Les trois mousquetaires par Verdon

Les trois mousquetaires

Trois jeunes mousquetaires revenant de la guerre
Rencontrent sur leur chemin une belle fermière.
Qui, vu la saison chaude, n’a que jupe légère
Et sous cette dernière, pas même une muselière
Qui puisse de son chat protéger la tanière.
…………………………………………
Le vent coquin ayant de drôles de manières
Fait relever le voile qui cachait la chatière
Sous les yeux des trois gars qui eux n’ont pas d’œillères.
…………………………………………
A cette vue plaisante et vraiment singulière
Nos hommes qui allaient fusils en bandoulière
Se disent que la Chose n’étant pas ordinaire
Mérite une attention toute particulière.
Et chacun de son arme, astiquant la tuyère
Dirige son canon tout droit vers la bergère.
Car il faut pensent-ils, allez voir quel mystère
Se cache sous la jupe de cette prisonnière.
……………………………………………
La Dame mise en joue par ces trois rastaquouères
Estime que le geste n’est pas pour lui déplaire
Car elle en a eu d’autres entre ses maxillaires
Qui avaient l’imposture, ma foi toute aussi fière
Et de la gratitude payée en numéraires ;
L’honneur coûtant moins cher que coûte la misère.
Elle savait pour sa part que d’être hospitalière
Valait mieux que mourir le nez dans la poussière,
D’autant que des calibres et rondes cartouchières
D’aussi belle nature et solide matière
Elle en a fait disette depuis ce long hiver
Où quelques bons cosaques mais légèrement pervers
Lui avaient fait sa fête de façon coutumière
En la faisant sauter les quatre fers en l’air
Sur leurs gros bilboquets aux robustes tarières,
Sans ménager bien sûr le trou de son derrière
Ni négliger non plus sa superbe chatière.
……………………………………………
La suite en vérité n’est que primesautière
Les garçons, en effet, fatigués de la guerre
Désirent simplement offrir à la bergère
Quelques bons placements de nature boursière
Dont ils peuvent assurer la rente financière
Et ils sont impatients d’avoir une usurière
Qui puisse gentiment vider leurs aumônières.

…………………………………………

L’un d’eux va droit au but dessous la ventrière
Dénicher la fontaine au milieu des fougères,
Que savent entretenir les bonnes ménagères ;
Tandis que sans s’en faire un autre mousquetaire
Qui préfère les choses jamais très ordinaires
Lui fait ce qu’on appelle : l’école buissonnière
En prenant ce chemin au parfum de bruyères
Où s’ouvre dans les pins une rose clairière
Cachée derrière l’église dans un vallon d’enfer.
…………………………………………..
Le troisième perché sur une charpentière,
Offrant à la gourmande sa cheville ouvrière
Joliment calibrée aux normes étrangères
Qui de rose et d’ébène reluit comme la bière,
S’apprête à lui servir en guise de dessert
Un excellent fumet de crème pâtissière

…………………………………………..

La fille bien entendu, n’a plus les pieds sur terre
Elle voudrait remercier ces gens qui tant la serrent
Mais la bouche trop pleine, elle ne peut que se taire
Et toute la soirée et la nuit même entière
Elle apprécie combien ces braves mousquetaires
Savent avec adresse soulager la misère
Des pauvres Dames en manque (pour des raisons guerrières)
De ces choses si douces et plus utilitaires
Que ne le sont bien sûr les armes de la guerre.
…………………………………….

L’année suivante, les jeunes gens
Sont revenus dans la chaumière
Où papotent dans leur berceau
Trois vigoureux petits marmots.
L’un est tout noir
L’autre bien rose
Et le troisième un peu rougeau
Mais tous les trois nus sur la couette
Dressent bien sûr leur bistouquette
Toute aussi droite et aussi fière
Que leurs papas neuf mois plus tôt !
Et pour fêter l’évènement
Tous trois d’accord, les amants
Ont fait du charme à la maman
Qui n’attendait que ce moment,
Pour qu’ils lui fassent tous en chœur,
Pour ces trois frères : trois petites sœurs.

Verdon (30/08/2010)
(Dessin pris sur le web)