La toilette galante de l’amour par Antoine de Torche

La toilette galante de l’amour par Antoine de Torche


La toilette galante de l’amour
(sur-deux filles – couchées ensemble – l’une faisant le garçon – et parlant à sa compagne.)
(Le mariage d’amitié entre deux belles – celle qui fait le personnage du mari parle à l’autre.)

Depuis cet heureux jour que vous futes ma femme,
Et que l’amour conclut un hymen entre nous,
Je sens je ne sais quoi dans l’âme
Qui me fait soupirer comme un mari jaloux.

Mais, charmante beauté dont mon âme est ravie,
En goûtant les plaisirs d’un commerce innocent,
Qu’il ne vous prenne point envie
De vous plaindre de moi comme d’un impuissant.

Si vous ne recevez qu’une joie imparfaite,
Je sais former des vœux pour vos charmans appas,
Et pour vous rendre satisfaite,
Je voudrais bien avoir ce que vous n’avez pas.

En esprit, en attraits, en mérite, en naissance,
Il est bon avec vous d’avoir tous ces rapports,
Ici le trop de ressemblance
Arrête nos desseins, et nos plus doux transports.

Pour trop vous ressembler, bien souhait je murmure
Ressembler car pour combler de biens notre société,
Il eut fallu que la Nature
Eut mis entre nous deux quelque inégalité.

Privez de doux plaisirs que l’Hymen se propose,
Nous allons endurer un tourment sans égal ;
Et sans une métamorphose,
Ma foi, je ne voy point de remède à ce mal.

Après ce feint mariage une de ces Belles voulut se marier tout de bon, et on lui écrivit ce discours galant pour l’en détourner.

Abbé Antoine de Torche in La Toilette galante de l’Amour (1670).

L’abbé Antoine de Torche naquit vers 1635 à Béziers il étudia la théologie en Sorbonne à Paris. Pour vivre de sa plume, il écrivit quelques nouvelles et effectua des traductions de textes italiens. Il mourut en 1670 et sa courte production inspira dit-on Jean de la Fontaine dans ses Contes.

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2 réponses à La toilette galante de l’amour par Antoine de Torche

  1. Harivel dit :

    C’était sans doute osé pour l’époque mais le lire aujourd’hui bof !

  2. asemir dit :

    Encore une pépite d’antan, merci de cette publication

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