6 – L’expérience interdite
Résumé des chapitres précédents : Après la mort de Jean Laurillac, ses anciens amis se déchirent pour tenter d’obtenir ses cahiers sur lesquels il notait l’avancée de la fabrication d’un gaz de soumission. Après qu’Enguebert eut poignardé l’abbé Tilleul, Damien tente de retrouver sa trace, Geneviève Baur se fait humilier par Linda avant que celle-ci réponde favorablement à Grandbillard qui souhaite l’embaucher comme soubrette. Pas simple tout ça !
Il est 17 heures, Geneviève Baur est fébrile. Son plan est prêt. Elle va gagner car elle sait que c’est elle la meilleure du groupe, même si Jean Laurillac ne l’a jamais admis.
« Ces abrutis sont toujours en train de se bagarrer pour ces satanés cahiers » se dit-elle « alors que la seule chose intéressante qu’ils contiennent, ce sont ces deux dernières pages que j’ai arrachées quand je suis venue m’incliner devant la dépouille de Laurillac. »
Ensuite, elle s’était bien amusée, allant même raconter qu’elle avait été victime d’un cambriolage, alors qu’on la dérangeait en pleine séance de baise. Puis elle avait sollicité le concours du professeur Martinov, qui avait refusé de l’aider. Elle devrait donc se passer des améliorations techniques qu’elle aurait souhaitées.
Flash-back (samedi 29 octobre)
Geneviève au volant de sa voiture se demande si elle a fait le bon choix en proposant à ce gigolo de l’assister dans cette opération hasardeuse et le soupçonne de n’avoir accepté qu’en raison de la belle enveloppe promise.
Sur la route, un jeune homme en sac à dos fait du stop, le genre biquet, très fin, petit polo rose, cheveux dans le cou.
– Encore une tantouze ! Ne put s’empêcher de commenter Geneviève dont l’esprit était loin d’être aussi large que sa chatte.
– Il est mignon, je trouve ! Réplica, le gigolo qui se prénommait Gaétan.
– Il fait quoi ? Il fait du stop ou il tapine ?
– Ce n’est pas incompatible ! Fit remarquer Gaétan, qui avait l’air de bien connaître la question.
– Il t’intéresse ?
– Je suis en mains avec vous, je ne peux pas être partout !
– Donc il t’intéresse ! On est en avance, on peut s’amuser !
Geneviève tourna à droite, puis encore deux fois à droite, elle se retrouva de nouveau derrière le biquet et stoppa à sa hauteur.
– Vous allez où ?
– Saint Germain !
– Je peux vous rapprocher.
Le jeune homme jeta un air circonspect dans la voiture. Gaétan lui fit un clin d’œil fort explicite.
– D’accord, j’adore les rapprochements ! Dit-il en montant à l’arrière.
– Vous proposez quoi ? demanda Geneviève.
– Je peux être passif ou actif, je vais avec les hommes, les femmes, les couples, j’accepte beaucoup de choses sauf la violence.
– Au moins c’est clair ! Vous connaissez un coin ?
– Oui, mais il est d’usage de payer avant.
– Qu’est-ce qu’on perd comme temps en formalités, râla Geneviève en lui tendant quelques billets. C’est assez ?
– C’est même fort généreux. !
Un coin ? Il en connaissait un et les y guida. Norbert, puisqu’il s’appelait ainsi, sortit de son sac un drap, qu’il étendit sur le sol.
– Voilà, je suis à votre disposition ! Je me déshabille, je suppose ?
– Tu supposes très bien ! Montre-nous comment tu es foutu !
Ce n’est pas le corps frêle et peu musclé de Norbert qui excitait Geneviève. Le physique de ce gars-là était aux antipodes de ses choix masculins, plus axés vers le genre chippendale. Non ! Ce qui l’émoustillait c’est la perspective de voir les deux garçons faire des trucs ensemble. Elle adorait regarder faire ce genre de choses.
– Vas-y Gaétan suce-le, suce lui sa bonne bite !
– Elle est belle !
– Je ne t’ai pas demandé de me dire si elle était belle, je t’ai demande de la sucer !
– Oh, pardon ! Gloup ! Dit-il en engloutissant la queue de Norbert.
Le fait est que Gaétan se régalait de cette fellation champêtre, faisant coulisser la bite, devenue rapidement bien raide et bien grosse, en d’incessants va-et-vient. Il finit par lâcher prise un moment et se recula. Ce joli gland couleur de framboise où perlaient quelques impertinentes gouttelettes le narguait.
– Voulez-vous goûter, Geneviève ? Elle est délicieuse.
Geneviève assise sur une souche, pantalon et culotte baissés, se paluchait la minouche en regardant le spectacle. Elle décida de rester passive, du moins pour l’instant.
– Maintenant que tu l’as bien sucé, j’aimerais bien te voir en train de te faire enculer !
– Ce n’est pas un problème, j’adore ça ! Répondit Gaétan en se débarrassant de ses vêtements.
Norbert s’encapota et fit se positionner Gaétan dans la posture adéquate avant de le pénétrer et de le positionner comme il se doit. Quelques minutes après, Norbert jouissait dans sa capote, après avoir fait hurler son giton. Geneviève ne tarda pas à le suivre au septième ciel et resta sur sa souche un bon moment, épuisée.
Les deux garçons se demandaient si une suite était prévue. Ils virent alors non sans une certaine inquiétude, Geneviève couper quelques badines souples et les réunir en faisceau.
– Amène ton cul, Gaétan !
– Pas trop fort !
Elle ne répond pas et lui cingle les fesses.
– Tiens, enculé, tiens pédé, tu n’es bon qu’à sucer des bites !
– C’est un peu fort !
– C’est peut-être fort, mais ce n’est pas fini !
Le jeune homme prit sur lui pour encaisser quelques coups supplémentaires, puis Geneviève estimant que les fesses du gigolo étaient assez rouges, et surtout qu’elle était de nouveau prête pour un tour gratuit, jeta ses badines au sol, se coucha sur le drap, cuisses écartées.
– Viens me prendre ! Vite !
Gaétan accepta l’invitation, malgré l’absence totale d’attirance sexuelle qu’il éprouvait à l’égard de Geneviève, mais que voulez-vous c’était son métier. Il la besogna énergiquement, puis quand elle se retourna afin qu’il puisse l’enculer, il redoubla d’énergie.
Geneviève jouit de nouveau mais moins bruyamment. Un coup d’œil à sa montre, il est temps de passer à d’autres divertissements mais avant il lui faut satisfaire une grosse envie de pipi.
Sans aucune pudeur, elle se met à pisser devant les garçons !
– Oh, que c’est beau, croit devoir affirmer Norbert !
– Espèce de pervers !
– Pervers ? Mais absolument !
A 18 heures 30, Geneviève Baur mal à l’aise avec ses lunettes provisoires, gare sa voiture à une vingtaine de mètres de la maison bourgeoise du professeur Martinov.
– C’est là, il y a de la lumière. J’espère qu’il est seul ! Tu as bien les instructions dans la tête, Gaétan ?
