En attendant Edwige – 2 – Mirabelle (Une histoire d’amour poursuite avec un peu d’uro) par Boris Vasslan
Et oui, et si vous le voulez bien, Edwige, nous allons encore l’attendre un petit peu, au moins le temps de ce récit, car il faut absolument que je consacre un chapitre de cette saga, à Mirabelle, ma délicieuse Mirabelle !
Il vous faudra sans doute relire le chapitre précédent afin de vous remémorer les détails de ma vie de château.
Vous vous souvenez sans doute que j’habite de nouveau seul avec mes domestiques, depuis qu’Edwige est partie sur un coup de tête à Oxford perfectionner son anglais.
Durant son relatif bref séjour en ma demeure, elle m’a fait connaître outre sa sexualité débridée qui ne demandait qu’à s’assouvir au contact de la mienne, cette curieuse officine où l’on trouve des offres d’emplois de gens de maisons acceptant de faire ce que l’on nomme parfois pudiquement du « soubretat » érotique.
Mirabelle triche avec son âge, elle dit en avoir 24, mais je sais qu’elle en a bien 5 de plus sans toutefois les faire. Comment la décrire ? Imaginez Julia Roberts, c’est un peu cela, le même sourire irrésistible, la même impression de gentillesse et de coquinerie, et aussi la même coiffure, mais toutefois davantage de poitrine.
Elle trouve, que mon service est reposant. Tout est affaire de comparaison. Certes, je lui demande de satisfaire mes fantaisies sexuelles, mais je n’en abuse pas, deux ou trois fois par semaine suffisent à mon bonheur. Elle aime à raconter que chez ses anciens patrons elle devait contenter tout un tas de gens lors de continuelles et fatigantes réceptions.
Moi, je reçois peu, j’ai peu d’amis, d’ailleurs ils me font bien rigoler ceux qui déclarent avoir pleins d’amis. Rien de tel que quelques problèmes d’argent ou de cul et on les compte, les amis. Lassé un jour de tous ces gens qui me poursuivaient de leurs assiduités en me faisant de grands serments d’amitiés, je fis courir le bruit que j’étais ruiné. C’est fou comme les rumeurs circulent vite dans ces moments-là ! Quelques semaines après je comptais les amis ayant échappé à la fuite collective. Deux doigts suffirent : Edouard et sa charmante compagne ! Mais ils habitent loin, nous nous recevons mutuellement environ trois fois par ans. Ce n’est pas cela qui déborde ma Mirabelle. (je consacrerais sans doute un chapitre de ces chroniques châtelaines à mes relations avec ces deux-là, il en ait de croustillantes à raconter…)
Mirabelle s’occupe entre autres de toute la partie approvisionnement du château, les courses traditionnelles, bien sûr, mais aussi le nécessaire des espaces verts et les relations avec les corps de métiers, il y a toujours quelque chose à réparer, et parfois Arnaud ou Cyril malgré leur savoir-faire ne peuvent l’effectuer eux-mêmes. Elle est donc souvent « dehors », très souvent même, je ne lui demande pas de comptes. Elle en profite pour faire, je ne sais quoi, je la soupçonne d’ailleurs d’avoir un copain au bourg voisin, mais je m’en fiche, elle me rend les services pour laquelle elle est payée, et elle le fait avec une conscience professionnelle efficace, c’est après tout le principal.
Ce matin, je suis dans ma baignoire, la partie d’hier m’a complètement lessivé, j’ai eu faim après, et j’ai trop bouffé, puis j’ai passé une heure ou deux avec Cyril à siroter du rhum avec du coca. J’avais un peu la tête qui tournait en allant me coucher. C’est Arnaud qui m’a apporté mon petit déjeuner au lit alors que j’attendais Mirabelle ou à la rigueur Betty ! Décidément, chacun fait ce qu’il veut dans ce château !
Je lui demande de me faire couler un bain, et de dire à Mirabelle de me rejoindre. Ça a l’air de l’embêter. Je me demande si Arnaud n’est pas un peu jaloux de Mirabelle. Certes, il me plait depuis quelque temps de m’avouer bisexuel et de le démontrer, mais je préfère néanmoins les femmes, c’est comme ça !
Le bain est prêt, je m’y vautre. Enfin la voici ma Mirabelle, rayonnante !
– Bonjour Monsieur !
– Bonjour Mirabelle ! Tu m’as l’air en pleine forme !
