3 – Partie de campagne
Jenny alias Karen n’était pourtant pas bien loin, elle avait traversé le boulevard et était entrée dans un café pour s’y attabler. Son pigeon n’irait pas la chercher si près… Elle était presque sûre d’avoir pris le bon paquet mais voulait être complètement rassurée. Elle déchira le carton et se mit à pester de rage et de dépit en en découvrant le contenu.
– Raté ! Raté ! Je fais quoi maintenant ?
Perdue dans ses réflexions, elle se brûla la langue avec le café bouillant, qu’elle reposa rageusement sur sa soucoupe.
Mais si ! Il y avait une solution ! Elle jeta une pièce de deux euros sur la table et quitta l’établissement sans avoir terminé de boire son café. Il y avait juste à côté un magasin de chaussures. Elle y acheta une paire de baskets qu’elle enfila, rangeant ses escarpins dans la boite. Quand Désiré sortirait pour aller à la poste, elle lui subtiliserait le paquet à l’arraché puis piquerait un sprint.
Il n’y avait plus qu’à attendre… elle chaussa ses lunettes noires et s’assit, remerciant la Ville de Paris d’avoir installé autant de bancs sur le boulevard Voltaire.
Midi, 13 heures, 14 heures… Karen commençait à trouver le temps long et en plus elle n’avait rien mangé. Elle téléphona à son employeur, prétexta une gastro-entérite qui l’empêchait de venir. On la croirait, elle ne manquait jamais.
« Il va y aller quand, à la poste, ce connard ? »
14 heures 30… 14 heures 45… Elle commençait à se demander sérieusement si Désiré n’avait pas décidé de reporter sa sortie au lendemain par sécurité…
Vers 15 heures, stupéfaite, elle aperçut Amanda devant l’entrée de l’immeuble, attendant manifestement qu’une personne ouvre la porte.
« C’est quoi ce cirque ? Ça n’a aucun sens ! Ou alors Grégorio m’a caché un truc ! »
Lui téléphoner ou attendre ? Elle préféra attendre.
Cela faisait près de quatre heures que Désiré tournait et retournait la situation dans sa tête. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait.
Il était allé sonner chez la voisine d’en face, lui avait demandé si elle avait elle aussi, reçu la visite d’une personne se réclamant d’une société spécialisée dans l’extermination des termites.
– Oui, avant-hier, je crois, une personne très aimable et très élégante, mais je ne comprends pas, le syndic aurait pu nous prévenir… D’ailleurs je devais l’appeler, ça m’était sorti de l’idée. Je vais le faire maintenant, je vous dirai…
Désiré n’était donc pas ciblé spécialement ? Voilà qui compliquait encore les choses. Il eut la curiosité de rechercher le reçu que lui avait laissé Amanda afin de téléphoner à cette société, mais ne le retrouva pas.
Cette « Jenny » avait eu largement le temps de constater son erreur de paquet. Elle n’oserait sans doute pas revenir mais pouvait envoyer un complice. Et puis il y avait ce mystère « Amanda ». Si les deux femmes étaient complices, pourquoi envoyer « Jenny » aujourd’hui, alors qu’il aurait probablement abandonné le cadran à la première, la veille ? Et pourquoi n’était-elle pas revenue hier ?
C’était à n’y rien comprendre, mais il se fit la réflexion que si ces filles étaient prêtes à coucher avec lui pour acquérir ce cadran, elles étaient sans doute prêtes à pire ! Désiré n’avait aucune envie de se mettre en danger pour un vieux cadran, et si elles revenaient lui casser les pieds, il finirait (mais à contre cœur) par leur donner l’objet. Après tout, il n’était pas en retraite pour se retrouver dans d’incompréhensibles embrouilles.
Un peu énervé, un peu fatigué, il regarda la pendule du salon qui indiquait 15 heures. Le chien s’agitait, il allait être temps de le sortir.
Il allait se préparer quand on sonna à la porte. Le chien grogna.
– Couché le chien !
Il ouvrit découvrant avec stupéfaction, la femme de chez Termites-killers !
« Elle vient pour le cadran ! Je n’y comprends rien, mais si elle insiste trop je lui refile et basta… »
– Bonjour ! Dit-elle avec un merveilleux sourire, je peux entrer ?
« Temporiser mais comment ? »
– Euh, c’est à dire, j’allais sortir le chien !
– Hum, il peut peut-être attendre un peu, non ?
– Ben justement, je ne crois pas.
– Je repasse dans un quart d’heure si vous voulez !
– Non dans un quart d’heure, je ne serais pas revenu, il faut que je passe à la poste.
Amanda est décontenancée, elle qui pensait que ce serait facile.
Et voilà la voisine d’en face qui ouvre sa porte, très remontée (la voisine pas la porte) :
– Ne la faites pas entrer, Monsieur Macherot, cette personne est une menteuse : le syndic n’a jamais mandaté personne pour s’occuper des termites. Foutez le camp ou j’appelle la police.
Amanda ne se laisse pas démonter.
– Je ne vous ais jamais dit que je venais de la part du syndic…
– Ben alors qu’est-ce que faites-là ?
– Si vous me laissiez parler… Je vends des produits aux gens qui ont des nids de termites, j’ai été chez vous, il n’y avait pas de termites et je ne vous ai rien vendu. Alors il est où le problème ?
– Le problème c’est que vous n’avez rien à faire ici !
– Vous vous répétez. Je suis en affaire avec Monsieur Macherot et cela ne vous regarde pas. Je peux entrer cinq minutes, Monsieur Macherot ?
Désiré eut soudain la crainte que sa visiteuse fasse consciemment ou pas une allusion à ce qui s’était passé entre eux et la fit entrer promptement.
– Je vous expliquerai, Madame Crochet.
– Ne me dites pas que vous n’êtes plus intéressé par ma proposition, je ne vous croirais pas ! Dit-elle en s’efforçant de parler à voix basse.
– Vous seriez venue hier, cela aurait été parfait, mais je vous ai attendue toute la journée pour rien. Aujourd’hui j’ai changé mes projets et mon cadran, je le garde. Sinon votre proposition de prestation spéciale peut toujours m’intéresser, mais ce ne sera pas aujourd’hui et ce ne sera pas contre le cadran. Voulez-vous mon numéro de téléphone ?
