Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 18 – Eric Duvallès par Maud-Anne Amaro

 

Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas
18 – Eric Duvallès
par Maud-Anne Amaro

Parma

Repérer Eric Duvallès n’avait pas été difficile puisque l’homme affichait en toute modestie son portrait sur la page Internet de l’entreprise. Supposant qu’il venait travailler en voiture, le seul créneau favorable pour le rencontrer était le midi. C’était le plan le plus facile, mais encore fallait-il qu’il soit seul ? Dans le cas contraire Parma en avait élaboré d’autres, mais plus compliqués.

A 12 heures 15 Duvallès sort des bureaux de Duvallès-Sécurité, boulevard Richard Lenoir, accompagné d’un type. Il est de taille plutôt petite ce que ne laissait pas supposer la photo. Elle les suit jusqu’à une rue adjacente. Là elle les voit monter dans une voiture, qui ne tarde pas à démarrer, Duvallès conduisant.

« C’est foutu pour ce midi, mais comme il se gare dans la rue, je vais attendre la sortie des bureaux ! »

Et elle s’en va déjeuner dans un bistrot proche.

A 17 heures avoir flâné dans le quartier, elle repère la voiture garée dans la même rue que ce midi, il ne lui reste plus qu’à attendre !

A 18 heures 15, elle aperçoit enfin Duvallès s’avancer dans la rue, elle attend un tout petit peu et se laisse tomber par terre. Comme ça : Boum !

« Merde, je me suis fait mal pour de vrai !’

– Un problème mademoiselle ? Demande Duvallès en lui tendant une main secourable…
– Je sais pas, j’ai dû glisser !
– Prenez ma main.
– Ça va aller, aïe !
– Vous voulez qu’on prévienne les pompiers ?
– Non, non, je vais aller m’asseoir cinq minutes dans un café, après ça ira mieux.
– Je vais vous accompagner.
– Ça ne vous dérange pas ?
– Donnez-moi le bras, ça vous aidera à marcher.

Duvallès n’avait rien d’un naïf, et il soupçonnait fortement cette jeune femme d’avoir simulé cette chute afin qu’il lui porte secours. Restait, si cette hypothèse était exacte, à savoir ce qu’elle recherchait, une arnaque, une prise de contact ? Il se dit qu’il ne tarderait pas à le savoir mais qu’il fallait qu’il se tienne sur ses gardes.

Au café, la conversation après avoir épuisé les phrases obligées genre « vous devriez aller consulter votre médecin traitant, on ne sait jamais… » se fit plus directe :

– Vous habitez le quartier ?
– Non je me baladais.
– Je peux vous raccompagner chez vous…
– Je n’ai plus de chez moi ! Je me suis barré et depuis ce matin, je déambule dans Paris.
– Serait-ce indiscret de vous demander…
– Non, c’est d’une banalité affligeante, mon mari a appris que j’avais une liaison… comme s’il se privait, lui… Les serments éternels c’était bien quand l’espérance de vie était de trente ans, aujourd’hui c’est débile. Vous en connaissez, vous des gens qui n’ont jamais trompé l’autre ?
– Ben oui ça existe !
– Je n’y crois pas !
– Moi, par exemple, je n’ai jamais trompé ma femme !

« Merde ! » Se dit Parma, « si vraiment il dit vrai, cette affaire est mal barrée ! »

– Et ça n’arrivera jamais ? Relançât-elle.
– Ça ne m’intéresse pas, non pas par rigidité morale, mais parce que l’infidélité est une source de complication.
– Il y a infidélité et infidélité, si c’est juste une aventure passagère…
– J’ai un physique un peu difficile, je ne suis pas fait pour ce genre d’aventures. Si une femme venait à s’intéresser à moi, elle serait forcément collante.

Parma regarda mieux son interlocuteur. Certes, il était loin d’être un play-boy, petite taille, peau portant des séquelles de traitement d’acné, mais il n’avait rien de repoussant non plus, il avait même un assez joli sourire.