– Il y a du soleil, ça me rend toute gaie ! Répondit-elle en me gratifiant de son magnifique sourire.
– Mets-moi un peu de musique !
– Jazz ou classique ?
– Classique, un petit quatuor !
– J’y vais, monsieur a besoin d’autre chose ?
– Non ! Ou plutôt si, tu vas me tenir compagnie cinq minutes !
– D’accord je vais choisir un cd et je me mets à votre disposition, dois-je me déshabiller ?
– Mais non ! Tu vas me faire passer pour un véritable obsédé !
Elle disparut en rigolant. Elle rigolait tout le temps ! Quelque part, je l’adore Mirabelle, j’ai failli en faire ma Maîtresse, quelques mois après l’avoir recruté et après le départ d’Edwige. Mais sans me le dire, vraiment, par des petites touches, j’ai cru comprendre qu’elle ne le souhaitait pas. Alors tant pis, on s’aime bien quand même, et malgré nos rapports particuliers nous nous respectons mutuellement. Et tandis qu’une musique toute empreinte de nostalgie envahit la pièce, voici ma soubrette préférée qui revient. Elle s’est revêtue d’un peignoir, elle doit donc être nue en dessous. L’art d’obéir à mes ordres tout en en y désobéissant, (à moins que ce soit le contraire !) Prête donc à toutes les éventualités !
– Vous avez l’air fatigué !
– Oui, c’est la petite séance d’hier !
– On m’a raconté ! Vous êtes plus résistant que cela d’habitude ?
– Oui, mais après je me suis empiffré, et j’ai passé une partie de la nuit à boire du rhum avec Cyril !
– Tu l’aimes la bite de Cyril, hein ?
Ça y est, elle me tutoie, à présent, je sais ce que ça signifie, elle est contrariée de me voir en petite forme et elle va essayer de me réveiller sexuellement. A moi de me laisser faire ou pas, mais jusqu’à présent je n’ai jamais eu à me plaindre de ses initiatives. Elle retire son peignoir. J’ai beau connaître sa nudité par cœur, je ne me lasse pas de son corps. Une peau très blanche, légèrement duveteuse par endroit, des seins en forme de poires, terminés par de jolis tétons bien fournis. Un petit ventre comme je les aime bien, un petit cul légèrement rebondi, des bonnes cuisses. Elle n’a rien d’un top model, mais dégage une sensualité hors du commun, et puis cette façon de sourire, hum !
– Alors ? Ça te plait toujours ? Il y a longtemps que tu ne m’avais pas vu complètement à poil ?
Et en plus c’est vrai, ce qu’elle dit ! Lors de nos dernières fantaisies, elle ne déshabillait plus, nos rapports se limitaient la plupart du temps à une petite fellation coquine, après que je lui ai sucé un petit peu un téton !
– Hum ! Toujours aussi superbe !
– Superbe, faut rien exagérer, mais c’est pas mal ! Hein ?
– Non c’est vraiment superbe !
– T’es gentil, tu veux quelque chose de spécial ? Ou tu me laisse faire ?
– Je crois qu’en fait, je ne veux rien du tout, mais tu as le droit d’essayer !
– Je ne t’excite pas ?
– Si !
– Je vais bouder, alors !
– C’est cela boude !
Par jeu, Mirabelle fait une grimace et s’en va au coin, me montrant ainsi son petit cul et fait semblant de pleurer !
– Bouh ! Il n’est pas gentil le monsieur, il ne veut pas de moi ce matin, je l’excite plus !
Elle me fait rire !
– Mais si tu m’excites, allez viens me voir !
Elle s’approche, met sa main dans l’eau et m’attrape le sexe.
– Pas vraiment en forme la quéquette, tu vois bien que je ne t’excite plus, je suis sûre que Cyril serait là, tu banderais comme un fou !
– Va le chercher, tu verras bien !
– Arrête, il est encore plus malade que toi, il est resté au lit !
– Chic alors !
– Comment ça « chic alors » ?
– Quand il sera rétabli, on va pouvoir s’amuser à le punir !
– Ah bon ? Il te faut un prétexte, pour le punir !
– Non, mais c’est plus rigolo quand il y en a un !
– Dis-moi, Boris ?
Voici qu’elle m’appelle par mon prénom, à présent, ce doit être la première fois !
– Oui, heu ! C’est quoi ton vrai prénom au fait ?
– Je te ne le dirais pas euh ! Mais dis-moi Boris ?
– Oui !