– Oui, madame !
– Alors répète !
– Pas de soucis, vous pouvez avoir confiance.
– J’ai dit : « répète » !
– Bon, je sonne, on entre en force, j’attache le type sur une chaise pendant que vous le tenez en respect, on le bâillonne. Vous faites ce que vous avez à faire, puis je libère les mains du type, mais juste les mains et on se casse !
– Et pourquoi juste les mains ?
– Hé, hé, le temps qu’il se libère les pieds, on sera loin, vous pouvez avoir confiance, je m’y connais en nœuds !
– Bon, essaye d’écouter s’il est seul. Il n’y a qu’une lumière d’allumée mais il y a peut-être d’autres pièces derrière, regarde si on peut contourner la baraque. Vas-y, moi je prépare ma cagoule et je te rejoins.
– L’arrière de la maison n’a pas l’air accessible, sinon je n’entends aucun bruit ! Indiqua Gaétan quelques minutes plus tard.
– Rien du tout ! Même pas la télé ?
– Non j’entends rien !
– Bon, on prend le risque, je n’ai pas envie de revenir demain. Si toutefois il n’est pas seul, tu sais ce qu’il faut faire ?
– Oui : s’ils sont deux, on fait avec, s’ils sont plus on bat en retraite…
– Allez, on y va ! Oh, une lumière qui s’allume ! Ah, une autre qui s’éteint ! Et tout est éteint maintenant ! Qu’est-ce qu’il fabrique ? Il ne va pas se coucher quand même ?
A 18 h 45, le professeur Martinov sort de chez lui. Il tient à main un sac en plastique. Il tourne à droite et disparaît.
– Voilà une situation qui n’a pas été prévue ! Remarqua Geneviève. Il est sorti avec un sac en plastique, il doit être invité chez quelqu’un. On change de plan, on fracture la porte !
– Fracturer la porte… Avec quoi ?
– Avec quoi on fracture une porte, d’après toi ?
– Un pied de biche, une perceuse ? On n’a rien de tout ça !
– On va l’acheter et on revient !
– Mais où ça ?
– Tss ! Tss ! Il y a un grand centre commercial à côté de Versailles, on y sera en 5 minutes. Allez, en voiture !
– Vous voulez vraiment qu’on fracture la porte ?
– Oui !
– Mais si on se fait repérer ? Et puis sa porte est peut-être blindée ?
Geneviève s’en alla examiner la porte.
– M’étonnerait qu’elle soit blindée, c’est une serrure à l’ancienne. En trois minutes ça va s’ouvrir !
Effectivement l’ouverture fut rapide et l’aurait sans doute été davantage si le Gaétan n’avait pas été vert de trouille pendant l’opération. Mais toujours est-il qu’à 19 heures 30, ils étaient dans la place.
– On commence par le haut ! Indiqua-t-elle en découvrant l’escalier de bois.
Le premier étage est occupé par deux pièces : un débarras que Geneviève Baur referme aussitôt (ce qu’elle cherche n’ayant aucune raison d’être là) ; L’autre c’est la chambre à coucher. Elle ouvre le tiroir du chevet, y découvre un godemichet très réaliste, le genre d’objet qu’elle n’a jamais osé acheter, même par correspondance. Allez hop, dans le sac ! Ce soir elle s’amusera avec !
Ils redescendent et Geneviève localisa facilement le laboratoire, où un coin semblait spécialement dédié aux travaux de chimie ; a priori il n’y avait qu’une expérience en cours : une sorte de mousse, qui ne l’inspira pas. Elle farfouilla dans les bocaux, les examina un par un sans les remettre en place, mais ne trouva rien qui pouvait ressembler aux produits nécessaires à la fabrication du produit miracle de Jean Laurillac. La seconde partie du labo ressemblait de loin à un établi de bricolage. Elle se demanda quelles pouvaient bien être les fonctions de certains dispositifs bizarres, mais ne trouva rien qui pouvait ressembler à un mélangeur portatif.
Restait l’armoire, où au milieu d’une multitude d’objets hétéroclites s’empilait les dossiers des clients. Elle les consulta et tomba sur celui de Grandbillard ! Il était composé de plusieurs pages, toutes écrites par ce dernier et accompagnées de schémas et de croquis.
« Voilà pourquoi Martinov n’a pas voulu faire affaire avec moi ! Mario m’a devancé, mais pourquoi sa commande n’a même pas été entamée ? »
Persuadée alors qu’elle ne trouverait rien de plus, elle donna à Gaétan le signal du départ en embarquant le dossier.
Fin du flash-back
Son initiative permettrait-elle de retarder l’exécution du contrat de Mario Grandbillard ? Elle n’en était nullement persuadée. Que faire alors ? Il n’était pas question de revisiter le laboratoire de Martinov une seconde fois. Aller récupérer le dispositif chez Mario, une fois qu’il serait en sa possession ? Pourquoi pas ? Mais la situation s’était compliquée… Tilleul et Enguebert étant éliminés, Damien ayant (heureusement pour elle) d’autres priorités, Mario restait son unique rival. Il finirait bien par se procurer ces fameux cahiers et s’apercevrait qu’il manquait des pages au dernier opus. Mais elle avait l’énorme et décisif avantage sur lui de les avoir en sa possession, ces fameuses dernières feuilles !
« Jean Laurillac exagérait, bien sûr ! » se dit-elle « quand il clamait devant sa bande d’admirateurs béats que son produit, pour peu qu’il soit amélioré, lui permettrait de devenir maître du monde. Mais les autres prenaient ça au premier degré, s’imaginant qu’on pouvait d’un coup de brumisateur se diriger tout droit vers un coup d’état victorieux.
Non, Geneviève Baur n’avait pas ce genre d’ambition. Mais un cobaye bien dressé, intoxiqué au gaz de soumission et interchangeable pourrait lui permettre de réaliser ses rêves les plus inavouables, comme par exemple faire assassiner un certain nombre de personnalités qu’elle avait en horreur, mettre une panique monstrueuse dans le pays, créer un climat trouble et propice à l’arrivée au pouvoir de gens pour qui la démocratie n’avait rien d’une priorité !
« Pourquoi pas moi, après tout ? » se dit-elle en pleine crise de mégalomanie.
Une nouvelle fois, Geneviève Baur relut les pages arrachées au dernier cahier de Jean Laurillac :
» 5 septembre 2011 : Il m’est venu une idée : au lieu de m’acharner à améliorer le composant « C », pourquoi ne pas essayer d’améliorer le composant « B » ? Pourquoi ne pas essayer de l’acétylaminopharoxyde de phénilarsilate (2A2P) ? Je vais acheter ce qu’il faut demain.
6 septembre 2011 :
Test de stabilité du mélange composant A + 10 grammes de 2A2P dilué dans de l’eau distillée : stabilité 90 minutes.
Test avec 20 grammes de 2A2P : résultat identique.
