Résumé du chapitre précédent : Tandis qu’à bord du Kiribati, la comtesse Fédora s’amuse avec Constantin et le capitaine Aaven, sur Muzdel. Jerko après avoir capturé l’ensemble des passagers et l’équipage du Siegfried 7 les cède à Hans Burger, un trafiquant d’humains. Rachel qui s’est fait berner de bout en bout est ainsi destinée à être vendue ainsi que sa collègue Florentine. Il s’en suit une crise entre les deux femmes (mais qui se termine bien).
Pour le résumé du livre 1, voir au chapitre précédent.
6 – Rififi sur le Fly28 suivi de Héka, l’intrigante
Rififi sur le Fly28
Burger avait réglé Jerko ! Celui-ci était riche désormais… Riche, il l’avait déjà été, mais pas dans ces proportions. Il savait déjà qu’il en claquerait une partie. L’autre ce serait pour son hypothétique retraite dorée s’il s’avisait de la prendre un jour. Mais pour le moment, il n’avait plus rien à faire sur Muzdel
– Réunion de l’état-major dans un quart d’heure ! Lança-il au micro.
Mais c’est seulement cinq minutes à peine après cette injonction que Pétra Van Yaguen fit irruption dans la cabine de son capitaine.
– Tu es en avance ! Lui fit-il remarquer.
– Je ne pensais pas qu’on partirait si vite… répondit-elle.
– Pourquoi, tu voulais faire du tourisme sur ce caillou ?
– Non, je voulais qu’on parle du partage du butin.
– Quel partage ? Jusqu’à nouvel ordre, c’est moi le propriétaire de ce vaisseau. Il n’y aura aucun partage. L’équipage aura droit à une prime exceptionnelle, les officiers aussi… une super prime… D’autres questions, lieutenant Van Yaguen ?
– Faut peut-être pas exagérer… La situation est exceptionnelle. Les risques ce n’est pas toi qui les as pris, c’est Wilcox…
– Ça suffit, comme si je n’avais pas pris un risque énorme en choisissant de vendre les captifs à Bugler… Si jamais il tombe, je tombe avec et je ne serais en sécurité nulle part…
– Tiens, ce n’est pas ce que tu disais l’autre jour… Et bien alors, il ne fallait pas le prendre, ce risque, j’étais contre…
– Vous étiez contre et vous réclamez quand même votre part… Vous perdez la tête….
Il ne finit pas sa phrase, la porte s’ouvrit laissant entrer Wilcox :
– Wilcox, vous n’avez rien à faire ici, j’ai cru comprendre que vous étiez en instance de démission ? Vous êtes revenus sur cette décision ?
– On veut notre part de la partie du butin qui ne concerne pas la vente des passagers et de l’équipage du Siegfried, plus une indemnité pour nous faire courir des risques insensés…
– Wilcox ! Sortez immédiatement !
La porte s’ouvrit de nouveau. Wilcox et Pétra craignirent un instant que le capitaine ait appelé quelques gros bras en appuyant sur on ne sait quel bouton d’alerte, mais pas du tout, le chef mécanicien et le nouveau navigateur venaient simplement à la réunion convoquée par le capitaine et se retrouvaient en pleine crise d’état-major.
– Wilcox, pour la dernière fois, sortez de ma cabine ! Eructa Jerko
C’est à ce moment-là que Wilcox et Pétra avec un ensemble parfait sortirent leurs armes et les braquèrent contre le capitaine…
– Une mutinerie ? Ça va devenir une mode sur ce vaisseau ! Ironisa Jerko, très stoïque.
– Où est l’argent du butin ? Demanda très posément Pétra.
– Sur ma carte ! Et vous pouvez me torturer pour me demander le code je ne parlerais pas.
– Stotz, Deller ! Emparez-vous de ces deux personnes ! Cria Jerko à l’attention des deux officiers entrés en dernier.
– Mais ils sont armés, mon capitaine !
– C’est un ordre !
Les deux hommes se regardèrent d’un air circonspect, puis se dirigèrent vers la porte… Pétra les interpella :
– Non restez. Ça ne va pas être bien long… Vous allez ouvrir le petit placard sur la droite, il doit y avoir des menottes magnétiques, vous allez l’immobiliser avec…
– Ne vous avisez pas de faire ça ! Cria Jerko.
Les deux officiers hésitèrent…
– Vous la voulez votre part de butin, ou pas ? Demanda Wilcox.
Il fallait désormais que les deux hommes choisissent leur camp. Ils le firent et attachèrent les poignets et les chevilles de leur capitaine.
– Alors c’est où ? Demanda Pétra.
Jerko ne répondit pas. Les mutins n’étaient pas fous, ils se doutaient bien qu’il y avait peu de chance que la rançon ait été versée de façon classique. Du liquide, peu probable, il n’en circulait que peu et pas en quantité aussi importante. Alors ? Un titre de propriété ? Peu vraisemblable, la chose étant personnalisée et difficilement transférable, Jerko l’aurait dit de suite. Des pierres rares pourquoi pas ?
– Allez on fouille ! S’impatienta Wilcox
S’il avait vu juste, cela allait devenir facile, Jerko n’avait aucune raison de se lancer dans des cachettes compliquées, personne sinon lui n’accédant à sa cabine sans y être invité… Sauf, sauf si bien sûr il se doutait de quelque chose…
Le capitaine du Fly28 accumulait dans sa cabine un nombre incroyable d’objets les plus hétéroclites les uns que les autres. Pendant une heure ils en firent l’inventaire.
– On ne trouve rien ! Se désespéra Pétra, il va falloir employer la manière forte.
– Inutile, une simple piqûre suffira, j’ai ce qu’il faut dans ma cabine !
– Ce n’est jamais efficace à 100 %
– On peut toujours essayer, je reviens tout de suite.
Et tandis que Jerko blêmissait à cette perspective, Deller, le nouveau navigateur se mit à regarder avec un vif intérêt les objets dispersés sur une tablette, sa curiosité sembla soudain se porter sur deux espèces de coques aussi informes que laides, manifestement elles avaient été ouvertes et recollées. Deller compris qu’il s’agissaient en fait d’énormes pierres précieuses enveloppées dans une gangue.
– Je peux lui piquer, demanda-t-il à Pétra, je collectionne ce genre de truc !
– C’est quoi ?
– Des coques de fruits, je pense, j’en avais jamais vu des comme ça !
Pétra saisit alors l’étrange trouble qui gagna un instant le visage de Jerko.
