Gourmandises 20 – Une troublante rencontre par Jerema

Gourmandise 20 – Une troublante rencontre par Jerema

La fin de l’après-midi approche. À toute fin utile, j’ai lavée ma voiture : aspirée, bichonnée, elle rutile, au moins mon alibi tient bon. Solange n’est pas rentrée, elle doit encore être chez sa fille à parler chiffons ou chez sa mère, convertie en coiffeuse à domicile, la routine du samedi. Mon portable vibre au fond de la poche de mon blouson. Tiens donc, Robert ! Une soirée restau en perspective. Il faut dire qu’il y a une éternité que nous ne nous sommes vus.

Écouter le temps passer, regarder les couleurs du jour façonner nos paysages, qu’il est bon de ne rien faire en ce dimanche qui s’étire lentement, de recharger les accus pour démarrer une nouvelle semaine.

**********
Lundi 08 aout, 7 heures 30, régulateur calé à 130 kms/h. Alors que le paysage défile, le souvenir brulant de nos retrouvailles gangrène mon esprit ; Joëlle et moi, comme avant, que le monde est petit.

Montauban Nord, péage à 1 km, je sors de ma rêverie, il est déjà 11 heures. Mon premier rendez-vous est à 14 heures, le dernier à 17 heures avec un responsable de la galerie marchande d’un hyper de Blagnac.

La journée tire à sa fin, je n’ai guère été convaincant, agacé par l’absence de Lydie j’ai manqué de pugnacité. Elle est en vacances pour une quinzaine de jours et ne devrait rentrer que le 22. Je devais être le seul à ne pas le savoir. « Bon weekend et soyez en forme lundi ! », me disait-elle pourtant, vendredi, juste avant mon départ, après que je l’eus honorée d’un cunnilingus jouissif. À quel jeu joue-t-elle ?

Seul dans mon petit havre de paix, en petite tenue, tant la chaleur est présente encore ce soir, je m’affale sur l’unique fauteuil. Le portable sur les genoux je l’allume pour la première fois de la journée, je me connecte à ma boite mails : Lydie m’a envoyé un mail, je l’ouvre : désolée de ce chamboulement, pensez à moi, imaginez notre prochaine soirée et, si le désir vous ronge appelez ce n° : 06… Recommandez-vous de moi, je suis sûre que vous aimerez : elle s’appelle Ingrid.

Incrédule, je relis à voix haute, qu’est-ce que ça veut dire, qui est donc cette mystérieuse Ingrid ? J’archive ce mail, jette un œil indiffèrent aux autres, en lis certains, du moins ceux qui, de près ou de loin, se rapportent à mon boulot. Je reviens à celui de Lydie, il m’intrigue : Ingrid, 06…, la curiosité l’emporte, je pianote sur mon portable ; une sonnerie, deux, puis trois et la messagerie : [- Bonjour mes choux, vous êtes bien chez Ingrid, Escort transsexuelle, je ne suis pas joignable de suite mais laissez-moi votre message et je vous rappellerai très vite.] Je raccroche, c’est quoi cette histoire, j’ai du mal comprendre, je recompose le numéro, le cœur serré : le répondeur, dans un accent latino-américain, déroule son message. Lydie et Ingrid, quel rapport ?

« Escort Trans Ingrid Toulouse », je tape ces mots dans la barre de recherche Google, je clique : je parcours les réponses mais ne trouve pas, j’élargis mes recherches à  » Escort « tout court, à « Shemale », j’explore, confronte leurs n° de téléphone, je me surprends à cliquer sur certaines annonces, à les examiner, à fantasmer.

« Dring ! » Je sursaute, mon portable vrombit, un numéro s’affiche : une poussée d’adrénaline me tétanise, je décroche et d’une voix hésitante :

– Oui allo !
– Holà ! Vous avez essayé de me joindre, par deux fois, qui êtes-vous ?
– Euh…un ami de Lydie, elle m’a donné votre numéro, je… (Elle m’interrompt).
– Lydie ? Oh ! Comment va-t-elle ? C’est pour un rendez-vous ?
– Peut-être, mais je ne vous connais pas, pourriez-vous vous décrire ?
– Elle ne vous a rien dit ? C’est bien d’elle ! Je m’appelle Ingrid, Escort Trans, d’origine vénézuélienne, de Caracas. Je suis venue en France pour mes études et c’est lors d’un forum pour étudiants, à Toulouse, que j’ai rencontré Lydie, mais ce serait trop long à expliquer. J’ai 23 ans, je suis brune, on dit de moi que je suis jolie, j’ai de beaux seins et… aussi un gros sexe dont je sais me servir. Voilà, ça vous convient ?

