43.
Alice traina au lit et se leva en fin de matinée. Dire qu’elle avait mal au cul était un euphémisme. Mais elle devait admettre qu’elle avait pris un certain plaisir à se faire sodomiser par le sexe énorme de Patrice. Elle prit une douche, s’habilla, se maquilla et descendit enfin au salon où elle trouva Bérénice et Patrice buvant leur café.
– Bonjour ma chérie. Comment tu vas ? Bien dormi ?
– Oui très bien. Merci. Pas trop mal aux fesses ?
Alice resta interdite. Elle pensait que Bérénice dormait pendant qu’elle batifolait avec Patrice.
– Tu nous as vus ? demanda l’intéressée
– Bien sûr que je vous ai regardés. Vous étiez très beaux. Et je suis contente que tu aies aimé la sodomie. On pourra faire plein de choses tous les trois maintenant.
La journée se passa tranquillement, sans sexe. Alice prit congé en fin d’après-midi.
– Merci Alice, dit Bérénice. Tu nous as fait un très joli cadeau en t’offrant à nous. Un cadeau inestimable. On t’est redevables maintenant.
– N’exagère pas. Je l’ai voulu aussi.
– Non, non, ne te sous-estime pas. Tu nous as donné bien plus qu’on ne t’a donné.
– Bérénice a raison, surenchérit Patrice.
– Tu viens samedi prochain. On voudrait te présenter les enfants. On va leur parler de toi. Et il serait bien que tu les connaisses, même si tu ne les verras que très rarement.
– Euh, oui, si tu veux.
– Ce sera juste un déjeuner en famille. Puisque tu fais partie de la famille maintenant.
– Je n’en demandais pas tant.
– Trop tard.
Ils s’embrassèrent une dernière fois et Alice démarra doucement.
Elle réfléchit à ce qui venait de se passer pendant ces deux jours. Les déclarations enflammées de Patrice, la soirée au restaurant, la sortie en boite, la double pénétration de Bérénice et surtout sa première sodomie avec un homme. Un homme qui la considérait comme une femme et la traitait comme telle, comme une maitresse.
Elle frissonna à cette idée. Elle se demanda si elle n’était pas en train de perdre son âme. Peut-être, mais c’était si bon. Oui c’était bon de baiser Bérénice. Mais c’était bon aussi d’être baisée par Patrice, sa tendresse, sa délicatesse. Elle même en tant qu’homme n’était pas sûre de lui arriver à la cheville et elle admit après avoir refusé cette éventualité, qu’elle appréciait la tendresse que cet homme avait pour elle.
– Eh bien mon chéri, dit Bérénice en revenant au chaud dans le salon. On dirait qu’Alice te plait au-delà de toute espérance. Au début je croyais que tu jouais la comédie, comme on avait dit. Mais à la fin… soit tu es un acteur très doué et tu pourrais envisager de changer de métier, soit tu es vraiment amoureux d’elle.
Patrice rougit violemment.
– Alors là, je suis sur le cul ! Tu es amoureux ?
– Oui, dit-il d’une petite voix. Mais rassure-toi, je n’ai pas l’intention de te quitter pour aller avec elle. Je suis amoureux de toi et d’elle, pas de la même façon. Mais je l’aime.
– Ok. Comme moi alors. Je suis heureuse, tu ne peux pas savoir.
– Moi aussi. Comment vont le prendre les enfants d’après toi ?
– Franchement ? Je m’en fous. Ils ont juste à savoir qu’on a un amant. C’est tout. On est quand même assez grands pour faire ce qu’on veut non ? Est-ce que je m’occupe de leurs conquêtes ? Non, alors …
– Ok, ok, ok, ne te fâche pas.
Le couple se reposa dans le canapé, devant les programmes spécial Noël, programmes sans intérêt.
Emilie et Justine arrivèrent le vendredi en milieu d’après-midi. Depuis six mois maintenant qu’Arthur, poussé par sa sœur avait fait son coming-out de transsexuelle devant ses parents, il avait abandonné totalement tout ce qui faisait de lui un garçon pour devenir Justine. Très rapidement, elle avait commencé sa transition qui, si tout se passait bien, ferait d’elle une femme à part entière. Et Justine s’était donné deux ans pour arriver à ses fins.
– On a quelque chose à vous dire, annonça gravement Bérénice lors du diner.
– Oh oh, commenta Emilie.
– Bon, je ne vais pas tourner autour du pot. Votre père et moi avons un amant.
– Ah ben merde alors, dit Emilie. Je m’attendais à tout sauf à ça.
– Ça te gêne ?
– Ben, disons que je préférerais ne pas connaitre les frasques sexuelles de mes parents.
