photocopia la feuille d’instruction destinée au service de maintenance. Elle décrivait la procédure dont auraient besoin les cambrioleurs. Il fit ça à la poste, les mains protégées par des gants qu’il venait d’acheter, puis remit la copie à Perronoux.

– Tout est dans cette enveloppe, ça tient sur une page. Je n’ai laissé aucune empreinte, ne laissez pas les vôtres.

Perronoux ouvrit l’enveloppe, se protégea les doigts avec un kleenex et jeta un regard circonspect sur la feuille.

– C’est hard !
– Evidemment ! Vous êtes en train de tout lire à la fois ! Il suffit de respecter les instructions ligne par ligne et ça devient simple comme bonjour…
– Et cette indication manuscrite en bas, c’est peut-être gênant ? C’est votre écriture ?
– Oui ! Mentit-il. Si la police retrouve ce document, elle va identifier mon écriture. Du coup, je serais disculpé, ils ne me penseront jamais assez con pour avoir laisser filler un truc avec mon écriture.
– Pas con, mais c’est quoi ?
– Ça fait partie des instructions, mais ne vous faites pas de soucis, ça dissimule un code !
– Vous le connaissez ?
– Non, mais, je peux essayer de vous l’obtenir pour 1000 euros en liquide.
– Je n’ai pas cette somme !
– Alors pas de code !
– 500 euros ?
– Non 1000 !
– D’accord !

« jjmmaa birth – Fib » Telle était l’indication manuscrite.

Il était d’usage dans cette boite d’utiliser des lignes codées, afin de se parer de toute curiosité extérieure, mais Duvallès, le patron exigeait que ce genre de ligne lui soit accessible. Ce était donc pas trop difficile « jjmmaa birth » était la date de naissance de Jenner, un coup de fil à la boite en se faisant passer pour la sécurité sociale lui permit d’obtenir ce renseignement, Fib signifiait suite de Fibonacci, une suite de nombre où chacun était la somme des deux précédents. A chaque intervention de la maintenance, la suite s’incrémentait. Pour avoir le code en vigueur il fallait donc connaître le nombre d’interventions.

Framboisert téléphona à la société de maintenance à partir d’une cabine téléphonique !

– Allô, ici le service comptable de la Bijouterie Brougnard, on est en train de faire un pointage, vous pourriez me préciser combien de fois vous êtes intervenus chez nous ?
– Depuis le début ?
– S’il vous plaît !
– O.K. je vous rappelle !
– C’est-à-dire, nous avons les commissaires aux comptes, si vous pouviez regarder maintenant.
– Un instant… Une fois pour le test préliminaire et ensuite, sept fois.
– Sûr ? Moi j’en ai que 6… bluffa-t-il
– Je recompte, non c’est bien 7 après le test, vous voulez les dates ?
– S’il vous plaît !

Un petit coup d’Excel et le code se dévoila.

L’écriture sur le document était celle de Jenner, son ex-collègue aux dents longues. Même si le casse se passait bien, les caméras enregistreraient la feuille d’instruction. La présence de l’inscription manuscrite disculperait la maintenance (car elle disposait d’une version propre et spécialement formatée), et Jenner et le directeur seraient considérés comme les deux principaux suspects. Comme on ne pourrait évidemment rien prouver, ils ne seraient pas inculpés, mais la boite aurait du mal à s’en remettre aussi bien du point de vue de son organisation interne que par la mauvaise image qu’elle renverrait au client. Paradoxalement, la perspective de cette situation enchantait davantage Framboisert que l’appât du gain.

Perronoux voyait les choses autrement, en cas de problèmes, il fallait élargir au maximum le champ des suspects. Pas question donc de laisser cette inscription manuscrite qui ne semblait pas gêner Framboisert… Sans doute était-il tellement sûr de son coup. Aussi recopia-t-il la feuille sur son ordinateur domestique avant de l’imprimer. Quant à la photocopie que lui avait confiée Framboisert, il la garda au chaud. Ce genre de choses pouvant toujours servir !