Sa maitrise de la langue de Molière m’interpelle, le timbre de sa voix me charme.

– Une photo, vous pouvez m’envoyer une photo de vous ? J’attends et je vous rappelle ensuite, nue si possible !
– OK, no problème ! Monsieur…?
– Euh, Patrick, appelez-moi Patrick.

Quelques minutes plus tard l’image d’une jeune femme masquée d’un loup remplit l’écran de mon smartphone : campée dans un fauteuil, les jambes relevées, les talons plantés dans le cuir de l’assise, entièrement nue. Oh ! Quelle étrangeté, ce corps de femme et ce sexe qui me défit avec ostentation : une verge majestueuse sommeille courbée dans le repli de son aine gauche. Sous des balloches rondes et pleines je discerne les contreforts ourlés d’un œillet épanoui. Mes yeux balaient l’image de haut en bas, de long en large, c’est vrai qu’elle a de beaux seins et que son visage bien qu’en partie caché exprime une indubitable féminité. Je n’en crois pas mes yeux. Je sens ma verge s’agiter.

C’est elle qui me rappelle.

– Alors ? Je vous plais ?
– Vous êtes très belle, déconcertante, mais est-ce bien vous ?
– Vous en doutez ? Si c’est le cas raccrochez et oubliez-moi.
– Pardonnez-moi, je ne doutais pas de votre probité, mais je n’ai pas l’habitude de ce genre de discussion. J’aimerais vous rencontrer, votre beauté m’a subjugué.
– Que cherchez-vous au juste, racontez-moi, des amis de mes amies je peux tout entendre.

Qu’est-ce qu’il m’a pris, je ne peux le dire, mais je m’entends lui évoquer mes fantasmes les plus salaces, lui dépeindre mes moindres exigences, je lui dis tout et plus encore. Voudrais-je me faire éconduire, la dissuader de me rencontrer, je ne m’y prendrais pas mieux, mais n’est-ce pas là, peut-être, mon souhait ?

– Eh bien !… J’aurais un grand plaisir à vous rencontrer, je n’ai pas de réels tabous et je saurais combler vos attentes. Bien entendu tous mes rapports sont protégés. Vous a-t-elle fait part de mes tarifs ?
– Pour l’heure, ce n’est pas le plus important. Alors c’est oui ? Pour tout ? Quand pouvons-nous nous rencontrer ? Et où ?
– Demain si vous voulez, chez moi, je ne me déplace pas, par précaution. Je ne reçois qu’en soirée, c’est cinq cent euros, on baise, on dîne et, pour les amis seulement, on recommence si vous le désirez.

J’acquiesce, je demande où elle réside.

– À Toulouse mais je vous donnerai mon adresse par SMS. Vous m’appellerez quand vous serez sur place. Bonne soirée.

Elle a raccroché, me laissant dubitatif, « j’ai un gros sexe et je sais m’en servir »…

Mardi 09 aout,

Déjà que le mois d’aout n’est guère propice à la prospection, les décideurs reportant presque tous leur décision à la rentrée, la chaleur de ces derniers jours a eu raison de mes maigres intentions ; je bosse en pointillés et cette journée je l’ai passée, à vrai dire, en grande partie à surfer sur le Web, à chercher Ingrid, en vain.

Quelle histoire, dans quelle galère me suis-je lancé. Rentré de bonne heure, je me suis douché et changé. Fleurs ou vin ? Femme ou homme ? J’opte pour quelques roses et une bouteille de vin rouge, un Maury, un vin doux et sucré.

Je quitte le périphérique et pénètre au cœur de Toulouse. Je roule lentement, me gare derrière un taxi en attente. Je compose son n° de portable, toujours ce fichu répondeur : [- Bonjour, je suis René, l’ami de Lydie, je me trouve pas loin du Capitole, ne m’oubliez pas.]

Moteur au ralenti, les minutes s’égrènent pour une éternité. Enfin un bip m’annonce un nouveau SMS : 12 rue Lakanal, je vous attends. Rappelez-moi devant la grille d’entrée.

Mon sang ne fait qu’un tour. Rue Lakanal, ça alors ! Je n’hésite qu’une seconde, à vue je refais l’itinéraire de la semaine précédente et me gare non loin.

