Une nouvelle vie
7 – Coming out heureux
Par betwo21
Je me réveillai tôt le lendemain, mon corps nu au contact de celui de mon amant : j’avais une érection qui me gâta le plaisir de me retrouver près de lui qui semblait très engoncé dans le sommeil ; il avait besoin de récupérer aussi me levai-je discrètement et enfilai le tanga et la gandoura afin qu’il me retrouve dans ces atours quand il descendrait.
Cela faisait une heure environ et je finissais de mettre un peu d’ordre dans la cuisine et le salon quand il me prit dans ses bras pour un bonjour langoureux. Après qu’il aurait déjeuné et pris une douche nous irions, il en était d’accord, faire un tour en ville avant d’aller déjeuner à la même auberge, au bord de l’Erdre, qui nous avait accueillis quelques temps auparavant Françoise et moi. Il s’agissait de tout simplement vivre sans détours notre liaison mais sans non plus la marquer de manière ostentatoire : ce ne serait pas un « coming out » !
La journée était belle, j’avais bien fait de réserver en terrasse, ombragée cependant. Notre flânerie préliminaire en ville fut surtout l’occasion de partager notre connaissance de la ville que j’avais vu se modifier beaucoup au cours des quarante dernières années. Mon partenaire apprit ainsi un peu de mon passé et il me montra certaines choses avec un œil de jeune homme : telle nouveauté que je n’avais pas remarquée, tel lieu dont les habitudes étaient toutes neuves… Bref, une agréable balade, puis une escapade vers l’auberge car nous avions faim, et de bonne chair.
Je présentai mon compagnon au tenancier comme une relation ancienne qui se renouait par le jeu du temps et du travail et il est vrai que nous avions bien choisi pour notre première sortie conjointe car la table était bonne et l’atmosphère agréable. Au moment de sortir, en repassant par la salle principale du restaurant, nous eûmes une petite surprise : Françoise était en train de finir son déjeuner, en compagnie d’une charmante femme à qui l’on pouvait de prime abord attribuer la trentaine juste passée. Rien d’autre que l’amitié qui me liait à elle nous fit diriger nos pas vers le duo pour les saluer et, puisque l’occasion se présentait que Françoise fit la connaissance d’Pascal. Après les présentations, sa compagne s’appelait Clotilde, Françoise nous proposa de nous asseoir à leur table quelques minutes et que l’on prenne un café ensemble ; pourquoi pas ? Cela ne semblait gêner aucun de nous quatre. La discussion fut très banale, à ceci près que je me rendis compte rapidement que Clotilde était à l’évidence du genre de mon amie – mais sa voix trahissait par moment la jeunesse de son nouvel état – et que Françoise portait une grande attention à la manière dont Pascal parlait, comment il s’adressait à moi, comme si elle cherchait à déceler dans son comportement des signes particuliers. Pascal fut d’un naturel évident et ainsi que nous l’avions décidé, et parce qu’il ne connaissait pas du tout Clotilde, ne laissa pas ou presque pas transparaître que nous étions plus qu’amis. En fait, Françoise me dira plus tard que c’était moi qui étais le plus identifiable et que sa compagne lui avait posé tranquillement la question quand elles se retrouvèrent seules car, avait-elle dit, mon regard posé sur mon « ami » parlait tout seul.
Cet intermède charmant ne dura pas plus de 20 minutes et, après l’au revoir, nous passâmes chez Pascal chercher un minimum de choses dont il avait besoin le lendemain pour repartir directement de chez nous au travail. J’en profitais pour lui demander s’il ne voyait pas l’intérêt de s’installer à la maison, son regard m’en dit suffisamment et nous convînmes de profiter d’un week-end un peu long pour effectuer un mini déménagement. Il garderait cependant son petit appartement parce qu’il ne souhaitait pas le mettre en location.