Il pensait trouver des cambrioleurs facilement, il dut déchanter. Dans les milieux qu’il lui arrivait de côtoyer, on préfère jouer de la gâchette plutôt que de creuser des tunnels. Et à force de solliciter des personnes louches, il finit par se faire remarquer…

C’était un samedi soir et Perronoux, en bon célibataire endurci se faisait réchauffer une boite de cassoulet quand on frappa à sa porte. L’inconnu avait des faux airs d’un Dean Martin acnéique à qui on aurait cassé le nez.

– C’est vous le petit Robert ?
– C’est mon prénom ! A qui ais-je l’honneur ? Répondit l’intéressé par l’entrebâillement de la porte.
– On m’appelle Tony, c’est au sujet de ça ! Précise-t-il en exhibant un bout de papier sur lequel figurait un simple nom : « Brougnard ». Je peux entrer cinq minutes ? Faudrait pas que les voisins entendent.

Une fois dans les lieux, Tony poursuivit :

– Parait que t’as un tuyau sûr pour casser leur coffre.
– Mais, enfin, comment avez-vous eu mon adresse ?
– Si on te demande… Alors ce tuyau ?
– C’est à dire… En fait, les choses ne sont pas si simples que ça !
– Elles vont l’dev’nir ! Moi je connais un receleur qui reprend tous les bijoux. On s’associe ?
– Euh…
– Si, si ! On s’associe !
– L’opération est délicate. On se ne sait pas quel chemin a pris la bande qui s’est fait pincer, mais il faudra en prendre un autre, plus difficile.
– J’ai juste besoin du tuyau pour qu’on ne se fasse pas serrer comme les autres, le reste c’est mon affaire !
– Je suis désolé mais ce n’est pas du tout comme ça que je vois les choses. Une affaire comme ça, ça se prépare ensemble et minutieusement…
– Bon ça va ! En en parlant à trop de monde, t’as pris le risque de tomber sur des indics, ça c’est ta première erreur, la seconde, c’est d’avoir précisé d’emblée qu’il s’agissait de la bijouterie Brougnard, c’est pas très malin. Alors quand on fait des conneries comme ça, on ne la ramène pas pour prétendre m’apprendre mon métier.
– Je… Je…
– Bon, on est associé ou pas ? De toute façon, je ne repartirai pas d’ici sans ton tuyau.
– Dans ce cas…
– Bon, pour le partage, tu veux combien, un million ?
– J’ai promis 3 millions à la personne qui m’a fourni les plans…
– Faut jamais promettre avant ! Encore une erreur, tu les accumules, toi !
– Cette personne a pris des risques énormes.
– Ce n’est pas mon problème.

Perronoux était blême, l’affaire était en train de lui échapper de façon stupide. Et puis, qu’allait-il raconter à Framboisert ? Il en était malade.

– Ma part n’est pas…
– Oui, bon, ça va. On va dire un million et demi parce que c’est mon jour de bonté, mais on arrête de discuter de ça ! Alors ces plans ?

Perronoux, la mort dans l’âme alla lui chercher non pas un plan, il n’y avait pas de plan, mais la feuille d’instructions saisi sur son ordinateur qui précisait les manipulations à effectuer dans le sas du coffre. Il avait pris le soin de la protéger sous une pochette plastique.

– Voilà, je vous laisse retirer le plastique.
– T’inquiète pas, papa ! Putain, c’est quoi cette usine à gaz ? S’écria Tony.

La procédure réservée à la maintenance indiquait qu’il fallait saisir un code de 18 chiffres, comportant des intervalles, après cela, on pouvait dévisser le boîtier sans provoquer l’alarme, le manipulateur disposait ensuite de trois minutes pour ordonnancer dix plots d’une certaine façon.