Test avec 10 grammes sur souris : 10 heures 07 : exposition au gaz : 2 secondes, la souris parait groggy
15 heures : la souris ne s’est pas alimentée
22 heures : la souris ne s’est pas alimentée
7 septembre, 6 heures 15 : la souris s’est alimentée dans la nuit – pas d’effets secondaires visibles. L’effet a donc duré de 10 h 07, jusqu’à une partie de de la nuit.
15 heures : je refais la même expérience avec une autre souris (exposition = 3 secondes)
8 septembre : 6 heures 15 : la souris ne s’est pas alimentée de la nuit. 7 heures : rien à signaler, 8 heures RAS.
10 heures 30, la souris se met brusquement à tourner sur elle-même avant de se précipiter vers la mangeoire. L’effet a duré 19 heures. La solution est proche.
A midi, je gaze pendant 5 secondes l’un des chats de gouttière que nourrit Linda en plein milieu de son repas. Il a l’air abruti et arpente la pièce sans but précis. Je lui ordonne de manger : aucune réaction, même en lui mettant sa pâtée sous le nez. Je demande à Linda de lui ordonner de manger, il le fait. Elle lui ordonne après de grimper sur différents meubles : succès complet.
Linda me reproche de me servir d’un chat pour mes expériences. Le ton monte, elle ne m’a jamais parlé comme ça, j’aurais dû la renvoyer, mais j’y suis attaché !
« Attaché ! Bien sûr, cette salope l’a ensorcelé ! »
Je lui propose d’être mon prochain cobaye : elle accepte en échange de (un montant en euros est rendu illisible à cet endroit)
9 septembre, 9 heures 10, je gaze Linda 10 secondes, je lui ordonne de s’asseoir au bureau et de m’écrire 25 000 fois le mot « nervure ».
10 heures : Linda n’arrête pas d’écrire, elle m’a rempli une quinzaine de pages. Je lui demande combien de fois elle a écrit le mot, elle me répond immédiatement « 998 » ! Je place un repère sur la page, je vérifierai ultérieurement.
12 heures : Linda me dit en être à 3281 mots ! Cette capacité de mémoire imprévue est stupéfiante et pleine de promesses. Le plancher est mouillé sous sa chaise : Linda s’est uriné sur elle. Je lui ordonne de nettoyer tout ça ! Elle s’arrête d’écrire mais n’exécute pas l’ordre. J’ai compris : je ne suis pas assez précis dans mes ordres. « Arrête d’écrire, nettoie ton urine et vas te changer, et ensuite remets-toi à écrire ». Elle exécute la série d’ordres intégralement mais elle s’est changée complètement, ce qui n’était pas nécessaire. Encore un problème de précision des ordres.
13 heures : 4370 mots. Je lui demande de s’arrêter et de me rejoindre pour déjeuner. Elle ne prend aucune initiative, je la sers et lui dis de manger pour chaque plat, idem pour la boisson. Il faudra gérer tout ça.
14 heures : Arrêt des pages d’écriture. Ça ne sert plus à rien et elle va avoir des crampes.
« Et alors ? Ça aurait été intéressant de savoir comment elle aurait géré ses crampes ! »
J’ai demandé à Linda de se mettre en stand-by dans un fauteuil, je lui ai précisé qu’en cas d’envie de pipi, elle devrait aller aux toilettes, puis revenir.
17 heures 20 : Linda se lève, va aux toilettes et revient.
20 heures : Dîner comme à midi, puis stand-by.
10 septembre, 1 heure du matin, Linda s’est assoupie. Embêtant !
Je lutte contre le sommeil, je bois café sur café.
4 heures 27 : Linda se réveille en sursaut, elle se demande ce qu’elle fait ici, ne se souvient de rien.
Fin de l’expérience. Succès total !
« A moi de jouer maintenant ! Tiens, l’un de mes premiers jeux sera de démolir cette Linda ! Et après ce sera le tour de Damien de la Tournelle, ce petit con qui m’a humiliée en pleine rue !
A 18 heures tout est prêt, le produit « A » chauffé à 80° C, le produit « C » dans une petite bouteille et la dose nécessaire d’acétylaminopharoxyde de phénilarsilate dans une seringue. Le tout est déposé sur la table de chevet, recouvert d’une étoffe discrète.
– Allô, c’est Jérémie, je suis en bas de chez vous.
Un nouveau gigolo, recruté sur Internet, qu’elle n’a jamais vu, celui-ci, mais ce qu’il ignore c’est qu’il ne vient pas pour faire l’amour mais pour servir de cobaye…
– 2ème étage droite, la porte de l’appartement sera ouverte, mais comptez 5 minutes avant de monter, je ne suis pas tout à fait prête, le code pour en bas c’est le…
Geneviève a adopté ce « truc » de la porte d’appartement ouverte par discrétion. Ainsi les voisins n’entendent-ils ni sonner, ni frapper, ni surtout les premiers échanges de courtoisies qui pourraient être révélateurs.
Geneviève soulève l’étoffe, découvre les produits, ouvre la bouteille thermos contenant le produit « A » et, le cœur battant d’excitation y libère tout le contenu de la seringue de 2A2P.
Le mélange se met à bouillonner, Geneviève s’apprête à reboucher la bouteille thermos quand soudain…
Pchfouuuuuu !
Une épaisse fumée s’extrait du mélange et envahit la chambre, Geneviève n’y voit plus rien, elle tousse, et puis la voilà saisie de démangeaisons qui deviennent vite insupportables. Elle se gratte, se tortille, hurle de rage et de douleur.
Elle parvient à ouvrir la fenêtre de la chambre, mais il n’y voit toujours pas mieux !
Jérémie est entré. Intrigué par les cris et la fumée, il se dirige vers la chambre. Il a juste le temps d’apercevoir Geneviève Baur qui semble prise de convulsions.
– Qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il bêtement.
– Fous le camp, connard !
Il se recule en toussant, sort sur le palier, va pour appeler les secours avec son portable, mais y renonce ne souhaitant pas être identifié. Il tambourine à la porte d’en face et demande à la voisine d’appeler les secours avant de disparaître. Ces derniers furent diligents.
– Laurillac ! Ordure ! Tu savais que tu allais crever et t’as voulu nous supprimer tous, c’est cette putain de Linda qui t’as ensorcelé ! T’étais bien comme tous les mecs, incapable de réfléchir et de bander en même temps.
– Calmez-vous, madame on va vous faire une piqûre.
– Ne me touchez pas, foutez-moi le camp, je n’ai pas besoin de vous !
Finalement, et avec beaucoup de mal, elle eut sa piqûre, les démangeaisons devinrent supportables.
– On vous emmène aux urgences.
– C’est hors de question, j’ai encore le droit de crever toute seule chez moi si j’en ai envie !
On essaie de la raisonner. Peine perdue, elle ne veut rien savoir. Finalement on lui fait signer une décharge en lui conseillant vivement de se rendre le plus rapidement possible chez son médecin traitant.
Elle est de nouveau seule, anéantie physiquement et moralement. La fumée s’est évidemment dissipée, mais elle n’y voit presque plus. « Ça va passer ! » tente-t-elle de se rassurer.