Elle qui pensait que le contact serait facile, elle se retrouvait dans une situation un peu compliquée, il lui restait quelques cartes à jouer, si ça foirait, et bien ça foirerait, elle n’allait pas le violer tout de même.

– Mon psy me disait que tous les hommes ont un fantasme secret ! Lança-t-elle.
– Votre psy ?
– Oui ! Vous n’êtes pas d’accord ?
– Tout le monde a des fantasmes.
– Certains sont inavouables. Tenta-t-elle en espérant que ce ne soit pas le cas et en accompagnant sa réplique d’un merveilleux sourire.
– Certes ! Répondit-il d’un air songeur.
– Quand vous fantasmez, vous êtes encore avec votre épouse ?
– Ça ne vous regarde pas !
– C’est juste pour discuter, je trouve cette conversation intéressante.

Duvallès hésita, il avait le choix entre trouver un prétexte pour mettre fin à cette discussion et laisser planter là cette belle inconnue, ou bien faire semblant d’entrer dans son jeu pour tenter de savoir ce qu’elle mijotait.

Il choisit la seconde solution, un peu par curiosité mais surtout parce qu’il ne lui était pas arrivé souvent dans sa vie de se trouver en compagnie d’une aussi belle jeune femme.

– Alors, je l’admets : dans mes fantasmes, je ne suis pas avec Madame, je la trompe en pensées.
– Petit coquin ! Et c’est quoi ce fantasme ?

Duvallès réfléchit quelques instants. Parma prit cela pour de la timidité.

– Allez dites-moi !
– Ça vous amuserait de savoir ?
– Bien sûr !
– Ce serait de faire l’amour avec deux femmes, mais deux femmes très contrastées, par exemple une blanche et une noire, ou une blonde et une brune. Si j’avais ce genre d’occasion, sans doute me laisserais-je aller à faire un écart, mais comme je n’aurais jamais cette occasion….

Bigre ! Peut-être bluffait-il mais le coup était brillant, ce mec devait jouer aux échecs ! Quelle très subtile façon de lui dire que si elle avait dans la tête une sorte de plan drague qui pouvait être un prélude à des choses pas très claires, et bien elle pouvait aller se rhabiller…

…se rhabiller ou amener une copine !

Tout n’était pas perdu, mais il fallait changer de scénario. Quand elle était petite, elle avait appris à se forcer à pleurer. Elle se rappela, se mordit les lèvres, fit semblant de sangloter, appuya ses mains sur les paupières. Quelques vraies larmes apparurent.

– Qu’est-ce qui vous arrive ?
– Rien, je ne suis qu’une salope, laissez-moi !
– Pardon ?
– Je vais vous dire, je suis réellement parti de chez moi. Le souci c’est que je n’ai presque pas de liquide et que je n’ai plus de carte bleue…

« J’ai compris, se dit Duvallès, elle va me demander de l’argent… elle peut toujours courrier, elle s’est trompé de bonhomme ! »

– Mais votre banque…
– Je suis débitrice, on avait chacun notre compte mais avec des procurations, mon mari a vidé le mien.
– Je comprends, mais pourquoi vous rabaissez-vous ?
– J’ai repéré votre voiture à midi, je me suis dit ce gars-là doit avoir du fric, alors j’ai fait semblant de tomber. Mon intention était soit de coucher avec vous pour du fric soit carrément de vous voler. Mais je ne ferais rien de tout ça. Excusez-moi de vous avoir fait perdre votre temps.

Elle se lève ! Ça passe ou ça casse !

– Au revoir Mademoiselle.

Il ne fait rien pour la retenir. L’affaire est foutue ? Peut-être pas, il y a des miroirs sur les piliers intérieurs du café, elle y voit Duvallès se redresser après avoir laissé un billet sur la table. Il s’est levé très vite, c’est bon signe…

Duvallès hésite. Cette fille était bien une aventurière comme il l’avait pressenti. Il se dit qu’elle était sans doute plus à plaindre qu’à blâmer. Il est là dehors, à la suivre de loin. Il ne sait expliquer pourquoi, il n’a pourtant absolument pas l’âme d’un bienfaiteur et n’a pas l’empathie facile.