L’après-midi passa très vite et après une douche rapide je revêtis ma gandoura et mon tanga pour passer la soirée en tenue intime, mon amant de son côté se mit aussi dans une tenue décontractée. Après le diner – tout était prêt depuis la veille au frigo – nous nous installâmes de nouveau dans le canapé et ce fut l’occasion pour moi de lui parler de mes préoccupations psychologiques par rapport à mes érections. Je lui dis le reste de la discussion avec mon amie sur ce sujet, ses réticences importantes et qu’elle avait insisté pour que nous en parlions avant d’aller plus loin. Pascal manifesta d’abord sa surprise car il n’avait pas pensé à cet aspect des choses puis continua en disant que Françoise avait raison et qu’il nous fallait prendre du temps pour bien peser le pour et le contre d’une opération à caractère définitif tout en reconnaissant que j’étais au centre au bout du compte puisque c’était un sujet douloureux pour moi. Pour finir il affirma qu’il n’était pas contre en soi et que si j’y tenais absolument, alors… Il nous fallait bien nous renseigner et rechercher les meilleurs conseils avant toute décision. « Oui, amour, d’accord et je vais donc en rediscuter avec Françoise… ». Ses lèvres achevèrent ma phrase et nous propulsèrent vers une nouvelle séquence amoureuse avant le sommeil.
Pascal se leva avant moi, sans doute l’habitude des horaires précoces, et quand je descendis le petit déjeuner m’attendait que lui était en train de finir. C’est avec une émotion non contenue que je le laissai repartir pour la semaine.
Cette semaine passa en fait très vite car j’avais un peu de travail en retard et pas trop le temps de m’occuper d’autre chose, hormis les échanges téléphoniques chaque soir avec mon jeune amant. C’est pourquoi je remis à plus tard une discussion avec Françoise sur ce sujet brûlant de mes érections que je souhaitais voire disparaître. Cela ne m’empêcha pas cependant de l’avoir au téléphone car c’est elle qui en prit l’initiative : elle tenait à me dire qu’elle avait apprécié ce premier contact avec Pascal qui lui semblait en effet correspondre à ce que je lui en avais dit, elle ajouta que Clotilde avait deviné le caractère de la relation qui nous liait Pascal et moi et qu’elle n’avait pas su la contredire d’autant que, comme je l’avais sûrement remarqué, elle était une jeune transgenre mais surtout sa toute nouvelle compagne, de vie, insista-t-elle ; ce qui établissait une sorte de parallèle entre nos situations. Elle voulait me le dire et qu’il n’y eût pas de malentendu entre nous et souhaitait que nous nous rencontrions de nouveau et que ce quatuor se constitue en amitié sans ambiguïté puisqu’elle avait senti que « le courant passait bien » entre nous. Bien sûr j’étais d’accord et je lui dis être persuadé que Pascal le serait aussi : cela faciliterait certainement l’exposition inévitable de notre liaison. Je lui annonçai juste que nous avions eu une discussion avec Pascal concernant mes érections et que nous avions décidé d’approfondir, notamment avec elle, cette question pour évaluer ce qu’il était souhaitable et possible de faire ; pour terminer là-dessus je lui redis que j’avais beaucoup de mal à supporter cet état mais que je me rangerais aux avis avertis, qu’elle s’attende donc à ce que je lui demande un entretien assez vite là-dessus. Elle me répondit qu’elle se doutait bien, étant passée par ce stade, que Aliocha n’en resterait pas là mais qu’elle était contente de m’entendre en parler de manière moins passionnée.
Cette semaine encore, je pris un nouveau rendez-vous au cabinet d’esthétique pour entamer aussi l’épilation définitive de ma barbe et ma moustache car j’avais décidé de présenter très vite un visage lisse et doux à mon amant et de poursuivre tranquillement ma transformation extérieure en me laissant pousser les cheveux : je porterai un catogan pour mes sorties et rencontres professionnelles et sociales tant que l’on n’aurait pas décidé d’opérer une sorte de « coming out » et le reste du temps j’aurais une chevelure longue sur les épaules. Je savais qu’ainsi je ferai plaisir à Pascal et qu’en même temps le port de la lingerie féminine ne paraîtrait pas inopportun. Mais ces deux décisions je les garderai pour moi afin que mon amant le découvre petit à petit – en quelque sorte un cadeau donc un peu une surprise.
