Chronique – Partie 1 – Elle et moi par Gigi02

Chronique – Partie 1 – Elle et moi par Gigi02

Un an de vie commune, ça mérite bien une petite fête ; deux ou trois collègues de bureau sympas et quelques amis réunis autour du barbecue, un peu de musique pour danser sur la terrasse, boissons à gogo alcoolisées ou non, selon les goûts de chacun, la tiédeur de la nuit d’un mois de mai ensoleillé, il n’en faut pas davantage pour passer une bonne soirée ; et ce soir, pour elle comme pour moi, c’est un grand moment de bonheur…

Elle, c’est Stéphanie, trente-six ans, grande, les cheveux châtains, divorcée sans enfant, elle est avocate dans un cabinet d’affaires.

Moi, c’est Bertrand, trente-cinq ans, ex célibataire endurci, cadre commercial dans une importante société nationale.

Et c’est d’ailleurs à l’occasion d’une affaire litigieuse dans le cadre de mon job que nous nous sommes rencontrés. Coup de foudre réciproque, amour passionné et fusionnel, depuis, nous ne nous sommes plus quittés, même, si pendant quelques mois, nous avons continués de vivre chacun de notre côté ; jusqu’au soir où, après mûre réflexion et quelques coupes de Champagne, nous avons décidé de profiter de notre amour à plein temps, et de vivre ensemble, pour de vrai.

Exit nos apparts trop petits, la ville et son tumulte ; direction la campagne, mais pas trop loin de la grande cité quand même ; et nous avons acheté, en commun, cher, mais il parait que c’était l’occasion unique à ne pas rater, une vieille bâtisse à retaper.

Planchers vermoulus, tuiles qui s’envolent, portail tout rouillé qui grince dès que l’on y touche et des toiles d’araignées partout, rien ne manquait au tableau ! Même les vieilles dépendances, aux murs tellement branlants que l’on s’attendait à les voir s’écrouler au moindre coup de vent ; mais il y avait aussi, et surtout, le  » parc  » ; une véritable jungle bien touffue avec des ronces partout certes, mais avec des arbres quasi centenaires qui donnaient un petit côté cossu à l’ensemble, genre petit manoir ; et c’est vrai que pour nous, quand nous avons signé, c’était le plus beau des châteaux ;

Ça l’est toujours. Bien sûr, depuis, des travaux ont été réalisés ; le salon a été aménagé, avec sa cheminée de pierre, deux chambres ont été agencées à l’étage, ainsi qu’une salle de bains – maintenant, on peut recevoir – et le parc a reçu, lui aussi, un commencement d’aménagement, mais il reste encore beaucoup, beaucoup à faire !

Mais pour l’ heure, c’est la fête, ou plutôt, c’était la fête, puisqu’à cette heure avancée de la nuit, nos invités commencent à regagner leurs pénates, seuls ou en couples, légitimes ou pas ;

Les derniers partis, Stéphanie se laisse tomber sur le canapé

– Alors, mon chéri, plutôt réussie, cette petite soirée, non ?
– J’avoue, je ne suis pas déçu, mais pour ce qui est de ton idée, je reste perplexe…

Elle a une petite moue

– Pas moi, tu sais, j’ai bien observé tout notre monde et je crois que c’est faisable…

Alors, là, petite explication ; son idée, c’est tout simplement d’organiser une soirée coquine, genre partie fine, avec des amis ou des relations bien choisis, mais pas avertis du tout du but de la soirée, et voir jusqu’où on peut aller, dans ce genre de  » réunion  » un peu improvisée.

Car Stéphanie, sous son apparence de jeune femme sérieuse, bon chic bon genre, est une fille assez… chaude, très portée sur le sexe, en fait, et je la soupçonne même parfois d’être à la limite de la nymphomanie.