Parma se demande si l’homme la suit, elle en a l’impression mais ne sait comment vérifier. Elle tourne deux fois à droite pour rejoindre le boulevard et s’assoit sur un banc public. Trois minutes plus tard Duvallès s’asseyait à côté d’elle.

– Je peux éventuellement vous aider ! Dit-il.
– Faut pas vous sentir obligé !
– Vous allez dormir où ?
– J’en sais rien.
– Venez avec moi, j’ai une solution.

Ils vont jusqu’à la voiture.

« J’espère », se dit Parma, « qu’il ne va pas me proposer de passer la nuit dans sa bagnole. »

– Je possède une garçonnière près de la rue Mouffetard…

Parma est sur le cul !

– Oh, n’allez pas vous imaginez des choses. J’ai parfois besoin de solitude. Ma femme, mes gosses qui n’arrivent pas à partir de la maison, j’en ai parfois marre, alors je leur dit que je suis en déplacement en province et je viens coucher ici. Ça me fait un bien énorme vous savez.

Le parcours en voiture jusqu’au parking du Panthéon n’était pas bien long. Duvallès ne parlait plus, Parma respecta son silence, elle savait que certains conducteurs détestaient parler au volant.

– Voilà, c’est à cinq minutes à pied.

Elle répondit d’un simple sourire et ils cheminèrent en silence.

La garçonnière était petite mais bien équipée, coin cuisine, frigo, micro-onde, bar, cabine de douche et écran de télé. Le canapé était convertible.

– Voilà, vous allez pouvoir passer la nuit ici, vous pouvez rester jusqu’à demain matin 7 heures, je reviendrais à ce moment-là.
– Merci, c’est vraiment trop gentil ! Répondit Parma complètement larguée et voyant son plan partir en sucette.
– Ah, oui, je ne crois pas qu’il y ait grand-chose à manger… dit-il en ouvrant le frigo. Je vais vous laisser 50 euros pour faire des courses.

Mais Duvallès est méfiant ! Lui laisser les clés, cela veut dire qu’elle peut en faire faire un double…

– Attendez, j’ai une meilleure idée, reposez-vous, je reviens dans un quart d’heure.

Il s’apprête à lui effectuer quelques emplettes, quand il se dit qu’il pourrait peut-être faire autrement. Après tout cette fille doit être facile, puisqu’elle était prête à coucher avec lui pour de l’argent. Peut-être qu’avec quelques bons verres de rosé… Une occasion qu’il n’avait jamais rencontré, une occasion qu’il ne rencontrerait peut-être jamais plus… mais Duvallès avons-nous dit, est un éternel méfiant ! Il va pour remonter l’escalier mais ne le fait pas.

« Inutile de lui demander si elle accepterait que je dîne avec elle, elle n’est pas en position de pouvoir refuser ! »

Dans le hall, il possède une boite aux lettres, elle ne lui sert à rien et d’ailleurs son nom n’y est pas indiqué, mais il en a la clé. Il l’ouvre et y dépose ses cartes bancaires ainsi qu’une partie du liquide de son portefeuille. Il dissimule ensuite la clé derrière un tuyau.

Il achète du dessert, du fromage, du pain et du vin. Les pizzas il les commandera par téléphone. Il achète aussi une petite bombe lacrymogène, on n’est jamais trop prudent. Ensuite il téléphone à sa femme et lui explique qu’il faut qu’il se rende d’urgence à Londres…

Pendant ce temps, Parma se demande quand et comment elle va pouvoir arrêter ce cirque ! Une petite inspection dans la garçonnière ne lui apprend pas grand-chose sur le bonhomme. Une dizaine de romans de gare, des C.D. qui ne la branchent vraiment pas, quelques DVD sans doute pornos extraits de leurs étuis d’origine.

– Je ne vais pas vous laisser seule dans l’état où vous êtes, on va manger ensemble, j’ai acheté quelques bricoles et on va commander des pizzas.

