De la liberté d’importuner

Je me fais un plaisir de relayer  ce texte publié mardi par un collectif de femmes dans « Le Monde » pour « défendre » la « liberté d’importuner » des hommes et s’opposer à la « campagne de délations » apparue après l’affaire Weinstein.

Sonia Kubler

« Défendre » la « liberté d’importuner » des hommes. C’est le sens de la tribune publiée ce mardi dans les colonnes du Monde par un collectif de femmes. Catherine Deneuve, Brigitte Lahaie, Catherine Millet, l’éditrice Joëlle Losfeld, l’actrice Ingrid Caven, la journaliste Elisabeth Lévy, l’écrivaine Catherine Robbe-Grillet… Elles sont presque une centaine à s’opposer à la « campagne de délations » apparue après l’affaire Weinstein.

Quelques extraits

Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste.

A la suite de l’affaire Weinstein a eu lieu une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes, notamment dans le cadre professionnel, où certains hommes abusent de leur pouvoir. Elle était nécessaire. Mais cette libération de la parole se retourne aujourd’hui en son contraire : on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices !

Or c’est là le propre du puritanisme que d’emprunter, au nom d’un prétendu bien général, les arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux les enchaîner à un statut d’éternelles victimes, de pauvres petites choses sous l’emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie.

De fait, #metoo a entraîné dans la presse et sur les réseaux sociaux une campagne de délations et de mises en accusation publiques d’individus qui, sans qu’on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels. Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l’exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu’ils n’ont eu pour seul tort que d’avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses  » intimes  » lors d’un dîner professionnel ou d’avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l’attirance n’était pas réciproque.

Cette fièvre à envoyer les  » porcs  » à l’abattoir, loin d’aider les femmes à s’autonomiser, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment, au nom d’une conception substantielle du bien et de la morale…

« Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle. Nous sommes aujourd’hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage, mais nous sommes aussi suffisamment clairvoyantes pour ne pas confondre drague maladroite et agression sexuelle ».

14 Janvier 2018

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3 réponses à De la liberté d’importuner

  1. Caline dit :

    Une fois un type qui venait de me croiser s’est exclamé « Quel cul ! »
    Je lui est répondu « Quel con ! »
    Mais croyez le si vous voulez, quelque part je n’étais pas si fâché de cette réflexion !

  2. Cartier dit :

    et 6 ans plus tard, ça continue de plus belle avec la complicité de la presse bien pensante…

  3. Paganini dit :

    Bravo pour ce texte. j’en ai mare de ces bonne femmes qui ne voient chez les hommes que des violeurs potentiels

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