Devant la grille de l’immeuble je la rappelle, cette fois c’est elle qui décroche :

– Je vous ouvre.
– Mais c’est là où habite aussi Lydie ? Qu’est-ce à dire ?
– Un concours de circonstances, sans plus. Dites-moi plutôt, j’ai bien noté vos attentes l’autre jour, « soumis et docile », c’est toujours vrai ? On rentre d’emblée dans le vif du sujet ?
– Euh, vous savez, mon imagination est parfois sans bornes, mais du rêve à la réalité, on verra. Je bous d’impatience de vous rencontrer.
– Prenez l’ascenseur, je suis au 3ème étage, je vous guetterai.

Un buzzer ronronne, je pousse la grille.

Je suis sur le palier, une porte s’entrebâille, dans l’encoignure une jeune femme m’invite à entrer, je m’avance. Drapée dans une robe noire moulante, des cheveux noirs, des yeux trop fardés, des seins serrés dans un balconnet, elle me sourit ; à hauteur de son bas-ventre, sous le tissu tendu, une bosse s’affiche distinctement. Nos regards se croisent, se jaugent.

– Bonjour, entrez vite et fermez la porte ! Je vous débarrasse, donnez-moi tout ça, c’est gentil ! Je m’occupe d’abord des fleurs, juste un instant. Je la suis en matant son cul qu’elle remue avec nonchalance. Elle pose la bouteille de vins sur la table du coin cuisine et les fleurs dans un vase en cristal qu’elle remplit d’eau. Elle virevolte, les traits de son visage se sont durcis, elle pose ses mains sur ses hanches, me considère d’un air hautain :
– À nous maintenant. Aux pieds ! Agenouille-toi devant ta maîtresse ! Vois comme j’ai envie (dit-elle en portant les yeux à hauteur de son ventre).

Ses mains glissent le long de ses cuisses, ses doigts s’accrochent au bord de sa robe qu’elle remonte lentement, sa main droite passe sous le tissu et dégage son sexe qui ploie avec indolence. D’une voix grave et tranchante :

– Alors, elle te plait ? À genoux ! Je veux que tu me suces un peu, là, tout de suite.

En léthargie totale, j’obéis, je m’agenouille, m’immobilise tout proche. Sa main gauche se pose sur ma tête, la pousse en arrière alors que son autre main relève son pénis qui s’affale brutalement sur mon visage. Majestueuse, épaisse, lourde, sa verge me tapote les joues, se frotte sur mes lèvres. Elle tire sur le prépuce, décalotte son gland :

– Titille-le, lèche-le !

Ma langue se darde, court sur le frein, remonte jusqu’au méat qu’il taquine d’une pointe habile. Elle redescend, puis recommence.

– Ouiiiiii ! …Suce-la à présent !

Son gland force mes lèvres, cherche la tiédeur de ma bouche.

– Avale-la, plus profond, oui…plus loin, comme ça, oui…Continue, mets-moi un doigt dans le cul !

Son bassin se meut avec souplesse. Enserrée entre ses mains ma tête, dans un même élan, suit le mouvement pour une chevauchée paisible et régulière

Oh my God ! Mais dis, t’aimes-ça sucer des bites, ton doigt, retire-le, tète-le !

Sa verge s’échappe et, dans un ralenti de mauvais augure, ploie dangereusement. Une main volontaire la rattrape et s’escrime à lui garder une fière allure. Mon pouce est passé de son cul à mes lèvres, je le suce :

– Il est bon mon trou du cul hein ? Attends, écarte-toi !

Elle ôte sa robe, retire le string qui maintenait sa queue tendue contre son ventre, elle s’allonge sur le canapé, replie les jambes, rehausse son postérieur :

– Embrasse-le, fais-lui un gros bisou, je veux que tu m’encules avec ta langue.

Quid de la découverte sensuelle du corps de l’autre, des préliminaires timides, là, point de tout ça, elle rentre dans le vif du sujet et sa demande brutale de lui lécher le cul ne m’emballe guère. J’hésite et alors que je contemple, avec envie son attribut gonflé par mon ardeur buccale, elle m’invective, menace de me foutre dehors.

– T’attends quoi ? Fais-pas ta mijaurée, regarde comme il est beau, dépêche-toi !

C’est vrai qu’il est beau son cul glabre et rebondi, avec au creux de son écrin un joyau sombre et fripé. Mes lèvres se desserrent le frôlent. Il gémit, ses fesses se pressent tout contre mon visage, sa queue palpite, les pointes de ses seins s’érigent ; fille ou garçon, tous deux se confondent dans ce corps mi-homme et mi-femme. Grotesque et saisissante la vue de sa verge qui me toise effrontément, de ses couilles replètes et imberbes qui dansent au-dessus de mon nez.