« La situation évolue », se dit Parma. Un repas peut changer beaucoup de choses. Le souci, ce sera la suite. « Bon on va d’abord le chauffer ! »

– Je prendrais bien une douche avant ! Dit-elle. Ça ne vous dérange pas ?
– Pas du tout. Allez-y ! Ah ! Je n’ai qu’un peignoir…
– Une grande serviette fera très bien l’affaire.

Dix minutes plus tard, elle apparaissait le corps enveloppé de la serviette volontairement mal attachée.

Elle tomba, Parma la ramassa et se recouvrit. La scène n’avait duré que 20 secondes, mais restait gravé dans la pupille de Duvallès.

– Vous êtes très joueuse !
– Pourquoi dites-vous ça ?
– Parce que vous l’avez fait exprès.

« Merde, trop fort, ce mec ! »

– Vous vous trompez !
– Si c’est un jeu, on peut y jouer à deux ! Répliqua Duvallès.
– Quelles sont les règles ?
– Je n’en sais rien, c’est votre jeu pas le mien, mais j’en connais la finalité : vous voulez coucher avec moi ?
– En voilà une idée !
– Et comme je suppose que ce n’est pas pour mon physique, je suppose que c’est pour de l’argent. Autant que vous sachiez que j’en assez peu sur moi, d’autant que je viens de faire les courses quand à ma carte bancaire, elle s’est bloqué dans un distributeur et je la récupérerai que demain.
– Ça alors, c’est pas de bol ! Se moqua Parma. Je croyais vous avoir dit que votre argent ne m’intéressait plus… Sauf si vous insistez bien entendu.
– Alors répondez-moi, vous jouer à quoi ?
– Je ne vais pas tarder à vous le dire, mais de votre côté, répondez-moi franchement, ça vous plaît ?

Et pour la deuxième fois, Parma fit tomber sa serviette, mais cette fois ne la ramassa pas. Duvallès aurait bien voulu contenir son trouble, mais que voulez-vous les lois de la bandaison sont souvent plus fortes que ceux de la raison.

– Vous voulez quoi ? Bredouilla-t-il.
– Du sexe ! Répondit-elle tout en s’approchant de lui.

Et quand elle lui posa la main sur la braguette, il resta tétanisé pendant que sa bite n’en finissait pas de durcir.

– Je, je… bredouilla-t-il.
– Quoi « je, je » ? La vie est courte, personne n’en saura rien.
– Il est où le piège ?
– Y’en a pas. Ma journée a été éprouvante, il faut que je me calme. Le sexe est un excellent antidépresseur. Je pourrais me débrouiller toute seule, remarquez-bien, mais puisque j’ai un homme sous la main…
– Je n’y crois pas !
– Votre bite dit le contraire ! J’aimerais que vous me léchiez le minou, c’est tout ce que je vous demande. Si après cela vous avez envie que je vous soulage, je le ferais bien volontiers, mais seulement si vous me le demandez. Je me mets sur le canapé là ?

Et voilà notre Duvallès au pied du mur, il n’a aucune expérience en la matière, il n’a jamais tenu de statistiques, mais des broutages de minou, il n’en a probablement pas effectué dix dans sa vie. Pourtant il ne veut pas la décevoir et commence à lécher. Le contact de ces chairs lui plaît mais il fait un peu n’importe quoi,

Parma se demande si elle doit simuler ? Faire des petits soupirs n’engage à rien, mais elle a compris qu’elle avait affaire un type intelligent alors elle joue une autre carte, bien plus efficace, elle le déniaise.

– Un petit peu plus haut ta langue…, non plus haut…, voilà reste sur le clito…, va un peu plus vite…

La carte était bonne, Duvallès est content qu’elle le guide, ce petit clito que la position l’empêche de voir se dresse maintenant sous sa langue, Parma sent le plaisir monter, elle mouille, elle tressaute.

– C’est bon, vas-y, vas-y !

Et la voilà qu’elle éclate. Bruyamment.

– Viens prend moi, maintenant.

L’homme est prêt, petite réticence quand même.

– Je n’ai pas de … de…
– De capote ?