– Prends les, mais va les planquer, je ne sais pas si Wilcox apprécierait. On se reverra dans une petite heure…
Deller disparut, Stotz le suivit immédiatement, la subrécargue lui ayant indiqué que sa présence n’était plus nécessaire. Il fallait maintenant agir très vite avant que Wilcox ne revienne. Elle savait quel geste accomplir, elle le fit.
– Ils sont partis où, les deux autres zigotos ? S’inquiéta le second à son retour.
– Je les ai libérés. Tout est terminé !
– Quoi ? Tu as trouvé le butin ?
– Non, mais il y a un petit problème, le cœur de Jerko a lâché !
– Hein, mais il faut lui faire un massage cardiaque, bordel !
Wilcox se précipita alors sur le corps de son capitaine et entrepris de le ranimer.
En vain !
– On le cryogénise, les toubibs arriveront peut-être à le ressusciter ! Proposa-t-il
– D’accord, appelle le médecin du bord, pour qu’il nous aide à le mettre au frigo, et après on va continuer à chercher.
Bien sûr, ils ne trouvèrent rien !
– On fait quoi ? S’énerva Wilcox
– Rien. On laisse tomber…
– Mais c’est bien quelque part…
– Notre seul espoir est qu’on trouve un hôpital qui le fasse revivre… et ensuite on lui fera une piqûre pour le faire parler… Proposa bien hypocritement Pétra.
En fait elle avait compris que le butin était dans les coques qu’avait embarquées Deller. Il était hautement probable que ce dernier savait parfaitement ce qu’il faisait. Pour elle le butin était donc en sécurité, elle le récupérerait le moment venu, le faire maintenant c’était affronter Deller et sans doute se priver de ses talents de navigateur, chose qu’elle préférait éviter. Il n’était pas évident que Wilcox, de nature très impulsive partage son point de vue, elle garda donc ce secret pour elle, son acolyte ne serait mis au courant que quand elle le déciderait.
– Si j’en parlais à Bugler ? Finit par proposer Steen Wilcox
– Bugler n’en a rien à foutre de nos problèmes, pour lui la transaction est terminée.
– Je vais quand même essayer.
Persuadé que sa requête ne serait pas entendue, elle ne s’y opposa pas…
Bugler écouta d’abord Wilcox avec la ferme intention de lui faire une réponse cinglante qui le renverrait dans ses cordes, puis soudain au fur et à mesure de la conversation, une idée géniale lui vint, une idée folle, il pouvait tout simplement doubler la mise, avoir le beurre et l’argent du beurre…
– Vous avez fouillé sa cabine et vous n’avez rien trouvé ?
– Rien !
– Etonnant !
– Je viens jeter un coup d’œil !
Quels imbéciles ! Se disait Bugler, il allait lui suffire de faire semblant d’examiner les objets sortis, de repérer les coques et de profiter d’un moment de distraction de ses interlocuteurs pour s’en emparer l’air de rien… Ça paraissait facile, vraiment trop facile, mais pourquoi ne pas essayer, Bugler avait toujours été très joueur.
Mais arrivé sur les lieux, Bugler dû se rendre à l’évidence : de butin, il n’y en avait point ! Donc pour lui l’affaire était simple, quelqu’un avait assassiné Jerko pour le lui piquer… Quand on est capitaine de vaisseau et qu’on fait dans des trucs louches, on prend ses précautions, apparemment Jerko ne les avaient pas prises, tant pis pour lui, cela ne le regardait plus, quand à la récupération du butin, elle lui échappait, mais c’est vrai que son court rêve avait été trop beau pour être vrai… Il crut cependant intéressant de faire partager ses conclusions à Wilcox et à Pétra.
– Non, ce n’est pas ça, il a eu une crise cardiaque pendant que nous discutions. Objecta Pétra
– Ah, oui, racontez-moi ça en détail ! Répondit Bugler, quelque peu contrarié de voir son hypothèse s’évanouir.
Bien sûr le récit que fit Pétra s’éloigna un peu de la vérité, ce qui fait que Bugler ne comprenait plus rien… Et bien que dans son for intérieur, il déclarait se ficher de cette affaire, il demanda malgré tout à voir le corps de Jerko.
La vision du corps refroidi du capitaine Jerko modifia son analyse. Il lui paraissait clair que cette crise cardiaque avait été provoquée soit par Pétra, soit par Wilcox…. Pas bien joli tout ça, mais pourquoi cryogénisé un type qu’on a tué. ? Ça ne tenait pas debout, à moins qu’ils l’aient tué par erreur… Mais oui, c’était ça l’explication… Quant au butin, et bien Jerko ne l’avait pas dans sa cabine, c’est donc qui l’avait confié à un homme de confiance, qui du coup devenait, l’exécuteur testamentaire du capitaine… Il avait dû lui dire : »s’il m’arrive quelque chose, tu feras ceci, cela… » Le butin était donc encore à bord du vaisseau !
Cette fois Wilcox approuva les nouvelles conclusions de leur interlocuteur tandis que Pétra s’en amusait secrètement. Bien sûr Bugler aurait pu trouver le moyen de passer tout le Fly28 au peigne fin afin de récupérer le butin…. Mais il s’en garderait bien ! Même chez les pires crapules, tout n’est pas permis, il existe des codes, des conventions, des convenances…. Le non-respect de ceux-ci entraîne une perte de respect et de considération… Et il aura toujours quelqu’un pour rapporter ce genre de fait… même s’il bousillait tout l’équipage du Fly28 pour les empêcher de parler, comment empêcherait-il son propre équipage de le faire…
– Ce n’est plus mon problème ! Je vous laisse ! Conclue Bugler… mais je vais vous donner un conseil, non pas parce que je vous aime bien mais parce qu’il y va aussi de ma propre sécurité : Il faudra d’abord vous débarrasser du Fly28. Si la police n’est pas trop conne, ils s’apercevront assez vite qu’il a décollé de Mabilla juste après le Siegfried 7. Ils vont donc lancer un avis de recherche intersidéral S’il retrouve votre équipage, quelqu’un parlera de mon propre vaisseau. Je préfère éviter…
Et la montagne de chair s’en retourna dans son propre vaisseau… un peu déçue tout de même…
– On laisse tomber ! Dit Wilcox, de toute façon, Bugler nous a dit implicitement que la rançon était quelque part à bord de ce vaisseau, on va réfléchir, et si on ne trouve rien on va se diriger vers une planète où il y aura un hôpital qui pourra ressusciter Jerko, ensuite on le fera parler…
– O.K. Je fais une annonce, et on se prépare, on commence le compte à rebours dans 10 minutes, répondit la subrécargue.
