Les joies de la fécondation naturelle par Alain Valcour

 Premier épisode. Vanessa.
L’Institut pour la Fécondation Naturelle est situé au 4e étage d’un immeuble
de standing et n’est signalé que par une discrète plaque en cuivre. Son
objectif est la promotion des méthodes naturelles d’aide à la fécondation.
Il rejette radicalement les manipulations in vitro, l’exploitation des
« mères porteuses », le clonage et autres inventions de scientifiques qui se
prennent pour Dieu, seul garant in fine du Miracle de la Vie. Les seuls
outils techniques qu’il s’autorise sont la congélation du sperme et son
insémination par des moyens mécaniques. Par l’utilisation des plantes de la
pharmacopée des indiens d’Amérique du Sud, il obtient 90% de succès pour le
choix du sexe de l’enfant, ce qu’un esprit chagrin pourrait considérer comme
une atteinte aux Droits et Responsabilités de Dieu. L’aide qu’il apporte aux
lesbiennes en mal d’enfant peut également être considérée comme une atteinte
à la Loi Naturelle. Mais les affaires sont les affaires.

C’est en tant que vendeur de sperme que je m’y présente. Une amie férue de
« médecine naturelle » me l’a signalé pour sa saine Conception de la Vie, mais
pour moi, chômeur depuis 6 mois, ce sont les basses nécessités de la vie
quotidienne qui m’y poussent, quelle qu’en soit la philosophie.

L’accueil est tenu par une blonde plantureuse en décolleté de cinéma.
J’imagine qu’elle contribue à créer l’atmosphère propice à la récolte
spermatique. J’avouerai au passage que c’est également la curiosité pour la
méthode de récolte qui m’a poussé à venir. En attendant d’être reçu, je
consulte les prospectus étalés sur une table basse : camping naturiste,
médecine par les plantes, groupes de massages (je le prends), séminaire de
spiritualité naturiste (je le prends aussi, pour quand j’aurai de nouveau du
boulot, car la spiritualité se paye au prix fort), énergétisme, etc…

Mme le Docteur Vanessa m’introduit dans son bureau. Son look est celui de
l’infirmière sexy pour fétichistes de l’hôpital : elle est visiblement nue
sous une courte blouse assez transparente qui révèle ses gros seins ronds
(siliconés ? en principe ce n’est pas le genre de la maison) et leurs larges
et sombres aréoles. Bien entendu, elle porte de grosses lunettes, il ne
manque que le stéthoscope et le thermomètre pour compléter le tableau.

Elle m’installe sur un divan et approche une table roulante équipée d’un
gros appareil plein de tuyaux de caoutchouc, de cadrans et de boutons. Elle
me fait déshabiller complètement, et m’informe sur un ton à la fois solennel
et routinier :

– L’Institut vous remercie de contribuer à son action en faveur de la
fécondation naturelle. Nous ferons tout notre possible pour que cela vous
soit agréable, en plus de vous être rétribué en proportion du volume
recueilli. Vous êtes inscrit pour trois prélèvements. A quand remonte votre
dernier rapport ou votre dernière masturbation ?
– Dimanche dernier, cela fait cinq jours.
– Parfait.

Elle s’enduit les mains d’une sorte d’huile, s’agenouille près du divan, la
blouse grande ouverte, et commence à me masturber, lentement et
professionnellement, sans exprimer la moindre émotion.

– Si mes seins vous plaisent, vous pouvez les caresser.

Ce que j’entreprends de suite, et des deux mains. J’en descends une jusqu’à
ses fesses et l’autre jusqu’à son sexe épilé.

– Restez donc sur mes seins pour le premier prélèvement. Il y en aura deux
autres ensuite.

Tout en me branlant avec une sage et voluptueuse lenteur, elle
approche ses gros seins de ma poitrine, elle me la gratte avec ses tétons
durs que ma position m’interdit de mordiller, et elle pose ses lèvres sur
les miennes pour un long baiser que je n’attendais pas. En masturbatrice
experte, elle sent l’excitation monter dans ma pine bandée à éclater.
Quelque secondes avant l’instant explosif elle me comprime fermement la
prostate pour retarder l’éjac et enfourne mon gland dans une ventouse assez
creuse connectée par un tuyau au gros appareil. Elle met en route une pompe,
je ne sais trop comment car tout va très vite, je la laisse faire, je ferme
les yeux et je jouis (mais il s’agit plus d’un réflexe orgasmique que d’une
jouissance) dans la ventouse qui me pompe le gland et me vide complètement
de ma précieuse liqueur. Tout cela est très modérément naturel, mais la
philosophie de la nature est au service des affaires et non l’inverse.