– Y’a vraiment pas plus simple ? Ils entrent comment les employés de la bijouterie ?
– Digicode personnalisé et reconnaissance digitale.
– Et si j’en prends un en otage, ce serait pas plus simple, non ?
– Impossible, le sas est très étroit, on ne peut faire entrer qu’une personne à la fois…
– Et si je lui grimpe sur les épaules.
– Y’a pas la place ! Même une personne obèse ne pourrait pas entrer…
– Et pour sortir, faut refaire le même cirque ?
– Non, la sortie est libre, mais par contre, il faudra arracher le boîtier et le faire disparaître.
– Parce que ?
– Pas la peine de laisser des indices aux enquêteurs.
– Ah ! T’es un malin, toi ? Bon, on te préviendra quand on aura du nouveau !

Perronoux commença à se demander s’il verrait un jour la couleur de son million et demi. Il se consola en se disant que si Tony avait vraiment voulu le doubler, il n’aurait pas été aussi intransigeant sur sa part. On se réconforte comme on peut.

La suite, Perronoux et Framboisert l’apprirent chacun de leur côté en lisant le journal, trois semaines plus tard.

« Hold-up sanglant, chez Brougnard. La bijouterie Brougnard a été victime d’un hold-up sanglant hier en fin d’après-midi. Alors qu’ils allaient procéder à la fermeture de l’établissement, les deux employés encore présents ont été maîtrisés, ficelés et bâillonnés par deux malfaiteurs qui sont ensuite entrés dans le sas, alors que la police prévenue par l’alarme automatique se dirigeait sur les lieux. Les malfaiteurs ont répondu aux sommations des forces de l’ordre en ouvrant le feu. Dans cet échange le brigadier Michel, père de deux enfants a laissé sa vie. Les deux malfaiteurs ont été abattus.

La police eut tôt fait de reconstituer ce qui s’était passé. C’est l’alarme de nuit, programmée automatiquement à partir de 20 h 05, et sensible aux déplacements, qui avait alerté la police. Quand celle-ci était arrivée, Tony finissait de bricoler le boîtier du sas alors que son complice attendait. Dans un réflexe de panique, il actionna la porte d’entrée du sas et tira sur les flics, blessant mortellement le premier d’entre eux. La riposte fut évidemment fatale pour les deux cambrioleurs amateurs. Tony était mort avec la photocopie fournie par Perronoux à la main. L’enquête se dirigea tout naturellement vers l’entreprise d’électronique qui avait fourni le système de sécurité.

– Monsieur Jenner comment expliquez-vous que ce document dont vous êtes l’auteur soit parvenu en si mauvaises mains ? Demanda l’inspecteur de police Filippi.
– Je ne me l’explique pas.
– Il y avait combien d’exemplaires de ce document ?
– Mais je n’en sais rien, j’ai rédigé et adressé un exemplaire à la maintenance, mais ce n’est pas celui-là. Indiquer un code en clair n’a aucun sens ! D’autant qu’il change toit le temps !
– Vous nous aviez dit que vous rangiez vos documents de travail dans votre tiroir de bureau fermé à clé.
– Absolument !
– Et vous le fermez à chaque fois que vous quittez votre bureau.
– Je le ferme chaque soir, dans la journée ce n’est pas nécessaire, si je vais aux toilettes, je ne vois pas qui se permettrait de fouiller dans mes affaires sans se faire remarquer.
– Il n’y a pas une seule fois où vous auriez oublié de le fermer ?
– Non pas une seule fois ! Je ne rigole pas avec les règles de sécurité.

Jenner se souvint alors de cette fois où il avait trouvé son bureau non verrouillé, mais il n’allait pas aller leur dire, et risquer de se faire engueuler, voire plus par son patron. D’autant que pour lui personne ne pouvait savoir qu’il avait commis cet oubli.