– Tu préfères les femmes ou les hommes ?
– Les femmes !
– Oui, j’avais remarqué ! Mais alors qu’est-ce que tu recherches avec les hommes ?
Tout en me répondant, elle me caresse la verge, elle ne la masturbe pas, elle la caresse, du bout de ses longs doigts
– Curieuse, hein ?
– Tu ne veux pas me le dire ?
– Les bites !
– Quoi « les bites » ?
– J’aime bien les bites ! Les mecs ne m’intéressent pas, leur bite si !
– Tu préfères les bites que les chattes ?
Ça y est, sa caresse commence à faire de l’effet, ma queue entreprend de se raidir et mon corps est parcouru de frissons de volupté.
– Tu en poses des questions aujourd’hui ?
– Ben, oui, pour une fois que j’ai l’occasion !
– Alors, j’aime bien les deux !
– Je suis sûr que ton truc se serait une femme à bite, tu n’as jamais essayé avec un travelo !
– Si ! Mais je te raconterais ça un autre jour ?
Elle me branle maintenant franchement, malgré tout le rythme est mesuré, elle n’est nullement pressée d’en finir !
– Et pourquoi tu ne travestis pas Arnaud !
– Je lui ai demandé, il ne veut pas !
– Et Cyril ?
– Je n’y avais pas pensé !
– Je vais étudier la chose, je t’en reparlerais.
– C’est bon, continue !
– Ne détourne pas la conversation !
– Tu branles si bien !
– Merci !
– Je vais m’asseoir sur le bord de la baignoire, tu vas me faire une petite pipe !
– Ne me dis pas que tu es pressé ! Laisse-moi faire !
Mirabelle pénétra dans la baignoire, et commença à mouiller son corps, ce qui la rendait encore plus belle, encore plus désirable ! Le faisant, elle me regardait droit dans les yeux, avec un curieux sourire. Une sorte de coquinerie, mais où l’érotisme ne devait pas être seul, j’eus à cet instant la conviction qu’elle préparait « quelque chose ».
J’étais à ce moment-là assis dans l’eau. Elle se débrouilla pour venir frôler les pointes de ses siens contre mon torse, les faisant glisser légèrement, un coup vers le haut, un coup vers le bas. Je tentais pendant ce temps de lui agripper les fesses, mais la position n’était guère pratique.
– Tu aimes ?
– Non, j’adore !
Mirabelle, alors se redresse, et cette fois ci ce n’est plus mon torse que ces pointes de seins effleurent, mais mon visage. Elle s’amuse comme un gosse, son téton vient se balader sur mes joues, sur mon front, sur mon nez et même dans l’œil. Elle l’approche de ma bouche. Par jeu je la laisse fermée !
– Ben alors ?
– Zzzz Zzzz
– Tu ne veux pas ouvrir ta bouche ?
– Zzzz Zzzz
– A mon avis tu ne vas pas résister très longtemps !
– Zzzz Zzzz
Effectivement, c’est très dur ! C’est bien sûr, uniquement par jeu que j’essaie de retarder le moment fatal. Mon sexe est tendu comme celui d’un jeune homme. Je suis bien. Je n’en peux plus, j’entrouvre la bouche, le téton y pénètre, je le suce, je l’aspire, je l’avale, je le lèche, je m’en enivre, et comme tous les hommes j’ai ce geste complètement irraisonné, celui d’attraper l’autre (dès fois qu’il ait un goût différent ?) Je crois que je vais éclater, cette petite fantaisie est toute simple, surtout si on la compare aux folies que nous faisons parfois à plusieurs, mais c’est bougrement érotique. Et puis elle est craquante, ma Mirabelle, quel dommage qu’elle se confine dans son rôle de soubrette…
Mais voilà qu’elle se recule, elle me sourit encore, le même sourire que tout à l’heure. Elle veut absolument me dire quelque chose. Ça m’amuse de retarder ce moment, ce ne doit pas être bien important de toute façon !
– Tu es vraiment une experte !
– Flatteur !
– Tu ne vas pas me laisser comme ça ?
– Non, mais…
Et moi, de lui couper la parole, et de faire la grosse gaffe de la matinée !
– Tu sais qu’Edwige va revenir ?
– Mmm ! Oui, on m’a dit ça !
– Tu verras, elle est formidable !