– Et toi Justine ?
– Moi ? En fait, je m’en fous un peu. J’ai d’autres soucis en ce moment et puis vous savez bien que le sexe et moi ça fait deux.
– En fait, continua Bérénice, maintenant qu’on a fini de vous changer les couches, soigner vos petits bobos, votre acné et gérer votre crise d’adolescence, on a décidé qu’on avait le droit de profiter un peu.
– Ne vous plaignez pas, on n’a pas été trop chiantes question acné et crise d’ado.
– C’est vrai. C’était pour dire que maintenant que vous êtes grandes, on allait penser à nous et profiter de la vie.
– Ok. Vous faites ce que vous voulez de vos fesses, dit Emilie.
– Et autre chose : on a décidé de vous le présenter.
– C’est une blague !
– Non, pas du tout. C’est juste pour faire connaissance. Rien de plus.
– J’espère bien ! dit Emilie.
– Ça y est, elle va faire sa sainte nitouche, railla Justine.
– Oh toi, ça va ! Pourquoi tu veux nous le présenter ?
– Parce qu’on en a envie.
– Et toi papa ? Qu’est-ce que tu en penses ?
– Moi ? Mais ça me va très bien. Et oui, c’est bien que vous sachiez qui partage notre lit. Car cette personne va sûrement prendre beaucoup de place dans notre vie. Ce n’est pas qu’un simple amant, juste pour le plaisir, c’est devenu un ami très proche qui sera souvent à la maison. Donc, on a décidé de vous le présenter pour que vous ne soyez pas surprises.
– Bon ok, dit Emilie
44.
Dire qu’Emilie et Justine tombèrent des nues en voyant arriver Alice, est un euphémisme.
– Je croyais que vous aviez un amant. Pas une maitresse, dit Emilie.
– C’est bien notre amant, confirma Bérénice. Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
– Tu veux dire que …
– … c’est un travesti, confirma Justine.
– On tombe dans le grand n’importe quoi, grogna Emilie.
– Eh, oh, est-ce que je te pose des questions sur tes partenaires ? morigéna Bérénice. Si ça se trouve, on doit passer pour des enfants de chœur à côté de toi.
Emilie devait avouer qu’elle n’avait pas tort. Depuis qu’elle était entrée en fac de médecine, elle s’était pas mal dévergondée. Si elle avait eu un seul rapport sexuel avant d’entrer en fac, elle s’était bien rattrapée depuis, autant avec des garçons qu’avec des filles, à deux ou à plusieurs… sans compter les substances pas toujours licites qu’elle prenait lors de ces soirées de débauche.
Justine de son côté ne disait rien. Elle ne jugeait pas, même si elle étudiait pour être avocate. Côté sexe, elle était mal placée pour donner des leçons. Toujours vierge à vingt et un ans, elle cherchait sa voie. Elle avait essayé avec un garçon mais ça n’avait pas marché du tout. Les filles ? Peut-être. Mais elle craignait d’être lesbienne. Elle était déjà transsexuelle. Et c’était déjà beaucoup. Mais depuis qu’Anaïs était entrée dans sa vie, elle commençait à se poser des questions.
Alice, toujours sur le pas de la porte, laissa la famille s’expliquer.
– Alice, entre, dit Patrice. Ne t’inquiète pas. Ça va passer aussi vite que c’est arrivé.
– Je sais ce qu’on va t’offrir à Noël, dit Patrice en prenant la veste qui n’était pas adaptée à la saison.
– Bonjour, dit Alice. Voilà, vous savez tout de moi ou presque.
Le travesti et les enfants se dévisagèrent. Emilie et Justine étaient totalement différentes. Si on les croisait dans la rue, on ne croirait pas qu’elles étaient sœurs.
Emilie tenait de son père, brune aux cheveux mi-longs, les yeux marron et juste ce qu’il fallait de rondeurs. Elle portait un long pull sur un leggin, des boots et pas de maquillage. Quand à Justine, elle avait pris le patrimoine génétique de sa mère, blonde aux yeux bleus. Et elle était bien plus féminine que sa sœur. Plus grande et plus élancée qu’Emilie, elle devait s’habiller en trente-huit, voire trente-six. Mini-jupe sur des collants noirs et des ballerines, une blouse blanche qui laissait deviner un soutien-gorge, plus pour faire joli que pour retenir des seins tout juste naissants. Un trait d’eye-liner et du mascara soulignaient ses yeux, sa bouche brillait d’un gloss rose assorti au vernis de ses ongles.
Et Justine était aussi discrète qu’Emilie était extravertie, ratant toutes les occasions de se taire.
Deux personnes totalement dissemblables, et pourtant de la même famille.