– Qui possède les doubles des clés de votre bureau ?
– Monsieur Duvallès, le directeur.
– Vous vous rendez compte qu’en fait vous êtes le suspect n°1 ?
– Et bien mettez moi en examen, mais vous vous plantez complètement ! Le code est indiqué en clair, or seule la société de maintenance possède les éléments pour le reconstituer, c’est de leur côté qu’il faut chercher…

Il expliqua en détail, laissant l’inspecteur Filippi dubitatif.

– Mais en théorie, ce renseignement, la maintenance pourrait vous le communiquer ?
– Je ne pense pas qu’ils en aient le droit, et puis sous quel prétexte ?
– Oh, vous savez les prétextes on en trouve toujours !

Filippi interrogea ensuite le responsable de la société de maintenance :

– C’est impossible : nos techniciens quand ils partent en intervention ignorent le code et la façon dont il est calculé. Je vous explique. A leur départ on active un logiciel en mode dépannage, Dans le sas, l’intervenant active un premier code qu’il connaît et qui ouvre un boîtier, à ce moment il est mis en relation avec une boite vocale qui lui communique le second code.
– Ces programmes sont développés par qui ?
– Par Duvalès-Sécurité. !
– Et vous n’avez personne dans votre personnel qui ressemble à un hacker.
– Non, nos techniciens sont des électroniciens.
– Vous avez bien un responsable informatique ?
– Non, on se débrouille.

Agacé, Filippi revint vers Jenner

– Vous m’aviez dit que théoriquement, la boite de maintenance pouvait fournir les codes, ils m’affirment le contraire.
– J’aurais mieux fait de me taire, vous allez me soupçonner davantage. Ils ignorent que le code dépend du nombre d’interventions de la maintenance, il suffit soit de craquer nos programmes soit tout simplement de leur demander.
– Et vous en pensez quoi, vous ?
– Je ne crois pas au craquage informatique, ça suppose une organisation sérieuse, or ce casse a été fait par des bras cassés qui ont été jusqu’à oublier qu’il y avait une alarme de nuit.

Filippi aurait volontiers embarqué Jenner en garde à vue en le cuisinant jusqu’à ce qu’il craque. Mais il fut sensible à ce dernier argument, si Jenner était dans le coup, il n’aurait pas omis de fournir ce détail aux malfaiteurs.

– Alors ?
– Alors j’en sais rien, mais une personne de la maintenance est forcément complice.

Filippi se retourna une dernière fois vers la maintenance. Il s’avéra que tout un tas de monde pouvait fournir ce genre de renseignements. Le directeur, le coordinateur, la secrétaire, la comptable. Il procéda à des interrogatoires de routine.

La secrétaire se garda bien de rapporter au policier le coup de fil qui lui demandait le nombre d’interventions chez Brougnard, elle ne pensait pas que cela porterait à conséquence mais on pouvait l’accuser de faute professionnelle.

Pour la police il devint évident que le coup avait pour origine soit Jenner soit Duvallès. Les deux hommes se soupçonnaient d’ailleurs mutuellement d’être impliqués dans l’affaire. La police fit suivre tous les employés, interrogea tout le monde, les mit sur écoute, fouilla leur emploi du temps et finit par rendre l’ambiance de la boite irrespirable. Les anciens employés furent aussi interrogés, filés et tracés. Mais la police ne trouva aucun indice nulle part… Ils ne trouvèrent rien non plus parmi le personnel de la maintenance, ni dans celui de la bijouterie

Les photocopies originales disparurent de chez Framboisert dans un grand bruit de chasse d’eau. Framboisert et Perronoux s’évitèrent quelques temps, mais reprirent inévitablement leurs contacts pour des raisons professionnelles.