– Non, mais ce n’est pas vrai, je suis en train de faire des tas de trucs, et toi tu me parles de cette pétasse que je ne connais pas. Mais tu me prends pour qui ? Pour ta poupée gonflable ou …
Elle ne finit pas sa phrase, noyée par des sanglots, sort précipitamment de la baignoire et s’enfuit de la salle de bain sans avoir pris le soin de remettre son peignoir.
Mais qu’est-ce qu’il m’a pris ? Et depuis quand les domestiques parlent-ils comme ça ? Non ! Boris calme-toi ! Je sors à mon tour de la baignoire. Il est inutile de vous dire que mon excitation est retombée dans les sous-sols ! Que faire, comment réparer ? J’ai agi comme un vrai mufle ! C’est vrai, mais bon sang, je ne suis pas parfait, tout le monde peut commettre des erreurs, y compris les plus stupides ! N’empêche qu’elle n’a pas à traiter Edwige de pétasse ! Il faudra que je lui demande de s’excuser ! Elle ne va quand même pas être jalouse d’Edwige alors qu’elle ne la connaît même pas. Et pourquoi serait-elle jalouse ? Jalouse ? Jalouse ? On ne peut être jaloux qu’envers une personne que l’on aime ! Mais alors ? Décidément quelque chose ne colle pas ! Il y a quelque mois, elle refusait de rester dormir avec moi après que nous ayons fait l’amour, et aujourd’hui elle serait jalouse ?
Je pars à sa recherche ! Je la trouve facilement dans la petite pièce à côté ! Sa séquence de larmes ne passe pas inaperçue. J’hésite sur la conduite à tenir ! Cette crise n’a aucun sens ! La laisser insulter Edwige sans réagir me paraît impensable ! Sans doute faudra-t-il attendre ? J’essaie néanmoins d’improviser.
– Mirabelle !
– Qu’est-ce que tu fous là ? Tu n’es qu’un monstre !
Et voilà qu’elle me retourne deux claques ! Ça fait tout drôle, depuis quand ne m’avait-on pas giflé, je veux dire giflé pour de vrai, pas dans le cadre de relations SM ? Sans doute depuis mon enfance ! Non seulement elle n’y est pas allée de main morte, mais me voici moralement atteint.
– Comme ça tu as un bon prétexte pour me virer, je vais préparer mes affaires.
– C’est ça, casse-toi !
Et voilà comment à partir d’une bêtise, on en arrive à véritable drame. Cette affaire me reste en travers de la gorge. Quelque part perdre Mirabelle me peine énormément. Mais je ne vois pas comment sortir de cette crise sinon qu’en laissant les choses se faire ? Nous sommes allé trop loin tous les deux. Je sais bien, quelqu’un a dit qu’il n’existait pas de point de non-retour, mais d’abord est-ce bien vrai ? Et puis il faudrait que quelqu’un fasse un pas, je ne vois pas comment ce serait moi après avoir reçu une telle paire de baffes ?
Je rumine, je rumine en fumant un cigarillos médiocre. Combien de temps ? Cinq, dix minutes ? Allez donc savoir, le temps ne s’écoule plus pareil dans ces moments de blues ! Et puis, saisi par une impulsion subite, je décide d’aller voir dans sa chambre, après tout elle nous a peut-être fait un faux départ, je n’y crois d’ailleurs pas une seconde, mais je vais voir quand même.
Et, non elle est bien partie. Et elle a fait très vite. Il y a toutes les traces d’un départ super précipité, elle a d’ailleurs oublié des trucs. Je les lui ferais parvenir par la poste. Sur la table de nuit il y a une feuille de papier pliée en quatre. Quelque chose est marqué dessus. Je m’en approche : Mon prénom ! Mon prénom est indiqué sur le papier ! Oh que je n’aime pas ça ! Je le déplie, fébrile, pourvu qu’elle n’annonce pas une bêtise ! Non ! Ce n’est pas une bêtise, mais ce qu’il y a d’écrit, je le prends en pleine gueule :
– Tu n’as pas compris que je t’aimais, connard !
Oh, que ça fait mal ! J’ai l’impression que tout d’un coup mon corps se refroidit. ! La paire de baffes n’était rien à côté ce cette simple phrase qui me liquéfie. N’empêche que du coup je ne vois plus du tout les choses pareilles ! Il est évident qu’elle me prend pour un mufle ! Et mufle je l’ai sans doute été, mais pouvais-je savoir ? Non je n’ai pas d’excuse, tout cela est de ma faute ! Et puis il reste une question en suspens, pourquoi après qu’elle ait refusé d’être ma maîtresse, me joue t-elle ce jeu-là ?