Elle gagne un fauteuil et s’y affale. Tout son univers vient de s’écrouler d’un seul coup. Elle ne cesse de maudire Laurillac et Linda, imaginant mille et une manières de détruire cette dernière.
A 22 heures les démangeaisons reprennent. Elle se gratte de partout, se roule par terre de douleur et de rage. Elle se dit qu’elle a peut-être eu tort de ne pas aller aux urgences, d’autant que le lendemain est un jour férié. Elle cherche des anti-inflammatoires dans son armoire à pharmacie. Il n’y en a pas ou alors elle ne les voit pas. Reste l’alcool et repérer la bouteille de whisky n’est pas si difficile. Et hop, une bonne rasade à même le goulot ! Puis une seconde, puis une troisième. Elle finit par s’écrouler dans un fauteuil, ivre morte.
Mardi 1er novembre
Geneviève Baur émerge de son ivresse. Elle a passé la nuit dans le fauteuil. Les événements de la veille lui reviennent en mémoire. Les démangeaisons semblent avoir baissé d’intensité mais sa vue est toujours aussi déficiente. Elle se débarrasse des produits, vide les flacons puis les enfouit dans un sac poubelle. Elle cherche les feuilles du cahier de Jean Laurillac, elle va pour les déchirer en mille morceaux, mais se ravise au dernier moment !
Pourquoi Grandbillard serait-il le seul à sortir indemne de cette affaire ? Elle griffonne maladroitement un mot qu’elle joint aux feuilles du cahier, rédige une enveloppe à l’adresse de Mario Grandbillard, dégote non sans difficultés un timbre-poste puis s’habille. Dehors, tout est trouble, elle a un mal de chien à traverser la rue, à ce point qu’on lui propose de l’aide. Elle poste sa lettre puis se rend chez l’épicier du coin, où elle demande qu’on lui livre douze bouteilles de whisky.
Mercredi 2 novembre
Damien de la Tournelle attendit quelques jours pour consulter un nouveau relevé des factures carte bleue d’Enguebert. Celui-ci lui permit de localiser ce dernier à Montevideo ! Il se souvint qu’effectivement, il lui était arrivé d’évoquer la présence d’un cousin ou d’un beau-frère en Uruguay. Une nouvelle petite visite à l’appartement lui permit d’en découvrir l’adresse précise.
Damien envoya alors un message à Geneviève lui demandant de transmettre l’information à Mario Grandbillard…
… Ce qu’elle ne fit pas, étant incapable de le lire.
Jeudi 3 Novembre
A 10 heures, Linda est descendue relever le courrier de Mario Grandbillard. Il n’y a qu’une lettre dont l’enveloppe est écrite de travers, avec le timbre à l’envers.
Grandbillard décachette le pli, il ouvre !
– C’est pas possible ! C’est pas possible ! Balbutie-t-il.
– Une mauvaise nouvelle ?
– Non, une bonne, une très bonne, mais je n’arrive pas à y croire !
Et c’est à ce moment que le téléphone se met à sonner ! Oh, rien d’important, mais cela permet à Linda de jeter un coup d’œil indiscret au contenu du courrier que Mario a laissé sur la table.
Elle reconnaît les feuilles. Un mot est joint et semble avoir été écrit avec difficultés :
J’avais arraché les dernières feuilles du dernier cahier de Laurillac. Je n’en ai plus rien à foutre… si ça vous amuse… Geneviève Baur.
Laurillac revient rapidement.
– Monsieur Laurillac, détruisez cette lettre !
– Et pourquoi donc ? Et puis ne vous gênez surtout pas, lisez mon courrier…
– Je ne peux rien vous expliquer pour le moment, il faut d’abord que je vérifie quelque chose. Je vais le faire tout de suite mais promettez moi de ne pas tenir compte de cette lettre, du moins tant que je ne serais pas revenue.
– Non, mais je ne comprends rien à ce que vous dites, et vous allez où ? Rien n’est prêt pour midi !
– Il reste des lasagnes, vous les réchaufferez au micro-ondes si je ne suis pas rentrée à temps.
– C’est extraordinaire, ça ! Les domestiques font ce qu’ils veulent à présent !
Un peu avant 11 heures, Linda sonne en bas de l’immeuble de Geneviève Baur. Ça ne répond pas ! Mauvais signe, ça ! Elle sonne chez une voisine :
– Je vais chez Geneviève Baur ! Son interphone a l’air en panne.
– Je vous ouvre.
Arrivée au deuxième étage, une bourgeoise l’attend sur le palier.
– C’est vous qui allez chez Mademoiselle Baur ? Vous êtes de la famille ?
– Pourquoi cette question ?
– Parce qu’on commence à en avoir assez. Voilà trois nuits qu’elle se met à pousser des hurlements. On dirait qu’elle est devenue folle. Si ça continue on est décidé à appeler la police !
– Faites ce que vous voulez, ce n’est pas mon problème.
– Vous êtes qui, alors ?
– Si on vous le demande…
Linda tambourine à la porte de Geneviève. Au bout de cinq minutes, celle-ci finit par ouvrir. Ses yeux sont congestionnés, le visage est envahi de pustules dont la plupart ont été grattées jusqu’au sang. Vision de cauchemar. Linda en sait assez, elle peut repartir, mais semble paralysée par l’horreur.
– Vous voulez quoi ? Hurle Geneviève.
– Vous ne me reconnaissez pas ?
– Non, je vois plus rien !
Machinalement Linda est entrée dans l’appartement où règne un désordre inimaginable.
– Linda Gobert ! Vous êtes Linda Gobert ! La pute de Jean Laurillac ! Eructe soudain Geneviève ! Vous voyez que je ne suis pas bourrée !
– Vous devriez peut-être aller à l’hôpital ! Finit par dire Linda, histoire de dire quelque chose.
– A l’hôpital ? Pour quoi faire ? Et toi qu’est-ce que tu es venu foutre ici ? Espèce de grosse pute ! Tu l’as bien ensorcelé le père Laurillac, hein, c’est toi qui lui a dit de nous supprimer tous ?
– Bon, je vous laisse !
– Et Jérémie, qu’est-ce qu’il est devenu celui-là ?
– Je ne connais pas de Jérémie !
– Ce n’est pas ton complice ?
– Je ne connais pas de Jérémie !
– Lui aussi il a respiré du gaz, ce con !
– Hein, quelqu’un d’autre a respiré cette merde ?
– Un peu, oui !
– Donnez-moi ses coordonnées à ce type !
– Ça va pas, non ? Ce con, il croyait pouvoir me faire sauter au plafond, pas du tout mon genre. Il m’a téléphoné, je lui ai demandé d’attendre cinq minutes, le temps que je prépare le gaz. Quand il est monté, il y avait de la fumée partout.
– C’est arrivé quand ?
– La veille de la Toussaint !
– Il est où votre portable ?
– Qu’est-ce ça peut te foutre ?
– Bon, je vais chercher.
