Autoanalyse Seconde partie : la découverte par Marie Salama

Jamais je n’avais joui comme ça. J’avais déjà expérimenté la masturbation qui s’était terminée une ou deux fois par quelque chose que l’on pouvait qualifier de plaisir, mais le souvenir que j’en avais gardé était très loin de ce que je venais de ressentir. Je dirais que c’était dix fois, cent fois plus fort. Je me regardai à nouveau dans la glace, le visage empourpré, les cheveux en complet désordre et cette position obscène les jambes complètement écartées, le sexe béant. Me voir ainsi, suffit à m’exciter à nouveau. Je suivis sur le miroir le trajet de mon index jusqu’à mon vagin. Le contact me surprit, c’était chaud, mouillé, mais beaucoup plus poisseux que l’urine qui s’y trouvait depuis ce matin. Avec l’esprit scientifique qui était déjà le mien, j’analysai. C’était bien un liquide qui avait coulé de mon sexe jusqu’à mon anus, et même sur le lit. Il tapissait l’intérieur de mon intimité la recouvrant d’une sorte de voile opaque. C’était donc ça cette mystérieuse source à laquelle les hommes aiment tant s’abreuver !

C’est vous dire à quel point j’étais niaise à cette époque, je compris enfin quelques licences poétiques, dont celle de ce vieux cochon de François Villon. Je prélevai une goutte au bout de mon index que je sentis puis goûtai. Pas vraiment grand chose à en dire, si ce n’est un goût légèrement acide. Mon doigt s’enfonça dans cet univers merveilleusement lubrifié me donnant plein de nouvelles sensations. Je continuai l’exploration vers le haut et fus surprise de découvrir que, non seulement mon clitoris était devenu hyper sensible, mais que sa taille avait singulièrement augmenté, il dépassait à présent de mes lèvres… tel un bouton de rose, encore ce vieux dégoûtant de Villon ! J’avais lu dans le bouquin que m’avaient donné mes parents à l’occasion de mes premières règles que c’était un organe érectile, mais je ne l’avais jamais vérifié jusqu’à ce jour. Ces découvertes multiples m’avaient redonné très chaud et j’envisageai fortement de me soulager à nouveau quand j’entendis des pas dans le couloir, ma colocataire arrivait. Je sautai du lit et réussis à cacher ma culotte avant qu’elle n’entre.

– Salut, ça va ? T’es toute rouge !
– Je ne sais, pas, j’ai eu une sorte de bouffée de chaleur, mentis-je.

J’estimais que ma coloc, Bénédicte pour les intimes, était aussi empotée que moi. Nous suivions des itinéraires parallèles et assez comparables. Elle était aussi une « première de la classe » version littéraire, élevée chez les sœurs. Elle suivait les cours d’hypokhâgne et voulait rentrer à Normale Sup, comme Sartre et Simone de Beauvoir. Elle devait d’ailleurs être au même niveau d’information sur la sexualité que « Castor » à cette époque. Nous nous aimions bien et notre éducation commune nous permettait de ne jamais nous engueuler et de nous respecter. Nous avions des discussions enflammées et n’hésitions pas à croiser ce que nous avions appris en classe dans la journée. Tous les sujets y passaient, enfin ceux que nous nous permettions. Nous étions pudiques et avions présente à l’esprit la mise en garde répétée dans toutes nos cours de récréation du secondaire : « si vous êtes deux, vous êtes trois, le diable est entre vous ». Depuis six mois que nous vivions ensemble, je ne l’avais jamais vue nue, juste entr’aperçu un sein qui m’avait paru de proportions tout à fait académiques.

Bénédicte était brune aux yeux bruns, grande, fine et bien faite. Nous n’avions jamais abordé le chapitre garçons, mais je n’en avais jamais vu aucun avec elle, comme moi.

Après cet échange des plus courts, nous nous installâmes chacune à notre table de travail. Au programme, un devoir de math particulièrement alléchant. C’était la première fois de ma vie que je n’avais pas de culotte. Je sentais sur mes fesses la laine un peu rêche et une sensation de fraicheur très agréable calmait le feu que j’avais rallumé quelques minutes avant. Je glissai la main gauche entre les pans de mon kilt et l’enfermai entre mes cuisses. Je réussis à me concentrer et portai l’estocade à la dernière intégrale triple, juste avant le dîner. Au réfectoire, je n’avais toujours pas de slip et pris bien garde à ne pas écarter les jambes, précaution totalement inutile, tant le conditionnement avait été efficace pour que ce fâcheux évènement ne puisse se produire en aucune circonstance : « quand on est assise, soit on pose son sac à la limite de la jupe, soit, si l’on n’en a pas, on croise les jambes pour être sûre de ne pas les écarter ».

Cette lacune vestimentaire commençait à me plaire de plus en plus, je regardai Bénédicte en me disant, « si elle savait, quelle tête elle ferait » ! Je repassai ma main par le même chemin, ce type de jupe imposée depuis ma plus petite enfance par une mère assez directive commençait aussi à me plaire. Mon clitoris avait retrouvé sa taille et son emplacement habituels, mais mon sexe était toujours aussi humide et poisseux. Hmmmm…

La soirée fut studieuse, je passai à la physique. Nous décidâmes d’un commun accord que l’extinction des feux aurait lieu à 23 heures. Normalement, quinze minutes avant, je me dirigeais vers les douches collectives pour me laver. Cette fois-ci, je me limitai aux dents, pour garder le souvenir de cette merveilleuse journée. A l’heure dite Bénédicte éteignit la lumière. Dans ces années-là, je m’endormais dans la minute suivante d’un sommeil profond qui m’emmenait d’une traite jusqu’au lendemain matin. Mais les évènements de la journée m’avaient plus que chamboulée et je restai éveillée. Au bout de cinq minutes, je décidai de soigner mon insomnie et laissai ma main retourner à l’origine de mes tourments. Je repensai à cette avalanche de sensations et à ce qui l’avait provoquée, le baiser d’Aurélie…Ce fut si soudain et si inattendu. Elle avait brisé en une seconde tous les tabous qui m’avaient été inculqués et les foudres de l’enfer ne s’étaient pas déchaînées. On peut même dire que ça a été exactement l’inverse.

Ce serait tellement bien si elle recommençait, plus longtemps et plus loin bien sûr. Elle glisserait doucement la pointe de sa langue entre mes lèvres trempées d’urine et elle continuerait jusque vers la source de cette humidité. Mon index reproduisait le trajet. Je m’acheminai tout doucement vers un orgasme qui s’annonçait violent quand un bruit étrange m’arrêta. Bénédicte devait rêver parce que sa respiration était assez forte.

Il y avait autre chose, on aurait dit un mélange de clapotis et de frottement. J’écoutai attentivement. Le bruit très ténu était assez régulier, mais s’interrompait et reprenait assez souvent. Le plus étrange était le synchronisme entre le rythme de ces arrêts et celui de la respiration de Bénédicte. Je mis quand même au moins trois minutes avant de comprendre qu’elle se caressait, tant cela me semblait inconcevable. Je me forçai à être la plus immobile possible, à l’exception de mon index et suivis sa montée vers le plaisir. Elle laissa échapper un gémissement qui me surexcita. Je jouis quelques secondes après elle, sans un bruit. J’étais trempée, je m’endormis le doigt dans la bouche, son odeur d’urine et son goût étaient des plus suaves.

A suivre

Si ce que j’écris vous plait, n’hésitez pas à m’encourager. Pour me contacter : marie.salama@free.fr, je vous répondrai.

© Marie Salama 2008