Je ne m’en plains pas, bien au contraire, d’autant qu’elle est douée, la chérie, et j’essaie de la satisfaire de mon mieux, de céder à tous ses désirs. Mais, là, je dois bien avouer que l’amour au pluriel, c’est pas vraiment mon truc, je suis plutôt du genre exclusif, moi, pas exhibitionniste ni partageur pour deux sous. Surtout que je fais un complexe à cause de la petite taille de mon pénis, alors me montrer en public, j’ai pas trop envie ! Même si, je le sais, son fantasme, à elle, serait de me voir faire l’amour avec une autre …

Et quand elle a une idée derrière la tête, elle y tient, alors, comme toutes les femmes, elle insiste :

– Et puis tu sais, une soirée sexy ne veux pas dire partouze, ni qu’il y ait obligatoirement relation sexuelle, et on peut même ne rien faire du tout, pourvu que l’on s’y amuse et que l’on soit bien dans sa peau …

Elle a raison, mais je tique quand même

– Bien sûr, mais te voir touchée par un autre, j’ai du mal à me faire à cette idée ! J’imagine pas !

Elle balaie l’objection d’un sourire

– Ou une autre ! Mais c’est le but même de ce genre de réunion, Bertrand ! Après bien sûr, à chacun de voir ce qu’il a envie de faire ou de ne pas faire, et de s’imposer des limites ; par exemple, je sais bien que je ne t’empêcherai pas de flirter avec qui tu veux, et peut- être plus… mais, bien sûr, cela ne doit pas sortir du cadre de la soirée

Avec des arguments comme ça, évidemment, on peut se laisser tenter. Je m’assieds à côté d’elle en soupirant

– Bon, allez, disons que tu as mon accord de principe, après, on verra bien !

De joie, elle m’en fait un baiser …Sur la joue

– Et alors, tes conclusions sur nos invités

Petite moue de ma bien aimée ; parce que notre petite fête de ce soir avait aussi pour elle un autre but… celui de lui permettre de déterminer les possibles, ou non, pour sa soirée coquine…

– Eh bien, pour moi, les Rinchard, c’est pas la peine, pas dans le coup, Marion non plus, trop coincée ; mais Jennifer, je pense que oui, ainsi que Romain et Cindy qui sont assez ouverts, surtout elle, qui t’a dévoré des yeux toute la soirée… Par contre, parmi tes relations de bureau, il n’y a guère que Nicolas qui soit possible, et lui, en plus il me plaît bien, mais bon, ils n’étaient pas tous là …Qu’est-ce que tu en penses ?
– Cela me semble bien, et pourquoi pas aussi ta copine de yoga, Anaïs ? En tout cas, pour Nicolas, je vais tâter le terrain, lundi je pars avec lui toute la journée pour Lyon, je saurai à quoi m’en tenir à son sujet… Mais maintenant, le difficile va être de trouver un prétexte pour organiser cette soirée …
– Ne t’inquiète pas pour ça, pas besoin de prétexte, soirée entre amis, ça suffit… Mais au fait, pourquoi Anaïs, tu as envie de te la faire ? Moi, je lui trouve un côté un peu nunuche…
– Justement, je la soupçonne d’être encore vierge, et puis, elle est mignonne, non ?
– Voyez-vous ça, mon chéri qui a envie d’une pucelle ! Mais au fait, dis-moi, tu en as connu beaucoup, des vierges, avant de me connaître ?

J’aime pas trop ce genre de question assez gênante, en fait…

– Ben, aucune …

Elle rit

– Ah, c’est donc ça ! Le fantasme de la virginité féminine chez les hommes ! Et bien, on l’invitera, mais, ne te fais pas d’illusions, ce n’est pas le genre de fille à traîner dans les soirées sexy … Bon, mais en attendant, mon petit chéri, j’aimerais bien que tu penses un peu à moi …
– Mais je ne fais que cela, mon amour ! Tiens, figures toi que je suis en train de t’imaginer nue dans mes bras…

Elle me prend par le cou

– Hum, tu sais que de l’imaginaire à la réalité, il n’y a quelquefois que l’épaisseur d’une petite culotte, et la mienne ne demande qu’à être retirée, si tu vois ce que je veux dire….
– Hum, je crois que je vois… alors, on baise ?
– On baise !

*****
– Places 111 et 113, c’est ici…
– Quand même, ils auraient pu nous faire accompagner par une secrétaire, ne serait-ce que pour le plaisir, voyager avec une jolie fille, c’est quand même plus agréable, non ?
– N’exagère pas, Nicolas, pas besoin d’être à trois pour aller présenter un projet, déjà que je trouve que deux, c’est beaucoup, tu aurais tout aussi bien pu y aller seul, en fait ; et puis des, filles, il y en a plein les bureaux, tu n’as que l’embarras du choix !