Je me précipite à l’office, il y a Betty affairé dans ces fourneaux.
– Est-ce que vous avez vu partir Mirabelle ?
– Oui, elle avait l’air dans un drôle d’état, j’ai voulu discuter, mais elle m’a envoyé paître.
– Il y a longtemps ?
– Un quart d’heure !
Un quart d’heure ! Un quart d’heure de perdu ! Où peut-elle être ? Je suppose qu’elle a rejoint le Bourg, et que de là elle prendra un car jusqu’à la gare d’Alençon. Elle doit être chargée, je dois pouvoir la rattraper rapidement !
– Trouve-moi Arnaud, qu’il prépare la voiture !
– Il n’est pas là, il vient de partir à la petite grange, il y a quinze jours que personne n’y a fait le ménage…
Il y a des jours, on ferait mieux de reste au lit et de ne toucher à rien ! La petite grange ! Cette petite dépendance du domaine est située à 10 minutes d’ici, et évidemment Arnaud n’a pas pris de portable. Il est hors de question de perdre 20 minutes ! Je fais quoi ? Cyril qui est malade, Betty qui ne conduit pas. Et moi non plus ! Mais je n’ai pas d’autre solution ! Je n’ai jamais pris le temps de passer mon permis de conduire, mais je me débrouille. Ça ne va pas être terrible, il doit y avoir 10 ans que je n’ai pas touché à ces machins, je déteste conduire, en fait. Mais d’ici au Bourg il n’y a pas grand monde, les risques d’accidents sont quand même bien faibles !
Mon cœur fait des excès de vitesse. Il faut que je me contrôle. Je fonce comme un dingue au garage, j’oublie les clés, je reviens, je repars, un sixième sens me fait m’enquérir de mon portefeuille, encore du temps de perdu ! Je vais devenir fou. Enfin je fais démarrer cette saloperie de bagnole, je fonce, la route est assez sinueuse, avant de se prolonger en une grande ligne droite, je devrais la trouver. J’y arrive assez vite, je m’empêtre dans les vitesses, je manque terriblement d’habitude. Ça y est, je la vois ! A 500 mètres ! Dans un instant je vais la rejoindre ! Ouf ! Il faudra après s’expliquer entre gens raisonnables, mais pour l’instant ce n’est pas le plus important.
Mais horreur ! Une voiture s’arrête à ses côtés, elle échange quelques mots avec le chauffeur, puis elle monte ! Non, mais ce n’est pas vrai ? La voici prise en stop ! Je n’ai plus qu’une solution, c’est de suivre cette putain de caisse ! Heureusement le bourg n’est plus loin ! D’ailleurs nous y voici ! Mais où va-t-elle ? Elle vient de dépasser l’arrêt des cars ! Je repense tout d’un coup à ses absences bizarres, peut-être connaît-elle quelqu’un dans le coin, elle va sans doute s’arrêter un peu plus loin ? Mais non ! C’est pire que ça, la voiture a maintenant traversé le patelin et prend la direction d’Alençon. Ça risque de devenir super dangereux ce truc, mais bon, 20 kilomètres ce n’est pas la mort. Un camion surgit d’une route latérale sur ma droite, Je ralentis pour le laisser passer, réalisant après qu’étant devant un stop, il n’avait pas la priorité. Me voilà avec ce crétin de camion qui me gâche la vue devant moi ! Je lui colle aux fesses ! Et puis ce qui devait arriver arriva, à l’entrée d’Alençon, je suis bloqué à un feu, je la perds, je m’énerve, je fais n’importe quoi, des gens me klaxonnent ! Je finis par me garer comme un sauvage à deux pas de la gare !
Je cherche, je regarde, elle n’est pas très grande cette gare ! Pas de Mirabelle dans le hall, ni sur le quai, elle peut être n’importe où ? J’interpelle un quidam :
– Vous n’auriez pas vu une dame ? Euh…
– Une dame comment ?
– Laissez tomber !