« On verra bien s’il n’y a que ce fichu cadran qui l’intéresse », pensa-t-il
Amanda se dit alors que tout n’était peut-être pas foutu, elle avait des atouts : son charme et ses facultés d’improvisation !
– Bien sûr que je veux votre numéro de téléphone !
– Ah, au fait se souvint Désiré, vous m’aviez dit que vous regarderiez si ce cadran vous disait quelque chose.
Amanda improvisa une explication.
– Je pense que c’est une pièce qui devait faire partie d’un mécanisme plus complexe, peut-être un automate ?
– Ah ?
– Dans ce cas, ça ne vaut pas grand-chose, sauf pour ceux qui s’intéressent à tous les mécanismes d’horlogerie qu’il doit y avoir à l’intérieur, moi ça me passionne ces trucs-là.
– Ah ! Je verrais bien, j’ai trouvé un type qui est d’accord pour me l’expertiser, je lui ai posté ce matin.
« Merde c’est foutu, je n’ai plus qu’à repartir ! » se dit Amanda
Et machinalement, son regard s’égara sur un colis postal prêt à l’envoi.
« Il a été à la poste ce matin et il y retourne cet après-midi ? Bizarre quand même ! »
Amanda s’approcha du paquet poste et l’air de rien mémorisa l’adresse du destinataire.
– Vous le faites expertiser chez Gobert à Lyon, je suppose ?
– Gobert ? Non je ne connais pas, je l’ai envoyé à Louveciennes chez un type avec un nom russe.
Piégé sans même s’en rendre compte, Macherot ! Le paquet prêt à partir est donc bien celui contenant le cadran
Elle réfléchit à toute vitesse et élabora deux plans qui pourraient lui permettre de récupérer ce cadran à l’extérieur, mais auparavant elle ferait une dernière tentative ici.
– Bon, je vais vous laisser, mais vous vous imaginez bien que j’avais bu beaucoup d’eau avant de venir au cas où vous auriez été intéressé par une petite fantaisie. Maintenant il faut que j’élimine tout cela, me permettez-vous d’utiliser vos toilettes ?
– Bien sûr ! Vous connaissez le chemin.
Amanda déçue de ne remarquer aucune lueur d’intérêt chez Désiré à l’évocation de ce gros pipi à évacuer, se rendit aux toilettes et laissa la porte grande ouverte. Elle espéra un moment que Désiré vienne la rejoindre, mais en vain, elle ouvrit donc les vannes et pissa d’abondance en soupirant.
– Je ne vous dis pas ce que vous avez raté ! J’en ai pissé au moins un litre.
– Tant pis ! Répondit Désiré qui n’avait pas envie de s’appesantir mais que le démon de la curiosité tourmentait. Ah, au fait, il y a des coïncidences étranges parfois. Figurez-vous que ce matin une jeune femme est venue sonner à ma porte, elle avait l’air très intéressée par ce cadran.
– Ah ! Bizarre en effet !
Amanda comprit de suite que Grégorio avait envoyé une autre nana. Mais apparemment elle avait échoué.
– Vous pourriez me la décrire ?
– Pourquoi ? Vous seriez susceptible de la connaître ?
– Disons que j’ai un pressentiment !
Il lui fit une rapide description. Karen bien sûr ! Elle détestait cette nana qui le lui rendait bien, jolie, cultivée mais intrigante et sans doute dangereuse.
Vite un gros mensonge… Amanda n’était pas obligée d’inventer une explication, elle le fit cependant.
– C’est Karen, c’est ma colocataire ! Quelle salope celle-là !
– Elle ne m’a pas donné ce nom-là !
– Logique, mais c’est pourtant bien sa description.
– Si vous m’expliquiez un peu, parce que là, je suis un peu largué.
– C’est très simple. Hier, non, avant-hier on discutait en dînant. Faut bien parler de quelque chose ! Je lui ai donc expliqué qu’au cours de ma tournée j’avais repéré chez quelqu’un un joli cadran et qu’il m’aurait bien plu. Je ne lui ai pas raconté les détails, évidemment ! Je lui ai juste montré la photo et expliqué que je devais y retourner… Alors elle m’a dit qu’elle se faisait fort de subtiliser ce cadran. Elle prenait ça comme un jeu, comme une espèce de défi…
– Et vous l’avez laissée faire…
– Mais non, justement, je lui ai interdit de faire ça ! Et puis on a parlé d’autres choses. Mais voilà, Mademoiselle n’en fait toujours qu’à sa tête. Elle va m’entendre ce soir, je vais lui passer un de ces savons ! Enfin, heureusement qu’elle ne vous l’a pas volé !
– Elle a failli, je n’étais pas encore allé à la poste, et elle s’est tout simplement trompée de paquet. Dans celui qu’elle a embarqué, il y avait un réveille-matin à l’effigie de Mickey ! C’était pour l’un de mes correspondants à Toulouse…
Amanda rigola intérieurement. La gueule qu’allait faire Grégorio !
– Je vais vous dédommager, il coûtait combien ce réveille-matin ?
– Laissez tomber ! Dites-moi plutôt comment votre colocataire a eu mon adresse ?
– Ah ! C’est une bonne question ! Répondit Amanda, un instant déstabilisée. Alors là mystère ! Mais non je suis bête, Karen m’a demandé de l’accompagner hier pour une affaire de famille assez pénible, c’est d’ailleurs pour cette raison que je ne suis revenue qu’aujourd’hui. J’ai téléphoné à ma boite pour les prévenir et j’ai sorti mon agenda pour déplacer les rendez-vous, j’avais noté : « retourner chez D. Macherot » avec l’adresse. Et comme j’ai laissé traîner l’agenda…
– D’accord ! Admit Désiré qui ne pouvait quand même pas se permettre de lui demander de lui montrer l’agenda pour vérifier.
Car tout cela lui paraissait aussi étrange que farfelu, mais néanmoins plausible.
Amanda prit congé. En mettant la main dans sa poche, elle sentit la présence d’un papier (celui où elle avait noté le numéro de Désiré), elle le froissa, se disant qu’il ne lui servirait à rien, puis se ravisa. Si un jour elle avait besoin d’argent, ça pourrait toujours lui servir. Bon, le colis maintenant ! Ah, s’il n’y avait pas le chien, comment qu’elle lui aurait déjà piqué ce maudit cadran !