C’est un rêveur, Nicolas, il est célibataire, rouquin, un peu timoré et myope comme c’est pas possible, mais il est sympa et drôle, c’est-ce qui fait son charme ! Malheureusement, pour lui cela ne marche pas trop bien avec les femmes, même pas du tout. Mais c’est peut-être tout simplement parce qu’il est incapable de leur parler d’autre chose que du moteur de la dernière Alfa-Roméo, ou du vainqueur du dernier grand prix de formule 1 ! L’auto, c’est sa passion, sous toutes ses formes, à un point qu’il en est parfois soûlant, lui qui malgré sa myopie, roule dans une vieille guimbarde héritée de son oncle !

– C’est vrai ! Mais je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à les intéresser …mais dis donc, à part ça, c’était drôlement réussi, votre petite fête, l’autre soir, et il y avait quelque jolies filles…
– Oui, et tu as trouvé le moyen de repartir seul ! Tu es vraiment un cas, toi !
– Bah, quand ça veut pas, ça veut pas ! Et puis, je vais te dire, surtout ne le prends pas mal, mais la seule avec qui je serais bien parti, c’est Stéphanie, elle est drôlement chouette, Stéphanie, et puis son prénom ! J’adore ! Je vais te dire, moi, elle me fait rêver…
– Oui, mais le problème pour toi, c’est que c’est ma femme…
– Ben, je croyais que vous n’étiez pas mariés…
– Pas officiellement, mais c’est tout comme…
Il m’a regardé avec un air résigné et il a soupiré
– Quand même, t’as une de ces chances, toi !

Inutile de lui dire que Stéphanie le trouve à son goût, faut pas exagérer, quand même ! Donc, avec lui pas de problème, il ne sera pas forcément à son aise dans une soirée un peu coquine, mais on ne sait jamais … mais en tout cas, si on l’invite, je ne le perds pas de vue !

*****
– Et puis par ici, je verrais bien quelques massifs de laurier rose, en mélange avec des genévriers et des rosiers, sans toucher aux arbres, bien entendu, de manière à créer un genre de labyrinthe végétal où l’on pourrait se dissimuler, qu’est-ce que tu en penses ?

Stéphanie en train de tracer les plans de notre futur jardin ! et avec ses bottes vertes et son coupe-vent jaune, on dirait une pro !

– Attends, ne me dit pas que tu as l’intention en plus d’organiser des parties de cache-cache…
– Mais non, quoique l’idée est à creuser, mais quelquefois, on a besoin de se cacher à la vue des autres, tiens, ne serait-ce que pour ça …

Elle dégrafe son pantalon, le baisse en même temps que sa culotte et s’accroupit

– Mais qu’est-ce que tu fais ?
– Je pisse, mon chéri, je pisse dans la nature, en plein air et chez moi, tu ne peux pas savoir comme c’est bon ! Ah quel bonheur !

Je la regarde s’épancher, elle me sourit, pas gênée le moins du monde ; rarement, vision ne m’aura été à la fois aussi agréable et excitante ! D’ailleurs, cela me fait bander !

Elle se redresse, se rajuste

– Ca va, ça t’a plu ?
– J’avoue que j’ignorais que voir une femme pisser était un spectacle aussi jouissif, et là, je crois que tu m’as gâté, mon amour, et j’attends avec impatience la prochaine représentation !

Elle pose ses bras autour de mon cou et son front contre le mien

– Hum, alors, si tu aimes ce genre de …spectacle, je ne demande pas mieux que de te satisfaire, mon petit chéri, et puis tu sais, je n’ai pas de tabous, ni d’a priori…et j’adore les jeux coquins…
– Alors compte sur moi pour te le rappeler, et je suis prêt à te suivre les yeux fermés…

Elle rit

– Fermés ou bandés ? Tu vois, on ne se parle jamais assez en fait ; mais, moi dans ce domaine, je n’ai pas envie que tu me suives, mais plutôt que tu me précèdes…

*****
Stéphanie pose son magazine au pied du lit et se tourne vers moi

– Tu sais, chéri, je crois que j’ai trouvé l’idée pour organiser ma petite soirée coquine …

Décidément, elle y tient à sa soirée !