Ma langue parade, se risque dans le tunnel humide et poisseux. Grotesque et pourtant…

– Oh oui, les bisous, il aime bien les bisous mon petit trou.

Je ne saurai dire pourquoi mais, subitement, lui faire cela m’excite, ma langue s’enfonce, gigote comme un diable au fond de sa boite.

– Oh oui, continue !

Mes lèvres mâchouillent cette chair délicate et sensible. Souples et constricteurs, ses sphincters jouent avec ma langue, ils l’enserrent, la broient, la chassent, la rattrapent. Sous mes yeux, sa queue tressaille, se dresse.

– C’est bien, suce-moi encore un peu, je vais le choyer ton cul, c’est pour ça que tu es venu ?

Elle s’est redressée, s’est assise sur le canapé et, sans un mot, d’un geste évocateur, son index dressé me montre son bas ventre.

– Oui, suce-la bien ma queue, remets-moi un doigt dans le cul…

Elle coite ma bouche en s’enfonçant toujours plus loin. Son gland bute au fond de ma gorge, tente vainement de passer en force, il est trop gros.

– Ouiii…tu sens comme elle est dure maintenant ? Vite, déshabille-toi et mets-toi à genoux sur le fauteuil !

Je ne me le fais pas dire deux fois, j’ai hâte de la sentir en moi. J’attends, les fesses offertes. Elle s’encapuchonne, me tartine de gel : un puis deux doigts vont et viennent, me préparent à accueillir le fier belligérant.

– Détends-toi, ouvre bien ton cul !

Troublante et exquise sensation, son gland vient se poser tout contre mon anus frémissant dans lequel elle s’enfonce d’un coup.

– Ahhhh !

Une douleur atroce m’irradie le rectum. Elle est tout en moi, elle me tient par les hanches, m’attire à elle.

– Doucement, tu me fais mal.
– Mais tu es venu pour ça, pour te faire défoncer le cul ! Tiens, prends ça !

Elle n’y va pas de main morte, elle se démène et bute si fort contre mes fesses qu’elle m’écrase contre le dossier du fauteuil auquel elle se cramponne fermement. Puis, tempérant son ardeur, elle m’éperonne sans hâte, variant le rythme et la puissance de ses assauts. Elle me tripote, me masse les bourses, me branle, c’est bon. Alors que la souffrance s’est muée en un infini délice elle se retire d’un coup :

– On change à présent, couche-toi sur le dos et relève tes jambes… Plus haut, passe tes bras par-dessus, oui comme ça ! Là, je vais te la mettre bien au fond.

Debout, face à moi, elle se caresse lentement, me sourit. « Il ou Elle », je ne sais plus, elle est si belle avec son visage angélique et ses seins hauts et fermes, il est si viril avec sa queue épaisse et tendue sur laquelle mon regard se fige ; à bout d’impatience je l’adjure :

– Viens-vite !
– Tu l’aimes ma grosse queue, dis-le moi, demande-le moi gentiment : je veux …

Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que déjà je l’implore :

– Ouiiiii, encule-moi avec ta grosse queue, mets-la moi dans mon cul, encore !

Elle me pénètre d’un coup, se plaque contre moi, sa main s’enroule sur ma bite, me masturbe. Elle me fourre avec violence, me branle de plus en plus vite, je vais jouir.

– Ahhhh ! C’est bon, continue…

Mon corps se tend, se contracte, de petits jets fusent, une giclée plus forte s’étale sous mon menton. Elle me pilonne comme un marteau-piqueur.

– Ohhhh…. Oh oui, toi aussi, viens jouir dans ma bouche.
– Monsieur veut que je le régale, c’est bien que c’est Lydie qui t’envoie, pour toi ce ne sera que cinquante euros !
– Oh oui, viens vite !

Elle s’extrait de mon cul, retire la capote, s’assied. Je me redresse, me colle à elle, au coude à coude, elle guide mon visage vers son ventre. Mes lèvres l’enfournent et se soudent tout autour de sa hampe imprégnée d’une importune odeur de latex.

– Allez, fais ta gourmande…

Elle a fermé les yeux, concentrée sur la recherche du plaisir libérateur. À quoi pense-t-elle ? C’est quoi son trip à elle ? Ce n’est plus un mais deux doigts que j’agite dans son cul alors que, blotti entre ma langue et mon palais, je gloutonne son gland avec délectation.

– Oui ! Ton doigt dans mon cul, t’arrête-pas ! Suce-moi plus fort !

Ses fesses tressautent, son ventre s’élève plus haut, sa main qui pèse plus lourdement sur ma tête donne la mesure…

– Ouiii, ça vient…tiens !