Deller ne se rendit pas tout de suite bien compte des conséquences de son acte. Sortant sa trouvaille, il se souvint du geste à accomplir afin que la coque s’ouvre en deux sans se casser libérant sa pierre. Il fut tout d’abord étonné de l’extrême pureté des lignes ! L’objet valait probablement beaucoup plus cher que ce qu’il pensait, beaucoup plus cher, extrêmement plus cher… Et puis l’évidence s’imposa à lui, c’était la rançon, qu’il venait de piquer sans le savoir ! Oh, mais voilà qui compliquait bougrement les choses ! Jerko allait parler… Qu’à cela ne tienne, il ne ferait pas d’histoire, il rendrait les coques. Son beau rêve de fortune n’aurait alors duré que quelques minutes…
La voix de Steen Wilcox sur la radio du bord retentit alors !
« Appel à tout l’équipage, appel à tout l’équipage, nous avons le regret de vous informer que notre capitaine a été victime d’un accident cardiaque. Nous l’avons placé en container cryogénique. Nous espérons tous qu’il s’en sortira… Nous allons décoller de cette planète, début du compte à rebours dans 5 minutes, tout le monde à son poste… Je répète tout le monde à son poste pour décollage imminent… »
Voilà qui changeait la donne. Il n’y avait plus le feu ! Jerko n’avait pas parlé et n’était pas prêt de le faire… Donc inutile de rendre les coques, ils étaient à lui les coques… bien à lui… Il enfouit sa trouvaille dans son sac de voyage et se remit à rêver ! Comment gérer tout ça à présent ! Quitter ce vaisseau à la première occasion, puis embarquer comme passager vers un monde où il pourrait négocier sa trouvaille. Ensuite ce serait une retraite dorée jusqu’à la fin de ses jours où il pourrait se payer absolument tout ce dont il avait toujours rêvé… Seulement voilà, rien n’était si sûr, une fois décryogénisé et retapée, Jerko pouvait parler… Pétra ferait alors le rapprochement avec les coques… et même s’il avait déjà pris la fuite, l’enjeu était tel qu’ils mettraient le paquet pour le retrouver. Que faire, saboter le système de conservation du corps ? Encore faudrait-il qu’il trouve le moyen d’y accéder ! Non, il y avait bien plus simple… pas génial, mais plus simple…
– « Début du compte à rebours » ! Cria le micro.
Wilcox s’étonnait que Deller n’ait pas encore pris sa place dans la cabine de commande. Ce type était décidemment nul…
– Fermeture du sas piétons.
– Sas fermé.
– Fermeture du sas véhicule.
– Sas ouvert, mon lieutenant !
– Comment ça, « sas ouvert », quel est l’imbécile qui a oublié de le refermer ? Et bien fermez-le !
– Sas en cours de fermeture !
Et Deller qui n’arrivait pas…
– Grégory Deller est invité à rejoindre immédiatement son poste ou à me contacter par radio en cas de problème.
Cinq minutes plus tard, il n’était toujours pas là !
– Compte à rebours suspendu ! Restez tous à vos postes. Pétra vient me rejoindre, il y a urgence !
Quand la subrécargue fût mise au courant de ce contretemps, elle fit une drôle de tête !
– Il lui est peut-être arrivé quelque chose, je vais voir dans sa cabine.
Elle revint en courant, s’empara du micro :
– Appel à tout l’équipage, le sous-lieutenant Deller est introuvable, il lui est sans doute arrivé quelque chose dans une partie du vaisseau. Exécution du plan de fouille, chaque membre de l’équipage doit inspecter la zone dont il est responsable. Merci de me rapporter tout ce qui vous semble anormal.
Et au bout de quelques minutes :
– Une barge est signalée manquante !
Pétra Van Yaguen devint livide.
– Ce connard a pété les plombs ! On ne va pas aller le rechercher, Pétra, tu prends sa place ! Dit alors Wilcox.
– Je ne suis pas navigatrice.
– A nous deux on va se démerder, je reprends le compte à rebours…
Au pied du mur, Pétra fut obligé d’avouer :
– Wilcox, le butin, c’est lui qui l’a !
– Hein ? Comment tu sais ça ?
Elle lui expliqua. Fou de rage, il balança une gifle à sa collègue qui devant la force du coup s’écroula au sol !
– Espèce de sale conasse ! Tu voulais me doubler, c’est ça, hein ?
– Je te ferais payer ton geste, mon pote !
Pour toute réponse, Wilcox lui envoya un coup de pied dans les fesses !
– Bon, tu te calmes, je ne voulais pas te doubler, pourquoi est-ce que j’aurais pris le risque que tu me pourchasses, je ne suis pas folle quand même, je voulais simplement gérer la récupération du butin le plus tard possible et je n’étais pas sûr que tu sois d’accord avec ça !
– Et tu te figures que je te crois… alors qu’il suffisait de me le dire, on descendait dans sa cabine, on lui faisait sa fête et le tour était joué…
– Et on se retrouvait sans navigateur !
– Oui, comme maintenant…
– Bon, il faut le retrouver maintenant, annonce que le départ est suspendu… moi je vais appeler la barge !
– Parce que tu crois qu’il va te répondre ?
– Laisse-moi faire !
Elle avait craint un instant que Deller ait embarqué sur le vaisseau de Bugler, mais ce n’était pas le cas, la barge répondait. L’ordinateur de bord fit une estimation kilométrique sur la carte de la planète.
– Où il va, ce con ? Demanda Wilcox
– Il n’y a rien ici, que des mecs paumés qui cultivent des saloperies, c’est là qu’on a largué les passagers du Siegfried dont Bugler ne voulait pas…
– Je prends la barge restante avec deux hommes et je le course ! Toi tu bouges pas !
Certes, sur ce point Wilcox pouvait être confiant, sans le butin, Pétra ne risquait pas de s’envoler…
Deller fonçait vers les marais. Ces gens-là se faisaient forcément ravitailler, même si ce n’était qu’une fois l’an. Il lui suffirait de s’intégrer à leur communauté, puis d’attendre un vaisseau pour pouvoir quitter la planète.