Le type a dû me prendre pour un dingue, mais ne sachant pas trop comment elle est habillée, je suis incapable de la décrire ! Un train est à quai et part dans 5 minutes pour Le Mans ! Je prends vite fait un aller pour Paris et monte dans un wagon. C’est un pari fou, après tout elle n’y est peut-être pas ? Un tas d’autres solutions peuvent exister ? Mais que faire d’autre ? Nous partons, je suis en fait en plein milieu du train, je me dirige vers l’avant, je regarde partout, pas de Mirabelle ! Mais elle est où, bordel ? Je vais devenir fou ! Et mon cœur qui bat tellement fort que j’ai l’impression que tout le monde l’entend ! Je repars dans l’autre sens ! Un wagon, un autre wagon, là peut-être ? Non ! Si ! C’est bien elle, elle ne m’a pas vu, je me planque. Me voici rassuré, elle n’a pas disparu, maintenant il va falloir que je l’aborde sans faire de bêtise. Le trajet d’Alençon jusqu’au Mans est court, trop court pour pouvoir faire quoique ce soit. J’attends donc.
Arrivé au Mans, je la suis discrètement, elle a l’air calme maintenant, tant mieux ! Le TGV pour Paris est annoncé dans un quart d’heures, manifestement elle l’attend.
Bon ça y est, je suis dans le TGV, elle aussi, je ne sais pas à quel endroit, mais ce n’est pas le plus important. Je suis terriblement angoissé, je n’ai aucun plan. N’ayant jamais manqué d’argent j’ai toujours obtenu tout ce que je voulais et il est extrêmement rare que j’aie eu à affronter quelqu’un. Et je me rends compte que je ne sais tout simplement pas faire ! Par contre, je sais aussi qu’après un gros mouvement d’humeur que ce soit une colère ou une crise de larmes, vient le moment des questions et des doutes, des « j’aurais dû » et des « j’aurais pas dû » ! Sans doute Mirabelle est-elle dans cet état d’esprit actuellement ?
On démarre, j’attends que les gens aient tous fini de se placer (il y en a, il leur faut une heure pour s’installer, comme le trajet dure une heure, cela veut dire qu’ils n’y arriveront jamais) Je maudis soudain tous ces gens qui n’avancent pas, ou qui font des allers retour et tous ces mômes qui ne tiennent pas en place ! Enfin je peux me mettre en chasse ! Je n’ai pas eu à chercher longtemps elle est dans le wagon d’à côté, mais alors que je pensais m’asseoir devant elle, ne voilà t-il pas qu’elle se trouve coincée sur sa banquette avec une personne à sa gauche, une autre devant elle et une troisième en travers. Situation super pratique pour entamer une réconciliation, n’est-ce pas ? Tant pis, le trajet dure soixante minutes, une fois à Paris tout sera foutu, je m’approche, elle ne m’a pas vu.
– Mira ?
– Qu’est-ce que tu… qu’est-ce que vous faites là ?
– Je voulais vous payer un café, venez !
– Non, laissez-moi tranquille !
Je suis sûr qu’elle a hésité
– Cinq minutes, pas une de plus, juste pour ne pas nous quitter comme ça !
Elle se lève, quel soulagement ! Nous nous dirigeons vers le bar, je vérifie s’il elle me suit ! Oui elle me suit mais son visage est sans expression, je n’aime pas trop !
– Comment vous avez fait ? Vous m’avez suivi ?
– Oui !
– Je suppose que vous allez maintenant me dire pourquoi ?
– Je suppose que tu brûles de l’entendre, Mira !
A ce moment-là j’avais des larmes aux coins des yeux !
– Dis-le-moi !
Surtout ne pas dire n’importe quoi, rester sincère…
– J’ai eu soudain conscience de tout ce que perdais !
– Mieux que ça !
– Je…
– C’est si dur à dire ? Rassure-toi rien n’est irréversible, mais ce sont tes sentiments en ce moment qui m’intéresse.
Je n’arrive plus à retenir mes sanglots.
– Je t’aime Mira !
Je sanglote comme un môme, c’est communicatif, la voici dans mes bras !
Mon dieu comme j’aurais aimé être le propre spectateur de notre bonheur. Que cela doit être beau un couple qui se découvre s’aimer d’amour dans le bar d’un bolide lancé à 300 à l’heure entre le Mans et Paris !
– J’ai envie de toi, Boris !
– On arrive dans une demi-heure, on va se prendre une chambre !
– Tout de suite !
– Mira ! C’est impossible
– Les toilettes, viens !
Je la suis, comme dans un rêve !