De chaudes giclées fusent, se diffusent, m’enrobent la langue, m’empèguent la bouche.

– Ah oui, bouffe-moi bien la bite, bois-le mon foutre, avale-tout ! ….

L’ardeur de mon amant faiblit, amarrée au fond de ma gorge sa bite agonise en de longs spasmes. La tension tombe, le désir s’estompe, l’émerveillement n’est plus, je gamberge : « tu es un bon lécheur de cul, un bon suceur de bite…», je me dégoûte, me méprise.

Elle me libère enfin, s’étire et d’un ton plein de bonne humeur :

– J’ai une faim de loup, pas toi ? Je vais préparer le repas, vas prendre une douche, ça te fera du bien, j’ai mis des serviettes propres sur le lavabo.

Une salle de bains contemporaine, meublée de rangements en chêne couleur noyer : au-dessous d’un meuble miroir une vasque sied sur un meuble suspendu, un peu plus à droite deux autres éléments, suspendus eux aussi, parachèvent l’équipement dont le point d’orgue est une non moins moderne douche à l’italienne dotée d’un receveur en béton ciré du plus bel effet. Carrelée jusqu’au plafond, une frise murale chatoyante, posée à mi-hauteur, rompt l’uniformité grisâtre des murs d’où se dégage une propreté chirurgicale.

Le jet d’eau chaude qui fouette mon corps me rassérène, chasse mes idées noires. Après tout, me dis-je, tout ça n’est pas si grave. Cette fois encore, je m’accorde un sursis.

J’ai noué une serviette autour de ma taille et rejoins ma maîtresse, mon amant. Elle n’est plus nue, une robe de plage opaline et transparente recouvre son corps jusqu’à mi-cuisses ; les pointes de ses seins ombrent sous le frêle tissu qui lui mange la raie, le tissu qui épouse la courbure de sa croupe et sous lequel se dessine la masse obscure de son sexe ; nul de ses appas n’échappe à mon regard lascif, elle n’est plus nue mais c’est tout comme. Elle s’affaire autour de la table en s’exhibant avec outrance. Je sens le désir renaître.

– Un Maury, je ne connais pas ce vin, on peut le servir en apéro ?
– Oui, c’est un vin fruité et sucré, à l’apéro ou au dessert, et même au cours du repas. C’est un vin joyeux, festif. On mange quoi ?
– Pizza maison ! Je l’ai préparée cet après-midi, je l’ai mise dans le four, dans une demi-heure c’est prêt, puis fromage blanc et dessert.
– C’est parfait. Au fait, dis-moi, Lydie, tu l’a connais bien ?
– C’est quoi la question ? Tu veux savoir si on baise ensemble, c’est ça qui te tracasse ? Va savoir, et toi tu baises avec elle ?

Je ne réponds pas, au fond quelle importance. Son cas, à elle, m’importe autrement : Ingrid, « elle ou lui », ce mélange des genres, qui est-elle (il) vraiment, je voudrais savoir, je me risque :

– Mais dis-moi, quand on parle de toi, tu préfères qu’on dise « elle » ou qu’on dise « lui » ? En ce qui me concerne, je préfère le féminin ; tu es très belle en femme et quelle merveilleuse surprise.
– Elle ! Avec un «E »majuscule. Je suis une femme, dans ma tête, dans mon corps aussi. Certes la nature ne l’a pas voulu ainsi, elle ne m’a pas gâtée, ou trop, c’est selon. Je vis avec et quel bonheur, parfois, que d’être courtiser indifféremment par des hommes ou des femmes.

Elle remplit nos verres, lève le sien :

–  » ¡a tu salud ! « … À ta santé !
– Santé !

Du bout des lèvres elle lape à petites gorgées, elle mâche, savoure, ose un claquement de langue :

– Mmmmh, un délice !… Tu penses à ma petite enveloppe, d’habitude on paye avant.

Je souris, un instant j’ai osé croire qu’elle faisait ça pour rien, pour mes beaux yeux ; je me lève et récupère l’enveloppe glissée dans mon portefeuille, cinq cent euros, en billets de 50, j’en rajoute deux. Je dépose mon obole dans son assiette.

Elle la lorgne, s’en saisit, elle l’ouvre en se parant d’un beau sourire confus :

– Merci mais c’est le jeu, ma gratitude a ses limites. Elle l’ouvre (elle compte), il y en a un de trop…
– Non, c’est pour la deuxième manche, c’est bien cinquante euros ?