Quand le messcom sonna, il ne fut pas surpris, il était normal qu’ils essaient de comprendre pourquoi il avait disparu en embarquant sur une barge. Il ne comprit qu’un peu plus tard qu’on le poursuivait ! Voilà qui n’avait aucun sens ! Le Fly28 avait tout intérêt à décoller au plus vite… Pourquoi perdaient-il leur temps pour essayer de récupérer un navigateur et une barge, puisque ni l’un ni l’autre n’étaient vraiment indispensables… A moins qu’ils aient soudain compris ce qu’il avait dans son bagage. Auquel cas la chose devenait plus compliquée. Mais il savait comment procéder. Il se posa dès qu’il le pu et mis hors tension tous les appareils. Ses poursuivants seraient incapables de le retrouver, sauf à activer des détecteurs de métaux, ce qui n’était pas forcement simple.
– Allo Pétra, j’ai perdu le contact ! S’énerva Wilcox.
– Il s’est peut-être planté !
– Je vais me poser et attendre, s’il s’est caché, il finira par repartir, il faudra bien qu’il mange.
– Il a peut-être emporté des provisions !
– Espérons que non ! Bordel, qu’est-ce qu’on perd comme temps ! Tout ça par ta faute !
– Les comptes c’est après on a dit ! Lui rappela Pétra.
– Mouais !
Deller regarda par le hublot, le paysage n’avait rien d’engageant, des plantes informes à larges feuilles sur lesquelles grouillaient d’inquiétants insectes… Il se demandait avec appréhension comment les gens arrivaient à survivre dans des endroits pareils ? Il réfléchit, il n’avait pas emporté de vivres, mais il savait que chaque barge possédait un panier de survie. Il vérifia, il y avait un litre et demi d’eau et un paquet de biscuit. Il pourrait donc tenir vingt-quatre heures… Un laps de temps suffisant pour que ses poursuivants se lassent, espérait-il.
Wilcox rongeait son frein, posé à son tour en pleine nature, il ne voyait pas quoi faire, sinon attendre, utiliser des détecteurs sophistiqués ne servirait sans doute à rien, la zone à balayer étaient trop importante et cette végétation luxuriante risquait de faire écran…
Vingt-six heures passèrent, presque une journée complète sur cette planète. Deller croisa les doigts et remis en marche les appareils. L’autre barge émettait toujours !
– Merde, ils n’ont pas renoncé. Ils savent donc que j’ai le butin !
Ils allaient donc le rattraper, tôt ou tard, certes il était armé, mais il ne sentait pas de taille à affronter une patrouille entière d’hommes entraînés. La situation devenait désespérée, il envisagea donc de se rendre…
Wilcox s’était endormi…
– Lieutenant, la barge de Deller émet de nouveau !
– Hein, quoi ! Vite on repart !
– Quel cap ?
– On essaie vite de le localiser, en attendant on ne perd pas de temps on file vers les marais…
Ce n’est que quelques minutes plus tard, qu’il se rendit compte que le fugitif faisait demi-tour.
– Qu’est-ce qu’il fait ?
– Il rentre ! Et nous aussi !
Deller s’approchait du vaisseau, constatant au passage que Bugler avait décollé, il envisagea un moment de demander l’ouverture du sas du Siegfried aux hommes qu’on avait laissé là pour garder la partie des prisonniers non encore négociée, mais l’affaire n’était pas évidente. Non il fallait mieux se rendre. Il demanda l’ouverture du sas véhicule, et se gara. Et c’est à ce moment que Deller constata que l’autre barge n’était pas rentrée. Il changea complètement son plan, et décida de profiter de l’aubaine et de jouer son va-tout. Saisissant son arme, il se rua vers le poste de commande, trouva Pétra qui ne comprenait plus rien, elle qui croyait que c’était Wilcox qui revenait.
– Fais démarrer le compte à rebours en position d’urgence immédiatement sinon, je tire, je suis capable de me débrouiller tout seul.
– Sans les codes ça m’étonnerait !
– Tu vas me les donner !
– Si tu me flingues, je ne pourrais pas te les donner…
Deller eut un tic nerveux, il ne fallait pas perdre de temps, chaque minute comptait. Il fut alors surpris de voir Pétra actionner la radio de bord.
– Compte à rebours d’urgence, chacun à son poste. Vérification immédiate des sas…
Deller poussa un sourire de soulagement, sans comprendre que si Pétra avait accepté de collaborer c’est que cette situation l’arrangeait.
– Stotz ! Estimation du temps restant !
– 13 minutes.
– Qu’est-ce que tu as fait de Wilcox, il m’a dit qu’il rentrait ? demanda Pétra.
– Il est derrière :
– Loin !
– Je ne sais pas !
– Coupez toutes les fréquences radio à l’exception de la fréquence intérieure ! Ordonna cyniquement la subrécargue.
– Ouvrez le sas véhicule ! Vociférait Wilcox !
– Ça ne passe pas, on ne peut pas l’activer d’ici en procédure d’urgence ? Interrogea l’un des hommes
– Je viens d’essayer, ils ont bouclé…
– C’est quoi ce bruit ? Le vaisseau va décoller, il ne peut pas partir sans nous…
– Je crains que si ! La salope ! La salooope ! Elle a réussi à me doubler ! La salooope !
– Il faut qu’on se mette à l’abri, mon lieutenant !
– C’est ça, on va se mettre à l’abri… La salooope ! La salooope !
Le vaisseau ne tarda pas à décoller. Une annonce très conventionnelle fut faite au micro informant que Wilcox et ses compagnons avaient eu un accident avec leur barge.
– Qu’est-ce qu’il va devenir ? Fit mine de s’inquiéter Pétra.
– Je suppose qu’il va faire ce que je m’apprêtais à faire, aller vivre avec les gens des marais et attendre qu’un vaisseau les ravitaille…
– Il n’y en aura peut-être jamais !
– Tu ne vas pas le plaindre, non ! Il n’a pas hésité à casser la vie de plusieurs centaines de gens. Il va se retrouver au milieu de certains de ces types. Je me demande comment il pourra survivre… Maintenant soyons clair, je te propose de nous associer, je vais te rendre ta part et je garde celle de Wilcox. Je n’ai aucun complice, tu peux donc facilement me trucider pendant mon sommeil, je ne te le conseille pas, je ne suis peut-être pas un excellent navigateur, mais sans moi, le vaisseau serait mal…
– Je le sais !
– Alors d’accord ? On ne tente rien réciproquement ! Je te donne ma parole, tu me donnes la tienne !
– Si tu crois que nos paroles valent encore quelque chose, on fait comme ça. Conclut Pétra.
– On met le cap sur où ?
– Sur Vargala, là-bas je trouverais un vaisseau à acheter, et on se séparera, je ne te prendrais pas dans mon effectif. Et puis il faudra faire sauter le Fly28.