En principe un téléphone portable, si ce n’est pas dans une poche, c’est posé quelque part, donc facile à trouver. Rien dans le salon, elle se rend dans la cuisine, où un vrai fouillis d’objets s’amoncelle sur la table. Elle le trouva sur la table de la cuisine, au côté d’un joli godemichet très réaliste (qu’est- ce qu’il faisait-dans la cuisine ce machin ?) Le téléphone était déchargé, elle le mit dans son sac, (et le gode aussi par la même occasion) puis avec son propre portable, elle prit plusieurs photos du visage de Geneviève sans que d’ailleurs celle-ci s’en aperçoive, ainsi que d’autres du bordel ambiant, puis abandonna Mademoiselle Baur à son whisky et à sa folie.
Elle achète un chargeur, puis passe chez elle recharger le téléphone de Geneviève. Elle découvre les messages récents dont celui-ci provenant de Damien de la Tournelle :
J’ai retrouvé la trace d’Enguebert, il est à Montevideo, j’y vais et je m’en charge personnellement. Pas un mot à l’abbé Tilleul, qui n’aurait peut-être pas approuvé mon geste, mais je vous demande de veiller sur lui. Merci de prévenir Mario.
Très intéressant, mais ce n’est pas cela qu’elle cherche ! Le portable a enregistré trois appels la veille de la Toussaint, dont deux émanant de la même personne. Elle essaye :
– Jérémie ?
– Euh, oui !
– Je vous appelle au sujet de l’incident du 31 octobre chez Geneviève Baur.
– Vous êtes qui ?
– L’assurance, j’ai juste besoin de votre adresse pour vous faire signer l’attestation.
Machinalement, il donne son adresse, le regrette aussitôt, mais il est trop tard. Linda est déjà dans le métro direction : Porte de Montreuil.
Jérémie est bisexuel. Il est subjugué par la beauté de Linda, il sait aussi qu’il n’a aucune chance. Physiquement il ne fait pas le poids et son personnage ne « passe » que quand il s’effémine. Il a le visage recouvert d’une épaisse crème ne parvenant pas à dissimuler une importante éruption cutanée. Ses paupières sont enflées.
Linda se sent terriblement mal à l’aise. Elle pourrait repartir de suite, elle a déjà la réponse à ses angoisses mais elle reste là, scotchée sur le pas de la porte.
– C’est cette Geneviève qui vous a donné mon numéro ?
– D’une certaine façon, oui !
– Ecoutez, j’ignore ce qu’elle fabrique et je ne veux pas le savoir, mais je ne souhaite pas être mêlé ni de près ni de loin à cette affaire. Et je refuse de vous signer quoi que ce soit.
– Je peux entrer cinq minutes ?
– Pour quoi faire ? Je n’ai rien à vous dire de plus.
– Parce que j’ai froid et que je ne pense quand même pas que vous allez refuser un café à une femme qui a froid.
Il la fit alors entrer.
– Vous avez consulté ?
– Bien obligé ! Les urgences, le labo, l’ophtalmo…
– Et le diagnostic ?
– Je n’ai pas encore tous les résultats, mais c’est un empoisonnement du sang. J’ai perdu la moitié de mes capacités oculaires, j’ai horriblement mal aux yeux et je suis obligé de m’envoyer toute une collection de collyres. Et c’est sans doute irréversible. Quant aux boutons, il parait que ça va passer… Mais on ne m’a pas dit quand.
– Je suppose qu’on vous a demandé dans quelles circonstances…
– J’ai dit qu’une bouteille était tombée d’une camionnette et s’était cassée à mes pieds.
– On vous a cru ?
– Je ne pense pas, mais on n’a pas insisté !
– Bon je vais vous laisser.
– Je croyais que vous vouliez un café ?
– Je n’ai plus froid !
En se retournant, Linda remarqua alors une toile inachevée dans un coin de la pièce. Assez confuse, elle semblait représenter un réverbère doté d’un mat tordu.
– Vous êtes peintre ?
– J’aurais bien voulu, ça se vend mal, le milieu de l’art est pourri, si on n’est pas le copain d’un directeur de galerie on ne vend rien.
– Vous le vendez combien celui-là ?
– Je ne le vends pas, il n’est pas fini et vu mon état je ne suis pas prêt de le finir.
– Vous en avez d’autres en stock qui soient à vendre ?
– Oui !
– Je peux voir ?
– Si vous voulez, venez !
Linda suivit Jérémie dans une toute petite pièce qui lui servait d’atelier, une dizaine de toiles gisaient par terre contre le mur. L’une d’elle représentait une gargouille de Notre-Dame de Paris s’apprêtant à quitter sa stèle dans un style très « ligne claire ».
– Combien ?
– Vous voulez l’acheter ?
– Oui !
– Normalement c’est 500 euros !
– 500 euros ?
– Je peux vous le faire à 400 !
– Ça vaut plus, je vous fais un chèque de 1000 euros et je l’embarque !
– Je ne vais pas dire non, mais j’aimerais savoir ce que cache cette surprenante générosité.
– J’espère pouvoir vous le dire très prochainement.
– Je ne crois pas que vous travailliez dans l’assurance ! Vous êtes qui ? Vous cherchez quoi ?
– Je travaille dans un cabinet de détectives privé. Un client nous a demandé d’enquêter sur les activités, disons « chimiques’ de Mademoiselle Baur. Il y a eu un problème le 31 Octobre et ce jour-là, vous lui avez rendu visite. Vous n’êtes pas obligé de me dire pourquoi, mais ça m’arrangerait. Quant au tableau, je le prends de toute façon et si vous préférez du liquide, je peux descendre en chercher !
– Je suis escort-boy occasionnel, ça m’arrondit mes fins de mois ! Désolé si je vous choque.
– Ah ! Ben ça alors ! Et… Euh… Vous n’êtes pas obligé de me répondre. Mais mademoiselle Baur utilisait vos services de façon régulière ?
– Je ne l’avais jamais vue !
– O.K. Confidence pour confidence, il m’arrive aussi parfois d’être un peu pute, donc je ne suis pas choquée ! Mais bon, tout est clair à présent : Geneviève Baur voulait se servir de vous comme cobaye pour une expérience dangereuse. Quelque chose a déconné et c’est elle qui a reçu le maximum de fumée toxique. Ne vous découragez surtout pas, vous faites de très belles peintures, il faut vendre vos toiles plus chères. Continuez à peindre ne serait-ce que quelques minutes par jour…
– Avec mes yeux ?
– Je suppose que vous allez avoir des verres correcteurs, non ?
– Pas avant que ma vue soit stabilisée.
– Faites avec, ne vous laissez pas vaincre par l’adversité. Quand Matisse n’a plus été capable de tenir un pinceau, il a fait du découpage ! Et puis je connais quelqu’un dans ce milieu. Si on peut vous organiser une petite expo, ce serait pas mal non ? Ah ! Je vais peut-être prendre quelques photos de vos toiles, vous permettez ?
Il permit. Linda fit quelques clichés, puis dans la foulée parvint à photographier son visage, il ne s’en rendit même pas compte.
– Allez, je vous laisse !
Jérémie ne réalise pas bien cette visite inattendue, il prend la toile inachevée, la porte sur un chevalet, sort sa palette et ses pinceaux et se met à peindre.