Nouveau baiser encore plus appuyé que le précédent, comme pour me remercier,
à moins que ce ne soit pour compenser le caractère mécanisé du
« prélèvement ». Elle m’offre à boire (serait-ce une sorte de viagra ?), elle
me caresse de plus belle, elle dirige ma main vers son sexe aussi lisse que
celui d’une gamine impubère, et j’ai la surprise de le trouver tout humide.
Mon orgasme « utilitaire » l’aurait-il excitée?

Elle me prépare tendrement pour le deuxième round avec la délicatesse d’une
« douce amie » (voir mon texte « Visites à mes Douces Amies »). Je ne tarde pas
à rebander, et c’est alors qu’elle a appelle « Corinne ».

Corinne est une adorable petite métisse, au corps très fin juché au sommet
de longues jambes fuselées, agrémenté de petites fesses rondes et musclées
qui ressortent grâce à la cambrure de son dos. Elle est toute nue. Une
petite touffe de poils noirs taillée en forme de disque surmonte comme un
point sur un i une délicate fente rose, probablement rehaussée de « rouge à
lèvres ». Ses seins haut perchés sont ronds et fermes comme des mangues et
les minuscules tétons appétissants comme des pralines enrobées de chocolat
témoignent de la jeunesse de la fille. (Note à l’intention des censeurs de
tout poil : toutes les personnes mentionnées dans ce récit ont plus de 18
ans.)Sa bouche délicate est dotée de lèvres pulpeuses et bien dessinées. Ses
cheveux brillent d’un beau noir de jais et sont réunis en une multitude de
tresses africaines. La diablesse prenant la suite du Docteur Vanessa, le
deuxième « prélèvement » me semble assuré. La voilà qui s’accroupit sur mon
visage et offre à ma langue sa petite moule rose ourlée de brun. La coquine
se branle sur mon nez, son conin se contracte comme une plante carnivore, un
miel liquide un peu musqué s’infiltre entre mes lèvres, que je le suce
goulûment pour n’en pas perdre une goutte. C’est ensuite un oeillet brun
sombre qu’elle plaque sur ma langue et le miel qui s’écoule goutte à goutte
y prend une saveur plus acide. Par une ample oscillation du bassin elle
s’offre le petit plaisir de se faire lécher toutes les muqueuses par ma
langue avide, de la touffe à la « rosette », brune en l’occurrence. Je bande
comme un étalon, et la belle Vanessa s’applique à me durcir le plus
possible. J’en ai mal comme si ma pine se pétrifiait, comme si la chair
gonflée de sang se transformait en un bout de bois. Mon deuxième orgasme
éclate, violent, douloureux. L’aspiration rythmée de la ventouse en extrait
encore du sperme pour le bonheur de mon porte-monnaie, mais pas pour mon
plaisir.

Mon ventre est pris d’une crampe, mais Corinne continue, elle semble aimer
ma langue et s’octroie un orgasme bref mais intense, comme j’en puis juger à
la contraction de ses cuisses musclées qui enserrent mon visage dans un étau
de velours.

– Merci Corinne, va donc chez Maryse, elle a un client difficile.

Comme Corinne se retire, je me dis que je n’ai guère profité de sa petite
bouche sensuelle et de ses jolis seins. J’ai peut être eu tort de n’être pas
« difficile ».

J’appréhende le troisième prélèvement. Ma prostate est noueuse comme un
vieux ceps de vigne, mes couilles n’ont jamais été plus vides, mon cou est
pris d’un torticolis, et le pire c’est que Corinne est partie.

Vanessa m’emmène à un canapé, nous buvons ensemble un cocktail au gingembre.
La pin-up de la réception nous apporte des boudins antillais et des bananes
flambées. Vanessa collée à moi me prodigue les baisers les plus suaves. Elle
me caresse avec ses seins et son ventre, ses cuisses fortes et grasses
emprisonnent mes jambes, et ses mains parviennent à me faire rebander.

– Prêt pour le troisième tour ?
– Pas si vite.
– Nous avons ce qu’il faut.