Je fus de nouveau bien reçu au cabinet et ma demande d’épilation du visage ne sembla pas surprendre ; qui plus est, l’esthéticienne devança ma demande et me proposa d’épiler les pattes jusqu’en haut ce qui, me dit-elle avec un petit sourire me donnerait un visage plus féminin… mais il faudrait peut-être aussi alléger les sourcils ? Pourquoi pas lui dis-je sur le même ton badin. Manifestement le lien avec Françoise avait fait comprendre de quel genre de modification il s’agissait et ainsi s’installa une complicité qui allait bien m’arranger. En effet après avoir fini cette partie du travail que j’avais demandé elle m’interrogea sur les résultats de l’épilation du corps et pour qu’elle voit où cela en était je me dévêtis. Elle trouva que c’était plutôt encourageant et que mon épiderme réagissait bien et m’annonça que la prochaine séance pourrait avoir lieu dès la semaine suivante, ce qui me surprit un peu tout en me contentant. Et puis, sans que je dise quoi que ce soit de plus, elle m’interrogea doucement sur l’intérêt que je trouverais à une éventuelle épilation entre les fesses. A ce moment-là j’étais sur le ventre et elle ne put me voir rougir, ce que je sentis bien moi d’autant que Françoise m’avait dit que cela ne ferait pas partie du traitement. Après une légère hésitation je lui répondis qu’en effet cela pouvait avoir des avantages et qu’elle pouvait y regarder de plus près ; ce qu’elle fit délicatement et qu’elle traduisit par une phrase laconique : « vous êtes peu poilu à cet endroit, il n’y aurait donc pas de problèmes, sauf… un petit supplément ». Toujours allongé face au matelas je lui dis que ce n’était pas du tout non plus problématique et qu’elle me dise donc quand elle pourrait y procéder. Sa réponse fut instantanée : « première séance de suite si cela vous va, il y en a pour moins de dix minutes et je n’ai pas de rendez-vous avant une demi-heure ». J’acquiesçai et je me retrouvai donc peu de temps après avec la raie culière glabre. L’on verrait bien en temps utile l’intérêt de ce petit supplément.
De retour chez moi, je ne pus m’empêcher de me regarder attentivement dans le grand miroir de la salle d’eau et force fut de constater que l’épilation faciale ajoutée à celle du torse me donnait un petit air neuf : pas une transformation complète mais quand même une différence perceptible qui rendait mon corps longiligne un peu plus ambigu – je n’avais jamais donné dans le genre trapu ni large d’épaules, mon sport de jeunesse était principalement le saut en hauteur et secondairement le volley, et actuellement de temps en temps une séance de badminton avec quelques amis – d’autant que ma figure semblait plus fine. Alors j’allai prendre les lingeries offertes par mon amant et les réessayai toutes, y compris même le soutien-gorge sous le kimono si soyeux : la glace me renvoyait à chaque fois une image qui me satisfaisait : j’étais sûr que mon amant apprécierait cette modification qui tout en me féminisant ne trahissait pas encore une modification de genre. J’avais hâte de voir comment il réagirait et en même temps me demandais ce que pourrait bien être le prochain stade de modification.
Ce travail de l’esthéticienne était sûrement très habile puisqu’aussi bien je ne rencontrai chez aucune des personnes que je vis, pour mon travail et pour la vie de tous les jours, aucun regard interrogateur ou surpris : mon apparence que je percevais différente ne me modifiait pas aux yeux des autres. Qu’en serait-il de Pascal ? Ma hâte grandit de le retrouver comme il me l’annonça par téléphone en début d’après-midi du samedi après qu’il serait passé chez lui pour diverses bricoles.
Quand il arriva je n’avais plus rien à faire que de me remparer de lui et de prendre un jour et demi qui me donnerait hors de la routine. Notre baiser sur le pas de la porte fut long et à la fois dur et langoureux : par nos lèvres et nos langues nous renaissions deux amants heureux. J’avais revêtu la gandoura orange qui devait mieux, me semble-il, mettre en valeur les légères modifications de mon visage et c’est donc en tenue féminine que je le conduisis dans le salon où nous attendaient café et alcools.
Alors qu’il s’installait dans le canapé Pascal me fixa et me dit : « Aliocha tu t’es mis en beauté nouvelle pour moi ! » Ce n’était pas du vêtement dont il parlait mais bien de mon visage et je me jetai presque sur lui en reconnaissance qu’il ait si vite remarqué ces petits changements : « oui mon amour, je l’ai fait pour être encore plus à toi, plus dans cette nouvelle vie que tu m’offres et je me sens capable d’aller bien plus loin encore… » Il ne me laissa pas terminer, sa bouche goulue me ferma la phrase et un long baiser nous laissa dans l’attente d’une étreinte que la chambre ne tarderait pas à accueillir.