– Je suis vraiment confus pour ce qui s’est passé ! Commença Perronoux sur un ton obséquieux.
– Et moi donc !
– J’ai été abusé ! La personne que j’avais contactée me semblait répondre à toutes les garanties…
– Vous savez les garanties, dans ce genre de milieux.
– Je trouverais le moyen de vous dédommager.
– Vous dites n’importe quoi. Laissez tomber !
– Non, non, j’ai même une petite idée.
– Je vous ai dit de laisser tomber ! Martela Framboisert en tapant du poing sur la table.
– J’ai eu quelques échos de votre ancienne boite. Un abruti de journaliste a lâché son nom dans la presse. Résultat : tous leurs clients risquent d’aller ailleurs.
– Enfin une bonne nouvelle !

Jeudi 25 juillet

Perronoux et Framboisert n’évoquèrent plus l’affaire de la bijouterie Brougnard, mais un jour :

– J’ai réussi à garder le secret jusqu’ici, mais autant vous l’annoncez, Monsieur Framboisert. Sur ma proposition, le colonel Schmitt est intervenu auprès du ministre afin que vous obteniez l’ordre national du mérite.
– Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ?
– Vous la méritez amplement. Je me suis battu pour vous l’obtenir !
– Et vous voulez que je vous remercie ? Je ne vous ai rien demandé, vous n’avez qu’à vous la foutre dans le cul votre médaille de merde !
– Quelle humeur ! Je repasserais quand vous serez calmé.
– Ecoutez-moi bien, Monsieur Perronoux, je ne vous le répéterai pas une deuxième fois, j’entends que désormais nos rapports se limitent strictement à nos activités professionnelles.
– C’est comme vous le sentez, Monsieur Framboisert, je vais donc me mettre en quête d’une autre officine d’électronique, vous n’êtes pas seul sur le marché, l’auriez-vous oublié ?
– Allez vous faire foutre !

Mais Perronoux avait raison, sans les commandes du ministère, son entreprise n’irait pas loin. Alors il adopta un profil bas, s’excusa platement auprès de Perronoux, invoquant le stress, des ennuis personnels et des douleurs d’estomac. L’autre accepta du bout des lèvres les excuses à la façon d’un marquis consentant à pardonner à son palefrenier.

Il dut donc accepter cette remise de médaille et offrir le couvert chez lui à tout un tas de pète-secs du ministère, Perronoux fut également invité. Pouvait-il faire autrement ?

Bon maintenant revenons un peu en arrière et intéressons-nous à un autre personnage clé de cette drôle d’histoire

Michael Dereine

En voilà un qui avait attrapé la grosse tête. Chauffeur-livreur et beau gosse, sportif et bagarreur à ses heures, il chantait occasionnellement dans un petit orchestre en imitant les rockers des années 1960. On lui conseilla un jour de s’inscrire dans une agence de casting. L’idée lui plut car il se serait bien vu faire de la pub pour des savonnettes ou de l’après rasage.

C’est grâce à cette agence que Maria Baule, la productrice de l’émission télévisé « New Youngs Stars » lerepéra et le recruta.

Le lendemain Maria Baule fêtait ses 55 ans (alors qu’elle en avait 60) avec un jour d’avance en mettant Michael Dereine dans son lit :

Ils sont debout tous les deux, Maria vient de le faire entrer dans son bureau… Le bureau est très large, ultra moderne en bois exotique et en verre, au mur l’inévitable tableau abstrait, il y a bien sûr deux fauteuils en cuir noir et un canapé.

Elle avait méticuleusement préparé son coup, s’était minutieusement maquillée, discrètement parfumée et habillée d’un petit haut au décolleté provocant puisqu’il permettant d’apercevoir, pourvu que le regard ose s’y attarder, le sommet de ses aréoles.

Maria Baule paraissait 10 ans de moins que son âge (merci la chirurgie esthétique !) malgré ses cheveux décolorés et coiffés en bouclettes qui lui donnait un look de « vieille poule ». Il arrivait à Michael Dereine qui préférait les femmes plus jeunes de fantasmer sur les femmes mûres. Certes, celle-ci dépassait la tranche d’âge qui le faisait rêver, mais il n’était pas de bois et la vision qui s’offrait à lui était loin de le laisser indifférent.