Elle me réinstalle sur le divan et enfonce mon gland fatigué dans une autre
ventouse, plus grande, plus ferme, reliée à l’appareil sur la table roulante
par des fils électriques. Elle équipe mes poignets et mes chevilles de
bracelets enduits de gelée conductrice. Il n’est que trop clair que la Fée
Electricité va remplacer Corinne. Dommage.

En fonction de l’intensité qu’elle me fait passer à travers le corps, et
qu’elle contrôle attentivement sur les différents cadrans, je sens comme des
fourmis qui me dévorent les entrailles ou cheminent le long de canaux bien
précis dans les bras, la poitrine et les jambes. Ces canaux une fois
établis, Vanessa, doctoresse de bande dessinée, s’applique à y maintenir les
courants ionisés tout en augmentant, je ne sais s’il faut dire la fréquence,
le voltage ou l’intensité, car l’heure n’est pas pour moi à la science.

– Le courant suit les méridiens de l’acupuncture chinoise.

Rassuré par cette explication, je sens ces méridiens converger vers ma
prostate et mon malheureux dard qui bande artificiellement sans le secours
des délicats pétales de la fleur secrète de Corinne.

On ne peut guère parler d’orgasme, mais plutôt d’un arrachement de tout mon
bas-ventre et de ses organes comme dans un supplice barbare. Il m’est
difficile de dire si du sperme en est sorti.

– C’est parfait, nous avons récolté au total 152 millilitres, cela vous fera
donc 285 euros 64 centimes.

Cette précision toute mercantile en lieu et place du réconfort des baisers
voluptueux que Vanessa la tigresse sait si bien prodiguer me ramène à la
réalité. Sans doute, comme dans les hôtels de passe le temps est compté au
plus juste et je dois laisser place au client suivant.

– Vous me l’avez esquintée !
– Comptez 10 jours de repos sans aucune activité sexuelle, et dans deux
semaines, vous pouvez revenir pour de nouveaux prélèvements. Je vais vous
prescrire des herbes reconstituantes.
– L’adresse personnelle de Corinne me suffirait.
– C’est interdit par notre Déontologie.

Et sans doute aussi par la norme ISO 9069, par les directives de Bruxelles,
par la Banque Mondiale et le Vatican réunis ! Je me retrouve dehors avec un
modeste paquet d’euros pour faire face aux prochaines échéances et un
appareillage hors service pour deux semaines au moins. Je vais avoir l’air
fin auprès des copines ! Je la retiens ma fada de la Vie Saine et de la
Médecine Naturelle.

Deuxième épisode.
L’Institut a besoin de mes services.
Cela fait trois semaines que j’ai vendu mon sperme à l’Institut pour la
Fécondation Naturelle, et les herbes reconstituantes ont fait leur effet. Je
reçois un coup de téléphone de Vanessa, la doctoresse de fantaisie, qui
s’enquiert de ma santé et de ma forme sexuelle

– Vous m’avez complètement vidé, mais maintenant ça va, je rebaise.
– J’ai quelque chose pour vous. Un couple de lesbiennes, elles veulent une
fille.
– Ah bon !
– Nous avons analysé votre sperme, il est OK pour engendrer une fille.
– Vous voulez dire que je n’ai pas de chromosome Y ?
– Si mais c’est une question de réactivité à l’acidité des muqueuses
vaginales.
– Puisque vous avez mon sperme, vous n’avez qu’à leur en enfourner dans la
chatte.
– C’est que la future mère veut une méthode 100% naturelle, elle veut être
fécondée par un mâle et non par une canule.
– Curieux pour une lesbienne.
– Que voulez-vous, il faudrait demander à Freud!
– Ou plutôt à Lacan, il s’y connaissait en femmes.
– Bon, écoutez, ma cliente est une très belle femme. Très sympathique en
plus. Franchement, à votre place je n’hésiterais pas. Venez donc demain à
l’Institut. Nous fixerons les modalités.

C’est donc dans le rôle d’étalon et non plus de vendeur de sperme que je
retourne à l’Institut. Vanessa me montre des photos de sa cliente. Une
petite brune craquante avec de grands yeux bleus donnant à son regard une
acuité particulière. Sur une autre photo, elle est en string, son corps est
fin, nerveux et musclé. Bon, l’affaire est faite, je suis déjà prêt à
accepter ses conditions, quelles qu’elles soient.