– Et si un avis de recherche est lancé…
– Je connais du monde à l’astroport de Vargala, je me renseignerais avant d’atterrir…
– Et le corps de Jerko, on en fait quoi ?
– Oh, tu sais le système de cryogénisation ne fonctionne pas très bien, tu devrais aller vérifier, je vais te donner le passe pour y aller… Bon on passe quand en hyperespace ?
– Le temps de mettre le cap… dans vingt minutes je pense…
Pétra Van Yaguen regagna sa cabine. Finalement, pour elle cette affaire ne se terminait pas si mal, elle se retrouvait avec la moitié du butin, ce qui était loin d’être évident quand la veille, elle avait voulu négocier avec Jerko… Restait à gérer ce freluquet de Deller, sur Vargala, n’importe quel tueur n’en ferait qu’une bouchée… elle verrait bien… en attendant elle ressentit le besoin de se détendre, et pour elle la meilleure détente c’était encore ces séances de domination qu’elle adorait…
De sa cabine, elle appela Fanny, une grande perche blonde qui travaillait depuis peu sur la cargaison alimentaire et la serre du vaisseau.
– Tu peux venir me voir, j’ai envie d’une petite séance de défoulement, ramasse deux mecs au passage, je te laisse le choix…
Fanny arriva quelques minutes après suivie de deux hommes. Lee était un homme assez frêle, d’origine asiatique et au visage quasi efféminé, Sauba, un éphèbe couleur d’ébène.
– Je t’ai dit deux mecs, tu me ramènes une nana ! Se moqua Pétra.
– Je ne sais pas si c’est un mec ou une nana, mais c’est super mignon, et ça à une belle bite…
– Je le sais bien, je l’ai déjà sucé, ton travelo… Alors les mecs ! Vous êtes prêts à souffrir ?
– Oui maîtresse ! Répondirent les deux soumis.
– Je vous préviens vous aller déguster, j’ai un trop plein de stress à évacuer… si vous ne voulez pas jouer, autant me le dire tout de suite…
Ils ne bronchèrent ni l’un ni l’autre, déjà habituées aux fantaisies de la subrécargue et ne s’en portant pas plus mal
– Ok alors qu’est-ce que vous attendez pour vous mettre à poil ! Bandes d’enculés !
Et tandis que les deux « invités » s’exécutaient, Pétra fit signe à Fanny de s’approcher.
– Enlève-moi tout ça, j’ai envie de te peloter…
La grande blonde eut tôt fait de se retrouver à poil, et la subrécargue s’empressa de lui malaxer les seins, de les embrasser, de les tripoter, de les lécher, de les presser, bref de faire avec eux, tout ce qu’il est possible humainement parlant de faire.
– Bon vous deux, pour l’instant vous restez à genoux ! Vous avez le droit de regarder, venez même plus près… Voilà comme ça ! Et branlez-vous en nous regardant, c’est autorisé !
Les deux soumis obéirent et se mirent à se masturber lentement…
– Mais non, pas comme ça, bandes d’idiots, vous vous masturbez mutuellement… sinon ça n’a aucun intérêt…
Lee n’hésita pas à prendre la grosse bite de son collègue et de faire avec ce qu’on lui avait ordonné. Sauba, sans doute moins motivé, ne tarda pas à lui rendre la politesse.
– Ah ! Regarde-moi ce branleur ! Se moqua Pétra !
– Des suceurs de bites, des enculés… Ajouta Fanny.
– Et ils aiment ça en plus ! Dites-le que vous aimez ça ? On veut vous entendre le dire !
– Hummm, moi j’adore tout ça ! Confirma bien volontiers Lee.
Pétra ne put s’empêcher d’éprouver un curieux trouble en observant ce jeune homme complètement imberbe, peu musclé, fin, à la peau doré et, au visage de fille. Seul son sexe fin long et brun détonnait dans cet ensemble. Il avait même une toute petite poitrine que terminaient de charmants tétons marron foncés… Une femme à bite se dit-elle… Elle revint vers son sujet de préoccupation précédent, c’est-à-dire le cops laiteux de la sculpturale Fanny.
Elle revint caresser ses gros mamelons mais cette fois s’acharnant sur les tétons dardés, les pinçant les mordillant, les tourbillonnant, arrachant des cris de sa victime où la frontière entre la douleur et le plaisir était bien confuse.
Voilà, ce qui lui fallait, ça, ça lui plaisait bien, elle alla chercher un martinet et continua de plus belle !
– Tu tapes trop fort, arrête ! Cria Fanny
– Tu aimes ça !
– Non, pas si fort !
– Tais-toi, où je tape encore plus fort. !
Fanny se retourna alors !
– Non, c’est toi qui arrêtes, sinon je me barre !
– Essaies pour voir !
– Je vais me gêner !
Fanny attrapa ses fringues et se dirigea vers la sortie ! Elle espéra vainement que Pétra la rappelle pour s’excuser de sa conduite… En vain, ce n’était pas le genre…
Pétra se tourna vers les deux mâles, et là constata une nouvelle catastrophe, le ventre de Sauba était souillé de sperme, il venait de jouir…
– Mais qu’est-ce que tu as foutu ! Hurla-t-elle en direction de Lee.
– Rien, c’est parti tout seul, je ne pouvais prévoir ! Répondit l’asiatique
Pétra fit signe alors à Sauba de quitter la cabine. Rien ne se passait comme elle l’espérait. Elle n’avait pas de plan précis mais avait envisagé à un moment de faire monter du champagne par Uguet, une autre femme du bord, bien sûr elle serait restée, et ils auraient partouzé à cinq toute une partie de la nuit en éclusant bouteilles de champagnes sur bouteilles de champagnes.
– Allez, approche-toi de moi, on va rester tous les deux, dit-elle à Lee.
– Qu’est-ce que vous allez me faire ? Demanda-t-il sans aucune appréhension.
– Je ne sais pas, pour l’instant je te caresse, tu la peau si douce !
– Merci, ce n’est pas si souvent qu’on me complimente.
Elle lui tripota un peu les fesses, aventura un de ses doigts dans son anus, lui branla un peu la verge, la suça… Toute agressivité avait maintenant disparu chez la subrécargue… Quand elle estima que Lee bandait suffisamment, elle lui expliqua son plan :
– Tu vas me prendre, tu me baises jusqu’au plaisir, et quand tu auras fini je veux que tu me prennes dans tes bras et on s’endormira tous les deux comme ça :
Si Lee fut surpris par cette proposition inattendue, il n’en montra rien et répondit simplement !