On se loge dans la cabine de toilette, sous l’œil goguenard d’une bande de jeunes ! Vous connaissez les chiottes d’un TGV ? Quel est l’architecte (doit-on parler d’architecte en ce qui concerne les plans d’un train ?) qui a conçu un endroit aussi étroit ? Dès la porte fermée, elle se jette à mon cou, et se lance dans un baiser passionné. Jamais une femme ne m’avait embrassé avec une telle passion. Je me souviens avoir pensé « même Edwige ! » Ce flash fut la seule référence à mon ancienne maîtresse pendant nos ébats, heureusement, mais je savais que j’aurais aussi ça à gérer après !
Dans sa fuite, Mirabelle s’est habillée un peu n’importe comment ! Elle parvient à se débarrasser de son tee-shirt couleur d’amandes et m’offre son soutien-gorge à dégrafer. J’ai toujours considéré cette formalité comme une épreuve. Mais les dieux de l’amour doivent m’avoir accordé leur faveur. Je dégrafe la chose du premier coup, lui enlève tout ça et plonge ma bouche dans ce gros téton rose offert à ma lubrique gourmandise. J’adore ses seins. En principe je les préfère un peu plus gros, avec des aréoles brunes. Mais l’éclectisme ne m’effraie pas. Elle a le nichon à la fois souple et ferme, et sa peau soyeuse est une invitation permanente à la caresse de ma main, de ma bouche. Je bande comme une colonne de Buren. Elle le sait ben, Mirabelle, elle que sa main vient à travers ma braguette d’en saisir le dur renflement. Elle veut descendre la fermeture éclair ! S’arrête en plein milieu de ce pourtant court chemin ! La chose est coincée. Oui, coincée ! Je réalise que dans ma précipitation à m’habiller j’ai pris ce pantalon que je dois toujours faire réparer (quand j’y pense avec les moyens que j’ai, aller faire réparer une braguette… mais passons…) Elle insiste, elle force, elle va tout faire péter ! Et crac ! Ça pète ! Tant pis, elle a maintenant ma main sur le slip, elle s’amuse à simuler des mouvements de masturbation à travers le tissu du sous-vêtement, puis n’y tenant plus sort l’engin, en contemple l’impertinente rigidité, et comme s’il elle avait fait ça toute sa vie, s’assied sur la toilette et me la gobe ! S’ensuit une fellation sauvage. Avez-vous remarqué comment on peut mesurer la passion contenue dans une pipe au travail de la langue ? On peut être experte, et d’une efficacité redoutable, n’empêche que la chose pratiquée uniquement au titre de la gâterie verra surtout travailler les lèvres, tandis qu’effectué dans la passion amoureuse, cela devient un baiser lingual dans lequel la bite est léchée, entourée, enveloppée, spiralisée, ventousée par cet organe souple et humide !
Je suis bien obligé de lui dire qu’à ce rythme-là, ma jouissance ne saurait tarder.
– Prends-moi maintenant ! dit-elle.
Moi je veux bien, mais on n’est pas entré dans le bon ordre dans la toilette. On ne va tout de même pas sortir pour entrer de nouveau. On essaie de pivoter, afin que ce soit moi qui puisse m’asseoir sur la toilette. On finit par y arriver. Je descends mon pantalon. Elle s’empale sur moi, me chevauche ! Elle est en super forme la Mirabelle, en plein retour de stress. Je sens que je ne vais pas tarder à jouir et je lui dis de ralentir. Au lieu de ça elle se retire ! Contrariée ? Non pas du tout ! Elle opère un léger déplacement. Et je la vois faire ce geste inouï consistant à se mouiller la main en se l’imprégnant des liquides dégoulinants de sa chatte, pour venir humecter son anus, puis s’empale de nouveau sur moi mais par son trou le plus intime. La chevauché reprend. Mirabelle et complètement partie, et semble hors de ce train. Simultanément à ces mouvements saccadés, elle se tripote, et pousse des petits cris qu’elle ne cherche même plus à étouffer. Je la préviens que je vais jouir pensant qu’elle se retirerait à ce moment-là pour recueillir ma jouissance. Mais non, elle accélère encore, et je me libère dans ses entrailles. Elle gueule, je suis obligé de lui bâillonner la bouche de la main, pour étouffer son cri. Elle se décroche de moi ! Se retourne, me fait face, elle est rayonnante !
– Je t’aime Mirabelle !
– Moi aussi, grand couillon !
– …
– On va repivoter, j’ai envie de faire pipi !
– Dommage que ce soit si étroit !
– Et puis on va en foutre partout !
– Laisse-moi juste une petite goutte ?
– Je vais même t’en laisser deux ou trois, mon amour !
– Ne me parle pas comme ça tu vas me faire fondre !