Il est 16 h 25. Karen voit Amanda sortir de l’immeuble. Elle n’a pas le cadran. Bizarre, bizarre ! Elle la voit aussitôt se dissimuler derrière un kiosque à journaux. Elle a donc, elle aussi probablement l’intention de piquer le paquet de Désiré quand celui-ci se rendra à la poste. Ça va être chaud ! Il faudra donc qu’elle agisse avant elle.
Désiré Macherot ne tarda pas à sortir en tenant le chien en laisse de sa main droite et son paquet sous le bras gauche.
– Merde ! Il est avec le chien ! Se désespéra Karen.
L’attaque directe devenait impossible, elle changea son plan : Elle laisserait Amanda agir. Il serait inutile de la courser, elle savait où elle habitait, elle irait le récupérer chez elle. Mais encore fallait-il s’assurer qu’elle réussirait.
Désiré prolongea sa promenade durant une heure, au grand désespoir d’Amanda qui commençait à bouillir d’impatience.
Quant à Karen, elle les suivait en troisième position et se demandait quand et comment sa rivale se déciderait à agir.
Enfin Macherot, après avoir muselé son chien, entra à la poste, située à l’angle des boulevards Voltaire et Richard Lenoir. Amanda se contenta de repérer le guichet puis ressortit, attendant que Désiré quitte les lieux.
Restée à l’extérieur, Karen crut d’abord qu’Amanda avait un plan pour lui subtiliser le paquet à l’intérieur de la Poste. Aussi ne comprit-elle pas quand elle la vit ressortir presqu’aussitôt après être entrée, puis attendre en se dissimulant derrière un journal grand ouvert. Karen se dit qu’elle avait une chance inouïe de ne pas se faire démasquer et alla se dissimuler légèrement plus loin.
Ce fut long, forcément long ! Une poste sans file d’attente, vous avez déjà connu ça, vous ?
Quand Désiré fut sorti, délesté de son colis, Amanda pénétra de nouveau dans les locaux de la poste et intégra la file d’attente. Karen entra à son tour et se plaça sur le côté.
– J’ai compris, se dit-elle Karen, Amanda va essayer de récupérer le colis au guichet. Surtout ne pas la lâcher d’une semelle.
Elle intégra la queue à son tour, après que trois personnes se soient alignées derrière Amanda.
Et c’est passablement énervée qu’après tout ce temps, cette dernière parvint devant une guichetière revêche.
– Mon père vient de déposer un colis, je voudrais le récupérer, j’ai oublié de mettre quelque chose dedans !
– Quel colis ?
– Un colis à destination du professeur Martinov à Louveciennes.
– Un colis recommandé ?
– Je crois…
– Vous croyez ou vous n’êtes pas sûre ?
– C’est-à-dire, c’est mon père qui est venu…
– Ce n’est donc pas vous qui avez déposé ce colis ?
– Je vous l’ai dit au début !
– Ce n’est pas possible, je regrette.
– Mais enfin, je ne vous demande pas la lune, je veux juste récupérer ce colis pour le refaire, on a oublié de mettre quelque chose à l’intérieur.
– N’insistez pas ! Ce n’est pas possible.
– Ça ne vous arrive jamais de vous mettre à la place des gens, de manifester un peu d’empathie, mais vous ne devez pas connaître ce mot-clé. Appelez-moi un responsable !
– Le responsable, il vous dira la même chose que moi !
– Appelez-moi un responsable ou je fais un scandale !
– Ecoutez, mademoiselle, vous nous faites perdre notre temps à nous et aux personnes qui sont derrière vous.
Amanda, théâtrale se tourna vers la file d’attente prenant les gens à témoins !
– Je rêve, je viens de déposer un colis, j’ai juste oublié de mettre quelque chose dedans et on ne veut pas me le rendre !
– Moins ils en font, mieux ils se portent ! Commenta un client.
– Des fonctionnaires, c’est des fonctionnaires ! Ajouta un autre apprenti philosophe.
La guichetière furieuse s’en alla chuchoter quelques mots à son chef installé quelques mètres derrière, il revint avec elle au guichet.
Amanda entreprit de lui faire des yeux de biche, mais cette stratégie ne fonctionne pas à tous les coups.
– Mademoiselle, il est inutile de faire un scandale, si vous avez oublié de mettre quelque chose dans votre colis, il vous suffit de faire un colis supplémentaire !
« Astucieux ! »
– Mais j’ai aussi quelque chose à retirer, on a fait une confusion.
La guichetière chuchota quelque chose à son chef.
– On me dit que ce n’est pas vous qui avez déposé ce colis !
– C’est mon père ! Répondit la jolie brune, se faisant de nouveau charmeuse.
– Heu… Je vais voir ce que je peux faire, avez-vous une carte d’identité ?
« Pas si con, le chef ! Cette fois c’est vraiment foutu ! »
– Et puis quoi encore ! Laissez tomber ! Je me plaindrai à qui de droit !
Karen s’amusa du visage dépité d’Amanda, qui quitta la poste en grommelant. Karen, elle, resta dans la queue et demanda à quel moment un colis déposé il y a une demi-heure parviendrait à son destinataire.
Amanda fulminait : deux échecs de suite, l’après-midi perdue. Grrr !
Restait le plan B ! Ah, elle avait oublié quelque chose. Elle demanda le numéro de la poste aux renseignements puis téléphona.
– J’ai déposé un colis recommandé à 16 heures pour Louveciennes, pouvez-vous me dire quand il sera remis à son destinataire ?
– Vendredi en principe !
Demain, elle irait reconnaître les lieux.
Sortie de la Poste, Karen pensa d’abord à téléphoner à Grégorio, puis elle se ravisa. Elle voulait auparavant vérifier quelque chose : Elle entra de nouveau dans l’établissement et rechercha les « pages jaunes » des Yvelines. Elle avait visualisé le nom de la ville, quant au nom, elle se souvenait qu’il était à consonance russe, quelque chose comme Molotov, Maximov… Elle ne trouva rien parmi les antiquaires et les brocanteurs ni chez les horlogers. Rien non plus dans la rubrique dépannage. Elle entreprit alors de consulter l’ensemble des rubriques de la ville. Elle commençait à désespérer quand elle tomba sur la rubrique divers : Professeur Martinov, solutions et conception pour inventeurs. « Eurêka ! » comme disait Archimède. Maintenant elle pouvait téléphoner à Grégorio.