– Et c’est payé combien ?
– A la discrétion de la cliente. Vous comprendrez bien qu’un service de
cette nature ne se tarifie pas sur catalogue. Et vous saurez la satisfaire,
toute lesbienne qu’elle soit. Je suis persuadée qu’elle se montrera
généreuse. Vous n’y perdrez pas.

Finalement, Vanessa semble connaître assez bien son boulot. Engrosser une
petite lesbienne aussi mignonne, quitte à la forcer un peu si elle se montre
réticente, ce qui représentera un demi-viol sur contrat donc sans risque,
paraît être une expérience assez piquante qu’il ne faut pas laisser passer.
Nous décidons des rencontres préliminaires pour faire connaissance avec le
couple (aïe, j’avais oublié sa « compagne »), d’une date pour le grand jour
fixée à 3 jours de la pleine lune pour assurer que ce sera bien une fille.

– Et si c’est un garçon, elle avortera ?
– Cela sera son affaire, mais certainement pas chez nous. Le Respect de la
Nature est le premier Principe de l’Institut.

Je prends congé, je m’apprête à sortir mais reviens vers Vanessa pour une
dernière question.

– Et la reconnaissance de paternité.
– Père inconnu, sur contrat signé pas vous et le couple. Les identités sont
tenues secrètes et comme elles habitent à plus de 500 kms, vous aurez peu de
chances de les rencontrer ultérieurement.
– Et bien, c’est parfait.

Bizarre tout de même ce contrat, car si je signe, je me reconnais comme
père, et je ne sais pas comment réagirait un juge des affaires familiales.
Mais je manque d’esprit critique, et je me satisfais des « garanties »
données.

Troisième épisode. Sarah.
Avant de raconter la fécondation, je résume les trois rencontres
préliminaires.

La première a eu lieu avec le « couple ». Sarah, la future mère, était aussi
attirante que sur les photos, réservée, mais ferme quant à ses décisions.
L’autre s’efforçait de tout diriger. C’était la militante féministe,
sectaire comme on croit à tort que ce n’est plus possible, imbaisable et
revêche comme une dame patronnesse. Visiblement la fécondation 100%
naturelle exigée par sa copine ne lui plaisait pas. Elle m’a interrogé sur
ma santé, mes habitudes sexuelles, mes antécédents familiaux et c’est tout
juste si elle n’a pas voulu examiner mes dents, comme le maquignon examine
celles du cheval qu’il achète. Je l’ai renvoyée au Docteur Vanessa qui
m’avait déjà posé toutes ces questions et qui pourrait y répondre d’un point
de vue médical. L’entretien a tourné court assez vite.

Sarah était seule pour la deuxième rencontre, intimidée. J’ai cherché à la
questionner sur son travail, sur ses vacances, sur ses goûts, mais, elle me
répondait le plus brièvement possible. Je lui ai parlé de moi (ce que
j’évite de faire en règle générale), j’ai raconté que j’aimais les enfants
(c’est faux, les gosses m’emmerdent), que j’avais eu en garde un petit neveu
pendant 3 semaines, que c’est magnifique de voir se développer les facultés
intellectuelles d’un enfant (j’avais lu Piaget et entendu F. Dolto à la
radio dans ma bagnole tous les jours pendant des mois en allant au boulot).

Sarah ne répondant pas, j’ai laissé s’installer un très long silence. Et
puis je lui ai dit (tout bêtement) qu’elle était belle. Elle s’est contentée
de fermer les yeux, elle s’est laissée caresser et embrasser chastement, les
épaules, le cou, les paupières. C’est cela qu’elle attendait semblait-il.
(Plus on connaît de femmes, moins on en sait sur La Femme !) Mes mains ont
fini sur ses seins nus, glissées sous son corsage, et mes lèvres ont
longuement dégusté les siennes.

Nous avons décidé que notre rencontre suivante aurait lieu chez moi plutôt
que dans le salon de l’Institut, impersonnel et puant le tabac froid. Il
n’était que trop clair que sa copine aurait tout saboté si nous avions
décidé de nous rencontrer chez elles.

– Nos corps doivent apprendre à se connaître. C’est la doctoresse Vanessa
qui l’a dit.