– Je le sais bien !
On inverse donc une nouvelle fois nos positions, dans d’autres circonstances, moi qui suis féru d’amusements uro, j’aurais sans doute trouvé fort glauque et fort trivial d’en jouer ici, mais après ce que nous avions fait, après cette folle journée, je ne pouvais qu’apprécier ce petit plus dont elle me gratifiait si coquinement. Elle pisse dans la cuvette, j’aime à regarder son petit jet qui s’écoule telle un torrent jaillissant fièrement de sa source.
– Viens me voir !
Je m’approche, j’ouvre la bouche, j’avale la dernière goulée. Cette tiédeur salée me fait presque rebander. Quel magnifique spectacle que ce sexe ouvert, encoure mouillé de son urine, mais aussi de son excitation récente. Elle sait ce que je vais faire, elle me fait un petit signe d’acquiescement de la tête. Et me voici museau contre chatte, m’enivrant de ses parfums intimes, ma langue entoure son clito, je fais des petits mouvements de gauche à droite, puis de bas en haut. Mon sexe est à nouveau dressé. Elle se retient de crier, et tombe à nouveau dans mes bras.
Le haut-parleur annonce l’arrivée imminente du train en Gare de Paris Montparnasse. On patiente dans la cabine, préférant sortir une fois que les passagers auront quitté la rame. En attendant, on se rhabille tant bien que mal. Ma braguette est foutue, je ne sais pas trop comment gérer cela, mais quelle importance ?
On est allé boire un verre à la terrasse d’un café, non loin de la gare, nous hésitions entre passer un jour ou deux dans la capitale, ou bien faire demi-tour de suite.
– On fait quoi ?
– Je vais déjà m’acheter un pantalon.
– Idiot ! Répondit-elle, moqueuse !
– Je ne sais pas, j’ai l’impression de me réveiller, de trouver quelque chose que je ne cherchais pas forcément et que je suis si heureux d’avoir trouvé. Je ne sais pas comment intégrer tout cela. ! Mirabelle ?
– Oui !
– Il va falloir que tu m’aides !
– On va essayer !
– Vis à vis des autres… ?
– Vis à vis des autres on ne change rien, s’il a changement ce sera progressivement, on va quand même pas faire une annonce : « Mesdames et Messieurs, grande nouvelle, Monsieur le baron et Mirabelle sont amoureux désormais l’un de l’autre, pourvu que ça dure ! » Non ça ne fait pas sérieux !
– Mais je suppose qu’il faut qu’on parle d’Edwige ?
– Tu supposes très bien !
– Je n’en sais rien, quelque part, je l’aime bien, elle m’a permis de me dévoiler, elle m’a énormément appris sur moi-même…
– Elle a sûrement des tas de qualités…
– Ne te moques pas, elle en a !
– Elle a bien profité de ton fric aussi !
– Non pas tant que ça et puis, je le voulais bien !
– Mais elle t’a quand même laissé tomber pendant trois ans !
– Oui !
– Elle ne t’aimait pas ?
– Si ! On s’aimait bien, mais ce n’était peut-être pas l’amour avec un grand A !
– Et alors tu vas faire quoi ? Tu as répondu à sa lettre ?
– Non, j’allais le faire aujourd’hui !
– Et tu vas lui dire quoi ?
– Je ne sais pas, je vais lui écrire ou lui téléphoner que je ne suis plus libre ! Mais je vais être très franc avec toi, j’aurais aimé la revoir !
– Alors d’accord, tu lui dis de venir, mais tu lui précises que tu as une maîtresse. Et puis on verra bien, je n’ai pas les moyens de faire de la jalousie classique, on a développé aussi bien l’un que l’autre une sexualité trop particulière. Mais je t’en supplie Boris, ne te mets pas à aimer quelqu’un qui ne te le rend pas ! Moi je peux te le rendre, je saurais te le rendre
– Ne pleure pas, Mirabelle, on va y arriver, tu vas m’aider et moi aussi je vais t’aider, viens m’embrasser.
Le baiser fut long, très long, j’avais décidé pour la suite de notre escapade de lui laisser tous les choix et cette fois-ci c’est moi qui lui demandais :
– On fait quoi maintenant
– On va te chercher un pantalon !
Boris Vasslan – Avril 2001
Ce doit être ça, l’amour fou !
Très beau, très tendre, très humide
Vriament très beau et très bien raconté. Un récit à la fois touchant et érotique, faut le faire !