– Alors ? Ça a marché ?
– Pas vraiment, il a envoyé le truc à un mec par la poste.
– Merde ! La tuile ! Il faudrait te débrouiller pour savoir où il l’a envoyé !
– Je le sais !
– T’es merveilleuse, je savais que je pouvais compter sur toi !
– C’est pas trop loin, c’est à Louveciennes, en banlieue Ouest. Le paquet arrivera après-demain matin, je le récupérerai à ce moment-là.
– Super !
– Il y a juste un petit problème : Amanda est toujours sur le coup !
– Hein ! Mais ça n’a aucun sens !
– Elle a même essayé de récupérer le colis à la poste !
– Qu’est-ce qu’elle est en train de nous faire, cette conasse ?
– J’ignore si elle a l’adresse, mais si elle l’avait, il faudrait absolument que j’arrive avant elle.
– Bon, je m’occupe de ce détail.
Grégorio convoqua aussitôt Kévin Duchemin en lui demandant de le rejoindre illico à la terrasse des Deux Magots.
– J’ai une mission pour toi ! Amanda a quitté notre groupe, c’est son droit. Par contre elle n’a pas le droit de continuer à nous emmerder.
– Ah ?
– Voici son adresse, tu te débrouilles pour que Vendredi matin, elle ne puisse pas sortir de chez elle, ou du moins qu’elle y reste bloquée pendant plusieurs heures.
– Ah ?
– Tu n’agiras pas toi-même, il ne faut pas qu’elle puisse soupçonner d’où ça vient. Donc tu sous-traites l’affaire, un contrat comme ça, ce ne doit pas être bien cher, 200 euros devraient suffire. Attention, je ne veux aucun acte qui puisse déboucher sur un dépôt de plainte.
– Ah ? Dit-il en empochant les quatre billets de 50 euros que Grégorio venait de poser sur la table.
– Et arrête de dire « Ah ». Il y a quelque chose que tu n’as pas compris ?
– J’ai compris mais je me demande comment je vais faire !
– Tu te débrouilles, il te reste plus de 24 heures pour y réfléchir.
– Ah ?
– Et paye-moi mon chocolat, j’ai pas de liquide.
Ce que Duchemin s’empressa de faire. L’idée de contrarier son gourou ne pouvant lui venir à l’idée.
Jeudi 6 décembre
Amanda vient de garer sa voiture. Elle s’est habillée d’un très élégant tailleur vert pomme dont elle a laissé la veste ouverte. Elle eut tôt fait de repérer la maison bourgeoise où réside le professeur Martinov. Il est très probablement propriétaire des lieux, donc impossible de lui faire le coup des termites. Il faudra donc trouver autre chose.
Son plan est simple : essayer de corrompre le professeur pour récupérer le cadran. En cas d’échec, le plan B sera la récupération par la force. Et comment corrompre un homme ? L’argent, le pouvoir, le sexe ! Eliminons les deux premiers, reste le sexe, toujours le sexe ! Encore faut-il que la personne flashe sur elle et encore faut-il qu’il n’y ait pas d’obstacle, genre petite famille, associés, employés ou domestiques. Il faut donc qu’elle se renseigne un tout petit peu sur le personnage. Elle porte en bandoulière un magnétophone, avec son tailleur cela lui fait un vrai look de journaliste. Elle aperçoit un bistrot. C’est tout à fait ce qu’il lui faut, elle s’y dirige d’une allure décidée.
Béatrice, la jeune et délurée assistante du professeur Martinov revient du bureau de poste locale, où elle a été déposé un colis. Elle a une envie de pisser qu’elle tente de contenir depuis tout à l’heure, c’était sans compter sur un emmerdeur juste avant elle dans la file d’attente de la poste, qui n’arrivait pas à déloger du guichet. Elle ne tient plus et si elle ne trouve pas rapidement un endroit pour se soulager, ce sera le pipi-culotte assuré ! Heureusement le café est sur son chemin.
Prestement, elle commande un café noisette au comptoir et se faufile aux toilettes.
Elle entre, elle a un mal fou à se retenir, elle veut verrouiller la porte, il y a trois verrous, elle ne sait lequel fonctionne. Elle perd du temps, une goutte s’échappe de son méat, elle défait son pantalon à toute vitesse, baisse la culotte !
« Ouf »
Moment magique ! L’angoisse est tombée et elle pisse d’abondance. Enfin, le flot s’arrête. Sentiment d’un immense soulagement. Quelques gouttes encore ? Oui quelques gouttes ! Négligemment elle se touche le sexe que l’urine a humidifié, elle porte son doigt à la bouche, lèche une goutte de pisse. Moment solitaire délicieusement pervers. Elle joue un instant avec son clitoris.
Puis elle se dit qu’elle a sans doute mieux à faire que de se masturber dans les chiottes d’un bistrot. Il lui suffira d’exciter un peu le professeur Martinov dès qu’elle sera rentrée. Il est vraiment rare qu’il ne se laisse pas faire.
Elle revient soulagée, mais le café est encore trop chaud. Pas grave, elle n’est pas à cinq minutes, et se met à le touiller machinalement tout en pensant à autre chose.
Amanda fait une entrée volontairement remarquée dans le bistrot en se raclant bruyamment la gorge, se dirige vers le comptoir et demande d’une voix forte et assurée un scotch avec de la glace. Les consommateurs ont tous le regard tourné vers elle. Béatrice est amusée par l’arrivée de ce personnage excentrique, mais en même temps fascinée par son étrange beauté.
– Bonjour m’sieurs-dames ! Commence Amanda en se tournant vers la salle. Je suis journaliste à Paris-Stop, je fais une enquête sur les personnages pittoresques du coin.
Réaction ahurie de l’assistance.
– On m’a parlé d’un certain professeur Martinov, ça dit quelque chose à quelqu’un ?
