Pourquoi cette loi ?
La motivation officielle : Il s’agirait en pénalisant le client, de diminuer la demande et en conséquence de décourager le trafic d’êtres humains.
Nous verrons que cette démarche est illusoire, dangereuse et liberticide, les arguments ne manquent pas et nous les évoquerons, mais les partisans de la loi s’en foutent complètement et refusent de les écouter, car la vraie motivation est ailleurs.
La motivation idéologique : La ministre Najaud-Belkacem n’a pu s’empêcher de le clamer : elle veut abolir (abolir ! Le même mot que pour l’esclavage) la prostitution.
Or il s’agit là d’une position idéologique. La prostitution est un échange sexe contre argent (ou autre avantage) et point barre. La traite d’êtres humains et le proxénétisme violent est un autre sujet. On confond donc dès le départ (mais cette confusion est volontaire de la part des partisans du projet) une activité (la prostitution) et les conditions dans lesquelles s’exerce l’activité (prostitution forcée ou volontaire).
Est-ce parce qu’il y a des ateliers clandestins de couture employant des gosses qu’il faut pour cela interdire la couture (ou punir les acheteurs) ?
On nous explique aussi que cette loi s’inscrit dans un souci de parfaire l’égalité hommes-femmes. Ah, bon ? Comme si la prostitution masculine n’existait pas, qu’elle soit, homosexuelle, transsexuelle, bisexuelle ou hétéro ? Marginale, nous répond-on, en évacuant l’argument. Faux, minoritaire mais certainement pas marginale.
On nous explique encore qu’il s’agit de faire cesser une expression intolérable de la violence faite aux femmes ! Voilà qui mérite d’être examiné d’un peu plus près. Déjà cette assertion est floue, car encore une fois on ne fait pas le distingo entre prostitution forcée et prostitution volontaire. Mais allons plus loin :
Affirmons en préalable qu’il est évident que nous condamnons sans ambiguïté toute prostitution forcée. Qu’il nous semble également évident que la police et la justice se devraient de renouveler d’efforts pour poursuivre et démanteler les réseaux de traite des êtres humains.
Cela affirmé, il n’en reste pas moins qu’on aurait grand tort de poser comme équation simpliste : proxénétisme=traite et violence. Or la loi française ne fait pas la différence entre un maquereau qui va obliger une fille à se prostituer par chantage ou menaces physiques, et la personne que la prostituée va payer afin qu’elle assure sa protection.
En fait de la part des rédacteurs de la loi, la violence dont il est question serait aussi celle des clients.
Une prostituée libre choisit ses clients et ses pratiques. Et il est des clients de toutes sortes (comme c’est le cas pour n’importe quelle prestation) mais les comportements violents sont rares. Rares mais ils existent. Une personne prostituée n’est jamais à l’abri d’un fou furieux, et hélas les meurtres de prostituées, ça arrive et la presse s’en fait l’écho. Mais cette violence là pourrait facilement être contenue si on accordait à la prostituée les moyens (qui restent à définir) de se protéger. Doit-on rappeler cet épisode navrant qui date de 4 ou 5 ans, où un videur rétribué par les filles, qui prévint la police suite à l’agression de l’une d’entre-elles, fut poursuivi pour proxénétisme ? Cette violence ce sont les lois anti-prostitution qui la créent ! Et cette nouvelle loi qui rendra l’activité clandestine, veut-on vraiment nous faire croire qu’elle va la supprimer ? Bien au contraire.
Non, pour les rédacteurs de la loi, il s’agit d’une posture idéologique : Faut-il rappeler que ce courant ultra-féministe incarné par Najaud-Belkacem et qui a noyauté la plupart des formations de gauche sur les droits des femmes s’inspire des pires théoriciennes de ce courant, à l’instar d’Andréa Dworkin dont le programme consistait en toute simplicité à châtrer tous les hommes, et qui entre autres aphorismes déclarait « un philosophe est-il encore un philosophe quand il bande ? » Derrière l’apparente idiotie de ces propos se cache un raisonnement particulièrement tordu : « l’homme est quasi constamment prisonnier de ses pulsions sexuelles, lesquelles infirment son comportement et son raisonnement. »
Pour ces femmes l’homme est toujours coupable, la femme toujours victime.
Acheter un « service sexuel » est pour ces dames une aberration « qu’il convient d’abolir » suivant les termes même de Madame Najaud-Belkacem, parce que c’est du machisme, de la domination masculine, de la violence.
Au lieu de déblatérer dans le vide en ne s’appuyant que sur des sociologues, des associations et des « témoignages » qui vont dans leur sens, les rapporteurs de loi auraient dû s’enfermer dans un placard à œilleton d’une prostituée libre et aurait curieusement remarqué que :
– la fille n’accepte que ce qu’il lui plaît de faire et ne saurait s’imposer des pratiques qui ne lui conviennent pas.
– que la relation client-prostituée se déroule la plupart du temps de façon très correcte et respectueuse.
– que certains clients sont des clients réguliers et qu’il s’instaure entre les deux parties une complicité qui va bien plus loin que la prestation sexuelle.
– Que les clients viennent aussi pour parler.
– et que surtout dans tous les cas, c’est la fille qui mène la barque, jamais le client.
Et puis qu’on nous explique où est l’expression de la domination masculine chez une masseuse érotique ou mieux encore dans le donjon d’un dominatrice professionnelle !