Ses yeux me fixent intensément, fouillent le fond de mes pensées, un sourire en coin, un sourire qui veut dire beaucoup…

– La pizza doit être à point à présent.

Dorée, croustillante, garnie de câpres et d’anchois, une pizza goûteuse que l’on dévore à pleine dents. Fromage blanc et salade de fruits achèvent cette pose détente durant laquelle

Ingrid est devenue une bavarde intarissable. Dans un langage châtié elle m’évoque son passé, sa vie, ici à Toulouse, ses espoirs pour l’avenir : ainée de quatre enfants dans un milieu modeste, vingt-trois ans, étudiante en sciences économiques, détachée, dans le cadre d’échange bilatéraux, par l’Université des Andes de Mérida, elle dit préparer une thèse. La cherté de vivre en France, elle n’a pas trouvé d’autre solution que d’user de ses charmes qui, au demeurant, est chose courante chez les étudiantes au Venezuela. Elles se sont revues, Lydie et elle, lors d’un congrès, la suite elle me laisse l’imaginer. À la rentrée ce sera sa dernière année.

– Tu veux un café ?
– Oui, j’en veux bien un, (la saisissant par le bras) et puis toi encore, j’ai trop envie de recommencer, comme tout à l’heure. Baise-moi, fais-moi mal, avilit-moi ! S’il te plait.
– Ah oui, tout te faire ? C’est ça que tu veux vraiment ?

Elle s’écarte, tire sur ma chaise, agrippe le coin de la serviette qui entoure mes reins et d’un seul coup l’arrache.

– Oh le vilain ! Je m’en doutais, ça t’excite de savoir ce qui t’attend.

Elle soulève son paréo, s’assied face à moi sur le rebord de la table et d’un mouvement sec elle envoie valser ses mules à froufrous aux talons vertigineux.

– Tout d’abord tu vas chérir mes petits petons.

Elle a repris ses distances, avec dédain ses pieds se posent sur mon torse, remontent et se frottent sur mon visage.

– Embrasse-les !

Mes mains glissent sous ses cuisses, épousent le galbe de ses mollets, s’enroulent autour de ses fines chevilles. Une odeur moite et prenante émane de ses jolis pieds manucurés sur lesquels mes lèvres courent. Obligeante, ma langue courtise la peau soyeuse de ses voutes plantaires, rechigne sur ses talons un tantinet calleux.

– Arrête tu me chatouilles !

Je ne l’entends pas, ma langue s’enhardit et se faufile entre ses orteils que mes lèvres sucent et récurent avec une dévotion dont je ne me serais pas cru capable.

– T’es un bon esclave, t’as le droit à présent de faire joujou avec mes seins.

Elle me repousse, se laisse glisser de la table et s’assied à califourchon sur mes cuisses, le ventre plaqué tout contre le mien. Les bretelles de son paréo tombent, ses seins jaillissent :

– Amuse-toi ! Excite-les, fais-moi bander !

L’un après l’autre, goulûment, je tète ses mamelons, les mordille avec prudence, son ventre se frotte contre ma queue tétanisée.

– Ça suffit ! Je vais faire le café maintenant, reste-là !

Alors que le ronron du percolateur s’étiole lentement l’arôme du café se propage jusqu’à moi. Se déplaçant à pas prudents, Ingrid réapparaît, tenant entre chaque main une tasse d’où montent d’épaisses volutes de vapeur.

– Il est brûlant, faudra patienter un peu, mais dans cette attente j’ai quelque chose pour toi (dit-elle en déposant les deux tasses sur la table). Ta serviette, étale-la par terre, assis-toi y dessus glisse-tes jambes sous la table et renverse ta tête en arrière. Dépêche-toi ! Oui, là sur la chaise. Ne bouge plus !

Elle se retourne, m’enjambe, ses fesses se creusent, s’approchent de mon visage.

– Sens-le d’abord. Renifle comme un petit chien !

Je m’agrippe à ses cuisses et m’exécute, le nez planté dans son cul je hume profondément. Un air chaud et capiteux flatte mes narines. Elle s’assied soudainement, ses fesses cherchent leur place, s’installent confortablement. Les coudes posés sur le bord de table, le menton calé dans la paume de ses mains, les reins cambrés, elle m’admoneste avec tendresse :

– Ta récompense, régale-toi !

Elle pèse de tout son poids.

– Oh oui ta langue, je la sens bien…Continue, cajole-le mon petit trou. Tu as tout ton temps, ton café, il est encore trop chaud.