Tout en savourant le café et la vodka qui le suivit, je lui annonçai que j’avais pris l’initiative après ma discussion téléphonique avec Françoise de proposer que nous passions une partie de la soirée avec elle et Clotilde : petit resto au bord de l’Erdre et puis après on verrait. « D’accord, amour, mais avant j’ai très envie de profiter de ton nouveau visage… », ma main me dit que j’allais assez vite profiter aussi de ce magnifique sexe déjà prêt à m’honorer.
Notre étreinte avec deux coïts successifs nous prit une bonne heure. Mes seins furent largement honorés par la langue, la bouche suceuse de mon amant et nous découvrîmes tous les deux l’intérêt de la nudité de la raie culière à la fois pour les caresses et la pénétration : j’eus le droit à une série d’orgasmes aussi bien par l’excitation fabuleuse de ma prostate dont nous avions découvert le rôle que par des pénétrations profondes et fortes qui nous faisaient haleter ensemble ; décidément le fait de s’attendre une semaine donnait un piment particulier à ce coït homosexuel et je me sentais de plus en plus femellisé dans cette étreinte de mon puissant amant. Quand nous nous levâmes j’avais encore une sensation d’effervescence délicieuse dans mon bas ventre et pas seulement parce j’étais empli de son sperme. Avant de m’habiller je dus passer à la salle d’eau pour réaliser une opération dont j’avais anticipé la nécessité, Françoise m’ayant dit qu’il ne fallait bat abuser des aspersions intimes : je m’introduisis un tampon hygiénique pour éviter que ce liquide d’amour ne coule inopinément pendant les heures qui suivraient. Pas de honte à cela, c’était un moyen pratique et invisible de conserver son sperme sans inconvénients. Je l’expliquai à Pascal afin qu’il ne trouve pas bizarre ce petit cordon s’il lui prenait l’envie de me caresser l’anus lors d’une étreinte même furtive.
Du coup je décidai aussi de porter le tanga sous me habits masculins pour passer le reste de la journée, je n’avais pas décidé pour autant de me travestir car mes vêtements habituels ne me posaient pas problème et seule l’envie d’être en image d’amant en présence de Pascal m’incitait à ce port à vrai dire excentrique, dans l’instant.
C’est donc dans un état d’esprit très « amoureux » et d’excellente humeur que je me laissais emmener par mon amant au rendez-vous avec Françoise et Clotilde. En route nous avons bien sûr discuter de cette situation où deux couples un peu transgenre allaient se lier sans doute et quel intérêt chacun en retirerait, en dehors du fait incontestable d’avoir des relations sociales tranquilles en assumant sans la cacher notre liaison car nous pensions que c’était certainement plus facile pour elles deux de sortir ensemble : la vie moderne nous a habitués à voir des duos féminins dans tous les lieux publics sans que l’on pense à une relation homosexuelle ; par contre la répétition de rencontre du même couple masculin attire toujours des regards un peu suspicieux. Au moins, dans un premier temps, avec Françoise et sa compagne nous formerions un quatuor tout à fait ordinaire dont nous serions seuls connaisseurs des particularités sentimentales.
Epilogue
Cette soirée fut la seule que nous passâmes à quatre : Françoise nous annonça qu’elle avait l’intention de créer un groupe élargi et que déjà au moins deux autres couples nous rejoindraient lors de notre prochain rendez-vous.
Voilà, Yannou, comment nous nous sommes rejoints.
Alors cette suite ?
On se calme !
L’auteur ne nous a jamais envoyé la suite… ce sont des choses qui arrive !
Mais je n’empêche personne d’en écrire une à son gré s’il le désire ! 😉
Desole, je me suis trompe dans le temps; cela fait 4 ans entre le dernier episode de cette trilogie et ma demande de suite/fin.
Borghen
Apres presque 5 ans, je me permet de demander si la ‘fin’ arrivera un jour. J’ai lu cette ‘trilogie’ avec plaisir, mais plusieurs fois la rencontre des couples est prevue, mentionnee, mais non narree. Et encore, l’histoire du docteur Francois(e) n’est pas dans le lot. Donc, si l’auteur est toujours la, qu’il continue S.v.p. !!!