C’est ce qu’elle m’a dit d’entrée lorsque que je l’ai accueillie chez moi.
Nous sommes alors déshabillés et la troisième rencontre s’est déroulée dans
mon lit. Sarah s’est montrée gourmande de caresses. Les yeux fermés et sans
que nous échangions une parole, elle a laissé mes doigts et ma langue la
faire jouir trois fois. Et cela n’a pas été une jouissance furtive. Alors
pourquoi cette grève de la parole ? Voulait-elle se concentrer sur ses
propres sensations, ou bien marquer une distance avec moi et me rappeler que
j’étais un étalon et non pas un amant ? La rencontre décisive a été prévue
chez moi.

Sarah arrive à l’heure dite, épanouie, impatiente. C’est tout à fait sûr
d’elle qu’elle dirige vers la chambre.

– On y va ?

Veut-elle se débarrasser d’une corvée au plus vite ? En fait non, c’est en
chatte sensuelle qu’elle s’étire toute nue sur mon lit.

– Viens me faire jouir comme l’autre jour, c’était si bon.

Et c’est en vrais amants que nous commençons nos ébats. Je m’attends à ce
qu’elle me réclame de suivre un programme tracé par Vanessa, mais non, elle
me comble de ses caresses les plus sensuelles.

– Je suis toute chaude, viens en moi.

Je la pénètre en missionnaire. C’est la position que je préfère car elle me
permet de suivre sur le visage de la femme la montée de son plaisir, et
d’entrevoir la Beauté Pure du visage transfiguré d’une femme qui jouit.

Sarah est étroite comme une gamine de douze ans. (Rectification à
l’intention des censeurs :  » comme doit probablement l’être une gamine de
douze ans « . Qu’ils se disent bien que je n’ai pas d’expérience en la
matière, seulement des fantasmes).

J’utilise la classique méthode chinoise qui consiste à alterner six coups
lents de toute la longueur de mon sexe avec trois coups violents et brefs en
restant bien au fond. Les coups brefs font monter la partenaire d’un palier
sur l’échelle du plaisir et les coups lents lui permettent de respirer et de
goûter les sensations qui l’envahissent.

En quelques minutes Sarah jouit, je continue ma bordée de coups brefs le
plus longtemps possible. C’est tout son corps qui crie de plaisir à travers
sa gorge et … mes tympans. Au risque de l’étouffer, j’enserre son corps
frêle pour ressentir son orgasme par tout le mien. Je jouis et je colle mes
lèvres aux siennes pour y boire son plaisir.

Nous nous reposons, laissant nos corps et nos sens se calmer. Sarah pose sa
tête sur mon épaule, j’écoute son souffle, je m’emplis des odeurs mêlées de
nos sueurs et de nos foutres.

– Qu’est ce que c’était bon ! Notre fille sera très belle.
– Pour moi aussi c’était très intense. Un grand moment.

J’adore ce moment d’après l’étreinte lorsque la femme et moi rêvassons
chacun de notre côté, à d’autres rencontres peut-être, tous pleins des
sensations provenant de nos corps enlacés.

Elle promène sa main sur ma poitrine, joue avec mes poils, récupère des
gouttes de sueur, descend sa main jusqu’à mon limaçon baveux qu’elle
s’efforce de redresser.

– On va le refaire, pour être sûrs, et dans une autre position.
– Si ça n’a pas marché, on pourra toujours le refaire un autre jour.
– Mais ça risque de n’être pas une fille. Il faut être en phase avec la
lune.

Elle va chercher dans son sac des biscuits que Vanessa lui avait donnés. Des
biscuits  » biologiques  » au gingembre et à la cannelle, qui nous font monter
le sang au visage et nous donnent à tous les deux une nouvelle vigueur.

Le coup suivant est tiré en levrette. Je laisse tomber la méthode chinoise
au profit d’une accélération continuelle et progressive pour être sûr de ne
pas débander. Cette crainte n’est d’ailleurs pas justifiée car son vagin
étroit et bien lubrifié me maintient dans une rigidité parfaite. J’aventure
un pouce luisant de salive à l’entrée de sa rosette, elle apprécie la
caresse, elle gémit sourdement, comme si l’orgasme lui remontait très
lentement du ventre jusqu’à la gorge. Je m’empare de ses seins, nous
jouissons ensemble, elle crie encore plus fort que la première fois, nous
nous écroulons, comblés.

– Comment l’appellerons-nous ?