Mes cervicales souffrent, mes mâchoires se tétanisent, ma langue s’endolorit. Soudain une gifle s’abat sur ma joue droite, une autre sur ma joue gauche, puis une volée de baffes me cinglent le visage.

– On ne dort pas ! On s’active ! Non mais, qui t’as dit de t’arrêter ?

Tant et plus ses fesses se trémoussent, elles semblent me dire à leur manière que la pause est finie. Comme si tout cela ne suffisait pas elle m’empoigne par les tétons, les pince, les tord, les étire :

– Ça, c’est pour ta désobéissance, c’est moi seule qui décide, toi, tu exécutes, t’as compris ? Mais comme t’es un bon esclave, un bon lécheur de cul, je te pardonne pour cette fois.

Elle souffle le chaud et le froid Ingrid, envolé le langage châtié de la douce étudiante, de mots crus elle me dépeint, m’harangue :

– Nettoie-le bien mon petit trou, plus loin ta langue, oui comme ça ! Mmmmh… Tu boiras ton café plus tard. Comme un petit chien, lèche le bien… « Mon chiotte », tu voudrais être mon chiotte, je suis sûr que t’aimerais bien. Te chier dans la bouche, ça te plairait hein ? Allez, lèche le bien mon trou du cul, continue.

Elle joue son rôle, celui que, l’autre soir, lors de notre conversation téléphonique, je lui attribuais, les baffes en moins. Oserait-elle cette chose aussi ? Cette idée me fait frémir. Si elle bandait au moins.

Mais oui, elle se réveille, se raidit au creux de ma main, sa bite que je branle, que je veux encore dans mon cul. Moi aussi je bande. Ses sphincters me broient la langue, l’essorent. J’ai mal, je geins.

Enfin, elle me libère, repose sa tasse vide. À mon tour je me relève, m’étire, me masse le cou, mes lèvres et ma langue me brûlent et le café, lui, est froid.

– Viens ! Suis-moi dans ma chambre.

J’obtempère. En l’air, ma bite semble indubitablement attirée par ce cul dont mes papilles se délectent encore.

– Tiens, enfile ce préservatif et étends-toi sur le dos !

Elle m’enjambe une nouvelle fois et, par sa voie royale, s’empale sur ma queue qui disparait dans les profondeurs de son volcan en fusion. Les yeux clos, son bassin s’anime. Elle gémit.

– Caresse-moi !

Le spectacle de sa bite qui coulisse entre mes doigts attise mon envie, moi aussi je voudrais qu’elle me prenne, je le lui dis, je l’exhorte.

– Tais-toi ! Continue, branle-moi bien !…

Des ondes m’irradient le ventre. Brutalement, sans pouvoir refréner mon plaisir, je jouis en beuglant ; je râle, je souffle comme un bœuf sous les coups de boutoir de ma belle qui soudain décule, elle rampe à genoux, glisse sa bite entre mes lèvres, ondule de la croupe. Elle coite ma bouche en vociférant :

– Ah oui, prends tout dans ta bouche, tiens ! Avale tout ! T’aime ça gros cochon…

Elle a fermé les yeux, s’est assoupie, son corps pèse sur ma poitrine.

– J’ai envie de faire pipi, un gros pipi dans ta bouche. Ça te plairait hein ? Ne bouge-pas, ça va venir.

« Non ! Pas maintenant, pas envie ! Que n’ai-je été lui dire l’autre soir au téléphone, à elle, cette inconnue, une pute, un transsexuel en plus ». Pétrifié, les bras le long du corps, mon cœur s’emballe…

Un jet tiède et ténu s’écoule, m’emplit la bouche et dévale en cascades au fond de ma gorge. Je m’étrangle, j’éructe, je me débats, sa bite sort du nid douillet de ma bouche, m’arrose, me trempe le visage.

– Les draps ! Mais c’est quoi ça ?

Elle a quasiment crié. Une gifle puissante, puis un aller-retour cinglant s’abattent sur ma bouille déconfite.

– Ça t’apprendra ! Ouvre la bouche, ouvre-la ! Obéis !

Son gros gland s’est faufilé entre mes lèvres…

– Bouge plus, soit sage !

« Pouah ! », Sa vessie se libère et inonde ma bouche d’un liquide saumâtre. J’avale tant bien que mal, ça déborde, un filet s’échappe de la commissure de mes lèvres, serpente sous mon menton, le long de mon cou. Je hoquette, je frissonne… De dégoût, de plaisir, les deux s’emmêlent, mes mains s’agrippent à ses fesses, l’attirent…

– Oui comme ça, là, avale ! Mmmmh… c’est bon hein ? Bois-la ma pisse toute chaude.