– Avec grand plaisir Madame !
Héka, Murenko et Leiris
Comme il l’avait promis à Kéni (voir le chapitre 10 de Vargala Station) Leiris Misdas s’en fut faire une visite de correction auprès de Murenko. Ce dernier l’accueilli dans la salle du bar de chez Winah, avec un manque d’enthousiasme évident.
– T’as besoin de quelque chose ? Ironisa-t-il.
– Non, je sais que tu aurais voulu que je fasse équipe avec toi, c’est « non ! Disons que je voulais clarifier nos rapports ?
– Quels rapports ? Je t’avais dit que j’avais joué une carte personnelle. Je l’ai joué et j’ai perdu. Je me débrouillais pour réunir de fonds pour acheter un vaisseau et je t’engageais comme navigateur, avec les logiciels de Palinsky, on se remboursait nos dettes dès le premier voyage.
– Pourquoi tu nous l’as pas dit plus tôt ? Demanda Leiris !
– Ha ! Ha ! Ben, je ne voulais pas prendre le risque de passer pour l’un de vos complices. Jerko m’aurait fait liquider. Je t’avais donné une adresse, c’était ici ! Je m’arrangeais pour faire neutraliser ton tueur et le tour était joué. T’avais pas confiance.
– Non !
– Alors tu as préféré ce plan tordu qui t’as amené jusqu’à la presqu’île des exclus, une perte de temps incroyable, mais je pensais te récupérer tout de même, c’est sans compter sur les tocades de Madame Kéni ! Et maintenant j’ai l’air de quoi maintenant ? D’un con ?
– Madame Kéni t’estime beaucoup.
– Rien à foutre de son estime.
– Bon, je te laisse, nous ne sommes pas ennemis.
– Pas ennemis, mais copains non plus ! Répondit Murenko refusant la main que lui tendait le jeune homme.
Et puis soudain Murenko eut une idée, pas une grande idée, mais une idée quand même, il rappela Leiris.
– Allez reviens, on va se serrer la main ! Excuse-moi, je suis un peu à l’Ouest en ce moment.
Cette fois les deux hommes se serrèrent la main et Leiris en fut réconforté.
– Tu es à quel hôtel ?
– Au Neutrinos
– Whah, le grand luxe !
Héka était hors d’elle ! Murenko était venu lui annoncer l’échec de son plan, il s’était fait traiter de tous les noms et avait écopé d’une magistrale paire de gifles. Pourtant il resta stoïque, laissant passer l’orage. Il avait encore besoin d’Héka, seule elle pouvait faire rebondir ses projets :
– Tout n’est peut-être pas foutu, mais il faut que tu m’aides !
– Ah ! Oui, et t’aider à quoi ? J’en ai marre de tes plans foireux !
– Mon plan n’était pas foireux, j’ai simplement joué de malchance !
– Mais enfin, c’est si compliqué que ça de trouver un spécialiste, de cambrioler la chambre d’hôtel de Leiris et de piquer les logiciels ?
– Il a dû les mettre en sécurité !
– Et alors, on le fera parler !
– Non, on ne peut pas faire ça, il est protégé par la mère maquerelle de la « Maison Parme », trop dangereux, et puis c’est pas le tout de récupérer les programmes, il faut qu’on puisse s’en servir, moi je ne sais pas, seuls trois mecs en semblent capables et on ne va pas faire ça sous la contrainte !
– Alors c’est quoi ta nouvelle idée géniale ?
– Leiris va devoir se constituer son équipage, tu y vas ! Une fois dans la place, tu te débrouilles pour avoir accès aux logiciels, et tu les recopies !
– Ben voyons ! C’est moi qui prends tous les risques ! Et toi tu fais quoi, pendant ce temps-là ?
– Je vais essayer de récupérer Morgan ! Bon on fait la paix, viens me faire un bisou !
– Dégage, conard ! Si l’autre m’embauche sur son vaisseau, je te fais signe ! On peut le trouver où, d’abord ?
Héka se rendit très simplement à l’Hôtel Neutrinos et se fit annoncer à la réception.
S’il y avait quelqu’un que Leiris ne s’attendait pas à trouver en face de lui c’était bien cette femme.
Moment de panique pour Leiris : Si Héka est sur Vargala-station c’est que Jerko est déjà revenu, pourquoi alors n’en a-t-il pas été informé ? Et comment a-t-elle su qu’il était ici ? Une arme vite au cas où ! Ne pas ouvrir ? A quoi bon, puisqu’il est repéré ? On sonne !
– Je vais t’ouvrir, mais attends cinq minutes, je finis quelque chose !
Il contacte l’astroport… Non le vaisseau de Jerko ne s’est pas posé de nouveau ! Elle n’avait donc pas réembarquée ? C’est quoi ce cirque ? Il finit par ouvrir découvrant la jeune femme. Toujours aussi jolie, ses longs cheveux roux lui descendent en cascade sur ses épaules nues, elle est habillée d’une sorte de fourreau blanc, dissimulée sous une capeline qu’elle vient de retirer et qu’elle tient au bras !
– Ça va, Leiris ?
– Tu sors d’où ? C’est Jerko qui te missionne ?
– Du tout ! Je vais tout t’expliquer. Avant qu’on atterrisse ici, Murenko m’avait dit qu’il avait une combine pour acheter un vaisseau et aussi des tuyaux pour obtenir des prestations super juteuses. Il m’avait donc promis un poste de second de vaisseau. Et puis bon, son truc, ça a foiré, je me retrouve sans rien ! Tu m’embauches ?
– Et comment tu as appris que je réunissais un équipage ?
– Bof, tout finit par se savoir ici, imagine toi, l’histoire est trop belle, le chef des mutins qui voulait renverser Jerko qui échappe à ses tueurs, qui trouve la protection d’une superbe gérante de bordel qui par amour lui offre un vaisseau et son commandement. On se croirait chez Perrault !
Sauf que ce n’était pas par amour, sinon ce résumé effectivement très romanesque n’en était pas moins exact.
– C’était quoi tes fonctions sur le Fly28, je n’ai jamais vraiment compris ?
– Rien, ou plutôt un peu de tout, je suis sortie major de l’école des cadets de la marine civile, il y a huit ans !
– Sur Terre !
– Oui !
Cette découverte d’un passé commun, quoique décalé leur permit d’échanger souvenirs et anecdotes. Leiris put aussi constater que la jeune femme n’affabulait pas.