Béatrice, par prudence instinctive choisit de ne pas réagir. Elle est fort surprise. Certes, le professeur Martinov possède quelques côtés plutôt excentriques, mais n’est pas si connu que ça, n’est pas extraverti et il n’a rien qui puisse intéresser une journaliste en mal de papier.
– Jamais entendu parler ! Dit quelqu’un.
– Mais si, c’est le vieux barbu toujours en nœud-papillon ! Répond un autre.
– Ah ! Le copain à Marianne !
– Marianne ?
– Ben, oui, la veuve du grainetier !
– Parce que Marianne a un copain ?
– Ah, oui je vois qui c’est ! Pas très causant ce type ! Ajouta un troisième.
– Vous ne pourriez pas m’indiquer une personne qui pourrait m’en dire plus ? Demanda Amanda.
– Ben, si, y a Marianne ! Répondit l’un des piliers de comptoir, provoquant le rire gras de ses comparses.
Excédée, Béatrice se décida à intervenir, elle interpella la « journaliste ».
– Venez vous asseoir avec moi. Le professeur Martinov, je le connais plutôt bien.
Béatrice ignorant les chuchotements qui naissaient dans son dos, choisit la table la plus discrète possible.
– Je suis sa kiné, mentit-elle, que désirez-vous savoir ?
– C’est quoi comme genre d’homme ?
– Vous allez écrire un article sur quelqu’un sans lui demander la permission ?
– Pas du tout ! On modifiera son nom et celui de la ville.
– Le personnage sera donc fictif ! Pourquoi alors mener une enquête, vous n’avez qu’à tout inventer.
– Inventer ! Vous pensez bien qu’on ne s’en prive pas, mais l’imagination a ses limites. Rien ne vaut le vécu, je recueille comme ça des anecdotes qui ne me seraient jamais venues à l’idée.
Béatrice n’en pouvait plus de dévisager son étrange interlocutrice. Un désir trouble montait en elle. Elle tenta de le réprimer. Quand on est porté sur les personnes de son sexe, la drague est toujours problématique, sauf à fréquenter les lieux spécialisés. Si seulement l’autre pouvait lui envoyer un signe… Mais elle ne rêvait pas, quelles étaient ses chances ? Peut-être une sur dix ? Elle détourna son regard de l’inconnue, mais y revint aussitôt. Que manigançait cette femme ? Cette histoire d’enquête journalistique lui paraissait complètement farfelue.
– C’est quel genre d’homme, alors ce Martinov ? Répéta-elle.
– Sympathique, cultivé, intéressant, plein d’humour.
– Excentrique ?
– Non, il a un petit côté original, mais il n’a rien d’extraverti.
– Marié ?
– Non, célibataire ?
– Il l’a toujours été ?
« Qu’est-ce que ça peut lui foutre ? »
– Je n’en sais rien, nous n’avons jamais abordé le sujet ! Mentit Béa.
– Les gens au comptoir parlaient d’une certaine Marianne…
– Ecoutez, j’ignore tout de sa vie privée.
– Vous me disiez le connaître…
– Il nous arrive de parler très longuement ensemble, nous parlons cinéma, littérature, musique, peinture et d’un tas d’autres choses aussi.
– Je vois, vous le voyez tous les jours ?
– Sauf le week-end !
« OK, se dit Amanda. Il me faudra donc agir après le départ de cette kiné, ou le week-end, s’il n’est pas avec cette mystérieuse maîtresse… Mais qu’est-ce qu’elle a à me regarder comme ça, cette pétasse ? Une gouine ? J’en ai croisé des plus moches. Je n’aurais rien d’autre à faire, je me serais bien laissée tenter, mais je ne suis pas là pour ça. »
– Il lui faut des massages tous les jours, alors ?
– Cinq fois par semaine.
– Il a quoi ?
– Secret médical.
– Je peux vous poser une question indiscrète ?
– Posez, mais je ne vous promets pas d’y répondre.
– Masser un homme, quand on est une belle femme comme vous, ça ne crée pas des situations… euh… embarrassantes ?
Amanda a fait mouche. La question est inattendue, Béatrice se force à rire, mais elle a piqué son fard. La fausse journaliste estime en savoir assez… Demain elle attendra que la kiné soit partie… Il lui faut maintenant prendre congé. Mais Béatrice n’est pas décidée à en rester là, elle veut savoir ce que l’autre manigance…
– Vous vous imaginiez que je pratiquais des massages érotiques ? Reprend-elle en la regardant droit dans les yeux et avec le plus désarmant des sourires.
– Je n’ai pas dit ça ?
– Mais vous avez raison, des situations embarrassantes, comme vous dites, j’en ai vécues quelques-unes avec des hommes… et même avec des femmes.
« Qu’elle arrête de me regarder comme ça, la blondasse ! Je vais craquer. Elle est trop canon cette fille. Il faut que je déguerpisse vite. »
Béatrice a senti le trouble de la fausse journaliste. De deux choses l’une : ou elle la prend dans ses filets, ou elle s’explique avec elle dehors, jusqu’à ce qu’elle dévoile son manège.
– Je vais vous dire un truc qui pourrait intéresser votre journal : il m’arrive de faire quelques extras.
– Des extras ?
– Oui des massages érotiques ! Ça t’intéresse ?
– Non merci !
– Tu as tort, j’ai les mains très douces ! Regarde ! Répond Béa en lui caressant la main.
– Arrête tes conneries !
– C’est dommage, il y a des voyeurs dans ce bistrot, sinon je t’aurais bien roulé une pelle.
– T’es folle !
– Viens, on sort !
Béatrice laisse un billet de 10 euros sur la table.
– Attends, je vais te payer ton whisky…
– Tu me rembourseras tout à l’heure.
Elles sortent
– T’es en voiture ?
– Oui, mais on va peut-être se quitter là !
– Je te raccompagne juste jusqu’à ta voiture.
Une petite rue adjacente, déserte. La voiture est là.
– Je vais te donner 10 euros.
– Regarde-moi, il faut que je dise quelque chose !
Amanda tombe dans le piège, les visages des deux femmes sont maintenant très proches l’un de l’autre. Béatrice avance le sien. Amanda ne lutte pas. Les lèvres se collent. Amanda s’abandonne.
Elle finit par se reculer, le cœur battant !
– Salope ! Dit alors Amanda, en éclairant son visage d’un magnifique sourire.