Pas longtemps. Il continuera tout à l’heure, mais il faut d’abord qu’il se calme. L’érotisme dégagé par cette visiteuse inattendue, lié à la tournure inespérée des événements l’a profondément excité.
Il faut qu’il se calme. En d’autres circonstances, il aurait sans doute été hanter les lieux de drague qu’il connaissait bien, mais il ne faut pas rêver : il n’était pas encore présentable. Le plan serait donc solitaire. Après tout, cela faisait longtemps…
Il se déshabille puis choisit une culotte en satin rose, surmontée d’une bande de satin noir brodée. Il la passe puis ainsi vêtu (si l’on peut dire) se dirige vers la salle de bains, enjambe la baignoire vide et, sans enlever la culotte, se pisse sur lui. (Oh, le cochon !). L’urine qui mouille tout son bas ventre et qui coule sur ses cuisses lui procure une sensation de plaisir qu’il n’avait pas éprouvée depuis fort longtemps.
Il sort de la salle de bains, ouvre un placard dont il sort une courte cravache. Il resserre sa culotte derrière en faisant glisser les côtés du tissu vers la raie des fesses, de façon à ce que celles-ci soient bien dégagées, puis il commence à se cravacher.
Il ne tarde pas à bander de façon tout à fait convenable. Alors il sort sa bite par le côté et tout en continuant à se rougir le fessier, il se masturbe lentement au début pour faire durer le plaisir, puis n’y tenant plus, il accélère jusqu’à la jouissance.
Un coup à boire maintenant, et vite : direction cette toile qu’il convient de finir.
Mario Grandbillard est depuis la réception du courrier de Geneviève Baur dans un état d’excitation singulier, à ce point que sa hanche ne le fait plus souffrir. Mais il ne comprend évidemment pas ce que signifient les mises en garde de Linda. Il sait que cette fille cache quelque chose, mais quoi ? Il se dit qu’il peut néanmoins préparer l’expérience. Il lui manque le 2A2P, mais il croit se souvenir qu’il est employé en pharmacie dans un collyre. Il descend en acheter puis se réfugie dans le cagibi qui lui sert parfois de laboratoire. Il a soudain une idée : pourquoi ne pas faire respirer à Linda non pas la formule rectifiée mais l’ancienne formule, puis la faire parler ?
Linda rentre chez Mario Grandbillard, ne le voit pas.
– Y’a quelqu’un ?
– Ici dans le cagibi !
– Mais vous faites quoi ? Demande-t-elle inquiète en voyant l’homme s’agiter au milieu de ses flacons.
– Des expériences.
– Arrêtez ça ! Je vous avais pourtant mis en garde !
– C’est une autre expérience, regardez, vous allez voir.
Linda pressent le danger, se recule, sort précipitamment son portable, trouve la photo de Geneviève Baur et la lui met sous les yeux !
– Regardez donc ça avant de faire des conneries !
– Geneviève ! Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ?
– Elle a fait l’expérience décrite sur les feuilles, elle a le sang empoisonnée, elle a quasiment perdu la vue, elle souffre atrocement, elle boit comme un trou et est probablement devenue à moitié folle !
– Qu’est-ce que vous me racontez ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ?
– Moi, rien ! Il y a d’autres photos, regardez son petit intérieur comme il est mignon : un vrai foutoir avec des litrons de whisky partout !
– Ecoutez, Linda, j’en ai plus que marre de vos cachoteries et de vos petits secrets. Une fois pour toute : à quoi jouez-vous ?
– Mon cher Mario, réalisez-vous que si je n’avais pas été indiscrète en lisant votre courrier, vous seriez en ce moment à moitié aveugle et couvert de pustules ? Vous devriez plutôt me remercier au lieu d’élever la voix !
Grandbillard qui n’avait pas envisagé les choses sous cet aspect, ne sut quoi rétorquer.
– Bon alors maintenant je vais tout vous expliquer en détail, mais on va faire ça dans le salon si vous le voulez bien ! Reprit Linda.
Mario ne protesta même pas et ils s’installèrent face à face dans deux moelleux fauteuils en cuir.
– Attendez-vous à un choc, Mario, la vérité est parfois difficile à admettre.
– Trêve de préambule ! Parlez, bon sang !
– Jean Laurillac savait qu’il allait mourir, il passait de plus en plus de temps à dormir et s’alimentait de moins en moins. Il me parlait aussi, il me disait tout. Il m’a notamment confié qu’il n’avait plus confiance dans son cercle d’amis et qu’il ne souhaitait pas que les recherches sur son « gaz de soumission » continuent après sa mort. Le pauvre devenait complètement parano. Il m’a dit ensuite avoir rédigé à la fin de son dernier cahier, une formule très dangereuse. « Je les imagine tous les cinq préparant l’expérience et tomber malades comme des chiens dans les instants suivants ».
– Non ? Il a dit ça ?
– Ben, oui ! Et puis, il est mort. Comme il le souhaitait, j’ai prévenu le père Tilleul en premier. Il est arrivé et très vite m’a demandé où étaient les cahiers. Je le lui ai indiqué, à ce moment-là je ne pensais plus du tout à sa formule ajoutée à la fin, j’avais d’autres préoccupations. Quand Geneviève Baur est arrivée, elle m’a fait la même demande. C’est quand elle est partie que m’est revenue en mémoire cette histoire de formule ! Par précaution, j’ai planqué les cahiers. Enguebert est arrivé ensuite, lui aussi voulait savoir où étaient les cahiers ! Une véritable obsession ! Je lui ai dit que je n’en savais rien mais que Geneviève et Tilleul m’avaient posé la même question. Ensuite, ça a été votre tour !
– Mais comment Geneviève…
– J’y viens. Je me suis dit ensuite dans ma petite tête que si ces cahiers intéressaient tant de monde, je pourrais peut-être les négocier, après avoir enlevé les dernières feuilles. C’est à ce moment-là que je me suis aperçue qu’on les avait déjà arrachées. J’ai évidemment pensé à Tilleul. Je l’ai appelé, il était en messagerie, je lui ai donc envoyé un message, il ne m’a jamais répondu. Quand j’ai commencé à vouloir vendre les cahiers, j’ai commencé par vous appeler vous, mais on ne va pas revenir là-dessus, ensuite j’ai appelé Geneviève Baur…
– Pourquoi elle ?
– Comme ça, l’inspiration du moment. A ma grande surprise, elle s’est déclarée non intéressée, puis elle m’a rappelée et est venue me voir. J’ai pas trop compris pourquoi, d’ailleurs. Ça s’est terminé en engueulade et j’ai eu alors la conviction que c’était elle et non pas Tilleul qui avait arraché les dernières pages. Mais je n’ai rien pu lui dire, je ne pouvais pas en placer une. Une vraie furie !
– Et pourquoi vous me racontez tout ça maintenant, alors que vous auriez pu le faire ce matin ?
– Ce matin, je n’avais aucune preuve. En fait, je voulais en savoir plus, j’ignorais si Geneviève s’était réellement servi du produit, et j’ignorais quels en étaient les effets, maintenant je sais.