Ce « nous » m’inquiète. Vais-je me retrouver avec une gamine sur les bras ?
Sans exclure l’hypothèse où naîtrait un garçon dont les deux folles ne
voudraient pas et qu’elles me laisseraient en tant que père. Quelle idée
avais-je eu de lui raconter que j’aimais les enfants.

– N’avez vous pas décidé cela avec ton amie ?
– Elle a choisi Amélie, mais moi, je n’aime pas. Puisque tu seras le père,
tu as le droit de décider de son nom.
– Que penses-tu de « Corinne » ?
– Oui, c’est très bien « Corinne ». J’ai une cousine que j’aime bien qui
s’appelle comme cela. Cela lui fera plaisir.

En ce qui me concerne, c’est à l’assistante de Vanessa, que je pense,
commettant ainsi une manière d’inceste symbolique et rétroactif.

Nous nous quittons en amants, Sarah a perdu son mutisme, mais je ne cherche
pas à prolonger l’entretien car j’ai peur qu’elle ne formule des projets où
je serais associé. Quant à l’anonymat soi-disant garanti par l’Institut, il
avait été levé du fait des rencontres chez moi.
Epilogue. Corinne.
Plusieurs mois ont passé, riches pour moi d’aventures. J’avais appris par
l’Institut que la fécondation avait réussi et qu’une fille était en route.

On sonne. C’est Sarah, précédée d’un gros ventre ballonné qui lui fait
monter plus haut qu’à mi-cuisses une robe de grossesse trop petite. On
dirait une fille mère.

– Regarde, c’est notre Corinne.

Ses traits sont fatigués, son teint pâle contraste avec ses cheveux noirs et
ses grands yeux bleus. Son regard n’en est que plus vif et plus perçant,
mais surmontant la fatigue, plein d’enthousiasme. Elle s’assied sur le
canapé, me tire à elle, remonte sa robe s’empare de ma main pour me faire
sentir les mouvements du petit être qu’elle abrite.

– Elle est vive. Une grande amoureuse. Comme son père.
– C’est bien une fille ?
– Oui, l’échographie l’a confirmé, mais moi je le sais depuis le début. Cela
fait 8 mois et 5 jours.

Elle se déshabille complètement, toute fière de la peau distendue de son
ventre, de ses seins déjà gonflés dont les aréoles avant grandi.

Je déteste les femmes enceintes. Elles ne parlent que de leurs ventres
qu’elles regardent béatement, comme si le monde entier se mettait subitement
à tourner autour d’elles. Elles ont des malaises, des fantaisies, des
dégoûts incompréhensibles, et elles sont le plus souvent perdues pour la
bagatelle. Mais Sarah, avec sa joie communicative et son enthousiasme
juvénile m’émeut profondément, même si je suis anxieux pour cette fille à
naître à l’idée du monde vulgaire, violent et pollué dans lequel j’ai
contribué à la jeter.

– Tu me fais l’amour ? Corinne en profitera.

C’est la première fois que je baise une femme enceinte. Ce n’est pas très
commode. Son gros ventre gêne l’étreinte, mais pas les caresses. Je la
prends en levrette. Elle est toujours aussi étroite mais plus pour
longtemps. J’y vais doucement, de peur que son plaisir ne déclenche les
premières contractions.

– Plus fort, n’aie pas peur.

Le long gémissement de plaisir que je lui connais accompagne son orgasme.

Quelques instants plus tard, ma tête est posée sur son épaule et tout en
caressant ses gros seins dont j’aimerais bien goûter le lait, je lui pose
une question qui m’intrigue.

– Et ton amie, est-elle heureuse ?
– Elle m’a jetée dehors de chez elle. Elle n’a pas supporté que j’ai pris du
plaisir avec toi. Et puis, grâce à toi j’ai découvert comme c’est bon
l’amour avec un homme.

Je pressentais la suite :

– Si on se mariait. Il lui faut un papa à notre petite Corinne. Tu pourras
lui donner son bain avec tes grandes mains caressantes.
– Laisse-moi réfléchir.

Pour m’aider dans ma réflexion, elle se fait chatte tout contre moi, pose
sur mes cuisses son gros ventre où Corinne est encore bien douillettement
installée et m’embrasse à pleines lèvres. En fait c’est tout réfléchi. Il
m’est impossible de dire non.

Alain Valcour, valcour@caramail.com

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