– Je t’écoute …
– Eh bien, tu te souviens de cette soirée chez Virginie, rasoir au possible, qu’elle avait organisée sur le thème de la philosophie, où elle nous avait passé un film japonais on ne peut plus barbant
– Je m’en souviens parfaitement, jamais je ne m’étais autant fait suer, heureusement, son scotch était de première qualité !
– Mouais… Et bien, nous allons faire la même chose, sauf que moi, ce sera un barbecue, et j’orienterai discrètement la discussion sur la sexualité, et puis, pour ceux qui veulent, je proposerai un film, moi aussi, et là j’hésite encore entre Emmanuelle ou Histoire d’O, qu’est-ce que tu en penses ?

J’ai souri

– Un peu vieillots, tes films, mais bon, ça reste des classiques, Et puis, tu ne crois pas que tu vas un peu loin, non ? ou alors, dans tes invitations, tu as intérêt à spécifier  » soirée coquine entre adultes avertis  » sinon tu vas au-devant de grosses désillusions, ma chérie…

Elle se couche sur moi pour me prendre par le cou

– Alors tu proposes quoi, toi ?
– Peut être quelque chose de plus raisonné, une ou deux personnes, pas plus, mais bien choisies…

Petite moue de ma chérie

– Comme Anaïs, par exemple…au fait, j’attends toujours tes propositions pour nos jeux érotiques, et ne me dit pas que tu n’as pas d’idées, je serais déçue…
– C’est que je ne voudrais pas que l’on tombe dans la banalité, mon amour, ça mérite réflexion…

Sa langue caresse mes lèvres

– Pas la peine de te triturer le cerveau, mon chéri, on ne va pas se rejouer Histoire d’O, restons simples et naturels, c’est encore ce qu’il y a de plus excitant…
– Toi, tu aurais une idée derrière la tête que ça ne m’étonnerais pas…
– Là ? Hum, pas vraiment, disons que j’aimerais bien faire l’amour…
– Alors, j’ai quelque chose à te proposer…
– Ah oui, et quoi ?
– Si on faisait l’amour ?

elle éclate de rire, je la débarrasse de son pyjama ; elle se laisse faire ; Dieu qu’elle est belle et désirable, mon avocate, dans sa totale nudité ! Avocate du diable, oui ! Je la veux ! Et tout de suite ! D’ailleurs, elle ne demande que cela … Ah bon sang, tu vas voir comment je vais t’aimer, ma petite garce adorée, côté pile et coté face ! et je crois que tu vas t’en souvenir, parce que je suis particulièrement en forme, ce soir ! Ah, tu vas pouvoir l’appeler, ta maman ! Allez ! En piste, ma chérie…

*****
En ce début d’été, beaucoup de déplacements professionnels à mon agenda ; tantôt seul, tantôt accompagné ; comme c’est le cas aujourd’hui. Malheureusement, ce n’est pas une pin-up qui me tient compagnie pour ce court voyage à Lille ; non, c’est Madame Rouchon, surnommée Ronchon dans tous les services, tant cette femme est triste et mal aimable ; vieille fille, la cinquantaine, mince avec un visage émacié que n’arrange pas une paire de lunettes d’un autre âge, elle semble traîner derrière elle une sempiternelle odeur de tisane ou de médicament, je n’ai jamais su au juste ; et pas question de lui parler d’autre chose que ce pourquoi elle m’accompagne, elle ne le supporterait pas ; et dire qu’il va falloir que je me la coltine au restaurant ! Il y a parfois des galères dont on se passerait bien, mais bon, c’est comme ça !

Après cette sortie un peu tristounette, le retour au  » château  » me fut d’autant plus agréable qu’une jolie surprise m’y attendait.