– Bien ! Bien ! Dit simplement Mario.
– Contrarié ?
– Pire ! Je suis comme un gosse à qui on vient de casser ses plus beaux jouets. Voilà plus de 45 ans que je poursuis une chimère, elle faisait partie de ma vie, et maintenant ? Ben maintenant : plus rien ! Reste le souvenir de Laurillac, je m’efforce de croire que cette attitude stupide n’est qu’une folie de fin de vie, je ne lui en veux pas et lui conserve mon admiration. Mais dites-moi, puisque nous en sommes aux confidences : J’ai appris de bonne source que vous aviez vendu les cahiers à Enguebert et qu’ensuite l’abbé Tilleul les lui avait volés ! Comment dans ces conditions pouvez-vous les avoir chez vous ?
Linda attendait cette question et s’y était préparée. Ces derniers jours, Mario Grandbillard lui avait beaucoup parlé et elle était notamment au courant de l’altercation tragique (et de son motif) entre Tilleul et Enguebert. Elle savait ce qu’il savait mais peut-être pas tout. Il fallait donc adapter son mensonge avec le moins de risques possibles.
– On lui a donc volé les cahiers que je lui ai vendus ? Ça alors ! Figurez-vous que je les ai retrouvés sur mon palier le lendemain soir. Sans aucune explication. Quoique maintenant je comprends peut-être pourquoi ?
Ça passe ou ça casse ? Ça a l’air de passer !
– Et pourquoi donc ?
– Tilleul n’y a pas trouvé ce qu’il cherchait. En me les restituant, il me donnait l’occasion de les proposer de nouveau aux autres.
– Et alors ?
– Vous ne comprenez pas ! Le but de Tilleul en provoquant cette réunion était d’essayer de savoir qui était encore intéressé par les cahiers, étant entendu que celui qui ne le serait pas se dévoilerait comme celui qui avait arrachés les bonnes feuilles !
– Mais Tilleul ne pouvait pas savoir pour les dernières feuilles ?
– Il faut croire que si. Il a été le premier à les voir, il a fait l’erreur de ne pas les subtiliser à ce moment-là, il devait penser que personne n’oserait vu les circonstances, et qu’il pourrait les récupérer plus tard ! Geneviève n’a pas eu ce genre de scrupules et elle a arraché les pages ! Ça ne lui a pas porté chance ! Quant à Enguebert, il m’a acheté les cahiers en toute bonne foi, il ne les avait jamais vus !
– Je comprends ! Je comprends tout maintenant. Voilà pourquoi Damien a tant insisté pour qu’on l’accompagne à l’appartement d’Enguebert, il voulait en profiter pour essayer de nous faire parler !
Mario s’épongea le front ! Tout se tenait, le secret de Linda n’en était plus, ses rêves étaient cette fois définitivement anéantis.
– Servez-moi un whisky, Linda !
– Tout de suite, monsieur, mais j’ai encore deux choses à vous dire. La première c’est que j’ai piqué le téléphone portable de Geneviève Baur (j’en avais besoin pour vérifier quelque chose) et qu’il y avait un message pour vous de la part de Damien de la Tournelle, qu’elle devait vous faire suivre… mais comme vous n’avez pas de portable… Voilà lisez…
Il le fit.
– Il est donc parti en Uruguay pour venger Tilleul. Je serais curieux de savoir ce qu’il va lui faire à Enguebert ?
– Gardez le téléphone, vous le saurez au prochain message… Tenez, j’ai même apporté le chargeur.
– Mwais, vous m’expliquerez comment on se sert de ça !… et la deuxième chose ?
Mais le bruit d’une clé dans la serrure interrompit leur conversation. C’était Annette Grandbillard qui regagnait le bercail, aussi chargée qu’au moment de son départ, ses deux valises à la main et son grand sac en bandoulière.
– Me voilà de retour ! Ah ! Linda ? Quelle surprise ? Mais que faites-vous donc ici ? Bisous d’abord !
Elle embrasse rapidement Linda avant de se tourner vers Mario.
– J’espère que je suis la bienvenue ?
– Mais bien sûr ! Répond le mari, visiblement ému, avant d’étreindre tendrement son épouse.
Annette et Mario se roulent à présent une gamelle comme deux jeunes amoureux un soir de bal. Linda en est presque gênée.
– J’ai engagé Linda pour m’aider dans les tâches ménagères ! Crut devoir préciser Mario.
– Tiens donc ! Et ça se passe bien, Linda ?
– Je ne me plains pas.
– Linda, reprit elle, j’ai envie de prendre un bain vous pouvez me le préparer ?
– Mais bien sûr, madame !
Et tandis que Linda s’en allait dans la salle de bains, Mario finalement tout content de retrouver sa « régulière » se fondit en repentance.
– Je suis vraiment désolé pour l’autre jour, je t’ai dit des choses que je ne pensais pas.
– Et moi, je n’aurais pas dû partir, on est quitte ! On n’en parle plus ! Juste une chose quand même ! Tu m’as reproché de te faire cocu. C’est un sujet que nous n’avions jamais abordé parce que chacun savait très bien qu’il trompait l’autre. Désormais on va dire les choses clairement : oui je couche à droite et à gauche et je sais que tu fais pareil. Mais je t’aime ! Tu comprends ça, Mario, je t’aime !
– D’accord, on marche comme ça, moi aussi je t’aime ! Répondit-il au bord des larmes.
– Ne pleure pas mon Mario, tiens si tu veux on va se distraire. Punis-moi !
– Te punir, mais pourquoi, on a des torts tous les deux.
– Mais enfin Mario, c’est un jeu que je te propose, tu ne veux pas jouer ? Jouer à me punir !
Ça y est, l’idée a fait son chemin et elle excite Mario, qui tout de suite entre dans le jeu.
– A poil, chienne, je vais te corriger les fesses !
– Tu ne vas pas me corriger devant la bonne ! Fit-elle semblant de protester.
– Je vais me gêner, tiens ! Linda ! Revenez donc par ici !
Linda et Annette s’échangent un regard interrogateur et complice. Mario ignore que les deux femmes se sont déjà rencontrées charnellement.
– Asseyez-vous Linda, je vais vous offrir un petit spectacle : Je vais corriger cette salope devant vous, elle mérite une bonne leçon ! Qu’en pensez-vous ?
– Humm ! Je crois que ça va bien m’exciter !
Cette réponse n’est pas vraiment celle que Mario attendait, mais elle lui plaît, et lui fournit quelques idées pour la suite.
– J’ai dit : à poil, salope ! Et mets-toi à quatre pattes !
Annette s’exécute de bonne grâce.
– Ah ! Tu as l’air intelligente comme ça, une vraie chienne, dommage que je n’aie pas de laisse, je t’aurais baladée dans l’appartement comme un toutou !
– Je vais vous en bricoler une, si vous voulez ! Propose Linda.
Il veut bien. A l’aide d’un torchon tressé, Linda confectionne une sorte de boucle qu’elle referme autour du cou d’Annette, en prenant du mou pour éviter tout danger strangulatoire. Il ne reste plus qu’à y attacher une ficelle. C’est ce qui s’appelle se débrouiller avec les moyens du bord.