Abasourdi par ses claques qui m’ont mis le feu aux joues un écho résonne à mes oreilles : « bois ma pis…ouvr… bouch…avale ».

Les jets s’enchaînent, brefs et zélés ils gazouillent dans ma bouche, gargouillent dans mon ventre. L’écho, encore l’écho…

L’ivresse des montagnes me gagne : l’oxygène se raréfie, je vais mourir ou bien peut-être me noie-je …

Ô miracle, ma bouche s’émancipe de la tutelle de sa tortionnaire. J’inspire à fond, de grosses bouffées d’air frais s’engouffrent dans mes poumons ; je renais, mes yeux s’entrouvrent et saisissent l’image fugace d’une main secouant avec vigueur une verge d’où perlent des gouttes de pluie dorée. Mon doux calvaire prend fin.

J’ai repris une douche pendant qu’Ingrid changeait ses draps en maugréant. La nuit est tombée, je prends congé de ma charismatique maîtresse. On s’embrasse :

– Tu reviens quand tu veux.

Je hausse les épaules, je souris.

– Cinq cent euros, je ne suis pas Rothschild.

Je descends par la montée d’escaliers, marque un arrêt devant la porte de Lydie, l’heure est tardive, je me ravise et quitte l’immeuble.

J’ai peu dormi cette nuit avec, comme compagne, une forte migraine et ce matin encore ça cogne fort dans ma tête. Le vin et ses tanins, ou bien alors l’autre chose et ses possibles effets toxiques. Je m’inquiète, je rumine, je cherche à me souvenir si certains lendemains, avec Marie, mais ce n’est pas une pute, elle est saine, elle, me dis-je.

Mes idées noires se sont envolées avec mon mal de tête, merci Doliprane. J’ai repris le mors aux dents et j’ai bossé comme un malade, aujourd’hui et les deux jours suivants jusqu’à ce vendredi 17 heures.

Lydie absente, pas de rapport d’activité, je ne repasse pas au bureau, je sors de chez mon dernier client et m’engage sur l’autoroute.

19 h 15, le panneau de sortie Ussel, je suis à mi-parcours, ma voiture dévore l’asphalte. Mon portable résonne, un n° s’affiche : « Joël », (au masculin, pour mon épouse, on ne sait jamais.) Joëlle, que veut-elle à cette heure-ci. Ressassant ses derniers mots (ne m’oublie pas trop longtemps…) j’hésite à répondre. Crevé mais flatté, mon pouce enfonce la touche d’appel sur mon volant.

– Joëlle, comment va ? […] Moi aussi, juste un peu de fatigue […] Te rappeler ?… aujourd’hui ? […] Se voir demain ? […] Attends, ne te fâche pas !
– Tu sais, comme samedi passé, je veux bien encore, tu te souviens ?
– Écoute, je te rappelle demain, laisse-moi rentrer chez moi, m’organiser.
– C’est oui ou non, tout de suite, sinon tant pis pour toi.
– Ah vous les femmes ! C’est toujours tout et tout de suite (en bougonnant). Bon, même endroit, même heure, je t’embrasse, à demain, bye bye !

J’accélère. « Elle veut bien encore…», la coquine.

Que vais-je inventer cette fois pour me libérer, je repense à ma femme, à sa mère et ses bigoudis, pour une fois je la bénis.

À suivre.

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8 réponses à Gourmandises 20 – Une troublante rencontre par Jerema

  1. Bertrane_TV dit :

    Joliment tournée, bravo !

  2. Donadieu dit :

    Ma bite a aimé
    Et maintenant je vais me branler
    J’aurais bien sucer une bite
    Mais il n’y a pas de trans la où j’habite
    Ma femme va encore trouver
    Que je suis long à pisser
    Pas facile de se masturber
    Quand on est confiné

  3. Transkatia dit :

    Tu racontes trop bien, toi !

  4. Marly dit :

    Superbe récit avec une transsexuelle et de l’uro. J’en bande encore

  5. sapristi dit :

    J’adore !

  6. Etta dit :

    Bravo ! L’introduction (si j’ose dire LOL) d’une transsexuelle dans cette excellente saga est un plus que j’apprécie beaucoup (et ma bite aussi)

  7. Azrael dit :

    C’est vraiment pas mal ce qu’écrit cet auteur, une bonne ambiance, de la perversité à gogo et une jolie plume

    • Muller dit :

      Tiens, Jerema n’avait pas encore « touché » aux transsexuelles ! Voilà qui est chose faite et c’est ma foi, pas mal du tout ! 😉

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