Il s’excitait facilement et avait des érections conséquentes. Jeune homme, il s’était vite persuadé qu’il serait un champion au lit. Il lui avait fallu vite déchanter, la conclusion charnelle de son premier flirt fut un véritable fiasco. Son érection n’avait pu se maintenir une fois la fille déshabillée. Et leurs tentatives pour faire « redémarrer la machine » furent vaines. Il avait mis cet échec sur le compte d’un tas de choses : la boisson, le stress, le fait que ce soit la première fois…

La seconde fois, il ne but aucune goutte d’alcool, mais le résultat fut le même. Il n’insista pas, s’excusa auprès de la fille en lui disant que ce devait être les « médicaments » et s’enfuit la queue basse.

Depuis, il n’avait plus dragué ; aux filles qui devenaient collantes il la jouait « ringard » en affirmant qu’il n’était pas libre, comme avec cette blonde la semaine dernière :

– Tirer un coup ça n’engage à rien, elle n’en saura rien ta nana !
– Pétasse ! Avait répondu Michael qui avait un sens aigu du dialogue.

Quand même vous pensez bien que cette situation le « travaillait ». Le problème était soit psychologique soit physiologique. Il se souvint alors avoir entendu parler d’un curé qui donnait des consultations de sexologie. Il alla le voir et ce dernier lui expliqua que ce qui lui arrivait était normal, et que c’était bien ainsi, car faire l’amour sans amour est le propre de l’animal, le jour où il rencontrerait l’amour, le véritable amour, ses problèmes sexuels n’existeraient plus. Il fut convaincu par le « saint homme », le remercia et paya le prix de la consultation : 100 euros non remboursable par la sécurité sociale.

– Vous n’avez pas les yeux dans votre poche ? Lui lança Maria Baule sur le ton de la plaisanterie en le faisant sortir de sa rêverie.
– Je suis désolé… Vous êtes une très belle femme.
– Ne soyez pas désolé, j’apprécie le fait que ça ne vous laisse pas indiffèrent !

Michael ne sait pas quoi répondre et fait un sourire idiot.

– Pour être tout à fait franche, reprend Maria, vous ne m’êtes pas indifférent non plus.

Nouveau sourire idiot ! Maria se rapproche, elle n’est plus qu’à quelques centimètres de lui. Son parfum l’envahit.

– Vous aimez mon parfum ?
– Beaucoup !

Elle lui attrape la main et la lui fait poser sur la partie décolleté de son sein gauche.

– Caressez-moi, j’en ai envie !

Cette fois, ça y est Dereine bande !

– Allez-y carrément, personne ne nous dérangera !

La main ose plonger dans le décolleté, Maria n’a pas de soutien-gorge, ses gros seins étant astucieusement maintenus par le bustier de son top. La poitrine se libère d’un coup tel un diable qui sortirait de sa boite.

– Je… je…
– Continuez, vous en mourez d’envie !

Alors les dernières résistances tombent, Michael caresse, tripote et pelote et sans demander aucune permission embrasse les fruits offerts et en lèche les tétons avec gourmandise.
– Venez-là bas ! Dit-elle en désignant le canapé. Ben oui, j’ai un canapé dans mon bureau, je passe beaucoup de temps ici et parfois j’ai besoin de me reposer… ou de le détendre.

Michael la suit comme un zombie. Ses résolutions de chasteté jusqu’à la rencontre du grand amour sont carrément remises au placard pour le moment. Normal quand on bande, on ne raisonne plus avec son cerveau, mais avec sa bite !

N’empêche que la peur de l’échec revient le tenailler, il tente de ne pas y penser tandis que le pelotage devient de plus en plus débraillé. Maria est torse nu et la jupe descendue, quant à la bite de Dereine, elle est allée la chercher dans sa cachette et la branle avec application

Soudain Maria se lève et se dirige vers son bureau.

– Bouge pas, je reviens !