– J’ai été tout de suite embauchée sur un gros cargo, mais j’ai vite déchantée, le boulot était inintéressant, l’ambiance pourrie, j’ai fini par m’engueuler avec le responsable des effectifs. Il a été odieux « Si vous souhaitez rester au sol à la prochaine escale, on n’ira pas s’en plaindre, on sera débarrassé d’une emmerdeuse ! Mais prévenez-nous avant si vous voulez toucher votre solde ! » et moi comme une conne, par fierté idiote, je lui ai répondu que « Effectivement à la première occasion je quitterais ce vaisseau de débiles ! » Je suis donc restée au sol, je pensais que de toute façon, je ne m’éterniserais pas, et que je serais réembauchée assez vite ! Mais ça ne s’est pas passé comme ça ! On m’a débarquée sur Novassa, tu connais ?
– Non !
– J’ignorais tout ça, mais Novassa c’est la planète mère des Tigranes, une secte religieuse qui prône la supériorité des femmes, aucun étranger ne peut y pénétrer sans autorisation, il y a une sorte de zone de transit près de l’astrodrome qui échappe théoriquement à leur contrôle, mais c’est carrément infréquentable comme coin, surtout pour une femme, sinon il y a une petite administration portuaire avec quelques commerces, cafétéria, tout ça… J’ai réussi à me faire embaucher comme cuisinière en attendant qu’un vaisseau veuille de moi !
Héka marqua une interruption et l’espace d’un instant, se caressa avec une sensualité toute contrôlée ses belles épaules dorées, puis elle reprit :
– Près de quatre ans, je suis restée là-bas, une nana m’a pris en sympathie, une religieuse. Elle venait régulièrement à l’astroport, elle avait une fonction officielle assez obscure, elle était marrante, elle voulait me convertir à son truc ! N’importe quoi ? Elle a réussi à me faire visiter quelques coins de sa planète, il y a des paysages superbes, mais sinon qu’est-ce qu’elles doivent se faire chier… Les mecs là-bas, ne servent qu’à deux choses, les travaux pénibles ou sans intérêt, d’une part, et la fourniture de sperme pour les bébés in vitro ! Ils sont traités comme des esclaves, reçoivent une éducation minimum et ne peuvent pas sortir de leurs zones réservés !
– Toute la planète est comme ça ?
– Presque, mais elle n’est pas entièrement colonisée, j’ai cru comprendre que des groupes de réfractaires arrivaient à s’organiser dans des coins éloignés, et puis pour l’astroport ils sont obligés d’être un peu moins stricts ! Comme sur beaucoup de colonies, ils n’arrivent pas à suivre la technologie ! C’est une aubaine pour les cargos, il y a toujours quelque chose à leur refiler ! Pourtant le trafic n’est pas intense ! Un ou deux vaisseaux par semaine, mais l’astroport fait aussi aéroport, ça fait un peu d’animation… Je pensais me faire embaucher rapidement, mais les vaisseaux qui passaient n’avait besoin de personne, ou alors ils étaient tellement louches que… Bon ! Et puis un jour le Fly28 s’est posé, je n’étais pas en cuisine ce jour-là, je faisais un dépannage en salle, et c’est là que j’ai rencontré Wilcox, il m’a dragué, je me suis laissé faire, mais avant je me suis assurée qu’il m’intégrerait à l’équipage. Il a tenu parole, allant même jusqu’à bluffer son capitaine sur la nécessité de m’embaucher. J’ai eu une chance énorme, il a plutôt l’habitude de larguer les filles qui couchent avec lui, mais là je crois qu’il a eu un vrai coup de foudre, ça sert parfois d’être un bon petit lot ! Ma fonction officielle était ingénieur informatique, mais en réalité je faisais un peu de tout, je bouchais un peu les trous, et j’étais la maîtresse de Wilcox, mais pas que de lui.
– Intéressant ! Se borna à répondre Leiris qui n’avait jusqu’ici jamais entendu la belle rousse tenir un discours aussi long.
En fait, il avait déjà pris sa décision, il ne se priverait pas de ses services, il l’embaucherait, restait à savoir à quel poste !
– Après, Wilcox et moi, on s’est un peu lassé l’un de l’autre, je me suis rapprochée de Murenko, il était plus imaginatif, plus cultivé, plus drôle aussi… N’empêche que ce coup foireux qu’il m’a fait, il me reste en travers !
– Quel fonction, tu aimerais que je te confie ?
– Je vais être très franche, je place la barre très haute !
– C’est-à-dire ?
– Adjointe du capitaine ou navigatrice.
– C’est déjà pris !
– Bon, alors tant pis, je te laisse !
La jeune femme prit alors ses affaires et se dirigea vers la porte de la chambre.
– Euh, je ne suis pas fâchée, bien sûr, je te laisse mes coordonnées si des fois tu changes d’avis ! Indiqua-t-elle.
– Donne toujours !
– Au fait, juste une question tu avais déjà entendu parler de Novassa ?
Ce nom lui disait vaguement quelque chose, mais sans plus.
– Pas vraiment…
– Je ne comprends pas que la Terre laisse des planètes aux mains de cinglées pareilles !
– La Terre a peut être autre chose à faire !
– Mwouais, en fait le discours officiel, c’est de dire qu’un régime comme celui-ci finira par imploser ! Et le discours officieux, c’est que s’il le faut on s’en débarrasse quand on veut ! Mais pour les avoir un peu fréquentées, je sais que les choses ne sont pas si simples !
Leiris se demandait le pourquoi de ce qui lui semblait une digression. Il allait bientôt le savoir !
– De l’extérieur on s’imagine que c’est une planète de bonnes sœurs ! Elles ont un système très rigoriste, très codé ! Mais tu ne peux pas non plus imposer l’abstinence sexuelle à toute une population ! Donc au lieu d’interdire, elles ont codifié ! Et faut voir le résultat ! Avec les hommes c’est l’interdit total, pour celles qui transgressent c’est le bannissement, je ne sais pas exactement en quoi ça consiste, par contre les relations entre femmes sont tolérées mais ritualisées.
Elle se tut alors volontairement, frustrant Leiris des détails.
– Elles ont un rituel pour s’envoyer en l’air ? Demanda-t-il pour relancer la conversion.
– Ben oui, en fait il y a deux choses, il faut s’enduire le corps d’huile sacrée, c’est astucieux parce que ça empêche les filles, du moins celles qui suivent le dogme, de faire l’amour n’importe où ! Et puis la pénétration d’objets est théoriquement interdite, du coup celles que ça démange, elles se fistent, et avec l’huile c’est encore meilleure !