– Hi, hi !
– Et maintenant on fait quoi ?
– Tu m’emmènes faire un tour.
– Monte ! On va où ?
– Prends la route de Saint-Germain, il y a plein de coins tranquilles
– C’est parti !
Elles roulèrent en silence pendant moins de cinq minutes. Béatrice en profita pour envoyer un très court SMS à Martinov.
« Petit contretemps, rien de grave, ne t’inquiètes pas, à tout à l’heure, bisous. »
– Engage-toi dans le petit chemin de terre à droite. Voilà, on peut s’arrêter là !
– On descend ? Demande Amanda.
– Fait pas très chaud ! On pourrait aller sur la banquette arrière ?
Manifestement Amanda attend que ce soit Béatrice qui prenne les initiatives. Qu’à cela ne tienne ! Cette dernière lui roule un patin magistral, tout en lui pelotant la poitrine d’abord au travers de son haut, puis en glissant ses mains sous le tissu.
– Humm, j’adore qu’on me caresse !
– Alors retire ce truc !
Elle se débarrassa de son top, mais conserva son joli soutien-gorge en fine dentelle noire.
– Ça aussi !
– Tu es sûre que personne ne va nous voir ?
– On est jeudi, les enfants sont à l’école.
– Mwais…
– Et puis le risque d’être vue, ça ajoute du piment non ?
– Je ne veux pas qu’on nous voit !
– On ne te verra pas.
– Alors allons-y ! Dit-elle en dégrafant le soutif.
Béatrice avait maintenant la poitrine de la brune sous le nez, une merveille ! Elle ne put s’empêcher de manifester son admiration !
– Superbe !
– Un tout petit peu trop gros !
– Meu non !
Et sans transition, la jeune chimiste jeta ses lèvres sur les fruits offerts. Toutes les femmes ne supportent pas les caresses sur les tétons, et à fortiori les mouvements de bouche, et Béatrice se dit après coup qu’il eut été bienséant de lui demander si elle pouvait se permettre cette privauté. Mais heureusement pour elle, Amanda appréciait et s’abandonnait à cette délicate caresse. Béatrice commença par lécher le téton de l’extrémité mutine de sa langue agile, puis s’enhardit en l’aspirant entre ses lèvres. Une fois l’un, une fois l’autre et après on recommence.
Elle finit par desserrer son étreinte. Les deux femmes se sourient. A son tour Béatrice se dépoitraille.
– On ne joue pas dans la même catégorie ! Commente cette dernière comme pour s’excuser.
– Pourquoi dire une chose pareille, ils sont superbes !
C’est bien connu : aucune femme n’est jamais contente de ses propres seins…
Et c’est au tour d’Amanda de butiner les tétés de Béatrice, qui s’abandonne à cette envoutante étreinte.
– Je te lécherais bien la foufoune ! Annonce cette dernière.
– T’es sûre qu’il n’y a personne ?
– Mais non, arrête de paniquer !
Amanda se contorsionne sur le siège arrière de la voiture pour enlever la jupe de son tailleur, puis sans transition baisse son collant, un joli collant à gousset qui se porte donc sans slip et qui ne doit pas être donné. Elle défait une seule jambe, et enfouit la partie retirée dans l’autre jambe, restée gainée.
– Original ! Commente Béatrice qui de son côté s’est débarrassée de son pantalon et de sa culotte.
– Vas-y, elle est à toi ! Dit alors Amanda, offrant sa chatte en écartant ses nymphes et en dévoilant par là même son petit clitoris déjà prêt au plaisir.
Béatrice se pencha langue en avant et balaya le fruit offert, se régalant de son goût légèrement mielleux.
– J’aurais peut-être dû faire pipi avant ! Indiqua Amanda.
– Ben vas-y, fais pipi !
– T’es folle, je n’vais pas sortir à poil ! Mais, il doit y avoir une bouteille en plastique de ton côté. Attrape-la moi, je vais me débrouiller.
Béatrice repéra la bouteille mais se garda bien de le lui dire.
– Non, je ne vois pas de bouteille !
– Tant pis ! Je vais pisser par la portière !
– T’as déjà pissé sur quelqu’un ?
– Non pourquoi ? Enfin si ! Pourquoi tu me demandes ça ?
– Ça m’arrive quelquefois de m’amuser à des jeux de pipi, mais je disais ça comme ça ! Fais pas attention !
– Toi, tu aimes ça qu’on te pisse dessus ?
– Ça m’amuse, je trouve ça rigolo !
– Et tu bois ?
– Devine !
– Décidément, c’est la loi des séries !
– Pardon ?
– Figure-toi que dernièrement je me suis tapé un bonhomme qui m’a demandé la même chose. Ça ne m’a pas choquée !
– Tu te tapes des bonhommes, alors ? Releva Béatrice en rigolant.
– Je fais un métier où l’on fait beaucoup de rencontres.
– Je vois ! Répondit la jeune chimiste, qui en fait ne « voyait » pas trop…
– Alors si tu veux, je vais être très coquine, je vais te pisser dans la bouche. Seulement on risque d’en mettre partout, tu ne vas pas pouvoir tout boire ! Je vais commencer par la portière et tu auras la fin ! Ça te convient ?
– Super !
Amanda ouvrit la portière et après s’être assurée que personne ne l’observait, elle se mit à pisser d’un jet dru, qui forma d’étranges bulles sur la terre détrempée. Puis elle se retourna offrant de nouveau sa chatte à sa complice.
– Tu peux y aller, maintenant !
Il en restait suffisamment pour que Béatrice s’en régale. Le goût en était étonnamment parfumé, sans doute sa pisseuse avait-elle déjeuné d’un excellent thé au jasmin…
Evidemment elle but jusqu’à la dernière goutte, et ensuite nettoya tout cela comme il se doit avant de s’attaquer au clito de la belle. Mais curieusement Amanda se dégagea.
– Attends, je voudrais m’occuper un peu de toi !
– D’accord !
Béatrice crut qu’elle allait plonger vers sa chatte, mais elle ne le fit pas de suite, collant d’abord sa bouche sur la sienne afin de s’échanger le plus doux des baisers. Doux mais pervers, car Amanda avait omis un détail.