J’ai d’abord remarqué la voiture ; une grosse berline de marque nationale, garée devant la maison ; un chauffeur assis à son volant ; Étonnant, parce que cette voiture, ce n’est pas un taxi, cela ressemble plutôt un véhicule officiel, vraiment curieux ! Et c’est en entrant dans la maison que j’ai compris, en voyant Stéphanie en grande conversation avec une belle jeune femme brune, à cheveux courts, vêtue d’un élégant tailleur jupe anthracite sur un chemisier rouge ; et cette jeune femme, je la connais, du moins de vue, pour avoir souvent croisé son portrait un peu partout sur les murs de la ville ; c’est Madame Beaulieu, la Député ! Sous le coup de la surprise, je reste un instant sans voix, et puis je parviens à bredouiller quelque chose qui ressemble à un banal  » bonjour madame.  »

Et cela les amuse, toutes les deux, et puis, devant mon air incrédule et embarrassé, Stéphanie vient à ma rescousse

– Je te présente Estelle Beaulieu … que tu as sûrement reconnue …ma meilleure amie quand nous étions à la fac, nous avons fait toutes nos études de droit ensemble, et qui s’est déplacée spécialement pour venir me dire un petit coucou, c’est sympa, non ? Mais vous permettez que je vous laisse un instant, je m’occupe du thé…

Resté seul avec la visiteuse, je ne sais pas trop comment engager la conversation, tandis qu’elle, confortablement installée dans le canapé, les jambes croisées, me regarde en souriant, encore amusée de ma surprise.

J’essaie de prendre un air décontracté

– Et bien, je ne savais pas que Stéphanie avait dans ses relations des gens aussi important qu’une Député

Son sourire s’accentue

– C’est à dire que nous nous étions perdues de vue depuis la fin de nos études, vous savez, chacun suit son chemin, mais bon, maintenant, avec le net, on peut retrouver qui on veut … enfin, presque ; et puis, quand vous dites important, c’est relatif… c’est comme tout, le hasard de la vie fait parfois bien les choses… disons que je suis trouvée là où il fallait quand il le fallait, simplement..
– Il n’empêche que l’on parle de vous pour faire partie du prochain gouvernement, ce n’est pas rien, ministre, bigre !
– Bof, vous savez, il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce que racontent les journalistes, mais je dois admettre que c’est une possibilité…

Elle se lève et vient se placer devant moi

– En tout cas, Stéphanie me disait que vous étiez quelqu’un de très bien à tout point de vue, je m’aperçois qu’elle n’exagérait pas…

Diable, elle va me faire rougir, madame la Député

– Vous savez, c’est un peu normal, Stéphanie me voit avec les yeux de l’amour.

Elle sort son étui à cigarette, en prend une qu’elle porte à ses lèvres

– Oui, mais moi, je vous vois avec des yeux neufs, si je puis dire, et donc, je confirme ! vous avez du feu ?

Je ne fume pas, mais il y a un gros briquet sur la table de salon ; un clic et je lui allume sa cigarette

Elle tire une brève goulée et renvoie la fumée dans ma direction, en me fixant, droit dans les yeux… Tiens, tiens ! Je me souviens avoir lu quelque part, que ce geste, s’il était voulu, avait une signification un peu particulière, quelque chose comme une provocation, ou un désir amoureux, je ne sais plus trop, et là, à la façon dont elle me regarde, je suis sûr que ce n’est pas un geste fortuit ! Bon, eh bien alors, je vais y aller de mon compliment, moi aussi, après tout…

– Je trouve que vous êtes beaucoup plus jolie au naturel que sur vos photos officielles…
– Merci, mais c’est vrai qu’elles ne sont pas très réussies …Vous savez que quand vous êtes arrivé, Stéphanie était en train de me parler d’une soirée un peu particulière qu’elle aimerait organiser, et il parait que vous n’êtes pas très chaud … vous avez tort, parce que moi, je trouve l’idée excellente…

Elle se rapproche un peu plus

– D’ailleurs, moi-même, si je n’étais pas si occupée et si j’étais libre à ce moment-là…

J’ai l’impression qu’un certain trouble est en train de s’installer, et puis je trouve quand même étonnant que deux femmes qui ne se sont pas vues depuis des années en viennent à parler sexualité dès qu’elles se retrouvent…Fort heureusement, le retour de ma bien aimée fait diversion

– Je vois que vous avez fait connaissance…Tu prends du thé avec nous, chéri ?
– Heu non…je vais vous laisser papoter…et puis j’ai à faire

Étonnement de madame Beaulieu

– Ce n’est pas moi qui vous fais fuir, au moins ?