Allez expliquer ça aux ultra-féministes, elles refuseront de vous écouter et si par miracle elles le font ce n’est que pour rétorquer « c’est sans doute une exception » ou pire « le prétendu confort d’une infime minorité ne saurait masquer la détresse de la majorité des prostituées ».
En fait pour eux la parole d’un client ne vaut rien parce que c’est un homme, ce qu’il dit n’a pas valeur d’argument mais de tentative de justification. Comment voulez-vous discuter ?
Et la parole de la pute alors ? Alors, là, c’est fabuleux, quand elle est malheureuse son témoignage est mis en avant, quand elle assume, sa parole ne vaut plus rien : « on n’écoute pas une esclave contente de son sort ».
Esclave ? Une esclave libre du choix de ses pratiques, de ses clients et de son emploi du temps ! En voilà une curieuse définition de l’esclavage.
Une prostituée satisfaite de son sort constitue pour les féministes une aliénation à l’expression suprême du machisme, donc une aberration : c’est une victime, et d’ailleurs ce qu’elle dit est faux, elle ment et vit une grande souffrance.
On ne l’écoute pas mais on sait ce qu’elle pense au fond d’elle-même, c’est pas beau, ça ? C’est n’est rien d’autre que de la victimisation idéologique
On a donc une loi où les principales intéressées n’ont pas eu droit à la parole !
Et le consentement qu’en disent-elles ? Elles le nient ! « On ne consent pas à se prostituer, il y a toujours contrainte, si ce n’est la contrainte des proxénètes, c’est la contrainte financière, le besoin d’argent, la misère ! Certes la contrainte financière existe, mais elle ne se limite pas à la prostitution. Nous vivons dans une société où il faut bien travailler pour vivre et je ne vois pas en quoi certains métiers seraient plus contraignants que d’autres ! L’homme des cavernes aussi avait des contraintes, il devait se débrouiller pour trouver à bouffer et protéger sa compagne qui s’occupait des gosses !
Le schéma de pensée des rédacteurs de la loi est réducteur : d’un côté les clients (tous des salauds) de l’autre les putes (toutes victimes). Avec une telle réduction on en arrive à émettre des absurdités. D’un côté on nous dit qu’il faut déstigmatiser les prostituées, de l’autre côté non seulement on ne touche pas à toute la partie de l’arsenal anti-prostitution qui assimile toute personne qui aide une prostituée à faire son métier à un proxénète violent, mais on aggrave sa situation en rendant le client délinquant et en enfermant la prostitution dans la clandestinité.
Nous n’abordons pas ici les arguments et contre-arguments de type moraliste, d’abord parce que toute morale est hypocrite, mais surtout, et c’est sans doute le point essentiel : L’état n’a pas vocation à intervenir dans le domaine privé à partir du moment où il y a consentement entre les individus concernés.
Alors nos rédacteurs font le grand écart : ils nient le consentement, déresponsabilisent les prostituées effectuant librement leur activité et minimisent leur nombre.
Vouloir abolir la prostitution est un fantasme idéologique. L’échange sexe contre avantage revêt des formes multiples, et Victor Hugo disait déjà qu’il ne voyait pas bien la différence entre un mariage d’argent et la prostitution. C’est ce que disaient aussi les féministes en Mai 1968. Elles ont bien changé…
Les conséquences de la loi :
Dans les faits elle est inapplicable. On ne va mettre un flic derrière chaque fille ! Qui va se charger de cette répression alors que la police est en sous-effectif ? Quant à confier cette mission à la brigade de répression du proxénétisme ce serait au détriment de sa véritable vocation : poursuivre les réseaux.
Mais qu’on ne se fasse pas d’illusion : la peur psychologique sera créée, quelques arrestations bien médiatisées auront lieu dans les premières semaines d’application. La prostitution sera clandestine, aggravant les risques pour les prostituées. Ceux qui ont le plus besoin des prostituées, je pense aux handicapés, aux personnes ayant un physique difficile… seront invités à se branler, tandis que du côté des hauts revenus tout continuera comme avant ! (pas mal pour un gouvernement qui se voudrait « socialiste » !)
Et face à cet argument sur l’aggravation de la précarité des prostituées que répondent les tenants du projet ? Qu’il s’agit là « des arguments du lobby du proxénétisme » ! Rien que ça ! Quand la déconsidération de l’adversaire tient lieu d’argument c’est très grave.
Quant au volet d’accompagnement, prévoyant des structures d’hébergement et des propositions d’emploi pour « sortir de la prostitution », on est en plein délire idéologique et en pleine hypocrisie. Rappelons qu’en 1946 lors de l’application de la loi Marthe Richard, le volet social analogue à celui-ci a tourné au fiasco.
Cette loi ne réglera rien ! Croit-on vraiment qu’on va lutter contre les réseaux en infligeant une amende démesurée à une personne rendant visite à une call-girl qui n’ a pas aucun souteneur ? Certainement pas ! Les ultra-féministes auront simplement remporté une victoire idéologique dans un débat dans lequel on a tout mélangé et où les intéressées n’auront pas été écoutées.
Bonjour, entièrement d’accord, il est impossible d’avancer avec des gens dogmatiques.
De plus c’est une atteinte insupportable aux libertés individuelles.
P.