Il ne cherche pas trop à comprendre, mais panique à l’idée que ce contretemps puisse le faire débander. Maria s’empare de l’interphone.

– Sylvie, je ne dois plus avoir de préservatif. Tu peux m’en apporter ? Et vite, ça urge !

Maria revient vers le canapé en se déhanchant de façon à faire bouger ses seins, voilà un petit spectacle que Dereine apprécie, sa bite aussi

La petite partie de « pelotage et branlette » continue quelques instants, jusqu’à ce que Maria décide qu’il est temps de mettre cette jolie bite entre ses lèvres.

Pour Michael, il s’agissait donc de la seconde fellation de sa vie, mais celle que lui prodiguait Maria n’avait rien à voir avec l’amateurisme de la première. Sa langue allait partout, pourléchant le gland, agaçant la couronne, titillant le méat, savourant la colonne et se permettant même de gober les testicules, avant de remonter et de tout prendre dans sa palais en d’efficaces allers et retousr. Bref, c’était divin !

– C’est Sylvie, je peux entrer ! Dit la voix à travers la porte.
– Entre !

Michael panique, se recule, porte instinctivement ses mains sur son sexe pour le cacher.

– Mais arrête de faire ta chochotte, Sylvie ne va pas te manger.

Sylvie est jeune blackette très souriante et particulièrement bien roulée.

– Tu as vu ce jeune homme comme il est beau ! Indique Maria.
– Pas mal en effet ! Mais il me cache des choses, on dirait…
– Michael, je crois que cela ferait plaisir à Sylvie que vous enleviez vos mains de devant votre queue.
– Mais… balbutie l’intéressé.
– Vous êtes timide, alors ? Murmure la jolie blackette.

Le sourire de Sylvie est tellement désarmant que Dereine enlève ses mains.
– Jolie, mais ça bandouille ! Commente-t-elle.
– Je vais la faire redurcir, ne t’inquiète pas, répond Maria.
– O.K. Amuse toi bien !
– A moins que tu veuilles y goûter ?
– Juste un peu alors, parce que je suis overbookée.
– Vous n’y voyez pas d’inconvénient, Michael ? Demande Maria.

Il ne sait quoi répondre mais Sylvie s’est déjà penchée pour prendre le sexe dans sa bouche et lui imprimer de délicieux va-et-vient qui eurent tôt fait de lui faire retrouver sa rigidité.

Sylvie se recule, et constate le résultat avec une satisfaction non dissimulée.

– Bon, faut que j’y aille, c’est dommage, je l’aurais bien vu dans mon cul, cette bite.
– Reste donc, tu n’es quand même pas à dix minutes près.
– Puisque tu insistes ! Répondit-elle fort hypocritement.

Et sans autre préavis, Sylvie se déshabilla.

Dereine était un peu raciste sur les bords, mais pouvait faire des exceptions. Il restait scotché devant la plastique de la belle blackette, de ses seins défiant la pesanteur, de son cul cambré et des reflets chocolatés de son corps de gazelle.

Sylvie avait été recrutée il y avait de cela trois ans par Maria Baule qui l’avait mise dans son lit avant de tenter de la lancer grâce à l’aide de l’émission « New Youngs Stars ». Le problème c’est qu’on peut truquer tant qu’on veut une émission, il y a tout de même des limites. Sylvie éblouissait de sa plastique et de son sourire, mais chantait comme une casserole. Maria eut alors l’idée de lui offrir le poste d’assistante de réalisation comme lot de consolation.

Mais nous nous égarons, revenons donc dans le bureau de Maria Baule. Michael Dereine a été invité à se déshabiller à son tour, il le fait en ne cessant d’admirer les formes et les courbes de la jolie Sylvie. Et pour l’instant ça va, son érection tient le coup. Maria qui a retiré sa jupe et sa culotte s’affale sur le canapé, jambes écartées dans une position que Dereine trouve obscène.