Elle failli répondre que elle, elle en avait une boite toute neuve dans son sac, mais réalise que le scénario de la fille qui s’en va de chez son mec sans un rond mais avec des capotes dans le sac à main, ça ne fait pas très sérieux.

– Tant pis, je vais te sucer, ne me jouis pas dans la bouche, mais quand tu seras prêt à venir tu pourras m’arroser les seins.

Et sans lui laisser le temps de répondre, elle s’empara sa bite et commença à lui prodiguer une fellation d’enfer. Jamais on ne l’avait sucé comme ça, sa femme l’avait un peu sucé au début de leur mariage, parce qu’elle se voulait une « femme moderne » et qu’une femme moderne, ça suce, mais elle se débrouillait si mal qu’il finit par ne plus lui demander. Mais aujourd’hui c’était l’extase et cette langue qui tourbillonnait comme une abeille sur l’extrémité de son gland lui apportait des frissons inconnus. Bientôt la bite fut agitée de soubresauts.

– Je… je…

Mais Parma avait compris, la main remplace la bouche, et bientôt plusieurs giclées de sperme vinrent atterrir sur la splendide poitrine de la brune.

Parma savait comme il était important de gérer cet instant, elle colla sa bouche sur celle de Duvallès et ils s’embrassèrent avec fougue pendant de longues minutes.

– Tout va bien ? Lui demanda-t-elle simplement.
– Oui, je me demande si je ne suis pas en train de rêver !
– Non, non tu ne rêves pas, d’ailleurs j’ai faim et je mangerais bien un petit truc.
– Je vais commander les pizzas.

Ils mangèrent sans se presser. Elle fit le choix de le laisser parler, cela lui évitait de le faire et lui permettait d’en apprendre plus sur le bonhomme.

Duvallès était un solitaire, il n’avait pas d’amis, limitait les fréquentations familiales au strict minimum et s’efforçait autant que possible de refuser les repas d’affaires.

Il s’était marié avec l’amie d’une cousine toute contente de quitter son bocage vendéen. Mignonnette mais peu évoluée, malgré un souci de « bien faire » elle se révéla vite ennuyeuse. Ses éclats disparurent dès la première grossesse noyés dans quarante kilos de surpoids. Et plus elle devenait laide, plus elle devenait jalouse.

Les « déplacements » de son mari l’intriguaient, mais elle ne commença à s’en inquiéter qu’un jour où celui-ci était prétendument à Lyon. Par erreur (à moins qu’il s’agissait d’un acte manqué) elle lui téléphona sur la ligne fixe de l’entreprise et non pas sur le portable et tomba sur lui. Duvallès se confondit alors en explications aussi embrouillées qu’improbables. Elle engagea alors un détective privé, lui demandant d’agir dès son prochain déplacement.

Celui-ci eut tôt fait de découvrir la garçonnière, mais ne put que constater que personne ne venait la partager. Le cas de figure existait, certains hommes s’offraient des garçonnières afin de concrétiser divers fantasmes solitaires : auto-masochisme, travestissement voire galipettes avec des poupées gonflables. Le détective ne chercha pas à approfondir, Madame Duvallès ne lui ayant pas demandé.

Pour le faux déplacement suivant dont il eut à s’occuper, il ne trouva rien d’autre, aussi c’est avec peu d’empressement qu’il accepta une troisième investigation.

– Si ! Il se passe forcément quelque chose, ce déplacement à Londres arrive comme un cheveu sur la soupe. Insista Madame Duvallès.

Quand le détective arriva sur place, il entendit des bruits de conversation dans le studio. Il brancha sa caméra bracelet, frappa et s’excusa après qu’on lui ait ouvert. Mission accomplie !

Parma écoutait son interlocuteur, ne l’interrompant que pour le relancer avec le plus beau de ses sourires. Duvallès, complètement subjugué semblait intarissable, lui qui n’avait jamais raconté sa vie à personne. Elle tentait de chercher la faille dans la carapace du bonhomme. Elle ignorait à ce moment-là que celle-ci était déjà percée. L’homme était atteint du syndrome du plumard, celui qui rend forcement amoureux de la personne avec qui on vient de coucher.