– Ça sent le pipi ! Constata-t-elle
– Ben, oui, forcément ! Mais ça ne t’a pas gênée, on dirait.
– Ben non, quand on est cochonne, on est cochonne.
Les deux femmes éclatèrent de rire.
– Et toi, tu voudrais gouter à mon pipi ? Proposa Béa.
– Ça va pas, non ?
– N’en parlons plus.
– Ou alors juste une goutte, une toute petite goutte.
– D’accord, je vais te faire une toute petite goutte.
Et tandis qu’Amanda se mettait en position, Béatrice se concentra.
– Voilà ! Tu en veux un peu plus ?
– C’est que je n’ai pas eu grand-chose !
– Je recommence !
Elle en avala cette fois quelques gouttes et se recula.
– Ouais c’est bizarre… c’est ni bon, ni mauvais, c’est… c’est bizarre, voilà. Fais-moi encore deux ou trois gouttes, je vais faire un truc…
Béatrice réussit, mais cela lui devenait de plus en plus difficile de fermer les vannes. De nouveau la bouche d’Amanda vint se coller sur celle de la jeune chimiste. Juste retour des choses, puisque la brune avait pris soin de ne pas avaler l’urine de sa partenaire.
– Alors ? Minauda cette dernière
– Alors, tu es une petite salope !
– Hi, hi !
– Mais j’adore !
– Non c’est moi qui t’adore ! Finis de pisser dans ma bouche, je vais tout te boire !
Curieuse réaction, sans doute une sorte de coup de foudre accompagné d’un syndrome d’appartenance ou de soumission. Mais nous ne sommes pas là pour faire de la psychanalyse.
– Et si on en met partout ?
– Je nettoierai, après tout c’est ma bagnole !
– Bon, je vais essayer de faire doucement, mais quand ça coule, ça coule !
– Allez, si je lève la main, ça veut dire que tu essaies de t’arrêter, d’accord ?
– On y va !
Béatrice se lâcha de nouveau, la bouche d’Amanda se remplit rapidement d’urine, elle déglutit, leva la main.
– Stop ! C’est bon !
Béatrice ouvrit la deuxième portière pour terminer son pipi.
– Tu veux que je m’essuie ?
– Non, c’est bon !
La langue d’Amanda explora la chatte de l’assistante du professeur Martinov. Cette dernière comprit que sa partenaire n’en était pas à sa première expérience féminine. Sa langue allait exactement là où il le fallait car après un minutieux léchage préliminaire, elle sut parfaitement titiller le clitoris emmenant rapidement sa propriétaire au-delà des nuages.
Amanda se redressa tout sourire, et fière de ce qu’elle venait d’accomplir, elle embrassa sa partenaire, mais très rapidement cette fois car elle désirait jouir à son tour, ce que Béatrice comprit aisément.
Ce ne fut pas long, dès les premiers contacts de la langue avec le clitoris, Amanda devint électrique, le sang afflua à sa peau. Quelques secondes après, son corps se secouait de spasmes avant de se raidir en criant sa jouissance.
Longtemps les deux femmes restèrent enlacées, s’échangeant baisers et caresses sur leur corps dénudés… Puis il fallut bien se rhabiller.
– T’es une drôle de nana, toi ! Quel pied tu m’as fait prendre ! Commenta Amanda.
– Faut profiter des occasions, la vie est si courte.
– Je suppose qu’on ne se reverra pas ?
– Je n’aime pas m’attacher.
– Moi non plus, mais on peut se revoir quand même. Mais bon, c’est toi qui vois.
Béatrice la regarda alors droit dans les yeux :
– Il faudrait déjà qu’on joue cartes sur tables. Je ne crois pas que tu sois journaliste, mais bon, ce n’est pas mon problème, ça ne me regarde pas.
Amanda esquissa un sourire étrange et préféra poser une autre question plutôt que de répondre :
– Dis-moi, tu es vraiment très intime avec ce professeur Martinov ?
– Pourquoi cette question ?
– Rien, laisse tomber !
« Le fruit est mûr, prêt à tomber, portons l’estocade. » se dit Béatrice :
– Embrasse-moi encore une fois !
Amanda ne refusa pas cette proposition, et les deux femmes se collèrent une nouvelle fois leur bouche dans une étreinte violente et passionnée.
– Dis-moi ce que tu lui veux à Martinov, je pourrais peut-être t’aider.
– Réponds à ma question et je répondrai à la tienne !
– Joueuse, hein ? J’ai beaucoup de sympathie et beaucoup de respect pour Martinov, mais c’est tout !
– Mwais !
– Je t’ai répondu ! A toi de jouer !
– Justement, j’ai l’impression de jouer très gros.
Amanda se demandait si elle ne s’était pas fait piéger. D’un autre côté cette femme pouvait peut-être lui permettre d’arriver à ses fins ! Que dire ? Coup de poker ? Ça passera ou ça cassera !
– On m’a piqué un objet. Je t’explique : en rentrant chez moi l’autre soir, j’ai trouvé dans la rue, près d’une poubelle, un objet bizarre avec des tas de cadrans, un truc assez joli, mais je ne sais pas à quoi ça peut servir. Il se trouve que le lendemain je donnais une petite fête à la maison, il y avait là un de mes anciens collègues, Désiré Macherot, quand il a vu le cadran, il m’a demandé de le lui donner. J’ai refusé, mais il a insisté plusieurs fois et de plus en plus lourdement. A la fin de la soirée, j’étais un peu pompette, toujours est-il que le lendemain matin quand je me suis levée, le truc à cadrans avait disparu.
– Je ne vois pas ce que vient faire Martinov dans cette histoire ?
– Attends ! J’ai évidemment tout de suite pensé à Macherot, je l’ai appelé, il a nié et a été grossier. J’ai téléphoné à plusieurs de mes invités jusqu’à ce que je tombe sur une copine qui me dit avoir vu Macherot emporter l’objet, soit disant que je lui aurais donné. J’ai donc été chez lui, il a nié de façon très maladroite et on s’est engueulés très violemment, mais ça n’a servi à rien. Je suis revenue avec un copain qui fait du sport de combat, on lui a foutu la trouille, mais il nous a dit « fouillez si vous voulez, vous ne trouverez rien ». Effectivement on n’a rien trouvé. Alors on l’a un peu secoué, et il a fini par nous avouer qu’il l’avait envoyé chez un certain professeur Martinov pour le faire expertiser. Voilà !