– Je me suis permis de vous amener un petit cadeau. Noël avant l’heure, dit Alice. J’ai demandé conseil à votre mère pour ça. Je ne vous connais pas encore assez.
Elle tendit un paquet aux filles.
– C’est gentil, dit Emilie, visiblement touchée par cette attention.
– Merci, ajouta Justine en lui faisant la bise, comme elle faisait toujours quand on lui offrait un cadeau.
Emilie, de prime abord hostile à la présence d’Alice, se calma et la bisa à son tour.
– Bon, maintenant que vous avez fait connaissance, on peut passer à table, annonça Bérénice.
Patrice présida le repas en bout de table, les deux frangines d’un côté, Alice et Bérénice en face.
– Il y a longtemps que vous travestissez ? demanda Justine
– Non, quelque mois. C’est votre mère qui m’y a amené tout doucement.
– Vous en aviez envie ? Continua Justine, intéressé de rencontrer quelqu’un comme elle.
– Non, pas vraiment, même si ado, j’avais eu quelques expériences.
– Et tu t’es laissé faire ? Questionna Emilie qui ne s’embarrassait pas du vouvoiement
– Oui. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas par amour. Même si Bérénice m’avait bien fait comprendre qu’elle ne quitterait jamais son mari pour moi, je voulais toujours continuer à la voir. Coute que coute.
– Alors maman, qu’est-ce qu’il y a de plus à faire l’amour avec un travesti ? demanda Emilie
– Je ne sais pas. Quitte à avoir un amant, autant que ça sorte de l’ordinaire. Et puis votre père était tenté par une rencontre avec un travesti. Alors, j’ai fait d’une pierre deux coups.
– Je ne connais pas de trav dans mon entourage, dit Emilie. Mais si l’occasion se présente, je ne laisserai pas passer l’occasion
– Ne comptez pas sur moi pour ça, tacla Alice.
– Cassée ! Railla Justine
– Oh toi, quand tu auras trouvé ta voie, tu pourras la ramener ! A propos comment va Anaïs ?
– Qui est Anaïs ? demanda Patrice
– Une fille qui en pince pour notre future avocate
– Oh, oh, persifla Bérénice.
– Ne vous emballez pas, il n’y a rien entre nous, dit Justine qui rougissait.
– Tu sais ma chérie, dit Bérénice, tout ce qui m’importe, c’est que tu sois heureuse. Que ce soit en fille ou en garçon, avec une fille ou avec un garçon.
– Et toi maman, quand est-ce que tu te décides d’essayer avec une femme ? demanda Emilie
– Et qui te dit que je ne l’ai pas déjà fait ?
Alice et Patrice se tournèrent vers elle, surpris.
– Eh bien oui, je l’ai fait avec une femme. En fait, deux.
– Et alors ? Continua Emilie
– Ce n’était pas désagréable. Mais ce n’est pas ce que je préfère. Il me manquait une queue bien dure. Et les godes ça ne les remplace pas.
– Maman ! s’indigna Justine.
– Et avec qui tu l’as fait ? demanda Patrice, curieux. Tu ne nous as même pas invités !
– Je l’ai fait lors de ma dernière soirée de vente chez ta sœur, Alice. Et Sonia était là aussi. Donc une fois les affaires finies, je leur ai demandé si elles voulaient m’initier. Bien sûr, elles ne se sont pas fait prier. De la chair fraiche, tu imagines. Et non, je ne vous ai pas invités. Je n’avais pas besoin de spectateurs.
– Et tu n’as pas accroché alors ? demanda Emilie. Moi j’aime bien.
– C’est pas que je n’ai pas accroché. Mais il me manquait quelque chose. Donc voilà. Vous savez tout maintenant.
– Presque. Papa, tu fais des choses avec Alice alors ?
– Ben oui. Qu’est-ce que tu crois ? Que je tiens la chandelle ? Quand ta mère m’a dit qu’elle avait un amant, je ne l’ai pas bien pris …
– Tu m’étonnes, commenta Emilie
– … mais quand elle a invité Alice à la maison, j’ai compris ce qu’elle avait en tête. Car, lorsqu’elle est venue cette fois-là, c’était en garçon. J’ai fait semblant d’aller faire la sieste et Bérénice l’a fait venir dans la piscine. Il avait des marques de bronzage faites par un bikini.
La discussion sur la rencontre du couple et de l’amant travesti continua. Et petit à petit, Alice fut acceptée par les filles. Alice s’intéressa à la transition de Justine. Mais pour elle, il n’était pas question de vivre en femme, et encore moins de changer de sexe. Le travestissement était juste un élément du jeu.
Alice quitta la famille en fin d’après-midi, en faisant la bise à chacun.
A suivre