– Tu as fait une véritable enquête, dis donc ?
– Je t’ai dit, la fille qui m’a prise en amitié là-bas voulait me convertir, elle a usé tous les moyens. J’avoue que cette façon de faire l’amour m’a bien plus ! Ce qui est dommage c’est que les mecs quand tu leur proposes de se badigeonner avec de l’huile, ça ne les intéresse pas…
Et de façon tout à fait inattendue, Héka se déshabilla très vite, subjuguant Leiris qui n’avait jusqu’ici qu’entre-aperçu son corps dans un peignoir mal fermée à bord du Fly28. Son corps bronzé, légèrement musclé, nerveux, aux proportions idéales fit instantanément bander le jeune homme !
– Alors qu’est-ce que tu en dis ? Demanda Héka, provocante.
– Tu m’excites !
– J’espère bien ! Approche-toi, je ne vais pas te manger !
Déjà Leiris pelotait les épaules de son intrigante visiteuse !
– Déshabille-toi !
A regret, il cessa ses caresses et commença à faire ce qu’on lui demandait, il se retrouva assez vite exhibant un sexe hypertendu au gland gonflé de désir. Malgré son trouble, il voulut montrer à la jeune femme qu’il restait lucide
– Héka, tu es en train de me provoquer, je ne sais pas résister à ce genre de chose, ou alors je n’ai pas envie de résister, mais je voudrais que les choses soit claires, ce n’est pas parce qu’on aura couché ensemble que tu auras le poste que tu me demandes.
– Ne t’inquiètes pas, je suis aussi lucide que toi, mais bon, j’ai le droit d’essayer…
Ses mains se baladaient maintenant sur les testicules du jeune homme. Deux craintes l’interpellaient : celle de se faire avoir, bien sûr, mais aussi celle que cette affaire se termine trop vite.
– Tu n’as pas une grande bâche en plastique ?
– Une grande… Ben non je n’ai pas ça, c’est pour quoi ?
– J’ai toujours un petit flacon d’huile parfumée, je t’aurais montré comment on fait l’amour sur Novassa…
– Désolé, je n’ai pas de plastique…
– Comment faire ? On pourrait se mettre par terre, mais c’est pas trop hygiénique…
La jeune femme retira ses mains, fit un pas vers la chaise sur laquelle elle avait posé ses affaires
– C’est dommage, tu bandais bien !
– Tu t’en vas ?
– Je vais revenir, je vais essayer de trouver une bâche…
– Tu joues à quoi, Héka ?
– J’aurais voulu te montrer ce que tu perds si tu ne m’embauches pas !
– Je veux bien t’embaucher mais pas comme seconde de vaisseau…
– C’est pour qui le poste ? Quelqu’un que je connais ?
– Pour Enzo !
– Tiens, tiens, Enzo, ton grand copain, mais où il est celui-là ?
– Pas bien loin ! Répondit Leiris espérant que son ami finirait, comme cela était prévu, par le rejoindre.
Héka attrapa sa culotte, la tendit comme pour se préparer à l’enfiler, puis se ravisa, en fit une boule et la plaça sous le nez de Leiris.
– Ca sent bon, hein ?
– Hummm
L’autre main attaquait de nouveau les testicules, le résultat ne se fit pas attendre. Héka déplaça sa main sur la verge, se contentant de la caresser comme elle l’aurait fait à un petit animal, tout en regardant Leiris dans les yeux. Une nouvelle fois, elle retira sa main, mais ne bougea pas ses yeux, elle cracha dans sa paume, puis ainsi humectée, la promena d’un mouvement circulaire sur le gland du jeune homme.
– Arrête, tu vas me faire jouir !
– Pourquoi ? Tu ne veux pas ? Minauda-t-elle.
– Tu pourrais peut-être…
– Peut-être quoi ? Te sucer, te faire l’amour ? Je n’ai pas envie, et je ne te dois rien !
Leiris ne répondit pas, ses mains le faisaient à sa place caressant la peau veloutée de la jeune femme
– Pas les seins !
– Tu es cruelle !
– Tu veux que j’arrête ?
– Non, continue !
– Tu es bien sûr ? répondit-elle stoppant son mouvement.
– Continue, Héka !
Elle le fit, ne tardant pas à produire un geyser de sperme dont une partie dégoulina sur sa main.
– Cochon, tu en as foutu partout !
Héka en allant se rincer les mains, lança alors sur un ton amusé :
– Alors tu m’embauches ou tu m’embauches pas ?
– Je t’ai déjà répondu, je t’embauche mais pas comme second de vaisseau.
– Comme quoi alors ?
– Tu pourrais être le numéro trois du vaisseau, tu superviserais tout, la mécanique, la cargaison, l’équipage, les liaisons… mais pas la navigation, pour moi c’est un domaine réservé.
– Alors O.K. ça marche !
Leiris resta bouche bée, il s’attendait à une négociation serrée, et quelques idées lui étaient venus à l’esprit. Mais là la jeune femme semblait tout d’un coup avoir révisé ses ambitions à la baisse et s’en contentait…
– Voilà mes coordonnées, préviens moi quand tu partiras… et à bord j’espère que j’aurais l’occasion de te montrer d’autres aspects de mes talents… bisous ?
Ils s’embrassèrent mais plutôt chastement.
Héka était satisfaite, elle venait d’avoir, pensait-elle, la preuve que Leiris se laissait mener par le bout du sexe (c’est bien le cas de le dire) Son petit numéro avait été très instructif, une fois à bord, faire de ce garçon son jouet ne serait pas trop compliqué… D’humeur joyeuse elle alla se payer une bonne glace à la pistache à l’ancienne au bouiboui d’en face. Mais avant elle téléphona à Murenko.
– J’ai deux infos : La première c’est que Leiris m’engage sur son vaisseau…
– Bravo !
– La seconde c’est que je tiens à te prévenir que je vais jouer ma propre carte.
– De quoi ?
– A moins que tu me trouves une bonne raison pour qu’on la joue ensemble.
– Salope !
– Non, je ne voulais pas te prendre en traite. Bisous mon grand !
à suivre
nikosolo@hotmail.com
Première publication Décembre 2007. Revu et corrigé en septembre 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net.
S’il faut être obsédé sexuel pour aller dans l’espace je signale que je possède toutes les qualités requises
aurait pu s’appeler : les obsédés dans le cosmos ! LOL 😉
Ça se déchaîne et ça s’agite dans tous les coins et c’est toujours aussi passionnant et excitant