– Et alors ton enquête bidon ?
– Mets-toi à ma place, je ne pouvais pas me pointer comme ça chez Martinov et lui demander de me restituer le cadran ! Qu’est-ce qui l’obligeait à me croire ?
– Et alors ?
– Ben, il me fallait employer la ruse, je n’avais pas de plan précis, mais il me fallait des renseignements : Quel genre d’homme c’est ? Est-ce qu’il vit seul, tout ça !
– Et ensuite ?
– Ben, suivant ce qu’on m’aurait dit sur lui, j’aurais agi. J’ai eu un véritable coup de cœur pour cet objet. Je suis prête à faire beaucoup pour le récupérer…
– Par exemple ?
– S’il est célibataire, je pourrais lui faire du charme, ça aurait été plus compliqué s’il y avait eu mémère !
Moment de silence.
– Tu fais fausse route, on n’a jamais reçu un truc qui ressemble à ce que tu m’as décrit.
La gaffe !
– Parce que tu es au courant de tout ce que reçoit Martinov ? Tu es sûre que tu n’es que sa kiné ? Je croyais qu’on jouait cartes sur table ? Tu m’as bien manipulée, espèce de salope !
Ces derniers mots furent prononcés sans colère mais avec une étrange mimique de dépit
– Je lui sers aussi de secrétaire ! On n’a jamais reçu un truc pareil.
– Evidemment, il a été posté hier de Paris, il sera distribué demain matin.
– D’accord, et tu aimerais que je mette le paquet de côté et que je te le refile, c’est ça ?
– C’est le coup que tu m’as poussé à jouer. A toi de me dire si j’ai gagné ou perdu.
Amanda s’était semble-t-il résignée à perdre.
– J’n’en sais rien ! Répondit Béatrice. Prouve-moi que tu dis la vérité et je te rendrais peut-être ton machin.
– Comment veux-tu que je fasse ? C’est ma parole contre celle de Macherot ? Soupira-t-elle.
– Il doit bien y avoir un moyen…
– Attends ! Je réfléchis.
Non ! Son mensonge improvisé était trop fragile pour le consolider valablement avec des fausses preuves ou des faux témoignages. Amanda avait échoué, mais alors qu’elle aurait dû avoir la rage, elle se sentait comme soulagée sans encore en comprendre les raisons. Cette rencontre avec Béatrice l’avait apaisée. Elle dirait à Tristan qu’elle n’avait pas su faire, et s’il faisait la gueule, et bien tant pis pour lui, elle irait voir ailleurs. Curieuse réflexion ? Non car cet intense contact charnel avec Béatrice avait agi comme une sorte de catharsis. Tristan lui semblait loin désormais, il était beau, mais c’était tout. Désormais elle se sentait libre ! Le temps des liaisons qui l’enchaînaient à un homme était terminé.
Et par conséquent la quête du cadran devenait totalement vaine ! Elle abandonna ses réflexions le sourire aux lèvres dans l’expression d’un immense soulagement.
– Alors ?
– Tu m’as ouvert les yeux ?
– Les yeux ou les cuisses ?
– Non, je suis sérieuse, je n’en veux plus du cadran.
– ???
– Je t’ai raconté des conneries. C’est un copain qui m’avait confié une sorte de mission…
Elle lui raconta une version édulcorée des faits.
– Je ne suis plus motivée. Ce Tristan ne vaut sans doute pas mieux que Grégorio. J’ai décidé de reprendre ma liberté ! Conclut-elle.
Béatrice fut quelque peu troublée par les révélations de la jeune femme.
– Moi aussi, je t’ai menti, je ne suis pas sa kiné.
– Je le sais bien !
– Comment ça « tu le sais bien » ?
– Une kiné sans sa mallette, c’est un peu comme une pute sans porte-jarretelles !
– Mwais ! Concéda Béatrice !
– T’es quoi, en fait ? Un peu sa gouvernante, peut-être un peu sa maîtresse ? J’ai bon !
– Non, je suis son associée, et je ne me considère pas comme sa maîtresse.
– Associée ! Tiens donc ! Ce doit être passionnant comme boulot ?
– Je ne m’en plains pas !
– Dis donc, ça veut dire que c’est peut-être toi qui examineras le cadran ?
– Ce n’est pas trop ma partie, je suis plutôt chimiste.
– Oui, mais bon quand tu sauras ce que c’est, si tu pouvais me donner un coup de fil, tu notes mon numéro ?
– Je croyais que maintenant, tu t’en foutais de ce cadran ?
– Je m’en tape, mais j’aurais voulu savoir pourquoi Grégorio et Tristan tenaient tellement à mettre la main dessus.
Elles échangèrent leurs numéros de téléphone. Amanda reconduisit Béatrice jusqu’au domicile de Martinov et elles se séparèrent après un dernier baiser. Béatrice en descendant de voiture, mémorisa le numéro minéralogique, au cas où…
(à suivre)
Bel exercice d’érotisme, j’ai adoré
Pas mal cette histoire, mais dites-moi, ne vrai il a existé Télius ?
Bonjour Ramona
A l’époque Maud-Anne qui est l’auteur de ce texte m’avait envoyé un lien concernant « la famille « Le Tellier de Louvois » lisible sur Wikipédia mais sans trace d’Honoré dit Tellius.
Elle m’avait également envoyé des photocopies d’un ensemble de feuillets trouvés dans un exemplaire réimprimé de l’Heptaméron de Marguerite de Navarre, ces feuillets contiennent 17 poèmes grivois amusants à défaut d’être réellement poétiques. Vous pouvez en retrouver pour le moment 5 sur notre site en tapant le mot clé « Honoré Letellier » dans notre moteur de recherche. Certains mots sont illisibles et ont dû être réinterprétés ! Au dos du feuillet N°2 est rédigé une petite biographie dont l’authenticité est incertaine.
Une très belle histories agrémenté d’un joli fantasme subtilement raconté
Joli
En voilà une histoire qu’elle est intrigante, sinon c’est toujours aussi chaud et toujours aussi agréable
Joli chapitre. Le passage uro-lesbos est particulièrement hot. J’ai adoré