Mario s’amuse à la promener en la traitant de tous les noms :
– Allez avance, grosse vache, pas comme ça, fais tortiller ton gros cul de salope ! Voilà… Tu n’es bonne qu’à ça, à tortiller du cul comme une grosse pute ! C’est ça qui leur plaît, à tous tes amants, c’est ton gros cul ? Réponds-moi, salope !
– Bien sûr que ça leur plaît ! Qu’est-ce que tu crois !
– Tu entends ça, Linda ? Quelle impertinence !
Il défait sa ceinture et la tend à Linda !
– Vas-y Linda, frappe-lui le cul à cette traînée, je veux qu’il soit tout rouge, je veux qu’elle ne puisse plus s’asseoir pendant huit jours !
Linda après avoir échangé un nouveau regard complice avec Annette, se met à lui cingler les fesses en cadence. La victime consentante ponctue les coups qu’elle reçoit d’ânonnements tout à fait expressifs. Mario excité comme une puce se débarrasse de son pantalon et de son slip kangourou. Il exhibe une bite bandée comme un pylône électrique.
– T’as vu ? T’arrives encore à me faire bander, ma salope avec ton gros cul ! Mais aujourd’hui ma bite ce n’est pas pour toi, ce sera pour Linda, elle va me sucer à fond devant toi, n’est-ce pas Linda ?
– Si tel est votre désir, Monsieur, répondit Linda, entrant dans le jeu de Mario, ce sera avec plaisir que je vous sucerai la bite devant cette poufiasse.
– Continuez de la frapper, Linda, je reviens.
Et le voilà parti dans la cuisine.
– Attends, on va rigoler ! Chuchote Annette en faisant un clin d’œil à Linda.
Mario revient avec deux carottes, il n’est pas trop difficile de comprendre ce qu’il a l’intention d’en faire, et sa femme se prête de bonne grâce à ces introductions salaces.
– Allez, refais nous une balade avec tes carottes !
– Ça ne va pas tenir !
Effectivement, ça ne tient pas et Mario qui pensait avoir eu une bonne idée se retrouve fort déçu.
– Stop ! Dit alors Annette en se relevant !
– Comment stop ? Tu ne veux plus jouer ?
– Si, si ! Mais maintenant on pourrait invertir les rôles !
– Hein ?
– C’est moi qui vais te punir !
– Hé, mais c’est que je ne suis pas maso, moi !
– Rassures-toi ! Je n’ai pas l’intention de te frapper, j’ai pensé à un tout autre genre de punition !
– Dis toujours !
– Eh bien, la pipe que tu espérais de la part de Linda, et bien elle ne te la fera pas !
Mario est décontenancé et ne sait quoi répondre.
– Viens Linda, il faut maintenant que je prenne mon bain, tu vas m’aider !
Une fois dans les lieux, Annette se met à rire :
– Ah, la tête qu’il nous a fait, Mario, c’est trop drôle ! Dit alors Annette une fois dans la salle de bain. Déshabille-toi et rejoins-moi dans la baignoire, tu vas me lécher la chatte ! Oh ! L’eau a refroidi, on va faire couler un peu d’eau chaude.
Et pendant que l’eau coulait, les deux femmes, maintenant nues toutes les deux se pelotaient et s’embrassaient comme de vieilles copines.
– Mario sait que nous nous connaissons ? Demanda Annette.
– Je ne crois pas, non !
– Euh, dis-moi franchement, ce qu’il voulait faire avec toi, tu l’aurais vraiment fait ?
– La fellation ?
– Oui !
– Disons que c’est une prestation payante !
– Ah oui ! Voilà qui me surprend un peu de sa part, mais je suis assez mal placée pour le critiquer. Bon l’eau est bonne, on y va ?
Annette commença à s’installer dans la baignoire, s’immergea quelques instants, puis se redressa et s’assit sur le rebord. Linda put alors la rejoindre et s’installa entre ses cuisses, prête à lui prodiguer la gâterie qu’elle avait sollicitée.
– Attends un peu ! Dit Annette alors que Linda avait déjà commencé ses mouvements de langue. J’ai envie de pipi !
– Et alors ? Vas-y, soulage-toi !
– T’es vraiment une grosse cochonne, toi !
– Pourquoi grosse ?
Mais déjà le jet doré d’Annette venait s’écraser sur son corps recouvert de mousse. Elle ouvrit alors la bouche, tâchant d’en absorber quelques précieuses gouttes.
La miction terminée, Linda reprit son travail sur la chatte de la mature qu’elle balaya de la langue en de savantes circonvolutions. Annette mouillait sous l’assaut et Linda se régalait de ce suc au goût de miel. Elle se dit au bout d’un moment qu’Annette était prête pour grimper aux rideaux. Aussi attaqua-t-elle le gros clito érigé de la belle mature, l’aspirant de ses lèvres. Ce fut fulgurant, Annette se tétanisa, se mit à crier comme une folle, ses fesses glissèrent, elle n’avait rien pour se cramponner et se retrouva le cul dans l’eau, dans un jet d’éclaboussures tandis que Linda n’en pouvait plus tellement elle riait.
Alerté par le bruit, Mario accourut !
– C’est quoi ce bordel ?
– On vérifiait le théorème d’Archimède ! Plaisanta Linda.
– Débraguette-toi, Mario, Linda va te sucer !
– Trop tard ! Je me suis débrouillé tout seul !
– Bon ! Conclut alors Linda, en prenant un faux air désolé, et qui c’est qui va éponger tout ça ? C’est encore la pauvre Linda !
– Je vais vous aider, Linda proposa Annette.
Ah ! Mais c’est qu’il en avait un très insolite spectacle à regarder, Mario Grandbillard ! Pensez ! Deux ravissantes créatures le cul à l’air en train d’éponger la salle de bains en rigolant comme des bossues !
– Notre conversation a été interrompue tout à l’heure ! Dit Linda quelques temps plus tard, je voulais vous dire que je quitte votre service. Je partirai ce soir, après avoir terminé ce qui est en cours. Et puis, Madame étant rentrée, vous ne devriez plus avoir de soucis ménagers à présent.
– Linda, je ne vous chasse pas… commença Annette.
– Je le sais bien !
– Restez donc, punir ma bonne quand elle fait des bêtises a toujours été un fantasme, mais comme je n’avais pas de bonne…
– Ça demande réflexion…
– Enoncez-moi vos conditions…
Bref l’affaire fut conclue. Probablement ne serait-elle pas restée si Mario était resté seul, mais le retour d’Annette changeait la donne. Une place de bonne avec option sexe quand on est bardée de diplômes, c’est assez cocasse. Mais en ces temps de crise…
à suivre…
Encore une belle histoire ou tout le monde se fait enculer ! Qu’est-ce que j’aime ça !
Tout pour nous ravir
Une histoire passionnante dans un kaléidoscope de perversité jouissive
c’est intrigant, c’est passionnant, c’est bien écrit, et ça fait du bien à ma libido