Lady K***
par Gilbert Lely
Trois libertins, dotés de verges scandaleuses,
Crachent leur foutre chaud dans tes fesses houleuses.
Ta bouche les ravive : elle aiguise leurs dards,
Et les fait se dresser comme des étendards.
Aussitôt, dessus lui, Sisyphe te bascule ;
Il te perce la motte ; Anachasis t’encule ;
Enfin, non moins heureux où l’Amour l’a placé,
Te titillant les seins, Tiridate est sucé.
Je ne suis point jaloux : baise, fille adorée !
Que par trente pénis ta vulve perforée
Dispense à mon plaisir un étui large et fou ;
Que soit d’un nègre en feu chaque vit qui te fout ;
Que ton cul nonpareil, admirable Christine
Passe dans ses exploits le cul de Messaline !
Je te ferai déesse, et tiendrai hautement
Qu’au prix du noir trésor qui s’ouvre dans ton flanc,
Les plus purs diamants arrachés à la terre
Ne sont qu’azur stérile et splendeur mensongère
1977
* Gilbert Lely, est un poète français (1904-1985) qui fut proche des surréalistes et un biographe du marquis de Sade.
photo Lewis Morley (1963)
Le titre Lady K*** et le prénom « Christine » font tous deux référence à Christine Keeler. Née en 1942, strip-teaseuse, puis escort de luxe, son nom reste attaché à « l’affaire Profumo » en 1961. Elle eut une liaison durable cette année-là avec John Profumo, secrétaire d’État à la Guerre du gouvernement britannique, alors qu’elle en avait une autre en parallèle avec l’attaché militaire de l’ambassade d’URSS, qui se révéla être un espion. Suite à des indiscrétions, la presse s’empara de l’affaire et il s’en suivit une crise politique qui aboutit à la chute du gouvernement aux élections de 1964. Christine Keeler fit neuf mois de prison pour un prétendu faux témoignage dans une affaire collatérale. Elle reprit ensuite ses activités et écrivit ses mémoires. Elle est décédée en 2017. C’est elle qui est sur la photo illustrant ce poème.
Un très bel hommage !