Là, je me fends d’un large sourire

– Du tout ! Et j’espère de tout cœur que nous aurons l’occasion de nous revoir

Elle me fixe un instant, sourit

Mais je l’espère bien, alors à bientôt…,

Un peu plus tard, je retrouve Stéphanie, seule.

– Mais en fait, elle est venue pourquoi, exactement, madame la Député
– Je te l’ai dit, me dire un petit bonjour…non, en réalité, elle est en train de remanier son équipe de collaborateurs, et elle m’a demandé si je voulais en faire partie, comme conseillère juridique, voilà…
– Et tu lui as répondu quoi ?
– Qu’elle pouvait compter sur moi, bien sûr…au fait, tu sais qu’elle t’a trouvé tout à fait charmant, et très séduisant …et c’est elle me l’a dit, c’est flatteur, non ?
– Pour toi comme pour moi, en effet ! Alors, si je comprends bien, tu te lances dans la politique ; mais dis-moi, elle est mariée, ton amie ?

Éclat de rire de ma chérie

– Estelle ? Non, elle n’est pas mariée ! et je vais même te faire une confidence …quand je l’ai connue, à la fac, elle était davantage attirée par les filles que par les garçons, si tu vois ce que je veux dire, mais bon, ça, cela reste entre nous, hein ? Et puis elle a peut-être changée.

Ça, qu’elle ait changé, c’est bien mon avis, ou alors, elle est bi ! Ou bien j’ai rien compris !

– Mais dis-moi, ma chérie, quand vous étiez à la fac, si vraiment elle préférait les filles et que vous étiez si proches l’une de l’autre, il n’y aurait pas eu la tentation d’un petit flirt, entre vous deux, non ?

Elle passe ses bras autour de mon cou

– Mais on ne peut rien te cacher, à toi, mon petit futé chéri ! C’est vrai que deux ou trois fois, je ne m’en souviens plus exactement, nous nous sommes retrouvées dans le même lit, mais c’était comme ça, pour voir, l’amour entre filles, non, c’est pas vraiment mon truc…
– Voyez-vous ça ! Et elle… elle s’en souvient ?
– Et pourquoi crois-tu qu’elle soit venue me voir moi, les conseils juridiques, ce n’est pas ce qui manque, tu sais …et c’est la première chose dont nous avons parlé…

Ah je comprends mieux, la voilà donc, l’explication !

– Et ben dis donc, tu avais dû lui faire grosse impression, à l’époque ! Mais te connaissant, cela ne m’étonne pas, en fait ! Et je suis sûr que tu lui as proposé de participer à ta soirée…
– Tout juste, et si elle avait accepté, avoue quand même que cela aurait eu une certaine classe, non ?
– Oui, c’est sûr ! Bon, en tout cas, ma chérie, je vais aller prendre un bon bain délassant, j’en ai bien besoin après cette journée difficile, surtout qu’en plus, j’ai dû me farcir la mère Ronchon toute la journée…

Elle la connaît, à force de lui en parler… c’est même devenu un sujet de plaisanterie entre nous

– Alors, je vais te préparer des sels relaxants, et si tu veux, peut-être même que je te frotterai le dos…
– Hum, tu prends des risques, souviens toi la dernière fois, ou tu t’es retrouvée tout habillée dans la baignoire…

Mais ça, je sais que c’est une éventualité qui ne lui déplait pas, au contraire, d’ailleurs, elle s’y voit déjà

– Eh bien, dans ce cas-là, j’en profiterai pour te retirer tes points noirs, j’ai vu que tu en avais quelques un…
– Ah non, les points noirs, ce sera après, à poil et sur le lit

Elle colle ses lèvres sur les miennes

– Alors, ce sera assise sur toi, et à cheval sur ta queue bien dressée, d’accord ?
Et là, je ne vois vraiment pas comment je pourrais refuser une telle proposition …

à suivre

 

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