Déjà, il débande, mais quand Maria lui demande de venir le sucer, il panique complètement, d’abord parce que ça ne lui dit pas grand-chose, mais surtout parce qu’il n’a jamais fait ça et qu’il ne sait pas faire.

Il s’approche, se baisse, se demande comment il va s’en sortir, quand il sent tout d’un coup les pointes des seins de Sylvie lui effleurer le dos.

Il n’a a pas à dire : ça stimule !

La langue de Michael entre en action. Il est perdu, il ne sait pas comment lécher, il ne sait pas où lécher, et la crainte de passer pour un incompétent n’est pas faite pour arranger les choses.

Maria a compris qu’elle avait affaire à un quasi puceau. Elle aurait pu le jeter, mais que voulez-vous, elle s’était entiché de sa tronche de play-boy de banlieue et de ses gros biscotos. Alors elle le guide avec patience.

– Plus haut, plus bas, plus doucement, plus vite.

Maria comprend qu’elle n’y arrivera pas comme ça, elle simule donc son plaisir au grand étonnement de Michael qui ne comprend pas trop ce qui se passe.

– C’était délicieux, tu as encore quelques progrès à faire mais tu es vraiment doué ! Quelle langue !

Je ne vous dis pas l’effet sur l’ego de Michael Dereine !

– Bon tu vas me baiser maintenant ! Tu le prépares un peu, Sylvie.

Sylvie reprend en bouche le sexe de Michael et entreprend de le faire bien rebander. Elle y parvient assez rapidement, et lui place une capote. Maria s’est placée en levrette et attend l’assaut.

Le spectacle n’est pas sans charme, mais n’excite pas trop Dereine, alors il la pénètre en fermant les yeux, appelle ses fantasmes à la rescousse et commence à la baiser en s’imaginant qu’il est en compagnie de Pénélope Cruz.

Il lime, il lime, mais commence à s’inquiéter, malgré un bon commencement sa bite donne déjà des signes de débandade, et il sait qu’il ne tiendra pas la distance. Et c’est la spirale, la crainte de l’échec va contribuer à l’échec. Il va être obligé de sortir une excuse bidon et de repartir la queue entre les jambes…

– Ton doigt ! Dit alors Maria à Sylvie.

Son doigt, elle le mouille rapidement avant de l’enfoncer dans le cul de Dereine.

– Mais qu’est-ce que… Non pas ça !
– Tais-toi continue ! L’interrompt Maria.

Trop de chose à la fois ! Dereine est en pleine confusion mentale. Jamais on n’avait touché à son cul. Pour lui ce genre de chose est un truc de « pédés », et il n’aime pas les « pédés », c’est viscéral. Mais il dû bien admettre que la sensation n’était pas désagréable, et puis surtout il rebandait. Il décida de remettre à plus tard l’analyse de la situation et se concentra sur son coït qu’il conclut brillamment avec une accélération finale qui fit grimper Maria au septième ciel, car cette fois elle ne simula pas.

Au moment même où il jouissait, Sylvie retira brusquement ses doigts de son cul (oui, ses doigts car elle était allé jusqu’à trois) multipliant ainsi son orgasme.

– Bon, ben ça fait du bien une petite détente, maintenant on va parler boulot, Sylvie je te laisse retourner à ton travail.

Dans cette affaire, Sylvie n’avait pas joui, elle n’avait participé que pour faire plaisir à Maria, car en fait Dereine ne l’intéressait pas du tout.

à suivre

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4 réponses à Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 1 Prologues par Maud-Anne Amaro

  1. Andrieu dit :

    Bizarre ce texte où l’aspect thriller prend une place considérable (mais plutôt passionnante) L’érotisme n’arrive qu’in fine mais s’avère quelque peu décevant

  2. André dit :

    ça commence très fort ! Très bon !

  3. Jacky dit :

    tout cela est très troublant et diablement bien écrit

  4. Okapi dit :

    un début qui commence très fort et qui contient plein de promesses

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