Parma s’était inventé une vie fictive d’une banalité affligeante, et quand elle parlait de son prétendu mariage raté, elle jouait les pleurnicheuses, ce qui mettait un terme à ses confidences.

Duvallès n’osa pas lui parler de l’éventuel programme du lendemain, ce qui lui arrivait étant déjà assez exceptionnel. Il était toutefois lucide et ne se faisait que peu d’illusions.

Mardi 14 janvier

Parma a passé une nuit épouvantable, Duvallès a ronflé comme un moteur d’hélicoptère et s’est collé à elle comme une sangsue. Vers 6 heures, il se lève, Parma fait semblant de dormir, elle l’entend remuer dans la salle de bain, puis s’habiller, puis sortir.

« Sortir ? Mais pourquoi faire ? »

Elle a trop sommeil pour chercher à comprendre et s’endort dans le calme enfin revenu… Pas longtemps…

– Paméla !

 » Qui c’est Paméla ? Ah, oui, le prénom que je lui ai donné. Il ne peut pas me laisser dormir ce con ? »

– Il est 7 heures et demi, il va falloir que j’y aille !
– Ah bon ?
– Bien dormi ?
– Comme un loir ! Mentit-elle.
– J’ai acheté des croissants !
– T’es un amour !

« Tu parles d’un amour ! Qu’est-ce qu’il faut pas aller raconter ! Fais chier avec ses croissants, Et ma ligne alors ?

Après que Parma eut pris sa douche, ils prirent leur petit déjeuner l’un en face de l’autre et Parma baillait comme une baleine.

– Quelle qu’en soit la suite, je garderais un souvenir inoubliable de cette soirée ! Déclara doctement Duvallès.

Il fallait que Parma reprenne son jeu :

– T’es sympa, t’as une bonne bouille.

Compliment d’une banalité affligeante, mais il flatte l’ego de l’homme.

– Je suppose qu’on ne se reverra pas ! Murmure-t-il tristement.

Parma répond par un geste d’impuissance sensé signifier qu’elle n’en sait rien du tout.

– Tant pis ! Soupire Duvallès.
– En fait je vais te dire : je n’en sais rien. Je pourrais te remercier de m’avoir hébergé et te dire adieu, et ce serait fini, mais peut-être qu’on se reverra, je ne peux rien promettre.

Et Duvallès se raccroche à cet espoir, c’était le but de la manœuvre.

– Tu vas faire quoi aujourd’hui ? Demande-t-il
– Je vais essayer de contacter une copine, j’aurais dû le faire hier, mais j’étais trop en galère.
– T’as besoin de sous ?
– Non, non, ne te crois pas obligé !
– Tiens, c’est tout ce qui me reste, faut que je passe à ma banque. Dit-il en lui tendant un billet de 50.

« 50 euros pour la nuit, il se fout de ma gueule l »

– Tu me donnes ton numéro ? Demanda-t-elle.

Le cœur de Duvallès se remplit d’un nouvel espoir fou.

Ils se quittèrent en bas de l’immeuble, d’un chaste baiser, Duvallès n’osant pas solliciter la bouche de la jolie brune.

Il gagna son bureau le cœur léger et passa la matinée ainsi. A midi il téléphone à sa femme afin de l’informer qu’il est rentré de son « déplacement ». Ça ne répond pas, il laisse un message.

A suivre

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6 réponses à Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 18 – Eric Duvallès par Maud-Anne Amaro

  1. Rodrigo dit :

    Mais elle n’arrete pas de rebondir cette histoire toujours aussi passionnante !

  2. Stablinski dit :

    Tout cela est formidablement écrit ! J’ai adoré

  3. Bureau dit :

    Intéressant, excitant et parfaitement illustrée de jolies photos

  4. Jenner dit :

    Génial, un grand moment de littérature érotique

  5. Muller dit :

    on sent que Chanette connît bien es arcanes du métier et ça rend le récit d’autant plus excitant

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